• C’est maintenant qu’il faudrait retourner aux urnes !

    Tribune

    C’est maintenant

    qu’il faudrait retourner aux urnes !

     

    Macron change de gouvernement.

    Il a pris une raclée aux municipales, mais il consulte les trois assemblées (Sénat, Assemblée nationale, CESE), reçoit à l’Elysée les 150 participant-tes de la conférence-climat et fait semblant de les écouter : il y aura une loi d’ici la fin de l’été.

    Macron reçoit les « partenaires sociaux » et revoit les règles du chômage partiel à long terme, car l’activité ne va pas reprendre.

    Des milliers de licenciements et suppressions d’emplois tombent tous les jours dans l’aéronautique, dans l’automobile, dans le bâtiment, dans le commerce.

    On prévoit de l’ordre d’un million de chômeurs en plus.

    La crise du système de santé est loin d’être finie.

    L’Europe essaie d’éviter l’effondrement à travers le plan Merckel-Macron.

     

    L’activité ne va pas reprendre,

    mais surtout : elle ne doit pas reprendre comme avant.

     

    Dans l’automobile, dans l’aérien, pour ne prendre que ces deux exemples, il n’est pas possible de continuer comme avant.

    C’est ce qui rend la situation encore plus difficile, plus dramatique, et implique une rupture radicale du paradigme socio-économique sur lequel nous avons vécu jusqu’ici, et pour lequel nous ne sommes pas préparés.

    La crise sanitaire a été un avertissement : la société s’est arrêtée, un feu rouge planétaire a été allumé, un bouleversement complet des perspectives s’impose.

    Soit on se paye de mots sur ces sujets (et les images fortes et les superlatifs n’ont pas manqué depuis mars 2020), soit on les prend au sérieux.

     

    Les prendre au sérieux, cela signifie qu’au lendemain des municipales, l’ordre du jour politique n’est pas la préparation des présidentielles de 2022, unitaires ou pas (unitaires, c’est mieux !).

    Tous les journalistes ont interrogé les « politiques » les plus en vue sur ce calendrier 2022 et quasiment tous les politiques ont repris à leur compte cette façon de voir, même si certains insistent plus que d’autres sur le raz-de-marée abstentionniste qui taraude la vie politique.

     

    La proposition est la suivante : c’est maintenant qu’une rupture de gouvernement s’impose, une révolution sociale, écologiste, démocratique.

    Maintenant qu’un projet de société doit se discuter.

    Autour de quels axes ?

    Ceux qui émergent du mouvement de la société, des mouvements sociaux, des expériences collectives.

    Mais bien sûr aussi des élaborations des forces de gauche et écologistes, ainsi que des prises de position collectives dans les différentes « appels » des semaines passées.

     

    Deux instances de travail de portée objectivement  politique ont émergé, en prise avec le « réel » de la société et de la crise qui la traverse :

    - le groupement dit des 18 avec ses 34 propositions de sortie de crise

    - la conférence citoyenne sur le climat avec 150 propositions.

    Il manque bien sûr des choses, sur le plan financier, sur le plan institutionnel. 

    Mais c’est un socle suffisamment avancé pour bâtir autre chose.

     

    En tant que mouvement politique, cela devrait être notre profil national : on peut faire autrement maintenant.

    Certes tout n’est pas prêt : il faut que « les 18 » assument l’idée de dialoguer avec le monde politique, qu’ils envisagent un rendez-vous de portée nationale (des « assises », puisque dans une vingtaine de ville, des groupes « plus jamais ça » se forment, même si c’est insuffisant).

    Le Pacte du pouvoir de vivre (Hulot-Berger) a récemment appelé à une Conférence nationale : on ne doit pas lui laisser cette place dans le champ politique.

    Eux osent affronter le champ politique (les grands médias les aident, c’est certain aussi).

     

    Pareillement, les 150 ont décidé de poursuivre leur activité sous une forme associative.

    Une tribune récente (dont j’ai oublié l’origine) avait pour argument : c’est eux (et elles) les 150 qui doivent gouverner.

    L’intuition est bonne.

     

    Il faut donc développer le plus loin possible les éléments déjà construits d’un « contrat de gouvernement », basé sur l’expérience des organisations associatives, syndicales, des assemblées citoyennes, des mouvements politiques de gauche et écologistes.

    Et avoir l’audace de dire : c’est notre alternative à Macron, pas en 2022, mais dès maintenant.

    La question n’est même plus qu’il s’en aille, mais que des élections générales soient convoquées.

    Ainsi seraient dissociés vraiment l’assemblée législative et l’élection présidentielle.

     

    Car un « contrat de législature » ayant pour date 2022, ce n’est rien d’autre qu’un scénario classique pour construire une présidentielle à cette date, comme d’habitude.

     

    Voilà donc à mon avis ce que devrait être le profil d’Ensemble pour les mois qui viennent.

    Bien entendu, cela ne nous dispense pas du tout de participer à tous les cadres de discussion, et d’abord au Big Bang, aux universités d’été, au réseau Christian Paul, à l’Archipel, etc.

    Mais à chaque fois en mettant l’accent sur ce qui devrait être fait ici et maintenant.

    Si personne ne défend cela, alors on laisse Macron se réinstaller (même inconfortablement), on laisse le calendrier institutionnel se dévider comme d’habitude.

    Et surtout, surtout : on ne prend pas la mesure du formidable bouleversement nécessaire, sur le plan social, humain, écologiste, démocratique.

     

    JCM


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