• Reportage.

    Au Chili,

    un scrutin historique et une fracture sociale béante

    Vendredi 19 Novembre 2021
     

     

    Deux ans après la révolte populaire de 2019, d’incertaines élections présidentielle, législatives, sénatoriales et régionales se tiendront ce dimanche, dans un pays plus polarisé que jamais.

     

    Santiago du Chili, envoyée spéciale.

    Autour de la place d’Italie, rebaptisée place de la Dignité par les révoltés de 2019, les murs débordent de fresques et d’aphorismes, de slogans et de revendications.

    Dans cette confluence urbaine où se succèdent toujours rassemblements et manifestations, ils témoignent d’une effervescence encore vive, deux ans après cette explosion sociale qui a ébranlé le Chili.

    Au pied d’une tour, un immense portrait du chanteur et guitariste Victor Jara, mutilé et assassiné par les tortionnaires d’Augusto Pinochet, est souligné d’un constat tout contemporain : « Quand rejaillit le torrent de l’histoire, personne ne peut dire jusqu’où il peut couler. »

    Une palissade voisine dit « non à une Constitution qui perpétue l’exploitation ».

     

    Voilà six mois, les électeurs faisaient entrer des visages nouveaux, apparus, pour beaucoup d’entre eux, au fil de ces secousses sociales, dans l’enceinte de la Convention constitutionnelle chargée d’enterrer le texte fondamental légué par la dictature.

    Une brèche rendue possible par ce mouvement populaire porteur d’une mise en cause radicale du modèle néolibéral qu’expérimentèrent ici, main dans la main, la junte militaire et les Chicago Boys formés aux États-Unis par le pape du monétarisme, Milton Friedman.

     

    Une campagne affectée par les restrictions sanitaires

    Sur l’Alameda, l’avenue principale de Santiago du Chili, face à l’Université catholique, l’enceinte de cuivre du centre culturel Gabriela Mistral, que Pinochet avait fait fermer au lendemain du coup d’État du 11 septembre 1973 pour en faire son centre d’opération, s’est, elle aussi, couverte de mots d’ordre.

    Ils appellent à la mobilisation pour faire libérer les jeunes prisonniers politiques de la révolte sociale, à plafonner à 40 heures le temps de travail hebdomadaire, à en finir avec les AFP, les fonds de pension, à faire de la santé et de l’éducation des droits pour tous.

     

    Plus loin derrière le palais de la Moneda, dans les jardins de l’ex-Congrès qui accueille dans de bien précaires conditions les membres de la Convention constitutionnelle, Valentina Miranda, 21 ans, la plus jeune élue du Congrès, foulard vert du mouvement féministe et bannière arc-en-ciel autour du cou, doit parlementer longtemps avec les carabiniers avant de faire entrer des invités.

    La jeune femme, militante communiste, élue des quartiers populaires du sud-ouest de la capitale, avait ému le Chili par son premier discours retraçant l’histoire de sa famille persécutée par la dictature et témoignant des conditions de vie affreusement précaires des classes populaires auxquelles elle appartient.

     

    « Quels que soient le président et le Parlement qui sortiront de cette élection, les fortes mobilisations sociales de ces cinq dernières années vont se poursuivre. Si la demande de droits sociaux qu’elles expriment reste sans réponse, il y aura de sérieuses conséquences. Les Chiliens se sont longtemps résolus à avancer tête baissée, à taire ce qu’ils avaient sur le cœur, à se conformer. La révolte de 2019 a semé les graines d’un changement culturel profond. Les gens ne sont plus disposés à courber l’échine », veut-elle croire.

     

    Élue au mois de mai dans le même élan, pour le même mandat, la jeune historienne et avocate Manuela Royo croit elle aussi que le pays reste travaillé par « une espérance populaire, une aspiration à des transformations profondes ».

    Terne, affectée par les restrictions sanitaires dues à la pandémie de Covid-19, la campagne électorale s’est pourtant moins focalisée, ces dernières semaines, sur ces attentes sociales que sur le surgissement du candidat d’extrême droite José Antonio Kast, porté par les sondages et les échos des médias dominants.

     

    José Antonio Kast, un candidat mi-Trump, mi-Bolsonaro

    Climatosceptique, opposant féroce au droit à l’IVG libre toujours dénié aux Chiliennes, prêt à creuser des tranchées pour empêcher l’arrivée de migrants, cet ami de Jair Bolsonaro, admirateur de Trump, assurait il y a quelques jours que « les opposants n’ont pas été emprisonnés » sous Pinochet.

    Manuela Royo lit dans son ascension une tentation du rappel à l’ordre, tout comme le signe d’une fracture politique profonde :

    « Après la révolte du 18 octobre, la situation s’est polarisée, avec, d’un côté, ces forces sociales entrées à la Convention constitutionnelle qui veulent promouvoir d’autres façons de faire de la politique, qui bousculent un système politique en crise et, de l’autre, cette montée du fascisme, perceptible à l’échelle globale, avec une rhétorique de haine, de racisme, de mépris des droits humains, incarnée au Chili par Kast, dernier rejeton d’un clan nazi. Mais je ne crois pas qu’il puisse l’emporter. »

     

    En fait, Kast pourrait profiter des déboires du candidat de droite, Sebastian Sichel, dauphin de l’impopulaire président sortant Sebastian Piñera, cité dans le scandale de corruption et d’évasion fiscale des Pandora Papers, ce qui lui a valu ces deux dernières semaines une procédure de destitution finalement bloquée par le Senat, lundi.

     

    Les dernières enquêtes d’opinion mettent en scène Kast en tête du premier tour, ou alors au coude-à-coude avec Gabriel Boric, le candidat de la coalition de gauche Apruebo Dignidad, constamment sommé par ses adversaires de droite et d’extrême droite de s’expliquer sur son alliance avec le Parti communiste ou de condamner les gouvernements du Nicaragua, du Venezuela, de Cuba, désignés comme des « dictatures ».

     

    150 000 jeunes ont perdu leur emploi avec la pandémie

    À Valparaiso, le gouverneur élu au mois de mai, Rodrigo Mundaca, figure respectée de la défense de l’eau comme bien commun et droit fondamental, suit avec distance, prudence et inquiétude ces controverses.

    « Le consensus postdictature appelait les gens à rester chez eux, passifs, à déléguer aux élus, aux responsables politiques la résolution des problèmes du pays.

    Une rupture est intervenue en octobre 2019, lorsque les Chiliens ont exprimé, avec rage et colère, leur rejet des inégalités, du modèle économique, des formes conventionnelles de la politique, analyse-t-il.

    Cette révolte a déplacé les frontières du possible.

    Mais cette campagne électorale très disruptive, où beaucoup de promesses ont été lancées, ouvrira, je le redoute, sur un second tour polarisé à l’extrême.

    Kast est un candidat à la Bolsonaro, à la Trump, faisant peu de cas du réel, méprisant le sens commun qui, au XXIe  siècle, est lié à la liberté, avec la garantie, pour tous, des droits fondamentaux. »

     

    Le réel le plus accablant tient, au Chili, en un chiffre : 150 000 jeunes Chiliens ont perdu leur emploi avec la pandémie de Covid-19, alors que le taux de chômage officiel des 15-25 ans frôlait déjà, en 2019, les 20 %.

    « Nous sommes les petits-enfants des ouvriers que vous n’avez pas pu tuer », clamait, en 2015, cette génération de naufragés de la transition « démocratique » et du mirage néolibéral, qui avait joué un rôle décisif, en 2020, dans la victoire, à près de 80 %, du oui à une nouvelle Constitution.

    La plus grande incertitude plane aujourd’hui sur la participation, dimanche, de ces révoltés sans attaches partisanes.

    De la rue aux urnes, tous ne sont pas décidés à franchir le pas.

     

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  • Portrait de révolutionnaire

    Un éboueur trotskyste au Parlement argentin :

    qui est Alejandro Vilca ?

    Parmi les nouveaux élus qui feront leur entrée au Parlement argentin, le 10 décembre, à la suite de l’élection de dimanche dernier, il y en a un qui défraie la chronique.

    Et par son score, et par sa trajectoire.

    Il s’agit d’Alejandro Vilca.

    Avec ses 25%, le candidat du Front de Gauche et des Travailleurs-Unité a réalisé un score historique dans la province de Jujuy, dans le nord-ouest du pays, où la politique est la chasse gardée des politiciens de toujours.

    Mais Vilca n’a rien du professionnel de la politique, et pour cause.

    Eboueur, syndicaliste, c’est un militant révolutionnaire qui fait de la politique par et pour le monde du travail.

    Portrait de celui qui va être l’un des quatre députés à siéger au sein du groupe parlementaire d’extrême gauche du FIT-U.

    Révolution permanente >>>>>


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  • Présidentielle 2022 : une centaine de maires, dont celui de Romainville, ne souhaite pas "parrainer un naufrage" à gauche

    Ces élus de gauche appellent à la grève des signatures de parrainage pour réclamer l'union de la gauche en vue de l'élection présidentielle de 2022.

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  • Hypocrisie réactionnaire antisociale à droite

    Indemnité inflation :

    le Sénat retoque le texte pour allouer les 100 euros au profit de mesures "mieux ciblées"

    L'Assemblée nationale pourra rétablir le texte du gouvernement à l'issue de la navette parlementaire.

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  • Fil ouvert le 16 novembre 2021

    Hypocrisie spatiale...

    1000 satellites se promènent là  haut,  en panne et le - y resteront.

    + de 10 000 débris de toutes tailles et de toutes origines se baladent dans tous les sens... de vraies poubelles inutiles.

    Dans les débris, figurent quelques "outils" perdus lors des sorties dans l'espace par les astronautes - cosmonautes - spationautes...

    Espace : ce que l'on sait du nuage de débris qui a contraint les astronautes de la Station spatiale internationale à se réfugier dans leurs vaisseaux

    Les Etats-Unis accusent la Russie d'être à l'origine d'un tir de missile antisatellite, lundi, qui a généré "plus de 1 500 débris orbitaux traçables". L'incident a obligé les astronautes à bord de l'ISS à envisager une évacuation d'urgence.

    France Info >>>>>

     

    Article RT France >>>>>

     

    Destruction d'un satellite par Moscou : les Russes vivement pris à partie par la France et les États-Unis

    France Info >>>>>

    Espace : l'armée russe admet avoir détruit le satellite dont les débris ont provoqué une alerte dans la Station spatiale internationale

    Après le tir, les sept personnes actuellement à bord de l'ISS avaient dû se réfugier temporairement dans leurs vaisseaux afin de se préparer à une éventuelle évacuation d'urgence.

    France Info >>>>>

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    Défense. Vers un espace souillé et militarisé

    Mercredi 17 Novembre 2021
     

    L’agence spatiale américaine accuse la Russie d’avoir tiré un missile contre l’un de ses propres satellites inactifs, entraînant la formation de 1 500 débris orbitaux.

     

    Washington a accusé lundi, Moscou d’avoir procédé à un tir de missile contre un satellite russe inactif.

    Celui-ci aurait, selon l’agence spatiale américaine, « généré plus de 1 500 débris orbitaux traçables » et va « probablement générer des centaines de milliers de morceaux de plus petits débris orbitaux ».

    Toujours selon la Nasa, la Station spatiale internationale (ISS) passerait « à travers ou près du nuage (de morceaux – NDLR) toutes les 90 minutes ».

    Les astronautes ont été mis en état d’alerte, près à une évacuation d’urgence.

    « Je suis scandalisé par cette action irresponsable et déstabilisatrice », a accusé dans un communiqué Bill Nelson, administrateur de la Nasa, tandis qu’Antony Blinken, chef de la diplomatie états-unienne, a déclaré que ce tir « menacera pour les décennies à venir les satellites et autres objets spatiaux vitaux pour la sécurité, l’économie, et les intérêts scientifiques d’autres nations ».

     

    Pas moins de 900 000 débris d’une taille supérieure au centimètre

    Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, a reconnu mardi un tir contre le satellite Tselina-D, inactif et en orbite depuis 1982.

    Il a dénoncé comme « hypocrites » les attaques des états-Unis contre le danger que représenteraient les débris. La Russie n’est pas le premier pays à avoir procédé à un tir sur un satellite. La Chine, l’Inde et les États-Unis l’ont déjà fait par le passé.

     

    L’activité militaire n’est pas seule à produire des déchets.

    1 500 satellites sont en orbite.

    On compte, selon l’Agence spatiale européenne, pas moins de 900 000 débris d’une taille supérieure au centimètre.

    Un chiffre qui risque fort de s’accroître.

    Car aux États-Unis les acteurs du « New Space », l’industrie spatiale privée, entendent déployer des constellations de satellites identiques.

    Des dizaines de milliers de petits objets sont déployés pour assurer une couverture mondiale du réseau Internet par OneWorld ou Tesla.

    Cela inquiète au plus haut point les astronomes, du fait de la pollution lumineuse.

    À terme, ces minisatellites risquent, en fin de vie, de produire de nombreux déchets en orbite et d’entraîner de nombreuses collisions.

     

    La sécurité de l’espace, une question de souveraineté

    Le tir de missile russe est le symptôme d’un autre mal : la militarisation de l’espace, censé être dévolu à la science.

    Outre-Atlantique, Donald Trump a créé une quatrième armée aux côtés de l’armée de terre, de mer et de l’air : les Forces spatiales des États-Unis.

    La France lui a emboîté le pas, créant, elle, un commandement spatial.

    La sécurité de l’espace est désormais une question de souveraineté, tant les satellites jouent un rôle crucial dans l’économie : géolocalisation pour les transporteurs, télécommunications pour les professionnels comme pour le grand public, prévisions du moment de la récolte pour les agriculteurs, météorologie, etc.

     

    Cette militarisation et cette privatisation de l’espace par l’industrie privée américaine tournent le dos à la conception qui a prévalu, concernant l’espace, lors des dernières décennies.

    Le traité de l’espace, signé en 1967, prévoit une exploitation non guerrière de cette zone.

    Il en fait un lieu dédié à l’exploration et la coopération.

    La rivalité entre Moscou, Washington et Pékin met à mal cette dernière.

    En effet, la Station spatiale internationale a ses jours comptés.

    Et des pays tels que la Russie ou la Chine envisagent d’avoir leur propre station spatiale nationale.


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  • Santé. « Nous revendiquons une Sécu à 100 % »

    Mercredi 17 Novembre 2021
     

    La fin des complémentaires et une Sécu « étendue » : c’est l’un des scénarios proposés jeudi par le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie, explique l’un de ses membres CGT.

    Entretien.

    Pierre-Yves Chanu

    Membre du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie

     

    Il est rare qu’un rapport d’une instance de réflexion inconnue du grand public sur un sujet aussi ardu et pointu que l’assurance-maladie fasse trembler le système de santé français.

    C’est pourtant bien ce qu’il se passe avec celui que le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-­maladie (HCAAM) doit rendre à ses 66 membres jeudi.

    Objet de cette soudaine poussée de fièvre : le scénario 2 des quatre propositions formulées pour mieux articuler assurance-maladie et complémentaires santé.

    Celui-ci projette la fusion de ces deux financeurs des soins.

    Pierre-Yves Chanu, membre du HCAAM pour la CGT, analyse ce bouleversement envisagé.

     

    Que pensez-vous de ce scénario de « grande Sécurité sociale » ?

    Pierre-Yves Chanu

    Contrairement à ce qui a été écrit, Olivier Véran n’a jamais porté ce scénario.

    Le rapport du Haut Conseil est né d’une lettre de mission du ministre de la Santé demandant à l’instance d’envisager des évolutions avec, chose nouvelle, la mise à disposition des services du ministère pour évaluer ces pistes d’étude.

    Ce projet de rapport encore en discussion jusqu’à jeudi contient quatre scénarios, dont un propose la fusion de la Sécurité sociale et des complémentaires santé.

    Étant donné le nombre de pages qui lui a été consacré, c’est celui qui a le plus inspiré les auteurs.

    Mais, par rapport au projet de Sécurité intégrale que nous portons à la CGT, il soulève des problèmes.

    Nous ne sommes pas en condition d’approuver ce scénario, mais pas non plus en position de le refuser.

    Il faut d’abord éclaircir ces points.

     

    Existe-t-il des points communs entre l’extension de la Sécurité sociale proposée et le 100 % Sécu que prône la CGT ?

    Pierre-Yves Chanu

    Nous revendiquons une Sécu collectrice et financeur unique.

    Le rôle des mutuelles serait forcément bouleversé.

    Dès lors, nous demanderions que les 15 000 salariés qui gèrent les complémentaires soient repris par la Sécu.

    Au vu du scénario « extension » proposé par le HCAAM, nous considérons que nous avons pesé sur ses travaux.

    Mais nous continuons de revendiquer une Sécu à 100 %.

     

    Vous parlez de points à éclaircir. Quels sont-ils ?

    Pierre-Yves Chanu

    Le premier a trait à l’ampleur de la prise en charge à 100 %.

    Dans le scénario du HCAAM, le spectre de soins envisagé est large, puisqu’il ajouterait par exemple le 100 % santé (dentaire, optique et prothèses auditives – NDLR) aux affections de longue durée (ALD).

    Mais qu’en est-il des dépassements d’honoraires ?

    Nous militons pour la mise en cause de la médecine libérale et du tout paiement à l’acte.

    Nous proposons notamment le développement massif de centres de santé de proximité avec des médecins salariés.

    D’autre part, dans ­la logique qui veut que l’assurance­-maladie ne rembourse pas tout, cela laisserait de la place à des assurances supplémentaires, les actuelles surcomplémentaires.

     

    Le rapport chiffre à 22 milliards d’euros les surcoûts liés à cette « grande Sécu ». Comment les trouver ?

    Pierre-Yves Chanu

    C’est notre deuxième interrogation.

    Nous pensons que les financements existent.

    D’une part, ce scénario fait que nous économiserions les cotisations pour les complémentaires santé et leurs frais de gestion très lourds.

    Nous pensons que le reste est finançable par la cotisation et non par la CSG.

    Depuis 2018, les cotisations patronales ont été divisées par deux.

    La marge est là !

    Il faut aussi se poser la question des revenus du capital.

    Le financement implique un retour à la démocratie sociale.

    Car si l’extension de la Sécu revient à une étatisation, c’est inacceptable.

    La Sécurité sociale intégrale relève d’une conception globale.

    C’est une mise en sécurité sociale de l’ensemble des citoyens.

    Ils doivent avoir voix au chapitre.

     

    Que pensez-vous des trois autres scénarios ?

    Pierre-Yves Chanu

    Le premier présente des corrections à la marge du système actuel.

    Le troisième est plus intéressant, avec la mise en place d’une «assurance complémentaire obligatoire, universelle et mutualisée », calquée sur le régime local d’Alsace-Lorraine.

    En revanche, le scé­nario 4 revient à une sorte de Yalta entre l’assurance-maladie, à laquelle reviendraient les plus gros risques, les plus graves ALD, et les assurances, mutuelles et institutions de prévoyance, qui s’occuperaient du reste.

     

    Quelles seront les suites de ce rapport ?

    Pierre-Yves Chanu

    Ce rapport prépare la prochaine mandature.

    Nous avons donc intérêt à ce qu’il soit le meilleur possible.

    Il relance des questions déjà présentes dans le débat public, comme celle des frais de gestion faramineux des complémentaires santé.

    Chaque candidat pourra y trouver des pistes pour son programme.


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  • Tensions Chine - USA

    Taïwan : le président chinois Xi Jinping prévient les Etats-Unis de "ne pas jouer avec le feu"

    La Chine considère Taïwan comme l'une de ses provinces bien qu'elle ne contrôle pas l'île de 23 millions d'habitants.

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  • Désintox.

    Opération vérité sur la dette publique

     

    Mardi 16 Novembre 2021
     

    Un rapport sénatorial tord le cou aux mythes qui polluent le débat autour de l’endettement du pays, supposé incontrôlable et ruineux.

    Une mise au point salutaire, à quelques mois de l’élection présidentielle.

    Décryptage.

     

    Depuis vingt ans, la dette joue un rôle central dans le débat public : elle fait peur.

    Comme un fantôme ressorti du placard à intervalles réguliers, le spectre d’un endet­tement incontrôlable permet de justifier toutes les contre-réformes, au nom de la santé de nos comptes publics ou, mieux encore, de la survie des « générations futures ».

    Avec le Covid, la dette publique française s’est envolée pour atteindre

    2.762 milliards d’euros au deuxième trimestre 2021, soit 115 % du PIB.

    Cette explosion logique, liée à la politique mise en œuvre par le pouvoir pour éviter une déflagration économique, a donné lieu à des mises en garde précoces : « À la sortie de cette crise, il faudra faire des efforts, annonçait le ministre Bruno Le Maire, dès avril 2020.

    Le redressement sera long et il passera par le désendettement du pays.»

    Un rapport rédigé par deux sénateurs, Éric Bocquet (PCF) et Sylvie Vermeillet (Union centriste), tombe à point nommé pour éclairer le débat public.

    Et tordre le cou aux clichés.

     

    1. Pourquoi s’endette-t-on ?

    L’emprunt public est une pratique remontant au Moyen Âge.

    Ce sont les cités italiennes (Florence, Gênes ou Venise) qui ont ouvert le bal, au XIIIe siècle, avant d’être imitées par le reste de l’Europe.

    L’une des principales raisons est que les États avaient besoin de trouver des ressources exceptionnelles pour faire la guerre, et qu’ils préféraient recourir à l’emprunt plutôt qu’à l’impôt.

    Avec le temps, l’endettement est devenu un instrument économique à part entière.

    « On constate d’ailleurs que le développement économique des sociétés ayant autorisé les prêts a été plus significatif que celui des sociétés où ils étaient interdits », note le rapport.

     

    La récente explosion de l’endettement français, en revanche, est liée à un choc conjoncturel : la crise du Covid.

    Il a fallu financer la hausse des dépenses de l’État pour soutenir l’économie (+ 73,6 milliards d’euros en 2020), alors que, dans le même temps, le montant des recettes s’effondrait, du fait de la récession.

    Par ailleurs, la hausse du ratio « dette publique/PIB » s’explique mécaniquement par la chute du PIB.

     

    2. La dette, un « fardeau » pour les générations futures ?

    En 2002, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin lançait ce sinistre avertissement : « Pendant que nous parlons, il y a sans doute un bébé qui est en train de naître dans une clinique, quelque part. Sur ses épaules, dès qu’il va commencer à respirer, il y aura déjà 100 000 francs de dette (15 000 euros). »

    Diable ! Les maternités françaises savent-elles qu’elles abritent des légions de futurs citoyens surendettés ?

    Cet argument des « générations futures », maintes fois resservi, repose sur une analogie absurde entre les ménages et l’État : ce dernier devrait se comporter en « bon père de famille », et éviter tout déséquilibre de ses finances.

    En réalité, « l’horizon de temps d’une personne physique et de l’État n’est pas identique, rappelle le rapport.

    Réputé éternel, l’État a un horizon d’emprunt illimité.

    En pratique, la durée moyenne des emprunts est bien plus courte qu’une génération : un peu plus de huit ans pour la dette française.

    C’est donc à brève échéance qu’il faut rembourser ses dettes, ou décider d’en réémettre. »

     

    Ensuite, le débat escamote une donnée essentielle : lorsqu’on parle d’endettement public, on se focalise uniquement sur le « passif » de l’État (ce qu’il doit), sans s’intéresser aux richesses qu’il détient (ses « actifs ») : participations dans des entreprises, titres de créances, liquidités, terrains, bâtiments, etc.

    Au total, d’après l’OFCE, en 2020, chaque habitant français devait «assumer » une dette publique équivalente à 56 000 euros, mais «possédait » en contrepartie 58 800 euros d’actifs publics.

    Autrement dit, son patrimoine net public est positif, à 2 800 euros.

     

    3. Un endettement français insoutenable ?

    « Je suis à la tête d’un État en situation de faillite », affirmait le premier ministre François Fillon en septembre 2007.

    Depuis, force est de constater que la « faillite » ne s’est jamais produite, alors même que l’endettement flambait.

    Ce qui détermine le caractère « soutenable » d’une dette, c’est essentiellement le niveau des taux d’intérêt auquel l’État emprunte : plus ces taux sont élevés, plus le « service » de la dette (c’est-à-dire son coût pour l’État) l’est également.

    En France, comme dans de très nombreux pays (voir infographie ci-dessous), les taux n’ont eu de cesse de diminuer, si bien que le service de la dette a fondu à 36 milliards d’euros en 2020, contre 46 milliards en 2011, alors même que la dette continuait de grimper.

     

    Désintox. Opération vérité sur la dette publique

    4. Une question de fond : comment financer l’État ?

    Faut-il conclure de ce qui précède que nous pouvons continuer à nous endetter de manière exponentielle sans que cela pose problème ?

    Évidemment, non.

    Car la question de fond est bien de savoir à qui nous empruntons.

    Jusque dans les années 1970, l’État se finançait grâce au « circuit du Trésor » : les grandes banques françaises – pour la plupart nationalisées au sortir de la Seconde Guerre mondiale – étaient obligées d’acheter une certaine quantité de bons du Trésor français.

     

    Les choses ont changé à partir du milieu des années 1970, en bonne partie pour des raisons idéologiques – le financement public du déficit était réputé inflationniste.

    L’État se finance désormais auprès des marchés financiers (banques, compagnies d’assurances, fonds de pension, etc.), grâce à des titres de créance négociables (obligations assimilables du Trésor, ou OAT).

    C’est l’Agence France Trésor (AFT) qui « vend » tous les mois ces titres de créance sur les marchés au plus offrant.

    Cela nous « expose à des retournements de tendance des marchés financiers, soulignent les auteurs du rapport.

    En cas de crise de confiance, dont la manifestation serait l’incapacité de l’AFT à faire souscrire la totalité de ses emprunts lors de ses adjudications, ou encore une hausse considérable des taux exigés par les marchés pour souscrire ces emprunts, l’État pourrait se retrouver face à un mur de dette infranchissable. »

     

    D’où la nécessité de réfléchir collectivement à d’autres moyens de financer les politiques publiques (voir entretien)… Ce qui suppose de sortir, enfin, des lieux communs polluant le débat.

     

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    La dette et la présidentielle

    La thématique de l’endettement public s’est déjà invitée dans la campagne.

    La droite tire à boulets rouges sur le président Macron et sa politique du « quoi qu’il en coûte ».

    L’entourage de Valérie Pécresse, par exemple, ne manque pas une occasion de souligner que la dette française est une « épée de Damoclès qui pèse sur notre pays et les générations futures ».

    Et la candidate de proposer une réduction drastique des dépenses publiques, avec la suppression de 150 000 postes de fonctionnaires et la cession de toutes les participations minoritaires de l’État actionnaire.

    Même sévérité de la part de Xavier Bertrand, qui estime qu’Emmanuel Macron est « le président de la dette » :

    « Le “quoi qu’il en coûte” est devenu une formule magique qui permet aujourd’hui au président de partir en campagne avec le chéquier de la France  ! » assène-t-il.

    Quant à Macron lui-même, il a déjà préparé les esprits : en cas de réélection, il mettra en œuvre une réforme des retraites, destinée… à faire des économies.

     

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    Éric Bocquet : « Il est possible d’annuler une dette »

     

    Auteur d’un rapport au Sénat sur l’avenir des dettes publiques, le sénateur PCF du Nord estime qu’il faut démystifier la dette et se donner les moyens d’en bâtir une vertueuse. Entretien.

     

     

    Le montant de la dette française, de 2 740 milliards d’euros, ne vous effraie pas ?

    Éric Bocquet

    Fin 2019, alors que nous approchions des 100 % de dette sur PIB, cette barre symbolique était présentée comme apocalyptique.

    Six mois plus tard, avec la crise du Covid, nous étions à 120 % sans que les marchés financiers ne s’en émeuvent.

    La France n’a aucune difficulté à se financer et les banques font la queue pour lui prêter de l’argent.

    Il y a donc un paradoxe absolu entre le discours catastrophiste du gouvernement et la grande quiétude des marchés.

    La France sait très bien faire rouler sa dette et n’a pas fait défaut depuis 1797, lorsque le Directoire a décidé d’en supprimer les deux tiers.

    Depuis, elle paie rubis sur l’ongle.

     

    Il est donc possible d’annuler une dette ?

    Éric Bocquet

    Absolument.

    L’Allemagne en février 1953 a bénéficié d’une réduction de 60 % de sa dette.

    Nous étions en pleine guerre froide, huit ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Cet abandon, couplé au plan Marshall, lui a permis de redevenir la première puissance économique de l’Europe en quelques années.

    C’était une situation exceptionnelle, mais qui peut dire qu’elle ne l’est pas aujourd’hui, face à l’urgence climatique et sociale ?

     

    Qui détient la dette de la France ?

    Éric Bocquet

    C’est une grande question !

    À part les 25 % détenus par la Banque centrale européenne (BCE), l’Agence France Trésor nous répond que nous sommes incapables de savoir qui détient nos titres, car ils s’échangent trop vite sur les circuits financiers.

    C’est pourtant fondamental.

    Tout comme de rappeler que, si nous arrêtions d’emprunter aux marchés financiers aujourd’hui, la totalité de la dette française serait remboursée en seulement huit ans et sept mois.


    C’est très court, surtout pour un État…

    Éric Bocquet

    Ce n’est même pas la durée d’une demi-génération !

    C’est bien la preuve qu’il faut faire la lumière sur la dette et la démystifier à travers un grand débat public, pour pouvoir décider de la meilleure marche à suivre.

    Est-ce que cela a du sens de calculer notre ratio entre, d’un côté, notre dette totale et, de l’autre, notre produit intérieur brut annuel ?

    J’indique d’ailleurs qu’avec la dette, on parle toujours du passif de l’État.

    Mais jamais de son actif !

    Il y en a pourtant avec nos écoles, nos hôpitaux, notre réseau ­ferroviaire…

    Cet actif serait de 6 000 milliards d’euros.

    Cela relativise le poids de la dette !

     

    Comment est née cette dette ?

    Éric Bocquet

    Des allégements d’impôts considérables ont été consentis aux plus riches, aux grandes entreprises et au capital.

    Cela représente des centaines et des centaines de milliards d’euros…

    Tellement que le budget de la France est aujourd’hui financé moitié par l’impôt, moitié par la dette.

    La finance est gagnante deux fois : elle paie moins d’impôts et nous lui achetons de la dette !

    Il y a aussi l’interdiction faite à la BCE de financer les États.

    Auparavant, c’est la Banque de France qui finançait l’État, et les Français pouvaient souscrire à des bons du Trésor.

    Les États-Unis ou le Japon fonctionnent toujours de la sorte.

     

    Y a-t-il une part illégitime de dette ?

    Éric Bocquet

    En 2008, les États ont volé au secours des banques et leurs dettes ont alors augmenté.

    Est-ce que pour autant les banques ont changé de comportement ?

    Il faut donc organiser un grand audit démocratique de la dette.

    D’autant plus qu’elle est instrumentalisée pour détricoter notre modèle social et justifier les plans de privatisation les plus fumeux.

    Il faut aussi savoir que nous versons chaque année 40 milliards d’euros d’intérêts de dette aux marchés, soit notre troisième poste de dépenses, derrière l’éducation et la défense.

    Et il y a enfin la fraude fiscale, qui est chaque année supérieure à notre déficit structurel.

    Cherchez l’erreur…

     

    Quelles solutions préconisez-vous ?

    Éric Bocquet

    L’épargne globale des Français est à ce jour de 5 600 milliards d’euros.

    Pourquoi ne pas imaginer que cette épargne réelle serve à financer les investissements de demain, plutôt que d’être à la merci des marchés financiers ?

    Pourquoi ne pas revoir le rôle de la BCE et lui permettre de prêter aux États ?

    Pourquoi ne pas supprimer les 3 000 milliards d’euros de dette d’États européens qu’elle détient, comme l’ont proposé 150 économistes ?

    Le paradoxe actuel, c’est que la dette augmente mais les taux d’intérêt baissent : plus on emprunte, moins on paie.

    Face au défi climatique, il faut des moyens colossaux.

     

    Pourquoi ne pas emprunter pour investir massivement dans l’économie réelle, dans l’isolation thermique qui permet de réaliser des économies d’énergie, mais aussi de créer de l’emploi, de la croissance, et alimenter le budget de l’État ?

    Il est grand temps de créer une dette vertueuse.

    L’austérité ne fonctionne pas : la purge infligée à la Grèce n’a eu pour effet que d’augmenter sa dette sur PIB et d’affaiblir ce pays avec les conséquences sociales catastrophiques que l’on sait.

     


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