• Alain Krivine,

    ancien leader de la Ligue communiste révolutionnaire,

    est mort.

    Figure historique de la gauche radicale, il a traversé plus d’un demi-siècle de vie politique sans jamais dévier de la conviction que « la révolution est possible ».

    Il est mort à l’âge de 80 ans.

    Le Monde >>>>>

     

    Alain Krivine,

    figure de l'extrême gauche

    et fondateur de la Ligue communiste révolutionnaire,

    est mort à l'âge de 80 ans

    L'ancien eurodéputé fut le leader pendant trois décennies de la LCR, qu'il avait cofondée en 1974.

    France Info >>>>>


    votre commentaire
  • “Ma France à moi, c'est coco et cocorico !” :

    Fabien Roussel fait son show au Cirque d’hiver

    Le candidat PCF à la présidentielle était en meeting dans la mythique salle parisienne jeudi soir. Fabien Roussel a égrené ses formules et assumé son côté "franchouillard" pour séduire les déçus de la gauche. 

    France Info >>>>>


    votre commentaire
  • Contribution Boycott Constituant

    Campagne pour le boycott des présidentielles

    et guerre.

     

    Nous ne devons pas nous payer de mots : il est hélas bien évident que l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe instaure une situation surplombante qui, pour ainsi dire, finit de plomber la présidentielle française qui sera encore plus antidémocratique qu’elle l’était déjà.

    La guerre à ses débuts a des conséquences réactionnaires et celles-ci favorisent, ici, Macron.

     

    Pour autant notre rejet des institutions de la V° République et de leurs présidentielles, en faveur de la construction par le mouvement social, par le peuple, d’une véritable démocratie, est plus que jamais nécessaire.

    Cela d’autant que la guerre favorisant les attaques antisociales, les réactions populaires à la hausse des prix des carburants et de la nourriture annoncée ne manqueront pas, alors même que les grèves pour les salaires se poursuivent.

     

    Non à la guerre :

    un monde de la souveraineté des nations et de leur coopération en lieu et place des organisations militaires dominées par des grandes puissances telles que l’OTAN et l’OTSC, un monde sans puissances impériales bombardant et envahissant des États et des nations entières, comme hier l’Irak et l’Afghanistan et comme aujourd’hui l’Ukraine, un monde dans lequel on traiterait des vrais problèmes à commencer par la question climatique, un monde où le capital, de Wall Street ou des oligarques russes et chinois, ne dicte pas sa loi, un tel monde est nécessaire et il est par conséquent possible.

     

     

    Non à Poutine :

    la résistance nationale des Ukrainiens, la résistance passive des Russes et des Bélarusses soldats compris, les grèves qui se poursuivent au Kazakhstan, et les manifestations contre la guerre dans le monde entier, indiquent la voie, qui n’est celle d’aucune alliance militaire, du renversement d’un président-despote par la lutte commune des peuples contre le militarisme et l’oppression, ouvrant l’horizon de l’union libre des nations du continent et au-delà.

     

    Qui mieux que Poutine, figure machiste et militariste, président à vie bodybuildé, pour incarner cet hyper-présidentialisme qu’en France précisément nous combattons ?

     

    Non à la guerre, Non à Poutine,

    cela rime avec Non à la V° République,

    Non au présidentialisme, et donc plus que jamais :

    Oui à une constituante construite par le mouvement social, les peuples doivent prendre conscience de leur force, libres, souverains et amis, Oui à leur union.

     

    Par conséquent, continuons notre action pour le boycott en prenant date, car l’avenir sans guerre, ni capital, ni président-despote ou président-jupitérien, est de ce côté-là !

     

    10 mars 2022


    votre commentaire
  •  

    Non à l'agression de la Russie en Ukraine

     


    Nous condamnons l’agression militaire impérialiste que la Russie de Poutine vient de lancer contre l’Ukraine et son peuple. 

     

    Nous rappelons le droit du peuple ukrainien à disposer de lui même et nous rendons hommage à sa résistance légitime face à l’invasion de l’armée russe.

     

    Nous saluons le courage de toutes les personnes qui, en Russie même, osent braver la dictature en affirmant leur opposition à la guerre.

     

    Nous appelons à une mobilisation internationale solidaire du peuple ukrainien :

     

    • Pour le retrait de toutes les forces russes d’Ukraine ;

    • Pour le refus du chantage à l’usage de l’armement nucléaire, d’où qu’il vienne.

    • Pour des sanctions drastiques contre le régime de Poutine.

    • Pour l’accueil digne de tous les réfugiés et le respect du principe de non refoulement.

    • Pour le respect de la charte des Nations Unies qui stipule dans son préambule la volonté de préserver les peuples du fléau de la guerre.

    • Pour l'ouverture sous l'égide de l'ONU d'une conférence de la paix.

     

    Ce 12 mars, journée nationale pour le climat, nous ne pouvons pas ne pas évoquer le risque de désastre climatique que feraient courir à un pays déjà éprouvé par la catastrophe de Tchernobyl et à ses voisins des attaques ciblant ses centrales nucléaires ou pire le recours par un assaillant à bout d'arguments à l'arme nucléaire.

     

    Paix et climat sont des enjeux solidaires. En Ukraine aujourd'hui l'arrêt immédiat des armes et le retour à la négociation en sont les conditions.

     

    Sur ces bases,

    nous appelons ce samedi 12 mars

    à un grand rassemblement à 10h30

    place de Strasbourg à Brest.


    Le Collectif finistérien pour l'Interdiction des Armes nucléaires (Mouvement de la Paix, Université Européenne de la Paix, AE2D, AFPS, 4acg, CGT,FSU, Solidaires, EELV, Ensemble!, LFI, NPA, PCF, UDB) rejoint par BNC, Generation.s, PS, Radicaux de Gauche, LDH, UCL, CNT.


    votre commentaire
  • Dans la guerre ukrainienne,

    la gauche joue une part de sa survie

    L’agression russe contre l’Ukraine, en portant la guerre aux portes mêmes de l’Europe, ouvre la voie à une incertitude inédite.

    Elle oblige à trouver des réponses face à l’urgence et à rouvrir les dossiers du long terme.

    Elle met la gauche devant le plus grand défi qu’elle ait connu depuis la fin de la guerre froide.

    Savoir y répondre est une clé de son existence à venir.

    Regards a pris avant-hier clairement position sur ce point.

    L’article ci-après prolonge cet engagement.

    Regards 4 mars 2022 >>>>>


    votre commentaire
  • Présidentielle 2022 :

    Sandrine Rousseau exclue de l'équipe de campagne de Yannick Jadot

    D'après "Le Parisien", la finaliste malheureuse de la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts tenait en privé des propos très critiques envers la stratégie retenue par le candidat à l'élection présidentielle.

    France Info >>>>>


    votre commentaire
  • Rémi Lefebvre :

    « La gauche doit construire

    de nouvelles alliances de classes »

    Publié le Mercredi 2 Mars 2022
    Julia Hamlaoui - L'Humanité >>>>>

     

     

    Présidentielle Dans un nouvel essai qui paraît ce 2 mars, le politiste Rémi Lefebvre passe au crible les difficultés de la gauche dans la campagne électorale et propose comme issue d’unir justice sociale et lutte contre les discriminations autour d’un discours centré sur l’égalité. 

     

    Rémi Lefebvre Professeur de science politique à l’université de Lille.

     

    La guerre en Ukraine percute de plein fouet la campagne présidentielle et risque d’étouffer le débat.

    Mais, avant même cet événement majeur, la gauche avait du mal à tirer son épingle du jeu malgré des signaux qui devraient lui être favorables.

    À l’instar de la question du pouvoir d’achat, en tête des préoccupations dans toutes les enquêtes d’opinion.

    Dans son ouvrage qui paraît ce 2 mars, Faut-il désespérer de la gauche ? (Textuel), le politiste Rémi Lefebvre décortique les raisons de sa faiblesse – aucun de ses candidats n’est pour l’heure en position de se qualifier au second tour – et esquisse des pistes pour sa réinvention.

     

    Vous réfutez l’idée selon laquelle la faiblesse de la gauche serait due à une droitisation de la société. Au-delà de leurs divisions que vous critiquez, pourquoi ces candidats ne parviennent-ils pas à percer, selon vous ?

    Le débat public, lui, s’est droitisé, la campagne montre à quel point. C’est un fait sans précédent, mais sans corrélation avec une droitisation de la société. Des attentes s’expriment en termes d’égalité, de redistribution, même l’indice de tolérance progresse. Dès lors, pourquoi la gauche n’en profite pas ? La désillusion considérable liée au mandat de François Hollande joue un rôle majeur. Il a plus qu’abîmé la gauche, il l’a tuée, démonétisée, engendrant de la « décroyance » dans sa capacité à répondre aux attentes. S’ajoute une difficulté d’incarnation sociologique – jamais ses partis n’ont connu une telle désouvriérisation – comme un problème d’alternative. Face à une social-démocratie obsolète, un autre paradigme a émergé, l’écologie, mais elle apparaît comme punitive, sacrificielle. Les milieux populaires y voient un signal négatif. C’est pourquoi Yannick Jadot ne tire pas son épingle du jeu. Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui articule davantage écologie et justice sociale, depuis 2017, sa stratégie est complètement erratique, entre des postures tribunitiennes populistes et une volonté de donner des gages à la gauche.

    La guerre en Ukraine a un fort impact sur la campagne. Quels effets peut-elle avoir sur la gauche ?

    La campagne avait déjà du mal à démarrer, elle risque d’être fortement compromise par la situation internationale, qui risque de donner une prime d’ordre légitimiste au président sortant. Au-delà du caractère dramatique de la situation en Ukraine, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la gauche car, sans campagne, difficile d’essayer de faire tourner le débat autour de ses idées…

    Vous pointez la responsabilité du quinquennat Hollande. Anne Hidalgo s’appuie pourtant sur cette figure. Cette stratégie peut-elle être payante ?

    C’est suicidaire. Le PS espère se réapproprier une partie des électeurs modérés partis chez Emmanuel Macron. Or, 38 % des électeurs de François Hollande de 2012 continuent à le soutenir, selon la Fondation Jean-Jaurès. En 2017, on pouvait supposer qu’ils avaient été trompés par l’ambiguïté idéologique entretenue par le candidat mais celle-ci a aujourd’hui disparu. Le président a détaché durablement, pas seulement conjoncturellement, une part de cet électorat qui, bien qu’au PS, n’était plus de gauche.

    Dans ce paysage, Fabien Roussel connaît une dynamique. Comment l’analysez-vous ?

    Au départ, c’est une candidature d’appareil destinée à revisibiliser le PCF. Chemin faisant, c’est plus que cela qui se produit. Fabien Roussel devient un peu une hype médiatique. Son style mais aussi ses propositions lui permettent d’être repéré et lisible. Il convoque une forme de nostalgie pour une gauche populaire qui n’existe plus et devient un vote refuge.

    Vous mettez en garde contre le piège identitaire. Comment se pose-t-il à la gauche ?

    Sur le plan économique, domine le sentiment d’une inéluctabilité de la société de marché, entretenu par la gauche au pouvoir. Faute de clivages forts en la matière, le débat politique se déplace sur la question identitaire. La gauche a tout à y perdre, car même si ces préoccupations-là existent dans les milieux populaires, elles ne sont pas centrales, contrairement à la question sociale. D’ailleurs, ces thèmes – laïcité, wokisme… – occupent à gauche une place totalement disproportionnée par rapport à leur réalité dans la société. C’est un piège dont profite la droite. D’autant que, sur la sécurité par exemple, la gauche a du mal à porter un discours alternatif qui ne soit pas à sa remorque.

    Vous estimez que la route pour sortir de l’ornière passe par de nouvelles alliances de classes. Lesquelles ?

    La gauche dans son ensemble ne sait plus qui elle défend. Pendant très longtemps, elle a été l’alliance des classes moyennes et populaires. Désormais, celles-ci sont beaucoup plus hétérogènes, les milieux populaires eux-mêmes se sont diversifiés : périurbain, industriel, racisé ou issu de l’immigration… Certains, comme Terra Nova ou le Printemps républicain, ont théorisé qu’il faudrait choisir entre les minorités et les milieux populaires traditionnels. C’est un non-sens et une impasse électorale. La gauche ne peut être l’addition de luttes catégorielles, mais c’est à elle de construire de nouvelles alliances avec une offre politique autour de l’égalité qui puisse unifier ces causes. Des gilets jaunes aux Nuit debout en passant par les mouvements féministes, antiracistes… Un discours sur l’égalité peut faire le pont entre redistribution et lutte contre les discriminations.

    Les partis comptent parmi les institutions les plus décriées. Pourquoi vous paraît-il indispensable de les réhabiliter ?

    La gauche ne peut faire l’économie des partis politiques. Elle les a inventés parce qu’ils sont un outil des faibles contre les forts, un outil de politisation des milieux populaires, d’éducation politique et de construction du militantisme. Loin de moi l’idée de convoquer la nostalgie du parti de masse, il faut réinventer la forme partisane en la purgeant de ses problèmes oligarchiques et bureaucratiques. Car, face aux forces économiques très organisées, à des médias extrême-droitisés, la gauche ne s’en sortira pas sans se renouveler avec des organisations à la fois plus autonomes et ouvertes.


    votre commentaire
  • Jacques Rancière :

    « Je n'attends plus rien de cette élection »

     

    Les thèses d'extrême droite ont contaminé l'ensemble de la classe politique, estime le philosophe.

    Et la logique du barrage ne parviendrait qu'à les renforcer.

    Dans « les Trente Inglorieuses », il analyse les causes de cette dérive.

    Entretien. (L'Obs)

     

    Après la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'Union soviétique, beaucoup crurent au triomphe solide des démocraties.

    Philosophe influent en France et aux États-Unis, Jacques Rancière, lui, a très tôt perçu les failles et les dangers de ce nouvel ordre du monde.

    Esprit original, ancien élève d'Althusser et militant de la Gauche prolétarienne, il travaille sur l'articulation de l'art, de la politique et la pensée de l'émancipation.

    Défenseur de « ceux qui ne sont rien », il publie cette semaine

    « les Trente Inglorieuses »,

    recueil des interventions qu'il a consacrées à la vie politique de 1991 à 2021.

    De la guerre du Golfe à l'actuelle pandémie, en passant par les « gilets jaunes », il y dissèque nos pulsions inégalitaires et s'élève contre le discrédit jeté sur les luttes sociales et les mouvements d'émancipation.

     

     

    L'OBS. Vous semble-t-il encore permis d'espérer que ce scrutin connaisse une issue positive, d'une manière ou d'une autre ?

    Jacques Rancière.

    Je ne vois pas comment il le pourrait.

    Tout d'abord, l'élection d'un président de la République n'est pas une institution démocratique ; elle a été inventée par les monarchistes en 1848 pour contrecarrer la puissance populaire. 

    De Gaulle l'a rétablie en 1962, pour républicaniser le concept royaliste : un seul individu concentrant la puissance publique censé servir de guide à toute la communauté.

    Ce simulacre de démocratie a fini par devenir une arme contre tout mouvement réellement émancipateur.

    Regardez comment, en 2017, l'énergie de Nuit Debout a été balayée par le bulldozer de la machine électorale.

    Deux mille vingt-deux s'annonce comme un nouvel épisode de la comédie déjà jouée en 2002 et 2017, où la gauche vertueuse appelait à voter pour le candidat de la droite « raisonnable », pour faire barrage à l'extrême droite raciste.

    Je me suis d'emblée opposé à cette prétendue logique du moins pire et j'ai montré qu'elle conduit, en réalité, à renforcer l'extrême droite.

    Cette dernière pèse aujourd'hui beaucoup plus qu'il y a vingt ans, et l'emprise de ses idées ne cesse de s'étendre sur cette droite dite républicaine, qui ne s'en distingue plus guère, et sur une gauche socialiste qui ne se différencie non plus guère de la droite.

     

    Pourquoi se rassembler autour d'un candidat, au nom du « front républicain », ne fait-il, selon vous, qu'encourager les idées contraires à l'idéal de la République ?

    J'ai publié, il y a vingt-cinq ans, « Sept règles pour aider à la diffusion des idées racistes en France » (1).

    J'y montrais déjà comment les dénonciations indignées contre l'extrême droite ne font que renforcer celle-ci en popularisant ses idées et en leur conférant l'irrésistible parfum du scandale et la palme du martyre.

    Je constate que rien n'a changé.

    De fait, les thèses racistes et xénophobes sont à peu près les seules à être débattues au cours de cette campagne.

    Et le prétendu idéal républicain que brandissent les tenants du front du même nom est devenu, en lui-même, identitaire et intolérant, comme on le voit avec l'instrumentalisation forcenée de la laïcité détournée de son sens historique pour devenir un moyen de stigmatisation d'une partie de la population.

    Il s'agit d'une véritable spirale de radicalisation.

    J'avais déclaré dans vos pages, lors de la présidentielle de 2017, qu'en 2022, on nous appellerait à voter pour la bonne républicaine Marine Le Pen contre sa nièce extrémiste Marion Maréchal.

    N'y sommes-nous pas aujourd'hui à peu près, mais avec Eric Zemmour ?

    Je n'attends rien de l'élection qui vient, si ce n'est la confirmation de cette mécanique délétère qui confère le rôle de rempart contre l'extrême droite à une classe politicienne de plus en plus gagnée par ses concepts.

     

    « Macron n'est qu'un arriviste arrivé » Pourquoi voyez-vous en Emmanuel Macron la figure par excellence du pompier pyromane ?

    N'ayant lui-même aucun arrière-fond idéologique, n'appartenant à aucune des familles politiques traditionnelles, Emmanuel Macron n'est qu'un arriviste arrivé.

    Par conséquent, il est quelqu'un qui peut manipuler les idées à sa guise, un personnage en quelque sorte absolument blanc.

    Il peut se présenter solennellement comme un rempart de la République, tout en déléguant à son ministre de l’Éducation le soin de faire de la lutte contre l'islamo-gauchisme la plus grande urgence de notre université ou à celui de l'Intérieur de tonitruer contre les flux de l'immigration.

    Il représente une sorte de condensé de la circulation et du traitement des idées dans une classe politicienne où la distance entre droite et extrême droite s'amenuise à la même vitesse que celle entre la gauche et la droite.

     

    Pas encore candidat officiellement, Emmanuel Macron n'a pour l'instant annoncé qu'une « indispensable » réforme des retraites dans son futur programme. Pourquoi selon vous ?

    Briser ce système par répartition, fondé sur la solidarité, pour le remplacer par des assurances privées individuelles est l'un des objectifs majeurs du capitalisme absolutisé.

    Il combine une visée pratique : réduire la dépense publique - même s'il est bien difficile de dire quelles sommes seraient réellement économisées - et un objectif hautement symbolique.

    Notre système de retraite témoigne d'une époque où existait une organisation solidaire de la vie, qui donnait aux gens ordinaires la capacité de gérer le rapport entre-temps de travail et temps personnel.

    La destruction de toutes les formes de solidarité sociale et, en même temps, celle des structures, des lieux de délibération auxquelles participaient les représentants des travailleurs répond à un enjeu fondamental dans une logique capitaliste qui, sous couvert de lutter contre « l’État-providence », instaure un face-à-face direct entre l’État et des individus entièrement isolés.

     

    Quel parti, quel projet vous semblent-ils aujourd'hui à même de formuler une alternative à ce projet capitaliste, qui selon vous unit l'essentiel du spectre politique actuel ?

    L'idée d'une telle alternative a longtemps été liée à la tradition marxiste.

    Même si les États dits socialistes ou communistes trahissaient toutes leurs promesses d'émancipation, la vision marxiste de l'histoire restait vivante.

    Elle était soutenue par l'existence d'une puissante classe ouvrière, qui était à la fois un groupe social, une force combattante et une forme de préfiguration d'un monde à venir.

    La gauche partageait encore largement cette vision de l'histoire où le capitalisme produisait la classe destinée à le détruire.

    Or, c'est le contraire qui s'est produit : le capitalisme a détruit la classe ouvrière.

    La disparition du parc industriel dans les pays riches, avec les fermetures d'usines et les délocalisations, n'a pas seulement représenté une manière de rendre le travail moins coûteux et la marchandise moins chère.

    Il a également permis de balayer la classe ouvrière comme telle, avec son potentiel de lutte et ses formes de solidarité, et de la remplacer par un vivier de travailleurs dispersés et précarisés, seuls et dépourvus face au capital financier.

    Les importants mouvements populaires d'auto-affirmation démocratique, qui ont eu lieu, comme les mouvements des places, les « indignés » de Madrid, Occupy Wall Street, Nuit Debout ou les « gilets jaunes », ne peuvent plus prendre appui sur cette force sociale déterminée ni sur une vision historique porteuse d'espoir.

     

    « Quelles forces combattantes ? » L'écologie ne peut-elle représenter ce nouvel horizon, le rassemblement autour de biens et d'objectifs communs ?

    Plutôt que d'ouvrir un nouvel horizon d'espérance, l'écologie nous place devant la catastrophe imminente.

    Au There is no alternative de la nécessité capitaliste que nous martèlent nos gouvernements, elle oppose une autre logique de la nécessité et de l'urgence : la course de vitesse pour sauver la planète.

    On nous dit qu'il n'y a qu'une seule chose à faire.

    Mais toute la question est : qui va la faire ?

    La plupart des discours écologistes veulent se situer au-delà des vieux clivages politiques en énonçant les conditions de survie de la planète, mais ils court-circuitent ainsi la question du sujet politique : quelles forces combattantes, quelles formes de lutte peuvent faire de l'écologie la cause de tous et non celles d'experts s'en remettant au bon vouloir des maîtres du monde ?

    Pourtant, ceux qui luttent pour le climat dénoncent aussi les inégalités, les plus riches provoquant l'essentiel des émissions de gaz à effet de serre.

    Les causes écologistes et sociales ne se rejoignent-elles pas ?

    On peut dire que le capitalisme est responsable de la catastrophe écologique comme il l'est de l'exploitation économique et de l'inégalité sociale.

    Mais donner une cause commune à tous les maux ne produit par soi-même aucun bien.

    Et le fait de dénoncer jusqu'à plus soif les inégalités ne fait pas avancer d'un pouce cette cause.

    Seul le développement de mouvements réellement égalitaires peut changer les choses.

    On peut toujours sommer les dirigeants du G20 de sauver l'Amazonie, seuls les peuples qui l'habitent combattent réellement pour la défendre.

    Ils luttent pour la sauvegarder, mais aussi pour montrer au monde qu'ils sont parfaitement capables de comprendre ce qu'est le réchauffement climatique ou la biodiversité.

    L'égalité ne progresse que lorsque ceux qu'on juge incapables de s'occuper des affaires du monde s'emparent d'elles.

    En revanche, la démonstration continuelle des injustices finit par faire partie intégrante de l'ordre inégalitaire.

    Comment sortir de cette logique paralysante ?

    Je ne vois pas d'autre voie que l'extension de ces mouvements démocratiques autonomes.

    L'internationale capitaliste est d'une efficacité extraordinaire, serons-nous capables de constituer une « internationale des mouvements égalitaires » pour lui répondre ?

    Sur le fond, rien ne sépare plus réellement les grandes puissances d'aujourd'hui, États-Unis, Chine, Russie ou Europe, dans leur conception du monde, hormis la défense de leurs propres intérêts, la lutte pour leur puissance.

    Mais partout, il reste des gens qui s'opposent et se rebellent, que ce soient les manifestants de Santiago, de Hongkong, les paysans sans terre du Brésil ou les agriculteurs opposés au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

    Et de nouvelles formes de résistance s'inventent.

    Pensons, par exemple, à la manière dont #MeToo a créé un mode de lutte efficace contre des formes de violence qui restaient enfouies dans le domaine de la vie privée.

     

    « L'impossibilité de croire en un monde où l'on vive autrement » Mais pourquoi un mouvement comme celui des « gilets jaunes », par exemple, n'a-t-il pas fait tache d'huile ?

    Les « gilets jaunes » nous ont montré comment des gens, censés avoir peur de bouger et n'être préoccupés que par leurs petites affaires, peuvent se mettre à faire exactement le contraire.

    Ils se sont rassemblés et ont inventé des formes de mobilisation inattendues, témoignant que la capacité de penser et d'agir en égaux subsiste bel et bien en chacun de nous, quand bien même le système semble nous condamner à l'isolement.

    Lorsque l'on est porté par la perspective d'un monde plus vivable, on peut renoncer à ce qu'on possède et même se mettre en danger.

    Le potentiel d'extension était très fort au début de ce mouvement : à Paris, dans la rue à côté de chez moi, les collégiens ont commencé à dresser de petites barricades, certes symboliques.

    Le gouvernement l'a brutalement réprimé et, plus généralement, a fait en sorte qu'il soit maintenant dangereux de manifester dans la rue.

    Mais, à mes yeux, ce qui explique le ralentissement du mouvement, c'est moins cette répression et la peur qu'elle peut inspirer, que l'impossibilité de croire en un monde où l'on vive autrement.

     

    Mais n'est-ce pas aussi que nous jouissons à la fois d'un confort nouveau et de plus grandes libertés de mœurs, dans la société actuelle ?

    Ces libertés, là où elles existent, ne sont pas le résultat de ce développement synchrone qu'on appelait jadis progrès, où la production des techniques, des biens de consommation et des libertés personnelles semblaient avancer d'un même pas.

    Elles ont été conquises par des combats contre des forces répressives.

    En 1968, la société n'était pas moins hiérarchisée qu'aujourd'hui, mais, à l'époque, les gens se sentaient égaux et agissaient en conséquence.

    La hausse du niveau de vie ou les avancées technologiques n'ont pas empêché que se perpétuent la culture du viol et toutes les formes de domination subies par les femmes, mais c'est bien le développement de luttes collectives où celles-ci ont manifesté une puissance d'égalité en acte qui ont fait bouger les lignes.

     

    Sommes-nous en panne d'horizon ?

    Je ne crois pas à la puissance inspiratrice d'un modèle.

    Nous en avons eu en pagaille et cela a fini en désastre.

    L'avenir ne s'écrit pas en appliquant des programmes, il est le résultat de dynamiques présentes.

    Au Chili, la mobilisation populaire est partie d'une augmentation du prix des transports pour aboutir à la liquidation de la constitution héritée de Pinochet, en passant par l'émergence d'un fort mouvement féministe et par la lutte pour les droits du peuple mapuche.

    A travers le monde, des mouvements existent et peuvent nous faire réfléchir, nous inspirer, plutôt que de nous perdre dans la quête des bonnes recettes.

     

    (1) Article paru dans « le Monde » du vendredi 21 mars 1997. 

    Jacques Rancière, bio express

    Professeur honoraire à l'université Paris-VIII, Jacques Rancière est philosophe, spécialiste de politique et d'esthétique.

    Il est l'auteur de nombreux ouvrages,

    dont « la Nuit des prolétaires » (1981) et « le Maître ignorant » (1987) chez Fayard, « la Haine de la démocratie » (2005) aux éditions de La Fabrique.

    Il publie, ce 14 janvier, chez le même éditeur : « les Trente Inglorieuses. Scènes politiques 1991-2021 ».

     

    Wikipédia Jacques Rancière >>>>>

    Wikipédia La Gauche Prolétarienne >>>>>


    votre commentaire
  • Présidentielle :

    Olivier Besancenot vole au secours de Philippe Poutou

    dans sa course aux parrainages

    Le Nouveau parti anticapitaliste multiplie les meetings pour tenter de parvenir aux 500 signatures. On a même vu l'ancien candidat Olivier Besancenot venir soutenir Philippe Poutou dans sa course aux parrainages.

    France Info >>>>>


    votre commentaire
  • Politique politicienne... à fond les gamelles !

    Présidentielle :

    le chargé de projet de Christiane Taubira

    regrette "un blocage des parrainages" par le Parti socialiste

    "Aujourd'hui, nous allons devoir redoubler d'énergie, mais nous irons chercher ces parrainages 'avec les dents'", assure sur franceinfo Christian Paul, qui estime qu'il y a eu un "verrouillage des parrainages" et des "tentatives d'intimidation".

    France Info >>>>>


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique