• Sophie Binet rappelle, fermement, à Jean-Luc Mélenchon

    le principe de l’indépendance syndicale

     

    Invité de l’émission Backseat depuis l’Agora de la Fête de l’Humanité, le leader des insoumis avait exposé, selon lui, les causes de la défaite de Philippe Martinez au 53e congrès de la CGT.

    L’ex-candidat insinuait que l’ancien dirigeant cégétiste aurait été sanctionné pour ne pas avoir travaillé avec les formations politiques à la construction du mouvement social contre la réforme des retraites.

    La secrétaire générale de la CGT a adressé à l’insoumis une réponse ferme qui réaffirme la stratégie du syndicat, son indépendance et ses relations avec les formations politiques.

     

    Les rapports entre les insoumis et les confédérations syndicales sont loin d’être simples.

    Vendredi 15 septembre, invité de l’émission Backseat depuis l’Agora de la Fête de l’Humanité,

    Jean-Luc Mélenchon avait exposé, selon lui, les causes de la défaite de Philippe Martinez au 53e congrès de la CGT.

    « Lorsque a commencé la bataille des retraites, nous disons que nous avons besoin d’une structure commune, avec les partis politiques et les syndicats, et que nous sommes d’accord pour que les syndicats la dirigent, assure le leader insoumis.

    Il n’y a jamais eu un seul jour, une seule réunion, une seule rencontre entre les syndicats et les organisations politiques qui se battaient dans l’Assemblée nationale. »

     

    L’ex-candidat à la présidentielle poursuit :

    « Pire, on est venu demander aux insoumis de retirer nos amendements pour qu’on puisse voter sur l’article 7 (sur les 64 ans, N.D.L.R.).

    Pour moi, afin que la lutte puisse durer, il fallait que le texte ressorte de l’Assemblée nationale sans avoir voté.

    C’est le contraire qu’on nous a demandé de faire et nous ne l’avons pas fait. »

     

    Selon Jean-Luc Mélenchon, c’est cela qu’auraient sanctionné les délégués du 53e congrès de la CGT : « La CGT est l’organisation syndicale dans laquelle il y a sans doute le plus d’insoumis au mètre carré. J’observe au congrès de la CGT le rapport d’activité incluant la séquence retraite, le rapport d’orientation et la candidature qui portait ces orientations ont été battues par les cégétistes »

     

    « Une absence totale de respect de l’indépendance des organisations syndicales »

    La réponse de Sophie Binet est un courrier daté de ce mardi 26 septembre, à Jean-Luc Mélenchon :

    « Vos propos indiquent malheureusement une absence totale de respect de l’indépendance des organisations syndicales, fondement indispensable d’une relation saine de la CGT avec les organisations politiques. »

    Précisant, au passage, que « les propos que vous avez tenus sur mon prédécesseur Philippe Martinez sont inacceptables. »

     

    Dans cette missive, la secrétaire générale cégétiste ajoute :

    « La CGT ne permet à aucune organisation politique de s’ingérer dans le déroulement et le résultat de ses congrès. (…)

    Laisser entendre que le résultat du 53e congrès de la CGT pourrait être le résultat d’une stratégie de la France Insoumise est mensonger et insultant pour les délégués, les syndiqués et les organisations de la CGT qui ne laissent personne d’autre que les travailleuses et les travailleurs leur dicter leur ligne de conduite, certainement pas une organisation politique. »

    Au sujet de la mobilisation sociale contre la réforme des retraites, Sophie Binet écrit :

    « La CGT a toujours dit qu’elle ne pouvait qu’être initiée et menée par les organisations syndicales. »

    Elle complète : « Si, comme vous l’aviez souhaité, nous avions appelé pour lancer la mobilisation contre la réforme des retraites à une manifestation nationale un dimanche aux côtés des organisations politiques, rien de ce qui a fait la force de la mobilisation historique que nous avons construite n’aurait existé : ni l’intersyndicale, ni l’ancrage territorial, ni la grève, ni le rassemblement très large du monde du travail autour d’un mot d’ordre clair et syndical. De même, si nous avions accepté la « structure commune » que vous dites avoir proposé. »

     

    À propos des relations entre la CGT et la FI, que les deux dirigeants entendaient normaliser, après des rapports parfois compliqués,

    Sophie Binet rappelle avoir rencontré en juillet dernier une délégation insoumise composée de Manuel Bompard, d’Aurélie Trouvé et de Mathilde Panot.

    « Nous avons eu un échange franc dont vos représentants se sont félicités, lors duquel je suis revenue en détail sur ces éléments et sur ce que signifiait concrètement l’indépendance syndicale », mesure la secrétaire générale de la CGT. Et de conclure : « Vos propos indiquent malheureusement que ces conditions ne sont toujours pas intégrées ».


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  • Un rapport parlementaire

    préconise la création d’un impôt mondial sur les riches

     

    Un texte, publié ce mardi, pointe la concentration des patrimoines à l’œuvre dans le pays, sur fond d’inflation des actifs financiers. Parmi ses préconisations : un impôt mondial sur les plus riches.

     

    Il est peu habituel qu’un rapport parlementaire débute par une citation de Beaumarchais.

    Dans une tirade devenue fameuse, le valet du Mariage de Figaro (1784) fustige son maître, un noble qui n’a d’autre mérite que d’avoir touché un bel héritage à sa naissance :

    « Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus. »

     

    Le rapport parlementaire sur la concentration des patrimoines

    publié ce mardi se garde bien d’affirmer que la société française contemporaine ressemble de plus en plus à celle de l’Ancien Régime.

    Mais sa lecture le laisse pourtant supposer.

     

    Commençons par ces chiffres fous :

    actuellement, 1 % des héritiers les plus riches d’une génération percevront, en moyenne, 4,2 millions d’euros au cours de leur vie.

    Dans le même temps, l’héritage médian des Français ne dépasse pas 70 000 euros (la moitié des contribuables touchent moins, l’autre plus).

    Encore mieux : 1 % des héritiers les plus riches peuvent désormais, en vivant de leurs seules rentes, gagner plus d’argent que 1 % des salariés les mieux payés.

    « Notre travail objective le fait que la France est devenue une société d’héritiers, résume le député Nicolas Sansu (PCF), corapporteur de la mission d’information.

    La question est de savoir si on continue ou si on met un coup d’arrêt à cette dynamique d’accumulation. »

     

    +119 % pour le patrimoine des 10 % les plus riches

    Le rapport démarre sur un constat difficilement contestable : les inégalités de patrimoine en France progressent depuis plus de vingt ans.

    Les 10 % des ménages les mieux dotés disposent d’au moins 716 300 d’euros d’actifs et les 10 % les moins fortunés de seulement 4 400 euros au maximum, soit 163 fois moins !

    Cet écart n’a fait que se creuser.

    Entre 1998 et 2018, le patrimoine brut moyen (1) des 10 % les plus pauvres a diminué de 48 %, alors que celui des 10 % les plus riches a augmenté de 119 %.

     

    Pourquoi les plus fortunés s’enrichissent-ils aussi vite ?

    L’une des explications tient à la politique monétaire : les banques centrales, en inondant le système financier de liquidités, ont fait baisser les taux d’intérêt et flamber la valeur des actifs (financiers et immobiliers), qui constituent justement le cœur de la fortune des plus riches.

     

    Dans le rapport, un graphique rappelle, par exemple, que, entre janvier 2000 et janvier 2022, les prix des logements neufs ont été multipliés par 2,5 en moyenne sur l’ensemble du pays, tandis que ceux des logements anciens dans l’Île-de-France étaient multipliés par 3.

    Verdict des parlementaires : « Cette très forte augmentation des prix de l’immobilier explique pour une large part l’augmentation de la valeur des patrimoines – et l’augmentation des inégalités en la matière. »

     

    Le patrimoine financier des ménages (dépôts, assurance-vie, actions, obligations…) est encore plus inégalement réparti.

    Seulement 13 % des ménages détiennent des valeurs mobilières (actions et obligations).

    De même, les actifs dits risqués (c’est-à-dire les plus profitables) sont détenus en majorité par des ménages aisés, âgés et diplômés ;

    1 % des mieux dotés possèdent 7,7 fois plus souvent des titres que la moyenne globale.

     

    Enfin, le patrimoine professionnel est le plus inégalitaire de tous.

    Il constitue 28 % du patrimoine des 1 % les mieux dotés, contre 9 % en moyenne pour les ménages à haut patrimoine.

     

    « C’est à la fois une urgence sociale et climatique. »

    Nicolas Sansu, député PCF corapporteur

    Sans aller jusqu’à promettre un « grand soir fiscal », le rapport envisage une trentaine de mesures pour enrayer la mécanique des inégalités : plafonnement de l’abattement de 30 % sur la résidence fiscale existant dans l’assiette de l’IFI (impôt qui remplace l’ISF) ;

    refonte du régime fiscal de l’épargne-retraite ;

    alourdissement de la taxation des revenus du capital, etc.

     

    Deux mesures vont probablement faire couler beaucoup d’encre : la possible création d’un impôt mondial sur les patrimoines des ménages les plus riches, afin de financer les aides aux pays les plus pauvres, ainsi que la mise en place au niveau européen d’une taxation temporaire des patrimoines les plus riches afin de financer la transition climatique.

     

    « C’est à la fois une urgence sociale et climatique », résume Nicolas Sansu.

    Le parlementaire insiste plus largement sur la nécessité de réintroduire de la justice dans notre fiscalité.

    « Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, les cadeaux aux plus riches se font au détriment des couches modestes et moyennes, affirme-t-il.

    L’ISF a été supprimé et, dans le même temps, la TVA a atteint des niveaux inégalés (200 milliards d’euros pour 2022).

    C’est pourtant l’impôt le plus injuste de tous. »


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  • Le catholicisme en France,

    hier hégémonique, mais aujourd’hui en lent déclin

    Le 22 septembre 2023 à 06h03

    Les fidèles vont se presser à Marseille pour accueillir le pape François, ces vendredi et samedi, faisant un temps oublier que le catholicisme français est engagé dans un long déclin, encore accéléré par la crise des abus sexuels.

    Le Télégramme >>>>>

    Enquête Insee >>>>>


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  • Lampedusa :

    les contrevérités de Gérald Darmanin

    sur le profil des migrants et leur droit à l’asile

    Le ministre de l’Intérieur persiste à dire, contre la réalité du droit et des chiffres, que la majorité des migrants arrivés en Italie la semaine dernière ne peuvent prétendre à l’asile.

    Libération >>>>>


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  • Journaliste placée en garde à vue :

    "C'est une attaque claire,

    nette et précise contre la liberté d'informer",

    s'indigne Ariane Lavrilleux

    Placé en garde à vue pendant près de 40 heures, la journaliste d'investigation Ariane Lavrilleux réagit sur franceinfo et s'inquiète pour la liberté d'informer. Un ancien militaire, soupçonné d'être sa source, est mis en examen.
     

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  • En responsabilité

    Par Fabien Gay

     

    Celles et ceux qui sont venus à la Fête de l’Humanité ne peuvent oublier cette foule immense, diverse, jeune, qui a déferlé dans les allées, le sourire aux lèvres, le cœur empli de fraternité et de solidarité, déterminée à abattre les murs et les frontières avec une envie forte de faire la fête et de chercher un chemin d’espoir et de progrès.

    Cette foule immense a répondu à l’appel de l’Humanité à venir débattre, échanger sur la paix, la justice sociale et climatique, et a relégué en arrière-plan les petites polémiques et les tentatives d’intimidation.

     

    La Fête de l’Humanité refuse d’être prise en étau entre celles et ceux qui voudraient diminuer son périmètre ou la marginaliser, et celles et ceux qui voudraient caricaturer l’engagement des milliers de militantes et de militants communistes, réduit au fait de « planter des tentes ».

    Ces derniers doivent au contraire être salués pour leur abnégation, leur courage et leur inventivité pour la coconstruire.

    La Fête de l’Humanité est ce bien commun, legs du mouvement ouvrier, qui ne cède jamais à la facilité, ne fait pas l’économie de la pensée et favorisera toujours le débat d’idées et l’expression de toutes et tous dans le respect.

    Voici humblement notre mission.

    Cet état d’esprit devrait nous animer toute l’année.

     

    Alors, bien évidemment,

    il ne s’agit pas de mettre la poussière sous le tapis.

    La gauche a un débat stratégique, tactique, mais aussi de fond.

    Le débat, oui.

    Animé, argumenté, qui bouscule les idées reçues, toujours !

    Mais l’invective et les petites phrases, non.

    Et l’insulte, jamais !

     

    Comparer le secrétaire national du PCF à Jacques Doriot, comme cela a été le cas quelques jours après la Fête, est une infamie.

    Cet allié des nazis et nazi lui-même avait pris les armes et les insignes hitlériennes sur le front de l’Est contre l’armée soviétique.

    Aucun désaccord, aucune divergence ne peut justifier de tomber aussi bas.

    Notre solidarité est totale avec Fabien Roussel.

    L’insulter de la sorte revient à insulter les communistes, leur histoire, la Résistance et notre avenir.

    C’est se déshonorer et s’insulter soi-même en se montrant indigne du combat commun et de la hauteur de vue qu’il impose autant que le sang-froid nécessaire en toutes circonstances pour argumenter et convaincre.

     

    La raison doit revenir dans le débat.

    En responsabilité, le mouvement social, les travailleurs et les travailleuses, la jeunesse attendent autre chose de nous que ces jeux puérils et ces insultes putrides.

     

    À l’heure où les foyers croulent sous les factures, que la crise climatique s’accélère, que la guerre tonne aux portes de l’Europe, la gauche ne peut s’abîmer dans le « venin de la polémique » que dénonçait Jaurès et encore moins tolérer l’insulte.

    Ce serait ouvrir en grand un boulevard à l’extrême droite.

    Il est urgent de reprendre ses esprits, de retrouver le débat fraternel et argumenté, le seul fécond pour transformer la colère populaire en une alternative crédible et un chemin d’espoir.

    C’est notre responsabilité !


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  • Roussel comparé à Doriot :

    l’insulte qui pourrait tuer la Nupes

    La députée insoumise Sophia Chikirou a comparé Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF au collaborationniste Jacques Doriot, sur les réseaux sociaux, avec l’assentiment de Jean-Luc Mélenchon. Une injure qui scandalise les communistes, bien sûr, mais aussi EELV, le PS et une partie de la FI.

     

    La Nupes n’a jamais cessé de vaciller sous le poids des querelles internes depuis que l’accord électoral a été scellé en mai 2022.

    Mais, mercredi 20 septembre, le Rubicon a été franchi en matière d’injures et de calomnies entre partenaires de gauche.

    « Il y a du Doriot dans Roussel », a osé écrire la députée de la France insoumise Sophia Chikirou dans une Story publique sur Facebook.

     

    Comparaison abjecte entre le secrétaire national du PCF et le collaborationniste Jacques Doriot, passé du communisme au fascisme après 1936.

    Le commentaire de l’élue FI de Paris accompagne une publication de l’Œil gauche, un compte qui se décrit comme « une revue de presse politique sarcastique » et qui accuse Fabien Roussel de viser « l’électorat de Le Pen-Zemmour ».

    Condamnant des propos « d’une extrême gravité », « véritable appel à la haine et à la violence contre Fabien Roussel », le PCF a exigé, dans un communiqué de presse, la suppression de la publication et des excuses de la part de la députée ainsi que de la FI.

    « C’est l’ensemble de la famille communiste et sa mémoire que cette députée salit », ajoute André Chassaigne, président du groupe GDR, dans un autre communiqué publié au nom des députés communistes.

    Quelques heures après le communiqué du PCF, c’est la récidive…Cette fois de Jean-Luc Mélenchon

    Le coordinateur de la FI, Manuel Bompard, n’a pas donné suite à ces demandes.

    Las, quelques heures après le communiqué du PCF, c’est la récidive.

    Signée cette fois Jean-Luc Mélenchon, qui partage à son tour le message de Sophia Chikirou.

    L’injure s’inscrit dans un contexte incandescent de montée des tensions entre communistes et insoumis autour de la ligne Roussel, perçue par la FI comme anti-Nupes.

     

    Des premières fractures étaient apparues entre PCF et mélenchonistes durant la réforme des retraites, sur l’attitude « bordélisatrice » de la FI, à adopter ou non dans l’Hémicycle.

    Puis lors des violences urbaines consécutives à la mort de Nahel, tué par la police à Nanterre.

     

    Le 8 juillet, Fabien Roussel avait accusé la FI, du fait de son « refus d’appeler au calme », de ne plus « représenter la gauche qui ne cède rien aux valeurs de notre République ».

    Dans une note de blog datée du 15 juillet, Jean-Luc Mélenchon avait alors évoqué Jacques Doriot, ainsi que Marcel Déat (socialiste passé dans le camp de la collaboration) pour tacler le PCF et le PS, coupables à ses yeux d’être « équivoques » dans leur condamnation des violences policières et de la xénophobie subie par les habitants des quartiers populaires.

     

    S’ajoutent à cela les tensions autour des élections européennes de juin 2024, où la FI ne démord pas de l’idée d’une liste unique, et des sénatoriales, où les insoumis se sont retrouvés mis à l’écart du reste de la gauche.

    Mais de là à s’envoyer des accusations de nazisme entre partenaires, il y a un cap, gravissime, de franchi.

     

    « Le gouvernement doit sortir le pop-corn en nous voyant nous taper dessus »

    À l’Assemblée nationale, écologistes et socialistes restent sidérés.

    Les présidents de groupe PS et EELV condamnent unanimement les propos de Sophia Chikirou et l’attitude de Jean-Luc Mélenchon, tout comme les chefs des deux partis, Olivier Faure et Marine Tondelier.

    Le spectre d’un éclatement de la Nupes plane.

    « Halte au feu ! », « Stop, stop, stop », « le débat ce n’est pas le pugilat », écrivent-ils.

    « C’est désespérant, c’est la pire image que la gauche puisse donner en cette rentrée. Une partie de la FI veut faire exploser la Nupes, ne leur faisons pas ce cadeau », alerte le socialiste Philippe Brun.

     

    « Le gouvernement doit sortir le pop-corn en nous voyant nous taper dessus », abonde l’écologiste Cyrielle Chatelain, tout aussi dépitée.

    Depuis l’été, s’est instaurée entre nous une guerre de la petite phrase. Là, on tombe dans l’attaque interpersonnelle et la décrédibilisation des autres partis… »

    L’élue Génération.s, Sophie Taillé-Polian, ajoute : « Si on travaille ensemble, c’est qu’il y a une communauté et qu’on combat tous le fascisme. »

     

    « Dire de Roussel qu’il est hitlériste, ça relativise la collaboration et le nazisme. C’est du confusionnisme historique. Ça fait reculer la politique, ça nous désarme face à l’extrême droite. C’est une erreur politique et historique grossière », tranche Raquel Garrido, députée FI en rupture nette avec la ligne Mélenchon.

     

    Mais d’autres élus refusent de condamner les propos du patron insoumis :

    « Pour moi, ça ne renvoie pas à la collaboration, mais au doriotisme de 1934-1939, tente de nuancer un mélenchoniste. C’est-à-dire au fait de reprendre les mots de l’extrême droite pour les retourner contre ses alliés de gauche. C’est ce que fait Roussel quand il se moque des écologistes qui mangent des graines ou ironise sur les catastrophes écologiques et la viande. Au moins, en 1932, Doriot défendait les travailleurs étrangers. »

    Sacrée acrobatie pour éviter d’avoir à se distancier des propos des dirigeants insoumis, jusqu’à tenter de déconnecter Doriot de la collaboration et du nazisme, en plus de mentir concernant la position de Fabien Roussel sur les travailleurs étrangers…

     

    L’extrême droite, elle, se frotte les mains

    Plus embarrassé, un autre député FI botte en touche : « Je ne l’aurais pas dit comme ça, mais Fabien Roussel s’est engagé sur une pente, comme Manuel Valls… »

    « C’est une connerie, ça ne fait rien avancer, pas même le débat stratégique, grince toutefois un troisième parlementaire, pourtant lui aussi proche de la ligne Mélenchon.

    Sophia a voulu faire de la provoc’ pour consommer la rupture avec Roussel, qui veut être candidat en 2027. On aurait pu juste prendre acte qu’il sort de lui-même de la Nupes en disant ça.

    Ce genre de propos fait que les communistes se replient dans leur carapace pour protéger leur chef. C’est normal, on aurait fait pareil. »

     

     

    De quoi enterrer la Nupes ?

    « Au contraire, répond Fabien Roussel sur Franceinfo.

    Je pense que c’est l’occasion pour nous, peut-être pour toutes les forces de gauche et de progrès, de rappeler quelles sont les règles de l’union et du rassemblement. Et ces règles, c’est d’abord de se respecter ».

     

    « Je ne les aime pas », avait lancé Jean-Luc Mélenchon le 18 septembre au sujet de ses partenaires de la Nupes, avant de défendre l’union car elle est « nécessaire ».

    Drôle de façon de la prôner, quand on colle une croix gammée sur la tête de l’un d’entre eux.

    De tels anathèmes ne peuvent, à la fin des comptes, que salir l’ensemble de la gauche et décevoir les électeurs qui espèrent une alternative au refrain insupportable d’un troisième duel Macronie-RN.

    L’extrême droite, elle, se frotte les mains. Hier paria, aujourd’hui dédiabolisé, le camp nationaliste a tout le loisir de marteler que l’outrance est désormais du côté de la gauche.

    Surtout si celle-ci ne fait rien pour la démentir.


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  • Sophie Binet :

    « Pour le capital, la démocratie est un problème »

     

    La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, était l’invitée, samedi, de l’Agora de l’Humanité.

    La dirigeante estime que les syndicats ont « semé des graines », alors que la centrale cégétiste a réalisé 40 000 nouvelles adhésions.

     

    L'Humanité 18 septembre 2023 >>>>> Naïm Sakhi Sébastien Crépel

     

     

    La foule des grands jours pour Sophie Binet.

    Samedi, en début d’après-midi, la secrétaire générale de la CGT avait carte blanche à l’Agora de l’Humanité.

    Alors que la rentrée prend à la gorge une majorité de salariés et de familles qui n’arrivent plus à faire face à la cherté de la vie, la dirigeante cégétiste a avancé des propositions alternatives.

    Avec pour ligne de mire la mobilisation du 13 octobre pour les salaires et contre l’austérité, elle a aussi indiqué de nouveaux enjeux où se cristallise l’affrontement de classe.

     

    Vous avez été élue en mars au congrès de Clermont-Ferrand, votre profil se différencie de ceux de vos prédécesseurs : vous êtes une femme, cadre, qui n’a pas fait ses armes au PCF. Que signifie votre élection à la tête de la CGT ?

    La CGT est souvent caricaturée, mais les femmes ont toujours été présentes dans nos rangs. Notre congrès fondateur de 1895 a été présidé par une femme, Marie Saderne, une corsetière, à la tête d’une grève de quatre-vingt-dix jours. Le fait d’avoir une femme secrétaire générale n’est pas arrivé naturellement, mais concrétise l’aboutissement des combats féministes pour mettre des femmes à tous les postes de responsabilité dans la CGT.

    Nous avons passé une étape importante, mais je ne dois pas être l’arbre qui cache la forêt : amplifions notre développement féministe et la syndicalisation des femmes.

     

    L’année 2023 restera comme celle des grèves et manifestations intersyndicales contre la réforme des retraites. Que retenez-vous de cette lutte ?

    Nous avons écrit, ensemble, une page de l’histoire sociale. Soyons fiers de ce que nous avons réalisé. Au regard du rapport de force, dans les autres pays européens qui ne sont pas sous le régime de la Ve République nous aurions gagné.

    Nous sommes à un point de bascule : pour le capital, la démocratie est un problème, alors que les populations sont de plus en plus lucides et refusent les réformes libérales.

    Cela va de pair avec l’autoritarisme patronal dans les entreprises. Les banlieues ont été matées à coups de comparution immédiate. Oui, les vols et saccages sont inacceptables, mais ce sont des enfants. C’est une victoire à la Pyrrhus pour Macron.

    Il n’a pas de majorité à l’Assemblée. Il ne peut pas inaugurer le Mondial de rugby sans se faire huer par 80 000 supporteurs. Et le match est ouvert au sein même de son gouvernement pour sa succession. Le pouvoir est affaibli par ce passage en force.

     

    Peut-on parler d’un tournant dans l’histoire du mouvement syndical, en dépit de l’application du texte ? La CGT en sort-elle renforcée ?

    Nous avons semé des graines. Les organisations syndicales sont revenues au centre du jeu. La CGT compte 40 000 nouvelles adhésions. C’est plus de 100 000 pour l’ensemble des centrales syndicales. Nous avons gagné la bataille de l’opinion. Mais cela n’a pas suffi. Nous devons gagner la bataille de la grève.

    Elle ne se décrète pas, mais se construit. La CGT a réussi des grèves reconductibles, notamment dans l’énergie, les transports, le traitement des déchets, etc. Dans certains secteurs, la CGT est implantée, forte de ses nombreuses adhésions. Pour inverser le rapport de force, nous devons faire reculer les déserts syndicaux : 40 % des salariés du privé n’ont pas de syndicats dans leurs entreprises.

    « Avec le 13 octobre, nous donnons ensemble le cap : mobilisons-nous pour les salaires. »

    Le droit de grève y est théorique ; il n’y a pas d’action collective. Comme en 1936, en 1945, en 1968, enclenchons un grand mouvement de syndicalisation. Les conquêtes sociales ont été obtenues lorsque les organisations syndicales, et singulièrement la CGT, étaient au plus fort de leurs effectifs. L’unité syndicale est un grand acquis de ce mouvement, mais elle ne gomme pas les différences.

    La CGT et la CFDT sont deux grandes centrales et nous pouvons débattre des jours durant de nos désaccords. Mais l’unité syndicale donne le cap et permet de rassembler largement le monde du travail. En face, la stratégie du capital est d’abord la répression, mais aussi la multiplication des débats identitaires pour empêcher la classe du travail de s’organiser. Avec le 13 octobre, nous donnons ensemble le cap : mobilisons-nous pour les salaires.

     

    De nombreux cégétistes sont inquiétés pour leurs actions de grève. Le secrétaire général de la fédération des mines et énergie CGT, Sébastien Menesplier, a été convoqué par la gendarmerie. Peut-on parler de menaces sur les libertés syndicales en France ?

    Je tire un signal d’alarme démocratique, non seulement sur les libertés syndicales, mais sur les libertés en général. On croit rêver quand le ministre de l’Intérieur ambitionne de ne plus subventionner la Ligue des droits de l’homme ou qualifie les lanceurs d’alerte environnementaux d’écoterroristes.

    Sébastien Menesplier a été convoqué parce qu’il est le secrétaire général de la fédération fer de lance de la mobilisation contre la réforme des retraites. Nous sommes dans un ruissellement de la répression : taper sur les directions syndicales pour envoyer un message aux chefs d’entreprise afin d’encourager les licenciements dans les entreprises. Si l’extrême droite arrive au pouvoir, elle aura tous les outils constitutionnels et législatifs pour mettre à bas les conquis sociaux.

     

    Une question de méthode : faut-il discuter avec le gouvernement ?

    La CGT ne discute pas avec l’exécutif ou les patrons. La CGT négocie, sur la base d’un rapport de force et sur nos revendications. Grâce à l’unité syndicale, cette méthode est retenue par les autres organisations syndicales. Le patronat change un peu de ton. Et le gouvernement a découvert un nouveau mot : les salaires. Pourtant, il ne voulait pas d’une conférence sociale sur les salaires.

    Les patrons ne supportent pas que le législatif dicte les hausses de salaire et déplorent même l’existence d’un Smic fixé par l’exécutif. La boucle prix-salaire n’existe pas, contrairement à la boucle prix-profit. La conditionnalité des aides publiques, 200 milliards chaque année, soit le tiers du budget de l’État, est une nécessité. Tout comme l’égalité femmes-hommes. La force du capitalisme est de récupérer des dynamiques dans la société à son avantage.

    C’est le cas de l’index inégalité salariale. Il occulte les inégalités entre les femmes et les hommes et, avec des biais grossiers, permet à 95 % des entreprises d’avoir une bonne note. La CGT lie la lutte entre les rapports de domination du capital et celle contre le patriarcat.

     

    Six saisonniers sont morts ces derniers jours durant les vendanges. Le patronat se plaint d’un problème de recrutement. Mais le problème n’est-il pas celui des conditions sociales et des salaires ?

    D’abord, relativisons le problème du recrutement : 5 millions de personnes sont toujours privées d’emploi. Les métiers concernés sont ceux les moins bien payés avec les conditions sociales les plus difficiles. Dans ces secteurs, pour embaucher, il faut modifier les conditions de travail.

    Mais la solution du patronat est de couper dans les allocations-chômage et contraindre les gens à accepter ces métiers difficiles. Dans le dossier de l’assurance-chômage, les organisations syndicales sont pour la première fois unies. Toutes refusent la lettre de cadrage du gouvernement. Le patronat se nie en parlant du non-recours aux droits sociaux, alors que ce phénomène concerne une majorité de chômeurs.

     

    Dans les services publics, les besoins en personnel sont criants. Le discours de l’exécutif sur la réduction de la dette publique est-il audible ?

    Les services publics se trouvent à un stade critique de paupérisation, alors que le budget de l’armement n’a jamais été aussi élevé. Cet été, parmi les 400 décès supplémentaires en raison des fortes chaleurs, combien sont liés à la fermeture des services d’urgence ? 50 % des établissements scolaires manquent d’au moins un enseignant. Les métiers de la fonction publique ont un problème d’attractivité.

    Le recul des services publics s’accompagne d’une explosion du privé lucratif. Nous assistons à une offensive du privé contre la protection sociale. C’est le cas pour les retraites, mais aussi pour le secteur du soin et du lien, nouveau lieu d’affrontement avec le capital. Pas de subventions au privé lucratif ! Si l’on cherche des pistes économiques, elles sont de ce côté-là.

     

    Après un été caniculaire, la question environnementale ne doit-elle pas devenir prioritaire dans les modes de production ?

    La question environnementale est au cœur de l’affrontement de classe, comme à Sainte-Soline. L’eau est un nouveau lieu d’affrontement avec le capital. La chaleur tue des travailleurs en France, dans l’agriculture, dans le bâtiment, dans les métiers pénibles et d’extérieur. La CGT revendique l’interdiction du travail au-delà d’une certaine température. Nous devons évidemment rétablir les CHSCT.

    Pour répondre au défi environnemental, nous ne pouvons pas nous limiter à la culpabilisation des pratiques individuelles. Nous devons transformer en profondeur l’outil productif. Le cas de STMicroelectronics en est l’illustration. Emmanuel Macron a annoncé le doublement de la production des puces électroniques sur le site, comme l’exigeait la CGT. Mais leur fabrication demande énormément d’eau. Et les aides gouvernementales ne sont pas conditionnées à des critères environnementaux.

    La CGT formule une proposition : plutôt que d’utiliser de l’eau propre, recyclons la même eau pour éviter de consommer les ressources de la région. Mais cela coûte plus cher. À Thales, les camarades ont monté un projet d’imagerie médicale avec les technologies utilisées pour fabriquer des engins de guerre. Je pourrais multiplier les exemples. Mais, malheureusement, les militants CGT se retrouvent comme des passagers clandestins, sans pouvoir exposer leur projet. C’est pourquoi de nouveaux droits des salariés dans les entreprises sont à conquérir.


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  • Syndicat de la Magistrature

    [Communiqué de presse]

    Fête de l'Humanité :

    oui, nous y serons,

    comme d'habitude et dès aujourd'hui.

    À tout à l'heure pour débattre joyeusement !

     

    Twitter >>>>> Syndicat de la Magistrature


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  • Des magistrats à la Fête de l’Humanité ?

    La présidente du SM

    réagit aux attaques de l’extrême droite

    Les éditorialistes d’extrême droite ont trouvé dans la présence du Syndicat de la magistrature à la Fête de l’Humanité une nouvelle occasion de répandre dans l’opinion le mythe d’une justice laxiste.

     
     
    Derrière cette offensive, « il y a une sorte de petite musique anti-juges qui monte. Cela nourrit l’image d’une institution qui serait trop politisée et même gauchiste, et donc d’une justice partiale.
     
    C’est un thème dont les médias d’extrême droite sont très friands », constate Kim Reuflet, la présidente du Syndicat de la magistrature.

     

    Après Médine, les chiens de garde de l’empire Bolloré ont trouvé un nouvel os à ronger.

    Leur cible depuis le 12 septembre ?

    Le Syndicat de la magistrature (SM) et sa présence à la Fête de L’Humanité où, pour la première fois, l’organisation, qui y a déjà organisé plusieurs débats, tient ce week-end un stand, aux côtés du Syndicat des avocats de France (SAF).

    « Inadmissible », tempête sur le plateau de RMC la très droitière avocate et chroniqueuse Sarah Saldmann.

     

    À ses côtés, Antoine Diers, ancien directeur de stratégie de la campagne Zemmour, se dit « horrifié ».

    Ailleurs, c’est le magistrat Charles Prats, proche de la droite traditionnelle, qui s’insurge contre ce qu’il juge être le symbole d’un manque de neutralité de juges.

    « Ces critiques entretiennent la confusion entre l’office du juge et l’activité syndicale. On ne va pas rendre la justice à la Fête de l’Huma. On est un syndicat et on va y débattre avec les autres acteurs du mouvement social », rappelle Kim Reuflet, la présidente du SM.

     

    « Un déferlement de mails et de lettres d’insultes »

    Mais le mal est fait.

    Désormais l’organisation est confrontée « à un déferlement de mails et de lettres d’insultes ».

    « Les gens nous écrivent pour nous cracher leur haine », raconte-t-elle, ébranlée.

    Les attaques sont parties d’un tract diffusé par le syndicat Unité SGP police FO police le 10 septembre.

    « Le Syndicat de la magistrature délaisse les mauvaises conditions de travail des magistrats pour se concentrer sur son activité favorite : TAPER sur les policiers », proclame le tract qui commente le programme du SM à la Fête.

    Puis il conclut : « Stop à la politisation de la justice par le Syndicat de la magistrature. »

     

    Une sortie virulente qui étonne Kim Reuflet.

    « Nous ne sommes pas contre les policiers. Ils semblent ne pas accepter que nous nous intéressions aux pratiques judiciaires, mais c’est notre travail de syndicat. Quand on discute des violences policières, ce n’est pas contre la police, c’est pour évoquer le traitement judiciaire de ces affaires », rappelle la magistrate.

     

    Derrière cette offensive,

    « il y a une sorte de petite musique anti-juges qui monte. Cela nourrit l’image d’une institution qui serait trop politisée et même gauchiste, et donc d’une justice partiale. C’est un thème dont les médias d’extrême droite sont très friands », constate Kim Reuflet.

    Plus effrayant, ces attaques sont reprises par des titres de droite comme le Figaro ou le Point, et relayées par des députés LR ou Renaissance.

    Sur CNews, la macroniste Violette Spillebout s’est ainsi désolée d’un « signe de politisation, alors que les Français ne font plus confiance en leur justice ».

     

    Cette vision d’une institution qui, au nom d’idéaux de gauche, serait trop laxiste avec les délinquants, ne repose pourtant sur aucun élément tangible.

    Dans une enquête publiée en 2021, le Monde rappelait que, concernant les délits, « le nombre de condamnations à de la prison ferme a doublé en vingt ans et que, si le nombre de condamnés pour crimes aux assises est stable, la tendance est à l’allongement significatif des peines »

    Une réalité que l’extrême droite préfère taire pour surfer sur des mensonges et essayer d’affaiblir un des piliers des libertés individuelles et collectives.


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