• L'Etat du mal logement en France en 2022

    Fondation Abbé Pierre

    A Lire ici en pdf >>>>> fondation-abbe-pierre

     

    MaPrimeRénov’ peu efficace pour les passoires thermiques

    Selon un rapport de la Cour des comptes, 2500 logements ont changé de performance énergétique en 2021.

    "Le constat est cinglant, alors que la facture énergétique des Français flambe.

    L’aide aux travaux MaPrimeRénov’ - 644.000 dossiers financés en 2021 - n’aura sorti que 2500 logements du statut de passoire thermique (des biens notés F, G ou E sur un diagnostic de performance énergétique), au lieu des 80.000 prévus en 2021, selon un rapport de la Cour des comptes, paru mercredi.

    «Si l’objectif de massification (concernant MaPrimeRénov’, NDLR ) est très perceptible, la vérification de la qualité et de l’efficacité des travaux en matière de lutte contre les passoires thermiques et la précarité énergétique n’est pas assurée», tancent les magistrats."

    Le Figaro >>>>>

     


    votre commentaire
  • Paix en Ukraine – Liberté en Russie (1) !

     

    Sur le site de la CGT a été publiée cette déclaration

    suivie de l'essentiel des éléments contenus

    dans la note de l'espace international CGT.

     

    Cette prise de position est très nette, notamment avec ce passage :

    Notre pacifisme, celui qui plonge ses racines dans la conférence de Zimmerwald en 1915, réactualisé par le refus du « campisme », revient à rejeter ce jeu des alliances qui entrainent les peuples dans les conflits mondiaux au profit des bourgeoisies ou des aristocraties qui les gouvernent.

    Mais notre pacifisme sait faire la différence en fonction de la nature des dangers d’escalade encourus et des impératifs liés à la résistance des peuples pour défendre leur droit à l’auto-détermination.

    De la Commune de Paris à la guerre du Vietnam en passant par la guerre d’Espagne ou la résistance, notre histoire est aussi celle d’un soutien aux peuples en lutte pour la défense de leurs droits et libertés face à l’oppression ou à l’agression.

     

    ===================================================================

    https://www.cgt.fr/actualites/international/paix-en-ukraine-liberte-en-russie-1

     

    Paix en Ukraine – Liberté en Russie (1) !

    Publié le 9 mars 2022
    Temps de lecture : 23 min.
     
    Depuis le jeudi 24 février à 5h30 du matin, Vladimir Poutine a ordonné à ses armées une invasion de l’Ukraine, que les peuples russes comme ukrainiens, dans leur immense majorité, n’imaginaient pas possible, ni ne voulaient d’aucune manière.

    Le risque de déclenchement d’une guerre mondiale est réel. Il nous commande de prendre le temps de l’analyse et de transmettre aux organisations les éléments que la confédération réunit depuis le déclenchement du conflit. Il nous commande aussi le calme, la retenue, la décence, le respect et l’humilité dans le commentaire que nous faisons de la situation.

    Dans une telle situation, la solidarité de la CGT va d’abord en direction des populations civiles victimes de la guerre en Ukraine. La condamnation de la CGT doit quant à elle frapper avant tout l’agresseur, en l’espèce Vladimir Poutine, qui assume devant l’histoire la responsabilité d’avoir réinvité la guerre à grande échelle et la mort sur le continent européen, après les conflits de Tchétchénie, de Yougoslavie et de Géorgie.

    Notre camp, est celui de la paix. Mais pour retrouver la paix, il faut avec certitude que la liberté trouve enfin son chemin en Russie.

    Notre pacifisme, celui qui plonge ses racines dans la conférence de Zimmerwald en 1915, réactualisé par le refus du « campisme », revient à rejeter ce jeu des alliances qui entrainent les peuples dans les conflits mondiaux au profit des bourgeoisies ou des aristocraties qui les gouvernent. Mais notre pacifisme sait faire la différence en fonction de la nature des dangers d’escalade encourus et des impératifs liés à la résistance des peuples pour défendre leur droit à l’auto-détermination. De la Commune de Paris à la guerre du Vietnam en passant par la guerre d’Espagne ou la résistance, notre histoire est aussi celle d’un soutien aux peuples en lutte pour la défense de leurs droits et libertés face à l’oppression ou à l’agression.

    Pour rendre le propos de cette note aux organisations plus vivant et intelligible sur une situation complexe et en évolution constante, le choix fait est celui d’une série de douze questions auxquelles elle apporte des réponses aussi claires et précises que possibles.


    1-Slogan porté et communiqué par un camarade syndicaliste russe de la KTR, lors des manifestations pacifistes sauvages actuellement interdites en Russie par le régime de Poutine.

     

     

     

    Première question : où en est-on de la situation militaire sur le terrain ?

    Les forces militaires russes enserrent, à l’heure où nous écrivons ces lignes les deux principales villes du pays, Kiev et Kharkov, qu’elles soumettent à des bombardements de moins en moins ciblés. Le stationnement d’une soixantaine de kilomètres de véhicules militaires, autour de Kiev empêche toute fluidité sur les routes et bloque la population dans la capitale, alors que les vivres et les médicaments viennent à manquer après une semaine de conflit. L’artillerie russe fait usage de bombes au phosphore contre des installations militaires ukrainiennes autour de Kiev et d’armes thermobariques pour accélérer leur progression dans le Sud à partir de la Crimée. Six mini-fronts sont en fait déployés. Au nord en direction de Kiev, au Nord Est toujours en direction de Kiev, au Nord Est en direction de Kharkov, au Sud-Ouest en direction d’Odessa, au Sud Est en direction de Marioupol (aux dernières nouvelles, les villes de Kherson et de Marioupol semblaient en passe de tomber aux mains des troupes russes), et dans une moindre mesure à l’Est depuis le Donbass. Ce dernier fait démontre la caducité de l’argument du Kremlin qui assure que son opération vise avant tout à protéger les populations civiles de Donetsk et de Lugansk. C’est précisément ici qu’elle concentre le moins son effort de guerre !

    Au septième jour de son offensive, l’armée russe a un contrôle total des airs après la destruction de plus de 70 bases militaires aériennes ukrainiennes dès le premier jour du conflit et sa prise de contrôle de plusieurs aéroports stratégiques dans la foulée, l’aéroport militaire de Gostomel à 20 km de Kiev a résisté plusieurs jours, malgré le parachutage de 200 militaires russes. Elle a aussi un contrôle quasi total sur mer avec sa flotte stationnée en mer Noire et en mer d’Azov et la pression d’artillerie qu’elle met sur les ports d’Odessa et de Marioupol.

    Mais l’armée russe progresse difficilement sur terre et se trouve confrontée à une résistance qu’elle n’attendait pas. À Kharkov notamment, ville la plus russophone et russophile d’Ukraine, la résistance est farouche et la population n’accueille absolument pas les russes en libérateurs.

    Rappelons que Poutine, avait déclaré en 2014 que s’il le voulait, il prendrait Kiev en deux jours. Il est donc déjà battu sur ce plan.

    Tout laisse à penser que la guerre est déjà beaucoup plus longue que ne le pensait l’état-major russe et qu’elle est appelée à durer encore. Or, chaque jour qui passe devient problématique pour Poutine sur un plan financier et logistique mais aussi sur un plan politique, confronté à une opinion publique peu convaincue par sa logique de guerre et ses arguments pseudo humanitaires. Chaque jour qui passe conduit à une intensification de l’usage de la force militaire, impliquant toujours plus de victimes civiles ukrainiennes !

     
    Deuxième question : où en est-on de la situation sur le plan diplomatique ?

    Sans doute en raison de la résistance ukrainienne qui contrecarre le rêve poutinien d’une Blitzkrieg, les russes ont proposé des pourparlers aux ukrainiens à Minsk, puis à Gomel en Biélorussie. Les pourparlers se sont finalement tenus à la frontière avec la Biélorussie. Les délégations des deux pays s’y sont rendues le 28 février au matin.

    Cette première rencontre n’a donné aucun résultat concret et aucune autre n’est intervenue à ce jour. Notons que la décision prise le dimanche 27 février par Poutine à 14h30 d’activer l’ensemble des forces russes de frappe nucléaire tactique et stratégique en réponse à ce qu’il qualifie « d’attitude occidentale inamicale », visait aussi à signifier quelle atmosphère il souhaitait créer pour ces supposés pourparlers… Une deuxième rencontre doit avoir lieu le 3 mars au matin, mais ses résultats ne sont pas connus à l’heure où nous écrivons ces lignes.

     
    Troisième question : Poutine est-il responsable de cette situation ?

    Il l’est absolument et en quasi-totalité. Cette guerre est sa décision. Il en a fixé lui-même l’ampleur et la temporalité.

    Il en rêve depuis des années et si les occidentaux sont responsables, c’est d’abord et surtout de l’avoir laissé faire l’annexion de la Crimée en 2014, en entérinant de fait cette situation au fil du temps, y compris sur un plan géopolitique. Son annexion des Sudètes ne pouvait que confirmer à ses yeux la faisabilité de son rêve d’annexion pure et simple.

    Poutine est au pouvoir depuis 22 ans et l’homme est enfermé dans des certitudes et enivré par son propre pouvoir. Il gouverne seul même s’il est très entouré. Ses proches lui disent ce qu’il veut entendre compte tenu du climat de terreur qui règne.

     
    Quatrième question : l’OTAN porte-t-elle une part de responsabilité dans l’escalade ?

    Bien sûr, depuis 2008, l’OTAN joue un jeu dangereux avec plusieurs pays de l’ex-URSS (Ukraine, Géorgie), leur laissant envisager une adhésion.

    Pourtant les promesses qui ont été formulées au moment de l’unification de l’Allemagne excluaient la possibilité de toute extension de l’alliance vers l’Est. L’URSS disparaissant en 1991, l’idée de l’élargissement de l’OTAN fut évoquée en Occident dès 1993 et s’est concrétisée en 1997 (Pologne, Hongrie, République Tchèque – extension négociée avec l’accord de Moscou ; sept autres pays dont les pays baltes rejoignent l’alliance en 2004). Aujourd’hui, l’OTAN compte 14 pays de plus qu’à la fin de la guerre froide et considère, décision officielle à l’appui, depuis 2008, que sa porte est ouverte à la Géorgie et à l’Ukraine. L’élargissement et la coopération économique de l’Union européenne avec ses voisins proches se sont retrouvés étrangement couplés avec l’extension de l’influence militaire transatlantique. Cette extension n’a pas apporté la paix promise. Les frontières des pays en Europe continuent à être redessinées, de gré ou de force, et plusieurs conflits non résolus couvent sur le continent.

    C’est donc irresponsable de la part de l’OTAN que d’avoir laissé envisager cette possibilité à ces pays, froissant au passage les susceptibilités russes, qui considéraient avec légitimité que les gesticulations et danses du ventre de l’OTAN étaient une violation des accords de 1991.

    Mais notons que les derniers événements renforcent considérablement la popularité de l’OTAN en Europe centrale et orientale, où elle apparaît aujourd’hui aux yeux des populations et des dirigeants de ces pays comme une forme d’assurance vie. Même la Suède et la Finlande parlent aujourd’hui de rejoindre formellement l’alliance atlantique ! Et Sergueï Lavrov, Ministre russe des affaires étrangères leur répond que cela aura des conséquences militaires ! Beau résultat à mettre encore au crédit de Poutine !

    Enfin, notons que jeudi 24 février au soir dans son allocution faisant suite au déclenchement de la guerre, Joe Biden a clairement exclu toute intervention de l’OTAN dans la situation actuelle, ce qui démontre, espérons-le une conscience des conséquences d’une telle intervention que n’aurait peut-être pas eue Donald Trump.

    Certes l’OTAN a été pendant toute la guerre froide un outil de l’impérialisme américain. Certes la disparition de l’URSS aurait pu justifier sa disparition et son remplacement par une force de paix intégrée et acceptée par l’ensemble des nations sur le modèle de ce que les deux blocs avaient esquissé à la fin des années 70 à Helsinki, ou en donnant les clés de la sécurité du monde aux forces de maintien de la paix de l’ONU, ce que les USA se sont toujours gardés de faire !

     
    Cinquième question : que faut-il penser de l’emploi des termes « opération de denazification » de l’Ukraine ?

    La propagande poutinienne insiste lourdement sur cet aspect.

    A la source de cette propagande, il y a le fait bien réel qu’en 2014, lors des mobilisations de Maïdan qui ont conduit à la chute de Yanoukovitch, à la prise de la Crimée et à la guerre dans le Donbass (près de 14000 morts dont plus de 3000 civils), de nombreux groupes d’extrême droite ont occupé la rue, fait régner la terreur en pesant sur le président Porochenko et son administration. Plusieurs ministres d’extrême droite étaient même rentrés dans son gouvernement.

    Mais le contexte est très différent aujourd’hui et on ne peut absolument pas qualifier Zelensky de nazi comme le fait la propagande russe. Comme le lui rappellent régulièrement les fachos ukrainiens, il se trouve être « juif de père et de mère ». En 2019, au moment de son élection, il était même plutôt présenté comme pro-russe, se trouvait de ce fait vilipendé par l’extrême droite ukrainienne et proposait une politique de dialogue et de réconciliation avec la Russie. Aux élections législatives qui ont suivi son élection, largement remportées par son parti, l’ensemble de l’extrême droite coalisée (Svoboda et Pravï Sektor) n’a rassemblé que 2,15% ne conservant qu’un seul élu (au scrutin majoritaire dans une circonscription) à la Rada tandis que la formation nationaliste de Oleh Liachko perdait tous ses sièges malgré un score de 4,01%. Il n’y a donc plus qu’un seul élu d’extrême droite sur les 450 que compte la Rada. Les autres sont soit issus du parti de Zelensky (254), soit des partis représentant plutôt les populations russophones d’Ukraine (49), soit de formations libérales pro-européennes (3 partis cumulant 71 sièges). Elu par une jeunesse qui avait soif de paix et d’ouverture du pays, Zelensky a indéniablement joué une carte d’arrimage de son pays à l’Europe continentale, mais n’était pas dans la surenchère et la provocation avec son voisin russe. C’est un libéral qui porte la responsabilité d’une réforme amoindrissant gravement les dispositions du code du travail, mais pas un nazi (la propagande du Kremlin ajoute « un drogué ») !

    Rappelons en revanche :

    • que le Parti de Vladimir Poutine, Yedinaya Rossia, est jumelé avec le Rassemblement National en France ;
    • que nous avions en 2015 écrit à la FNPR, première organisation russe, pour lui signifier notre dégoût devant l’envoi de son numéro 2, également député à la Douma, au congrès de Lyon du Front National, pour y lire un message de sympathie et de solidarité ;
    • que la campagne de Marine Le Pen en 2017 a été financée par une banque tchèque majoritairement détenue par des fonds russes ;
    • que Marine Le Pen et Eric Zemmour étaient les principaux propagandistes de la Russie dans la campagne présidentielle en cours ;
    • que des membres de leurs équipes de campagne restent très liés au pouvoir russe et se taisent aujourd’hui


     

     
    Sixième question : Que pensent et disent les syndicats ukrainiens et la population ukrainienne en général ?

    Les deux organisations syndicales ukrainiennes affiliées à la CSI appellent à résister à l’agression russe et à ce qu’ils dénoncent comme des forces d’occupation. Notons leur forte unité actuelle malgré une très légère différence de tonalité entre la FPU, principale organisation du pays, héritière du VTsSPS soviétique qui a toujours développé des relations fraternelles avec la Russie, qui proclame son aspiration au retour à la paix tout en appelant à la résistance et aux sanctions économiques, et la KVPU qui a très vite réagi . Le 24 février, la KVPU appelle ainsi « à continuer et renforcer la pression diplomatique et économique internationale sur la Fédération de Russie et à faire le maximum pour arrêter la guerre et forcer la Russie à retirer ses troupes du territoire de l’Ukraine ». Elle demande « d’imposer un ensemble de sanctions efficaces à la Fédération de Russie et appelle à prodiguer toute l’assistance possible à l’Ukraine ».

    Voici le texte de la déclaration de la FPU publiée le jour du déclenchement de la guerre :

    « Le 24 février 2022, le président de la Fédération de Russie a décidé de mener une opération militaire dite spéciale pour « protéger le Donbass ». Dans la matinée, la Russie a cyniquement envahi notre pays, déclenchant une guerre à grande échelle avec le bombardement de villes pacifiques et d'installations militaires. Hitler fit de même en 1941.

    Nos forces armées combattent les troupes ennemies sur tous les fronts et leur infligent une réponse décente : des dizaines de chars et d'avions ont été détruits.

    Il est déjà clair que le plan d'occupation rapide du pays dans le cadre du "scénario de Crimée" ne s'est pas concrétisé. Mais des soldats, des civils meurent, des enfants sont obligés de se cacher dans des abris anti-bombes. Des milliers de mères ukrainiennes avec des enfants tentent de traverser la frontière polonaise pour sauver leur vie. Des dizaines de milliers de travailleurs ont été contraints de quitter leur emploi pour défendre notre patrie.

    La Fédération des syndicats d'Ukraine lance un appel à tous les travailleurs. Les membres des syndicats doivent rester calmes, ne pas céder à la panique, s'acquitter consciencieusement de leurs devoirs professionnels sur chaque lieu de travail, en assurant les besoins vitaux de la population.

    La guerre déclenchée de manière injustifiée par le chef du Kremlin ne lui apportera pas la victoire sur le peuple ukrainien épris de liberté, qui s'est d'abord battu pour son indépendance et, l'ayant remportée, la défendra définitivement.

    En cette période difficile, l'Ukraine a besoin du soutien urgent d'autres États et nations, notamment en organisant des rassemblements syndicaux devant les ambassades russes dans les pays où la Confédération syndicale internationale est organisée, en appelant ses gouvernements et ses politiciens à former une coalition anti-Poutine, et imposer immédiatement des sanctions sévères à la Russie et fournir un soutien défensif et financier à l'Ukraine.

    La paix en Europe est menacée. Il n'est possible d'arrêter l'agresseur que par des efforts conjoints. Unis nous sommes invincibles !

    NON À LA GUERRE ! OUI À LA PAIX ! »

    La population ukrainienne manifeste unanimement l’hostilité à l’envahisseur. A l’abattement des deux premiers jours succède une résistance de plus en plus ouverte. Des dizaines de militants syndicaux, s’engagent dans les détachements populaires de la résistance.

     
    Septième question : Que pensent et disent les syndicats russes et la population russe en général ?

    La population russe est largement désinformée. Pour une grande majorité de la population, la guerre contre ce peuple frère est inconcevable. La télévision d’état et une armada de bloggeurs nationalistes sur Internet concentrent leur récit sur les combats se déroulant dans les « Républiques populaires » de l’Est de l’Ukraine comme s’il s’agissait juste d’une opération de protection des populations civiles de l’Est du pays. La majorité des russes n’est tout simplement pas au courant que leur pays a envahi l’ensemble de l’Ukraine en provoquant à ce jour plus de 2000 morts parmi les populations civiles, parmi lesquels des dizaines d’enfants et la destruction des infrastructures.

    Le mouvement pour la paix prend néanmoins de l’ampleur. Les pétitions et les lettres ouvertes se multiplient. Une des pétitions citoyennes a par ailleurs déjà recueilli plus de 1 million de signatures. Deux élus communistes seulement (un au niveau local et un au niveau national) condamnent l’invasion. Ces deux élus sont aujourd’hui sommés de s’expliquer devant la direction du Parti communiste de la Fédération de Russie qui soutient l’intervention.

    Les deux organisations russes se sont exprimées sur le sujet le jour même de l’invasion pour la FNPR et le lendemain pour la KTR.

    La FNPR soutient sans condition le président Poutine en demandant juste d’être attentif à l’économie en cette période difficile. Leur déclaration reprend les arguments du discours poutinien de façon absolument scandaleuse, ce qui motive aujourd’hui une demande d’exclusion de la CSI de la part de dizaines d’organisations.

    « La Fédération des syndicats indépendants de Russie soutient la décision du président russe Vladimir Poutine de mener une opération de dénazification de l'Ukraine. L'avenir du pays doit être déterminé par son peuple, mais les gangs de Bandera, les nationalistes et les complices des nazis ne doivent pas faire pression sur leur volonté. Nous sympathisons avec ceux qui ont été forcés d'évacuer vers le territoire russe à cause des bombardements réguliers et de la mort d'êtres chers. Les syndicats de Russie leur fournissent toute l'assistance possible. Nous pensons que la paix reviendra en Ukraine et que l'Ukraine deviendra un État démocratique, pacifique et neutre. Les Hitler et les Zelensky vont et viennent, mais la solidarité internationale des travailleurs demeure.

    Paix aux nations ! Guerre aux nazis ! »

    De son côté, la KTR a fait une déclaration particulièrement courageuse, compte tenu du contexte (plus de 3000 arrestations, vote d’une loi punissant la propagande pacifiste d’une réclusion criminelle de 20 ans) :

    « La Confédération du travail de Russie, faisant partie du mouvement syndical international, se sentant directement responsable envers les travailleurs de Russie, d'Ukraine et du monde entier, et consciente de son rôle dans la promotion et la garantie de la paix entre les peuples, est extrêmement préoccupée par les événements en cours.

    La KTR est convaincue que les désaccords et les contradictions, quelle que soit leur profondeur ou leur ancienneté, doivent être résolus par des négociations sur les principes de bonne volonté et d'engagement en faveur de la paix mondiale. Cette vision fait partie intégrante de l'agenda mondial et anti-guerre du mouvement ouvrier depuis plus d'un siècle et s'est concrétisée par la création d'institutions et de mécanismes internationaux conçus pour assurer la paix.

    La Confédération du travail de Russie note avec amertume que les deux parties qui subissent directement les dommages du conflit militaire sont les travailleurs de nos pays. L'approfondissement du conflit militaire porte la menace d'un choc sévère pour les économies nationales et la sphère sociale, une baisse du niveau de vie des travailleurs et crée la base d'une violation massive des droits du travail des travailleurs.

    En relation avec ce qui précède, la Confédération du travail de Russie exprime sa confiance dans la nécessité d'une cessation rapide des hostilités, de la reprise d'un dialogue pacifique et de la coexistence entre les peuples multinationaux de Russie et d'Ukraine. »

     
    Huitième question : Que pensent et disent les autres syndicats et les internationales ?

    La CES et la CSI ont réagi ensemble par un communiqué dès jeudi dernier et ont pris la décision de transformer la mobilisation du jeudi 24 février pour les salaires en Europe en manifestation pour la paix. Dans cette déclaration commune, elles « appellent à la cessation immédiate des hostilités et du conflit et demandent d’engager des négociations de bonne foi pour résoudre cette crise dans l’intérêt des populations. (…)Le conflit actuel a des conséquences dramatiques sur les économies russe et ukrainienne, ainsi que partout ailleurs en Europe. Le risque d’une escalade des tensions et de leurs conséquences dramatiques est bien réel et le restera tant qu’un dialogue sérieux n’aura pas été engagé pour déterminer les causes profondes de cette crise. Elles demandent « instamment que des mesures urgentes soient prises pour que, tous ensemble, les responsables politiques concernés définissent un cadre pour la sécurité commune, à l’instar de celui initié à Helsinki ». Cette dernière phrase revient à mettre fin au cadre de l’OTAN (qui d’ailleurs n’est pas citée) et à lui en substituer un nouveau.

    Le Comité exécutif de la CES, réuni de façon exceptionnelle le 1er mars 2022 sur la situation en Ukraine a adopté une nouvelle résolution qui « exprime sa solidarité avec le peuple, les travailleurs et les syndicats ukrainiens, réitère sa condamnation de l'attaque russe contre l'Ukraine, exige l'arrêt immédiat des opérations militaires, que les troupes russes quittent le pays, et que le dialogue réel et les pourparlers de paix soient intensifiés ». Le texte demande aussi « l'établissement de couloirs humanitaires en faveur des réfugiés, dans les pays de la région et dans tous les autres pays de l'UE, la reconnaissance de la situation spécifique des femmes et des enfants dans les zones de conflit (…) et l’établissement d’un passage sûr aux frontières de l'UE pour les citoyens de pays tiers résidant en Ukraine et ne disposant pas d'un visa Schengen ». Enfin, il prévoit un soutien humanitaire et financier à la population ukrainienne et aux syndicats du pays.

    De son côté la FSM nous dit que « l'attaque russe doit cesser maintenant, l'OTAN doit être dissoute maintenant et un dialogue substantiel doit avoir lieu. ». Hormis la condamnation de cette « guerre injuste et destructrice », la responsabilité du gouvernement Poutine n’est pas engagée dans ce communiqué qui souligne que « La FSM était et reste opposée aux pratiques fascistes du gouvernement ukrainien qui est une marionnette des Etats-Unis et de l'OTAN».

    Parmi les multiples réactions d’organisations syndicales nationales notons enfin celles de nos camarades du BKDP du Belarus du 24 février : « Il n'y a aucune nation dans le monde qui veut la guerre. Les peuples russe, ukrainien et biélorusse ne font pas exception. Peu de personnes dans le monde ont subi des pertes aussi terribles, sacrifié dans leur histoire la vie de dizaines de millions de leurs citoyens, comme trois peuples proches les uns des autres. Et le fait que le gouvernement russe ait déclenché une guerre contre l'Ukraine aujourd'hui ne peut être compris, justifié ou pardonné. Le fait que l'agresseur ait envahi l'Ukraine depuis le territoire du Bélarus avec le consentement des autorités bélarussiennes ne peut être ni justifié ni pardonné. Des choses irréparables se sont produites, et leurs conséquences pour longtemps, sur la vie de plusieurs générations, vont empoisonner les relations entre Russes, Ukrainiens et Biélorusses. Au nom des membres des syndicats indépendants de Biélorussie, les travailleurs de notre pays, nous nous inclinons devant vous, nos frères et sœurs ukrainiens. Nous nous excusons pour la honte, la honte que le gouvernement biélorusse a imposée à tous les Biélorusses, en devenant un allié de l'agresseur et en ouvrant la frontière avec l'Ukraine. Mais nous voulons vous assurer, chers Ukrainiens, que la grande majorité des Biélorusses, y compris les travailleurs, condamnent l'aventure du régime biélorusse actuel, qui tolère l'agression russe contre l'Ukraine. Nous exigeons la cessation immédiate des hostilités et le retrait des troupes russes d'Ukraine, ainsi que de Biélorussie. En cette période difficile du destin, nous déclarons que nous sommes avec vous de cœur et d'esprit, chers Ukrainiens. Nous vous souhaitons de persévérer et de gagner ».

     
    Neuvième question : Quel accueil pour les réfugiés venant d’Ukraine ?

    Il est évident que notre pays ainsi que l’ensemble des pays européens ne peuvent se soustraire à l’obligation morale de tout mettre en place afin d’assurer un accueil digne de l’ensemble des personnes qui en ce moment même fuient les bombes Russes, et ce quelles que soient leurs origines.

    Plusieurs sources concordantes nous confirment qu’à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, nombre de ressortissants issus de pays africains ainsi que d’autres continents sont refoulés et « triés » et sont victimes d’actes racistes et discriminatoires.

    L’Union Africaine déclarait Lundi 28 Février : « Les rapports selon lesquels les Africains sont l’objet d’un traitement différent inacceptable seraient choquants et racistes et violeraient le droit international. À cet égard, les Présidents exhortent tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre, nonobstant leur identité raciale. »

    En France, en pleine campagne présidentielle certains candidats n’hésitent pas à instrumentaliser ce sujet. Zemmour se permettant de déclarer qu’il ne fallait accepter aucun réfugié Ukrainien sur notre territoire et Valérie Pécresse souhaitant faire un tri en exigeant que les populations fuyant les bombes justifient de leur statut d’exilé.

     
    Dixième question : Faut-il intensifier les sanctions à l’égard de la Russie ? Quelles peuvent en être les conséquences économiques pour l’Europe ?

    Dans le contexte actuel, les sanctions économiques et financières sont logiquement devenues le principal outil mobilisé et mobilisable pour répondre à l'agression de Poutine. Contrairement à ce que l’on dit souvent, elles peuvent se montrer efficaces, à la condition de frapper vite et fort.

    Les effets possibles d’une privation d’accès des banques russes au système bancaire international de transactions (appelé « swift ») peuvent provoquer une déstabilisation totale de l’économie russe aux lourdes conséquences pour la population et pour l’économie mondiale. La question de l’intensification des sanctions économiques se pose donc et plusieurs voix en Russie nous laissent entendre qu’il s’agit d’une piste à explorer. Côté occidental, on enregistre déjà des chutes boursières spectaculaires des entreprises françaises ayant des liens importants avec la Russie (Renault, Alstom, Total). Les pays dont la dépendance au gaz russe est forte comme l’Italie ou l’Allemagne sont réticents au fait de prendre certaines mesures plus fortes. Mais le niveau actuel est notoirement insuffisant du fait que Poutine prépare son intervention depuis longtemps, il avait anticipé ce train de sanctions et il est habitué à faire avec ce type de mesures depuis 2014.

    La deuxième mesure, peu commentée dans les médias, est pourtant potentiellement beaucoup plus dévastatrice pour le système économique russe et porte en elle les germes d’une déstabilisation profonde de l’ordre monétaire international. Les sanctions occidentales visent à couper la banque centrale russe de ses avoirs en réserves de change en dollar et en euro (soit près de la moitié). Cette mesure, utilisée une seule fois dans l’histoire, contre le gouvernement taliban pendant l’invasion américaine, va considérablement affecter la capacité du système économique russe à trouver des liquidités et assurer ses besoins de paiement. La chute du rouble de plus de 20%, en est la première conséquence directe, presque plus aucun acteur économique ne souhaite échanger des roubles ; la deuxième est l’entrée dans l’inconnu pour le système financier mondial qui voit un découplage complet entre le système financier occidental et russe, ce dernier n’ayant d’autres alternatives que de se reporter sur le système monétaire alternatif porté par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

    Les oligarques russes commencent à manifester quelques signes d’inquiétudes. Frydman, patron de Alpha Bank s’est dit être contre la guerre, ainsi que Deripaska, magnat de l’aluminium. Le mercredi 2 mars, la gouverneure de la banque centrale enregistre un message à l’attention de ses salariés les invitant à garder leur calme et leur sang-froid, en évitant de parler politique. Ceci illustre la fébrilité ambiante en Russie.

     
    Onzième question : Comment la CGT peut-elle agir ?

    Si les sanctions sont nécessaires, elles peuvent donc produire des contre-effets et ne seront sans doute pas totalement efficaces. Le principal espoir réside donc dans la résistance de la population ukrainienne et dans l’aspiration au changement des peuples de Russie et du Belarus, appuyés par de larges mobilisations en Europe et dans le monde. D’où l’urgence et la nécessité d’un soutien au peuple ukrainien et à la paix dans les manifestations organisées partout en France depuis le 24 février. Dès le premier jour de la guerre, la CGT participait d’ailleurs à une manifestation à Bruxelles, avec le mouvement syndical européen et international réunissant les mots d’ordre de paix en Ukraine et d’augmentation des salaires en Europe.

    La CGT appelle ses adhérents à participer partout en France aux très nombreuses manifestations pour la paix en Ukraine et contre l’inacceptable agression dont Vladimir Poutine s’est rendu coupable.

    La CGT travaille actuellement avec d’autres organisations syndicales sur l’idée d’un convoi syndical (sur le modèle du convoi syndical pour la Tchétchénie que nous avions soutenu dans les années 90) pour l’Ukraine afin de témoigner la solidarité des travailleuses et travailleurs de France à la population Ukrainienne en envoyant sur place produits de première nécessité et matériel de soin aux blessés.

    Douzième question : Que faut-il espérer ?

    Le retour à la paix passe par la chute de Poutine. Sa victoire serait catastrophique. Si elle se trouve avalisée par un accord de paix avec une partition de l’Ukraine, l’agresseur se trouverait alors conforté dans sa politique impérialiste et belliciste. La prochaine étape pourrait être définitivement une guerre mondiale si ses appétits se portaient sur « la défense des minorités russes » dans les pays Baltes. Et que dire de l’exemple donné à d’autres puissances majeures et notamment à la Chine dont on connaît les prétentions sur Taïwan ! Un match nul ou même une défaite russe sans le départ de Poutine laisserait planer la menace d’une résurgence de la guerre. Une paix durable ne peut être obtenue que par son départ et celui-ci n’interviendra que par la conjonction de trois facteurs : des sanctions internationales fortes et réellement efficaces, une résistance ukrainienne qu’il faut espérer victorieuse et un soutien aux oppositions russes démocratiques et progressistes, seules à même de parvenir à sortir enfin ce pays des ténèbres totalitaires, nationalistes et impérialistes dans lesquelles il se trouve plongé depuis plus de vingt ans.


    votre commentaire
  • Entretien

    Andreï Gratchev :

    « La fuite en avant de Poutine

    confirme une panique politique

    et une forme de fin de règne »

     

    La décision d’entrer en guerre contre l’Ukraine révèle un régime fragile, mais persuadé de reconstruire l’empire russe.

    Andreï Gratchev, historien et spécialiste des relations internationales, y voit un président pris dans son propre engrenage guerrier et une logique de surenchère.

     

     

    Auteur du Jour où l’URSS a disparu, chez l’Observatoire, Andreï Gratchev, dernier porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev au moment de la perestroïka, condamne l’action d’un régime, aux erreurs d’analyse manifestes, condamné à disparaître sous la double pression de la société civile russe et d’un renforcement de la pression militaire à ses frontières.

     

     

    Comment analysez-vous l’intervention lancée par Vladimir Poutine en Ukraine ?

     

    Andreï Gratchev
    Historien et spécialiste des relations internationales
     

    A posteriori, on peut tenter de schématiser la stratégie de Vladimir Poutine sans savoir comment réellement va évoluer la situation.

    Il faut remonter aux mois d’octobre et novembre, lorsque le président russe organisait à la fois des réunions avec des militaires et avec le personnel du ministère des Affaires étrangères et son principal représentant, Sergueï Lavrov.

    À cette époque, il commence à changer de langage et évoque la nécessité de trouver une solution face à une situation anormale.

    Il affirme : on a trop attendu, les accords de Minsk n’avancent pas et les Ukrainiens, avec le consentement des Occidentaux, ne cessent de les saboter.

    Le mois dernier, on a eu le sentiment que Poutine arrivait à la conclusion que la stabilité, le statu quo, jouait contre lui.

    Il a estimé que, faute d’intervention, il y aurait une remise en cause du statut des Républiques à l’est de l’Ukraine et une marche accélérée de l’Ukraine vers une entrée dans l’Otan.

     

    Pour toutes ces raisons, le président russe  a  jugé qu’il fallait renverser la table et mettre les Occidentaux face à un choc de confrontation.

    L’objectif étant d’obtenir soit une clarification de leur position, soit de fournir à Poutine les alibis pour passer de l’étape de recherche de solutions politiques à une escalade graduelle allant jusqu’à la force.

    Ces étapes ont pris la forme de manœuvres, de concentration de troupes le long de la frontière ukrainienne et de menaces explicites pour que les accords de Minsk et le statut des deux Républiques soient reconnus formellement à Kiev.

    La présence de troupes à la frontière devait montrer aux Occidentaux tout le sérieux des intentions de Moscou.

    Selon moi, Poutine imaginait encore que la pression politique, verbale et militaire finirait par payer.

    Et que les Occidentaux mettraient la pression sur Kiev pour pousser Volodymyr Zelensky à accepter le statut autonome de Donetsk (DNR) et Lougansk (LNR).

    Cette escalade s’est avérée insuffisante et le piège de Vladimir Poutine s’est retourné contre lui.

    Une fois lancé, il a accepté un engrenage et une logique de surenchère dont il ne pouvait plus sortir.

    En face, sur impulsion des États-Unis, les Occidentaux ont décidé de riposter sous une forme dure et de ne pas céder au bluff politique.

    Cette escalade réciproque a transformé l’Ukraine en victime de cette confrontation.

     

    Ce pari a conduit Vladimir Poutine à déclencher l’offensive militaire. Pourquoi une telle décision ?

    Les divers échecs essuyés par le président Joe Biden, dont le désastre du départ de Kaboul et une certaine fragilité politique aux États-Unis, ont été interprétés par Vladimir Poutine comme un moment opportun pour recourir à la force.

    De même que les divisions européennes, les tergiversations sur le rôle de l’Otan, les désaccords lui ont laissé penser qu’une fenêtre s’ouvrait pour agir.

     

    Cette fuite en avant du président russe confirme une panique politique et une forme de fin de règne.

    Le modèle qu’il a construit ces vingt dernières années s’avère extrêmement fragile : économiquement, dans son rapport avec la société russe et sur le plan international.

    Devant la perspective d’une passation de pouvoir de plus en plus proche, Poutine a jugé que, dans ce XXIe siècle qui présage une confrontation entre les géants américain et chinois, la Russie risquait d’être réduite à une puissance de deuxième plan.

    Les récents événements au Haut-Karabakh, en Biélorussie et au Kazakhstan ont confirmé cette fragilité.

    Le président russe avait déjà opté pour le recours à la force.

    Dans ce contexte, l’Ukraine est considérée comme une épine dans le pied du Kremlin, à retirer par n’importe quel moyen.

    D’où ce saut dans l’inconnu.

     

    Cette tragédie révèle-t-elle une erreur d’analyse géopolitique des autorités russes ?

    Il s’agit clairement d’une erreur stratégique.

    Poutine s’est trompé sur plusieurs tableaux : le fait que l’Occident céderait à une pression musclée, que les Ukrainiens ne représenteraient pas une société nationale.

    Il a également développé un raisonnement erroné quant à la fraction russophone de l’Ukraine.

    Le président russe pensait qu’elle lui apporterait une forme d’aide, comme en Crimée, huit ans auparavant.

    Son analyse géopolitique d’un XXIe siècle « post-occidental » s’est enfin révélée fausse.

    Il espérait que la Russie, alliée à la Chine, imposerait la révision des règles établies depuis la fin de la guerre froide.

    Vladimir Poutine est parti du constat que les organisations internationales comme l’ONU et l’OSCE étaient dépassées et que les acteurs principaux étaient campés par des grands ensembles – chinois, russe, américain, avec les Européens au milieu – comparables aux empires.

    Cette vision rétrograde est confirmée par ses dernières déclarations qui indiquent chercher non pas la reconstitution de l’URSS, mais de l’empire russe.

    C’est-à-dire un projet bâti sur un caractère national et nationaliste, soit une conception du monde datée du XIXe siècle.

    Ce mauvais calcul lui est fatal, car il se trompe non seulement sur le potentiel de résistance de la société ukrainienne, mais aussi sur les caractéristiques des temps modernes.

    Dans cette stratégie, il n’est même pas accompagné par un allié essentiel : la Chine.

     

    Au final, Poutine a-t-il perdu l’ensemble de ces paris ?

    Poutine prétendait vouloir renforcer la sécurité de son pays par cette action.

    Au lieu d’éloigner l’Otan de ses frontières, il provoque son rapprochement, l’entrée de troupes et la création de bases.

    Au lieu d’une Ukraine démilitarisée, il va obtenir une Ukraine surarmée avec une perspective réelle d’association avec l’Otan.

    Il conduit au retour des États-Unis et de l’Alliance atlantique en Europe.

    Sur l’ensemble de ces points, le président russe s’avère perdant.

    Dans l’incapacité d’avouer son échec, il procède à une surenchère meurtrière.

    Elle semble réveiller la société russe, qui baignait dans une forme de léthargie ces dernières années.

    Face à ce conflit provoqué entre les deux peuples frères, elle refuse cette politique aventurière, comme en témoigne la multitude de manifestants à Moscou, Saint-Pétersbourg et dans d’autres villes.

     

    Malgré cette fuite en avant de Vladimir Poutine, une porte de sortie existe-t-elle ?

    La priorité absolue demeure le sauvetage de millions de vies et la nécessité d’éviter les destructions irréparables de l’économie, du patrimoine national et historique du pays.

    Face à l’absurdité de cette action militaire, il faut, côté européen et ukrainien, trouver des compromis.

    Pour y parvenir, on peut revenir aux questions clés : la neutralité de l’Ukraine, l’entrée dans l’Otan, la fédéralisation, qui consiste à reconnaître le statut particulier des régions de l’Est.

    La reconnaissance de la Crimée comme partie intégrante de la Russie fait également partie des discussions.

    L’opération militaire en Ukraine visait aussi à légitimer la prise de cette région au niveau international.

    Il faut éviter que l’irréparable soit commis à travers des actions irréfléchies du côté occidental.

    Les Américains pourraient être tentés de transformer l’Ukraine en Afghanistan bis pour la Russie.

    Ce n’est pas dans l’intérêt des Européens.

     

    La Russie se relèvera-t-elle d’une telle mise au ban ?

    Les Occidentaux doivent comprendre l’essence du conflit.

    Il ne s’agit pas de la Russie contre l’Ukraine.

    C’est une opération militaire menée par un régime au comportement irrationnel, y compris par rapport aux intérêts de sa propre population.

    Cela pose la question du pouvoir et de sa concentration entre les mains d’un autocrate qui œuvre sans garde-fou et institutions démocratiques.

    Cette situation est accentuée par le fait que ce dirigeant dispose de l’arme nucléaire et siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

    Il faut commencer à penser l’après-Poutine.

    La Russie n’est pas condamnée à vivre dans un système antidémocratique.

    La société va devenir un facteur de résistance qui s’ajoute à celle du peuple ukrainien.


    votre commentaire
  • Une déclaration commune de partis de gauche

    des pays d'Europe de l'est

     

    Solidarite de la Gauche avec l'Ukraine

     

     

     Le 24 février, la Russie a lancé une invasion militaire illégale et injustifiée d'un État souverain et indépendant - l'Ukraine.

    Nous, partis progressistes d'Ukraine, de Lituanie, de Finlande, de Tchéquie, de Roumanie, de Pologne (...), condamnons fermement cette agression, car elle fait fi de toutes les valeurs que nous défendons.

     


     Nous nous opposons catégoriquement à un ordre dans lequel le plus fort impose sa volonté au plus faible par la force - et c'est ainsi que l'agression de Moscou doit être perçue.

    Le peuple ukrainien a le droit fondamental de vivre librement, de choisir ses dirigeants et de se gouverner lui-même.

    L'avenir de l'Ukraine ne devrait dépendre que de leur décision libre et indépendante.

    C'est donc avec fierté et détermination que nous exprimons notre solidarité avec le peuple ukrainien dans son combat pour la dignité et la souveraineté.



    Cette solidarité ne doit pas rester un slogan vide.

    Face à cette agression non provoquée, l'Ukraine a besoin d'aide pour résister aux forces russes et assurer la sécurité de ses citoyens.

    Nous appelons les gouvernements de nos pays et l'Union européenne à fournir toute l'aide nécessaire.

    Nous soutenons, entre autres, l'envoi de matériel militaire, la fourniture d'eau, de nourriture et d'aide médicale aux civils et la mobilisation de toutes les voies diplomatiques possibles pour établir des couloirs humanitaires pour l'évacuation des personnes et la fourniture de moyens matériels.



     Notre solidarité s'exprime également en se faisant l'écho des revendications de la Sotsialniy Rukh et des syndicats ukrainiens.

    L'Ukraine a succombé à une dette extérieure massive et consacre environ 10 à 15 % de son PIB au service de cette dette.

    Les prêts internationaux, y compris ceux du FMI, ont été accordés à la condition que les dépenses sociales soient réduites, et leur remboursement a contraint la population à économiser sur les besoins de base et à appliquer l'austérité dans les secteurs fondamentaux de l'économie.

    Aujourd'hui, l'État aura besoin de ressources pour protéger la population civile et fournir des logements aux personnes déplacées et des médicaments aux blessés.

    L'Ukraine doit être libérée du poids de la dette extérieure et de la pression néolibérale destructrice.

    C'est pourquoi nous demandons à la Banque centrale européenne de prendre en charge le coût de son service.



    Nous devons rester attentifs au sort de tous les réfugiés qui entrent dans nos pays pour fuir la guerre en Ukraine.

    Nos gouvernements doivent être tenus responsables de s'assurer que tous les réfugiés bénéficient des mêmes droits et traitements que leurs citoyens - en ce qui concerne les conditions de travail, l'accès au logement et à l'éducation ainsi qu'aux soins de santé ou à tout autre service public.

    Dans ce contexte, nous faisons appel à la solidarité et au soutien financier de l'Union européenne afin de consolider les systèmes sociaux des pays d'accueil.



    Dans le même temps, nous devons veiller à ce qu'une pression constante soit exercée pour obliger la Russie à mettre fin à son agression et à retirer ses forces du territoire ukrainien.

    L'Union européenne et ses États membres doivent agir avec fermeté et sans tenir compte des intérêts commerciaux et du lobbying.

    Nous demandons la confiscation des actifs des oligarques russes en Europe et leur transfert à l'État ukrainien.

    Nous demandons également l'exclusion de Sberbank et Gazprombank de SWIFT et l'arrêt immédiat des importations de combustibles fossiles de la Russie vers l'Union européenne.

     

    Nous pensons que nous pouvons utiliser l'impact de ces sanctions sur nos systèmes énergétiques comme une opportunité pour accélérer la transition énergétique verte et juste.

     

    Sotsjalniy Rukh (Ukraine)
    Alliance de gauche (Finlande)
    Alliance de gauche (Lituanie)
    Futur (République Tchèque)
    Nous sommes la gauche (République Tchèque)
    Demos (Roumanie)
    Razem* (Pologne)

     

    *Ensemble, en polonais

     

     (Traduction automatique par Deepl.com)


    votre commentaire
  • Les peuples n’ont rien à gagner

    à une nouvelle guerre

     

    Philippe Martinez secrétaire général de la CGT

    Le droit à la paix, à la sécurité et à la liberté de circulation de tout être humain doit constituer une obligation fondamentale des États et des institutions internationales.

    La paix n’est pas seulement l’absence de guerre mais c’est aussi le principe sur lequel doivent se fonder les rapports humains.

    En ce sens, le progrès social, l’obtention de droits sociaux pour l’ensemble des populations favorisent une paix durable.

     

    Pour la CGT, les travailleuses et les travailleurs, quelles que soient leurs origines, sont les premières victimes des guerres.

    La misère, le désespoir, la croissance des inégalités sociales, le chômage alimentent les conflits sur la planète.

    Les combattre pour les éradiquer est une des conditions pour gagner une paix durable sur l’ensemble de la planète.

    La prévention durable des conflits nécessite d’investir dans les cultures de la paix et de disposer d’institutions dédiées à la résolution non violente des conflits.

    Cela suppose de redonner tout son sens à l’ONU et à son rôle essentiel dans la prévention des conflits.

    La France doit contribuer aux côtés de pays progressistes à faire triompher, à l’ONU notamment, la recherche de la paix par la voie politique et le multilatéralisme.

     

    Depuis le 24 février, la vie de millions d’Ukrainiens et de Russes est bouleversée par le conflit armé opposant les deux États.

    Face à une guerre qui, une fois de plus, se traduira par des morts, des destructions et des reculs sociaux, la CGT est aux côtés des travailleuses et travailleurs des pays concernés mais aussi des pays limitrophes de l’Ukraine.

     

    Tous les peuples sans exception n’ont rien à gagner à une nouvelle guerre.

    Les urgences pour les populations et toute l’humanité sont la paix, la préservation de l’environnement, la justice sociale, le respect des droits humains et le désarmement.

    La CGT n’aura de cesse de revendiquer haut et fort le droit à la paix, à la sécurité, le droit effectif à la non-discrimination de tout être humain et de l’ensemble des populations.


    votre commentaire
  •  

    8 mars

     

    Appel aux féministes du monde entier

     

    Résistance féministe antiguerre

     

     

    Ce texte est un manifeste de féministes russes unies contre la guerre et l’occupation en Ukraine.

     

    Dans la Russie contemporaine, le féminisme est l’un des rares mouvements d’opposition à ne pas avoir été détruit par les vagues de persécutions menées par le gouvernement de Vladimir Poutine.

     

    Plusieurs dizaines de groupes féministes sont actifs dans au moins 30 villes de Russie.

     

    Le 24 février, vers 5 h 30 du matin, heure de Moscou, le président russe Vladimir Poutine a annoncé une «opération spéciale » sur le territoire de l’Ukraine visant à « dénazifier » et « démilitariser » cet État souverain.

     

    Cette opération était préparée depuis longtemps.

     

    Depuis plusieurs mois, les troupes russes se rapprochaient de la frontière avec l’Ukraine.

     

    Dans le même temps, les dirigeants de notre pays ont nié toute possibilité d’attaque militaire.

     

    Maintenant, nous savons qu’il s’agissait d’un mensonge.

    La Russie a déclaré la guerre à son voisin.

     

    Elle n’a pas laissé à l’Ukraine le droit à l’autodétermination ni l’espoir de mener une vie en paix.

     

    Nous déclarons – et ce n’est pas la première fois – que la guerre est menée depuis huit ans à l’initiative du gouvernement russe.

     

    La guerre dans le Donbass est une conséquence de l’annexion illégale de la Crimée.

     

    Nous pensons que la Russie et son président ne sont pas et n’ont jamais été préoccupés par le sort des habitants de Louhansk et de Donetsk, et que la reconnaissance des républiques huit ans après leur proclamation n’était qu’un prétexte pour envahir l’Ukraine sous couvert de libération.

     

    En tant que citoyennes russes et féministes, nous condamnons cette guerre.

    Le féminisme, en tant que force politique, ne peut être du côté d’une guerre d’agression et d’une occupation militaire.

     

    Le mouvement féministe en Russie lutte en faveur des groupes vulnérables et pour le développement d’une société
    juste offrant l’égalité des chances et des perspectives, et dans laquelle il ne peut y avoir de place pour la violence et les conflits militaires. La guerre est synonyme de violence, de pauvreté, de déplacements forcés, de vies brisées, d’insécurité et d’absence d’avenir.

    Elle est inconciliable avec les valeurs et les objectifs essentiels du mouvement féministe.

     

    La guerre exacerbe les inégalités de genre et fait reculer de nombreuses années les acquis en matière de droits humains.

    La guerre apporte avec elle non seulement la violence des bombes et des balles, mais aussi la violence sexuelle : comme l’histoire le montre, pendant la guerre, le risque d’être violée est multiplié pour toutes les femmes.

    Pour ces raisons et bien d’autres, les féministes russes et celles qui partagent les valeurs féministes doivent prendre une position forte contre cette guerre déclenchée par les dirigeants de notre pays.

     

    La guerre actuelle, comme le montrent les discours de Vladimir Poutine, est également menée sous la bannière des «valeurs traditionnelles» proclamées par les idéologues du gouvernement – des valeurs que la Russie, telle un missionnaire, aurait décidé de promouvoir dans le monde entier, en utilisant la violence contre celles et ceux qui refusent de les accepter ou qui ont d’autres opinions.

     

    Toute personne dotée d’esprit critique comprend bien que ces «valeurs traditionnelles » incluent l’inégalité de genre, l’exploitation des femmes et la répression d’État contre celles et ceux dont le mode de vie, l’identité et les agissements ne sont pas conformes aux normes patriarcales étroites.

    L’occupation d’un État voisin est justifiée par le désir de promouvoir ces normes si faussées et de poursuivre une «libération » démagogique ; c’est une autre raison pour laquelle les féministes de toute la Russie doivent s’opposer à cette guerre de toutes leurs forces.

     


                Aujourd’hui, les féministes sont l’une des rares forces politiques actives en Russie.

     

    Pendant longtemps, les autorités russes ne nous ont pas perçues comme un mouvement politique dangereux, et nous avons donc été temporairement moins touchées par la répression d’État que d’autres groupes politiques.

    Actuellement, plus de 45 organisations féministes différentes agissent dans tout le pays, de Kaliningrad à Vladivostok, de Rostov-sur-le-Don à Oulan-Oudé et Mourmansk.

     

    Nous appelons les féministes et les groupes féministes de Russie à rejoindre la résistance féministe antiguerre et à unir leurs forces pour s’opposer activement à la guerre et au gouvernement qui l’a déclenchée.

    Nous appelons également les féministes du monde entier à se joindre à notre résistance.

    Nous sommes nombreuses, et ensemble nous pouvons faire beaucoup : au cours des dix dernières années, le mouvement féministe a acquis un énorme pouvoir médiatique et culturel.

    Il est temps de le transformer en pouvoir politique.

     

    Nous sommes l’opposition à la guerre, au patriarcat, à l’autoritarisme et au militarisme.

    Nous sommes l’avenir qui prévaudra.

     


    NOUS APPELONS LES FÉMINISTES DU MONDE ENTIER

              

    À rejoindre des manifestations pacifiques et à lancer des campagnes de terrain et en ligne contre la guerre en Ukraine et la dictature de V. Poutine, en organisant vos propres actions.

    N’hésitez pas à utiliser le symbole du mouvement de Résistance féministe antiguerre dans vos documents et publications,

    ainsi que les hashtags

    #FeministAntiWarResistance

    et #FeministsAgainstWar.

     

                À propager les informations sur la guerre en Ukraine et l’agression de V. Poutine.

    Nous avons besoin que le monde entier soutienne l’Ukraine en ce moment et refuse d’aider le régime de Poutine de quelque manière que ce soit.

    À partager ce manifeste autour de vous.

    Il est nécessaire de montrer que les féministes sont contre cette guerre – et tout type de guerre.

    Il est également essentiel de montrer qu’il existe encore des militantes russes prêtes à s’unir pour s’opposer au régime de Vladimir Poutine.

    Nous risquons toutes d’être victimes de la répression d’État désormais et nous avons besoin de votre soutien.


    https://t.me/femagainstwar


    Traduit de Jacobinmag.com par www.europe-solidaire.org/


    votre commentaire
  • Le sexisme au quotidien persiste,

    selon un rapport du Haut Conseil

    à l'égalité femmes-hommes

    Le premier "Baromètre sexisme", paru à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, s'inscrit dans la suite du mouvement #MeToo et sur fond de hausse du nombre de plaintes contre les violences sexuelles.

    France Info >>>>>

    Rapport 2022 >>>>>


    votre commentaire
  • Philippe Poutou convoqué par la police :

    solidarité face à une intimidation d’État !

    L’Etat n’en finit pas d’intimider les candidats d’extrême-gauche à la présidentielle. Après Anasse Kazib, c’est Philippe Poutou qui est convoqué ce 8 mars par la police dans le cadre d’une enquête demandée par Darmanin pour « injure publique envers une administration publique ». Une intimidation scandaleuse : solidarité avec Philippe Poutou

    Révolution Permanente >>>>>

    Twitter >>>>>Philippe Poutou


    votre commentaire
  • 7 mars 1942 / 7 mars 2022

    Pierre Semard, l’indomptable

     

    7 mars 1942 / 7 mars 2022 Pierre Semard, l’indomptable

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le 7 mars 1942, le dirigeant ouvrier était fusillé par les nazis.

    Il participa à la création de la CGT-U et à la réunification de la CGT.

    Il fut aussi secrétaire général du PCF.

     

    Publié le Lundi 7 Mars 2022 - L'Humanité >>>>>
    Photo : L'Humanité
     
     

    L’histoire du mouvement ouvrier est bien souvent remisée au rang des antiquités.

    Elle n’aurait plus aucun sens aujourd’hui au nom de la transformation du monde.

    Ainsi, évoquer Pierre Semard pourrait être associé à une forme de nostalgie d’une époque définitivement révolue.

    Comment cet homme, alors que rien ne l’y prédestinait, est-il encore aujourd’hui une des personnalités historiques les plus estimées au sein de la CGT et notamment chez les cheminots ?

     

    La vie de Pierre Semard nous plonge dans une période de transition du mouvement ouvrier.

    Né en 1887, il entre très jeune dans le monde du travail.

    La CGT, constituée en 1895, en est à ses balbutiements.

    Il intègre les chemins de fer dans la Drôme.

    Affecté au secrétariat du chef de gare de Valence, il prend ses premières responsabilités syndicales.

    En 1917, il devient responsable de l’union CGT Drôme-Ardèche.

    En 1919, il est le dirigeant incontesté des cheminots de la Drôme.

    En février 1920, son charisme et son activité contribuent à une grève massive dans le département.

    À l’issue de cet épisode, Semard prend une dimension nationale.

    S’opposant à la direction fédérale, il va contribuer au changement de majorité.

    C’est le début de l’affrontement interne au sein de la CGT entre révolutionnaires et réformistes.

    En juin 1921, il se retrouve à la tête de la fédération CGT des cheminots, une organisation alors éclatée puisque des syndicats refusent que la fraction révolutionnaire prenne l’ascendant.

     

    Cette fédération n’est pas reconnue par la CGT, qui exclut Semard du comité confédéral national.

    La fédération doit quitter les locaux rue Baudin pour s’installer à la Grange-aux-Belles.

    Semard va alors jouer un grand rôle dans la création de la CGT-U.

    Il porte au sein de cette organisation sa vision du syndicalisme en plaidant pour l’adhésion à une internationale révolutionnaire.

    Et dans le même temps, au sein du Parti communiste naissant, il combat le contrôle du parti sur l’activité syndicale.

    Il porte cette orientation avec Gaston Monmousseau au congrès de l’ISR (Internationale syndicale rouge), où il obtient gain de cause.

     

    Pour un syndicalisme de masse n’affichant aucune doctrine

    En 1923, il est emprisonné à la Santé pour avoir agi contre l’occupation de la Ruhr.

    Lors du 2e congrès de la CGT-U en 1923, fidèle à ses convictions, il s’oppose aux commissions syndicales constituées par le PC et plaide pour un syndicalisme de masse ouvert et n’affichant aucune doctrine.

    Malgré ses positions tranchées, il entre au comité central du parti en janvier 1924 et en devient secrétaire général au lendemain du Ve congrès de l’Internationale communiste.

    La mort de Lénine marque un virage dans les concessions faites aux organisations françaises.

    Semard prône une rupture avec le sectarisme et l’autoritarisme, il souhaite une politique de débat.

    Sa confirmation comme secrétaire général en juin 1926 suscite de grandes discussions à Moscou.

     

    Ses positions contre la guerre du Maroc lui valent un nouvel emprisonnement, durant lequel il est écarté de la direction du parti.

    En 1933, il revient vers le syndicalisme et est élu secrétaire général de la fédération unitaire en juin 1934.

     

    Face à la montée du péril fasciste, Semard porte la voix de l’unité d’action tant sur le plan syndical entre les deux CGT que politique entre communistes et socialistes.

    Il favorise les fusions de syndicats locaux puis de réseaux et, le 24 novembre 1935, il est élu cosecrétaire général des fédérations unifiées.

    Il est à la tête de la délégation qui négocie les accords de 1936 pour les cheminots.

    À la création de la SNCF, en janvier 1938, il entre au conseil d’administration (CA) comme représentant des salariés.

    Toutefois, il est très critique sur cette forme de nationalisation.

    Dans son discours à la conférence des conducteurs à la Mutualité, il dira : « La nationalisation reste à faire. »

    Au lendemain de la grève de novembre 1938, il est révoqué du CA de la SNCF et rétrogradé au rang de facteur en écritures.

     

    À la suite du pacte germano-soviétique, les ex-confédérés les démettent, lui et ses camarades, de leurs ­responsabilités le 25 septembre 1939.

    Pour s’opposer à cette mesure antistatutaire, il décide avec Raymond Tournemaine de bloquer en banque les cotisations syndicales.

    Une plainte de ses opposants conduit à son arrestation et son incarcération à la Santé.

    Bien que l’accusation ne tienne pas, il est condamné à la prison le 6 avril 1940 pour le seul fait d’être communiste.

    Le 9 mai, il est révoqué de la SNCF.

     

    Début 1942, alors qu’il devrait être ­libéré, il est transféré de Bourges au camp de Gaillon.

    Le 6 mars, lorsqu’il apprend un nouveau transfert vers la prison d’Évreux, il sait qu’il s’agit de son dernier voyage.

    Le 7 mars 1942, désigné comme otage, il est fusillé par les nazis.

     

    L’Humanité clandestine publie le 1er mai un texte présenté comme sa dernière adresse aux cheminots, dans laquelle il salue l’Armée rouge et Staline et où il appelle les cheminots à l’action contre les nazis.

    L’ignominie de cet assassinat renforce les réseaux de la Résistance cheminote jusqu’à la grève insurrectionnelle du 10 août 1944.

    Le 7 mars 1945, un immense cortège traverse Paris, de la gare de Lyon au cimetière du Père-Lachaise.

    La dépouille de Semard est escortée par des milliers de militants communistes et de la CGT.

    Semard est entré dans l’histoire, il symbolise l’engagement sans faille, la discipline du militant et la fidélité à ses idéaux.


    votre commentaire
  • Fil mis en ligne le 5 mars 2022 + mise à Jour
     
    Communiqué de l’AFPS

    Non à l’agression de la Russie contre l’Ukraine,

    il faut faire respecter le droit…

    partout dans le monde

    L’Association France Palestine Solidarité condamne l’agression de la Russie contre l’Ukraine, en violation flagrante du droit international et de la charte de l’ONU ; elle s’associe à l’appel lancé par le Collectif national des marches pour la paix et appelle ses militant·e·s à se joindre, dans l’unité, aux rassemblements qui seront organisés ce samedi 5 mars dans ce sens.

    Tout en étant centrée sur la défense des droits du peuple palestinien, notre association ne peut pas rester indifférente à l’agression que subit tout un peuple, ainsi qu’à la négation de ses droits et de son existence même au nom de la loi du plus fort.

    Notre association note que l’Union européenne a su se mobiliser rapidement et dans l’unité pour prononcer des sanctions contre la Russie et ses dirigeants. Elle ne peut que s’en féliciter.

    Mais pour les Palestiniens, qui subissent depuis plus de 70 ans les agressions, les expulsions, la négation de leurs droits par la puissance israélienne, et qui constatent chaque jour qu’Israël continue ces agressions en toute impunité, la situation a un goût amer. Il en est de même pour les autres peuples qui partout dans le monde voient leurs droits bafoués dans le silence le plus total.

    La France et l’Europe devront, au lendemain de l’épisode tragique que nous vivons, montrer que leur volonté de faire respecter le droit n’est pas sélective, et qu’elles savent prendre des sanctions, y compris contre l’Etat d’Israël, face à des violations graves, systématiques et répétées du droit international.

    L’impunité est le moteur des crimes de guerre, ces crimes doivent être sanctionnés sans attendre qu’il ne soit trop tard. Comme nous le répètent nos amis palestiniens, nous devons faire respecter le droit si nous ne voulons pas nous retrouver dans la loi de la jungle.

    Le Bureau national de l’AFPS, 5 mars 2022

     
     
     

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique