• Nouvelle union populaire écologique et sociale:

    que vive ce «bloc arc-en-ciel»!

     

    par Aurélie Trouvé,

    Présidente du Parlement de l’Union populaire,

    Enseignante chercheuse en économie

    le 4 mai 2022
     

    La gauche est sortie du XXe siècle pour entrer enfin dans le XXIe.

    Les historiens futurs verront peut-être les 22 % obtenus par l’Union populaire et son candidat au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, comme le moment où la crise des gauches, advenue avec la chute du mur de Berlin, a commencé à se résoudre.

    Le moment où la gauche a clarifié son ancrage.

    Non pas dans le social-libéralisme et les aménagements à la marge d’un système à bout de souffle.

    Mais dans une conscience partagée qu’il faut changer le système pour répondre à des défis écologiques et sociaux immenses.

    Il aura fallu pour cela changer de logiciel.

    Trois innovations y ont contribué.

    Une innovation programmatique d’abord.

    L’Avenir en commun est le premier programme à combiner de manière aussi précise les questions sociale et environnementale.

    Aucun aspect du fonctionnement de nos démocraties ne lui échappe.

     

    Une innovation organisationnelle ensuite : le parlement de l’Union populaire, que je préside.

    Composé de près de 300 personnes à parité, pour moitié membres de La France insoumise et pour l’autre de militants associatifs, syndicaux, citoyens.

    Il a été un élément moteur de la campagne.

    Car c’est au contact des mouvements sociaux, de toutes ces femmes et hommes qui résistent de multiples façons au système capitaliste, que les idées se régénèrent, et non dans les combines d’appareils.

    Le pari réussi de ce parlement est d’unir sans uniformiser, sur le modèle du «bloc arc-en-ciel» (1), avec le vert de l’écologie, le rouge des mouvements syndicaux et du communisme, le jaune des gilets et des insurrections populaires pour la démocratie, le violet du féminisme, le multicolore des luttes antiracistes.

    Mais c’est aussi un «bloc populaire», fort d’une colonne vertébrale politique, d’un programme et d’une stratégie en commun, en opposition frontale aux blocs de droite et d’extrême droite.

     

    Une innovation électorale enfin :

    mobiliser, en plus des électorats traditionnels, les abstentionnistes, ceux de nos concitoyens qui ne votent plus car ils sont dégoûtés par des décennies de trahison politique.

    Loin d’être le seul produit du «vote utile», le «vote Mélenchon» marque souvent un soutien véritable au projet proposé par l’Union populaire, pour 80 % de ses électeurs selon un sondage Ipsos.

    Il est parvenu à agréger des fractions de l’électorat dont la convergence ne s’était jamais produite jusque-là.

    Nous devons désormais inscrire cette convergence dans la durée.

     

    Rien n’est impossible

    Toute l’histoire des gauches le montre, le temps politique est long.

    Une lutte engagée aujourd’hui ne portera peut-être ses fruits que dans quelques années.

    Mais elle sera décisive le moment venu.

    Cette «lente impatience», empruntée à Daniel Bensaïd, est décisive dans la stratégie et les pratiques militantes de l’Union populaire.

    Il est pourtant des moments où le temps s’accélère, où les événements produits dans l’histoire longue s’enchaînent plus vite.

    C’est ce qui s’est passé au lendemain du premier tour.

    Celui-ci aurait pu laisser la place à la déception et la colère de tous ceux exposés à la violence du programme d’Emmanuel Macron.

    Mais l’immense espoir soulevé par l’Union populaire durant toute la campagne présidentielle reste intact.

    Mieux : il se transforme en une nouvelle aspiration, celle d’un troisième tour, pour prendre le pouvoir, celle d’imposer un gouvernement de cette gauche de rupture en installant une majorité de députés dès les 12 et 19 juin prochains.

    Qu’un président n’obtienne pas de majorité au Parlement au lendemain de son élection serait certes une première depuis la réforme du quinquennat en 2000.

    Mais la crise de nos institutions est si profonde, et la légitimité d’Emmanuel Macron si faible, que rien n’est impossible.

     

    S’appuyer sur les mouvements sociaux

    Avec l’accord passé par les différentes forces de la gauche en ce début de semaine, cette possibilité prend forme concrète.

    Le rassemblement que nous proposons d’opérer est l’un de ces moments où convergent des années de travail intellectuel, de réflexion programmatique, et de mobilisation des mouvements sociaux et citoyens.

    Ce rassemblement ne se veut pas un simple bricolage électoral.

    Il doit se hisser à la hauteur des attentes populaires, et marquer le tournant historique qu’exige la crise écologique, sociale et démocratique.

    L’Union populaire propose ainsi, aux forces sociales et politiques de gauche qui sont prêtes à la rupture avec le néolibéralisme, une méthode : se rassembler sur le socle programmatique et stratégique plébiscité par les électeurs de la gauche, et de manière pragmatique faire jouer à plein nos complémentarités.

    Comme le mouvement altermondialiste l’a initié, il s’agit d’articuler la diversité de nos histoires incommensurables pour lever une force puissante sur le plan électoral et, plus encore, capable de mobiliser un camp social majoritaire pour enfin changer d’avenir.

     

    Nous sommes lucides :

    si nous parvenons à installer notre Premier ministre à Matignon, des vents contraires se lèveront.

    Les classes dominantes s’efforceront d’entraver la mise en œuvre de notre programme.

    Durant la campagne présidentielle face au candidat de l’Union populaire, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, menaçait de mener une grève de l’investissement s’il venait à l’emporter.

     

    Déjouer ces vents adverses nécessite non seulement une détermination sans faille – nous l’avons – mais aussi des mouvements sociaux puissants, capables de maintenir une forte pression, par tous les moyens.

    L’une des clés de cette Union populaire est là : s’appuyer sur ces mouvements sociaux, construire avec eux, tout en respectant leur autonomie, dont nous avons besoin.

    La Nouvelle union populaire écologique et sociale n’est pas tant un arrangement électoral qu’une recomposition profonde de la gauche et de la façon de faire de la politique.

     

    (1) Aurélie Trouvé, le Bloc arc-en-ciel. Pour une stratégie politique radicale et inclusive, la Découverte, 2021.


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  • Clémentine Autain

    Union populaire : les raisons du succès

    Engagée depuis 25 ans pour faire converger les sensibilités de la gauche politique, sociale et intellectuelle, la députée LFI Clémentine Autain revient, pour Regards, sur les raisons historiques qui ont conduit l’Union populaire à ouvrir les portes de l’espoir.

     

    Regards >>>>>


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  • PCF... 2 mai 2022 - Buffet Faucillon Peu

     


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  • Discussion LFi EELV

    Texte proposé et adopté lors du CF d'ELLV du 1 mai 2022.


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  • Communiqué de presse du 2 mai 2022

    Accord entre La France insoumise et EELV

    pour les prochaines élections législatives

     

     

    La France insoumise et EELV, membre du Pôle Écologiste, se sont rencontrés ce dimanche 1er mai dans le cadre de la préparation des prochaines élections législatives.

    Nous avons convenu des points d’accords suivants dans la continuité des échanges ayant déjà eu lieu depuis une semaine entre La France insoumise et EELV.

     

    1) Nous voulons faire élire des député·es dans une majorité de circonscriptions, pour empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique injuste et brutale et battre l’extrême droite.

    Les 12 et 19 juin, par leur vote, nous proposons aux Françaises et aux Français de mettre en place un large rassemblement s’appuyant sur la dynamique de la campagne présidentielle de l’Union populaire ouvrant la voie à une majorité à l’Assemblée nationale.

    Dans cette perspective, le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l’Assemblée, soit Jean-Luc Mélenchon.

     

    2) Pour le permettre, nous souhaitons fédérer sur la base d’un programme ambitieux, toutes les forces qui le partagent, en respectant leur pluralité et leur autonomie.

    Pour la clarté, nous souhaitons le faire autour d’une bannière commune “Nouvelle union populaire écologique et sociale” ; pour faire vivre la pluralité, nous construirons un parlement de campagne rassemblant les forces politiques et des personnalités du monde syndical, associatif, culturel, intellectuel.

    La majorité pluraliste que nous voulons constituer se dotera d’un intergroupe pour compléter et poursuivre après l’élection ce travail commun.

     

    3) Nous partageons des objectifs programmatiques communs qui constitueront la base d’un programme partagé de gouvernement de plusieurs centaines de propositions.

    Parmi ces propositions, nous défendrons notamment la hausse du SMIC à 1 400 euros, le retour à la retraite à 60 ans pour toutes et tous, la garantie d’autonomie pour les jeunes, le blocage des prix sur les produits de première nécessité et l’éradication de la pauvreté.

    Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique par l’application d’une règle verte (ou d’une règle d’or climatique) pour répondre à l’urgence climatique et environnementale.

    Nous sommes favorables à l’instauration d’une 6e République pour en finir avec le présidentialisme et introduire des droits nouveaux, notamment le référendum d’initiative citoyenne.

     

    En Europe, nous voulons en finir avec le cours néolibéral et productiviste de l’Union européenne pour un nouveau projet au service de la construction écologique et sociale.

    Pays fondateur de l’Union européenne, la France ne peut avoir pour politique ni la sortie de l’Union, ni sa désagrégation, ni la fin de la monnaie unique.

    Mais si certaines règles européennes sont un point d’appui (protection des consommateurs, normes environnementales…), de nombreuses autres sont en décalage voire en contradiction avec les impératifs de l’urgence écologique et sociale.

    Par exemple, il est impossible de nationaliser EDF dans le cadre des règles de la concurrence, d’investir pour respecter nos engagements climatiques en raison des règles budgétaires.

    Pour être en capacité d’appliquer notre programme et respecter ainsi le mandat que nous auront donné les Françaises et les Français, il nous faudra dépasser ces blocages et être prêt·es à désobéir à certaines règles européennes (en particulier économiques et budgétaires comme le pacte de stabilité et de croissance, le droit de la concurrence, les orientations productivistes et néolibérales de la Politique agricole commune etc.).

    Cela ne peut se faire que dans le respect de l’état de droit (tel que défini aux articles 2 et 7 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne).

    Nous combattrons fermement les attaques contre les libertés fondamentales des gouvernements d’extrême-droite hongrois et polonais.

     

    Nous ne serons ni les premier·es ni les dernier·es à le faire, en France comme en Europe (Espagne sur les prix de l’énergie, Allemagne sur la mise en concurrence des entreprises de l’eau potable, Portugal sur les aspects économiques et budgétaires etc.).

     

    Enfin, dans un contexte international de tensions et de guerre sur le continent européen, nous continuons à travailler nos convergences pour trouver les voies et moyens afin de rétablir la paix, préserver l’intégrité territoriale de tous les pays, entamer des coopérations altermondialistes pour agir pour un monde qui respecte les droits humains, la démocratie et lutte contre le dérèglement climatique.

     

    4) Pour que cet accord soit efficace et pour répondre à l’immense attente de nos concitoyen·nes, nous nous donnons tous les moyens pour que les discussions entamées avec les autres forces aboutissent.

    En finalisant cet élargissement au plus vite, nous pourrions tenir un événement commun de lancement le samedi 7 mai.


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  • Législatives.

    Jean-Luc Mélenchon :

    « La lutte reprend : on peut conquérir le pouvoir »

     

    Le candidat FI, qui a réuni 22 % des voix au premier tour de la présidentielle, appelle la gauche à bâtir une « fédération » pour remporter la majorité aux scrutins des 12 et 19 juin.

    Entretien

     
    Publié le Jeudi 28 Avril 2022

     
     

    Dans l’entre-deux-tours, le candidat de l’Union populaire a lancé un appel à faire des élections législatives le « troisième tour » de la présidentielle et à l’« élire premier ministre ».

    Marine Le Pen désormais battue, Jean-Luc Mélenchon, qui fait « le pari qu’il n’y aura pas de prime au président si mal élu », estime nécessaire d’« unifier le maximum de forces » pour l’emporter.

    Alors qu’un accord est en cours de négociation à gauche, il détaille les objectifs de la France insoumise.

     

    Vous appelez les citoyens à vous élire premier ministre. Comment les convaincre qu’une victoire est possible aux législatives ?

    La présidentielle a recomposé le paysage politique en faisant émerger trois blocs politiques à peu près égaux : le bloc libéral, qui inclut la droite traditionnelle, celui d’extrême droite et enfin ce que nous avons appelé le bloc populaire.

    Ce dernier est le résultat d’une stratégie, dont le début est dans le Front de gauche de 2012, d’une construction patiente qui a aggloméré successivement plusieurs pans de la population autour d’une idée portée par « l’Avenir en commun ».

    C’est un bloc social, celui des déshérités, et un bloc cohérent sur les mesures de rupture avec le capitalisme.

    La présidentielle n’a pas fait naître une véritable majorité politique.

    Tous les voyants de la crise démocratique restent allumés, comme tous ceux de la crise écologique et sociale.

    Ça fait beaucoup.

    Ceux qui ont porté ma candidature ressentent une frustration d’avoir raté la marche du second tour à 420 000 voix.

    Nous aurions pu le faire si nous avions été organisés comme avant dans une alliance avec les communistes.

    Mais ce n’est pas une frustration résignée.

    Car, avec ce troisième tour, la lutte reprend : on peut conquérir le pouvoir.

    L’enjeu est immense : tous ceux qui attendaient l’augmentation du Smic ou la retraite à 60 ans en savent quelque chose.

    Le dernier élément clé, c’est notre capacité à démontrer qu’on fait tout ce qu’on peut pour unifier le maximum de forces.

     

     

    Les macronistes persiflent sur un tel scénario de cohabitation avec vous, expliquant que c’est impossible compte tenu de la logique du calendrier électoral de la Ve République. Que leur opposez-vous ?

    C’est vrai quand l’élu gagne à la loyale avec un vrai choix.

    Mais c’est la troisième fois qu’on fait le coup au pays du vote par contrainte.

    En 2007, trois quarts des électeurs étaient représentés par les candidats du second tour, là c’est à peine un tiers des inscrits.

    L’abstention a progressé et le gagnant a perdu presque 2 millions de voix par rapport à l’élection précédente.

    C’est un gouffre.

    Je fais le pari qu’il n’y aura pas de prime au président si mal élu.

     

    Je fais le pari

    qu'il n'y aura pas de prime au président si mal élu.

    Jean-Luc Mélenchon

     

    Certains vous reprochent de personnaliser les législatives et ainsi de participer aux travers de la Ve République…

    J’ai même entendu dire que c’était dévaloriser les élections législatives que de les qualifier de troisième tour de la présidentielle.

    C’est exactement l’inverse : il s’agit d’élever l’enjeu d’une élection considérée comme une formalité administrative au niveau de la présidentielle.

    C’est déjà un peu de la VIe République dans la Ve.

     

    À quoi ressembleraient vos premiers jours à Matignon ?

    La retraite à 60 ans, le refus du RSA-travail forcé, la réduction des écarts de salaires, l’allocation dignité, la garantie d’autonomie des étudiants…

    Il s’agirait aussi, en discussion avec le président de la République, d’obtenir soit un processus constituant, soit, si c’est impossible, le RIC (référendum d’initiative citoyenne – NDLR) et le référendum révocatoire par la négociation entre les deux Chambres.

    Les marqueurs essentiels de la présidentielle se retrouvent dans le programme des législatives.

    Et cela non parce que nous voudrions être « hégémoniques », mais parce que nous avons passé vingt mois de campagne à convaincre, jour après jour, par des milliers de rencontres.

     

    Quelles seraient vos marges de manœuvre dans le cadre d’une cohabitation avec Emmanuel Macron ?

    La Ve République est l’enfant de circonstances : on sortait d’un régime d’Assemblée, d’une crise nationale épouvantable liée à la décolonisation et de Gaulle a mis ses œufs dans plusieurs paniers.

    Si bien que la Constitution donne à la fois un rôle absolument extravagant au chef de l’État mais elle confère aussi beaucoup de pouvoir au premier ministre.

    L’article 20 dit même qu’il « détermine et conduit la politique de la nation ».

     

    Deux mois après l’invasion russe, la guerre en Ukraine s’enlise et fait craindre le pire. Quelles initiatives prendre en faveur de la paix ?

    La guerre, dont Poutine porte la responsabilité entière, est un tremblement de terre géopolitique dont on n’a pas encore mesuré toutes les conséquences.

    Dans un premier temps, il faut obtenir de la Russie la fin des combats et l’évacuation du territoire ukrainien.

    Les sites nucléaires doivent aussi être protégés, et le premier ministre peut proposer d’y envoyer les casques bleus, et, s’il le faut, tous français.

     

    Ensuite, on ne peut pas parler de sanctions économiques sans dire les moyens de s’en protéger nous-mêmes.

    Nous ne pouvons nous passer ni de gaz ni de pétrole.

    Il faut donc penser des alternatives, par exemple avec l’Algérie pour un pacte blé contre pétrole et gaz.

    Nous avions affirmé, nous, Français, que jamais plus l’Europe ne serait le théâtre d’une guerre et que la dissuasion nous en protégerait.

    Mais la guerre a lieu, et nous n’avons rien pu faire !

    Un énorme défi nous est lancé.

    Ma politique reste celle d’un non-aligné.

    Les Français n’ont pas intérêt à aller s’enferrer dans tous les combats du monde sans avoir décidé par eux-mêmes ce qui est le plus conforme à leur intérêt.

     

    Vous appelez à « élargir l’Union populaire ».

    Que proposez-vous concrètement aux autres forces politiques ?

    Le vote a tranché au moins une question : qui de la rupture ou de l’accompagnement du néolibéralisme est majoritaire à gauche.

    Ça donne un cap, une orientation générale.

    Et les citoyens ont autant voté pour le programme que pour un candidat.

    « L’Avenir en commun » est un programme de rupture.

    Il est héritier des luttes de la société française.

    C’est un prolongement de « l’Humain d’abord », programme du Front de gauche en 2012.

    Sa mise à jour à travers les combats parlementaires s’est faite souvent avec des votes convergents des socialistes, et dans 98 % des cas des communistes.

    Les différences entre notre programme et celui des communistes ne sont pas si importantes qu’elles justifient la séparation imposée par la campagne présidentielle.

     

    Il s'agit d'élever l'enjeu des législatives

    au niveau de la présidentielle.

    Jean-Luc Mélenchon

     

    Ensuite, ce n’est pas un accord électoral que nous proposons, même s’il est inclus.

    C’est un accord programmatique sans lequel il ne peut y avoir d’accord électoral.

    Nous voulons un programme qui nous permette de gouverner.

    Ce que nous proposons n’est pas l’ancienne union de la gauche.

    Il s’agissait alors d’un parti dominant sans aucune structure de médiation avec les autres.

    Nous proposons que chacun ait un groupe parlementaire, et en même temps un intergroupe.

    Et un Parlement commun sur le mode de l’Union populaire actuelle.

    Une fois d’accord, on peut ainsi continuer à tenir la ligne pendant cinq ans.

    Avec le vocable « union de la gauche », on reste enfermé dans la logique de la collection des logos et du commandement politique vertical.

    L’Union populaire est une démarche sur un programme.

    Elle donne une méthode qui permet à chaque organisation de rester elle-même et au peuple d’entrer en action.

    Je parle ici d’une fédération, ou d’une confédération, qui crée un cadre commun, un programme partagé, un Parlement commun.

     

    En 2017, vous estimiez que le rassemblement des forces de gauche représentait un repoussoir. Qu’est-ce qui a changé depuis ?

    Rien.

    Mais notre score a tranché.

    Il faut tourner la page et jeter la rancune à la rivière.

    Ou bien les masses tranchent les problèmes par le vote, ou bien on reste coincé dans les conflits.

    Ce ne sont pas nos arguments qui changent la réalité, c’est la pratique.

    Si les communistes aujourd’hui acceptent l’accord qu’on leur propose, ils sont les bienvenus et on travaillera ensemble.

     

    Cette présidentielle confirme une recomposition politique en trois blocs. Élément majeur de ce scrutin, le centre de gravité de la gauche s’est déplacé d’un social-libéralisme à une gauche de transformation sociale. Comment analysez-vous cette première victoire idéologique et comment la faire fructifier ?

    En 2017, on avait déjà gagné.

    Mais comme tout avait l’air accidentel, y compris le surgissement de Macron, beaucoup n’ont pas vu ce que signifiait l’effondrement des deux partis traditionnels qu’étaient LR et le PS.

    En France, l’un des pays au centre du capitalisme mondial, la gauche radicale a été à deux doigts d’arriver au second tour.

    Ce progrès n’est pas définitif, mais le scénario à l’italienne de l’éradication de la gauche de rupture est derrière nous.

    D’autant que, dans l’intervalle, les sociaux-libéraux ont perdu la capacité d’entraînement de la société.

    La composition sociale du centre gauche l’empêche d’entraîner les classes populaires dans une illusion collective libérale du mieux-être pour demain.

    C’est aussi une raison pour laquelle l’alliance avec les communistes est si importante.

    La culture communiste est une culture de rupture avec le capitalisme.

    Nous avons ce socle en commun, et il est très important qu’il soit le plus fort possible.

     

    Les différences entre notre programme

    et celui des communistes ne sont pas si importantes.

    Jean-Luc Mélenchon

     

    En ce qui concerne la gauche, elle a toujours existé, et elle existera toujours.

    Toute ma vie est liée à la gauche.

    Mais j’ai proposé de laisser ce mot en friche, c’est-à-dire d’attendre qu’il manifeste une nouvelle fécondité.

    Nous n’y sommes pas encore.

    Ce qui faisait notre force auparavant, c’étaient des masses concentrées : des ouvriers dans des usines, des statuts de la fonction publique regroupant des millions de personnes.

    Un acteur nouveau joue ce rôle central aujourd’hui : le peuple.

    Avec des penseurs communistes, on s’est un peu accrochés sur le concept de peuple.

    Mais je veux en discuter.

    Le XXIe siècle a besoin d’une théorie matérialiste de la révolution citoyenne, objectif commun de nos deux organisations.

     

    Douze millions d’électeurs ne sont pas allés voter au premier tour. Une partie des classes populaires, notamment celles des territoires ruraux ou désindustrialisés, s’est davantage tournée vers l’abstention et l’extrême droite…

    Il y a en effet un quatrième bloc abstentionniste.

    Il contient différentes composantes : les mal-inscrits – plusieurs millions tout de même –, et d’autres qui ne votent pas en estimant que ça ne sert à rien.

    Que leur vote n’a jamais changé leur vie.

    Difficile de leur donner tort.

    La gauche des 35 heures commence à dater.

    Le programme commun, c’est Vercingétorix pour les plus jeunes.

    Nous avons un travail acharné à mener.

    Je n’adhère pas au concept de « France périphérique », selon laquelle les citoyens sont réductibles à leur adresse.

    Comme ils ne le sont pas à leur religion.

    Ils sont tout cela à la fois et bien d’autres choses.

    Quant à l’extrême droite, beaucoup de citoyens pensent qu’elle est le plus gros bâton pour taper Macron.

    Il faut être présent sur le terrain comme nous contre l’imposture sociale du RN.

    Cessons de mythifier les classes sociales en leur attribuant une pensée automatique.

    En effet, le vote Le Pen au second tour a représenté pour certains un «vote de classe ».

    Ils ont été encouragés à ça.

    Notamment par ceux qui ont aboyé avec les loups contre les musulmans ou nié les violences policières !

    Ils ont aussi mené une guerre stupide contre les outils intellectuels nous montrant comment la question des discriminations religieuses pouvait croiser celle de la classe sociale : l’intersectionnalité, tournée en dérision par des ignorants.

    Ils n’ont jamais lu Frantz Fanon !

    Rompre les consensus pourris, comme ceux-là, cela fait partie de nos tâches.

    L’intersectionnalité est un outil pour comprendre le réel, comme le matérialisme.

     
     

    Serez-vous candidat aux élections législatives ?

    Je ne cherche pas à créer un faux suspense mais j’hésite encore.

    Je n’ai pas besoin d’être député pour être premier ministre.

    Six sur 24 depuis 1958 ne l’étaient pas.

    Pour l’immédiat, gagner les législatives, c’est ce qui m’intéresse.


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  • Communiqué NPA 27 avril 2022

    Discussion en vue d’un accord avec l’Union Populaire

     

    Mercredi 27 Avril 2022

     

     

    Lors de son dernier Conseil Politique National (CPN), le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a arrêté son positionnement pour les prochaines élections législatives. Favorable à des candidatures d’union pour contester le macronisme et les politiques capitalistes, nous avons décidé de répondre favorablement à la proposition de rencontre de l’Union Populaire.

    Au lendemain du CPN, nous avons donc envoyé deux lettres rendues publiques, une lettre répondant positivement à la proposition de rencontre avec l’Union Populaire et une autre lettre à destination de Lutte Ouvrière, publiées dans l’Anticapitaliste la semaine dernière. Le courrier à destination de Lutte Ouvrière est resté sans réponse à cette heure. Une première rencontre entre le NPA et l’Union Populaire a eu lieu Mercredi 20 Avril 2022 et une deuxième rencontre a eu lieu Mercredi 27 Avril 2022.

    Les prochaines élections législatives vont être marquées par plusieurs enjeux. Le rapport de force politique est dégradé en défaveur de notre camp social, nous avons encore pu le mesurer au premier tour des élections présidentielles et au lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron qui propose de continuer son chantier de démolition. Il y a donc urgence à résister à la poussée réactionnaire portée par la droite et l’extrême droite qui sort renforcée des élections présidentielles.

    À gauche, les lignes bougent. Les forces du social-libéralisme se sont effondrées aux élections et beaucoup, y compris dans le milieu traditionnel de la gauche radicale et de l’extrême gauche, ont voté pour Jean-Luc Mélenchon. Cela peut porter bien des illusions sur la façon de transformer radicalement la société, mais il s’agit indéniablement d’un élément positif qui exprime une aspiration à résister, à se battre et à rompre avec les années de la gauche plurielle.

    C’est dans ce cadre que s’incarne une aspiration positive à l’unité, dans les urnes pour les prochaines élections législatives, mais aussi dans la rue, condition nécessaire pour construire les mobilisations indispensables pour remporter des victoires sociales, à commencer par celle contre la nouvelle réforme des retraites annoncées par Emmanuel Macron.

    Comme nous l’avons dit à l’Union Populaire, ainsi que publiquement, « nous tenons à réaffirmer notre volonté d’aboutir à un tel accord national, car cela serait un point d’appui important pour tous ceux qui ne veulent plus des politiques libérales, cela serait une expression unitaire utile aux mobilisations et cela serait le moyen de poser un jalon dans la reconstruction d’un outil politique pour une gauche qui se batte pour construire une alternative au capitalisme ».

    À cette étape, plusieurs points restent en discussion. Ainsi, nous ne partageons pas l’idée que ces élections législatives sont le match retour des élections présidentielles et, dans ce cadre, si nous comprenons que l’Union Populaire cherche à maintenir mobilisée sa sphère sympathisante et, au-delà, son électorat, placer cette campagne autour du seul objectif que Jean-Luc Mélenchon devienne premier ministre est une difficulté. D’abord parce que cette personnalisation est contradictoire avec la volonté de regrouper des forces et des sensibilités diverses, mais aussi, et peut-être surtout, parce que cela épouse trop les institutions de la cinquième république avec lesquelles nous voulons rompre.

    De plus, si nous partageons l’idée que l’Avenir En Commun (AEC) est la base possible du programme partagé au vu de la réussite de la campagne de l’Union Populaire, cela ne peut se faire qu’en assumant le pluralisme de cette campagne. Cela signifie que, s’il est nécessaire d’assurer une cohérence autour d’un label, d’une profession de foi nationale commune et de cadres d’animation collectifs de la base au sommet, chacun conserve son indépendance pendant la campagne et après, dans le cas d’éventuels élus.

    Contrairement à ce qui est dit ici ou là, cette orientation n’est pas en rupture avec la campagne présidentielle que nous venons de mener autour de Philippe Poutou. Il faut inverser le raisonnement. Au vu du contexte, comment répondre aux aspirations de notre camp social ?

    Quels sont les meilleurs moyens de porter les questions que nous avons voulu mettre au centre de notre campagne, le bilan des échecs de la gauche de gouvernement, la nécessité de mesures de rupture avec le social-libéralisme et les logiques capitalistes et la reconstruction d’une gauche de combat et d’un outil politique ?

    Nous ne savons pas si cet accord verra le jour, mais nous sommes déterminés à aller au bout de la démarche. Si une telle campagne était possible, ce serait un bon signal pour tous ceux qui veulent changer la société et ce serait un encouragement pour les mobilisations. Sortir de la résignation et regrouper là où ils se trouvent les éléments combatifs polarisés par l'Union Populaire, c’est ce qui reste pour nous l’essentiel.


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  • Communiqué du NPA 24 Avril 2022

     

    Ce soir, en conclusion de cette non-campagne et comme symptôme d'une crise démocratique sans précédent, Macron a été réélu.

    Avec 58 %, son libéralisme autoritaire l'a donc emporté sur le libéralisme crypto-fasciste et raciste porté par Le Pen.

    Le « tout-sauf-Macron » ne l'a pas emporté sur le « tout-sauf-Le-Pen », et c’est tant mieux pour notre camp social, tant cette dernière représentait un danger mortel.

     

    Le pire a donc été évité : en politique plus qu'ailleurs, deux maux, mêmes très graves, doivent toujours être hiérarchisés.

     

    D'un côté une droite dure, ultra libérale technocratique, policière, liée aux vieux partis de gouvernement, à l’État et ses appareils, aux firmes du CAC40, mais sans base sociale de masse et détestée par une grande partie du pays.

    De l'autre une extrême droite populiste mais lissée, démagogique et menteuse, en quête de respectabilité, avec malheureusement une certaine base populaire...

     

    Avec un taux d'abstention de 28 %, il s'agit du second score le plus important de l'histoire de la Ve République... derrière l'élection de 1969.

    Près d'un tiers des électeurs ne veulent même plus jouer cette comédie.

    Le taux de vote blanc et nul ne sera connu que plus tard, mais il pourrait a priori atteindre aussi un record.

     

    La crise politique, démocratique, qui met en cause la légitimité de ce président à nouveau mal élu, s'accentue.

    Son bilan négatif est sans appel, et ce second mandat s'annonce comme un approfondissement des attaques sociales, démocratiques et idéologiques réactionnaires.

    Le boulevard pour l'extrême droite devrait donc encore s'élargir...

     

     

    Il y a urgence à tracer une perspective d’émancipation, à construire une gauche de combat.

    Le NPA est favorable à ce que dans les prochaines élections législatives, il y ait des candidatures d’union pour faire face à la droite et à l’extrême droite, sur la base d’un programme de contestation du macronisme et de rupture avec les politiques capitalistes.

    C’est la raison pour laquelle nous avons répondu positivement à l’invitation à discuter avec l’Union populaire, avec la ferme volonté d’aboutir à des candidatures unitaires à gauche.

    Mais c'est aussi, et peut-être surtout, le troisième tour social qui s'ouvre dans la rue, sur nos lieux de travail et d'études, à commencer contre la « réforme » annoncée de nos régimes de retraites.

    Des luttes sociales à construire pour résister à l’offensive de Macron II, condition indispensable pour changer la donne durablement.

     

    Pour tout cela, nous aurons besoin à la fois d'unité et de radicalité.

    Partis, syndicats, associations et collectifs écologistes, antiracistes, féministes, LGBTI : il faut construire un front commun et durable de notre classe, articulant mobilisations de rue et batailles idéologiques, en particulier contre l’extrême droite.

    De ce front et des luttes multiples pourrait alors émerger une force politique anticapitaliste, antifasciste, féministe, écologiste et internationaliste, pour la transformation révolutionnaire de la société.

    C’est nécessaire et c’est urgent.

     

    Montreuil le 24 avril 2022


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  • Lutte Ouvrière

    Déclaration Nathalie Arthaud après le second tour


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  • Discussions NPA - LFi

    Compte rendu NPA 23 avril 2022

     


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