• Comme au siècle passé,

    le ministre de l’Intérieur a censuré un livre

    Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création, dont la LDH est membre

    LDH >>>>>27.07.2023


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  • La LDH demande un organisme d’inspection

    de la police et de la gendarmerie

    indépendant et impartial

    et une transparence accrue

    sur l’usage des armes de la police

     

    Lettre ouverte de Patrick Baudouin, président de la LDH, à l’attention de Sacha Houlié, président de la commissions des lois

    Paris, le 21 juillet 2023

    LDH >>>>>


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  • Insee Inflation ...

    Les prix augmentent toujours...

    En juillet 2023,

    les prix à la consommation augmentent de 4,3 % sur un an 

    Indice des prix à la consommation - résultats provisoires (IPC) - juillet 2023

    Insee >>>>>

     

    En juin 2023,

    les prix à la consommation augmentent de 0,2 % sur un mois

    et de 4,5 % sur un an 

    Insee >>>>>


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  • Derrière la baisse du chômage,

    des radiations en masse

     

    Alors que le gouvernement se satisfait de la très légère baisse du nombre de demandeurs d’emploi, la CGT pointe des sanctions en hausse pour les chômeurs.


     
    La CGT pointe la « nette augmentation des radiations » :
    + 6,8 % pour un an et + 3,6 % sur le trimestre,
    soit 54 700 radiés durant les trois derniers mois
     
     

    Des statistiques prétendument au beau fixe.

    Mercredi 26 juillet, la parution des chiffres du chômage pour le deuxième trimestre a fait état d’un nombre d’inscrits en catégorie A (sans activité) en très légère baisse – 0,2 % par rapport au premier semestre, soit 4 900 personnes en moins –, portant leur nombre à 3,011 millions.

    En incluant ceux ayant une activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi est en chute de 0,5 % au deuxième trimestre (– 26 100) et s’établit à 5,343 millions, selon la Direction des statistiques du ministère du Travail. Sur un an, la baisse est de 1,9 %.

    Le nombre de personnes travaillant moins de 78 heures par mois grimpe de 7,7 % sur un an

    Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a aussitôt salué sur Twitter une «  bonne nouvelle vers le plein-emploi ». Ces belles paroles gouvernementales ne suffisent pas à occulter la précarisation croissante du marché du travail. En catégorie B, regroupant les personnes travaillant moins de 78 heures par mois, le nombre d’inscrits grimpe de 7,7 % sur un an, avec notamment une flambée de 26,5 % des contrats de moins de 20 heures par mois.

    De son côté, la CGT pointe surtout la « nette augmentation des radiations » : + 6,8 % pour un an et + 3,6 % sur le trimestre, soit 54 700 radiés durant les trois derniers mois. « La politique de sanctions semble donc être la principale cause de cette “amélioration” : une sortie sur dix est désormais due à une radiation, tout sauf une reprise d’emploi. »

    Effectivement, les statistiques font état d’un recul des sorties pour reprise d’emploi de 3,3 % sur le trimestre et de 14,5 % sur l’année.

     

    Pierre Garnodier, secrétaire général de la CGT chômeurs, explique recevoir de très nombreux témoignages de privés d’emploi ainsi exclus. « Si une personne refuse d’aller aux formations “toutes les clés pour mon emploi durable” ou “AccelèR’emploi”, délivrées par des opérateurs privés de Pôle emploi, elle est radiée. Ce qui est illégal. Ce phénomène est massif. Depuis la fin du premier confinement et le lancement de ces nouvelles prestations, on observe une recrudescence des radiations. »

    Le plan du gouvernement pour « remobiliser » les demandeurs d’emploi de longue durée : les contraindre à se former sur les métiers en tension

    Sur le front du chômage de longue durée, alors que le problème est structurel, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis un an ou plus à Pôle emploi diminue de 1 %, et même de 8,6 % sur un an. Pour Pierre Garnodier, cela pourrait aussi s’expliquer par le plan du gouvernement pour « remobiliser » les demandeurs d’emploi de longue durée, consistant à les contraindre à assister à des prestations et à se former sur les métiers en tension. Sous peine d’être radiés. « Une chômeuse a ainsi été convoquée pour une de ces séances de formation. 80 % des gens étaient des aidants… »

    Pour atteindre son objectif de plein-emploi – au sens du Bureau international du travail, un taux de chômage autour de 5 % en 2027 (contre 7,1 % actuellement) –, l’exécutif mise notamment sur la transformation de Pôle emploi en France Travail, avec des sanctions renforcées pour les allocataires du RSA, et sur la négociation d’une nouvelle convention de l’assurance-chômage d’ici à la fin de l’année. De quoi redouter de nouvelles exclusions massives des chômeurs des statistiques.


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  • Les raisons du malaise policier  sont plus profondes

    « Un haut fonctionnaire tente de faire pression

    sur le cours de la justice, c’est inadmissible »

    pour le Syndicat de la magistrature

     

    Kim Reuflet, la présidente du Syndicat de la magistrature,

    condamne les propos de Frédéric Veaux.

    Leur objectif, selon elle : faire pression sur la justice, tout en cachant les autres motifs de la colère des agents.

     


     
     
     

    Directement visée par les propos du patron des policiers, l’institution judiciaire réplique.

    La justice est « seule légitime pour décider du placement ou non en détention provisoire des personnes qui lui sont présentées », a rappelé, lundi, le Conseil supérieur de la magistrature, quand l’Union syndicale des magistrats a fustigé ceux qui « abîment la nécessaire confiance mutuelle entre deux institutions complémentaires ».

    La présidente du Syndicat de la magistrature, Kim Reuflet, réagit aux propos de Frédéric Veaux.

     

    Vous avez évoqué une attaque « gravissime ». Pourquoi ?

    Parce que ces propos interviennent dans un contexte précis : une décision de justice a été prise, elle est critiquée par certains policiers.

    Sur ce, un haut fonctionnaire tente de faire pression sur le cours de la justice, et pas seulement à montrer qu’il soutient ses troupes. C’est inadmissible.

    Frédéric Veaux soutient aussi que les policiers ne sont pas des justiciables comme les autres…

    Les policiers, dans l’exercice de leurs fonctions, sont déjà des justiciables avec un statut particulier. Ils sont mieux protégés que le citoyen lambda, car s’ils sont victimes de violences, les peines encourues par les auteurs sont plus sévères.

    Ils sont aussi soumis à des exigences plus lourdes : s’ils commettent des violences, leur qualité de policier est une circonstance aggravante. Mais il n’y a pas une procédure pénale adaptée aux policiers. La police évolue dans un État de droit, elle travaille sous le contrôle du juge.

    Rien d’étonnant, d’ailleurs, à ce que cette polémique soit partie d’une affaire de violence policière. Ces dossiers sont très difficiles à traiter par la justice. Donc la question se pose : les juges peuvent-ils travailler sereinement sur ce type d’affaires ?

     

    La détention provisoire du policier marseillais a concentré les critiques. S’agit-il d’une procédure classique ?

    D’une manière générale, les « violences volontaires ayant entraîné des blessures graves » sont parmi les faits réprimés le plus lourdement, a fortiori quand il y a une circonstance aggravante. Donc, objectivement, le niveau de gravité de l’affaire est très élevé. Ensuite, la détention provisoire répond à d’autres critères : risques de concertation entre les mis en cause, de disparition des preuves, ou risques pour la victime…

    Cette détention est susceptible d’appel (celui du policier marseillais sera examiné le 3 août – NDLR) et limitée dans le temps (quatre mois au maximum en matière délictuelle). Si la décision a été prise, c’est que les critères étaient réunis.

    Placer un policier en détention provisoire pour des faits commis dans l’exercice de ses fonctions, c’est rarissime. Certains s’en offusquent aujourd’hui. Mais le fait que cela soit si exceptionnel est la preuve qu’il n’y a aucun acharnement de la justice contre les policiers.

    Selon vous, y a-t-il une fracture grandissante entre police et justice ?

    Au quotidien, ces deux institutions travaillent plutôt bien ensemble. Bien sûr, on entend parfois le mécontentement de certains policiers vis-à-vis de décisions de justice considérées comme trop peu sévères. Mais, en général, cela ne dépasse pas le niveau local.

    Les propos de Frédéric Veaux, c’est autre chose : une prise de position politique, qui utilise l’opposition entre police et justice de façon irresponsable. Pour moi, il s’agit d’une forme d’instrumentalisation, qui vise à faire oublier les raisons profondes du malaise policier, qui vient de plus loin que ce seul placement en détention d’un agent. Les policiers ont été sursollicités ces derniers mois, leurs missions, centrées sur le seul maintien de l’ordre, créent aussi beaucoup d’insatisfactions… Autant de problèmes de fond niés par le pouvoir politique.

    Comment jugez-vous la réaction de l’exécutif aux déclarations de Frédéric Veaux ?

    Elle n’est pas du tout à la hauteur. Rappeler les grands principes du bout des lèvres, comme l’a fait Emmanuel Macron, cela ne suffit pas. Le strict minimum aurait été de désavouer les propos de Frédéric Veaux. Il ne l’a pas fait, se drapant derrière la séparation des pouvoirs. Le garde des Sceaux a répété ce qu’a dit le président, et le ministre de l’Intérieur se tait, tout en soutenant le patron de la police nationale.


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  • Élections en Espagne :

    comment Sumar a repris le flambeau de Podemos

     

    Avec ses 12,31 % recueillis dimanche lors des élections, Sumar, la coalition menée par Yolanda Díaz réalise le même score que la liste de Pablo Iglesias en 2019. La ministre communiste du Travail se retrouve au centre des discussions afin de former un nouveau gouvernement progressiste.


     
    La coalition menée par la ministre communiste du Travail, avec ses 12,31% des voies, est au centre des discussions pour former un nouveau gouvernement.
     
     

    Un score quasiment identique pour une dynamique différente.

    Avec 12,31 %, Sumar a pris, dimanche 23 juillet, le relais de Podemos – 12,86 % en novembre 2019 – pour représenter la gauche de transformation sociale, ouvrant un nouveau cycle dans cet espace politique.

    À l’époque, la liste emmenée par Pablo Iglesias réalisait son plus bas score depuis son émergence dans l’arène électorale, y propulsant l’énergie du mouvement des indignés, après avoir recueilli 20,68 %, 21,15 % et 14,32 % respectivement en 2015, 2016 et avril 2019.

     

    Podemos : de 21,15% en 2016 à la déroute du 28 mai

    En janvier 2020, le PSOE, la force dominante à gauche, et Podemos concluaient un accord qui aboutissait notamment à la nomination de Pablo Iglesias comme 2e vice-président du gouvernement, fonction qu’il quittera en mars 2021, avant de délaisser l’arène politique.

    La force propulsive de Podemos était alors grandement épuisée par les divergences internes, marquées par le départ d’Íñigo Errejón, le numéro 2 du mouvement, à la suite de la promotion de la compagne d’Iglesias, Irene Montero. Elle finira de s’épuiser avec une loi portée par cette dernière, en tant que ministre de l’Égalité. Concernant le consentement aux relations sexuelles et connue sous le nom de « Solo si es si » (« seul un oui est un oui »), elle comportait une faille dans sa rédaction qui a permis à des dizaines de condamnés pour agressions sexuelles d’être relâchés.

    Jusqu’au bout, les dirigeants de Podemos ont refusé d’assumer cette erreur de rédaction, tandis que Pedro Sanchez, le premier ministre socialiste, tentait de faire adopter une nouvelle mouture de la loi avec la droite.

    De l’ensemble du bilan du gouvernement de gauche, cette loi est la plus impopulaire alors qu’elle porte sur un sujet où une majorité d’Espagnols affichent leur accord avec le principe qu’elle est censée défendre. Le 28 mai, les scrutins municipaux et provinciaux ont viré à la déroute pour Podemos, en chute libre en voix comme en sièges.

     

    Le projet le plus original de la campagne électorale :

    la création d’un héritage universel

    C’est ici qu’intervient Yolanda Díaz, ministre du Travail depuis 2020, vice-présidente du gouvernement depuis mars 2021. Son bilan (augmentation du salaire minimum de 47 %, réforme du marché du travail réduisant la précarité, indexation des pensions de retraite sur l’inflation) en a fait la dirigeante politique affichant la plus forte popularité, selon le dernier baromètre de l’institut public de sondage CIS. Elle dit se moquer des « médailles ». Pas de l’unité.

    Après le désastre de mai dernier, cette membre du Parti communiste, fille d’un militant communiste secrétaire général des commissions ouvrières (CCOO) en Galice, sa région d’origine, élue députée en 2016, prend son bâton de pèlerine et, en un temps record, réunit une quinzaine de formations, dont Podemos, pour former une nouvelle coalition baptisée « Sumar » (« additionner »).

     

    La stratégie diffère de celle privilégiée par Pablo Iglesias et Yolanda Díaz annonce la couleur, d’entrée de campagne : elle veut poursuivre le travail en commun avec le PSOE et promet de gouverner « mieux ». « L’important est que nous nous donnions la main et dialoguions », explique-t-elle.

    « On est revenu à une gauche de la gauche plus classique », se félicite un cadre du PSOE. Alfonso Guerra, ex-vice-président socialiste du gouvernement, très critique de l’alliance PSOE-Podemos, en est moins convaincu : il voit en Yolanda Díaz une « Mélenchon en Dior ».

    Si cette avocate de 52 ans évite les attaques ou petites phrases contre Pedro Sanchez, elle marque sa différence sur les propositions. Sumar porte ainsi le projet le plus original de cette courte campagne électorale : la création d’un héritage universel, un capital de 20 000 euros que chaque habitant toucherait lors de ses 18 ans.

     

    Lutte des classes et woke : dans les meetings de Sumar, on parle autant du féminisme et du changement climatique que de la question sociale

    De Podemos, Sumar reprend le discours à la confluence des enjeux socio-économiques et des mouvements d’émancipation émergents. Ou, pour le résumer d’une formule : lutte des classes et woke. Dans les meetings de cette nouvelle coalition, on parle autant du féminisme et du changement climatique que de la question sociale. Ce qui a contribué à mobiliser en sa faveur l’ancien cœur de l’électorat de Podemos, plutôt urbain, jeune et diplômé.


    Dimanche soir, forte de ce score qui lui permet de talonner Vox, Yolanda Díaz, la voix cassée par les derniers jours de campagne, a annoncé l’ouverture des négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement de gauche.

    En Catalogne, c’est un responsable de Sumar qui va entamer les discussions avec Junts, le parti indépendantiste de centre droit, qui peut, par son abstention, permettre à Pedro Sanchez de demeurer en fonction et à Yolanda Díaz de continuer à jouer un rôle majeur dans la vie politique espagnole.


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  • Installée dans sa maison depuis plus de 60 ans,

    une dame aveugle de 98 ans est menacée d’expulsion

    France 3 >>>>> La Rochelle


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  • On vous explique la polémique

    après l'interdiction par Gérald Darmanin

    d'un livre sur le sexe destiné aux ados

    Le ministre de l'Intérieur a pris un arrêté interdisant la vente aux mineurs d'un ouvrage comportant des passages jugés "pornographiques".
     

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  • Contre la gauche, les droites à front renversé

     

    Alors que l’année 2023 a été marquée par des temps forts sociaux – retraites, méga-bassines, révolte des banlieues – censés être favorables aux progressistes, les forces conservatrices se déchaînent et cherchent à les diaboliser.

    Au risque de faire paraître le RN comme la seule alternative « respectable ».

     


    Après une année marqué par des mobilisations en faveur des valeurs de gauche, les droites s'unissent à l'Assemblée pour ostraciser la Nupes
     

    La gauche peut avoir le dos large.

    Elle est islamo-gauchiste, woke, antiflics, antisémite, peuplée d’ayatollahs écolos, prête à absoudre toutes les violences, le cerveau lavé par Pierre Bourdieu et Jean-Paul Sartre.

    Et, pour ne rien arranger, même pas fichue de s’habiller correctement à l’Assemblée. En tout cas, dans l’imaginaire des droites, de la Macronie à LR, jusqu’au RN.

     

    Pour des raisons tactiques différentes (s’adjuger le monopole de la respectabilité pour les uns, achever leur dédiabolisation pour les autres), ces trois blocs entonnent une petite musique politico-médiatique à laquelle les oreilles s’accoutument dangereusement :

    la gauche ne serait plus dans « l’arc républicain ».

     

    Devenue infréquentable, voire menaçante.

    Les soulèvements dans les banlieues ont occasionné un nouveau feu nourri.

    La gauche est accusée de ne pas condamner assez fermement les violences, d’oser essayer de réfléchir aux racines sociales de la colère.

    La FI, dont la stratégie fait certes débat y compris au sein de la Nupes, concentre l’essentiel des critiques.

     

    Mais personne n’est épargné.

    Lorsque éclate le bras de fer autour des méga-bassines de Sainte-Soline, c’est au tour des écologistes de prendre la foudre.

    « Des apôtres de la violence », fusille alors le député Renaissance Benjamin Haddad, tandis que Gérald Darmanin les accuse de soutenir des « écoterroristes » .

    Plus largement, c’est tout le corpus idéologique de gauche qui est en procès : Sartre, les recherches sur le climat, la sociologie…

     

    La France insoumise et l’extrême droite jetés dans un même panier

    La mort de Nahel aura été un catalyseur de ces attaques.

    À cette occasion, le président du RN, Jordan Bardella, affuble la FI d’un surnom pour mieux la diaboliser : « la France incendiaire ».

    Bien trouvé, a dû se dire la patronne des députés Renaissance, Aurore Bergé.

    Elle lâche à son tour cette « boutade », et bientôt toute la Macronie s’y met. Puis LR.

    Une insulte venue de l’extrême droite circule de manière indifférenciée dans le camp libéral, symptôme d’une époque aux frontières politiques floues, propice à toutes les confusions.

     

    Vient ensuite l’excommunication.

    « La FI est sortie de l’arc républicain », tranche la première ministre Élisabeth Borne, comme si elle était l’arbitre des respectabilités.

    Pourquoi ? Des députés ont osé marcher en hommage à Adama Traoré, tué par la police en 2016. La manifestation était interdite par les autorités.

     

    Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, se montre à peine plus nuancé, estimant les insoumis « en situation limite du point de vue de l’arc républicain », voire d’un « arc démocratique qui tolère de moins en moins bien ces ailes d’extrême droite et d’extrême gauche ».

    Voilà la FI et le RN jetés dans un même panier.

    « Ce sont les insoumis qui tuent, aujourd’hui, par leur idéologie », lâche carrément l’ex-LR Othman Nasrou, proche de Valérie Pécresse, ce qui montre bien vers quels rivages le débat est en train de dériver.

     

    D’autant que ce discours infuse aussi dans la sphère médiatique, jusqu’à lire, dans un édito du Monde, que, pour Jean-Luc Mélenchon «comme Éric Zemmour, il ne s’agit plus de sauver la République mais de la faire tomber » – l’insoumis ayant eu le tort, selon le quotidien, de «dédouaner » les casseurs en rappelant la pauvreté dans ces quartiers.

    La tactique n’est certes pas nouvelle.

    Pendant la présidentielle, l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner accusait déjà une partie de la gauche d’être «antirépublicaine» au prétexte qu’elle critiquait la police et l’Union européenne.

     

    « Tout ce qui est Nupes est sous pression depuis le début, mesure le député FI Éric Coquerel, lui-même menacé à son poste de président de la commission des Finances par la majorité présidentielle.

    Ce sont des digues contre la gauche qui se construisent. Tout le monde est menacé. J’espère qu’il y aura à l’avenir un réflexe des vrais démocrates de droite. »

     

    L’année 2023 a été celle de l’intensification de ces attaques.

    Et pour cause. Ces six derniers mois ont donné lieu à trois temps forts sociaux qui auraient pu, chacun à leur façon, être très favorables à la gauche.

    Le long mouvement social contre la réforme des retraites, d’abord, a mis à l’agenda les questions de temps et de pénibilité du travail, du droit aux loisirs et du niveau des salaires et des pensions.

    La lutte des écologistes contre les méga-bassines, ensuite, a propulsé la problématique de l’accès à l’eau et de l’agriculture intensive.

    Le soulèvement dans les banlieues, enfin, a jeté à nouveau une lumière crue sur l’enclavement social et la stigmatisation subie par ces quartiers.

     

    « Une caractéristique des régimes autoritaires,

    de Trump à Bolsonaro, d’Orban à Erdogan »

     

    « La droite a tout intérêt à évacuer la question sociale du débat, relève Ian Brossat, porte-parole du PCF.

    Là-dessus, ils sont archiminoritaires, comme l’a montré le mouvement contre la réforme des retraites, et ce sont les idées portées par la gauche qui sont majoritaires.

    Donc ils cherchent à disqualifier les enjeux de la vie quotidienne des Français : les salaires, la qualité du travail… »

     

    À ce titre, croire que l’offensive ne viserait que la FI reviendrait à ignorer le contexte plus large d’un procès généralisé de la pensée de gauche.

    Dans le Point, Laurent Wauquiez (LR) va jusqu’à mettre les « émeutes » sur le compte « d’une idéologie de la déconstruction qui vient de loin, portée par des philosophes comme Bourdieu et Derrida, reprise par l’extrême gauche et la gauche, enseignée dans nos universités et qui a contaminé jusqu’à nos élites politiques et médiatiques ».

    Un assaut qui s’inscrit dans le temps long, puisque, il y a moins de deux ans, la ministre Frédérique Vidal partait en croisade contre « l’islamo-gauchisme à l’université » et la « peste intersectionnelle ».

     

    « On ne s’en prend plus uniquement aux migrants, aux jeunes des quartiers, plus seulement aux mouvements sociaux, mais aussi à l’ensemble des savoirs critiques, parce qu’ils interrogent l’ordre social, développe le chercheur Éric Fassin.

    Cet anti-intellectualisme qui monte est une caractéristique des régimes autoritaires, de Trump à Bolsonaro, d’Orban à Erdogan. »

     

    Dans ce grand bazar où les mots sont vidés de leur sens, le risque que le cordon sanitaire soit cette fois brandi contre la gauche se dessine.

    « Pour moi, c’est impossible, il ne peut pas y avoir à ce point une alliance entre la droite libérale et l’extrême droite », veut croire le socialiste Arthur Delaporte, qui accuse néanmoins la Macronie « d’avoir participé à la désidéologisation des clivages et au confusionnisme. »

     

    Impossible, vraiment ?

    « Un front républicain anti-Nupes est en construction », se réjouit pourtant très ouvertement l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, désormais soutien d’Emmanuel Macron.

     

    « La marginalisation de la gauche est un risque évident, admet pour sa part Ian Brossat.

    La séquence présidentielle et législative est riche de beaucoup d’enseignements. Personne n’imaginait 89 députés du RN avant le scrutin. Personne n’imaginait que, dans des duels entre l’extrême droite et la gauche, les macronistes resteraient silencieux, conduisant massivement à la victoire de députés RN. »

     

    La Macronie, participe ainsi à l’extrême droitisation du débat politique.

    Éric Coquerel s’en inquiète : « Ce qui est tactique au départ devient assez naturel ensuite. Toute force antiraciste et antiautoritaire devient l’ennemi à abattre dans le pays. On a une dérive illibérale, toujours plus inégalitaire, discriminatoire. Mais s’ils parvenaient à nous fragiliser, à nous cornériser, les gens préféreraient l’original à la copie. »

     

    La référence permanente à un cadre républicain que la droite se garde bien de définir précisément, pour la limiter à la question de l’ordre en place, peut donc conduire à un renversement du vote barrage.

    « Au bout d’un moment, c’est la fable du garçon qui crie au loup, ils brandissent la République mais plus personne n’écoute, ça n’a plus de sens », soulève Marie-Charlotte Garin.

    « C’est d’autant plus irresponsable qu’on sait que les macronistes font le pari d’un nouveau second tour avec l’extrême droite en 2027.

    Si ça advient, comment voulez-vous que les électeurs de gauche répondent encore au barrage républicain si on leur a expliqué pendant cinq ans qu’ils n’étaient pas républicains ? » interroge l’écologiste.

     

    Face à un tel bombardement,

    quelle contre-offensive pour la gauche ?

    La question est délicate puisqu’elle touche à des considérations stratégiques sur lesquelles les forces de la Nupes n’ont jamais, en réalité, cessé de se désaccorder.

    D’aucuns aimeraient que la FI tende moins le bâton pour se faire battre.

    « Leur stratégie du clivage exacerbé n’est pas la bonne », rouspète un élu de la Nupes. 

    « Il faut arrêter de leur demander en permanence de se justifier du fait qu’ils soient républicains, prévient Arthur Delaporte, avant d’ajouter : mais on ne doit pas laisser les insoumis dans l’état dans lequel ils sont aujourd’hui, il faut les amener à faire preuve de la mesure nécessaire dans certaines situations. »

     

    Ces fractures-là sont précisément celles que les droites entendent exploiter, pour monter les forces de la Nupes les unes contre les autres.

    « Nous avons tout intérêt à faire corps, on sait comment cela finit si nous sommes divisés, alerte Marie-Charlotte Garin. Notre diversité stratégique est une richesse, elle nous permet de parler à des publics différents. »

     

    Des électorats dont certains attendent de leurs représentants une certaine radicalité, quand d’autres goûtent peu les coups d’éclat.

    La ligne de crête est alors étroite, entre ne pas prêter le flanc à la diabolisation et ne pas se soumettre à l’injonction de rentrer dans le rang.

    Car, une chose est sûre, pour la droite et son extrême, la gauche, tant qu’elle remet en question l’ordre social, ne sera jamais assez sage, assez policée.

    Jamais assez « républicaine », dans son sens désormais détourné.


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  • Marche contre les violences policières :

    « Nous refusons d’obtempérer face au racisme »


    En interdisant coup sur coup les deux principales mobilisations contre les violences policières à Paris, le gouvernement entend, selon une coordination nationale, réduire au silence les proches de victimes.

    Malgré cette répression, la mobilisation s’étoffe encore.


    Publié le Dimanche 16 juillet 2023 Thomas Lemahieu - L'Humanité >>>>>

     

     

    Les juges des référés du tribunal administratif de Paris ont confirmé l'interdiction de la manifestation contre les violences policières prévue le samedi 15 juillet 2023 sur la place de la République

     

    Rebelote.

    Une semaine après celles de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) et de la place de la République à Paris, qui a eu lieu malgré tout, mais s’est soldée par une forme de vendetta de la Brav-M – elle a interpellé très brutalement et molesté Yssoufou Traoré, frère d’Adama, tué après une interpellation par des gendarmes en 2016 –, un défilé contre les violences policières était à nouveau interdit, ce samedi 15 juillet, sur la place de la République…


    Sur injonction directe de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, la préfecture de police de la capitale a pris un nouvel arrêté d’interdiction contre l’appel de la Coordination nationale contre les violences policières – rassemblant de nombreux collectifs de familles et de proches de jeunes gens tués par des policiers.

     

    Un appel pourtant soutenu par une centaine d’associations (LDH, Attac, Amnesty International, etc.) d’organisations syndicales (CGT, FSU, Solidaires et Unef) et politiques (FI, EELV et NPA).

    Et le tribunal administratif a validé, sans moufter, cette suspension des libertés d’expression et de manifestation.


    « Darmanin nous inflige une double peine :

    après la mort de nos proches,

    il s’agit de nous invisibiliser, de nous réduire au silence »


    De quoi susciter une bronca chez les organisateurs, qui avaient convoqué la presse, à quelques pas de la place de la République.

    « Nous étions pourtant allés très loin dans la conciliation en proposant de nous contenter d’un simple rassemblement, mais le gouvernement n’a rien voulu savoir, dénonce Omar Slaouti, l’un des porte-parole de cette coordination.

    C’est une double peine que Darmanin nous inflige : après la mort de nos proches, il s’agit de nous invisibiliser, de nous réduire au silence, alors que, pour des raisons que chacun comprendra aisément, il n’est pas question d’aller à la confrontation avec la police avec notre coordination qui rassemble des enfants, des parents et des grands-parents. »

     

    Avant de se replier pour un meeting dans un gymnase, plein comme un œuf, du XX e arrondissement, ouvert en urgence pour l’événement par la mairie, une dizaine de représentants des collectifs témoignent devant les journalistes.

    Sur les pancartes, ils réclament l’interdiction des techniques d’interpellation les plus dangereuses et même létales qui sont, pour certaines, interdites dans les pays européens ou aux États-Unis : plaquage ventral, clé d’étranglement, « pliage », etc.

    À travers leurs récits, beaucoup dénoncent un traitement post-mortem indigne des victimes de violences policières.

    « Mon frère a été lynché par la police, puis il a été déshumanisé par l’institution judiciaire », dénonce ainsi Fatou Dieng, sœur de Lamine Dieng, mort au cours d’une interpellation en 2007 à Paris.

     

    En plus de la suppression de l’IGPN, qui doit, selon eux, être remplacée par une « instance de contrôle indépendante de la police », tous réclament en chœur l’abrogation immédiate de l’article L. 435.1 du Code de sécurité intérieure, introduit dans la loi de 2017 par Bernard Cazeneuve et qui permet aux agents de police et aux gendarmes d’utiliser leurs armes à feu notamment dans les cas de refus d’obtempérer.

    « Nous refusons d’obtempérer

    face au racisme de la police et du gouvernement »,

    retourne Issam El Khalfaoui, le père de Souheil, abattu par un policier en 2021 à Marseille.

     


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