• Black bloc :

    les raisons de l'essor en France

    de cette « pratique de manifestation radicale »

     

    Cela fait une décennie que le journaliste Thierry Vincent côtoie ces autonomes pour ses enquêtes.

    Selon lui, le black bloc s’est démocratisé depuis 2016.

    Ses explications.


     
    « Pour certains, le bloc personnifie ceux qui défendent la manifestation. Mais dans les faits, ce sont eux qui attaquent. »
     

    L’émergence du black bloc s’explique-t-elle par l’échec des syndicats à mener des luttes sociales victorieuses depuis 2006 et le contrat première embauche (CPE) ?

     

    Thierry Vincent
    Journaliste

    Effectivement. Depuis le CPE, les syndicats n’ont arraché aucune victoire dans la rue. La loi sur le travail de 2016 a fait beaucoup de mal. D’abord, parce que c’est une loi libérale sous un gouvernement de gauche. Ceux qui avaient 20 ans en 2012 et qui ont voté François Hollande contre la droite dure de Sarkozy se sont sentis trahis. Et les centrales qui se sont mobilisées ont perdu. Le discours des black blocs, disant que défiler pacifiquement dans la rue au rythme des sonos des syndicats n’était pas efficace, a gagné du terrain.

    Depuis, le bloc n’a pas faibli. Emmanuel Macron est le meilleur agent recruteur du black bloc, par son mépris à l’encontre des corps intermédiaires et par ses politiques perçues comme antisociales. L’idée selon laquelle on ne peut l’emporter qu’avec une dose de radicalité et de violence a gagné du terrain.

     

    L’idée selon laquelle on ne peut l’emporter qu’avec une dose de radicalité et de violence a gagné du terrain.

     

    D’ailleurs, le peu que les gilets jaunes ont obtenu ne l’a pas été du fait de leur nombre dans les rues, mais de la casse. Le pouvoir a eu peur. Or, au plus fort de leur mouvement, les gilets jaunes ont été dix fois moins nombreux que les personnes mobilisées lors de ce mouvement contre la réforme des retraites.

     

    À vous lire, une « génération Bergson », datant de 2016, a particulièrement marqué cette émergence. Pourquoi, selon vous ?

    Il s’agissait de primo-manifestants, pour la plupart lycéens, pas très politisés, mobilisés contre la loi sur le travail. Ils défilaient tous les matins à 11 heures devant le lycée Bergson, à Paris. Ils ont eu à faire face à une répression policière disproportionnée. Dès le lendemain, ces jeunes ont dévasté le commissariat du 19e arrondissement, puis se sont habillés en noir et ont rejoint le bloc, qui commençait tout juste à émerger. Certains y sont encore, en 2023.

     

    Justement, des manifestations spontanées ont eu lieu regroupant de nombreux jeunes après le passage en force du 49.3. La sévère répression qui a suivi peut-elle avoir le même effet qu’en 2016 ?

    Le soir du 49.3, les black blocs n’étaient pas présents place de la Concorde. Ils avaient anticipé une forte répression. Leurs slogans, par phénomène de mode, ont pu être repris par les manifestants pacifistes. Le bloc n’est entré en action qu’une fois que les violences ont débuté ; 1 346 personnes ont été placées en garde à vue en dix jours. L’immense majorité a été relâchée sans poursuites. Parmi celle-ci, beaucoup rejoindront le bloc, c’est évident.

    Dans cette génération, tout le monde a une connaissance qui a été blessée lors des répressions policières. C’est du carburant pour le bloc. Le 1er Mai 2023 a été particulièrement violent. Le ministère annonçait 20 000 personnes dans le précortège, devant la banderole syndicale. Les black blocs étaient une minorité. Mais ce nombre, dont des jeunes et parfois des syndicalistes, démontre une certaine envie de radicalité. Et pour certains, le bloc personnifie ceux qui défendent la manifestation. Alors que, dans les faits, ce sont eux qui attaquent.

     

    Où se situe politiquement et socialement le black bloc ?

    Le black bloc est une pratique de manifestation radicale. En soit, ce n’est pas une tendance politique. Il y a même eu des black blocs d’extrême droite en Europe de l’Est. En Occident, c’est majoritairement l’extrême gauche, avec toutes ses composantes, des anarchistes aux communistes libertaires. Maintenant, ils sont rejoints par des écologistes ou féministes radicaux.

    Le point commun reste l’anticapitalisme révolutionnaire. Aujourd’hui sujet de débat dans le bloc, l’hostilité à la « bureaucratie syndicale », notamment le service d’ordre de la CGT, est par ailleurs ancré dans le mouvement autonome.

    Quant au terme « black bourges » employé par Darmanin, il est caricatural. Avant de se démocratiser, les membres du bloc sont des étudiants, chercheurs, professeurs. C’est-à-dire des gens de milieux plutôt intellectuels mais pas forcément riches financièrement.

     

    Comment parviennent-ils à déjouer les contrôles policiers ?

    Les petits objets, comme les lunettes de piscine, peuvent être dissimulés sur soi, d’autant que très peu de contrôles ont été effectués durant le mouvement social contre la réforme des retraites. Les femmes ou des gens bien habillés peuvent aussi servir de transporteurs. Le matériel peut également être stocké dans les immeubles ou des poubelles sur le parcours de la manifestation. Certains ont des passes de facteur. Une autre méthode consiste à louer des appartements pendant plusieurs jours sur le parcours du cortège.

     

    En se démocratisant, le bloc a perdu en idéologie.

     

    Un groupe Télégram d’extrême droite, Ouest Casual, semblait (sans certitude à ce jour) revendiquer l’attaque du stand du PCF, le 1er Mai. Est-ce plausible ?

    Cela me paraît compliqué que ce soit l’œuvre d’une action coordonnée d’un groupe d’extrême droite. Le plus probable reste l’extrême gauche. Fabien Roussel, et sa ligne plus « républicaine » que celle de Jean-Luc Mélenchon, n’est pas aimé dans les milieux autonomes. Mais on ne sait jamais qui se trouve sous les cagoules. En se démocratisant, le bloc a perdu en idéologie. Beaucoup d’anciens gilets jaunes, parfois confus politiquement, l’ont rejoint. Certains peuvent aimer Dieudonné et se dire anticapitalistes.


    votre commentaire
  • Les black blocs, un point noir dans les cortèges

    L’attaque du stand du PCF, le 1 er Mai, à Paris, rappelle la menace que font planer ces groupes autonomes sur la sûreté des manifestants depuis 2016.

    Les syndicats n’ont pas trouvé la parade.

    Comme un mauvais présage.

    Il est 14 heures, ce lundi 1 er Mai, quand la pluie se met à fortement frapper Paris.

    Non loin du métro Saint-Ambroise, sur le trajet principal de la manifestation parisienne, les militants communistes – et ceux venus distribuer l’Humanité dans le cortège – se réfugient sous les tentes rouges du point de rencontre du PCF.

    Puis, à l’approche du carré de tête, c’est l’apocalypse.

     

    Des affrontements opposant 200 à 300 Black blocs à la police

    Les militants du côté pair du boulevard Voltaire se retrouvent au milieu des affrontements opposant 200 à 300 Black blocs, surarmés et à l’allure de paramilitaires, à la police. Les bris de verre et les détonations des engins explosifs rajoutent du chaos à l’orage qui s’abat. Alors que la police fait usage de gaz lacrymogène, l’air devient irrespirable : les militants réussissent à s’abriter dans le hall d’un immeuble, avec des parlementaires.

    Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, est exfiltré. À l’opposé de la rue, ceux venus prêter main-forte au stand de la fédération de Paris et du Conseil national du PCF ont eu moins de chance. « Au cri de “Fabien Roussel n’est pas un camarade !”, des black blocs les ont attaqués à coups de tirs de mortier et de bombes agricoles avec des bouts de fer et de verre dedans », rapporte Lydie Benoit. Et la responsable de l’accueil sécurité (AS) du PCF d’ajouter : « Ils avaient l’intention de blesser grièvement des communistes, avec des menaces comme : “On va vous crever, on va vous pendre !” »

    Au total, trois militants de l’AS sont blessés. Ian Brossat, le porte-parole du PCF, est brûlé à la main. Dans le champ syndical, l’indignation est de mise, alors que ce 1 er Mai devait représenter un temps fort de la contestation sociale contre la réforme des retraites, avec des délégations venues du monde entier. Le lendemain, dans un communiqué, la CGT Île-de-France dénonce « un acte inqualifiable » rappelant « les périodes les plus sombres de notre histoire ».

    Cette attaque du 1 er Mai illustre la menace que fait planer la présence des black blocs sur la sûreté des manifestations syndicales. À Paris comme ailleurs, les centrales sont les organisatrices de ces cortèges. Les responsables des partis politiques, en soutien à la mobilisation, sont le plus souvent placés sur le côté des boulevards, afin d’échanger avec les manifestants. Ce 1 er Mai, les stands du PCF étaient pourtant sous la surveillance d’une quarantaine de membres de l’AS.

     

    Originaire d’Allemagne de l’Ouest au début des années 1980

    Mais qu’est-ce, au juste, que le back bloc ? « L’expression désigne une forme d’action collective, une tactique très typée qui consiste, lors d’une manifestation, à manœuvrer en un groupe au milieu duquel chacun préserve son anonymat », mesure Francis Dupuis-Déri, chercheur en science politique.

    Originaire d’Allemagne de l’Ouest au début des années 1980, cette technique du Schwarzer Block s’est diffusée dans les autres pays occidentaux à la fin du XX e siècle, « principalement à travers le réseau de la contre-culture punk et d’extrême ou d’ultragauche », précise le chercheur spécialiste de l’anarchisme.

    Jusqu’à apparaître aux yeux du grand public, en novembre 1999, en marge d’une conférence ministérielle de l’OMC à Seattle. Puis, en juillet 2001, à Gênes, dans les manifestations contre le sommet du G8 au cours desquelles la répression mise en œuvre par le président du Conseil italien de l’époque, Silvio Berlusconi, a fait un mort et 600 blessés parmi les manifestants altermondialistes.

     

    Il s’agit bien d’une « forme d’action collective »

    Le black block, aux idéologies variées, s’attaque avant tout aux symboles du capitalisme (banque, assurance, publicité…) et à la police. Pour autant, selon Camille Svilarich, le black bloc n’est pas à confondre « avec la délinquance urbaine » et « la figure des “casseurs” ». Pour l’autrice de Black bloc. Histoire d’une tactique (éditions Excès, 2022), il s’agit bien d’une « forme d’action collective » éparse, coordonnée par la formation d’un groupe dont les slogans sont hautement politiques.

    En France, le phénomène survient en 2009. Lors d’une réunion de l’Otan à Strasbourg, 2 000 black blocs mettent à sac des commerces et postes frontières. La technique réapparaît par la suite en 2014, lors de manifestations contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

    Avant de se greffer aux cortèges syndicaux à l’occasion de la loi sur le travail. Le 9 mars 2016, 1,2 million de personnes protestent dans la rue.

    À Paris, jusqu’à 200 radicaux affrontent la police. « Jadis disséminés au sein des manifestations ou relégués en queue de cortège, les radicaux qui s’opposent aux forces de l’ordre s’organisent », note Thierry Vincent, l’auteur de Dans la tête des black blocs (éditions de l’Observatoire, 2022). Il ajoute : « Les syndicats sont vite dépassés, les affrontements se multiplient. » Les techniques de combat se perfectionnent. Vêtu de noir, le bloc se forme en un instant, avant de se dissimiler derrière un mur de parapluies.


    Le 12 mai 2016, lors d’une manifestation nationale à Paris, le service d’ordre de la CGT intervient afin d’empêcher les dégradations de rue qui, selon la centrale, desservent la lutte sociale. « Canardé par les pots en terre, le service d’ordre se réfugie derrière un cordon de CRS, offrant aux black blocs, par cette image symbolique, l’illustration visuelle de ce qu’ils dénonçaient quelques minutes auparavant : “CGT collabo !” » rapporte Thierry Vincent.

     

    Depuis, le service d'ordre ne sécurise plus que le cortège syndical 

    Cet événement marque un tournant. Autrefois garante de la sûreté sur l’ensemble du trajet, l’Animation des luttes-Sécurité (ALS-CGT, le service d’ordre) ne sécurisera plus que le cortège syndical. Une victoire pour les ultras.

    Depuis, la centrale de Montreuil est régulièrement prise pour cible. Notamment lors de la Journée internationale des travailleurs. En 2019, Philippe Martinez est exfiltré du carré de tête syndical à cause des heurts. En 2021, lors de l’arrivée du cortège place de la Nation, la CGT dénombre 21 blessés dont 4 graves.

     

    Le mot « collabo » est tagué sur une camionnette et le pare-brise d’un camion est fracassé . « Le black bloc n’est pas d’accord avec les manières dont les syndicats de travailleurs mènent leurs luttes, mesure Lydie Benoit (PCF).  Pour eux, la manifestation pacifique est inconcevable, alors ils sont violents contre les organisations du mouvement social. »

    Contactés au sujet de leur stratégie de sécurisation des cortèges, les responsables du service d’ordre de Solidaires et de l’ALS de la CGT pour Paris n’ont pas donné suite. Le sujet est sensible pour les syndicats. Doivent-ils laisser un espace avec le cortège de tête, ménageant ainsi un périmètre d’intervention potentiel pour les forces de sécurité ? Ou coller le cortège syndical aux black blocs, quitte à subir la réaction des forces de police contre des actes de violence qu’ils n’ont pas suscités et dénoncent ?

    À Nantes, Fabrice David assume « un dialogue informel avec le mouvement autonome, que nous côtoyons dans des réseaux ou des luttes », en préparation des défilés. « Notre rôle n’est pas d’empêcher les violences, mais bien de protéger le cortège syndical », explique le secrétaire de la CGT de Loire-Atlantique. Lors des manifestations nantaises, l’ALS forme un cordon en amont du cortège syndical. Et garde un œil sur les agissements de la police, ainsi que sur le cortège de tête « dans lequel beaucoup de jeunes manifestent pacifiquement, mais pour lesquels les syndicats ne sont pas assez déterminés ».

     

    Des actions conjointes entre syndicats et autonomes

    Une stratégie globale qui peut s’avérer payante, pour contenir des « autonomes » désireux de « radicalité ». En 2016, contre la loi sur le travail, syndicats et autonomes  ont ainsi mené des actions conjointes, en conclusion des manifestations. Ils ont notamment muré la permanence du député, alors écologiste, François de Rugy, et construit une Maison du peuple en bois devant la préfecture de Nantes.

    Pour autant, le 1 er mai 2022, la CGT a été prise pour cible. « Une des difficultés du dialogue est le renouvellement du côté des autonomes : c’est un travail de discussion perpétuelle, reconnaît Fabrice David. De plus, certains considèrent que nous sommes mous et que la seule manière de l’emporter est de “tout péter”. Avec eux, la discussion est impossible. »

    Invisible durant les deux premiers mois de la mobilisation contre la réforme des retraites, le black bloc est réapparu au grand jour après l’usage de l’article 49.3, synonyme de passage en force de la réforme par le gouvernement. Mais surtout, à la faveur d’un changement de stratégie policière mettant à nouveau l’accent sur la répression violente des manifestants, après plusieurs journées d’actions pacifiques marquées par l’absence d’incidents dans les cortèges.

     

    « De toute évidence, cette violence (des black blocs) est utile au gouvernement, car elle lui permet d’entrer dans une escalade répressive, insiste Lydie Benoit. Les pratiques des black blocs font d’eux des alliés objectifs du pouvoir. »

    La responsable communiste ajoute : « Ainsi, les gens, surtout les familles, ont peur de venir en manifestation. Cette violence ne permet pas l’élargissement du mouvement. Les gilets jaunes ont débuté à 300 000, puis ont terminé à 2 000. »


    votre commentaire
  • « En avoir pour mes impôts »,

    l'intox fiscale du gouvernement

     

    Le plan de communication du gouvernement, truffé d’approximations et d’omissions, poursuit deux objectifs :

    justifier de ne pas augmenter les impôts

    et de couper dans les budgets.

    Pourtant, au-delà des déclarations d’intention, ce ne sont pas les ressources qui manquent.

    La preuve en six exemples.

     

    Décryptage.


     
     

    L’idée aurait pu être noble : raviver le consentement à l’impôt en montrant que celui-ci est utile à chaque personne ­vivant en France, dans une logique de redistribution et de solidarité.

    Mais tel n’est pas le sens de l’opération « En avoir pour mes impôts », lancée par Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, le 25 avril.

    Le site Internet qui lui est consacré se divise en quatre parties :

    la répartition des dépenses publiques par secteur,

    celle des recettes,

    des exemples de coûts de prestations financées par les contribuables,

    et une consultation.

     

    La logique purement comptable des macronistes

    Avec, pour chaque volet, une foule d’approximations et d’oublis, qui masquent mal l’orientation libérale de cette campagne.

    « C’est une opération fumeuse qui démontre la logique purement comptable des macronistes, en montrant des chiffres sans dire que c’est pour que l’État protège tout le monde que nous payons des impôts», résume le député communiste Sébastien Jumel.

    Les détails des coûts (pour une hospitalisation, une année scolaire, l’entretien d’un parc…) sont notamment pointés du doigt.

    « C’est une grande opération de transparence pour que chacun sache à quoi servent les impôts, explique Gabriel Attal.

    Tout le monde ne sait pas qu’un accouchement coûte 2 600 euros d’argent public. »

    Lui ne sait d’ailleurs pas que c’est grâce aux cotisations et non à l’impôt qu’est financée la Sécurité sociale.

    « Avec cette confusion, et dans la manière dont les informations sont données, tout est fait pour accréditer l’idée d’un manque de rentabilité, donc d’excès d’impôts », interprète le député FI Hadrien Clouet.

    D’autant que le volet « recettes » entretient le flou autour de la question : « Qui paye plus entre ménages et entreprises ? »

    Avec des chiffres qui datent de 2019 et ne tiennent pas compte des multiples réductions accordées aux entreprises ces quatre dernières années.

     

    Les divers cadeaux fiscaux sont totalement absents 

    Les divers cadeaux fiscaux sont totalement absents du site, pour mieux donner l’idée d’un « matraquage fiscal » – terme employé par Gabriel Attal – et justifier le refus récurrent de Bercy d’augmenter les prélèvements obligatoires, notamment pour les plus riches, pour les entreprises ou encore les revenus du capital.

    « Quand les Français se demandent où partent leurs impôts, une partie de la réponse c’est dans le soutien aux entreprises », écrit pourtant l’économiste Anne-Laure Delatte dans son livre-enquête L’État droit dans le mur (avril 2023, Fayard).

    Pour donner le change, face aux exigences de justice fiscale, le ministre des Comptes publics a annoncé, mardi 9 mai, vouloir augmenter de 25 % les contrôles ciblés « notamment sur les plus gros patrimoines » ou encore créer « une sanction d’indignité fiscale et civique ».

    Une nouvelle forme d’esbroufe pour les syndicats, qui rappellent les «plus de 21 000 emplois supprimés à la Direction générale des finances publiques » depuis 2012 .

     

    Quant à l’ « opération de transparence »,

    elle est décidément très opaque.

    « Si on voulait faire de la pédagogie, il faudrait aussi dire que le 1 % des plus riches paie moins d’impôts, en proportion, que le 1 % des plus pauvres », suggère Hadrien Clouet.

    La notion de justice fiscale, comme la fraude, a aussi disparu du site et de la consultation.

    Cela pose d’autres problèmes politiques et éthiques.

     

    D’une part, parce que c’est très orienté, avec toujours l’idée d’un excès d’impôts, tandis que la seule question ouverte est : « Y a-t-il des domaines dans lesquels l’argent public est mal utilisé, selon vous ? »

    D’autre part, parce que Gabriel Attal, qui a promis de tenir compte des résultats de ce questionnaire, veut en faire un suffrage censitaire.

    Seuls ceux « qui paient l’impôt sur le ­revenu » peuvent « donner leur avis sur des exemples de gabegie qu’ils identifient et permettraient des économies », explique-t-il.

     

    Détérioration des services publics

    « Globalement, le site manque de pédagogie et ne dit pas le plus important, c’est que 60 % des Français y gagnent : ils versent moins de prélèvements qu’ils ne reçoivent en contrepartie directement, estime l’économiste atterré Christophe Ramaux.

    Pour dire à quoi servent les impôts, le gouvernement devrait ressasser les chiffres qui montrent que la redistribution est encore massive.

    Malheureusement, cela n’apparaît pas, pourquoi ? »

     

    L’économiste a un élément de réponse :

    « La petite musique qui ressort de toute cette communication, c’est qu’il faut comprimer la dépense publique. »

    Pendant ce temps, les services publics et les aides sociales se détériorent.

    « C’est la stratégie qui consiste à affamer la bête : on assèche les ressources publiques, comme sur les retraites, cela fait apparaître des déficits, donc on dit qu’il faut réduire les dépenses et confier des pans du public au privé », décrypte Christophe Ramaux.

     

    Dès le 10 mai, le gouvernement passera d’ailleurs à l’offensive, avec le débat d’orientation et de programmation des finances publiques à l’Assemblée nationale.

    Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, y présentera son programme de stabilité pour la période 2023-2027.

     

    Le gouvernement prévoit une véritable cure d’austérité, sur fond de baisse des dépenses publiques de quatre à cinq points par rapport au PIB qu’il pourrait faire peser sur les services publics.

    Pourtant, quitte à vouloir absolument réaliser des coupes budgétaires, d’autres domaines pourraient être explorés… 

     


    votre commentaire
  • Donc ...

    une "association de santé à caractère non lucratif",

    financée par des fonds publics,

    qui emploie 1 400 salariés,

    et qui est dirigée depuis 2010

    par 3 membres d'une même famille...

    Comment dire ???...

    Une enquête ouverte sur la gestion financière

    des centres de santé Cosem

    La famille qui dirige l'organisme a fait l'objet de deux signalements pour des soupçons de fraude, de prise illégale d'intérêt ou encore d'escroquerie à la Sécurité sociale.
     

    votre commentaire
  • Voici ce que rapportent vraiment les contrôles fiscaux

    Le gouvernement annonce un nouveau plan de lutte contre la fraude fiscale et un renforcement des effectifs de contrôle. Lesquels ont été réduits depuis 2017. On démêle le vrai du faux derrière trois affirmations.

    Ouest-France >>>>>


    votre commentaire
  • Retraites : l'intersyndicale demande "solennellement"

    aux parlementaires

    de voter l'abrogation du recul de l'âge de départ

    "Il s’agit de redonner à la population confiance dans la réalité et la vigueur de sa démocratie", écrit l'intersyndicale, dans un courrier que franceinfo a pu consulter mardi.
     

    votre commentaire
  • Des néonazis dans les rues en toute impunité

     

    Des militants de l’extrême droite ultraviolente ont manifesté sans contrainte, samedi 6 mai, à Paris, dans un contexte de multiplication des attaques – encore récemment – contre lesquelles le ministre de l’Intérieur ne paraît pas déterminé à agir.


     
    Des croix celtiques, des bras tendus et des chants nationalistes, en plein Paris, le samedi 6 mai, des néonazis ont défilé sans contrainte et avec l'accord de la préfecture.
     

    Plus de 500 hommes en noir, parfois encagoulés, brandissant leurs croix celtiques et montrant leurs muscles, ont défilé en toute impunité dans les rues de Paris, samedi 6 mai.

    Ces militants fascistes, qui scandent « Europe, jeunesse, révolution » ont rendu, comme tous les ans autour du 9 mai, un hommage à Sébastien Deyzieu, 22 ans, membre du groupe pétainiste l’Œuvre française, mort en 1994 alors qu’il tentait de fuir la police en marge d’un défilé d’extrême droite interdit.

     

    Une manifestation autorisée par la préfecture

    La manifestation de samedi était, elle, bien autorisée par la préfecture, qui a simplement publié un décret autorisant l’usage de drones pour surveiller cette démonstration de force fasciste.

    La préfecture se défend en expliquant ne pas avoir été fondée à interdire la manifestation « qui n’avait occasionné, les années précédentes, aucun trouble à l’ordre public ».

    Le « maintien de l’ordre » était, lui, assuré par les groupuscules fascistes eux-mêmes, qui n’ont pas manqué d’entraver le travail des journalistes, tandis que quelques policiers restaient à distance.

     

    « Quand on critique Macron c’est : gardes à vue, tirs de LBD et de grenades. Par contre 500 nazis défilent dans les rues de Paris, aucun souci pour Gérald Darmanin », a réagi le député FI Thomas Portes.

    Prompt à dénoncer les « écoterroristes » ou « l’extrême gauchisme », le ministre de l’Intérieur n’avait même pas daigné se rendre au « débat sur la lutte contre le terrorisme d’extrême droite », à l’Assemblée nationale, le 2 avril.

     

    Pas de réaction de Gérald Darmanin

    Ce week-end, Gérald Darmanin n’a pas réagi à ce défilé de militants d’extrême droite, dont de nombreux ouvertement néonazis. Celui-ci intervient pourtant dans un contexte de montée des violences fascistes, la « menace terroriste » la plus importante, selon Europol, agence européenne de police.

    Des agressions ont encore ­récemment été constatées.

    Comme celle subie par un collaborateur parlementaire de la députée insoumise Aurélie Trouvé avant la finale de la Coupe de France, samedi 29 avril. Celui-ci filmait les exactions de hooligans d’extrême droite de Toulouse qui, sur la route du Stade de France, ont « violenté plusieurs passants d’origine maghrébine, sri-lankaise, ou africaine », en scandant « la France aux Français », a-t-il raconté à StreetPress.

     

    Une petite dizaine de groupes d'extrême droite dissous ces 3 dernières années

    Plusieurs agresseurs ont été identifiés par la victime. La photo de l’un d’entre eux avait été publiée sur le site de l’Équipe pendant le match (avant d’être supprimée), réalisant un ersatz de salut nazi, et arborant des tatouages propres aux suprémacistes blancs. Il s’agit d’un membre du groupuscule dissous des Zouaves Paris, reconstitué sous l’entité Jeunesse Boulogne.

    Car si une petite dizaine de groupes d’extrême droite ont été dissous ces trois dernières années, leurs reconstitutions sont quasi systématiques.

    « La dissolution a de ce fait des effets relatifs. Il ne faut pas seulement agir sur l’organisme, mais sur ses membres, à titre individuel, en engageant leur responsabilité pénale, ce qui est trop rarement fait », constate Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’homme.

     

    « D’authentiques nazis des temps modernes »

    Des groupuscules qui, en outre, recrutent sur les réseaux sociaux, où néonazis, suprémacistes, royalistes et fascistes de tout poil conversent et nourrissent l’appétit pour la violence.

    C’est ainsi que des attaques contre des supporters marocains ont pu être coordonnées, le 14 décembre dernier, en marge du match de Coupe du monde de football France-Maroc, comme le relate une enquête de Libération parue ce vendredi.

    « D’authentiques nazis des temps modernes », armés, selon un agent du renseignement cité par le quotidien.

    Avant ces attaques du 14 décembre, Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), jetait de l’huile sur le feu en pointant « le risque de débordements de certains supporters marocains ».

    Les jours suivants, Marine Le Pen a appelé à « dissoudre tous les groupuscules extrémistes ».

    Une manière de se désolidariser de ces groupes mais surtout de renvoyer dos à dos extrême gauche et extrême droite.

    Or, le RN ne peut être totalement dissocié des violences fascistes.

    Son discours les alimente et des allers-retours sont réguliers entre le parti et ces mouvances.

    Samedi, lors de la marche des néonazis, deux proches de Marine Le Pen, Axel Loustau – qui a tenté d’intimider un photographe de Mediapart – et Olivier Duguet, étaient présents. Ils travaillaient encore pour la candidate du RN lors de la présidentielle 2022, en tant que trésoriers de Jeanne, le microparti de Marine Le Pen.


    votre commentaire
  • "Fonds Marianne" :

    une information judiciaire ouverte par le Parquet national financier

    L'information judiciaire du Parquet national financier (PNF) est ouverte pour "détournement de fonds publics par négligence", "abus de confiance", et "prise illégale d'intérêts".
     

    votre commentaire
  • Pour s’éviter une gamelle,

    la Macronie interdit les casseroles

     

    Les citoyens qui jouent de la batterie de cuisine contre la réforme des retraites seraient des privilégiés et des violents, si l’on en croit Gabriel Attal, ministre d’un gouvernement prêt à tout pour rester sourd.

     


     
     

    Le gouvernement ne sait plus quoi faire face aux casserolades.

    Chaque déplacement d’un ministre est accueilli par un cortège de citoyens qui tapent sur des ustensiles de cuisine pour protester contre la réforme des retraites.

    « On n’a pas attendu d’entendre des casseroles pour écouter les Français », rétorque Gabriel Attal.

    Ah bon ?

    Plus de 70 % des Français sont opposés à la retraite à 64 ans et l’exécutif reste pourtant sourd à leurs revendications.

     

    « Ceux qui ont le temps d’accueillir des ministres de 14 heures à 18 heures en pleine semaine, a priori ce ne sont pas les Français qui travaillent, qui ont des difficultés à boucler les fins de mois », tente alors le ministre des Comptes publics, en voulant décrédibiliser les Français qui se mobilisent et les opposer.

     

    Mais l’argument ne prend toujours pas.

    Le membre de l’exécutif dénonce alors des « actions violentes » de la part de « permanents syndicaux » et de « militants d’ultra-gauche ».

    Taper sur une casserole est pourtant une action totalement pacifique.

    La véritable violence est celle d’un gouvernement qui veut voler deux années de vie aux Français et qui n’hésite pas à organiser des barrages policiers pour les priver de leurs casseroles.

     

    De même, samedi 29 avril, lors de la finale de la Coupe de France de football, ils ont été plusieurs au Stade de France à se voir dépossédés par les forces de police d’un carton rouge qu’ils voulaient symboliquement adresser à Emmanuel Macron en tribune.

    Mais sans doute que les gens capables de s’offrir une place ne sont que des nantis ou des hooligans, pourrait répondre ­Gabriel Attal…

     

    Non contente d’ignorer les revendications du mouvement social et citoyen,

    la Macronie en est arrivée à un point où elle espère invisibiliser plusieurs formes de protestation,

    dans une dérive à la fois ridicule et dangereuse pour la démocratie.

     

    Si le gouvernement tente à tout prix

    de ne pas voir la réalité en face,

    une certitude demeure :

    les Français ne veulent pas passer à autre chose

    et réclament toujours le retrait de la réforme des retraites.


    votre commentaire
  • 66 déplacements perturbés,

    19 déplacements annulés :

    « Nos casseroles les embêtent »

     

    Les concerts accompagnent les déplacements du président et des ministres depuis près de trois semaines. Une stratégie relayée par Attac, qui crée une continuité dans la bataille des retraites, comme l’explique sa porte-parole Lou Chesné.

    Entretien.


    « Nous sommes passés des manifestations régulières et hebdomadaires avant le 49.3 à des manifestations de plus en plus spontanées. »
     
     

    Depuis la dernière allocution télévisée d’Emmanuel Macron,

    le 17 avril,

    les casseroles sont de sortie.

    Devenues l’emblème de l’opposition ­politique au gouvernement et à sa réforme des retraites, elles accompagnent, depuis, chaque déplacement présidentiel ou ministériel.

    « Une nouvelle dimension musicale » du mouvement social selon Lou Chesné, porte-parole d’Attac.

     

    Pourquoi Attac s’est-elle fait le relais des appels aux concerts de casseroles ?

     

    Tout a démarré le soir du discours d’Emmanuel Macron, à la suite de la promulgation express de la réforme des retraites.
    Il nous paraissait évident de suivre l’appel au boycott du discours présidentiel mais également de le faire savoir.
    La séquence des casseroles est nécessaire pour lui faire comprendre que nous n’obéirons pas et que, même en dehors des mobilisations intersyndicales, nous avons notre mot à dire.
     
    Cela fait maintenant plus de trois mois que le gouvernement n’entend pas les arguments avancés par l’opposition, qu’elle soit syndicale, associative, universitaire ou parlementaire.
    Alors que Macron et ses soutiens décidaient unilatéralement de tourner la page, il fallait trouver un moyen de continuer à défendre nos positions.
     
    Dans ce mouvement social très pluriel et créatif, les casseroles trouvent tout leur sens.
     

    Ces casserolades témoignent-elles d’un désir de défiler autrement ?

    C’est vrai que le geste de taper sur un ustensile de cuisine est absurde, mais c’est surtout un moment de cohésion sociale, d’unité et de joie militante.

    On entend beaucoup de responsables politiques dénigrer ces actions comme étant irresponsables mais, au contraire, cette volonté de ne pas écouter est politique.

    Nous sommes passés des manifestations régulières et hebdomadaires avant le 49.3 à des manifestations de plus en plus spontanées.

    Reconquérir ce droit fondamental est également une énorme victoire de la séquence casserolades.

    Le président Emmanuel Macron a lancé le cap des cent jours, donc on peut espérer qu’on aille jusque-là ou au-delà.

     

    Attac recense 66 déplacements perturbés

    et 19 déplacements annulés.

    Pensez-vous que ces actions empêchent l’exécutif de gouverner normalement ?

    Nous sommes confiants sur le fait que nos casseroles les embêtent.

    Quand on voit qu’un quart des déplacements ont été annulés, on ne peut que s’en réjouir pour le mouvement social puisque cela prouve que nos actions fonctionnent.

    On voit bien qu’ils sont touchés et leurs opérations de communication, censées redorer leur image, le sont aussi.

    Le gouvernement se retrouve avec des vidéos inaudibles et inexploitables.

    Les seules apparitions dont il se sert sont des plans serrés loin des casseroles et de la foule avec des périmètres de sécurité bouclés, ce qui est à l’inverse de ce qu’il aimerait montrer.

    La meilleure des façons pour Macron de réussir sa propagande serait l’indifférence, mais le fait qu’il en parle et dénigre les casserolades montre qu’il n’arrive pas à les ignorer, et c’est déjà notre première victoire.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique