• Les enquêtes d’« utilité publique »

    sont faites pour être inutiles

    Dans « Inutilité publique », Frédéric Graber se penche sur la longue histoire des enquêtes publiques.

    Ces « fictions juridiques » ne menacent jamais la réalisation des projets destructeurs et sont au service des gros industriels.

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  • Congrès d’EELV : Tondelier en tête mais pas majoritaire

    Écologistes La conseillère municipale d’opposition à Hénin-Beaumont a récolté 47 % des voix lors du vote des adhérents. Elle devance Sophie Bussière (18 %) et Mélissa Camara (13,5 %). Pour gouverner le parti, elle devra nécessairement nouer des alliances.


     
     

    Au vu de leurs antécédents, voici une phrase que les militants EELV n’ont pas l’habitude de prononcer : « Il n’y a pas eu de surprise. »

    Elle est pourtant dans toutes les bouches, au lendemain du vote des adhérents, lors du congrès qui s’est tenu samedi dans les régions.

    Les résultats de l’élection interne sont, en effet, conformes aux pronostics.

    Ils témoignent aussi d’une relative stabilité dans les rapports de forces entre courants vis-à-vis du précédent congrès de 2019.

    La motion de Marine Tondelier, « La Suite », est arrivée largement en tête, avec 47 % des 5 600 suffrages (sur 11 000 adhérents).

    Héritière de la ligne Bayou-Cormand-Duflot qui dirige le parti depuis dix ans, elle devance la liste jadotiste de Sophie Bussière (18 %) et la motion rousseauiste de Mélissa Camara (13,5 %).

    Suivent « Ce qui nous lie » avec Claire Desmares (10 %), « L’Arche » avec Hélène Hardy (7 %) et « Rébellion » avec Géraldine Boÿer (4,5 %).

     

    « Jamais un congrès écologiste n’avait donné une orientation aussi claire, vu l’écart », entre sa motion et les autres, se félicite Marine Tondelier, qui a pu profiter de la désunion des autres blocs pour s’imposer.

    « Elle fait à peine mieux que Bayou en 2019 (44 % – NDLR), alors qu’elle a le soutien de l’essentiel des parlementaires et des maires des grandes villes. Son manque d’humilité témoigne de sa future surdité », s’alarme une écologiste « inquiète ».

     

    L’objectif ? Faire discuter les six motions

    Au soir du 10 décembre, à l’occasion du congrès de Rungis, l’élue d’opposition à Hénin-Beaumont sera donc, sauf énorme surprise, désignée secrétaire nationale.

    Mais son score ne lui permettra pas de gouverner seule un parti où il faut 60 % des sièges au conseil fédéral (le parlement des Verts) pour être majoritaire. « La Suite » a donc deux semaines pour nouer des alliances. Les négociations ont même déjà débuté : dimanche, la probable future numéro 1 d’EELV a déjà appelé chacune de ses concurrentes.

    L’objectif ? Faire discuter les six motions pour voir émerger des convergences de façon à déboucher sur un potentiel texte commun à soumettre aux adhérents. « On va voir si un chemin est possible et avec qui. Personne n’est exclu par principe : nos ennemis sont à l’extérieur du parti », explique-t-elle.

     

    « Il y a des convergences entre ce que disent Sophie Bussière, Marine Tondelier et Claire Desmares sur la France insoumise et la Nupes », glisse un proche de la première, plutôt Nupes-sceptique.

    « On veut discuter de trois sujets : la refondation, l’implantation dans les quartiers populaires et les relations avec la gauche », assure de son côté la pro-Nupes, Hélène Hardy.

    Et une Verte de s’interroger : « Sur quoi on va discuter ? Marine Tondelier n’a affirmé aucune ligne politique. “On n’aime pas Rousseau”, ça ne fait pas une ligne… Elle veut faire un consensus mou alors qu’on a besoin d’une personne qui prend des décisions courageuses. »

     

    Les postes au bureau exécutif seront au cœur des discussions.

    « La Suite » aura une prime majoritaire de trois sièges sur quinze. Un trésor qu’elle risque de devoir céder à de potentiels alliés.

    « On a déjà trois postes au bureau exécutif. On n’a aucun intérêt à fusionner si on n’a pas un siège en plus », marchande le proche de Sophie Bussière.

    Et une cadre de se lamenter : « On entre dans une période de quinze jours de tambouille. Pas l’aspect de la politique qui nous honore le plus. »

    ​​​​​​​ E. M.


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  • « La CGT doit s’adapter au monde du travail »

     

    Syndicalisme

    En pleines mobilisations pour les salaires et les retraites, la Confédération prépare son congrès, qui se tiendra en mars 2023. Philippe Martinez, son secrétaire général, en rappelle les enjeux.

     


     
     

    Philippe Martinez passera la main en mars 2023.

    Secrétaire général depuis 2015, le dirigeant de la CGT a proposé Marie Buisson (Ferc-CGT) pour sa succession, lors du congrès confédéral.

    Un choix motivé par la nécessité de féminiser la fonction, mais surtout pour relever les défis du syndicalisme, alors que les mouvements liés à l’inflation ont permis à la CGT d’engranger 32 000 nouvelles adhésions.

    De bon augure alors que la rentrée 2023 devrait être marquée par une nouvelle confrontation sociale, avec la réforme des retraites.

     

    La rentrée sociale a été marquée par une augmentation des conflits liés à l’inflation, aux salaires, au partage de la valeur. Quel regard portez-vous sur cette séquence ?

    Cette rentrée sociale n’est que l’amplification de ce qu’on avait connu avant les congés d’été, où énormément de conflits avaient déjà vu le jour. La première journée d’action, le 29 septembre, fut un accélérateur de ce processus de mobilisation, dont la lutte dans les raffineries a été le reflet médiatique. La loi sur le pouvoir d’achat adoptée durant l’été, favorisant les primes, n’a pas été, loin de là, une réponse satisfaisante. Les salariés mobilisés réclament tous des augmentations générales des salaires. Enfin, un constat s’impose : tous ces conflits ont été gagnants. Pas forcément à hauteur des revendications, mais ces mobilisations ont obligé les entreprises à avancer les négociations salariales. C’est un point positif, balayant l’idée selon laquelle le salaire serait une limite à l’emploi et que les primes, exonérées de cotisations, suffiraient. À noter, nous comptons plus de 32 000 nouvelles adhésions. C’est plus que l’an dernier. Beaucoup de femmes et de jeunes ont franchi le pas, lors des mobilisations interprofessionnelles. Nous comptons de nouvelles implantations syndicales, plutôt dans le privé, avec des salariés qui s’organisent non pas individuellement mais en groupe. C’est intéressant pour les élections professionnelles.

     

    Ces mobilisations pour les salaires ont eu lieu en parallèle de la réforme de l’assurance-chômage. Lundi, les arbitrages gouvernementaux sur la modulation de la durée d’indemnisation ont été dévoilés. Comment les jugez-vous ?

    Le gouvernement veut une nouvelle fois pénaliser les chômeurs sous prétexte d’économies et de pénurie de recrutement. Cette nouvelle réforme va donc réduire la durée d’indemnisation des chômeurs. Cette sanction sera plus lourde pour les plus de 55 ans. Il compte obliger les privés d’emploi à accepter n’importe quel travail sans relation avec leurs qualifications ou expériences. Cela va renforcer la précarité et la pauvreté. En fixant à 9 %, contre 7,3 % actuellement, le taux de chômage (règle BIT) pour annuler cette baisse, il n’y a aucune chance, sauf grave crise économique par exemple, que les droits soient rétablis en 2023. Enfin, le gouvernement se moque une nouvelle fois de la démocratie sociale puisque cette réforme est engagée contre l’avis unanime de tous les syndicats.

     

    La prochaine grande réforme à venir est celle des retraites. Comment envisagez-vous les mobilisations à venir ?

    En nous inscrivant dans la continuité des mobilisations en cours. Le point fort des salariés en lutte, ce sont les revendications salariales. Le lien entre salaires et protection sociale, à travers la cotisation, est évident. Des échanges que j’ai pu avoir avec mes homologues, je comprends qu’aucun syndicat n’est pour l’allongement de l’âge de départ ou de la durée de cotisation. Ce sont également 70 % des Français qui y sont opposés ; cela présume de puissantes mobilisations si le gouvernement persiste.

     

    Dans ce contexte, la CGT tiendra son congrès confédéral en mars 2023. Où en est le processus ?

    Les différents textes, dont le bilan d’activité et le document d’orientation, ont été validés par la direction confédérale et seront envoyés à nos syndicats qui vont les enrichir au cours de leurs débats. La CGT doit être à l’image du monde du travail, en intégrant au maximum les questions qui sont débattues dans les entreprises et services et dans la société. À titre d’exemple, l’avenir de l’industrie et les nécessaires relocalisations d’entreprises devront être discutés en intégrant pleinement les dimensions liées aux enjeux énergétiques et environnementaux.

     

    Pour vous succéder, vous proposez Marie Buisson, secrétaire générale de la Ferc-CGT. Sa candidature fait débat dans vos organisations. En quoi peut-elle relever les défis du syndicalisme que vous venez d’énumérer ?

    Le changement de secrétaire général à la CGT pose toujours des questions, fort heureusement. D’abord, celle de l’orientation. Marie Buisson a le profil pour poursuivre le travail de réflexion avec d’autres forces progressistes. Lors de mes déplacements auprès des syndiqués, je constate que cette orientation est très partagée. Des jeunes travailleurs s’intéressent de plus en plus à nos revendications. Et il est vital pour le syndicalisme que les jeunes y trouvent leur place, comme d’ailleurs toutes les formes de salariat qui existent aujourd’hui. Il est nécessaire, compte tenu du contexte, d’avoir des syndicats forts. Marie, par son expérience et ce qu’elle porte comme bilan notamment à la tête de sa fédération, accompagne cette exigence. Si la CGT est féministe, durant ses cent vingt-huit années d’existence, elle n’a jamais eu de femme comme secrétaire générale. Je constate avec satisfaction que la direction nationale a très majoritairement approuvé cette proposition. En effet, conformément à la tradition, dans les organisations de la CGT, le sortant propose son successeur, puis un débat s’enclenche.

     

    Souhaitez-vous que la CGT poursuive son travail au sein de « Plus jamais ça » ?

    La CGT doit continuer à travailler avec d’autres, syndicats, ONG ou associations, représentatifs du mouvement social et de la lutte pour la préservation de la planète. Il ne s’agit pas de nier notre identité ou nos revendications. D’ailleurs, nous assumons pleinement et ouvertement les divergences qui existent au sein de ce collectif. En revanche, nous avons des expériences à partager et des combats communs à mener pour conjuguer ce que nous définissons par « fin du monde et fin du mois ». L’exemple de notre lutte commune contre l’implantation des mégabassines ou la relance de l’activité à l’usine Chapelle-Darblay en sont de parfaites illustrations.

     

    Ce congrès confédéral sera-t-il l’occasion d’acter des rapprochements durables avec des organisations syndicales ?

    Le processus de travail en commun avec la FSU date de près de vingt ans. Nous sommes ensemble à toutes les journées de mobilisation, nous avons des groupes de travail en commun et des propositions partagées sur un large spectre. Le document d’orientation du congrès confédéral entend ­dépasser l’idée de syndicalisme rassemblé pour passer au rassemblement d’une partie du syndicalisme. Il s’agira donc de ­débattre avec ces éléments lors de notre congrès.

     

    Comment la CGT compte-t-elle s’adapter aux mutations du marché du travail, notamment avec l’ubérisation, afin de syndiquer les nouvelles générations et dans la sous-traitance ? Faut-il revoir l’articulation entre les fédérations et les unions départementales ?

    Nous avons engagé un travail et des mesures pour nous adresser à l’ensemble des travailleurs et des travailleuses du pays afin de prendre en compte la diversité du monde du travail, quels que soient les statuts ou les contrats. Des coopé­rations sont engagées entre nos structures territoriales et professionnelles pour aller à leur rencontre. Les syndicats dans le public comme dans le privé prennent des initiatives pour s’adresser aux précaires, aux intérimaires, aux alternants, aux stagiaires ou aux apprentis au sein de services et d’entreprises. Nous nous adressons aux étudiants-salariés très touchés par la précarité et la pauvreté pour leur faire connaître leurs droits. C’est bien l’idée de communauté de travail au sein des entreprises qu’il faut développer pour gagner des droits collectifs sans exclusion. Mais il nous faut accélérer ce travail interne. Cela nécessite de revoir le périmètre et le champ d’intervention de certaines de nos structures.

     

    Les élections professionnelles auront lieu dans la fonction publique le 8 décembre. Redevenir la première organisation syndicale de France est-il un objectif atteignable ?

    Ces élections sont avant tout un rendez-vous important de mobilisations et de revendications pour tous les fonctionnaires et au-delà. L’enjeu est le rôle et la place des services publics dans notre pays et, par conséquent, le besoin de recruter massivement des fonctionnaires à statut en revalorisant leur salaire et en reconnaissant leur qualification. Ainsi, la dernière revalorisation du point d’indice tout comme le Ségur de la santé sont largement insuffisants. Il est urgent de redonner du sens à leur travail dans le cadre de leurs missions d’intérêt général. Un vote massif pour la CGT peut permettre à notre organisation de retrouver sa première place et de donner plus de poids aux luttes en cours et à venir.

     

    À l’Assemblée, l’extrême droite se pose en défenseure du monde du travail et du pouvoir d’achat. Comment la CGT peut-elle déconstruire ce discours ?

    En refusant de banaliser le Rassemblement national (RN) et son discours, nous refusons toute rencontre avec ses élus. Si nous ne devons rien lâcher sur les valeurs qui nous opposent à ce parti raciste et fascisant, nous devons plus et mieux dénoncer l’imposture sociale. Rappeler que, cet été, ses élus ont voté avec le gouvernement contre la hausse du Smic et des salaires, bien loin des discours prononcés lors de la campagne électorale. Le RN est un allié zélé du capital. Dans un pays comme le nôtre aux valeurs de solidarité, ce parti pointe tous ceux qui souffrent, qui sont exclus, en les traitant d’assistés. Notre combat contre le RN est bien celui de la solidarité, contre le rejet de l’autre.

     

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  • Affaire McKinsey :

    le Parquet national financier

    a ouvert deux informations judiciaires

    sur les comptes de campagne d'Emmanuel Macron

    en 2017 et 2022

    Deux informations judiciaires ont été ouvertes par le Parquet national financier en octobre 2022.

     

    France Info >>>>>


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  • Mediapart victime d’une censure sans précédent

    depuis la loi de 1881

     

    Après la décision de censure préalable contre les révélations sur les pratiques du maire de Saint-Étienne et de ses équipes, des élus, plus d’une trentaine de sociétés de journalistes, des avocats et des ONG dénoncent une mesure liberticide incompréhensible.

     
     
    Mediapart est censuré pour ses révélations
    sur «l’affaire Gaël Perdriau», maire de Saint-Étienne.
     
     

    La rédaction de Mediapart tenait, ce mardi, une conférence de presse pour alerter sur la censure inédite qui lui a été imposée par la justice.

    En cause ?

    La série de révélations du site d’information sur les pratiques quasi mafieuses du maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau (LR), et de ses équipes.

     

    Selon le média en ligne, l’entourage du maire aurait fait chanter, pendant huit ans, l’un de ses adjoints centriste, Gilles Artigues, après l’avoir filmé à son insu lors d’une soirée privée. Un piège sur lequel Mediapart a enquêté, révélant entre fin août et fin septembre 2022 différents enregistrements ou témoignages accablants.

     

    Alors que Mediapart s’apprêtait à dévoiler de nouveaux éléments, après avoir recueilli la version contradictoire de l’élu stéphanois, le site a reçu, le 18 novembre, un acte judiciaire rendu par Violette Baty, magistrate et vice-présidente du tribunal judiciaire de Paris, saisie par les avocats de Gaël Perdriau.

    Ce courrier, délivré par un huissier, a interdit à Mediapart de publier la suite de son enquête, « sous astreinte de 10 000 euros par extrait publié ».

     

    La stupéfaction de la rédaction

    Pour Edwy Plenel, directeur de publication du site d’informations, cette décision de justice constitue une « attaque sans précédent contre la liberté de la presse ».

    Car, pour la première fois depuis 1881, et la promulgation de la loi qui pose le cadre de la liberté de la presse, un article est censuré avant sa publication, sans que les textes qui le précèdent n’aient été contestés devant la justice.

    Pire, cette décision provisoire a été prise « sans audience publique ni débat contradictoire, dans le secret d’un échange entre seulement deux personnes : l’avocat du demandeur et le président du tribunal », a expliqué Edwy Plenel.

     

    Devant les journalistes rassemblés au siège du journal, Carine Fouteau, qui codirige la rédaction de Mediapart, a affirmé sa stupéfaction, avant de poursuivre :

    « Nous ne sommes pas au-dessus des lois. Mais nous souhaitons nous défendre dans le cadre de la procédure légale, celle de la loi de 1881, avec une audience contradictoire et, si possible, publique. »

     

    Soutien quasi unanime de la profession à Mediapart

    Une procédure bâillon qui contourne le droit de la presse et qui rappelle celle subie par Reflets.info, assigné en octobre par Altice devant le tribunal de commerce.

    Au cours de sa conférence de presse, la rédaction de Mediapart a annoncé avoir lancé un recours juridique, dont l’issue devrait être connue en fin de semaine.

     

    Le journal a aussi reçu le soutien d'élus, notamment de la Nupes, d'ONG et d'avocats, ainsi que d'une trentaine de sociétés de journalistes, qui craignent la multiplication de ces atteintes à l’exercice du journalisme d’investigation, et la création d’un précédent.

    Une tribune, lancée par le collectif Informer n’est pas un délit et dénonçant cet « acte liberticide » a déjà été signée par une cinquantaine d’organisations et rédactions, dont celle de l’Humanité.

    Rédactions qui se sont aussi engagées à publier l’enquête incriminée, signée Antton Rouget, dans laquelle le journal devrait révéler d’autres méfaits de Gaël Perdriau, commis cette fois à l’encontre de Laurent Wauquiez.


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  • Justice. 

    Francesca Albanese, dénonce

    « un abus sadique contre Salah Hamouri»

    Incarcéré depuis le 7 mars, le journaliste franco-palestinien saura d’ici au 3 décembre si sa détention est prolongée. 

    La rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, dénonce l’acharnement d’Israël.

    Entretien.


    La détention administrative de Salah Hamouri est illégale au regard du droit international parce que c’est une privation de liberté arbitraire sans inculpation ni procès.
     

    Francesca Albanese a été nommée, en mars 2022, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.

     

    Une nomination immédiatement critiquée par Israël

    qui empêche régulièrement toute enquête des Nations unies sur la situation au Proche-Orient. Elle alerte sur la situation de Salah Hamouri, avocat, défenseur des droits humains et chercheur franco-palestinien, qui a été arrêté à son domicile de Jérusalem-Est, partie occupée de la ville, et immédiatement incarcéré. Une détention prolongée tous les trois mois depuis mars 2022 sans charges ni procès.

     

    Pourquoi vous êtes-vous intéressée au cas de Salah Hamouri ?

    En tant que rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, je suis censée me concentrer sur toute pratique arbitraire qui puisse avoir un impact sur les droits humains.

    Dans ce contexte, le nom de Salah Hamouri m’était bien entendu connu.

    Il est depuis longtemps la victime de mesures carcérales excessives. Les pratiques de détention sont souvent arbitraires.

    Et le cas de l’avocat Salah Hamouri, loin d’être unique, apparaît emblématique d’un système inique et aberrant.

    Depuis le 7 mars 2022, M. Hamouri a été placé en détention administrative, c’est-à-dire sans inculpation ni procès, sur la base d’informations secrètes.

    Auparavant, il a été pris pour cible durant vingt ans, en le harcelant, en l’arrêtant de manière arbitraire.

    La détention administrative de M. Hamouri est emblématique des efforts d’Israël de contrôler au maximum le peuple sous occupation et surtout réduire au silence les défenseurs et défenseuses des droits humains et des droits des Palestiniens. En fait, ces actes, qui équivalent à des persécutions, empêchent les Palestiniens de jouir de leur droit inaliénable à l’autodétermination, en limitant leur capacité à s’affirmer en tant que peuple.

     

    De plus, le cas de Salah Hamouri devient exceptionnel car il est susceptible de créer un précédent juridique très dangereux. La résidence d’un Palestinien de Jérusalem serait révoquée sur la base d’éléments à charge ou d’accusations secrètes. Le défi est le suivant : si les autorités israéliennes venaient à agir impunément avec un individu de nationalité européenne, il n’y aurait plus rien qui pourrait les empêcher de continuer à dépeupler Jérusalem de sa population arabe. Et c’est sur cela que le silence de la France est assourdissant.

     

    Dans un communiqué, vous avez expliqué que « les pratiques de détention auxquelles M. Hamouri est soumis ne sont pas seulement illégales : elles sont sadiques ». De quoi s’agit-il ?

    Nous avons déterminé que les pratiques contre M. Hamouri sont sadiques.

    Car les représailles contre ce juriste se sont intensifiées depuis qu’il est devenu défenseur des droits humains et avocat au sein d’Addameer, l’organisation de la société civile palestinienne qui s’occupe des droits des prisonniers.

    L’année dernière, elle a été désignée, comme organisation terroriste – sans preuves – par Israël.

    Après son appel au président Emmanuel Macron en juillet, en tant que citoyen français, les autorités israéliennes l’ont transféré de force, de manière inhumaine, dans une prison de haute sécurité, Hadarim, dans le centre d’Israël.

    Il a été catégorisé comme « prisonnier à haut risque ».

    Quand M. Hamouri a commencé une grève de la faim avec 29 autres détenus en détention administrative à la fin de septembre 2022, il a été placé, en guise de représailles, dans une cellule d’isolement.

    Le but est de décourager toute forme de résistance au régime israélien et de contrôler le peuple palestinien.

    Une cellule infestée de parasites, de quatre mètres carrés, sans air frais ni lumière pendant quinze jours, où il se trouve privé de tout contact avec le monde extérieur.

    Les autorités israéliennes ont par ailleurs exercé ce qui s’apparente à un chantage sur M. Hamouri, lui disant que s’il quittait sa ville natale de Jérusalem pour aller en France, ce harcèlement prendrait fin.

    C’est de l’abus pur, et en plus, sadique car il s’exerce en infligeant de la douleur à M. Hamouri et sa famille.

    La détention administrative est illégale au regard du droit international parce que c’est une privation de liberté arbitraire sans inculpation ni procès, sur la seule base d’un dossier déclaré secret que les avocats des détenus ne peuvent pas consulter.

     

    Dans quel but Israël utilise la détention administrative ?

    Le cas de M. Hamouri le démontre.

    La détention administrative est utilisée afin de punir et prévenir l’opposition de la part du peuple sous occupation.

    Avocats, défenseurs et défenseuses des droits humains, activistes, cela vise tous ceux qui se battent pour la fin de l’occupation coloniale et de l’apartheid.

    Le but est de décourager toute forme de résistance au régime israélien et de contrôler le peuple palestinien.

    Il s’agit d’une des caractéristiques principales du colonialisme de peuplement.

    Mon prochain rapport se concentrera exclusivement sur la privation de liberté en mettant l’accent sur le régime carcéral qu’Israël inflige au peuple palestinien depuis 1967.

     

    Comment l’expert de l’ONU que vous êtes juge la situation dans les territoires palestiniens occupés ?

    Dans mon premier rapport, j’explique que le peuple palestinien reste privé du droit à l’autodétermination.

    Les territoires palestiniens occupés restent actuellement soumis à un régime délibérément prédateur, ségrégationniste et répressif, conçu pour empêcher la réalisation de ce droit à l’autodétermination.

    Les agissements d’Israël dans ces territoires sont indissociablement liés au colonialisme de peuplement.

    Le régime d’apartheid et l’occupation illégale sont des conséquences inévitables.

     

    Pourquoi aucune mesure coercitive n’est-elle prise à l’encontre de l’État d’Israël, malgré la violation des résolutions de l’ONU et du droit international ?

    Jusqu’à aujourd’hui, les jeux et intérêts politiques ont prévalu sur le droit international.

    C’est pour cette raison que je préconise un changement de paradigme fondé sur le respect du droit combiné à une compréhension approfondie des conditions-cadres et responsabilités historiques des principaux protagonistes.

    Ce changement de paradigme ne pourra être réalisé qu’en garantissant le respect du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et en reconnaissant l’illégalité absolue du colonialisme de peuplement et de la politique d’apartheid.

    Enfin, ce n’est qu’à la condition où le droit international servirait à nouveau de principal cadre de référence à l’action de la communauté internationale que cette dernière pourra surmonter la détérioration constante de la situation dans les territoires palestiniens occupés.

     

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    Affaires étrangères Philippe Rio interpelle la ministre

    Huit mois après le début de sa détention administrative en Israël, les autorités françaises auraient-elles enfin pris conscience du calvaire infligé à Salah Hamouri, régulièrement jeté en prison sans jugement ?

    Interpellée par Philippe Rio, président de Maires pour la paix et maire de Grigny (Essonne), la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, promet de « réitérer, auprès des autorités israéliennes, la demande qu’il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il est né, réside et souhaite vivre, et que son épouse et ses enfants obtiennent le droit de s’y rendre pour le retrouver ».


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  • Chantage à la vidéo intime à Saint-Etienne :

    Mediapart dénonce une "censure préalable" par la justice

    Selon le média d'investigation, l'ordonnance du tribunal qui l'empêche de publier de nouvelles révélations sur Gaël Perdriau a été rendue vendredi, à la demande du maire de Saint-Etienne.

    France Info 18h00 >>>>>


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  • Un magistrat ordonne la censure préalable

    d’une enquête de Mediapart

     

    Saisi par l’avocat de Gaël Perdriau, le président du tribunal judiciaire de Paris a fait injonction à Mediapart de ne pas publier de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, après celles du chantage à la sextape. Cette censure préalable, décidée sans débat contradictoire, est une attaque sans précédent contre la liberté de la presse.

     


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  • Et maintenant, combien de féminicides avant Noël ?

    100 000 personnes, selon le collectif organisateur #NousToutes, ont manifesté samedi à Paris contre l’impunité des agresseurs et pour obtenir une loi-cadre dotée de 2 milliards d’euros.

    Ce même samedi, un homme de 31 ans, déjà poursuivi pour violences sexuelles, avouait avoir tué une gamine de 14 ans dans le Lot-et-Garonne.

     


     
    « En manifestant à Paris et dans 50 autres villes de France, nous revendiquons une loi-cadre et non une succession de réponses à la marge et insuffisantes », détaille Pauline Baron, porte-parole de #NousToutes.
     

     

    « Violences sexistes, riposte féministe ».

    Foulard de supportrices blanc et vert autour du cou, l’équipe des Dégommeuses « trans, lesbiennes, non binaires » brandit des poings dans la foule, juste avant que la manifestation parisienne ne s’ébranle. Cette danse de footballeuses au ralenti, créée par la chorégraphe Gisèle Vienne, agrège progressivement la foule de manifestants, des anonymes et des plus connus.

    On devine ainsi l’écharpe tricolore de la députée Sandrine Rousseau. Quelques minutes plus tôt sur le camion en surplomb, l’actrice Adèle Haenel, l’une des premières à avoir témoigné publiquement d’agressions sexuelles, citait la poétesse Audre Lorde, rappelant que la danse et les corps sont à la racine de la révolution.

    À ses côtés, Siva, femme de chambre en grève, en lutte contre son entreprise sous-traitante du nettoyage à l’université Paris-I, Nadège Beausson-Diagne, qui a lancé #MeToo dans le cinéma africain. La performance se termine. La manifestation parisienne contre les violences sexuelles et de genre peut commencer.

     

    Un cœur rouge sur fond violet

    À 19 ans, Aliénor marche pour la toute première fois. Cette année, elle s’est engagée avec #NousToutes « pour faire porter la voix des victimes de violence ». Elle vient de rencontrer son binôme, bénévole comme elle au collectif. Leur mission aujourd’hui : éviter les débordements, distribuer les pancartes violettes de revendications.

    À 23 ans, Pauline est un peu plus aguerrie, habituée de ces manifestations fin novembre, en amont de la Journée mondiale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. « Depuis quatre ans, je participe aussi la nuit aux collages, je suis de plus en plus révoltée par le système et les inactions politiques. Moi-même, j’ai été victime de viol. J’ai mis du temps à poser les mots dessus. Je ne suis pas allée porter plainte. Je me reconstruis autrement, grâce au collectif #NousToutes, en manifestant, en collant la nuit pour me réapproprier l’espace public en sororité. On délivre des messages, pour ne plus se sentir seules. » Derrière l’étudiante, une jeune femme a bricolé sur une affiche un cœur rouge sur fond violet dans lequel est inscrit « Je te crois ».

    90 associations et syndicats

    « En manifestant ici et dans 50 autres villes de France, nous revendiquons une loi-cadre et non une succession de réponses à la marge et insuffisantes, détaille Pauline Baron, porte-parole de #NousToutes. Cette loi doit être ambitieuse avec un budget pérenne de 2 milliards d’euros annuel contre toutes les violences de genre et pas seulement les violences conjugales. Cette loi-cadre doit donner une direction incluant quatre axes : la prévention, la protection des victimes, le renforcement législatif et des juridictions spécialisées, la création de structures de recherche. »

     

    Cette année, 90 associations se sont jointes à ces revendications, portées ainsi par les syndicats CGT-FSU-Solidaires, SOS Homophobie, le Planning familial, les Effrontées, le collectif Enfantiste, les handiféministes des Dévalideuses, les afroféministes Diivines qui se sont battues pour que les victimes de féminicides en outre-mer soient prises en compte. « Nous demandons un statut de victime avec un accompagnement psychologique et financier, ajoute Sandrine Bouchait, de l’Union nationale des familles de féminicides (UNFF). Quand une femme meurt, tout s’arrête. Or, pour nous, tout commence. » Derrière elle, les pancartes aux photos de victimes se succèdent : « Nathalie, super­maman », « Bénédicte, 55 ans, pas protégée », Samantha, Floria, Élisabeth… 118 femmes sont mortes assassinées en France en 2022.

    « Qui sème l’impunité récolte la colère » 

    « Jin, Jiyan, Azadî » retentit en début de cortège. « Ça veut dire : la femme, la vie, la liberté, en farsi », glisse une manifestante. Ici, personne n’a oublié la mobilisation des femmes kurdes et iraniennes qui se soulèvent depuis la mort de Mahsa Amini sous les coups de la police des mœurs, le 16 septembre. Et d’autres pancartes, encore, égrènent le nom de femmes assassinées. La pandémie est mondiale. « Dans 12 féminicides, c’est Noël », estime tristement une autre banderole.

     

    « Qui sème l’impunité récolte la colère »  : ce slogan récurrent interroge les politiques. Une mission sénatoriale a été lancée pour étudier la mise en place comme en Espagne de brigades et tribunaux spécialisés contre ces violences. La ministre chargée de l’égalité, Isabelle Rome, assure quant à elle qu’un budget de 2,4 milliards d’euros est déjà consacré à la grande cause du précédent quinquennat… Mais, ce même samedi, un homme de 31 ans, déjà poursuivi pour violences sexuelles, avouait avoir tué une gamine de 14 ans dans le Lot-et-Garonne. Plus que 11 féminicides avant Noël.


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  • Délaisser Twitter pour aller sur Mastodon ?

    Pourquoi pas !

     

    Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk, de nombreux utilisateurs sont tentés par le refuge offert par Mastodon.
     
    Et ils ont bien raison, explique Nicolas Lambert, ingénieur de recherche au CNRS en sciences de l’information géographique.
     
    Et si c'était l'heure de la grande migration ?
     
    Voici les avantages par rapport à Twitter de ce réseau social de micro blogging créé en octobre 2016.

     
     
    Il y a à ce jour plus de 5 700 instances différentes de Mastodon accessibles sur l'ensemble du globe, dont environ 330 situées en France.
     
     
     

     

    Qu'est ce que  Mastodon ?

    Mastodon est un réseau social de micro blogging créé en octobre 2016 par l'Allemand Eugen Rochko.

    Il permet de partager des messages « pouets », des images et des vidéos, à la manière de Twitter.

    Comme Twitter, il fonctionne sur ordinateur dans le navigateur web, ou sur smartphone via des applications.

     

    Mastodon compte à ce jour plus de 4,5 millions utilisateurs sur l'ensemble de la planète (dont plus d'un million et demi ont été actifs au cours du dernier mois).

    Plus de 444 millions de pouets ont d'ores et déjà été publiés.

    Si Mastodon reste aujourd'hui encore plutôt petit par rapport au géant américain (Twitter compte 12 millions d’utilisateurs rien qu'en France), il a pourtant de nombreux avantages que nous vous présentons ici.

     

    • Un logiciel libre

    Tout d'abord, Mastodon est un logiciel libre, à code source ouvert, sous licence AGPLv3.

    Cela signifie que non seulement l'application est gratuite, mais aussi que son code source est lisible, utilisable et modifiable par n'importe qui.

    Rien ne s'y cache. Tout est transparent.

    En somme, Mastodon est un bien commun.

     

     

    • Une organisation décentralisée

    De plus, contrairement à Twitter où tous les utilisateurs passent par la même infrastructure centrale (et donc via un pouvoir central potentiellement arbitraire), Mastodon repose sur une organisation décentralisée.

    Il y a à ce jour plus de 5 700 instances différentes de Mastodon accessibles sur l'ensemble du globe, dont environ 330 situées en France.

    Chaque serveur possède sa propre politique de modération : langue commune, sujets traités, règles éthiques, nombre de caractères maximum par message, emojis personnalisés, etc.

     

    Mais ces instances de Mastodon ne sont pas séparées les unes des autres.

    Elles ne fonctionnent pas en vases clos.

    Tous les serveurs peuvent communiquer entre eux comme un réseau fédéré (les utilisateurs d'un serveur peuvent parler avec les utilisateurs d'un autre serveur).

    Il faut donc imaginer Mastodon comme un gigantesque graphe tissé à l'échelle de la planète.

     

    • Vive les communs

    En résumé, même si le nombre d'utilisateurs reste encore à ce jour modeste, Mastodon est une véritable alternative à Twitter.

    Si nous nous en emparons collectivement, Mastodon pourrait devenir une agora mondiale libre et décentralisée, un bien commun à disposition de l'humanité.

    Ce combat pour la maîtrise collective des outils dans l'espace numérique est décisif. Et si le combat communiste passait aussi par notre capacité collective à nous affranchir des outils imposés par le capitalisme ?

     

    Addendum

    Si vous me cherchez sur Mastodon, vous me trouverez sur piaille.fr pour parler de politique et sur mapstodon.space pour échanger sur les sciences de l'information géographique. Hâte de vous y voir bientôt.

     

    Codes et sources

    https://observablehq.com/@neocartocnrs/mastodon https://observablehq.com/@neocartocnrs/mastodon-instances-list

    Nicolas Lambert est ingénieur de recherche au CNRS en sciences de l’information géographique au RIATE : https://riate.cnrs.fr. Il est militant communiste et membre du réseau Migreurop. Il anime également un blog , "carnet neocartographique", et est très actif sur les réseaux sociaux sous le pseudo de "cartographe encarté" @nico_lambert.

    Chaque mois, il nous présente une ou plusieurs cartes accompagnées d'un commentaire pour nous aider à comprendre et à appréhender autrement une information, une question de société ou un débat. Nicolas Lambert a participé à la réalisation de plusieurs ouvrages comme l’Atlas de l’Europe dans le monde (2008), l’Atlas des migrants en Europe (2009 , 2012, 2017), le Manuel de Cartographie (2016, publié en anglais en 2020) et Mad Maps (2019). Il enseigne la cartographie à l’université de Paris.

    Retrouvez ici l'ensemble des cartes interactives qu'il a réalisées pour l'Humanité.

     

    Wikipédia >>>>> Mastodon


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