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Par Ensemble29 le 25 Juillet 2020 à 10:04
Ensemble Isère !
Métropole de Grenoble :
élection du PS Christophe Ferrari avec les voix de LREM et la droite
Comme vous le savez sans doute, l'ancien président de la Métropole grenobloise, C. Ferrari a été élu grâce aux voix de LREM et de la droite, qui furent décisive pour remporter l'élection face à Y. Mongaburu, qui était candidat pour les groupes UMA (une métropole d'avance, essentiellement EE-LV et FI) et CCC (Communes, coopération, citoyenneté).
Dans cette élection, le groupe NMC (notre métropole commune, grosso-modo les petites communes) a joué un rôle très important.
C. Ferrari s'est appuyé sur la questions des rapports entre la ville centre et les autres communes. De fait, les débats au sein de l'élection métropolitaine n'ont quasiment pas porté sur les contenus politiques mais sur la question des équilibres entre la ville centre et les autres communes. Cela pose question.
Cette élection a rebours du résultat des municipales a pu se faire parce que La représentation au sein de la Métropole est anti-démocratique. Cela étant dit, cela ne dit pas ce qu'il faudrait faire dans l'idéal : une représentation des habitants ? Des communes ? Un mixte ? Cela supposerait un débat sur ce qu'est une métropole, qui est une réalité institutionnelle qui résulte d'une organisation concrète des territoires qui précède la loi. Dans la région grenobloise, la métropolisation a démarré dès le début des années 80, et aujourd'hui il y a les prémisses d'une grande région grenobloise. Je pense que c'est un débat utile à mener.
Dans l'immédiat, et pour tenir compte de la réalité actuelle, Ensemble! Isère a fait ce communiqué ci-joint qui proteste contre l'élection de C. Ferrari avec la droite et LREM, mais en même temps sort des questions de personne et propose une solution permettant de sortir de la crise, avec une autre candidature qui réponde aux craintes exprimées sur le rapport entre la ville centre et les autres communes, mais aussi, et c'est très important, qui porte des contenus correspondant à la volonté politique issue des élections municipales.
Vous trouverez ci-dessous un article de Place Gre'Net (média en ligne local) qui donne un aperçu des débats.
https://www.placegrenet.fr/2020/07/24/democratie-debat-reelection-christophe-ferrari/306425
Métropole de Grenoble : la démocratie au cœur du débat sur la réélection de Christophe Ferrari sep article FOCUS – La réélection de Christophe Ferrari à la tête de la Métropole continue d’agiter les passions. Le groupe de Yann Mongaburu, Une Métropole d’Avance (UMA), a officiellement réagi ce jeudi 23 juillet. Soutenu par La France Insoumise et EELV, il réclame ni plus ni moins la démission du président réélu. A contrario, Emilie Chalas (LREM), le Parti radical de gauche, ainsi que Grenoble nouvel air, lui ont apporté son soutien. Analyse au prisme de la démocratie de ce scrutin controversé.
Source : article La démocratie au cœur du débat sur la réélection de Christophe Ferrari | - Place Gre'net
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Par Ensemble29 le 23 Juillet 2020 à 09:07
Europe - Analyse
Pierre Khalfa - 23 juillet 2020
Une réflexion rapide sur l’accord conclu au niveau européen sur lequel il est difficile de porter un jugement péremptoire.D’une part, il s’agit d’une vraie rupture dans le mode de fonctionnement de l’UE, mais d’autre part cette rupture est partielle, chaotique et son résultat dépendra essentiellement, non pas du texte - les textes européens sont violés régulièrement par leurs signataires - mais des rapports de forces entre les États, de l’ampleur de la gravité de la crise économique, du rebond de la crise sanitaire, etc.
C’est une vraie rupturecar pour la première fois ont été actés
le fait d’avoir un budget européen en déficit,
ce qui est contraire aux traités,
le fait que l’UE en tant que telle emprunte sur les marchés financiers,
donc à un taux préférentiel qui aujourd’hui devrait être proche de zéro,
et répartisse ensuite cet argent entre les États,
le fait qu’une partie importante de cet argent sera donné aux États sous forme de subventions.
Tout cela signifie que l’idée de solidarité européenne entre les États membres commence à prendre forme, solidarité qui était totalement refusée jusqu’à présent.
Mais reste évidemment nombre de problèmes.D’abord, la faiblesse de la somme qui ne suffira évidemment pas, non seulement à financer la transition écologique, mais même à sortir de la crise actuelle.
Ceci étant dit, rien ne dit qu’il n’y aura pas dans le futur de nouvelles procédures de ce type avec des montants plus importants.
Pour rappel, l’impôt sur le revenu fut introduit en France en 1914 avant la guerre avec un taux marginal ridiculement faible, la bourgeoisie française y étant farouchement opposée.
La déclaration de guerre a tout changé et le taux a rapidement grimpé à des hauteurs confiscatoires.
Dans ce genre d’exercice, c’est toujours le premier pas qui est le plus difficile...
Ensuite comment cette somme sera-t-elle remboursée ?Il y a certes le temps pour répondre à cette question, puisqu’elle ne se posera que dans plusieurs années suivant la maturité des emprunts.
Il y a plusieurs solutions.
Tout d’abord ne pas la rembourser,
soit parce que l’UE fera rouler sa dette (à l’échéance, elle emprunte de nouveau et ainsi de suite),
soit parce que la BCE peut racheter cette dette sur le marché secondaire et l’annuler.
Si elle doit être remboursée, on peut créer de nouveaux instruments fiscaux à l’échelle européenne (c’est ce qu’envisageait Charles Michels dans une itw).
Mais tout cela va entraîner des conflits majeurs.
Ce qui est sûr, c’est que les États n’auront pas à rembourser les subventions, mais il y aura probablement une grosse bataille sur le remboursement de l’emprunt qu’ils auront demandé.
Dernier et plus gros problème, le contrôle de l’utilisation de cet argent.On ne peut être par principe opposé à tout contrôle.
Il est juste politiquement de vérifier où va cet argent.
Tout le problème va être les critères sur lequel ce contrôle va s’effectuer.
Le risque est de voir revenir par la fenêtre les politiques d’ajustement structurel avec les procédures bureaucratiques dont l’UE a le secret et une politique d’obstruction des pays « frugaux ».
Nouvelle bataille en perspective.`
Donc cet accord n’est pas la fin de l’histoire, mais le début d’une nouvelle phase.
Enfin, le lien avec les marché financiers n’est pas coupé, bien au contraire.Que ce soit la BCE ou maintenant la Commission, tout passe par l’intermédiaire des marchés financiers.
Dernière remarque, ces négociations ont montré une fois de plus l’inanité de l’idée d’Europe Allemande.
Pierre Khalfa
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Par Ensemble29 le 17 Juillet 2020 à 15:59
Ensemble Normandie !
Clinique Océane :
manuel à l'usage des grands patrons
Ensemble Gilles Haudouin >>>>>
Clinique Océane : un lock-out déguisé pour briser une grève !
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Par Ensemble29 le 10 Juillet 2020 à 09:16
A propos de l’unité, du rassemblement,
des candidatures présidentielles,
du contenu et du « périmètre ».
Contribution aux débats en cours
A tort ou à raison, je crois qu'il y a parfois une ambiguïté dans les échanges que nous avons aussi bien au sein d'Ensemble que, au-delà, au sein la gauche antilibérale, à propos du rassemblement, de l'unité, des candidatures présidentielles.
Je crains, en particulier, que l'on passe subrepticement de l'objectif (louable) du rassemblement de la gauche antilibérale et de l'écologie à celui d'une candidature 2022 unique de la gauche (libérale et antilibérale) et de l'écologie.
D'où la contribution suivante (qui reprend au passage quelques développements déjà publiés dans divers courriels).
Bonne lecture
Cordialement
FC
A propos de l’unité, du rassemblement,
des candidatures présidentielles,
du contenu et du « périmètre ».
De nombreux éléments (me) poussent à revenir sur l’articulation et/ou la contradiction qui existe entre construction du rassemblement et perspectives électorales (présidentielles).
Ainsi en va-t-il du résultat des élections municipales, de leurs interprétations - notamment la projection faite un peu rapidement sur les stratégies unitaires gagnantes aux municipales et à la Présidentielle - , de divers sondages - dont celui, beaucoup commenté, d’Ifop Fiducial de juin 2020 – ainsi que des multiples échanges récents au sein d’Ensemble Insoumis comme d’Ensemble, sur les différentes listes comme en assemblée(s) virtuelle(s) Zoom et, plus généralement, des différents débats de perspective qui émergent à gauche.
Dans un premier temps, en réaction à différentes contributions préparatoires à la réunion de « Ensemble Insoumis », j’avais voulu indiquer non pas – j’espère qu’il n’y avait pas d’ambiguïté sur ce point - qu’il fallait envisager le rassemblement au prisme de 2022, ce qui serait évidemment le plus court chemin vers l’échec.
Mais, au contraire ou à l’inverse (si l’on préfère), que des avancées (voire un véritable succès) en matière de rassemblement[1] – ce qu’il faut naturellement construire et prioriser - ne résoudraient absolument pas la question de la candidature 2022.
Or il s’agit là d’une échéance qu’un club de réflexions peut tout à fait « sauter », mais qu’une organisation politique militante ne pourra pas éluder, même si elle pense que ce n’est pas l’essentiel.
L’essentiel qui serait, au choix, les revendications (transitoires), le projet de société, la dynamique du rassemblement ou encore l’émergence d’un nouveau mouvement politique.
N’empêche qu’il y a peu de chances pour que nous échappions – pas plus, d’ailleurs, que quiconque - à l’élection présidentielle…
Mieux vaudrait donc essayer de définir une méthode qui permette - à la fois mais de manière déconnectée -d’avancer sur la voie (escarpée) du rassemblement ET d’essayer d’être partie prenante, malgré tout, de la campagne présidentielle de 2022.
Mais, à l’évidence, la question du rassemblement de la gauche antilibérale n’est qu’une partie du débat qui nous traverse.
Je pense notamment à la signature de l’appel des « 150 personnalités proches de la gauche et de l’écologie » par certains militants d’Ensemble et d’Ensemble Insoumis ainsi, d’ailleurs, que par des militants et militantes du mouvement social appartenant sans l’ombre d’un doute à notre culture radicale.
Je pense aussi, naturellement, aux leçons des élections municipales, en termes d’unité de la gauche et des écologistes.
Leçons tirées de façon partielle et, à mon avis, un peu rapidement.
Si j’ai bien compris, la démarche proposée consisterait à construire le rassemblement autour d’une confrontation programmatique de façon à ce que le socle soit « le plus à gauche possible »[2] …
mais avec l’objectif proclamé d’une candidature unitaire (unique ?) à gauche afin d’éviter un nouveau « désastre », dont la version la plus probable serait la réédition d’un second tour Le Pen - Macron.
Dans cette approche, la gauche en question inclut « naturellement » le Parti socialiste et EELV.
Même si, je le crois, la plupart de nos camarades tentés par cette démarche souhaiteraient que le/la candidat/e unique soit plutôt de la gauche antilibérale que de la gauche social-libérale…
N’empêche que je crains que l’on passe subrepticement de l’unité de la gauche antilibérale à… l’union de la gauche (et des écologistes).
Autant le dire franchement, cela ne me paraît PAS une bonne idée.
Aboutir à une candidature unique de la gauche radicale - ou de la gauche antilibérale, si l’on préfère - me paraît extrêmement difficile et probablement hors de portée, pour toute une série de raisons sur lesquelles je reviendrais éventuellement.
Mais, oui, ce serait une issue souhaitable et, donc, un objectif tout à fait légitime.
Par contre, avoir un candidat unique de la gauche et, donc, si l’on ne joue pas sur les mots, un candidat commun à la gauche libérale et à la gauche antilibérale ne me paraît ni possible ni, surtout, souhaitable.
C’est, pour moi, un remède erroné répondant sans doute à un diagnostic erroné.
Cette fausse solution est en effet essentiellement présentée comme la seule manière pour que la gauche soit au second tour, ce qui est naturellement une condition nécessaire[3] pour qu’elle ait éventuellement une chance de l’emporter.
Cette analyse repose en fait sur deux présupposés assez proches mais, pour le moins, discutables.
Le premier présupposé est que si la gauche ne parvient pas à se qualifier, c’est parce qu’elle serait divisée.
Le second présupposé est que si elle n’était pas divisée, alors son candidat unique pourrait se qualifier (plus) facilement.
A vrai dire, ni l’un ni l’autre de ces présupposés qui semblent l’expression du bon sens ne me semblent véritablement fondés.
Ils sont a minima, extrêmement fragiles et discutables.
Dans le passé, il est déjà arrivé à la gauche – à ce stade, je ne discute pas quelle gauche, réformiste ou radicale, d’accompagnement ou de transformation, social-libérale ou antilibérale – de gagner l’élection présidentielle.
Cela a été le cas en 1981, en 1988 et en 2012.
C’est-à-dire, au final, un nombre de fois suffisamment limité pour que l’on se souvienne encore des circonstances de ces scrutins !
La vérité historique oblige à constater qu’alors la « gauche » avait plusieurs candidats, qu’elle était loin d’être unie et même que ses divisions étaient nettement plus exacerbées qu’aujourd’hui.
Il n’existe donc aucune automaticité entre désunion et défaite ou, à l’inverse, entre union et victoire.
Naturellement, dans cette réflexion, on ne peut pas passer à la trappe le traumatisme qu’a représenté en son temps le 21 avril 2002 qui vit l’élimination de Jospin.
Même si, depuis, l’absence de la gauche au second tour s’est beaucoup banalisée !
Mais, précisément, nous avons toujours refusé la fausse « explication » donnée par le Parti socialiste qui voudrait que ce soit la division de la gauche et la multiplication des candidatures qui soient responsables de cette élimination.
La défaite de Jospin n’a pas été causée par le fait que des électeurs de gauche ont voté pour Taubira, Mamère, Chevènement, Hue, Laguiller, Gluckstein ou encore Besancenot[4].
Valider cette « explication » de l’échec par la division est la voie de la facilité et ne permet pas de comprendre l’ampleur des problèmes.
Non, la cause de l’échec de Jospin – je m’excuse de cette lapalissade - c’est le fait qu’une partie significative des électeurs traditionnels de la gauche … n’ont pas voté pour lui !
Ce qui a sans doute un rapport avec son bilan et à sa politique, non ?
Deuxième présupposé : une candidature unique permettrait de passer l’obstacle du premier tour.
Sous-entendu : elle serait en mesure de bénéficier de la somme des suffrages qui se seraient éparpillés sur divers candidats de gauche dans le cas de candidatures multiples.
Au-delà même des conséquences de ce raisonnement sur le contenu de l’unité – on y reviendra - c’est là une supposition très discutable, en tout cas non démontrée.
En effet, rien ne permet d’affirmer sur le mode de l’évidence que, par exemple, en l’absence d’un candidat proche de la gauche « radicale », les électeurs et électrices qui auraient voté pour lui voteraient automatiquement pour le candidat de la gauche social-libérale (ou de l’écologie libérale), au premier tour.
De même penser qu’en cas d’absence d’un candidat représentatif de leur culture politique les électeurs et les électrices « modérées » qui se reconnaissent dans la doxa social-libérale se précipiteraient pour assurer la qualification d’un candidat estampillé antilibéral ou « gauche radicale » relève en grande partie de la pensée magique.
Sans doute, dans un cas comme dans l’autre, certains électeurs et certaines électrices ne disposant pas du candidat de leur « sensibilité » se résigneraient, au nom du moindre mal, à porter leur suffrage sur le candidat unique.
Mais dans quelles proportions ?
Suffisamment pour qu’il se qualifie ?
Rien n’est moins sûr…
Front unique, front politique et social, front populaire, unité populaire, alliance de classe, rassemblement populaire, unité à gauche ou unité de la gauche : la formulation utilisée dépend beaucoup de la culture politique des uns, des unes et des autres.
Mais, au-delà des mots qui renvoient à des références historiques multiples, nous n’aurons aucun mal à convenir des inconvénients, pour notre camp de la division, si souvent au rendez-vous de son histoire.
Et, à l’inverse, nous pouvons également nous mettre d’accord sur le fait que, en règle générale, une dynamique mobilisatrice accompagne l’unité.
Mais l’on ne peut écarter d’un revers de main - ou disqualifier comme gauchiste et sectaire - la question du contenu de l’unité et de la « qualité » des partenaires éventuels de l’unité[5].
Naturellement, elle peut – cela s’est déjà vu dans le passé – servir de pur prétexte au refus de l’unité.
Mais c’est quand même, comme on dit maintenant, un vrai sujet.
Je vois bien que la volonté ou la nécessité de « croire » pousse de nombreux camarades à penser que le déclin voire la faillite du Parti socialiste ont supprimé la préoccupation autrefois majeure d’une indispensable indépendance vis-à-vis du social-libéralisme et de l’organisation qui l’incarnait.
Je pense que cet acte de foi mérite d’être nuancé.
On peut prendre acte du fait que, après les différentes péripéties de la fin du quinquennat Hollande et le naufrage électoral du PS, la question du rapport au PS ne se pose pas dans les mêmes termes que lors des décennies précédentes.
Mais cela ne signifie pas que le problème n’existe plus.
Pour au moins deux raisons.
La première concerne le Parti socialiste lui-même :
le début de son déclin remonte à loin, sans doute la fin du deuxième septennat de François Mitterrand.
Mais il a néanmoins été capable de l’emporter aux élections législatives de 1997 et lors de l’élection présidentielle de 2012.
Ensuite, à partir de la présidence de François Hollande, il a connu une série impressionnante de revers électoraux se traduisant par la perte (en quelques années) de l’essentiel de ses positions institutionnelles.
La trahison[6] qu’a représenté le passage d’un nombre significatif de grands élus socialistes chez Macron a également contribué à l’affaiblir.
De ce point de vue, les élections municipales qui viennent de se dérouler n’ont en rien inversé la tendance :
elles ont confirmé que c’est aujourd’hui EELV qui a conquis le leadership de la gauche (ou, plus précisément, de ce qu’il en reste).
Pour autant, ces élections n’ont pas signé la mort ou la disparition du PS qui conserve un certain appareil municipal, même si ce dernier est en voie de rétractation.
En même temps – c’est un autre élément d’appréciation du rapport de force entre sociaux-libéraux et antilibéraux – cet affaiblissement du PS ne s’est pas fait au profit de la gauche radicale et/ou antilibérale, contrairement à ce qu’avait pu laisser espérer le résultat du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 …
Des camarades pensent cependant que l’on peut passer des accords avec le PS, au vu du rapport de forces actuel entre antilibéraux et PS :
du fait de son affaiblissement, la participation des socialistes à une alliance électorale ne serait finalement pas plus importante que ne l’était celle des Radicaux de Gauche dans les années 70, au moment de l’Union de la Gauche et du Programme commun.
C’est, me semble-t-il, oublier un peu vite que le centre de gravité (programmatique) d’un accord politique et (encore plus) électoral - n’est pas déterminé uniquement par le rapport de force numérique entre les divers partenaires à l’instant T.
En règle générale, l’accord ne se fait pas seulement sur la base des positions du plus « gros »… mais aussi (voire surtout) en tenant compte de celles du plus « modéré », du « plus à droite » dont il ne faut pas « effrayer » l’électorat.
Or cette mécanique assez imparable au niveau des appareils politiques peut également, ainsi que Samy l’a déjà évoqué à plusieurs reprises, fort bien entrer en résonance avec le « modérantisme » de l’électorat de gauche[7], tout prêt à mettre en sourdine la radicalité de ses aspirations pourvu qu’on lui promette enfin une victoire électorale après tant de défaites.
On peut, naturellement, penser que cela n’est pas grave, que la « dynamique de l’union » fera le reste et radicalisera son contenu de départ.
Ainsi, si l’on poursuit ce raisonnement, on peut toujours espérer qu’une bonne démarche unitaire avec un bon rassemblement sur le programme aboutirait bon an mal an et malgré quelques grincements de dents à une candidature unique de la gauche et des écologistes et que, pour peu que le programme soit assez radical, le candidat ou la candidate le serait aussi.
On peut l’espérer.
Mais disons que la seule expérience grandeur nature d’un peu d’ampleur que nous avons connue – l’Union de la Gauche autour du Programme commun, un accord précisément passé entre un Nouveau Parti socialiste à peine émergeant et un Parti communiste représentant alors entre 20 et 25% de l’électorat – ne valide pas une telle espérance !
La seconde raison est que l’affaiblissement (bien réel) du Parti socialiste, voire son effondrement (quand même à confirmer…) ne signifie pas la disparition des orientations social-libérales et de la culture politique que ce Parti a longtemps incarné autrefois.
Dans une très large mesure, EELV a repris le flambeau de la « gauche d’accompagnement » (par opposition à « gauche de transformation sociale »).
Le rapport – unité conflictuelle ou nécessaire indépendance ?– que la gauche radicale peut entretenir avec EELV présente certes des différences avec celui qu’elle pouvait entretenir avec le PS.
Mais aussi de larges similitudes…
J’entends bien que EELV est une réalité composite et, sans doute, contradictoire[8].
Il n’empêche qu’il s’en dégage quand même une tonalité politique dominante.
Pour moi, pas de problème : par son projet, ses références, sa stratégie, son rapport aux institutions et au mouvement social, EELV appartient sans aucun doute au « camp de la gauche ».
Mais ne (nous) racontons pas d’histoire !
Cette gauche n’est pas la nôtre.
Elle n’est pas la nôtre de par sa stratégie (institutionnelle).
Mais, après tout, on pourrait convenir qu’en matière de questions stratégiques le flou et la panne concernent aussi la gauche radicale…
Mais je crains qu’elle ne soit pas la nôtre non plus du point de vue du projet : l’écosocialisme n’est pas soluble dans le capitalisme vert ou même dans l’écologie de marché…
Ajoutons une remarque (acerbe, mais il y a de quoi) :
la manière dont d’éventuels partenaires pratiquent le fonctionnement collectif militant et leur ancrage dans la démocratie de masse ne constituent pas les facteurs premiers qui détermineraient le type de rapports que l’on peut entretenir avec eux ;
sinon il faudrait sans doute renoncer à presque toute politique unitaire !
Mais c’est quand même un élément à avoir à l’esprit.
De ce point de vue, il y a quand même quelques soucis.
Pour le dire « à la serpe » : le mouvement ouvrier traditionnel (syndicats et partis de gauche) a connu des processus de bureaucratisation et d’institutionnalisation ;
ce furent des processus inexorables mais lents, au long cours, sur près d’un siècle et demi.
Et, si l’on veut imager le propos, il aura fallu un siècle pour que ce qui fut autrefois le parti de Guesde et de Jaurès[9] devienne celui… de DSK et de Cahuzac.
Disons que les tenants de l’écologie politique - en France : les Verts, puis EELV - ont emprunté un parcours analogue en seulement quelques décennies, avec la course aux places et aux privilèges qui vont avec.
Et, aujourd’hui, la même obsession présidentielle dont on sait ce que furent ses effets mortifères à gauche.
Toujours pour imager : que de chemin parcouru entre le verre d’eau de René Dumont et …. les homards de François De Rugy !
En résumé, il faut prendre en compte la nouveauté et, en conséquence, ne pas automatiquement décalquer l’attitude à avoir vis-à-vis du parti écologiste de celle qu’il fallait avoir vis-à-vis du PS.
Mais, si l’on veut traiter la question des alliances ou des coalitions avec sérieux et prudence, il ne faut pas non plus tout noyer dans des discours creux sur l’unité et se poser en permanence la question de notre indépendance vis-à-vis de la gauche et de l’écologie « modérées » et de la confrontation avec elles.
Si je suis, on l’aura compris, extrêmement réservé sur les appels à l’unité peu exigeants sur le contenu, c’est aussi et même surtout parce que, à mon avis, ils manquent l’essentiel à savoir que le bloc « gauche + écologistes » est très nettement minoritaire.
Et ce bloc n’est pas minoritaire parce qu’il est divisé mais parce que, depuis plusieurs scrutins, une partie significative de son « électorat naturel[10] » – l’a abandonné.
Une partie de cet électorat naturel la moins défavorisée socialement a été récupérée par Macron et LREM, au moins pour ce qui est des scrutins de 2017.
Quant aux couches les plus ouvrières et populaires, si une fraction (significative mais minoritaire) a abandonné la gauche pour le Rassemblement national, ce sont surtout là que se recrutent en masse les abstentionnistes.
On peut constater le caractère minoritaire du bloc « gauche + écologistes » en regardant les élections nationales récentes ou encore les sondages, avec toutes précautions de rigueur dans ce dernier cas et en constatant quel est le niveau atteint par la gauche (et des écologistes) « tout compris », c’est-à-dire en additionnant les suffrages recueillis par l’ensemble de ses candidats et candidates.
Ce qui donne
27,67% lors de l’élection présidentielle de 2017 (en additionnant les suffrages recueillis par B. Hamon, N. Arthaud, P. Poutou et JL. Mélenchon) ;
31,73 % lors des élections européennes de 2019 (en additionnant les suffrages recueillis par les listes dirigées par B. Hamon, M. Aubry, R. Glucksmann, I. Brossat et Y. Jadot) ;
25,5% lors du sondage IFOP de juin 2020 (en additionnant les intentions de vote en faveur des potentiels différents candidats de gauche et écologistes pour l’élection présidentielle de 2022).
Le constat est donc sans appel :
la gauche, aujourd’hui, c’est entre un tiers et un quart des suffrages exprimés.
Et nous en connaissons la raison (ou, du moins, la raison principale) : la désaffection des couches populaires.
Désaffection dont la principale manifestation est leur abstention massive.
La question de fond qui nous est posée - à nous et à tous ceux et celles qui cherchent une issue à gauche ou dans l’espace de l’écologie politique - n’est donc pas d’abord de savoir au prix de quelles manœuvres plus ou moins rusées, plus ou moins naïves, plus ou moins discutables, on peut rassembler la gauche pour l'unifier... à son étiage actuel autour de 30%.
Mais... si l’on peut gagner !
Et, pour cela, il n'y a pas de raccourcis possibles : il faut reconquérir celles et ceux qui aujourd’hui s’abstiennent.
Sans, naturellement, perdre ceux qui votent toujours pour la gauche, dans ses sensibilités différentes, voire divergentes.
Il est tout à fait possible que cet objectif soit hors de portée.
Contrairement à l’adage bien connu, il arrive que l’humanité se pose des problèmes qu’elle ne peut pas résoudre.
D’ailleurs, à une échelle nettement plus modeste, la gauche radicale se pose essentiellement des problèmes qu’elle ne peut pas résoudre !
Mais ce n’est pas une raison pour les évacuer.
Ou pour proposer des solutions qui non seulement ne sont pas susceptibles de les résoudre mais ont toute chance de les aggraver.
Qui peut croire un instant que c’est en composant avec les dirigeants du PS au risque de les remettre en selle ou en donnant une caution de gauche aux écolo-libéraux que l’on va ramener à l’action politique ces millions d’électeurs des classes populaires qui ont perdu jusqu’au chemin des urnes ?
Et ce n’est pas parce que la gauche s’est divisée qu’ils font aujourd’hui défaut !
Mais parce que les courants majoritaires de cette gauche ont mené au gouvernement la politique qu’ils ont mené et sur laquelle, au fond, ils ne sont pas revenus … même dans l’opposition.
On peut – c’est mon cas – critiquer la manière dont, lors de sa fondation, le Nouveau Parti Anticapitaliste a prétendu « passer en force », faire abstraction des courants politiques réellement existant et lancer un mouvement politique sur la seule base des « anonymes » et des « héros du quotidien ».
On peut – c’est mon cas – critiquer la manière dont le Parti de Gauche, puis (en pire) la France Insoumise, ont prétendu « passer en force », faire abstraction des courants politiques réellement existant et lancer un mouvement politique qui vise, sans aucune médiation, à « fédérer le peuple ».
Et qui plus est, sur une orientation vraiment très discutable.
Et l’on ne peut pas passer aisément sur le fait que ces deux tentatives – à des échelles différentes – aient été, après quelques succès initiaux, des échecs.
De même que l’on peut tout à fait penser que la vision prêtée à Jean-Luc Mélenchon[11] à propos de sa propre candidature pour 2022 est purement et simplement une « illusion populiste, souvent funeste pour la gauche »[12].
On peut penser tout cela, mais ce que l’on ne peut pas faire - et qu’il ne faut donc pas faire – est d’occulter le problème principal : l’abstention des secteurs populaires et, en conséquence, la gauche à 30%.
Toute stratégie politique – et même toute stratégie électorale – qui ne part pas de là se condamne à chercher le meilleur centre de gravité possible pour une gauche confinée aux centres-villes et minoritaire[13].
Si, en plus, au refus de traiter la question des bases sociales et électorales de la gauche (ou à sa relativisation), l’on rajoute comme préoccupation principale le fait d’éviter un second tout Macron – Le Pen, alors on se situe de plus en plus sur le terrain de la mouvance social-libérale ou écolo-libérale.
Vraisemblablement en pure perte : cette gauche-là ne gagnera pas ; par contre on peut assister en plus à une disparition de la gauche radicale et/ou antilibérale[14].
En résumé, quitte à être à contre-courant :
je ne suis pas favorable à ce que nous nous fixions pour objectif d’aboutir à une candidature unique de la gauche et des écologistes, en espérant - sans vraiment de raisons rationnelles - qu’elle serait antilibérale.
Il me paraît nécessaire que face ( ?) à une candidature de la mouvance social-libérale / écolo-libérale, il y ait une candidature de la gauche radicale / antilibérale et que, précisément, elle soit en mesure de défendre sa légitimité, y compris contre les illusions unitaristes.
Et que, dans la mesure du possible, cette candidature antilibérale-là soit aussi unitaire que possible[15].
Ce qui est déjà un sacré défi !
FC
[1] De ce point de vue, je suis en accord avec tous les efforts faits autour de l’appel et du réseau Big Bang. Naturellement, tout ceci est modeste, mais c’est un cadre qui nous permet d’intervenir et non, seulement, de commenter ou de déplorer.
[2] Je n’ai évidemment aucun doute sur le fait que cela soit effectivement le but des camarades qui proposent cette démarche. Mais de nombreux doutes sur le fait que telle sera bien l’issue de cette démarche.
[3] Condition nécessaire mais, par ailleurs, pas suffisante…
[4] Afin d’éviter - on ne sait jamais ! - tout malentendu ou toute ambiguïté : je ne plaide pas automatiquement pour une floraison débridée de candidatures et pour un maximum de dispersion ! Simplement je réfute – comme nous l’avions fait en 2002 - l’idée que ce soit là la cause de l’échec de la gauche.
[5] J’emploie le terme « qualité » de préférence à « nature » afin d’éviter tout mauvais procès en « essentialisme ».
[6] Jusqu’à quel point, d’ailleurs, peut-on réellement parler de trahison ?
[7] Contrairement aux naïvetés unitaires, je crois qu’il faut prendre au sérieux ce que suggère Samy à propos de Bordeaux et de Marseille : le fait que Philipe Poutou se soit situé en concurrence – en tout cas, en extériorité – à la liste des écologistes et de la gauche ou que Jean-Luc Mélenchon ait été particulièrement discret vis-à-vis du Printemps marseillais n’ont pas forcément été des handicaps pour ces listes. Bien au contraire !
[8] Mais, toutes proportions gardées, au milieu des années 70, on aurait sans doute pu dire la même chose du Parti socialiste que rejoignaient alors beaucoup de militants, y compris soixante-huitards, qui voulaient vraiment « changer la vie ».
[9] Quelles que soient, bien sûr, les critiques que l’on peut formuler sur leurs orientations politiques respectives.
[10] J’emploie l’expression « électorat naturel » qui n’est pas forcément très scientifique, mais elle renvoie à l’idée que, à travers l’histoire des mobilisations politiques et sociales de ce pays, la gauche et/ou le mouvement ouvrier se sont construits comme l’expression des couches populaires et ont, dans une large mesure, conquis leurs suffrages.
[11] ‘Rassembler le peuple autour de sa candidature, avec l’illusion que les abstentionnistes (dont le vote est abusivement qualifié de « vote de classe ») le rejoindront parce qu’il sera « anti-système »’, selon RH, dans sa dernière contribution: « Mélenchon, une candidature utile ? »
[12] Idem.
[13] Je suis bien conscient que faire ce constat est largement insuffisant. Mais comme apparemment de nombreux camarades je n’ai aujourd’hui guère de solutions. Désolé.
[14] Comme cela a été le cas en Italie, ainsi que nous le rappelle douloureusement l’expérience de Refondation communiste.
[15] Sur le contour de cette candidature – et sur la question de la candidature Mélenchon – on a encore un peu de temps. Mais pas tellement, si l’on veut éviter de regarder passer les trains, comme en 2016-2017.
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Par Ensemble29 le 8 Juillet 2020 à 09:13
L’écologie doit devenir l'enjeu de luttes populaires
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Par Ensemble29 le 5 Juillet 2020 à 10:14
La révolution sociale et écologiste ne peut se passer du monde populaire et de la jeunesse
Clémentine Autain
Ensemble >>>>> 3 juillet 2020
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Par Ensemble29 le 4 Juillet 2020 à 12:10
Cerises
Numéro Spécial Été
Juillet Août 2020
Voici le numéro spécial de Cerises pour l'été.
Vous pourrez y retrouver les échanges
que nous avons eu avec des signataires de plusieurs appels.
Bonne lecture
Dialoguons, suite
La plupart propose des mesures qu’on ne peut que partager, mais alors on peut se demander pourquoi tant de mouvements populaires n’ont pu les obtenir.Tous ces textes ou presque, partent de l’idée que ce système est néfaste aussi bien sur le plan social, démocratique qu’écologique.Mais qu’est-ce qui pousse ce système à être de plus en plus néfaste et à refuser toute écoute ?Ne faut-il pas envisager qu’il a atteint une obsolescence irréversible ?Les réalités contemporaines sociales, culturelles, technologiques nécessaires à ce qu’appelle la production de biens et de services restent-elles compatibles avec une reproduction du capital à un niveau suffisamment rentable pour ses détenteurs ?Si le capitalisme a correspondu (en le faisant chèrement payer aux humains et à la nature) à un stade de développement historique, à savoir aux réalités de la Révolution industrielle en est-il encore ainsi aujourd’hui ?Ses tentatives d’adaptation ne pouvant se faire à chaque fois davantage qu’au détriment du vivant tout espoir de compromis tel que nous en avons connu dans le passé n’est-il pas illusoire ?Comment alors mettre à portée de lutte des objectifs qui se situent
hors du champ de l’horizon d’une société gérée par le capitalisme
sans être « hors -sol » ?
Qu’est-ce que cela changerait quant au rapport de forces ?
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Par Ensemble29 le 3 Juillet 2020 à 15:47
Continuons ENSEMBLE ! MARSEILLE
Communiqué de Presse
Continuons Ensemble ! Marseille a accueilli avec une immense joie, dimanche soir la nouvelle de la formidable victoire du Printemps Marseillais dans notre ville.
Cette victoire était loin d’être acquise au départ, lorsque notre organisation a rejoint le Printemps Marseillais. Elle est le fruit de l’enthousiasme et de la mobilisation des équipes de secteur, des militant(e)s, sympathisant(e)s et soutiens, qui ont exprimé avec force leur refus que la politique désastreuse de l’équipe Gaudin ne se perpétue. Mobilisé(e)s jusqu’à la dernière seconde, ils et elles ont convaincu la plus grande partie des marseillaises et marseillais qu'une autre politique de gauche, citoyenne et écologique était nécessaire et possible pour notre ville.
Martine Vassal a perdu toute légitimité avec sa lourde défaite sur son secteur. Aujourd'hui, son soutien à la candidature de Guy Teissier, très marqué par son passé d'extrême-droite, permet de mesurer son mépris pour une grande partie de sa population, de ses électeurs et électrices et montre la volonté d'une partie de la droite marseillaise de faire alliance avec le RN et Stéphane Ravier pour battre Michèle Rubirola.
C'est intolérable ! Les marseillaises et les marseillais n'acceptent plus ces magouilles d'une autre époque !
C'est le Printemps Marseillais qui a obtenu la plus grande partie des suffrages des électrices et des électeurs, et c'est Michèle Rubirola qui doit être maire de Marseille.
Continuons Ensemble ! Marseille, qui a pris toute sa place dans la campagne, salue aussi l’élection de deux de ses membres, deux femmes qui consacreront toute leur énergie à représenter les marseillaises et les marseillais, leurs luttes et leurs associations, dans la municipalité à venir. Leur souci de la démocratie les tournera vers l’écoute et la mobilisation des forces vives et populaires de Marseille.
Continuons Ensemble ! Marseille relaie la pétition « ne nous laissons pas voler la victoire » et l’appel à se retrouver samedi 4 juillet à 8h, jour du Conseil Municipal, devant la mairie.
Continuons Ensemble se réjouit également de la défaite de l'extrême droite sur le 13/14.
Comité Continuons Ensemble ! Marseille
Le 3 juillet 2020
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Par Ensemble29 le 3 Juillet 2020 à 12:14
Tribune
C’est maintenant
qu’il faudrait retourner aux urnes !
Macron change de gouvernement.
Il a pris une raclée aux municipales, mais il consulte les trois assemblées (Sénat, Assemblée nationale, CESE), reçoit à l’Elysée les 150 participant-tes de la conférence-climat et fait semblant de les écouter : il y aura une loi d’ici la fin de l’été.
Macron reçoit les « partenaires sociaux » et revoit les règles du chômage partiel à long terme, car l’activité ne va pas reprendre.
Des milliers de licenciements et suppressions d’emplois tombent tous les jours dans l’aéronautique, dans l’automobile, dans le bâtiment, dans le commerce.
On prévoit de l’ordre d’un million de chômeurs en plus.
La crise du système de santé est loin d’être finie.
L’Europe essaie d’éviter l’effondrement à travers le plan Merckel-Macron.
L’activité ne va pas reprendre,
mais surtout : elle ne doit pas reprendre comme avant.
Dans l’automobile, dans l’aérien, pour ne prendre que ces deux exemples, il n’est pas possible de continuer comme avant.
C’est ce qui rend la situation encore plus difficile, plus dramatique, et implique une rupture radicale du paradigme socio-économique sur lequel nous avons vécu jusqu’ici, et pour lequel nous ne sommes pas préparés.
La crise sanitaire a été un avertissement : la société s’est arrêtée, un feu rouge planétaire a été allumé, un bouleversement complet des perspectives s’impose.
Soit on se paye de mots sur ces sujets (et les images fortes et les superlatifs n’ont pas manqué depuis mars 2020), soit on les prend au sérieux.
Les prendre au sérieux, cela signifie qu’au lendemain des municipales, l’ordre du jour politique n’est pas la préparation des présidentielles de 2022, unitaires ou pas (unitaires, c’est mieux !).
Tous les journalistes ont interrogé les « politiques » les plus en vue sur ce calendrier 2022 et quasiment tous les politiques ont repris à leur compte cette façon de voir, même si certains insistent plus que d’autres sur le raz-de-marée abstentionniste qui taraude la vie politique.
La proposition est la suivante : c’est maintenant qu’une rupture de gouvernement s’impose, une révolution sociale, écologiste, démocratique.
Maintenant qu’un projet de société doit se discuter.
Autour de quels axes ?
Ceux qui émergent du mouvement de la société, des mouvements sociaux, des expériences collectives.
Mais bien sûr aussi des élaborations des forces de gauche et écologistes, ainsi que des prises de position collectives dans les différentes « appels » des semaines passées.
Deux instances de travail de portée objectivement politique ont émergé, en prise avec le « réel » de la société et de la crise qui la traverse :
- le groupement dit des 18 avec ses 34 propositions de sortie de crise
- la conférence citoyenne sur le climat avec 150 propositions.
Il manque bien sûr des choses, sur le plan financier, sur le plan institutionnel.
Mais c’est un socle suffisamment avancé pour bâtir autre chose.
En tant que mouvement politique, cela devrait être notre profil national : on peut faire autrement maintenant.
Certes tout n’est pas prêt : il faut que « les 18 » assument l’idée de dialoguer avec le monde politique, qu’ils envisagent un rendez-vous de portée nationale (des « assises », puisque dans une vingtaine de ville, des groupes « plus jamais ça » se forment, même si c’est insuffisant).
Le Pacte du pouvoir de vivre (Hulot-Berger) a récemment appelé à une Conférence nationale : on ne doit pas lui laisser cette place dans le champ politique.
Eux osent affronter le champ politique (les grands médias les aident, c’est certain aussi).
Pareillement, les 150 ont décidé de poursuivre leur activité sous une forme associative.
Une tribune récente (dont j’ai oublié l’origine) avait pour argument : c’est eux (et elles) les 150 qui doivent gouverner.
L’intuition est bonne.
Il faut donc développer le plus loin possible les éléments déjà construits d’un « contrat de gouvernement », basé sur l’expérience des organisations associatives, syndicales, des assemblées citoyennes, des mouvements politiques de gauche et écologistes.
Et avoir l’audace de dire : c’est notre alternative à Macron, pas en 2022, mais dès maintenant.
La question n’est même plus qu’il s’en aille, mais que des élections générales soient convoquées.
Ainsi seraient dissociés vraiment l’assemblée législative et l’élection présidentielle.
Car un « contrat de législature » ayant pour date 2022, ce n’est rien d’autre qu’un scénario classique pour construire une présidentielle à cette date, comme d’habitude.
Voilà donc à mon avis ce que devrait être le profil d’Ensemble pour les mois qui viennent.
Bien entendu, cela ne nous dispense pas du tout de participer à tous les cadres de discussion, et d’abord au Big Bang, aux universités d’été, au réseau Christian Paul, à l’Archipel, etc.
Mais à chaque fois en mettant l’accent sur ce qui devrait être fait ici et maintenant.
Si personne ne défend cela, alors on laisse Macron se réinstaller (même inconfortablement), on laisse le calendrier institutionnel se dévider comme d’habitude.
Et surtout, surtout : on ne prend pas la mesure du formidable bouleversement nécessaire, sur le plan social, humain, écologiste, démocratique.
JCM
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