• Pour la paix et une solution négociée en Ukraine

    Publié le 24 fév 2022
    Communiqué de presse Confédération CGT
     

    Le président Vladimir Poutine a pris cette nuit la lourde responsabilité d’ordonner le bombardement de dizaines de sites militaires à travers toute l’Ukraine et aux troupes de l’armée de terre russe de franchir la frontière en plusieurs points du territoire ukrainien.

    Ces bombardements supposément ciblés ont déjà touché des quartiers d’habitation et ont causé des pertes civiles.


    La vie de millions d’Ukrainiens est bouleversée.

    Cette décision peut provoquer un embrasement dramatique de la région et conduit déjà les populations civiles de plusieurs grandes villes, en particulier de Kiev, à fuir vers l’ouest, abandonnant en catastrophe leurs logements.

    La CGT alerte sur les risques de généralisation du conflit et appelle l’ensemble des dirigeants des parties concernées à ne jouer en aucun cas la carte de l'escalade.

    Les armes doivent se taire immédiatement et laisser la place à une solution diplomatique plaçant au cœur l’aspiration des populations à vivre libres et en paix !

    La CGT condamne, comme elle l’a toujours fait, les menées impérialistes des grandes puissances, l’irresponsabilité des dirigeants qui font le choix des armes plutôt que du dialogue, les cadres d’alliance militaire dont l’OTAN qui représentent une menace permanente pour la paix.

    A l’instar de nombreuses voix en France et dans le monde, la CGT exhorte tous les responsables politiques à arrêter de suivre la logique militaire et à faire prévaloir l’aspiration des peuples à la paix.

    Face à une guerre qui une fois encore se traduira par des morts, des destructions et des reculs sociaux, la CGT est aux côtes des travailleuses et travailleurs d’Ukraine, de leurs organisations syndicales.

    Elle est aussi aux côtés des travailleuses et travailleurs, des organisations syndicales, des pays qui seront rapidement impactés par cette guerre, notamment ceux de Russie et des pays limitrophes de l’Ukraine.

    Tous les peuples sans exception – qui sont confrontés à une crise globale (climatique, sanitaire, sociale…) frappant d’abord les plus pauvres, les plus fragiles – n’ont rien à gagner à une nouvelle guerre !

    Les priorités pour les peuples et l’avenir de l’humanité se nomment : paix, préservation de l’environnement, justice sociale, réalisation des droits humains, désarmement !

    Nous revendiquons :

    1. Un cessez-le-feu en Ukraine et la mise en œuvre des accords existants


    2. L’arrêt des menaces et des livraisons d’armes à toutes les parties


    3. Que les Nations-Unies soient le cadre privilégié d’élaboration des solutions politiques et diplomatiques pour régler la question ukrainienne.

     

    Avec les organisations du Collectif national des marches pour la paix, la CGT appelle aux initiatives de mobilisation pour la paix et une solution négociée en Ukraine.

     

    Montreuil, le 24 février 2022


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  • 63 très riches

    polluent autant

    que 50 % des ménages

     

    Climat Dans un rapport publié ce mercredi, Greenpeace et Oxfam dévoilent le vrai bilan carbone des milliardaires français. Et réclament une réforme fiscale.

    Publié le
    Mercredi 23 Février 2022
     
     

    On le sait, les milliardaires ne sont pas les meilleurs amis du climat.

    Mais, le plus souvent, les critiques se limitent à leur mode de vie particulièrement polluant – utilisation de jets privés, de yachts, etc.

    Ainsi, on estime qu’en 2018, un milliardaire émettait en moyenne 8 190 tonnes de CO2 rien qu’en se déplaçant à travers la planète.

    Bernard Arnaud, PDG de LVMH, aurait ainsi émis 10 421 tonnes, alors que l’empreinte carbone d’un Français se situait aux alentours de 8 tonnes.

    Les chiffres sont choquants, mais parcellaires.

    Dans leur rapport, les ONG Oxfam et Greenpeace décident de s’intéresser à la partie immergée de l’iceberg, en tenant également compte des dégâts climatiques générés par le patrimoine financier des milliardaires, c’est-à-dire leur participation au capital de multinationales.

    Verdict :

    en un an, les émissions de gaz à effet de serre issues des participations de 63 milliardaires français dans leur « principale entreprise » ont atteint plus de 152 millions de tonnes de CO2…

    soit autant que les émissions de CO2 du patrimoine financier de près de la moitié des ménages français.

     

    « Ce chiffre élevé reflète la réalité de la richesse des milliardaires, qui est notamment le résultat de la valorisation de leurs participations financières, écrivent les ONG.

    La valeur de ces actifs financiers a atteint des sommets pendant la crise sanitaire : à titre d’exemple, le 28 décembre 2021, l’indice CAC 40 a battu son record historique.

    Or, ces actifs sont souvent détenus dans des secteurs d’activité hautement carbonés. »

     

    Les ONG militent pour un ISF climatique

    Parmi les milliardaires étudiés par Oxfam et Greenpeace, c’est Gérard Mulliez (et sa famille) qui décrocherait la palme du plus polluant.

    Fondateur du groupe Auchan, il détient aussi une vingtaine de grandes entreprises par l’intermédiaire de la structure Association familiale Mulliez, dont Kiabi, Decathlon, Boulanger et Flunch.

    La famille Mulliez pèserait donc 33 millions de tonnes de CO2.

    Le podium est complété par Rodolphe Saadé, fils du fondateur de l’armateur CMA CGM, et Emmanuel Besnier (Lactalis).

    Au total, ces trois super riches consommeraient presque autant que le quart des ménages français.

    « Notre ambition est de donner une lecture objective de la structure économique et sociale de la crise climatique, résume Clément Sénéchal, chargé de campagne climat de Greenpeace.

    Il ne suffit pas de calculer la consommation d’une tonne de CO2 , il faut aussi tenir compte des conditions de sa production.

    C’est ce que nous essayons de faire avec ce rapport qui pointe les disparités au sein de la population française : les ultra-riches polluent beaucoup plus, il est donc normal de les mettre à contribution. »

     

    Les ONG militent donc (entre autres) pour l’instauration d’un ISF climatique,

    c’est-à-dire un impôt sur la fortune intégrant une composante carbone :

    il suffirait pour cela d’associer une quantité de carbone aux différents avoirs des super riches, et de lui donner un prix en fonction des standards actuels.

    Selon le rapport, cet ISF, appliqué aux seuls milliardaires français, pourrait rapporter 6,8 milliards d’euros par an.


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  • Communiqué du

    Collectif finistérien

    pour l'interdiction des armes nucléaires

     

    Rassemblement à Brest

    mercredi 23 février 2022

    à 18h place de la Liberté

     

    En dépit des menaces de représailles exprimées par les Etats Unis, l'Otan et l'Union Européenne, les forces russes ont franchi la frontière et sont entrées au Donbass.

    De jour en jour l'hypothèse d'une confrontation directe entre les deux principales puissances nucléaires gagne malheureusement en consistance.

    Face à la gravité de la situation le CIAN29 appelle à se rassembler demain mercredi à 18h place de la Liberté pour dénoncer le coup de force de Poutine et exiger l'ouverture immédiate de négociation menées sous l'égide de l'ONU.

    La guerre n'est pas la solution, seule une résolution diplomatique du conflit peut conduire à une paix juste et durable.


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  • Fabien Roussel se défend

    d’avoir bénéficié d’un emploi fictif

    Polémique

    Pour Mediapart, le candidat PCF à la présidentielle n’était pas réellement assistant parlementaire entre 2009 et 2014. Le dirigeant communiste affirme que si.

    Publié le Mardi 22 Février 2022 - Aurélien Soucheyre - L'Humanité >>>>>
     

     

    Fabien Roussel était-il un « assistant parlementaire fantôme » de 2009 à 2014, comme l’a écrit dimanche soir Mediapart ?

    « Mais c’est hallucinant cette histoire ! Bien sûr qu’il était mon assistant parlementaire. Il était très investi et efficace », répond d’emblée l’ancien député PCF du Nord, Jean-Jacques Candelier.

    Nos confrères du média d’investigation indiquent de leur côté que, «malgré de nombreuses sollicitations », le candidat du PCF à la présidence de la République « n’a pas été en mesure de produire le moindre élément matériel permettant de retracer ses activités d’assistant pendant cinq ans ».

    « Je vous confirme que je voyais Fabien tous les samedis en mairie de Bruille-lez-Marchiennes, plusieurs personnes peuvent en témoigner.

    Je le voyais aussi à Paris, à Lille, quelquefois à Somain le soir.

    J’avais cinq mandats : député, maire, président de la communauté de communes, conseiller général et président de la mission locale. Donc cela nécessite d’être très organisé et j’étais en lien très étroit avec Fabien », ajoute Jean-Jacques Candelier.

     

    Mediapart écrit que « plusieurs témoignages accréditent l’idée que Fabien Roussel travaillait en réalité pour son parti », puisqu’il est devenu secrétaire fédéral du PCF pour le département du Nord en 2010.

    « Fabien était bien assistant. Il a travaillé pour Jean-Jacques Candelier, notamment un travail de relation avec les acteurs de circonscription, du département, surtout ceux investis dans les luttes sociales. Il n’aura aucun mal à témoigner de ce travail », assure Ian Brossat.

    Le directeur de campagne de Fabien Roussel ajoute « qu’il n’est pas illégal d’être assistant parlementaire, et aussi, en tant que bénévole, secrétaire fédéral d’un parti. Il n’appartient pas à Mediapart de juger d’un tel fonctionnement ».

     

    Fabien Roussel, qui était rémunéré entre 2 400 et 2 700 euros mensuels en tant qu’assistant, l’était-il à plein temps ?

    Comment menait-il de front ses deux fonctions (dont les missions de terrain peuvent parfois se superposer) ?

    « Si on m’avait enlevé Fabien, comment est-ce que j’aurais pu abattre tout le travail accompli ? On préparait ensemble mes interventions dans l’Hémicycle et les propositions de loi en lien avec la réalité du terrain.

    J’ai produit environ 4 900 questions écrites en dix ans, un travail phénoménal, impossible à accomplir en se privant d’un assistant », développe Jean-Jacques Candelier. Mediapart insiste pourtant sur l’absence de documents prouvant ce travail.

    « Vous pouvez chercher des mails autant que vous voulez, il n’y en a pas car je déteste utiliser un ordinateur. Je n’ai jamais envoyé de mails : je fonctionnais essentiellement par fax et téléphone, c’est comme ça que je préparais mes textes avec Fabien, quand c’était à distance », indique l’ancien parlementaire de 76 ans.

     

    Très présent sur le terrain

    « J’irriguais ses travaux, ses discours, ses questions au gouvernement de mon travail avec les acteurs sociaux et politiques du département et de sa circonscription. Je me déplaçais sur les lieux de lutte, rencontrais les militants politiques, syndicaux, associatifs et les salariés afin de nourrir l’action et l’ancrage de terrain de mon député », a répondu Fabien Roussel à Mediapart.

    « J’ai les documents de travail que j’ai faits avec lui », a-t-il précisé lundi matin, sur Europe 1.

     

    « Je suis très surpris par cet article de Mediapart. J’avais régulièrement affaire à Fabien Roussel en circonscription ; lors de réunions sur l’entreprise ferroviaire AFR, la centrale thermique d’Hornaing et la gare de triage de Somain. Il faisait très bien son boulot d’assistant et était très présent sur le terrain. C’est malheureux qu’il n’y en ait pas plus comme ça ! » assure de son côté Dominique Ben, secrétaire départemental de la CGT du Nord.

     

    Mediapart cite également, sous couvert d’anonymat, des collègues de Fabien Roussel incapables de préciser son rôle véritable :

    « On ne le voyait pas, on ne travaillait pas avec lui » ; « Jamais nous n’avons évoqué de dossier qu’il aurait suivi »…

    « Je ne vois pas, à part ceux qui sont arrivés après son départ, qui, dans mon équipe parlementaire, peut affirmer que Fabien n’y travaillait pas. Je suis certain qu’ils peuvent témoigner du contraire », mesure Jean-Jacques Candelier.

     

    Mediapart prévient cependant qu’au « cours d’une discussion dont il reste une trace », l’ancien député aurait affirmé que la situation de Fabien Roussel « n’était pas très nette », et qu’il avait « bien fait » d’arrêter de travailler avec lui en 2014.

    « J’ai dit qu’il était devenu délicat d’embaucher des responsables politiques en tant que collaborateurs, car cela peut ensuite nourrir des doutes. La preuve… Mais Fabien était bien mon assistant », explique Jean-Jacques Candelier.

     

    Quant à la question, posée par Europe 1, de savoir pourquoi cette enquête tombe à un mois de la présidentielle, Fabien Roussel a répondu : « C’est le jeu », tout en indiquant qu’il « respecte le travail des journalistes ».


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  • 21 février 1944 / 21 février 2022
    Il y a 78 ans ...
     
    Les nazis massacraient
    23 résistants du groupe Manouchian des FTP/Moi
     
    Wikipédia - Missak Manouchian >>>>>
    Wikipédia - Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée >>>>>
    Wikipédia - L'Affiche Rouge >>>>>
     

    La liste des 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'affiche rouge.

    Les 22 hommes ont été fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

    Olga Bancic, seule femme du groupe, fut décapitée le 10 mai 1944 à Stuttgart :

     

    Tribune

    Missak Manouchian, à quand la patrie reconnaissante?

    Un collectif de personnalités, dont l’historien Serge Klarsfeld et le cinéaste Robert Guédiguian, ainsi qu’une vingtaine de députés et sénateurs, appellent à la panthéonisation du héros de l’Affiche rouge, fusillé au Mont-Valérien il y a 78 ans.
     
     
     
    Appel

    Missak Manouchian, apatride mais français par le sang versé

    Article réservé aux abonnés
    Un comité s’est constitué pour l’entrée du chef des FTP-MOI au Panthéon, où ne figure aucun représentant de la résistance communiste à l’occupant nazi. Tout un symbole au moment où un polémiste qui en a flétri la mémoire est bien placé dans la course à la présidentielle.
     

     

    Mathilde Larrère Historienne >>>>> Twitter


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  • Perte d’autonomie, le lourd dilemme des familles

    Grand âge

    Face à la dépendance d’un proche, de nombreuses personnes se retrouvent seules face à un casse-tête administratif et financier. Et culpabilisent parfois des choix qu’elles doivent faire contre l’avis de leur parent. Témoignages.

    Publié le Lundi 21 Février 2022
     
     
     
     

    Mal aux articulations. Douleurs aux jambes. Peur de tomber.

    À 96 ans, Émilienne ne sortait pratiquement plus de chez elle, un appartement au 3e étage d’un HLM de Colombes (Hauts-de-Seine). Son quotidien était ponctué par les allers-retours de la femme de ménage, de l’infirmière et de la kiné. Le gendre ou les filles se chargeaient des courses. La vie devait forcément continuer ainsi. « Elle était bien chez elle, depuis soixante-cinq ans qu’elle occupait l’appartement ! » raconte sa fille Valérie, 52 ans. Émilienne n’imaginait pas qu’il pourrait en être autrement. Pourtant, l’état de santé de la vieille dame devient de plus en plus problématique. « Elle ne pouvait plus marcher, même avec le déambulateur. C’est à peine si elle mangeait toute seule », se souvient Valérie. S’ensuit une longue et épuisante période où toute la famille – nombreuse – se relaie pour la toilette, les repas, le ménage, les courses… « Il est arrivé qu’elle m’appelle en journée, quand j’étais au boulot, pour que je vienne et l’accompagne aux toilettes », explique sa fille. La mort dans l’âme, la famille finit par envisager un établissement spécialisé. Même Émilienne, qui culpabilise en voyant ses proches se démener pour elle, s’y résout. Sa kiné intervient justement dans un Ehpad tout proche. La résidence jouit d’une bonne réputation, ce qui rassure tout le monde. Émilienne emménage en septembre 2021 dans une chambre de 21 m2 à 86 euros la journée, auxquels il faut ajouter la part de dépendance. Soit au total un peu plus de 3 100 euros par mois, à sa charge. « Ma mère, entre sa pension et la réversion de son mari, perçoit 1 700 euros par mois », précise Valérie. En attendant – six longs mois – de connaître le montant des aides, la famille prend en charge le surplus. Au final, entre l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) et les aides sociales, le reste à payer s’établit à 375 euros. Aujourd’hui, Émilienne ne loupe jamais le Loto du jeudi. « Elle a repris du poids et a bien meilleure mine. Je n’ai plus peur de la chute. Plus peur quand elle ne répond pas au téléphone. Je peux enfin dormir sur mes deux oreilles », souffle Valérie, soulagée.

    49 % des résidents d’ehpad atteints de troubles démentiels

    Poids de la culpabilité, casse-tête administratif, logistique chamboulée, contraintes financières… Pour les familles, la perte d’autonomie d’un proche représente toujours un cruel dilemme. Sans parler des enjeux symboliques, face à une situation qui renvoie chacun à son propre vieillissement. Alors on attend le dernier moment. Et l’entrée en établissement se fait souvent dans l’urgence. D’autant que les Ehpad, qui constituent l’essentiel de l’offre d’accueil, n’ont pas vraiment le vent en poupe. La tragique affaire Orpea, leader mondial des Ehpad, révélée dans les Fossoyeurs, le livre choc de Victor Castanet, ne fait que renforcer la tendance.

    Annette, 70 ans, était au départ plutôt satisfaite de l’accueil réservé à sa mère, dans cet Ehpad public de Chartres (Eure-et-Loir). C’était il y a sept ans. Georgette, alors âgée de 89 ans, ne voulait surtout pas entendre parler d’une assistance pour sa toilette. À l’époque, Marcel, son époux, essayait tant bien que mal de lui venir en aide. Mais une méchante chute lui fracture le col du fémur. Puis une autre. « Mon père voulait s’occuper d’elle jusqu’au bout. Il fallait pourtant se rendre à l’évidence, même si cela lui brisait le cœur », se souvient Annette. Il signe pour sa femme un placement en institution. Et meurt trois semaines plus tard. Sa fille, assistante sociale à la retraite, prend la relève. Pour Georgette, la transition se passe plutôt bien. « Elle a retrouvé une vie sociale qu’elle n’avait plus. » Mais depuis, le Covid est passé par là. Avec ses conséquences délétères. « C’était épouvantable. Avec mes frères et sœurs, nous n’avions plus le droit de visite. » Et même lorsque la famille peut de nouveau la voir, « avec le masque, la distance, elle ne pouvait rien entendre ». L’état de santé de la vieille dame, aujourd’hui âgée de 96 ans, s’est détérioré. Annette a vu aussi les conditions d’accueil se dégrader au fil du temps. Comme dans beaucoup d’établissements : la faute au manque de personnel, au turnover important, au manque de formation. « Ma mère ne veut pas qu’on l’aide pour manger. Mais il faut pourtant bien être présent, parce que sinon elle ne mange pas, insiste-t-elle. On arrive en Ehpad en bout de course. Il faut une attention très importante au confort des résidents qui ne sont pas dans une simple maison de retraite, mais pas non plus dans un hôpital. »

    Toutes les études concordent. Le nombre des 75 ans et plus représentera 13,5 % de la population en 2060, contre 9,3 % en 2020. Ils seront quasiment 11 millions en 2035, dont 5 millions âgés de plus de 85 ans. En parallèle, le nombre de places en structure d’accueil évolue moins rapidement. Les Ehpad reçoivent une population de plus en plus âgée et dépendante, voire en fin de vie. Selon le rapport des députées Monique Iborra et Caroline Fiat en 2018, 49 % des résidents souffrent de troubles démentiels, pour beaucoup liés à Alzheimer, et 35 % de « troubles chroniques du comportement ».

    trois enfants, vivant tous à des centaines de kilomètres

    Alzheimer. Le mot tant redouté a été lâché, il y a deux ans, sur les maux de Gisèle, 83 ans à l’époque. Bien sûr, ses enfants avaient remarqué qu’elle oubliait plus souvent que d’ordinaire. Rien de bien alarmant. « Elle a toujours eu la mémoire sélective », sourit son fils Fabrice, 59 ans. Surtout, elle était autonome dans sa maison gardoise, les trois enfants vivant tous à des centaines de kilomètres de là. « Les voisins me disaient qu’il fallait la placer. Mais personne n’était prêt. C’était beaucoup trop tôt ! Sa maison, c’est le projet d’une vie. On ne pouvait pas lui infliger ça. Après réflexion, je crois que je faisais aussi l’autruche. Je voulais croire qu’elle resterait autonome. » Cadre informaticien, il prend les choses en main malgré un emploi du temps déjà très lourd. Avec l’aide de sa compagne, il trouve une association de proximité qui assure le ménage. L’APA prendra en charge 250 euros sur les 600 euros que coûtent les prestations. « Je n’y connaissais rien. Je découvrais un autre monde. Le plus complexe, c’est de comprendre le mécanisme. Tout se passe par courriel. Moi qui déteste la dématérialisation ! » En parallèle, le gériatre de Gisèle fait une demande de prise en charge à 100 % pour la Sécurité sociale. Et Fabrice crée un groupe WhatsApp qui réunit toute la famille, mais aussi l’infirmière et l’assistante de vie. « Des professionnelles extraordinaires, dit-il , qui s’occupent des gens, vraiment, jusqu’au bout. » L’été 2021, les choses se compliquent. « Ma mère a fait une chute et n’a pas pu se relever. L’infirmière l’a retrouvée dans le salon, complètement déshydratée », raconte-t-il. Il fallait augmenter le nombre de visites. Cela n’empêchera pas une seconde chute. Bilan : fracture du col du fémur. Gisèle part à l’hôpital, puis en rééducation. Deux longs mois. C’est Chrystelle, l’infirmière, qui parlera de cette famille d’accueil, à quelques kilomètres de la maison de Gisèle. Sur les trois places pour personnes âgées, une est à prendre. Fabrice se rend sur les lieux. Découvre Laurence, qui a plaqué son métier d’infirmière pour se consacrer aux personnes âgées, dans son mas cévenol entouré de chevaux. « La confiance a été immédiate, se souvient-il. C’est un soulagement monstrueux que de savoir sa mère entre de bonnes mains ! » Aujourd’hui, il doit de nouveau s’atteler à la paperasse. Réévaluer l’APA et demander une aide sociale. Car les 1 500 euros mensuels de retraite de sa mère ne couvrent que la moitié du coût. « Il faudra aussi voir comment gérer la maison, pour qu’elle ne se détériore pas. » Et chacun croise les doigts pour que Gisèle, encore en rééducation, accepte ce nouveau foyer. Elle qui demande chaque jour quand elle pourra retrouver son chez-soi…

    la très grande majorité des personnes âgées souhaitent rester chez elles

    Colocation, béguinage (lotissement immobilier pour personnes âgées), famille d’accueil… toutes ces alternatives au maintien à domicile et au placement en Ehpad restent extrêmement marginales. Alors, tant qu’on peut, on repousse le moment du départ. Selon une étude du Crédoc de 2017, la très grande majorité des personnes âgées souhaitent rester chez elles le plus longtemps possible. Gisèle et Jean (86 et 94 ans) entendent bien continuer à vivre dans la maison léguée par la mère de Gisèle, à La Troche, petit hameau paisible de la campagne yvelinoise. Jean a des problèmes cardiaques et des malaises réguliers. Conduire lui est interdit. Gisèle, après une chute et plusieurs mois à l’hôpital, se déplace le plus souvent en fauteuil roulant. C’est leur neveu qui s’occupe des courses et les conduit à leurs rendez-vous médicaux. Sa compagne s’occupe de la toilette et prépare à l’avance des plats faciles à réchauffer. Le neveu tient à respecter le choix de ceux qui sont désormais sa seule famille : « C’est une angoisse quand on doit s’absenter. On a toujours peur que l’un ou l’autre ne soit tombé. Ça nous est arrivé plusieurs fois de devoir revenir en catastrophe… C’est vraiment un gros cas de conscience. Mais on se dit qu’on accepte ce risque pour ne pas les priver, tant qu’ils sont encore tous les deux, de leur cadre de vie. »


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  • Entretien ...

    avec Stéphanie Roza, philosophe politique.

    « Même s’il y avait unité,

    la gauche ne pourrait pas l’emporter »

    À l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, l’état de la gauche actuelle semble la mener droit vers l’échec. Comment en est-on arrivé là ? Quel a été l’impact du quinquennat de François Hollande ? Entretien avec Stéphanie Roza, philosophe politique.

     

    Ouest-France >>>>>


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  • «Sans les marchés,

    le prix de l’électricité

    n’aurait pas évolué significativement »
     
    Anne Debrégeas

    Ingénieure, porte-parole du syndicat SUD-Energie

     

     



    L’envolée des prix du marché de l’électricité est d’autant plus difficile à accepter que les coûts du système électrique sont restés globalement stables.

    Environ 85 % de ces coûts sont fixes, c’est-à-dire indépendants de la quantité d’électricité produite.

    Ce sont principalement des coûts de construction du réseau et des centrales de production, des frais financiers et des charges d’exploitation fixes.



    Les 15 % restants correspondent essentiellement à des coûts de combustibles, uranium et gaz principalement.

    Ce dernier représentait 3 % des coûts du système en moyenne sur la période 2012-2019.

    Il est passé à 8 % en 2021 du fait de la flambée de son prix.

    Le prix du gaz impacte également la balance commerciale, mais celle-ci n’a pas été dégradée en 2021, au contraire et elle reste structurellement positive : la France exporte plus d’électricité qu’elle n’en importe.



    Compte tenu de la structure des coûts du système électrique, la France dépense chaque année pour son électricité, en incluant les imports et exports, un montant d’environ 40 milliards d’euros en moyenne sur la décennie 2012-2021, peu variable et en légère progression (moins de 1 % par an).

    En 2021, ce montant a progressé de 5 % par rapport à cette moyenne décennale et de seulement 4 % par rapport à 2020, soit moins de 2 milliards d’euros.

    Pas de quoi provoquer une crise !



    Un marché « aberrant »


    Si l’Etat a dû intervenir en pompier pour éviter une hausse de 45 % hors taxes du tarif réglementé de vente pour les particuliers, s’il a dû demander à EDF de payer à ses concurrents, pour 20 TWh, la différence entre un prix de marché stratosphérique et le coût de production du nucléaire, ce n’est pas en raison d’une augmentation du coût de l’électricité.

    C’est en raison d’un marché qualifié à juste titre d’« aberrant » par le ministre de l’économie Bruno Le Maire.



    Même en moyenne annuelle, les prix de marché ont fluctué vingt fois plus que les coûts de production sur la dernière décennie, avec un écart de 239 % entre le minimum et le maximum annuels (32 €/MWh en 2020, 108 €/MWh en 2021) contre un écart de seulement 16 % pour les coûts de production.

    Sans les marchés, le prix de l’électricité n’aurait pas évolué significativement.



    Où passe l’argent ?

    A l’évidence, certains en ont tiré bénéfice, en particulier parmi les fournisseurs qui ont bénéficié de l’aide de l’Etat via EDF.

    Engie ou TotalEnergies, qui vient d’annoncer un bénéfice net de 14 milliards d’euros en 2021, avaient-ils besoin de ces aides ?

    Julien Tchernia, cofondateur du fournisseur Eqwater, expliquait quant à lui, dans l’émission « Complément d’Enquête » du 27 janvier, sur France 2, comment son entreprise spéculait avec l’aide de l’Etat historique que représente l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH).



    Des problèmes depuis vingt ans


    Quelle est l’utilité de ces fournisseurs pour les consommateurs ?

    Aucune.

    La plupart d’entre eux ne produisent pas d’électricité, ne la choisissent pas, ne la stockent pas, ne la livrent pas à leurs clients : ils se contentent de les démarcher de manière souvent agressive, d’acheter et de vendre en spéculant sur les marchés financiers de l’électricité et de facturer.

    Comme le résumait si bien M. Tchernia dans La Tribune le 2 juin 2021 :

    « Nous ne sommes pas plus énergéticiens qu’Amazon n’est libraire.

    Nous sommes avant tout des commerçants numériques. »

    Donc un Amazon qui ne livrerait pas ses clients.



    La crise que traverse le secteur électrique actuellement est certes particulièrement aiguë, mais elle n’a rien de conjoncturel : elle succède à d’autres crises, moins médiatisées.

     

    Par exemple la hausse des prix de marché en 2006 qui a mis en grande difficulté les entreprises, obligeant l’Etat à réinstaurer un tarif réglementé transitoire pour les protéger ;

    ou l’effondrement de ces prix de marché à partir de 2016, qui ne permettaient plus aux producteurs européens de couvrir leurs coûts, les mettant en difficulté financière au risque de sous-investir dans l’entretien et le renouvellement du parc électrique.



    Les mesures d’urgence mises en place par le gouvernement sont bien sûr nécessaires pour circonscrire l’incendie et protéger les consommateurs (particuliers comme entreprises), mais elles ne règlent en rien le problème durablement.

    Elles ne font que s’ajouter aux autres mesures de contournement du marché empilées à chaque nouvelle crise depuis vingt ans.



    Prendre la mesure de l’enjeu


    A l’évidence, ces mesures n’ont jamais apporté de solution pérenne, et pour cause : l’électricité ne se stocke pas, et la demande ne peut s’adapter que très faiblement à l’offre ;

    les coûts ne dépendent que marginalement de la quantité d’électricité produite ; les investissements se font sur des échéances de plusieurs décennies incompatibles avec la volatilité de la rémunération apportée par les marchés ;

    la planification et la coordination essentielles à l’équilibre complexe du système nécessitent de la visibilité ;

    les objectifs recherchés pour l’électricité dépassent la seule efficacité économique mais intègrent impacts écologiques, équité de traitement entre usagers, géopolitique, etc.



    Autant de caractéristiques qui rendent le marché de l’électricité inopérant par nature.

    Par ailleurs, contrairement à ce qui est souvent avancé, les interconnexions n’ont pas attendu les marchés pour exister, et l’optimisation des échanges transfrontaliers n’impose pas la concurrence.

    Le défi climatique auquel nous devons faire face nous impose d’agir vite et efficacement.



    Il est temps de prendre la mesure de cet enjeu et d’offrir la stabilité nécessaire tant aux consommateurs qu’aux producteurs qui devront investir des sommes colossales dans le système électrique, estimées par RTE à 20 à 25 milliards d’euros par an.

    Cela passe par une sortie du marché et de la concurrence, sans renoncer pour autant à la coopération européenne et même en la renforçant, sur d’autres bases.



    Anne Debrégeas, Ingénieure-chercheuse en économie des systèmes électriques (EDF), porte-parole du syndicat SUD-Energie



     


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  • La satisfaction générale des Français

    est au plus bas depuis 2010,

    selon l'Insee

    La note moyenne de satisfaction dans la vie est même en baisse depuis le début de la pandémie. Elle s'établit à 6,8 sur 10 au début de l'année 2021, alors qu'elle était de 7,3 en 2019 et 7,2 en 2020.

    France Info >>>>>


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  • Barkhane.

    Le revers de la politique militariste de la France

     

    Mali

    Emmanuel Macron a officialisé vendredi le retrait des troupes françaises, qui doivent être redéployées dans les pays voisins.

    Après neuf ans de guerre, les groupes djihadistes continuent à pulluler en Afrique de l’Ouest.

     
    Vendredi 18 Février 2022
     
     
     

    Engagée militairement au Mali depuis 2013 (opération « Serval »), la France vient d’annoncer son retrait de ce pays.

    2 400 militaires français y sont stationnés.

    De même que 15 000 soldats de l’ONU au sein de la Minusma, dont l’avenir est désormais en suspens puisqu’elle comptait sur un large soutien de l’opération française.

    Après la déstabilisation de toute la région sahélo-saharienne à la suite de la guerre déclenchée en 2011 par la France en Libye, Paris était officiellement intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako.

    Elle a ensuite mis sur pied une vaste opération régionale, « Barkhane », déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d’al-Qaida et du groupe « État islamique ».

    Mais, selon le ministère des Armées, « le volet militaire n’est qu’une partie de la réponse qui doit d’abord s’appuyer sur des progrès politiques, sociaux, culturels et économiques ».

    Malgré des victoires tactiques et l’élimination de chefs djihadistes, le terrain n’a jamais été véritablement repris par l’État malien et ses forces armées.

     

    1. Comment en est-on arrivé là ?

    « Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie ni les objectifs cachés » et qui ont recours à « des mercenaires de la société (russe) Wagner » aux « ambitions prédatrices », a fait valoir Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse aux côtés des présidents sénégalais, ghanéen et du Conseil européen.

    En réalité, la crise couvait depuis plusieurs mois.

    Un premier coup d’État qui a renversé Ibrahim Boubacar Keïta avait déjà échaudé la France.

    Mais c’est sans doute la décision prise par l’homme fort de la junte en place, le colonel Assimi Goïta, en mai de l’année dernière d’empêcher un remaniement gouvernemental en faisant arrêter le président et le premier ministre de la transition, puis le report des élections prévues en février 2022 qui ont scellé la rupture entre Paris et Bamako.

    « Un coup d’État dans le coup d’État inacceptable », déplorait le chef de l’État français.

    Dans la foulée, la France dénonçait un accord que les autorités maliennes auraient passé avec la société Wagner, ce qui a toujours été démenti.

    Emmanuel Macron avait déjà menacé de retirer ses troupes du Mali.

    Une divergence de fond était apparue.

    Les militaires maliens au pouvoir avaient décidé de changer de stratégie et de tenter de négocier directement avec les chefs des groupes djihadistes, ce qui pour Paris s’apparentait à un casus belli.

     

    Le pouvoir malien n’est pourtant pas si isolé.

    Emmanuel Macron ne peut ignorer le sentiment antifrançais qui s’est développé ces derniers mois au Mali, mais pas seulement.

    « L’ancienne puissance coloniale (…) a beaucoup perdu en influence, explique Marc-Antoine Pérouse de Montclos, expert de la zone pour l’Institut de recherche pour le développement (IRD), à l’AFP.

    Après s’être vantée d’avoir restauré une démocratie parlementaire au Mali en 2013, elle n’a pas réussi à empêcher des coups d’État à répétition, tout en continuant d’être accusée par les Sahéliens de faire et défaire les gouvernements de la région. »

     

    2. Que va-t-il se passer ?

    Le Canada et les États européens, qui opéraient jusque-là aux côtés des Français avec des forces spéciales au sein de la task force « Takuba », « estiment que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel (…) au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations ».

    Paris et ses partenaires souhaitent toutefois « rester engagés dans la région » sahélienne et « étendre leur soutien aux pays voisins du golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest » pour contenir la menace djihadiste.

    « Le cœur de cette opération militaire ne sera plus au Mali mais au Niger », a fait savoir Emmanuel Macron.

    « Nous comprenons cette décision, a expliqué le président sénégalais, Macky Sall, dans une conférence de presse commune avec le président français.

    La lutte contre le terrorisme au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains. (…).

    Nous sommes heureux que l’engagement ait été renouvelé de rester dans la région et de réarticuler le dispositif. »

     

    Au Sénégal, l’armée française compte 350 hommes et dispose d’une escale aérienne.

    À Abidjan, la base française de Côte d’Ivoire compte 900 soldats et constitue une plateforme stratégique, « opérationnelle et logistique majeure », selon le ministère de la Défense.

    350 soldats sont logés au Gabon.

    Mais surtout, entre 350 et 400 militaires des forces spéciales sont stationnés près de Ouagadougou, au Burkina Faso.

    Concrètement, la fermeture des dernières bases françaises au Mali (Gao, Ménaka et Gossi) prendra de « quatre à six mois », selon Macron.

    « Pendant ce temps, (…) nous allons continuer d’assurer les missions de sécurisation de la Minusma (la mission de l’ONU au Mali, forte de plus de 13 000 casques bleus – NDLR) », qui continuera de bénéficier d’un soutien aérien et médical français sur place, avant le transfert ultérieur de ces moyens, a-t-il assuré.

    « Nous prendrons les dispositions nécessaires pour nous adapter au nouveau contexte en vue de pouvoir poursuivre la mise en œuvre de notre mandat », a fait savoir Olivier Salgado, porte-parole de la Minusma.

    Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, s’est déjà prononcé pour le maintien d’une force de la paix de l’ONU au Mali.

     

    3. Un revers de la France ?

    Évidemment, Emmanuel Macron « récuse complètement » cette idée d’échec.

    Pourtant, force est de constater que le retrait annoncé ressemble fort à une débandade.

    Car après neuf ans de guerre, les objectifs affichés n’ont pas été atteints.

    Les groupes djihadistes continuent à pulluler au Sahel et se répandent maintenant dans le golfe de Guinée.

    La raison en est simple : tout ce qui fait le terreau de Daech ou d’al-Qaida, à savoir le manque de développement économique, la pauvreté grandissante, le manque d’avenir, reste la réalité quotidienne des Maliens.

    Les coups d’État successifs au Mali, au Tchad et au Burkina Faso – tous ex-colonies françaises – ont affaibli les alliances ouest-africaines de la France et montré que les accords existants servent plus Paris que Bamako, N’Djamena ou Ouagadougou.

    Les économies de ces pays ne perçoivent aucun dividende de l’ouverture de leurs richesses minières aux grandes compagnies internationales.

    En témoignent les milliers de jeunes Africains de l’Ouest qui risquent leur vie dans des voyages migratoires à haut risque.

    C’est dire si le « volet militaire » ne s’est pas appuyé « sur des progrès politiques, sociaux, culturels et économiques », annoncés pourtant comme complémentaires par le ministère des Armées.

    Au contraire.

    Or, c’est bien ce qui est en jeu aujourd’hui.

    Malgré cela, Emmanuel Macron reste scotché à sa stratégie.

    « Il s’agit de nous recentrer sur les demandes de nos partenaires là où notre contribution est attendue. (…)

    Cet appui pourra inclure de l’aide en matière de formation et d’entraînement, de la fourniture d’équipements, voire un appui à leurs opérations contre le terrorisme », a-t-il soutenu.

    Et donc, très certainement, des ventes d’armes à la clé.

    Comme si le continent africain avait besoin de ça.

     

    4. Quel avenir pour le Mali ?

    Le pays est en grande difficulté et la décision française risque de le déstabiliser davantage.

    Le sentiment antifrançais va très certainement s’amplifier, d’autant que neuf ans de guerre n’ont rien réglé et l’insécurité se poursuit.

    Et que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) imposent des sanctions économiques au Mali pour le punir de ne pas organiser des élections.

    Des sanctions soutenues par la France et l’Union européenne.

    Les mêmes sont pourtant moins sourcilleux s’agissant de manipulations constitutionnelles en Côte d’Ivoire et en Guinée pour obtenir un troisième mandat présidentiel.

    Or, ce sont les Maliens qui en subissent les conséquences.

    Ils ont d’ailleurs dénoncé cette punition en manifestant en nombre dans les rues de Bamako.

    Ils entendent avoir voix au chapitre.

    Une revendication que la France ferait bien d’entendre.

     
     
     

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