• Infirmière tuée au CHU de Reims :

    un drame qui révèle la crise de l’hôpital

     

    Une infirmière rémoise est décédée, ce mardi 23 mai, des suites d’une attaque au couteau. Une agression symptomatique du délabrement des services publics.

     


     
     

    Les professionnels de santé sont en deuil.

    Une infirmière et une secrétaire médicale ont été agressées au couteau, lundi 22 mai, à l’hôpital de Reims (Marne). La première victime, âgée de 38 ans, a succombé à ses blessures, le lendemain, alors que la seconde, 59 ans, a son pronostic vital engagé. Les faits se sont déroulés dans un vestiaire du service « médecine et santé au travail ».

    L'homme « semble avoir agi sans mobile apparent »

    D’après les premiers éléments de l’enquête, l’agresseur souffre d’antécédents psychiatriques et avait déjà bénéficié, en juin 2022, d’un non-lieu en raison « d’irresponsabilité pénale », pour des faits de « violence aggravée ». Ce quinquagénaire rémois faisait l’objet d’une mesure de curatelle renforcée.

    Dans un communiqué, le procureur de Reims, Matthieu Bourrette, indique que l’homme « semble avoir agi sans mobile apparent, d’autant qu’il n’avait pas de rendez-vous dans ce service ». Après être passé à l’acte, le mis en cause a pris la fuite, avant d’être interpellé et placé en garde à vue. Une enquête a été ouverte pour « tentative d’assassinat ». Une minute de silence sera observée dans le CHU de Reims, ce mercredi 24 mai, à 13 h 30.

    Le drame a suscité un fort émoi au sein de la classe politique et des professionnels de santé. «  Mes pensées vont à ses proches, à ses collègues, ainsi qu’à toutes les équipes de l’hôpital endeuillées ce matin », a tweeté, mardi matin, le ministre de la Santé, François Braun. Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France (FHF) et maire de Reims, a quant à lui fait part de «  son immense tristesse ».

    Les actes de violence en augmentation de 20% 

    Hasard de calendrier, un rapport publié mardi 23 mai par l’Observatoire de sécurité des médecins, réalisé par l’ordre des médecins, fait tristement écho à ce tragique événement : il pointe une augmentation des actes de violence à l’égard des personnels de santé, en hausse de 20 % par rapport à l’année 2021.

    Le nombre d’agressions déclarées atteint aujourd’hui 1 244, contre 1 009 en 2021.

    Le nombre d’agressions déclarées atteint aujourd’hui 1 244, contre 1 009 en 2021 ; 71 % des professionnels de santé concernés seraient des médecins généralistes, contre 29 % de spécialistes. 

    On y apprend aussi que 56 % des agressions recensées ont eu lieu en centre-ville, en 2022, contre 21 % en milieu rural. Du côté des banlieues, les incidents ont diminué, passant de 22 % en 2021 à 19 % en 2022. À noter que les professionnels de santé concernés par ces agressions portent très peu plainte. Seuls 31 % de ces derniers l’ont fait en 2022.

    La polémique enfle

    Sans surprise, beaucoup prétextent ce drame pour exiger un renforcement de la sécurité des infrastructures hospitalières. Aux yeux de Jean-Jacques Avrane, délégué à l’Observatoire de la sécurité des médecins, il serait nécessaire « de mieux protéger ces bâtiments, notamment par la mise en place de caméras ».

    Face à cet argument, Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Amuf (Association des médecins urgentistes de France) et délégué national CGT, répond que « cela revient à occulter le fond du problème ». Le meurtre de cette infirmière est en effet symptomatique du délabrement des services publics et de l’hôpital. Et la psychiatrie est particulièrement touchée par le manque d’investissements.

     

     La réponse sécuritaire est une grave erreur :

    tout l’argent que l’on consacre aux mesures de sécurité

    ne concerne pas l’embauche de personnels et l’achat de lits »

    Christophe Prudhomme, porte-parole de l'AMUF

     

    Pour Christophe Prudhomme, « la réponse sécuritaire est une grave erreur : tout l’argent que l’on consacre aux mesures de sécurité ne concerne pas l’embauche de personnels et l’achat de lits », poursuit l’urgentiste. De son côté, Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT santé et action sociale, « commence à percevoir l’instrumentalisation de ce drame, mais il est nécessaire de prendre du recul et de se pencher sur les maux de notre société ».

     

    « Près de la moitié des postes de médecin psychiatre restent vacants et les formations de psychiatrie sont de plus en plus dévalorisées. Conclusion, le secteur peine à recruter », souffle Christophe Prudhomme. La responsable syndicale ajoute, quant à elle, que « dans certains établissements de santé, il manque 20 à 30 % du personnel et certains délais d’attente pour obtenir un rendez-vous sont indignes de notre pays. Si nous étions plus nombreux face aux patients, la prise en charge serait bien meilleure et cela contribuerait à réduire les violences ».

     

    À cause de ce manque de bras, « les patients atteints de pathologies psychiatriques se retrouvent à la rue ou en prison, très peu bénéficient d’un traitement et d’une prise en charge adaptés. Il faut un plan massif de remise à niveau de ce secteur », plaide Christophe Prudhomme .

    Comme le conclut Mireille Stivala, «  personne ne devrait perdre sa vie en voulant sauver celle des autres »


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  • En cas de SNU obligatoire,

    des familles se préparent à désobéir

    « même s’il y a des risques »

    Le Service national universel (SNU) deviendra-t-il obligatoire ?

    Emmanuel Macron doit trancher d’ici l’été.

    Mais l’idée d’une forme « d’embrigadement » des jeunes sur le temps scolaire fait bondir de nombreux parents, prêts à la désobéissance.

    Basta >>>>>


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  • Communiqué CGT - Sophie Binet -

    17 mai 2023

    Suite au rendez vous avec Borne


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  • Le médiateur national de l'énergie

    "appelle à ce qu'on encadre plus strictement"

    le démarchage téléphonique

    Les fournisseurs d'énergie reprennent le démarchage téléphonique alors que les prix de l'énergie baissent et surtout, alors que les tarifs réglementés du gaz seront supprimés à partir du 1er juillet. Le médiateur national de l'énergie appelle ce vendredi à la vigilance face à certains démarcheurs qui "racontent un peu n'importe quoi".
     

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  • Après Saint-Brevin,

    l’exécutif agit tard et peu

    A Lire ici >>>>>

     

    Pointé du doigt pour son inaction face à ce qu’a subi le maire Yannick Morez, l’exécutif présente (tardivement) un plan de lutte contre les violences faites aux élus.

    Mais ne pointe toujours pas le rôle de l’extrême droite.


     
    La première ministre Élisabeth Borne a rencontré, mercredi 17 mai à Matignon, le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez.
     

    Mieux vaut tard que jamais, diront les moins sévères.

    Accusé, depuis plusieurs jours, de rester les bras ballants face à la détresse du maire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique), poussé à la démission à cause de la violence d’extrême droite, le gouvernement s’est décidé à réagir.

    Le 17 mai, la ministre déléguée aux collectivités territoriales, Dominique Faure, a dévoilé son plan de lutte contre les violences faites aux élus.

     

    Cartographier les violences avec la plateforme Pharos

    Le dispositif prévoit la création de 3 400 référents «atteintes aux élus» dans les commissariats et les gendarmeries, le durcissement des peines (en alignant la sanction sur celle encourue quand des violences sont commises sur les forces de police), ainsi que le lancement d’un centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus dans les locaux du ministère de l’Intérieur.

    Déjà annoncé en mars, celui-ci doit cartographier les violences et travailler de concert avec la plateforme Pharos pour repérer les contenus haineux sur Internet qui pourraient être annonciateurs de violence.

    Enfin, l’exécutif promet une meilleure prise en compte des appels d’élus au 17, qui seront désormais prioritaires – on n’est pas passé loin d’un numéro vert.

     

    Ces annonces ont le mérite de donner la sensation que le gouvernement s’active.

    Mais elles se bornent à un tableau général des violences, sans nommer la menace : l’ultradroite identitaire.

     

    « On s’est retrouvés seuls à devoir affronter l’extrême droite »,

    a pourtant bien expliqué Yannick Morez, le maire démissionnaire de la commune ligérienne de Saint-Brevin-les-Pins devant la commission des Lois du Sénat, mercredi 17 mai.

     

    La cascade de défaillance de l'Etat et de ses représentants

    Il y a détaillé, au travers d’une minutieuse chronologie débutant en 2016, la cascade de défaillances de l’État et de ses représentants qui l’ont conduit, le 10 mai, à démissionner et à quitter le territoire de sa ville.

    L’élu divers droite a dénoncé l’inaction des forces de gendarmerie, de la procureure de la République, du préfet et du sous-préfet, des ministres et même du président de la République, tous sollicités, certains à plusieurs reprises, ces deux dernières années, depuis que le Collectif de préservation de la Pierre attelée et ses alliés de la fachosphère ont commencé de semer la terreur dans sa commune.

    On voit mal dans ces conditions en quoi le plan de Dominique Faure aurait pu changer quoi que ce soit au cas de Yannick Morez, à qui la préfecture a surtout refusé toute aide quand il réclamait l’interdiction des manifestations identitaires, après des premières menaces de mort.

     

    Tracts haineux et menaces sur Internet

    L’extrême droite, comme elle l’avait fait à Callac, dans les Côtes-d’Armor, a multiplié les attaques violentes contre le projet de l’État d’installer un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) à Saint-Brevin.

    Tracts haineux, menaces sur Internet contre des élus, contre la directrice de l’école et celle de l’association de parents d’élèves, intimidations du maire lors de commémorations officielles, manifestations violentes, dégradations, incendie criminel au domicile de l’édile…

     

    « La gendarmerie a, à chaque fois, répondu qu’elle ne pouvait rien faire au nom de la liberté d’expression, a expliqué Yannick Morez.

    Le préfet ne m’a parlé au téléphone qu’à deux reprises. Le 22 mars, après l’attentat criminel contre mon domicile et le jour où j’ai annoncé ma démission.

    Lorsqu’il dit m’avoir parlé régulièrement, il ment effrontément.

    Il n’a jamais, non plus, organisé de réu­nion publique sur le projet de Cada.

    La municipalité, dès le début du processus, a dû se débrouiller seule pour communiquer avec la population. »

     

    La légèreté coupable du gouvernement

    Le mercredi 17 mai, en fin d’après-midi, la première ministre Élisabeth Borne a reçu l’élu à Matignon, tentant, en vain, de le convaincre de poursuivre malgré tout son mandat.

    Le matin même, elle demandait au préfet de ne pas accepter sa démission jusqu’à leur rencontre.

     

    « Le gouvernement est à ses côtés. Je suis consciente que condamner ne suffit pas, et mon gouvernement prend à bras-le-corps la question des violences envers les élus », a-t-elle déclaré mardi devant l’Assemblée nationale, assurant que préfets, policiers ou gendarmes « sont aux côtés des élus ».

     

    Les faits décrits avec précision par l’intéressé,

    devant les sénateurs,

    montrent au contraire la légèreté coupable d’un gouvernement qui n’hésite pas à parler d’écoterrorisme ou de « terrorisme intellectuel » quand il s’agit d’évoquer la gauche, mais qualifie de « fait divers » une agression fasciste contre un élu.

    Des mots révélateurs des priorités politiques de la majorité.


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  • Les drones sous l’œil du Conseil d’État

     

    Libertés publiques 

    La plus haute juridiction de l’ordre administratif examinait, mardi, un référé-suspension visant le récent décret autorisant ces dispositifs de surveillance.

    Récit d’audience.

     

    Publié le Vendredi 19 mai 2023 Élisabeth Fleury - L'Humanité >>>>>
     

    D’un côté, un ministère de l’Intérieur bien décidé à défendre et à généraliser l’usage des drones par les « forces de l’ordre ».

    De l’autre, des associations de défense citoyennes déterminées, au nom des libertés publiques, à le limiter, voire à l’interdire.

    Devant une chambre des référés quasi comble, sous la présidence du très urbain Stéphane Verclytte, les débats ont été vifs, le 16 mai, au Conseil d’État.

    Au cœur de l’audience, le décret du 19 avril autorisant policiers, gendarmes, militaires et douaniers à utiliser des drones de surveillance et à traiter, ensuite, les images ainsi captées.

    Un texte qui, selon l’Association de défense des libertés constitutionnelles (Adelico), à l’initiative du recours, atteint « par son existence même » le « droit au respect de la vie privée », à la « protection des données personnelles », à la « liberté de manifestation » et à celle « d’aller et venir ».

    Quadrature du Net, Syndicat des avocats de France, syndicats de magistrats… plusieurs associations lui ont emboîté le pas et ont dépêché à leur tour leurs avocats à l’audience.

     

    Un constat, pour commencer : depuis le 19 avril, plus de 50 opérations de surveillance aérienne ont été autorisées.

    Précis, doté d’un zoom performant, un drone peut couvrir, à lui tout seul, une surface d’un kilomètre carré.

    « Des dizaines de milliers de personnes ont ainsi pu être filmées », calcule Me Paul Cassia, pour l’Adelico.

    « Cinquante opérations sur cent départements : il n’y a pas d’abus », relativise Pascale Léglise.

    Directrice des libertés publiques du ministère de l’Intérieur, c’est sur le bureau de cette femme revêche qu’atterrissent les arrêtés préfectoraux autorisant ces survols.

    Les drones, outils de prévention, sont utiles et nécessaires, assure-t-elle.

    « Il s’agit de surveillance des frontières, de rassemblements, d’ordre public. On n’est pas chez Bison futé ! Ce n’est pas un vol de bicyclette qu’on cherche ! Ce n’est pas une surveillance générale pour tout et n’importe quoi ! »

     

    Une doctrine d’emploi de ces aeronefs gardée secrète

    « Ce n’est pas parce qu’on assure la ­sécurité que cela implique des atteintes aux ­libertés », insiste Me Emmanuel Piwnica, pour la Quadrature du Net.

    La Cour de justice de l’Union européenne le rappelle : l’usage de ces engins ne peut se comprendre qu’en cas de « nécessité absolue », autrement dit « quand les “forces de l’ordre” ne disposent d’aucun autre moyen ».

    Ce n’est pas le cas, estime l’Adelico.

    « Pour lutter contre des rodéos urbains, on va pouvoir surveiller des milliers de domiciles », relève ainsi Me Cassia, qui insiste sur le caractère sensible des données recueillies.

    « Vous êtes dans la logique d’un monde parfait, sans risque, sans trouble, ajoute Me Jean-Baptiste Soufron à l’intention du ministère de l’Intérieur.

    Ce n’est pas aux citoyens de payer la plus-value de l’efficacité au prix de leurs libertés. »

     

    D’autant que le ministère de l’Intérieur, en dépit des réclamations de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, s’est toujours refusé à rendre publique la « doctrine d’emploi » de ces aéronefs, c’est-à-dire les règles précises régissant leur usage.

    « C’est un document incommunicable ? » s’enquiert le président.

    Pascale Léglise vacille puis, évoquant les black blocs, estime « contre-productif » de communiquer ces documents « à tout un chacun ».

    Un argument qui fait bondir Me Cassia. « Il n’y a pas que des black blocs dans les manifestations ! En tant qu’honnête citoyen, je veux avoir accès aux doctrines d’emploi ! »

     

    Autre problème : aux termes du décret, les images captées par les drones doivent être traitées dans les 48 heures et supprimées au bout de sept jours « sauf besoin d’un signalement à l’autorité judiciaire ».

    « Est-on toujours dans une logique de prévention ? » interroge la Quadrature du Net.

    Pascale Léglise renverse la logique. « Ce délai de sept jours, c’est une garantie. C’est la possibilité, pour les victimes de violences policières, de revendiquer ces images pour se protéger. »

    Paul Mathonnet, avocat des syndicats de magistrats et d’avocats, s’alarme :  « Jusqu’à quel point sommes-nous capables, au nom de l’efficacité, de supporter ces atteintes aux libertés publiques ? »

    « Il faut qu’un cadre soit fixé », réclament les requérants.

     

    Derniers mots à la défense.

    « On joue à se faire peur, estime Pascale Léglise. Le décret n’autorise pas de reconnaissance faciale. Pas même de captation de son. »

    La représentante du ministère de l’Intérieur marque une brève pause. «Dans vingt ans, je ne dis pas. Mais on n’en est pas là… »

     

    Le Conseil d’État rendra son arrêt dans le courant de la semaine prochaine.


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  • Brics contre G7 :

    décryptage d'un bras de fer géopolitique

     

    • Le sommet des sept principales puissances s’ouvre ce 19 mai, à Hiroshima (Japon).
    • Ce G7 se déroule dans un contexte de crise multidimensionnelle et de concurrence liée à la montée en puissance des pays émergents et du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

     
     

    C’est une statistique comme le monde en est truffé

     mais qui a constitué un petit séisme parmi les observateurs des grands équilibres mondiaux.

    Début avril, la part du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dans le PIB mondial équivalait à 31,5 %, contre 30,7 % pour les grands du G7 (États-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni).

     

    Faut-il y voir l’amorce d’une nouvelle dynamique qui bouleverse la donne sur le plan international à la faveur d’un taux de croissance économique annuel plus favorable aux émergents ?

    D’ores et déjà, les dirigeants de cette alliance de ceux qui rêvent de bousculer l’hégémonie du roi dollar et les accords de Bretton Woods, qui dessinèrent à la sortie de la Seconde Guerre mondiale le système financier actuel, se frisent les moustaches.

     

    La volonté d'au moins 19 pays de rejoindre l'alliance

    D’autant que cette annonce s’est accompagnée de la confirmation par l’ambassadeur de l’Afrique du Sud auprès des Brics, Anil Sooklal, de la volonté d’au moins dix-neuf pays de rejoindre l’alliance.

     

    Cet élargissement, qui sera étudié lors du prochain sommet des Brics, en août, pourrait permettre d’accueillir des pays de poids dont l’Algérie, le Nigeria, l’Arabie saoudite ou l’Égypte, riches en ressources naturelles, et dont le ralliement est stratégique alors que la guerre en Ukraine a bouleversé le marché de l’énergie.

    Malgré leur poids démographique (41 % de la population mondiale), les Brics ne disposent actuellement que de 15 % des droits de vote à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

    Un déséquilibre qu’ils entendent corriger au regard de leur importance grandissante sur la scène internationale.

     

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    Brics contre G7 : décryptage d'un bras de fer géopolitique

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Brics contre G7 : décryptage d'un bras de fer géopolitique

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Entretien

    Julien Vercueil, économiste :

    « Une vision alternative à l’ordre du monde »

    L’économiste Julien Vercueil revient sur l’élargissement potentiel des Brics et la fragmentation de l’économie. Il est l’auteur des Pays émergents. Brésil-Russie-Inde-Chine… Mutations économiques, crises et nouveaux défis.

    Comment interprétez-vous l’accélération des demandes d’adhésion aux Brics ?

    Julien Vercueil Economiste

    Elles sont le signe d’un regain d’intérêt pour elles et, plus généralement, pour une vision alternative à l’ordre du monde portée depuis la Seconde Guerre mondiale par les grandes puissances occidentales, puis prolongée et approfondie dans certains de ses aspects par l’effondrement de l’Union soviétique.

    Dans ce contexte, le rapprochement entre la Russie et la Chine a joué un effet d’attraction sur des pays moins influents : ils veulent pouvoir jouer sur plusieurs tableaux. L’Argentine, l’Algérie, l’Indonésie, la Turquie, l’Arabie saoudite font partie des pays qui s’intéressent aux Brics, sans vouloir pour autant se couper du monde occidental.

    Le groupe des Brics est hétéroclite. Peut-il dépasser ses divergences, ses rivalités parfois, pour former un ensemble à même de bousculer l’ordre international ?

    L’asymétrie entre les pays membres est frappante. La Chine a dépassé la Russie en puissance économique dès 1992 et le rapport de puissance entre les deux pays est désormais de 1 à 8,1 en faveur de la Chine, si on s’en tient aux estimations en dollars courants. L’égalité démographique presque parfaite entre la Chine et l’Inde ne se retrouve pas non plus dans les niveaux de richesse, puisque l’Inde représente moins d’un cinquième de la Chine du point de vue du PIB en dollars courants.

    Pour ces pays, les Brics présentent l’avantage de compléter un rapport bilatéral très déséquilibré par une instance de discussion plurilatérale, où la Chine, certes, continue de peser de tout son poids, mais qui est moins déséquilibrée sur le papier car elle est insérée dans un collectif. Bien sûr, la rivalité Chine-Inde ne s’est pas dissoute dans les Brics, loin de là. La souplesse du forum permet de ne pas aborder les sujets qui fâchent pour se concentrer sur ce qui fait consensus.

    Dans leur volonté de s’affranchir du dollar, certains pays passent désormais par le yuan pour leurs échanges. Est-ce une menace pour la devise états-unienne à terme ?

    Le yuan n’est pas réellement une monnaie internationale, à l’inverse du dollar, de l’euro, mais aussi du yen, de la livre sterling ou du franc suisse, par exemple, qui peuvent servir de monnaies de réserve assez largement. Pour qu’il acquière ce statut, il faudrait que les autorités financières chinoises le favorisent en libéralisant leur compte de capital, ce qui n’est pas le cas à ce stade. De ce fait, il reste cantonné à des échanges bilatéraux, ce qui peut limiter son utilité en cas de déséquilibre commercial bilatéral structurel, puisque celui-ci ne peut être compensé dans la même monnaie par un déficit avec un autre partenaire.

     

    Dans l’attente d’une véritable internationalisation du yuan, ce à quoi on va vraisemblablement assister sera la poursuite de l’augmentation des échanges bilatéraux en yuan, nécessairement organisés en étoile autour de la Chine, couplée à une augmentation possible d’échanges trilatéraux, avec des partenaires choisis – comme l’Arabie saoudite. Cela donnera plus d’importance au yuan dans les statistiques du commerce mondial. Mais, à mon sens, rien qui permette d’envisager sur cette seule base une alternative mondiale au dollar comme monnaie d’échange et de réserve internationale.

    S’avance-t-on vers un monde multipolaire ou plutôt vers un partage du leadership entre la Chine et les États-Unis ?

    Ce que l’on observe surtout, depuis quelques années, est une fragmentation du monde économique, avec l’érection de barrières aux échanges internationaux dans un nombre croissant de pays et les signes du retour progressif de l’État dans l’économie.

    On peut imaginer que cette évolution préfigure plusieurs configurations différentes et, dans une certaine mesure, alternatives : un effondrement chaotique où la confrontation l’emporterait sur la coopération, conduisant le monde de crise en crise ; une régionalisation des économies-mondes, où les échanges s’ordonnanceraient par blocs macrorégionaux, laissant peu de place aux échanges interblocs ; une duopolisation du monde, reproduisant, mutatis mutandis, l’ordre économique international de la guerre froide, dans lequel la Chine remplacerait l’Union soviétique comme pôle normatif et industriel ; ou encore l’émergence de forces économiques nouvelles à la faveur d’une grande crise affectant la finance internationale – et, peut-être, le dollar.

    Cette émergence pourrait porter le regroupement de puissances moyennes ayant intérêt à coopérer plus étroitement, et suffisamment dotées du point de vue institutionnel, technologique et scientifique pour constituer un nouveau pôle industriel et de recherche à l’échelle du monde.

    Quel serait le nouveau rôle du dollar dans cette configuration ? Y aurait-il une possibilité de porter une véritable monnaie d’échange et de réserve internationale ?

    Nul ne le sait, bien sûr, et il n’est pas possible d’établir a priori quel scénario a le plus de chance d’advenir. D’autres scénarios sont envisageables ; ce qui caractérise surtout la situation actuelle, c’est sa volatilité.

     

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    Au G7, la Chine est la cible de toutes les récriminations

    Les pays les plus riches, emmenés par Washington, haussent le ton sur les dossiers où Pékin joue une partition alternative. Comme la guerre en Ukraine ou ce désir du Sud de s’émanciper du dollar.


    Si les États du Sud global sont pris à la gorge par la hausse des taux d’intérêt liée à celle du dollar, le yuan n’est pas encore une alternative mondiale comme monnaie d’échange et de réserve internationale.
     

    Le G7 qui se tient à Hiroshima jusqu’à dimanche est marqué par de terribles ambiguïtés.

    Le choix même de la ville martyre renvoie comme un avertissement symbolique à l’humanité pour qu’elle sache se prémunir d’un nouveau conflit mondial, synonyme d’apocalypse nucléaire.

    En même temps, la ligne stratégique de ce sommet cible ouvertement la Chine, plus grand pays de la région, traitée par Washington comme l’adversaire principal, « l’ennemi du monde libre ».

    Le président Joe Biden avait prévu de faire de ce voyage, étalé sur une semaine, un moment géostratégique majeur.

    Le risque de défaut sur la dette publique états-unienne l’a contraint à écourter largement sa visite.

    Même s’il assure qu’il verra « longuement, en marge du sommet », ses homologues australien et indien qu’il avait prévu de rencontrer pour consolider le Quad, cette alliance militaire déployée avec le Japon dans la région pour « endiguer » la Chine.

     

    Course aux armements

    Sur le dossier ukrainien, Joe Biden soutient, en réponse à l’invasion russe, une logique d’escalade, avec une montée en puissance de l’Otan, l’envoi de chars et, semble-t-il désormais, d’avions de combat à l’initiative de Londres et de La Haye, ses plus proches vassaux européens.

    Il entend assortir cette course aux armements d’un renforcement des sanctions économiques contre la Russie en tentant de contraindre Pékin et de nombreuses capitales des pays dits du Sud global, jusqu’ici très réticents, comme New Delhi, à s’y rallier.

    L’un des temps forts du G7 sera destiné à surmonter ce scepticisme du Sud global, peu réceptif à la géostratégie « occidentale », si ce n’est carrément saisi par la tentation de faire sécession d’un monde soumis à la suprématie du dollar.

    Comme l’envisagent les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), ce groupe de pays émergents qui viennent de lancer le processus de création d’une monnaie commune pour échapper aux diktats du billet vert.

    Plusieurs États du Sud global ont marqué leur intérêt pour l’initiative.

     

    Tous sont pris à la gorge par la hausse des taux d’intérêt liée à celle du billet vert, ce qui rend quasiment inaccessible le financement de gros investissements pourtant si cruciaux pour eux sur le plan social comme environnemental.

     

    Le président Lula convié à Hiroshima

    Lula, le président brésilien, en pointe sur le dossier monétaire des Brics comme dans la recherche d’un cessez-le-feu et d’une solution négociée en Ukraine sous la houlette de l’ONU, a été convié à Hiroshima, à l’instar de plusieurs autres chefs d’État du Sud global.

    Leur rapprochement avec la Chine sur les alternatives économiques et monétaires ou en faveur d’une issue diplomatique en Ukraine n’est guère apprécié à Washington.

     

    Le G7 devrait leur soumettre des propositions pour tenter de juguler ces forces centrifuges.

    Celles-ci impliqueraient le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, appelés à remédier à l’assèchement des crédits dont souffre le Sud.

    Tout en continuant à l’inscrire, bien entendu, dans le système global dominé par le dollar.

    La diplomatie française est très mobilisée sur la question. Elle avance l’organisation à Paris, les 22 et 23 juin, d’un sommet consacré à un «nouveau pacte financier » dirigé vers le Sud global pour lui permettre, dit-elle, « à la fois de sortir de la pauvreté » et de financer les investissements «   pour le climat et la biodiversité ».

     

    Est-ce une manière de remettre les pendules à l’heure après l’indignation suscitée par les propos « politiquement incorrects » du président français à son retour d’un récent voyage en Chine, quand il a mis en garde ses partenaires européens contre un «trop grand suivisme» envers Washington ?

    Paris, quoi qu’il en soit, se veut le promoteur très aligné d’une réconciliation du Sud avec les institutions financières internationales.

     

     

     


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  • Yannick Morez :

    « L’État nous a abandonné face à l’extrême droite »

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    Le maire démissionnaire de Saint Brévin, acculé par des groupuscules néofascistes, était entendu ce mercredi 17 mai par la Commission des lois du Sénat.

    Il dénonce une série de défaillances de l’État dans la gestion du projet de création, dans sa commune, d’un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile.

     

    Publié le Mercredi 17 mai 2023 Émilien Urbach - L'Humanité >>>>>
     

    Yannick Morez auditionné au Sénat. Le maire démissionnaire de Saint-Brévin date le début des menaces à son encontre de l'arrivée de militants d'extrême droite, qui avaient déjà sévi à Callac.
     
     

    « On s’est retrouvés seuls à devoir affronter l’extrême droite. »

    Yannick Morez, le maire démissionnaire de saint Brévin les Pins, en Loire Atlantique, a exposé, devant la commission des lois du Sénat, ce mercredi 17 mai, au travers d’une minutieuse chronologie débutant en 2016, la cascades de défaillances de l’État et de ses représentants qui l’ont conduit, le 10 mai, à démissionner et à quitter le territoire de sa commune.

    L’Édile a dénoncé l’inaction des forces de gendarmeries, de la procureure de la république, du préfet et du sous-préfet, des ministres et même du président de la république tous sollicités, certains à plusieurs reprises, ces deux dernières années, depuis que le Collectif de préservation de la Pierre attelée et ses alliés de la fachosphère ont commencé de semer la terreur dans sa commune.

     

    L’extrême droite, comme elle l’avait fait à Callac, dans les côtes d’Armor, a multiplié, ces derniers mois, les attaques violentes contre le projet de l’ État d’installer un Centre d’accueil pour demandeur d’asile (cada), à Saint Brévin les Pins.

    Tracts haineux, menaces sur internet contre des conseillers municipaux, contre la directrice de l’école et celle de l’association de parents d’élèves, intimidations du maire lors de commémorations officielles, manifestations violentes, dégradations, incendie du véhicule de l’élu…

    « La gendarmerie a, à chaque fois, répondu qu’elle ne pouvait rien faire au nom de la liberté d’expression, a expliqué Yannick Morez.

    Le préfet ne m’a parlé au téléphone qu’à deux reprises.

    Le 22 mars, après l’attentat criminel contre mon domicile et le jour où j’ai annoncé ma démission.

    Lorsqu’il dit m’avoir parlé régulièrement, il ment effrontément.

    Il n’a jamais, non plus, organisé de réunion publique sur le projet de cada.

    La municipalité, dès le début du processus, a dû se débrouiller seule pour communiquer avec la population. »

     

    Ce mercredi 17 mai, en fin d’après-midi, Élisabeth Borne, première ministre, devait recevoir à Matignon l’édile bafoué.

    Le matin même, elle demandait au préfet de ne pas accepter sa démission. 

    « Le gouvernement est à ses côtés, a-t-elle déclaré mardi devant l’Assemblée Nationale. 

    Je suis consciente que condamner ne suffit pas, et mon gouvernement prend à bras le corps la question des violences envers les élus », assurant que préfets, policiers ou gendarmes « sont aux côtés des élus».

    Les faits décrits avec précision par l’intéressé, devant les sénateurs, démentent catégoriquement ces propos.


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  • Fonds Marianne : des sélections idéologiques assumées

     

    La commission d’enquête du Sénat sur le programme créé par Marlène Schiappa a auditionné, mardi, le préfet Christian Gravel.

    Il justifie les attributions par des choix politiques, sans écarter les soupçons de détournement de fonds publics.

     

     
     
    D’autres associations n’ont pu bénéficier de subventions car en opposition « à la ligne portée par le gouvernement sur la laïcité », a reconnu Christian Gravel.

    Comment ont été sélectionnés les projets financés par le Fonds Marianne,

    lancé par la ministre Marlène Schiappa pour lutter contre la radicalisation en ligne, quelques mois après l’assassinat de Samuel Paty ?

    C’est la question au centre de la commission d’enquête sénatoriale qui a débuté mardi par l’audition du préfet Christian Gravel.

    Le secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), en charge de l’attribution des subventions, a dénoncé « des mensonges et des calomnies » écrits depuis les premières révélations dans la presse sur l’affaire, il y a deux mois. Il n’a pourtant pas donné d’éléments suffisamment clairs pour écarter tout soupçon.

     

    Les deux associations en cause sont l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM) et Reconstruire le commun – avec ses vidéos pro-Macron et anti-wokisme –, qui ont respectivement récupéré 355 000 euros et 330 000 euros de subventions, près d’un tiers de l’enveloppe totale.

    Leurs candidatures tenant en quelques lignes, comme l’a révélé Mediapart lundi, ont été retenues, contrairement à celles d’autres associations comme Coexister, au motif que son « positionnement est explicitement en opposition avec la ligne gouvernementale ».

     

    S’attaquer aux « thèses islamo-gauchistes et indigénistes »

    Défendant la « liberté d’exprimer sa religion » et se revendiquant de la loi de 1905, cette association « ne correspond en aucun cas à la ligne portée par le gouvernement sur la laïcité », a défendu Christian Gravel, qui évoque « une approche qui n’est pas celle s’inscrivant dans l’attachement au pacte républicain ».

    « On sait tous les débats rudes autour de la conception de la laïcité, lui a répondu le président de la commission, Claude Raynal (PS).

    Lorsqu’on veut faire un contre-discours républicain, est-ce qu’il ne fallait pas laisser coexister un peu de débat sur le sujet laïc plutôt que brandir une ligne gouvernementale ? »

     

    Retenu, le projet de l’USEPPM affirme à l’inverse une volonté de s’attaquer aux « thèses islamo-gauchistes et indigénistes », concepts loin d’être établis scientifiquement.

    Son responsable, le journaliste Mohamed Sifaoui, serait pourtant une «caution scientifique évidente », affirme Christian Gravel.

    Il justifie ainsi que cet organisme sportif, qui « a priori n’a rien à voir avec le sujet », rappelle Claude Raynal, ait reçu la subvention la plus importante du Fonds Marianne.

     

    120 000 euros de rémunération pour 13 vidéos qui font 50 vues

    Censé produire du contenu audiovisuel, ce projet se résume à 13 vidéos dépassant à peine les 50 vues…

    Mais les deux administrateurs de l’association, dont Mohamed Sifaoui, se sont versé une rémunération de 120 000 euros à eux deux, selon l’enquête de France 2 et Marianne.

     

    Christian Gravel a voulu balayer les soupçons de détournement de fonds, expliquant que « les protagonistes de la lutte contre la radicalisation » sont rares et donc « se croisent, se rencontrent ».

    Mais son récit sur la manière dont Mohamed Sifaoui est entré dans le dispositif laisse pantois :

    « J’ai appris que cette association allait pouvoir bénéficier du Fonds Marianne après un appel de M. Sifaoui qui me dit sortir d’un rendez-vous (avec) la ministre, qui lui parle du Fonds Marianne, lui faisant comprendre qu’il avait toute sa place. »

    La ministre en question, Marlène Schiappa, dont l’audition devant la commission d’enquête est espérée avant l’été, devra s’en expliquer.


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  • Info Politis : l’exécutif veut déployer le SNU dans les lycées

    Dès septembre prochain, tous les enseignants au lycée pourront déposer une candidature pour que leur classe réalise un séjour de cohésion de 12 jours, en uniforme et sur temps scolaire.


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