• Les places

     

     

    Annie Ernaux reçoit le prix Nobel de littérature (2022).

    On aimerait garder cette phrase éternellement au présent.

    Quarante-huit ans qu’elle décrit l’adver­sité ordinaire des vies de ceux qui sont à « une place » définie par d’autres, plus cultivés, plus riches, plus heureux.

    C’est l’occasion ici de revenir sur la Place (Gallimard, 1983), texte emblématique de l’écriture d’Ernaux, texte symptôme, texte sentinelle qui dépeint la vie du « père », pour lequel la «culture » signifie nécessairement « le travail de la terre ».

    Un texte pour dire tout ce silence qui s’est installé au fil des années entre le père et la fille, ­devenant autre, celle aujourd’hui nobélisée.

     

    « J’écris peut-être parce qu’on n’avait plus rien à se dire. »

    Et puis il y a la honte constante, qui se loge partout :

    dans les gestes incongrus, le langage bien sûr, les habits, le métier, aucune tranquillité, aucun espace-temps qui permette d’y échapper.

    Ernaux nomme cela « la peur d’être déplacé » :

    « Un jour, il est monté par erreur en première avec un billet de seconde. Le contrôleur lui a fait payer le supplément.

    Autre souvenir de honte : chez le notaire, il a dû écrire le premier “lu et approuvé”,­ il ne savait pas comment orthographier, il a choisi “à prouver”.

    Gêne, obsession de cette faute, sur la route du retour.

    L’ombre de l’indignité. »

    Ernaux vient d’un monde sans indulgence pour lui-même, qui a appris à ne pas s’aimer, qui ne sait pas ironiser, ce serait déjà trop de liberté.

    La « mère », elle, est plus téméraire.

    Elle se risque parfois dans ces territorialités de la bourgeoisie, à commencer par quelques tentatives langagières:

    « Tout le monde à un moment disait : “Sûrement pas” à tout bout de champ, (mon père) ne comprenait pas qu’on dise deux mots se contredisant.

    À l’inverse de ma mère, soucieuse de faire évoluer, qui osait expérimenter, avec un rien d’incertitude, ce qu’elle venait d’entendre ou de lire, il se refusait à employer un vocabulaire qui n’était pas le sien. »

     

    Qu’est-ce qu’un roman ?

    À lire Annie Ernaux, les siens n’en sont pas…

    Cela est impossible, presque indigne de la vie vécue par ceux nés pauvres.

    Son écriture est clinique, pas romanesque.

    « Pour rendre compte d’une vie soumise à la nécessité, je n’ai pas le droit de prendre d’abord le parti de l’art, ni de chercher à faire quelque chose de “passionnant”, ou d’“émouvant”.

    Je rassemblerai les paroles, les gestes, les goûts de mon père, les faits marquants de sa vie, tous les signes objectifs d’une existence que j’ai aussi partagée.

    Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante.

    L’écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j’utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles. »

    Relire Ernaux et changer de vie, d’où qu’on vienne.

     

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    Prix Nobel de littérature :

    Gallimard lance 900 000 réimpressions des livres d'Annie Ernaux,

    qui s'arrachent dans les librairies

    Depuis l'annonce du Nobel de littérature le 6 octobre, décerné à la romancière française Annie Ernaux, ses livres se vendent comme des petits pains dans les librairies. Les éditions Gallimard ont décidé de lancer une large réimpression de ses ouvrages.  

    France Info >>>>>


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  • Prix Nobel de littérature :

    Gallimard lance 900 000 réimpressions des livres d'Annie Ernaux,

    qui s'arrachent dans les librairies

    Depuis l'annonce du Nobel de littérature le 6 octobre, décerné à la romancière française Annie Ernaux, ses livres se vendent comme des petits pains dans les librairies. Les éditions Gallimard ont décidé de lancer une large réimpression de ses ouvrages.  

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  • Il refusent de mourir pour Poutine :

    ces Russes qui fuient la guerre en Ukraine

     

    Après l’annonce de la mobilisation partielle par Vladimir Poutine, des dizaines de milliers de personnes choisissent de partir.

    Principale destination : la Géorgie, pays voisin qui a vécu un conflit en 2008 avec Moscou.

    Là, cet afflux massif ne va pas sans générer des tensions...

     

    Reportage.


     
     

    Tbilissi (Géorgie), correspondance.

     

    À l’approche de la frontière géorgienne, une file de plusieurs milliers de voitures russes s’étire sur près de 30 kilomètres.

    Jusqu’à 30 000 véhicules peuvent se retrouver bloqués à Lars, le seul poste-frontière terrestre ouvert entre la Russie et la Géorgie.

    À leur bord, majoritairement des hommes qui ont quitté précipitamment leur pays.

     

    « On veut échapper à la mobilisation partielle (décrétée le 21 septembre – NDLR) par Vladimir Poutine. Je ne souhaite pas combattre, tuer ou être tué »,

    explique Volodia, la trentaine, parti brusquement car « des amis viennent d’être réquisitionnés » dans le cadre de l’« opération militaire spéciale » en Ukraine.

    Le gigantesque bouchon qui serpente le long d’une route en lacet entre les montagnes semble ne jamais s’arrêter.

    Si l’alerte était déjà élevée depuis l’invasion de l’Ukraine, le 24 février, les douaniers et gardes frontières géorgiens se retrouvent à pied d’œuvre « 24 heures sur 24, confirme l’un d’entre eux.

    Nous devons surveiller ce flot ininterrompu de “touristes” russes qui entrent par milliers en Géorgie. Car ils n’ont pas besoin de visa ».

     

    Effacer la fameuse lettre Z

    Ce point de contrôle « Kazbegi Lars » reste le seul moyen légal pour se rendre en Géorgie depuis la Russie par voie terrestre.

    L’attente peut atteindre la journée.

    Il n’existe plus de vols directs entre les deux voisins.

    Depuis le conflit de 2008, l’entrée par les régions séparatistes – l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud – demeure interdite. Tbilissi considère que ces deux entités sont occupées par la Russie.

    Sur place, les Russes qui franchissent la frontière oublient parfois d’effacer la fameuse lettre Z (symbole des partisans de l’« opération spéciale ») sur leur véhicule.

    Mais mal leur en prend : les gardes frontières se montrent intraitables en les renvoyant séance tenante dans leur pays.

    « Tous ces réfugiés ne s’opposent pas à la politique du Kremlin en Ukraine mais cherchent, pour une immense majorité, à fuir afin d’éviter d’être mobilisés et envoyés au front », constate un jeune Russe installé dans la capitale géorgienne.

     

    Une étape avant l’Arménie et la Turquie

    À Tbilissi, le gouvernement n’a, à ce jour, formulé aucune restriction à cette arrivée massive d’hommes russes en âge de servir, parfois accompagnés de leur famille.

    Seule obligation pour les candidats à l’exil : les piétons n’étant pas autorisés à franchir la frontière, ils doivent trouver un moyen de locomotion.

    Cette formalité entraîne un véritable trafic de vélos, motos, scooters, planches à roulettes, etc.

    Des taxis guettent le client et proposent de franchir la frontière sans encombre… moyennant finance.

     

    Pour 150 000 roubles (2 480 euros), des motos-taxis remontent les files de voitures pour déposer leurs clients au poste-frontière. Quant aux plus sportifs, il leur est possible d’acheter un vélo en déboursant de 200 à 900 euros.

    Dernière astuce pour passer la frontière : monter à bord d’une voiture où il reste des places, en échange de 800 à 1 000 euros par siège.

     

     

    Le phénomène dure depuis deux cents jours.

    À partir du mois de mars, soit quelques jours après le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, quelque 300 000 Russes sont arrivés en Géorgie.

    Seulement 40 000 d’entre eux y seraient restés, selon diverses sources.

     

    La plupart ne feraient que transiter par la Géorgie,

    repartant vers l’Arménie, l’Azerbaïdjan ou encore la Turquie, pays où ils peuvent se rendre sans visa.

    Il leur est ainsi possible d’ouvrir des comptes bancaires et d’échapper aux sanctions occidentales.

    À ce jour, près de 60 000 citoyens russes ont ouvert un compte, contre 45 000 en février.

    Le ministre géorgien de l’Intérieur, Vakhtang Gomelauri, avance des chiffres conséquents.

    Depuis le 21 septembre, environ 10 000 personnes ont traversé quotidiennement la frontière, contre 6 000 début septembre.

     

    Une inflation qui frappe de plein fouet les Géorgiens

    Au sein de ce pays de 3,7 millions d’habitants, cet afflux massif de Russes provoque de véritables tensions sociales.

    À Tbilissi, où vivent 1,5 million de citoyens, une forte inflation se fait sentir en raison de l’importation massive de roubles (en liquidités ou par transferts).

    Les cartes bancaires et de crédit russes (comme Mir) ne fonctionnent pas à la suite des sanctions internationales contre Moscou.

     

    Les Géorgiens se plaignent de la hausse des prix, eux qui subissent un fort taux de chômage (18 % officiellement) et des salaires bien moins élevés qu’en Russie.

    Cette inflation atteint les 80 % dans l’immobilier.

    Les nouveaux venus louent dès leur arrivée des appartements via le réseau Airbnb.

    D’autres, parmi les plus fortunés, achètent des logements afin de s’installer en qualité d’autoentrepreneur ; 9 000 auraient fait ce choix depuis fin février. Il s’agit de Russes faisant partie de la classe moyenne supérieure ou aisée.

     

    Les hôtels ont également triplé leurs prix pour la réservation des chambres.

    Les propriétaires géorgiens restent vigilants.

    « On a refusé des locations après avoir découvert sur les réseaux sociaux que certains Russes soutenaient le régime de Vladimir Poutine…», constate Gia.

     

    « Les Russes ne sont pas les bienvenus »

    Face à la présence massive de Russes, des militants géorgiens se sont postés à la frontière arborant une banderole : « Les Russes ne sont pas les bienvenus. »

    « On ne les a pas beaucoup entendus sur le conflit en 2008. À ce jour, 20 % du territoire géorgien reste occupé par l’armée russe en Abkhazie et en Ossétie du Sud. La frontière avec la Russie devrait être fermée », condamne un habitant de Tbilissi.

     

     

    Les réseaux sociaux géorgiens diffusent des images de protestation, sans toutefois provoquer d’incidents graves, contre la présence russe dans les artères de la capitale.

    « Russes, quittez ce pays. Votre gouvernement n’est pas notre problème», a crié la foule,

    notamment devant les attroupements de Russes devant les magasins de téléphonie spécialisés dans la vente de cartes SIM.

     

    En plein cœur de la capitale, comme l’avenue Rustaveli, la langue russe domine la plupart des terrasses bondées.

    Dans plusieurs restaurants, en signe de protestation, les serveurs refusent de parler la langue de Pouchkine ou d’afficher des menus en russe.

     

    Malgré ces tensions, des centres de coworking pour les citoyens russes ont été ouverts à Tbilissi et plusieurs journalistes indépendants opposants au régime se sont regroupés pour diffuser des informations via des médias alternatifs.

    « Il est vrai que la plupart ont fui pour ne pas avoir à combattre. Nous sommes peu à nous opposer réellement aux autorités russes.

    Mais cela viendra avec une guerre qu’une majorité ne comprend pas et ne souhaite pas », analyse Vitia, originaire de Volgograd.

    Cet afflux de citoyens russes a affecté l’ensemble de la région du Caucase. 

    Au total, 300 000 hommes auraient quitté la Russie depuis l’ordre de mobilisation.


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  • Retraites...

    "Je suis cassé, j'aimerais qu'on prenne en compte l'usure" : dans cette menuiserie, le report de l'âge légal de départ à la retraite inquiète les seniors

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  • L’abandon de poste n’est plus indemnisé

     

    Arguant d'une multiplication des cas, la droite et la majorité ont voté pour l’assimilation de l'abandon de poste à une démission, privant ainsi d’indemnités chômage toutes les personnes concernées.

     

     
     

    Le projet de loi en examen la semaine dernière ne devait être qu’une reconduction pure et simple de la convention d’assurance-chômage actuelle, qui expire à la fin du mois.

    Il ouvre finalement la porte à la perte de droits des chômeurs.

     

    Mercredi dernier, les députés ont adopté un amendement prévoyant d’instaurer la présomption de démission en cas d’abandon de poste.

    Loin d’être anecdotique, le texte, présenté par « Les Républicains » et soutenu par la majorité présidentielle, permettra de priver d’indemnités chômage toutes les personnes ayant été licenciées à la suite d’un abandon de poste.

     

    « Le phénomène est en augmentation constante », a justifié la ministre déléguée chargée de la Formation professionnelle, Carole Grandjean, se félicitant d’un amendement permettant d’endiguer la situation.

     

    À l’origine du texte, le député LR Jean-Louis Thiériot raconte avoir «rencontré depuis des mois toute une série d’entreprises qui vont de la petite boulangère aux restaurateurs et aux transports scolaires qui sont victimes d’abandons de poste du jour au lendemain par quelques salariés (…) qui l’utilisent pour obtenir le chômage », assure-t-il.

     

    Pourtant, aucune statistique n’a été produite pour démontrer qu’un tel phénomène existe, ni qu’il porte préjudice aux employeurs.

    Pas plus qu’une étude d’impact sur les effets qu’aura un tel amendement sur les bénéficiaires d’indemnités chômage.

     

    Aucune étude chiffrée

    Qu’importe pour le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui, sans étude chiffrée, a reconnu en amont du vote qu’il existait « une faille », « dans la mesure où un salarié qui procède à un abandon de poste a accès à des conditions d’indemnisation plus favorables qu’un salarié démissionnaire ».

     

    L’amendement vise ainsi à calquer les conditions d’indemnisation sur les règles existantes en cas de démission, à savoir, pour l’écrasante majorité des situations, quatre mois de privation d’indemnités chômage.

     

    Aujourd’hui, seule une poignée de personnes en démission peuvent prétendre à des allocations, notamment si elles suivent un conjoint ou créent une entreprise.

     

    « La véritable solution serait d’arrêter de faire le distinguo entre les démissions légitimes et illégitimes, entre le chômage soi-disant volontaire ou involontaire, et de proposer à toute personne de bénéficier du chômage », suggère Denis Gravouil, de la CGT.

     

    Alors que la droite et la majorité décrivent l’abandon de poste comme un stratagème pour bénéficier facilement de l’allocation chômage, l’équation serait en fait inverse pour le syndicaliste.

    « Ce sont surtout des employeurs qui conseillent à leurs salariés d’abandonner leur poste quand ils veulent s’en séparer sans signer une rupture conventionnelle », affirme-­ t-il.

     

    La disposition priverait aussi les salariés en souffrance d’une porte de sortie de l’entreprise, lorsque la rupture conventionnelle leur est refusée.

    L’amendement est une attaque à « la protection des salariés », ont jugé des députés dans les rangs de la Nupes.


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  • Le philosophe Bruno Latour,

    figure de proue de la pensée écologiste,

    est mort à l'âge de 75 ans

    Le philosophe, sociologue et anthropologue Bruno Latour, considéré comme l'un des plus grands intellectuels contemporains français, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 75 ans.

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  • La chronique politique

    VIDÉO.

    Affaire Bayou, le grand n’importe quoi médiatique

    - La tête dans le flux #2

    Personne ne sait grand chose, tout le monde commente, les médias se régalent et on y comprend plus rien : bienvenue dans le feuilleton médiatique pourri de cette rentrée, l’affaire Julien Bayou. 

     
    Jeudi 6 Octobre 2022 - Cyprien CaddeoFranck Cartelet

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  • L’étude qui explique

    pourquoi les pauvres vivent moins longtemps

     

    Santé Les Français les plus modestes sont beaucoup plus touchés par les maladies chroniques que les plus aisés, confirme une étude de la Drees publiée ce jeudi. Une inégalité à l’origine des très forts écarts d’espérance de vie entre riches et pauvres.

     

     

    « C’est comme si on avait lancé un nouveau télescope en orbite pour observer la société.

    Avec lui, le flou devient net ; ce qui était invisible nous apparaît. »

     

    Voilà comment Vianney Costemalle, l’un des responsables du bureau état de santé de la population à la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), décrit le nouvel outil mis à la disposition des statisticiens.

    Baptisée EDP-Santé, cette gigantesque base de données fusionne les informations contenues dans l’échantillon démographique permanent (EDP) de l’Insee avec celles du système national des données de santé (SNDS) de l’assurance-maladie.

    En clair, un outil qui permet désormais d’évaluer l’incidence des différentes maladies (ou événements de santé) selon le niveau de vie ou les catégories socioprofessionnelles des Français.

     

    Déjà utilisée sur trois premières thématiques (l’IVG, les accidents vasculaires cérébraux et les tentatives de suicide), cette base de données vient nourrir une nouvelle étude de la Drees, rendue publique ce jeudi, qui montre que

    « les maladies chroniques touchent plus souvent les personnes modestes et réduisent davantage leur espérance de vie ».

    « Nous connaissions les écarts d’espérance de vie entre les plus modestes et les plus aisés : d’environ treize ans chez les hommes et huit ans chez les femmes.

    Mais on ne savait pas expliquer réellement ces inégalités.

    Là, on a un début de réponse »,

    a indiqué mercredi Samuel Allain, chargé d’études au bureau état de santé de la population.

     

    Dans le détail, les chercheurs ont comparé, à partir des chiffres de 2016-2017, la survenue de plusieurs maladies chroniques chez les 10 % de Français les plus modestes en la comparant aux 10 % les plus aisés.

    C’est le diabète qui affiche la plus forte inégalité entre les deux groupes, avec un risque 2,8 fois plus élevé pour les plus pauvres.

    Viennent ensuite les maladies du foie et du pancréas (2,2), les maladies psychiatriques (2), les maladies respiratoires chroniques (1,6), les maladies neurologiques ou dégénératives (1,5) et les maladies cardio-vasculaires (1,4).

     

    Fait notable, le cancer, lui, semble toucher toutes les catégories sociales quasiment dans les mêmes proportions, voire davantage les plus aisés.

    « On peut penser que ce rééquilibrage sur le cancer est dû à un dépistage plus important chez les plus aisés, voire à leur espérance de vie plus importante. En vivant plus longtemps, ils ont plus le temps de développer ce type de maladie », explique Samuel Allain.

    Une analyse à nuancer selon le type de cancer : ceux des voies respiratoires sont plus marqués par un « gradient social », et notamment la consommation de tabac, plus forte chez les plus modestes, que les cancers du sein ou de la prostate, plus fréquents dans les catégories les plus aisées, car mieux dépistés.

     

    Avis au gouvernement, qui entend réformer le régime de retraite en allongeant l’âge de départ, ces inégalités ont des conséquences déjà très concrètes pour les Français les plus modestes :

    ils sont plus nombreux à vivre avec (au moins) l’une de ces maladies chroniques, malgré une mortalité plus élevée lorsqu’ils sont touchés.

    Par ailleurs, selon les chercheurs, sans ces maladies chroniques, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre plus riches et plus pauvres serait « réduit de plus d’un tiers ».

    Alexandre Fache


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  • Budget : l’opposition inflige un camouflet à la Macronie

     

    Assemblée nationale La commission des Finances a rejeté, mardi, le projet de loi de programmation budgétaire pour 2023-2027. La Macronie y voyait un gage de « sérieux » vis-à-vis de Bruxelles ; la gauche, un marqueur de l’austérité.

     


    Le 4 octobre, à l’Assemblée nationale, à Paris.
    Le projet de loi a été rejeté par 36 voix contre 30.
     

    La Macronie peut ravaler sa « feuille de route » austéritaire.

    Les députés de la commission des Finances ont rejeté, mardi 4 octobre, le projet de loi de programmation budgétaire pour 2023-2027, par 36 voix contre 30.

    Les élus de la majorité présidentielle, en majorité relative au sein de la commission, espéraient une abstention des députés LR pour éviter une mise en minorité.

    Raté : la Nupes, le groupe Libertés et Territoires (Liot), LR et le RN ont tous voté contre.

    Les raisons du rejet sont diverses.

    La gauche s’est alarmée d’un texte d’austérité budgétaire qui fixe la trajectoire du retour aux 3 % de déficit en 2027.

    La droite au contraire s’est émue d’un texte trop léger sur les mesures d’économies.

    « Les macronistes sont fébriles, Macron paye le fait de ne pas avoir fait de coalition en début de législatives », juge un député Nupes de la commission des Finances.

     

    Attention cependant, ce texte ne doit pas être confondu avec le projet de loi de finances (PLF 2023) qui fixe le budget pour l’année à venir.

    Le PLF sera bien discuté à partir du 10 octobre dans l’Hémicycle, avec une très forte probabilité que la majorité l’adopte au forceps grâce au 49-3.

    En effet, cet article de la Constitution, perçu comme un outil de passage en force contre le Parlement, peut être utilisé à l’infini pour une loi de finances – mais une seule fois par an pour les autres textes.

    Or le projet de loi de programmation budgétaire n’est pas un projet de loi de finances, mais une sorte de pré-PLF plus indicatif que coercitif.

     

    Une motion référendaire sur les retraites

    Cela signifie que si la Macronie voulait l’adopter malgré l’opposition de la commission des Finances, elle se grillerait une cartouche précieuse.

    Le texte en vaut-il le coup ?

    « C’est un document très important pour notre crédibilité européenne, il montre comment nous comptons réduire nos déficits », estime le rapporteur du budget, le député Renaissance Jean-René Cazeneuve, qui fustige l’absence de « vote de responsabilité » de la part de LR et du PS.

     

    Les macronistes s’indignent, mais il y a peu de chance qu’ils y fassent quoi que ce soit.

    La majorité est consciente que d’autres textes autrement plus brûlants réclameront peut-être l’usage du 49-3, comme la réforme des retraites.

    En 2020, le premier ministre de l’époque Édouard Philippe avait, en pleine crise sanitaire et sociale, déclenché ledit article.

    « On n’a pas oublié », persifle le député communiste Sébastien Jumel, qui porte, avec son groupe, la proposition d’une motion référendaire sur les retraites.

    Passer la réforme au jugement des électeurs, alors que 7 Français sur 10 sont contre ?

    Le ministre du Travail n’a pas goûté la proposition :

    « Il n’y a pas besoin de référendum. Le résultat de l’élection, alors que la réforme des retraites a été clairement annoncée comme un marqueur de la campagne d’Emmanuel Macron, a donné une légitimité à cette réforme. »

    Comme si la victoire du président de la République en duel face à Marine Le Pen valait vote d’adhésion…


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  • Coup de tonnerre inédit

    "Éric Dupond-Moretti, Ministre de la Justice"

     


     

    « J’ai toujours dit que je tenais ma légitimité du président de la République et de la première ministre, et d’eux seulement », affirmait récemment Éric Dupond-Moretti.

    Ce lundi 3 octobre 2022, quelques jours à peine après cette déclaration, la France a donc connu un coup de tonnerre inédit dans son histoire politique, donnant aux mots du ministre de la Justice un caractère éclatant de vérité : oui, sa légitimité ne tient plus que par la grâce de l’exécutif…

    En effet, comme cela était prévisible puisque l’intéressé lui-même ne cachait pas qu’il en avait la « quasi-assurance » et qu’il n’entendait pas démissionner, le garde des Sceaux sera bel et bien jugé par la Cour de justice de la République (CJR) pour « prise illégale d’intérêts ».

    Une première – et un résumé de « l’ère » Jupiter. Jamais un ministre en poste n’avait été renvoyé en procès devant cette juridiction d’exception.

     

    L’ancien ténor du barreau, alias « Acquitator », est soupçonné d’avoir profité de sa nomination à la chancellerie pour régler ses comptes avec des magistrats, sur fond de différends quand il œuvrait comme avocat.

    Une accusation gravissime dans notre République.

    Le parquet général de la Cour de cassation estimait depuis mai qu’il existait des « charges suffisantes », ce que confirme de manière brutale le réquisitoire définitif :

    « M. Dupond-Moretti a pris un intérêt consistant à engager un processus disciplinaire contre des magistrats avec lesquels il avait eu un conflit en tant qu’avocat. (…)

    Avocat pénaliste reconnu, M. Dupond-Moretti ne pouvait ignorer l’existence d’un conflit d’intérêts. »

     

     L’étau se resserrait autour du protégé d’Emmanuel Macron.

    En pleine connaissance de cause, le ministre, dont les relations avec la magistrature sont notoirement difficiles, fut pourtant reconduit à son poste dès le premier gouvernement Borne, symbole du changement de doctrine de l’Élysée en matière d’exemplarité et d’éthique politique.

    Contrairement à Bayrou, Rugy, Delevoye ou Abad, désormais un ministre doit quitter ses fonctions seulement après avoir été condamné… sauf, murmure-t-on dans l’entourage du chef de l’État, si la pression s’avère trop forte.

    En l’espèce, n’avons-nous pas dépassé ce stade,

    et depuis longtemps ?


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