• Macron varie de méthode, pas de politique

     

    Élysée Le président de la République est sorti de son silence post-législatives, mercredi soir. Il s’est dit prêt à travailler avec « toutes les forces politiques de l’Assemblée », y compris le RN.


     
     

    L’idée avait circulé au sein de la majorité, mais le président de la République l’a pour le moment écartée : il n’y aura pas de gouvernement d’union nationale en réponse aux résultats des législatives du 19 juin.

    Mercredi soir, en prenant la parole à la télévision à 20 heures, Emmanuel Macron a brisé le silence radio dans lequel il s’était enfermé depuis dimanche, afin de consulter son cercle proche et les chefs des partis d’opposition.

     

    Dans son allocution, le chef de l’État a pris acte du résultat du scrutin, qui ne donne à sa coalition (Ensemble !) qu’une majorité relative de députés.

    « Comme en Allemagne ou en Italie, aucune force politique ne peut faire les lois seule, a-t-il admis. Je ne peux pas ignorer les fractures qui traversent le pays et se retrouvent à l’Assemblée nationale. »

    Mais Emmanuel Macron dévoie le sens du scrutin, faisant mine de l’interpréter comme un appel à s’entendre, et non un vote sanction de sa politique.

    Il a aussi martelé qu’il reste légitime à agir, en vertu du « mandat clair (que les Français lui ont) confié en avril » – omettant un peu vite le vote par défaut dont il a amplement bénéficié.

     

    Comment gouverner dès lors ?

    Emmanuel Macron a donc écarté tout gouvernement d’union nationale, bien qu’il en ait discuté la possibilité, mardi et mercredi, avec les leaders des partis d’opposition comme de la majorité.

    « Tous ont fait part de leur respect pour nos institutions et ne veulent pas le blocage, a-t-il salué . Mais beaucoup ont exclu l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale. »

     

    « C’est possible de construire une majorité plus large, de trouver des compromis nouveaux », a déclaré le chef de l’État, ce qui signifierait des négociations texte par texte avec les groupes siégeant avec l’opposition.

    Rassemblement national inclus ?

    Il semblerait.

    Emmanuel Macron s’est dit prêt à travailler avec « toutes les forces politiques de l’Assemblée nationale »  : « Il faudra clarifier dès les prochains jours la part de responsabilité de chaque groupe, et jusqu’où ils seront prêts pour qu’on avance ensemble. »

    Une manière de renvoyer la balle dans le camp de l’opposition dans sa pluralité, tout en rejouant le disque désormais rayé du « dépassement ».

    Le chef de l’État a ainsi donné quelques jours aux partis pour se positionner, au prétexte de se consacrer à sa tâche de président (jusqu’à fin juin) de l’Union européenne.

     

    Mais c’est avant tout à la droite qu’Emmanuel Macron s’adresse.

    Car il ne s’agit pas d’infléchir sa politique.

    « Nous devons poursuivre le dépassement avec clarté et responsabilité. La clarté, c’est de ne jamais perdre de vue le projet que vous avez choisi en avril dernier. »

    Et Emmanuel Macron de réaffirmer les grands axes de son programme, listant sans plus de détails une loi pour le pouvoir d’achat et des «mesures fortes pour l’hôpital ».

    Lesquelles, comment ? Le chef de l’État ne sera pas plus précis.

    En revanche, ces réformes « ne doivent générer ni plus d’impôts, ni plus de dettes », prévient-il.

    En somme, son programme de réélection est non négociable, seulement amendable.

     

    « Rien de neuf sous le soleil »

    Emmanuel Macron risque d’être accueilli froidement.

    « Pas de chèque en blanc », a rétorqué Olivier Marleix, président du groupe LR.

    «  Quand on voit l’arrogance dont Emmanuel Macron a fait preuve en recevant les chefs de parti, sans gestes d’ouverture, on se dit qu’une sortie de crise n’est pas sur de bons rails », ajoute le député LR Raphaël Schellenberger.

    De plus, pour l’élu alsacien, l’élection d’Aurore Bergé à la tête du groupe LaREM n’est pas faite pour arrondir les angles.

    « C’est un mauvais signal, elle n’a eu qu’un comportement acide ces cinq dernières années à l’encontre des parlementaires des autres bancs », poursuit-il, alors que la cheffe des députés macronistes devrait avoir un rôle clé, si le gouvernement était amené à trouver des majorités de circonstance.

     

    Côté écologiste, on retourne à Emmanuel Macron la politesse. « Nous reprendrons les propositions de la Convention pour le climat pour déposer une proposition de loi. Ce sera un test de crédibilité, si le gouvernement a à cœur d’agir, la Macronie pourra la voter », explique le numéro un d’EELV, Julien Bayou, qui renvoie le gouvernement à sa propre (ir)responsabilité climatique.

    « La force doit rester à la loi de la démocratie », a quant à lui réagi Jean-Luc Mélenchon. L’insoumis réclame qu’Élisabeth Borne se soumette à un vote de confiance en présentant son programme :

    « Si elle perd ce vote, elle devra démissionner. Si elle gagne, alors l’Assemblée fera son travail et, sur la base des textes, fera ses propositions. Il ne sert à rien de gloser au-delà. »

    Le porte-parole du PCF, Ian Brossat, a de son côté tancé Emmanuel Macron : « Le président de la République a retrouvé sa langue, mais pas sa boussole. Rien de neuf sous le soleil. L’art de la défausse poussé à ses limites. »


    votre commentaire
  • "Notre cap stratégique,

    c'est le renforcement du pouvoir du Parlement"

    Jean-Luc Mélenchon

    Les députés LFI font leur entrée

    à l'Assemblée nationale.

    21 juin 2022


    votre commentaire
  • Rachel KEKE

    Députée LFi

     

    Merci encore pour le soutien et la confiance

    que vous m’avez donnés.

    Quelle fierté de porter cette écharpe tricolore,

    et de siéger à l'Assemblée nationale

    pour défendre les invisibles !

     

    Twitter >>>>> Rachel KEKE

    Twitter 2 >>>>> Rachel KEKE


    votre commentaire
  • Noé Gauchard

    Un score historique

    Noé Gauchard  Un score historique


    votre commentaire
  • L'Assemblée Nationale

    Les député-e-s élu-e-s le 19juin 2022

    répartition par parti politique

    (source graphique l'Humanité 21 juin 2022 

    cliquez sur la photo pour l'agrandir)

    [Mardi 21 Juin 2022  Les Actualités Politiques]


    votre commentaire
  • Le second tour ébranle la Macronie

     

    Législatives Selon les estimations disponibles dimanche à 22 heures, la gauche obtiendrait de 165 à 175 sièges et bouscule le camp présidentiel. L’extrême droite marque aussi des points avec un groupe de 80 à 85 élus.

    Le second tour ébranle la Macronie

     

     

     

    Un véritable séisme.

    Le second tour des élections législatives bouleverse le paysage politique: la Macronie devrait se voir priver d’une majorité absolue tandis que la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) occupera une grande partie de l’Hémicycle.

    Mais l’extrême droite vient assombrir le tableau, avec un Rassemblement national qui devrait être doté d’un groupe bien plus puissant qu’attendu.

     

    D’une soixantaine de sièges occupés par la gauche pendant le précédent quinquennat, les projections de l’Ifop disponibles à 22 heures lui en promettent de 165 à 175.

    Qui l’aurait parié il y a seulement quelques mois, quand la gauche apparaissait divisée et marginalisée ?

    Cette percée, permise par l’union, n’a cependant pas suffi à battre le camp du président de la République.

    Mais les différentes composantes de la Nupes entendent plus que jamais contrarier les projets du chef de l’État.

    « Il ne pourra pas se prévaloir d’une majorité dans le pays. Il va devoir en tenir compte et ne pas imposer ses lois », a lancé le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, élu comme 11 autres des 32 candidats communistes présents au second tour.

    « Le retour d’un grand nombre de députés de gauche et écologistes, c’est l’événement de cette soirée », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il faudrait comprendre pourquoi « cette alliance électorale n’a pas permis de l’emporter ».

    L’insoumis Jean-Luc Mélenchon, dont la formation compterait au moins 79 élus (selon Ipsos), a aussi assuré que la « déroute du parti présidentiel » est « totale » et que « plus grands sont les bouleversements, plus grandes sont les opportunités ».

    « Envoyer trois fois plus de députés qu’au mandat précédent peut tout changer », a aussi insisté Julien Bayou (EELV), qui pouvait espérer un groupe écologiste de 25 membres, quand le PS pouvait miser sur 25 élus.

     

    Après un second tour aux allures de sévère revers, le chef de l’État sort extrêmement fragilisé de ce scrutin.

    De 230 à 240 députés devraient composer sa majorité, selon les estimations de l’Ifop, en deçà du seuil fatidique de 289 sièges .

    Plusieurs de ses ministres – comme Justine Benin, Brigitte Bourguignon ou encore Amélie de Montchalin – sont battus.

    Le président du groupe LaREM, Christophe Castaner, comme le président sortant de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, sont aussi sortis.

    Pourtant, le président a mouillé la chemise pour éviter d’avoir à composer avec d’autres forces.

    Bafouant la tradition républicaine, il ne s’est pas privé d’intervenir depuis l’Ukraine dans la campagne des législatives.

    En écho à cette OPA sur la République , ses lieutenants ont poursuivi la diabolisation, entamée dès avant le premier tour, des candidats de la gauche .

     

    Un échec.

    Le rapport de forces oblige le président à se mettre en quête de nouvelles alliances, du côté des « Républicains » (LR).

    Malgré la perte de nombre de ses 100 députés, avec 62 à 68 élus, selon les projections de l’Ifop, les élus LR pourraient bien devenir indispensables à Emmanuel Macron pour valider sa réforme des retraites ou pour contraindre les allocataires du RSA à des heures de travail gratuit.

    Des mesures pour lesquelles la droite classique n’aura pas trop à forcer sa nature.

    Mais les députés LR pourraient être tentés de faire monter les enchères.

    « Nous sommes dans l’opposition, nous resterons dans l’opposition », a prévenu le président du parti, Christian Jacob, dimanche soir.

    Mais la claque est d’ampleur alors que sa formation obtiendrait moins de sièges que le RN.

     

    C’est l’autre fait majeur de la soirée : l’extrême droite obtient un groupe à l’Assemblée bien plus important qu’attendu .

    De surcroît, le premier depuis 1986, où elle avait bénéficié de la proportionnelle.

    Le Rassemblement national devrait pouvoir compter, selon les estimations, sur 80 à 85 sièges.

    Un signal des plus inquiétant après la qualification à la présidentielle pour la seconde fois de Marine Le Pen en avril.

    «  C’est un tsunami, une très belle percée », s’est réjoui Jordan Bardella, estimant, contre les chiffres disponibles, que son parti sera « la seule et véritable force d’opposition ».

    Tout en tendant la main aux « patriotes » de LR sur le soutien desquels il compte pour remettre les questions d’immigration et d’identité au premier plan, il a fustigé ceux qui seraient la « béquille de Macron ».

     

    Le parti d’extrême droite peut cependant remercier la Macronie.

    Avec des appels au barrage « au cas par cas », elle a fissuré encore davantage le front républicain, sur lequel elle a – à juste titre – pu compter au second tour de l’élection présidentielle.

    Nombre de candidats Ensemble ! défaits au premier tour ont jugé opportun de ne pas livrer de consigne de vote.

    Ou, pire, de renvoyer dos à dos gauche et extrême droite.

    De basses manœuvres pour tenter de compenser le vote anti-Macron qui a largement joué en défaveur du camp présidentiel.

    Et, dimanche soir, le ton n’a pas changé.

    La porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a fait part de son « inquiétude » devant l’abstention mais aussi devant « des extrêmes aussi hauts ».

    « Évidemment on attendait mieux. On a déçu un certain nombre de Français, le message est clair », a- t-elle aussi reconnu.

    « Nous avons tout pour réussir et c ’est ensemble que nous y parviendrons », a de son côté assuré la première ministre, Élisabeth Borne, appelant à constituer «  une majorité d’action ».

     

    La dynamique de la gauche n’aura pas permis de mobiliser suffisamment pour l’emporter.

    54 % des électeurs ne se seraient pas rendus aux urnes dimanche, selon les estimations.

    Plus que la semaine précédente, où la non-participation s’est élevée à 52,49 %. 

    Un record depuis 2017, où, entre les deux tours, l’abstention avait encore bondi de 6 points, passant de 51,3 % à 57,36 %.

     

    La gauche a toutefois construit de solides bases pour aborder le quinquennat.

    Elle réoccupe le devant de la scène politique et pourrait entraver les plans d’Emmanuel Macron en comptant sur le renfort du mouvement social et climatique, plus que jamais décisif.

    À la gauche désormais de jouer de ses nouveaux atouts pour imposer les questions qui préoccupent vraiment les Français, pouvoir d’achat en tête.


    votre commentaire
  • Quand la Macronie perd les pédales

     

    Les soutiens du président ont passé l’entre-deux-tours à diaboliser la gauche rassemblée au sein de la Nupes, en plus de la comparer au RN et d’instrumentaliser la guerre en Ukraine…

     

     
     
     

    Comment les dictionnaires définissent-ils la « panique » ?

    « Terreur extrême, soudaine, irraisonnée, souvent collective. »

    Et c’est peu dire que la Macronie a paniqué entre les deux tours des législatives, par peur de voir la Nupes s’imposer à l’Assemblée nationale.

    « Jean-Luc Mélenchon nous propose une régulation soviétique où tout est interdit ou organisé. On ne pourra même plus couper son bois dans sa propre propriété », a ainsi affirmé Christophe Castaner, le patron des députés LaREM.

    Le programme de la Nupes parle pourtant d’interdire les « coupes rases», à savoir les coupes industrielles en forêt.

    Rien à voir, donc.

    Mais qu’importe, Emmanuel Macron a repris ce mensonge grotesque à son compte.

     

    Le chef de l’État est même allé plus loin.

    « Quelques jours avant le second tour, et avant de quitter le sol national, je tenais à m’adresser à vous », a-t-il lancé avant de s’envoler vers l’est.

    Sur le tarmac, le ton est grave, le péril surjoué, et l’attaque indigne d’un président de la République.

    « La guerre en Ukraine (…) sème partout le désordre », mesure-­­ t-il, avant de poursuivre : « Rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial. »

    C’est pourquoi il en appelle « au bon sens et au sursaut républicain » pour les législatives.

    « Parce qu’il en va de l’intérêt supérieur de la nation, je veux aujourd’hui vous convaincre de donner une majorité solide au pays », assène-­ t-il, avant d’ajouter qu’ « aucune voix ne doit manquer à la République ».

     

    En plus d’instrumentaliser la guerre en Ukraine et de sous-entendre qu’une victoire de la gauche constituerait une catastrophe similaire en France, le chef de l’État place tout bonnement la Nupes en dehors du champ républicain.

    A-t-on jamais vu pareille attaque contre la gauche rassemblée dans toute l’histoire de la Ve République de la part d’un personnage censé garantir le respect de nos institutions ?

    « Prétendre qu’il n’existe qu’une seule interprétation des valeurs de la République est la négation même de notre histoire démocratique », a répondu le philosophe Jean-Fabien Spitz, dans le Monde.

     

    Mais la Macronie, dans sa panique, avait déjà franchi les limites de la décence, sans trouver le chemin du retour à la raison.

    Les membres de la Nupes seraient ainsi des « anarchistes d’extrême gauche », selon Amélie de Montchalin.

    La ministre de la Transition écologique estime même que son projet est celui « de la soumission à la Russie et de la désobéissance à l’Europe », comme si vouloir renégocier des traités (déjà fort peu respectés) revenait à s’agenouiller devant le despote russe…

     

    En plus d’être hors République, la Nupes est également hors « science ».

    Car les 170 économistes soutenant le programme de la Nupes seraient des « militants déguisés » qui cherchent à « intimider l’opinion ».

    C’est en tout cas l’avis d’économistes néolibéraux qui ont signé une tribune dans le Figaro pour expliquer que « les économistes pro-Nupes ne représentent pas “la science” ».

    Là, encore, il ne s’agit même pas de débattre de deux visions opposées du monde – ici sur l’économie –, mais de sortir la Nupes du champ d’une discipline scientifique fondamentale, en lui niant son droit même à défendre la moindre vision.

    La diabolisation, la stigmatisation et même l’exclusion se mêlent ainsi à la caricature.

     

    « On ne retient plus les coups, on lâche tout »

    À écouter le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le programme de la Nupes conduirait même « directement à la ruine du pays ».

    «  Vous avez envie que la France se retrouve sous programme de surveillance du FMI comme l’Argentine, comme le Venezuela ou comme la Grèce il y a quelques années ? » a-t-il enchaîné.

    Tous les ténors de la Macronie se sont passé le mot.

    « On ne retient plus les coups, on lâche tout », expliquent-ils, fébriles, dans un entre-deux-tours qui les voit abîmer le débat public et notre démocratie.

    « Vous avez déjà vu le bazar à l’Assemblée avec un groupe de 17 députés FI ? » s’étouffe ainsi François Bayrou, qui de l’autre côté du champ politique relativise sur le RN : « Je ne sais pas si ça s’appelle l’extrême droite. »

     

    Cette pseudo-interrogation est gravissime en elle-même, et d’autant plus insupportable qu’elle intervient au moment même où la Macronie a joué à renvoyer dos à dos la Nupes et le RN, l’ex-ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer assurant que « l’extrême gauche est un danger aussi grand que l’extrême droite ».

    Des propos repris par plusieurs macronistes, la première ministre Élisabeth Borne elle-même refusant d’appeler clairement à faire barrage au RN quand des candidats Nupes lui font face.

    Preuve de l’affolement à l’œuvre dans les rangs de la majorité sortante, et aussi de son inquiétante décomposition citoyenne et politique, car la peur, aussi réelle soit-elle chez certains, n’excuse pas tout.

     


    votre commentaire
  • La Nupes devient la première force d’opposition

     

    Gauche

    La coalition FI-PCF-PS-EELV relève le défi de faire entrer 147 députés à l’Assemblée nationale.

    Son score met en échec la Macronie qui est privée de majorité absolue.

    Mais elle ne parvient pas à conquérir un nombre suffisant d’élus pour s’imposer à Matignon.

     

     

     

    Si ce n’est pas une victoire, ce n’est pas non plus une défaite.

    Jean-Luc Mélenchon estime que la gauche a réussi « l’objectif politique » qu’elle s’était fixé, celui de « faire tomber celui qui, avec autant d’arrogance, avait tordu le bras de tout le pays pour être élu sans qu’on sache pour quoi faire ». 

    La gauche a des raisons d’être satisfaite de ces législatives : elle a mis Emmanuel Macron en minorité et renversé quelques ministres de poids.

    Surtout, elle revient en nombre dans l’Hémicycle, devenant de fait la première force d’opposition.

    Entre 165 et 175 députés devraient peupler l’Assemblée nationale, selon les estimations de l’Ifop à 20 h 30.

    De plus, le PCF, la FI, le PS et le pôle écologiste devraient chacun disposer d’un groupe parlementaire.

    Néanmoins, la Nupes ne parvient pas à conquérir une majorité, malgré sa première position à l’issue du premier tour, et ne pourra pas former un gouvernement.

     

    PCF Un groupe consolidé

    Bien embarqués à l’issue du premier tour, huit députés communistes sortants ont été réélus.

    En Seine-Maritime, Sébastien Jumel (57,81 %), Jean-Paul Lecoq (65,76 %) et Hubert Wulfranc (61,07 %) confirment l’implantation du PCF dans ce département.

    En Île-de-France, Stéphane Peu et Elsa Faucillon sont tous deux reconduits pour un second mandat.

    Fabien Roussel (54,5 %), Pierre Dharréville (52,67 %) et le président du groupe GDR, André Chassaigne (69,43 %), s’imposent face au RN.

    Dans l’Allier, où Jean-Paul Dufrègne passait la main, Yannick Monnet (55,51 %) l’emporte face à la macronie.

    Enfin, dans la 4e circonscription de Seine-Saint-Denis, Soumya Bourouaha, qui succédait à Marie-George Buffet, était seule en lice, dimanche, après le retrait du maire de Stains, Azzédine Taïbi.

    En revanche, Alain Bruneel perd son siège dans le Nord, battu de 277 voix par l’extrême droite.

    « La Nupes a largement contribué à nos succès. La gauche se renforce à l’Assemblée. C’est une très bonne nouvelle avec la constitution de quatre groupes, s’est réjoui Fabien Roussel.

    Il reste beaucoup à faire pour que la gauche soit majoritaire. Il faudra prendre le temps de comprendre pourquoi de nombreux électeurs n’ont pas franchi le pas. »

     

    Dans les 31 circonscriptions où le PCF était présent au second tour, la formation remporte deux nouveaux sièges.

    Nicolas Sansu (57,7 %) dans le Cher et Jean-Marc Tellier (50,11 %) dans le Pas-de-Calais s’imposent face à l’extrême droite.

    À 71 voix près, le maire d’Avion parvient à reprendre une circonscription au RN, malgré la dangereuse vague brune.

    En revanche, Jean-Marc Lespade (48,06 %) s’incline dans les Landes, face à Ensemble !. Bruno Nottin (36,64 %), Gabriel Blasco (40,81 %) dans l’Hérault et Patrick Soloch (42,85 %) dans le Nord sont, eux, battus par le RN. Loïc Pen (43,3 %) dans l’Oise chute face à LR.

    Pour former un groupe, les 12 parlementaires communistes devraient s’appuyer sur leurs partenaires ultramarins.

    Jean-Philippe Nilor en Martinique, Karine Lebon à La Réunion et Moetai Brotherson en Polynésie française ont été reconduits.

    Tavini, la formation de ce dernier, envoie par ailleurs deux autres députés à Paris.

     

    PS les socialistes se maintiennent

    C’était l’un des duels attendus du second tour : avec 53,7 % des suffrages, l’ex-député PS Jérôme Guedj défait la ministre Amélie de Montchalin dans l’Essonne.

    Une victoire symbolique, qui s’ajoute aux succès des figures du groupe socialiste : le premier secrétaire Olivier Faure (65,3 %) en Seine-et-Marne, la présidente du groupe Valérie Rabault (57,37 %) dans le Tarn-et-Garonne, mais aussi les députés Boris Vallaud (59,3 %) dans les Landes et Christine Pirès Beaune (64 %) dans le Puy-de-Dôme sont réélus.

     « Nous sommes fiers d’avoir contribué à la réussite de la Nupes. La gauche et les écologistes seront présents en force à l’Assemblée nationale grâce à cette union », a déclaré Corinne Narassiguin, numéro 2 du PS.

    Sous la menace de voir son groupe disparaître après le score de 1,7 % obtenu par Anne Hidalgo à la présidentielle, le PS conserverait un groupe avec 25 députés investis par la Nupes, selon une estimation d’Ipsos. 

    Soit un élu de plus que lors de la précédente mandature.

    Les socialistes verront par ailleurs de nouveaux visages siéger dans leurs rangs.

    Dans le Finistère, Mélanie Thomin, avec 50,57 %, signe une des performances de ce second tour en battant le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand.

    Anna Pic (51,61 %) l’emporte face à la députée LaREM Sonia Krimi.

    Arthur Delaporte est élu dans la 2e circonscription du Calvados.

    Déception en revanche pour Pierre Jouvet. Le négociateur du PS au sein de la Nupes s’incline dans la Drôme face au candidat Ensemble !.

    Enfin, l’ex-frondeur Laurent Baumel (49,48 %) loupe de peu son retour au Palais-Bourbon.

     

    Pôle écologiste Le retour des verts

    Jamais l’écologie politique n’aura compté autant de députés dans l’histoire de la Ve République.

    Pour la première fois depuis 2016, les Verts auront aussi un groupe parlementaire.

    Il devrait être composé d’environ 25 députés, selon les projections d’Ipsos à 21 heures.

    C’était leur objectif principal après une absence de cinq ans.

    Une situation logique au vu de leurs scores en progression dans toutes les élections depuis 2019, hormis la présidentielle.

    Ce qui rend « heureuse » l’eurodéputée Karima Delli, qui met ces bons résultats sur le compte de l’union.

    Les principaux cadres du pôle écologiste vont rejoindre l’Assemblée, c’est le cas du secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, à Paris, de la finaliste de la primaire, Sandrine Rousseau, ou de la co-coordinatrice de Génération.s, Sophie Taillé-Polian, dans le Val-de-Marne.

    L’ancienne ministre socialiste Delphine Batho, désormais cheffe de Génération écologie, enchaînera un quatrième mandat de députée, récoltant 58 % dans les Deux-Sèvres.

    De même, la porte-parole d’EELV, Éva Sas, bat son homologue de LaREM, Laetitia Avia, à Paris, et la militante du mouvement climat Marie Pochon est élue dans la Drôme avec 52 % des suffrages.

    En revanche, le Palais-Bourbon ne verra siéger sur ses bancs ni Stéphane Ravacley, boulanger et défenseur des migrants dans le Doubs, ni Nicolas Cadène, ex-secrétaire général de l’Observatoire de la laïcité.

    Idem pour Marine Tondelier, trésorière d’EELV, qui n’a pas réalisé l’exploit de faire tomber Marine Le Pen (36,8 % contre 63,2 %).

     

    FI Une situation « inouïe » pour Mélenchon

    « C’est une situation totalement inattendue, absolument inouïe. »

    Bien qu’il ait lancé sa campagne des législatives en proposant aux Français de l’élire premier ministre, Jean-Luc Mélenchon semblait surpris par le résultat de sa stratégie, en deçà de son objectif affiché.

    À l’Élysée Montmartre, le leader des insoumis a savouré une victoire dimanche soir, à en juger par le ton de son discours.

    La Nupes, et sa principale composante, la France insoumise, sont parvenues à empêcher le président de la République d’obtenir une majorité absolue, moins de deux mois après sa victoire à la présidentielle.

    Les insoumis apparaissent ainsi comme les principaux artisans de ce «troisième tour » infligé à Emmanuel Macron.

    En tireront-ils les bénéfices politiques ?

    Selon l’institut Ipsos, la FI obtiendrait 79 députés, à l’heure où nous bouclons cette édition.

    Elle devient donc la première force au sein de la Nupes.

    Le poids de la gauche, selon l’Ifop, oscillerait entre 165 à 175 sièges, mais des évolutions étaient encore possibles pour la France insoumise.

    Le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon a remporté un grand nombre de circonscriptions, alors qu’il ne comptait que 17 élus dans la précédente mandature.

    Ses principales figures de l’Assemblée sortante ont été reconduites : c’est le cas de François Ruffin dans la Somme, de Caroline Fiat en Meurthe-et-Moselle, d’Adrien Quatennens dans le Nord.

    La FI inflige des défaites hautement symboliques à la Macronie comme dans les Alpes-de-Haute-Provence, où Léo Walter a battu le président de son groupe, Christophe Castaner.

     

    Les partisans de l’ex-candidat à la présidentielle savourent le moment. 

    « La retraite à 65 ans, ce soir, de mon point de vue, elle a sombré grâce à ce résultat », s’est ainsi réjoui le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière.

    Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a laissé son avenir ouvert.

     « Mon engagement est et demeurera dans les premiers de vos rangs si vous le voulez bien », a-t-il lancé dimanche soir à ses soutiens.


    votre commentaire
  • Loire-Atlantique:

    un adolescent de 14 ans décède

    sur un chantier durant son stage de 3ème

    BFM TV >>>>>

     

    Ce genre de nouvelle devrait faire la Une de tous les médias et engendrer un grand débat national sur la sécurité au travail, la disparition des CHSCT, la santé des travailleurs qui est moins importante que les profits, les conditions de travail dans le BTP, etc.

    Twitter >>>>>Adèle Tellez

     


    votre commentaire
  • McDo : l’action syndicale qui valait 1 milliard

     

    Délinquance économique 

    La justice a validé l’accord qui clôt une enquête lancée à la suite d’une plainte de la CGT pour « blanchiment de fraude fiscale en bande organisée ».

     

    Un milliard deux cent quarante-cinq millions d’euros

    – ou 1 245 624 269 euros pour être plus précis :

    c’est la somme folle que McDonald’s a accepté de payer

    à l’État afin d’éviter d’être poursuivi au pénal

    pour fraude fiscale.

     

    L’affaire est sans précédent et il y avait foule, ce jeudi matin, dans la salle 2-13 du tribunal judiciaire de Paris pour écouter le juge valider l’accord conclu entre le procureur de la République et le roi du fast-food.

    Un règlement qui n’implique pas la reconnaissance d’une faute, même si le président de l’audience a pris plus d’un quart d’heure pour exposer les mécanismes financiers mis en place par le leader mondial de la restauration rapide pour échapper à l’impôt sur les sociétés dans l’Hexagone.

     

    Sociétés interposées, schémas de droits de licence, transferts de coûts de développement, taux de redevance de services, système de filiales et de franchises, pourcentages de bénéfices triangulés entre la Suisse, le Luxembourg et les États-Unis à partir de la France…

     

    Présentation PowerPoint à l’appui,

    c’est tout le « système McDo » qui est mis à nu.

    Il aurait ainsi permis de soustraire 469 millions d’euros de recettes au fisc.

    Proposée par le Parquet national financier (PNF), la procédure –une convention judiciaire d’intérêt public (Cjip) - est finalement homologuée par le juge qui confirme le montant de l’« amende d’intérêt public » et clôt ainsi une enquête lancée à la suite des actions pénales initiées fin 2015 par le CE de McDonald’s Ouest parisien et la CGT McDonald’s Île-de-France.

    « C’est totalement inédit ! lance Gilles Bombard, ancien secrétaire général dudit syndicat.

    Cet argent que l’État va toucher, c’est l’aboutissement de notre démarche syndicale.

    À la CGT, nous avons toujours eu des revendications sur les salaires en nous basant sur la relocalisation des profits.

    Sans notre action, il n’y aurait pas eu d’enquête du PNF. »

     

    « Il a fallu contourner le verrou de Bercy »

    Retour en 2013.

    Alors que CGT devient majoritaire au comité d’entreprise d’une des filiales françaises de McDonald’s, ses élus réclament hausses de salaires et primes d’intéressement aux bénéfices pour les employés.

    « Impossible ! » rétorque alors la direction, bilans comptables à l’appui  les mauvais résultats de l’entreprise ne le permettent pas.

    « Nous avons déclenché des expertises qui nous ont permis de comprendre pourquoi l’entreprise était tout le temps dans le rouge alors que le chiffre d’affaires était très bon et qu’elle continuait d’ouvrir de nouveaux restaurants  », raconte Gilles Bombard.

    La raison était prévisible et c’est la publication, début 2015, d’un rapport élaboré par une coalition de syndicats européens et américains qui les met sur la voie : le numéro un du hamburger contourne les règles du fisc au moyen notamment de redevances reversées à sa maison mère européenne, basée au Luxembourg.

    Résultat : une non-rentabilité ­organisée aux dépens des recettes de l’État, mais aussi de ses plus de 75 000 salariés, avec un manque à gagner ­estimé à 969 euros par an pour chacun d’eux (1).

     

    « Il a fallu contourner le verrou de Bercy pour qu’il y ait une enquête, poursuit le syndicaliste.

    Pour court-circuiter le ministère, nous avons décidé d’agir au pénal et dénoncé des faits de “blanchiment de fraude fiscale en bande organisée”. »

    C’est cette action, poursuivie par le PNF, qui a permis d’aboutir à la sanction en milliard confirmée ce jeudi.

    « Tout le monde est lésé par l’évitement fiscal des grands groupes, assure Anne de Haro, juriste et administratrice à l’Ugict-CGT (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens).

    L’argent qui n’est pas versé par ces groupes à l’État – donc à la collectivité – est compensé par les impôts de toutes et tous. »

    Pour les avocates des syndicalistes plaignants, l’ancienne magistrate anticorruption Eva Joly et sa fille Caroline Joly, la taille « colossale » de l’amende serait « dissuasive » et pourrait « changer les pratiques des grands groupes ».

     

    Du côté d’Attac, on remarque surtout que cette affaire confirme la magnitude des sommes détournées aux dépens de l’intérêt général.

    « On doit en être à la dixième Cjip pour fraude fiscale, signale Vincent Drezet, membre du conseil scientifique de l’organisation.

    Avec Google l’amende avait déjà atteint les 500 millions d’euros.

    Là, on atteint le milliard.

    Ces chiffres révèlent l’ampleur de la fraude fiscale que nous ne cessons de dénoncer. »

     

    Attac calcule que la fraude aux prélèvements obligatoires s’éleverait à plus de 100 milliards d’euros par an.

    « On voit bien que les grands groupes siphonnent les bénéfices des entités en France avec des pratiques qui n’ont rien de légal », explique l’économiste fiscaliste, avant d’avertir qu’il ne faudrait surtout pas laisser le gouvernement s’attribuer cette victoire contre McDonald’s.

    La réalité, c’est que les services de contrôle fiscal de l’État sont chaque fois plus faibles », affirme-t-il.

     

    Une réparation à obtenir pour les salariés

    Si l’amende infligée à McDonald’s représente bien une ­victoire, à la CGT, on ne compte pas en rester là.

    Impensable pour la centrale que seul l’État soit reconnu comme victime des pratiques de la firme aux 5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France (2019).

    « Nous envisageons toutes les suites juridiques à apporter à cette décision afin que les salariés puissent obtenir la réparation de leur préjudice avec les nombreuses primes de participation qu’ils n’ont pu obtenir à cause de ce système frauduleux », annonce-t-elle dans un communiqué.

    « Nous avons tiré la queue du tigre, sourit Anne de Haro.

    La financiarisation des entreprises est devenue un axe de travail important à l’Ugict-CGT et nous avons décidé d’aider nos élus avec des formations spécifiques.

    Nous sommes en train de concevoir un “guide sur les prix de transfert”, prévu pour l’automne.

    Cette affaire prouve aussi que les salariés et les syndicats doivent s’emparer de ces questions pour que ça bouge. »

    Le combat sera rude, en effet.

    McDonald’s Europe a maintenant déménagé du Luxembourg vers le Royaume-Uni, désormais plus accommodant fiscalement. 

     

    (1) Selon un rapport publié en avril 2017 par ReAct, Attac France et la CGT McDonald’s.

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique