• Clémentine Autain :

    « L’extrême droite et Macron,

    ce n’est pas pareil »

     

    Élections

     La députée insoumise Clémentine Autain rappelle les dangers d’une extrême droite au pouvoir.

    Elle juge par ailleurs que la proposition pour les législatives, faite par la FI au PCF, à EELV et au NPA, repose « sur des bases fermes mais ouvertes ».

     

    Publié le Mercredi 20 Avril 2022

     
     

    Forts des 21,95 % de Jean-Luc Mélenchon, les insoumis ont ouvert la porte à un rassemblement à gauche regroupant le PCF, EELV et le NPA, pour les législatives.

    Pour la députée FI Clémentine Autain, après avoir battu Marine Le Pen au second tour de la présidentielle dimanche, l’enjeu sera d’infliger une défaite à Emmanuel Macron au mois de juin.

     

    Que représenterait une victoire de l’extrême droite, dimanche ?

    Un terrible voyage au bout de la nuit.

    Il ne faut pas oublier que l’extrême droite cible d’abord les minorités, en particulier les étrangers, les musulmans et les habitants des banlieues populaires.

    Les femmes, ciblées par une misogynie constitutive de leur identité politique, en seront les premières victimes.

    L’extrême droite fera de l’État de droit des cocottes en papier.

    La liberté sera sous surveillance, et la politique antisociale, que nous contestons chez Macron, se poursuivra.

    C’est un cocktail dangereux quand nous connaissons les modèles de Marine Le Pen : Donald Trump, Jair Bolsonaro, Viktor Orban.

    Et si Le Pen et ses amis prennent le pouvoir, méfions-nous de leur capacité à ne pas le rendre…

     

    Comment écarter ce risque, dimanche 24 avril ?

    Avec la France insoumise et l’Union populaire, je me suis battue pour que Marine Le Pen ne soit pas présente à ce second tour.

    Maintenant que nous avons raté cet objectif de très peu, la morale habituelle du « front républicain » peut-elle nous sauver ?

    Je ne le crois pas.

    Depuis 2002, on explique qu’il faut éviter le pire.

    Or, le moins pire de 2017, Emmanuel Macron, est d’une grande violence sociale et liberticide.

    Nous sommes donc devant un os, surtout auprès des jeunes générations qui ne sont pas irriguées comme les précédentes par le combat antifasciste.

    D’ailleurs, à la différence de 2002, nous n’avons pas de manifestations monstres et immédiates.

    Un ressort s’est cassé parce que les gens sont en colère face à une forme de non-choix, après être passés si près du second tour avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon.

    C’est dire si la situation est dangereuse.

    Nous devons mener un travail de conscientisation sur ce que recouvre concrètement l’extrême droite.

    Un simple mot d’ordre de type « votez Macron » me semble de nature à diviser la grande famille émancipatrice, et nous n’arriverons pas ainsi à être massivement compris sur le sens même à donner à ce vote.

    En réalité, c’est Emmanuel Macron qui porte la responsabilité de rassembler les électeurs.

    J’entends que tant de gens ne supportent pas l’idée de remettre un bulletin de vote Macron dans l’urne.

    J’en vois la difficulté et j’en suis inquiète.

    En proposant la retraite à 65 ans, entre autres, il ne favorise pas un vote contre Marine Le Pen.

    Avec la politique menée durant ses cinq dernières années, il nous a mis en danger face à Marine Le Pen.

    Or Macron et l’extrême droite, cela n’est pas pareil.

    Quand nous disons « pas une voix pour l’extrême droite », c’est notre façon d’entrer en jeu pour ne pas tirer un trait d’égalité entre les deux.

    Mais c’est aussi une invitation à ce que chacun prenne ses responsabilités.

     

    Si Marine Le Pen est battue, Emmanuel Macron aura cinq années de plus à l’Élysée. Comment la résistance à ses politiques ultralibérales devra-t-elle s’organiser ?

    Nous devrons infliger une défaite à Macron aux législatives.

    Cela nécessite la construction d’une majorité à l’Assemblée nationale.

    C’est ambitieux mais nous devons l’être.

    Le scrutin du 10 avril nous le montre : avoir de l’ambition permet de nous porter haut.

    C’est la responsabilité que nous avons, avec l’Union populaire.

    Nous devons être à la hauteur des suffrages qui nous ont été accordés, en particulier ceux issus de la jeunesse et des quartiers populaires.

    Ils sont venus aux urnes grâce à la campagne de Jean-Luc Mélenchon, contribuant à notre score.

    Cela nous oblige.

    Nous devons poursuivre et amplifier cette dynamique, en agrégeant toujours plus.

     

    Justement, quels rassemblements souhaitez-vous à gauche pour les législatives ? Des courriers ont été envoyés à EELV et au NPA, et une première rencontre s’est tenue avec les communistes. Êtes-vous optimiste ?

    J’ai l’optimisme de la volonté !

    Des millions de gens en ont concrètement besoin, car ils attendent la hausse de leurs salaires, des moyens pour les services publics, la fin des lois liberticides…

    Et il y a urgence à mener la transition écologique et à bâtir une nouvelle République.

    Je sais les rancœurs à surmonter.

    Les mots très violents à l’égard de Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne, venus d’Anne Hidalgo et de Yannick Jadot, et dans une moindre mesure de Fabien Roussel, ont construit des murs alors que nous avions besoin de passerelles.

    Je sais aussi que, sur le fond, des points programmatiques et stratégiques restent à discuter.

    Je note enfin que les propositions de discussions faites pendant la campagne présidentielle au PCF et à EELV sont restées lettre morte.

    La déclaration de l’intergroupe parlementaire insoumis de mardi tend clairement la main, sur des bases fermes mais ouvertes.

    Elle propose une méthode : se rassembler sur le fond pour dégager une perspective majoritaire cohérente.

    J’invite toutes les forces et personnalités de gauche et de l’écologie politique à se saisir de cette porte ouverte.


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  • Courrier du Nouveau Parti anticapitaliste

    à l’Union populaire


    Cher·e·s camarades,

    Nous avons bien reçu votre courrier concernant les élections législatives, et nous nous félicitons de l’initiative que vous avez prise.

    Les résultats du premier tour de la présidentielle ont été le révélateur d’une situation politique et sociale de plus en plus polarisée, avec l’arrivée au second tour du pôle d’extrême droite (dont le total des voix dépasse celui de l’ensemble des candidatures de gauche) et du pseudo « centre » néolibéral-autoritaire, autour d’Emmanuel Macron. Un troisième pôle s’est également affirmé, représenté par la candidature de Jean-Luc Mélenchon, et c’est un élément positif dans un rapport de forces dégradé.

    La victoire de l’extrême droite est une possibilité sérieuse. Elle serait une catastrophe pour l’ensemble des classes populaires, en premier lieu pour les personnes étrangères, les musulman·e·s, les personnes racisées, les femmes et les personnes LGBTI. L’urgence de l’heure est que pas une voix de notre camp n’aille à Le Pen, pour que l’extrême droite soit battue dimanche.

    Mais nous savons bien, dans le même temps, qu’une victoire de Macron ne sera pas un répit pour le camp des exploité·e·s et des opprimé·e·s. Le président des ultras-riches a annoncé la couleur durant sa campagne : toujours plus de casse sociale (avec notamment la retraite à 65 ans) et de gestion policière/autoritaire de la conflictualité.

    Le NPA et Philippe Poutou l’ont répété durant cette campagne : sans tirer un trait d’égalité entre le candidat néolibéral-autoritaire et la candidate fasciste, il faudra dans tous les cas se mobiliser face aux attaques contre nos droits et face à la menace fasciste, pour obtenir enfin des victoires significatives et changer le rapport de forces. Cela passe par la construction de structures unitaires de coordination et de mobilisation.

    Mais nous savons aussi que les indispensables mobilisations ne peuvent se suffire à elles-mêmes. Il est urgent de reconstruire des outils d’organisation de notre classe : collectifs, associations, syndicats, partis… Nous l’avons, là aussi, répété durant la campagne : notre camp social est orphelin d’un outil politique à la hauteur des enjeux, d’une gauche radicale, décomplexée, déterminée à en découdre avec le capitalisme et son personnel politique, et à faire face à la menace fasciste.

    Cet outil ne tombera pas du ciel. Il passera par des expériences collectives de mobilisation, par des discussions publiques entre forces politiques, par des dynamiques de reconstruction/recomposition. C’est aussi l’enjeu des batailles menées lors des échéances électorales, quand bien même ces dernières resteraient l’expression déformée des rapports de forces sociaux.

    C’est pour exprimer tout cela que nous avons présenté la candidature de Philippe Poutou à la présidentielle, autour d’une démarche et d’un profil singuliers, ainsi que d’un programme de rupture anticapitaliste et révolutionnaire, internationaliste, qui n’auraient su se confondre avec ceux de Jean-Luc Mélenchon et de l’Union populaire.

    La question des élections législatives se pose différemment. La raison essentielle est le constat du rapport de forces global, de l’urgence d’une riposte unitaire face à la classe dominante. De plus, il ne s’agit pas de voter pour un individu et un programme élaboré par un courant, mais pour 577 personnes, avec la possibilité de trouver des médiations, des équilibres, des compromis, autour une dynamique transcendant les logiques d’appareil et/ou boutiquières, tout en permettant que nos différentes positions politiques soient représentées.

    Pour toutes ces raisons, nous répondons favorablement à votre demande de rencontre pour discuter de la possibilité de candidatures communes aux élections législatives.

    Nous souhaitons une campagne regroupant diverses forces et collectifs, et se situant clairement dans une démarche à la fois de résistance à l’extrême droite et aux politiques antisociales et de proposition d’une politique en rupture avec la gestion loyale du capitalisme. Il s’agirait d’enclencher une dynamique militante pour les élections et pour les luttes sociales, particulièrement contre le pouvoir qui sera issu de la présidentielle, une dynamique capable de jouer un rôle positif pour la mobilisation de notre camp social et la modification des rapports de forces globaux, très dégradés.

    Une campagne sociale, écologiste, antiraciste, féministe, contre toutes les oppressions et discriminations, portant les aspirations démocratiques et émancipatrices qui se sont exprimées ces dernières années, notamment dans la jeunesse : augmentation des salaires, accueil des migrantEs et régularisation des sans-papiers, lutte contre le changement climatique, lutte contre les logiques guerrières, développement des services publics (en particulier dans la santé et l’éducation), lutte contre les oppressions, etc.

    Cette campagne devrait être menée en toute indépendance par rapport aux organisations de la gauche sociale-libérale, en particulier le Parti socialiste.

    Nous souhaitons une campagne commune et démocratique à la base mais aussi l’indépendance politique de chaque organisation (liberté pour chaque organisation de s’exprimer et défendre son programme) et des élu·e·s qui pourraient en être issu·e·s, une répartition cohérente avec le poids de chacun des circonscriptions éligibles et non éligibles, ainsi qu’une répartition cohérente des financements de l’État.

    Rencontrons-nous dans les jours qui viennent.

    Salutations anticapitalistes

    Le Comité exécutif du NPA


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  • Réponse du PCF au courrier de LFi

    A l'attention de la France insoumise

    Cher·e·s camarades,

    Nous avons bien reçu votre courrier transmis hier et nous vous en remercions.

    Nous le recevons comme une réponse positive à l'appel de Fabien Roussel pour une rencontre entre nos formations politiques.

     

    A l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, jamais l’extrême droite n’avait totalisé autant de voix sous la Ve République, ce qui lui permet à nouveau de se qualifier pour le second tour. Jamais depuis 20 ans, autant de nos concitoyennes et concitoyens ne se sont abstenus à une élection présidentielle.

    L’heure est grave.

    Dans cette situation, la priorité pour les communistes est de battre Marine Le Pen dans les urnes, dimanche 24 avril.

    C’est pourquoi nous appelons à prendre des initiatives, partout dans le pays, pour révéler et combattre le projet de l’extrême droite et de ses forces organisées. Nos milliers d’élu·e·s, parlementaires, maires, conseillères et conseillers régionaux, départementaux et municipaux sont pleinement mobilisés en ce sens, en lien avec nos forces militantes présentes sur l’ensemble du territoire.

    Et c’est pourquoi, dimanche 24 avril prochain, fidèles à notre histoire, nous utiliserons et nous appelons à utiliser le seul bulletin de vote à notre disposition pour battre Marine Le Pen dans les urnes.

    Nous le ferons sans aucune concession à Emmanuel Macron, premier responsable de cette situation, dont nous avons été tout au long du quinquennat et dont nous resterons les adversaires résolus.

    Dans cette situation très difficile pour le pays, il y a un motif d’espoir.

    La gauche progresse de 4,27 points par rapport au scrutin de 2017 et obtient près de 32 %. Cela doit d'abord à la progression de 652 569 voix de Jean-Luc Mélenchon, qui avec l'Union populaire obtient 7 712 520 voix et aussi au résultat de notre candidat, Fabien Roussel, qui recueille 802 422 voix en portant le projet d’une France des Jours heureux. Ces candidatures, avec leurs atouts respectifs, ont donc permis de renforcer la dynamique de toute la gauche.

    Après avoir porté à cette élection présidentielle nos ambitions pour la France, la spécificité de nos projets, il s'agit désormais de continuer à élargir nos capacités de rassemblement respectives, dans le respect de nos objectifs et pratiques politiques, tout en travaillant les convergences indispensables à des avancées concrètes pour les Françaises et les Français.

    Toutes les forces de gauche font face à une responsabilité historique et doivent agir ensemble : en se rassemblant, dans le respect de leurs résultats aux échéances électorales et de leurs spécificités, elles peuvent battre la droite de Macron, l'extrême droite et faire élire le plus grand nombre possible de député·e·s de gauche, en visant l’obtention d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, en juin prochain.

    Cette ambition est essentielle pour être en capacité de mener les combats sociaux et démocratiques dans le prochain quinquennat, avec les millions de citoyennes et citoyens qui sont prêts à s’y engager avec nous.

    Nous sommes prêts à discuter de vos propositions et nous en avons également à vous soumettre, en visant une base d’accord partagé sur l’ensemble des questions, qui ouvre un espoir nouveau pour la gauche, et pour la France.

    Dans l’attente de notre rencontre,

    Cordialement,

    Le comité exécutif national du PCF


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  • Boycott actif...et constituant


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  • Le PCF veut déjouer le piège présidentiel aux législatives

     

    Gauche Fabien Roussel et le Conseil national du parti ont appelé, jeudi, à battre Marine Le Pen et à l’union en juin pour battre Emmanuel Macron. Le député communiste propose à la FI, EELV et au PS une rencontre.

     

    Publié le Vendredi 15 Avril 2022

     
     

    À une dizaine de jours du second tour de la présidentielle, « urgence » a été l’un des maîtres mots, ce jeudi, sous la coupole de la place du Colonel-Fabien, où le PCF réunissait son conseil national.

    Celle, en premier lieu, de barrer la route de l’Élysée à l’extrême droite, le 24 avril.

    « Il faut tout faire pour mettre en échec la candidature de Marine Le Pen ! » a martelé, lors d’une conférence de presse, Fabien Roussel, appelant à des initiatives en ce sens.

    « Dire qu’aucune voix ne doit se porter sur l’extrême droite ne suffit pas », a précisé Christian Picquet, chargé d’introduire les débats de la matinée, quand bien même l’usage du « bulletin Macron » est loin d’être gagné.

    « C’est de plus en plus difficile car le président cristallise la colère, il doit l’entendre et faire des gestes significatifs », insiste Fabien Roussel, dont la formation met en garde contre un « basculement promettant à notre peuple un régime d’apartheid institutionnalisé » en cas d’élection du RN.

     

    Si l’urgence est bien là, le bilan des derniers mois doit aussi être tiré, ont souligné plusieurs membres de la direction.

    La visibilité conquise par la campagne « dynamique et positive » de Fabien Roussel est saluée de tous.

    « En dépit d’un résultat décevant, les communistes n’ont pas à regretter leur choix », souligne ainsi Christian Picquet.

    « Nous aurions pu porter avec plus de force notre critique du capitalisme », objecte cependant la responsable de Seine-Saint-Denis, Nathalie Simonnet, quand celle du Bas-Rhin, Hülliya Turan, pointe des prises de position à débattre sur l’écologie, les discriminations ou la laïcité.

    Les « données fondamentales du scrutin étaient connues de tous depuis plus d’un an », y compris la volonté d’unité pour éviter un nouveau duel Macron-Le Pen, estime également Antoine Guerreiro, membre du conseil national.

    « additionner nos voix, nos programmes, nos idées ! » 

    La question de la responsabilité du PCF dans le remake du second tour de 2017 a ainsi occupé une partie des débats.

    « Beaucoup d’électeurs sont en colère aujourd’hui. S’il n’est pas question de se rendre, seuls, coupable, il n’est pas non plus question de s’exonérer », juge Cécile Dumas, à la tête du PCF dans le Val-d’Oise.

    « Nous accuser, c’est ne pas voir la forte progression de l’extrême droite. Éric Zemmour a fait 7 %, ce qui n’a pas empêché Marine Le Pen de se qualifier », fait valoir pour sa part Fabien Roussel, invitant à regarder du côté des près de 13 millions d’abstentionnistes.

     

    Reste que, après le vote du 24 avril, la question du rassemblement dans la perspective du scrutin de juin est ouverte.

    « L’élection présidentielle est un piège, mais on peut en sortir tout de suite avec les législatives. Je fais la proposition à tous, à gauche, d’additionner nos voix, nos programmes, nos idées ! » a lancé Fabien Roussel, estimant que les sortants doivent être soutenus et que « dans au moins 150 circonscriptions, la gauche est capable de l’emporter ».

    Alors que l’insoumis Manuel Bompard a avancé l’idée d’une répartition au prorata des scores présidentiels et d’un soutien au programme de FI, le député du Nord refuse de commenter « des échanges qui n’ont pas encore eu lieu », tout en assurant que « Jean-Luc Mélen­chon, avec les 22 % qu’il réalise, détient la clé », et que, pour sa part, il est « prêt à discuter de tout, sans préalable ».


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  • Entretien

    Adrien Quatennens.

    « À la FI, nous voulons bâtir une majorité pour gouverner »

    Adrien Quatennens ne ferme pas la porte à des échanges à gauche en vue des législatives, mais ils devront tenir compte du « verdict des urnes » du premier tour.

    Publié le Vendredi 15 Avril 2022
     
     

    Jean-Luc Mélenchon a réalisé un score considérable avec près de 22 % des voix. Il rate de peu le second tour. Cela lui donne-t-il une responsabilité particulière pour l’avenir ?

     

    Oui, envers toutes ces femmes et hommes qui ont nourri beaucoup d’espoir dans ce bulletin de vote. Il s’est produit dimanche une surmobilisation en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Les sondages indiquaient une dynamique puissante. Ce fut au-delà. Nous analysons encore les résultats, mais on sait que les jeunes, les quartiers populaires se sont mobilisés le jour du vote. Nous avons donc une responsabilité à l’égard de ces gens qui nous ont fait confiance et qui risquent de payer dans leur vie personnelle les 400 000 voix manquantes. Je pense aux salariés au Smic qui devaient le voir augmenter immédiatement, à ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté et dont la vie allait changer, à ceux qui pouvaient bientôt partir à la retraite, mais aussi à l’enjeu climatique. La déception est immense, mais ce score historique nous oblige. Nous allons tâcher de construire là-dessus.

     

    À quoi attribuez-vous cette surmobilisation en votre faveur ?

    Comme en 2017, on voit que l’adhésion au programme est très forte. J’ai lu que 80 % des gens disent que c’est le programme de Jean-Luc Mélenchon qui a motivé leur vote. C’est d’abord cela, bien avant l’effet « vote utile ». La campagne que nous avons menée et le travail de terrain ont payé. Cette mobilisation s’est renforcée de tous ceux qui ont compris que ce bulletin de vote permettait de qualifier le bloc populaire pour le second tour et d’écarter l’extrême droite dès le premier. Ces 7,7 millions d’électeurs ne nous appartiennent pas mais ils ont fait un choix en conscience.

     

    Qu’est-ce qui a manqué ?

    400 000 voix. C’est-à-dire presque rien. Le niveau d’abstention global est fort, mais nous avons su mobiliser des gens qui n’avaient pas voté depuis longtemps et le score de Jean-Luc Mélenchon fait augmenter significativement le total des voix de gauche. Il nous a manqué celles de certains candidats, et en particulier celles du Parti communiste, avec qui nous faisions équipe en 2012 et 2017. On ne peut pas faire l’impasse là-dessus. Ensemble, cette fois, nous y étions. Tout le monde le sait. Ça laisse des traces.

     

    Jean-Luc Mélenchon ne porte-t-il pas une part de responsabilité dans sa relation avec les communistes ?

    Dans toutes les familles, on se dispute. Mais on ne peut pas effacer le fait que, durant cinq ans, nos votes ont été presque toujours les mêmes à l’Assemblée nationale. Rien ne justifiait que ce qui avait été possible en 2012 et en 2017 ne le soit pas en 2022. Rien qui soit insurmontable. En novembre 2020, j’avais discuté avec Fabien Roussel. Il diagnostiquait que la gauche échouerait en 2022 et demandait que l’on respecte le fait qu’il soit candidat jusqu’au bout. Mais il avait ajouté qu’en cas de possibilité d’accéder au second tour pour l’un d’entre nous, il était prêt à rediscuter. Depuis des semaines, on voyait que cette possibilité existait. Jusqu’au bout, on a pensé qu’il bougerait, guettant les moindres signes. Mais rien. Beaucoup de gens sont en colère. Comment ne pas les comprendre ?

     

    Il ne s’agit pas que d’une question d’arithmétique, ainsi que l’a souligné Jean-Luc Mélenchon à plusieurs reprises…

    C’est vrai en général. Mais avec le PCF, c’est différent. Nos électorats s’additionnent et l’addition crée même une dynamique que l’on ne vérifie pas toujours de la même manière avec EELV et encore moins avec le PS. De toute façon, la représentation politique du pôle populaire n’est pas compatible avec les vieilles combines de l’union de la gauche.

     

    Quel est l’enjeu du second tour pour vous ?

    Que pas une voix des nôtres n’aille vers l’extrême droite. Nous en sommes l’antithèse. Les déclarations de principe et les consignes de vote sont sans effet. Il faut dire pourquoi le peuple n’a rien à gagner à la victoire de Marine Le Pen. Le pays en serait plus fracturé que jamais. Nous faisons largement notre part du travail et n’avons pas attendu le second tour pour cela. Les donneurs de leçons ont-ils « fait barrage » à l’extrême droite au premier tour en votant Mélenchon ? Emmanuel Macron a œuvré pendant cinq ans pour obtenir cette affiche au second tour. Il a ce qu’il voulait. Qu’il se débrouille. Nous sommes exclus de ce second tour. Aucun des deux candidats ne peut prétendre représenter nos électeurs. Mais les deux ne sont pas équivalents. Chacun fera donc en conscience. Il faut convaincre les gens, pas leur tordre le bras.

     

    Pour les législatives, votre objectif est-il d’imposer une « cohabitation » à Macron ?

    Je veux clarifier le terme. Nous voulons bâtir une majorité pour gouverner. Nous n’irons pas au scrutin en proposant simplement d’élire « un maximum de députés de gauche ». Après juin, il n’y a plus d’élections avant deux ans. C’est donc l’opportunité pour ceux qui ne digèrent pas d’être passés si près du but le 10 avril de prendre leur revanche dans les urnes en juin. C’est à cela que nous travaillons.

     

    Que proposez-vous aux autres formations de gauche ?

    Nous allons finir d’analyser les résultats. Pour certains, vendredi, nous étions « les amis de Poutine ». Et lundi, nous sommes devenus fréquentables. Entre-temps, il y avait l’opportunité d’éviter le second tour désastreux que nous avons sous les yeux. L’Union populaire a vocation à s’élargir, toujours autour du programme que les électeurs ont placé en tête. Il y a un mois, nous avons fait une proposition au PCF mais aussi à EELV en vue des législatives. Les Verts ne nous ont pas répondu. Il y aura des échanges mais, évidemment, ils devront tenir compte du verdict des urnes du 10 avril.


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  • Présidentielle 2022

    Dimanche,

    votons pour les candidats de notre classe

    et préparons dès maintenant un troisième tour social

    Dans une élection ancrée à droite et qui pourrait être frappée par une abstention historique, Révolution Permanente appelle à un vote critique pour Philippe Poutou ou Nathalie Arthaud ce dimanche.

    Un vote d’indépendance de classe qui, face aux appels à soutenir Jean-Luc Mélenchon, défend l’urgence de préparer les mobilisations dans la rue contre les offensives à venir, quelle que soit l’issue de l’élection.

     

    Révolution permanente >>>>>


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  • Nathalie Arthaud

    Réponses aux questions de So-Foot...

     


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  • Nathalie Arthaud :
     
    "de l'argent, il y en a,
    dans les caisses du patronat."

     

    "Tout au long de cette campagne, mes intervieweurs m'ont demandé ce que je faisais dans cette élection, étant donné que les sondages me donnent moins de 1%, mais aussi parce que j'assume ne pas chercher à être présidente de la République.

    Je le redis à une semaine de l'élection: le bulletin de vote n'a jamais changé la vie des travailleurs, encore moins aujourd'hui, alors que la crise économique et la guerre qui s'étend font planer de nouvelles menaces partout sur la planète.

    Alors pourquoi voter pour moi?

    Parce qu'il faut affirmer la nécessité de se battre et de renverser le capitalisme !"

    Nathalie Arthaud tenait meeting au Zénith de Paris

    pour marteler son credo :

    "de l'argent, il y en a, dans les caisses du patronat."


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  • Il milite à LO, distribue des tracts, colle des affiches…

    Une journée de campagne avec Alain

    À deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, les militants des partis politiques sont plus que jamais à l’œuvre pour faire parler de leurs candidats. À Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), nous avons suivi Alain Le Fol, portant la parole de Lutte ouvrière et ses camarades. Collage d’affiches, distribution de tracts sur les marchés ou à la sortie des entreprises… L’emploi du temps d’un militant, c’est une affaire d’engagement.

    Ouest-France >>>>> en accès libre


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