• Fin de vie :

    la Convention citoyenne se prononce majoritairement

    en faveur d'une aide active à mourir en France

    Elle a terminé sa phase de délibération. Les citoyens ont encore un mois pour affiner leurs propositions.
     
     
     

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  • L’âge de départ à la retraite en perspective historique : un retour sur 50 ans de réformes

    Auteurs : Patrick Aubert et Antoine Bozio

    Le débat sur la réforme des retraites se concentre sur la hausse de l’âge légal d’ouverture des droits de 62 à 64 ans et sur l’identification des catégories plus ou moins touchées par les mesures proposées par le gouvernement.

    Pour approfondir le débat, il est utile de prendre un recul historique afin de mettre en perspective l’impact de la réforme actuellement en discussion à l’aune des précédentes réformes.

    Ce billet de blog vise à présenter l’évolution de l’âge de départ en retraite en France sur près de 50 ans, la mesure dans laquelle ces réformes ont suivi ou non les évolutions de l’espérance de vie, et enfin de revenir sur les inégalités sociales face à l’âge de départ en retraite, et la façon dont la réforme les modifie.

    Blog >>>>>Le blog des économistes de l’IPP


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  • La rue et les urnes

     

    Par Maud Vergnol

     

    Le mouvement social a gagné la première bataille, celle de l’opinion.

    70 % des Français restent opposés à ce projet.

     

    Sommés par l’Élysée de se faire rares dans les médias pour éviter toute bourde supplémentaire, les macronistes peinent à ferrailler dans l’hémicycle de l’Assemblée, ne disposant que de deux arguments d’autorité dans leur boîte à outils :

    « la réforme ou la faillite »

    et « ce n’est pas la rue qui gouverne ».

     

    D’une folle originalité, donc.

    De Pompidou à Raffarin, de Valls à Sarkozy, cette ineptie, frappée au coin du bon sens d’un pouvoir qui bute sur la volonté du peuple de ne pas se laisser dépouiller de ses droits , fait des émules en Macronie.

    Avec des variantes : « Ce n’est pas la rue qui fait la loi. »

    Le Parlement non plus, d’ailleurs, ne fait plus la loi, entre 49.3 et recours aux ordonnances.

    Alors qui ?

     

    Le monarque républicain bien sûr, enorgueilli du suffrage universel, qui explique aux opposants à sa « réforme » des retraites qu’il faut «respecter la démocratie ».

    Mais celle-ci n’est rien sans la rue, cette Agora où tant de fois depuis la Révolution, le peuple français a battu le pavé pour conquérir sa souveraineté.

    Comme il n’y a pas de République sans justice sociale, il n’y a pas de démocratie sans participation continue des citoyens.

     

    Le soir de son élection face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron affirmait ceci :

    « Je sais aussi que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Et je veux ici les remercier et leur dire que j’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. »

     

    Nous y sommes, moins d’un an après une élection où seuls 20 % des inscrits ont choisi de voter pour son programme.

     

    Oui, ce vote « l’oblige » et le président serait bien inspiré de s’en souvenir.

    Le pari de la mobilisation de samedi, qui a permis d’élargir encore les cortèges, est réussi.

    Le mouvement social a gagné la première bataille, celle de l’opinion.

    70 % des Français restent opposés à ce projet.

     

    Emmanuel Macron en appelait à « l’esprit de responsabilité » des syndicats.

    C’est aux manifestants désormais d’appeler le locataire de l’Élysée à retrouver la raison… et la mémoire.

    Avant le 7 mars.


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  • L’Assemblée renationalise EDF

    La proposition des élus socialistes visant à protéger l’énergéticien français a connu plusieurs rebondissements, ce 9 février, avant d’être adoptée, les députés macronistes ayant déserté l’Hémicycle.

     


     
     

    Rien n’est jamais perdu d’avance à l’Assemblée nationale.

    Les députés socialistes en ont fait l’expérience avec leur proposition de loi visant à nationaliser et à protéger EDF.

    Adopté en commission la semaine dernière, ce texte a d’abord fait face à l’obstruction parlementaire des macronistes, qui ont provoqué de nombreuses suspensions de séance, jeudi, dans l’Hémicycle.

     

    Les débats se sont notamment crispés au sujet de l’article 3 bis, qui vise à instaurer un bouclier tarifaire pour tous les artisans, les très petites entreprises, les petites et moyennes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire, alors que les prix de l’électricité s’envolent et conduisent de nombreux commerçants à fermer boutique.

    « Avec cette mesure, nous protégerons nos artisans et nos commerçants contre la spéculation du marché européen de l’énergie », a soutenu le rapporteur du texte Philippe Brun (PS), quant tout à coup les macronistes ont quitté l’Hémicycle, en criant à la non-recevabilité de la procédure.

    L’article 3 bis a ainsi été adopté en leur absence.

     

    Les débats ont continué au sujet du « plan anti-démantèlement » d’EDF, afin de conserver l’unité du groupe public, sur lequel l’État a lancé une OPA en juillet 2022, pour en reprendre le contrôle sans préciser ses intentions finales.

    « Il faut que cette date soit celle du grand retour du service public en France », a lancé le député socialiste à la tribune, soucieux de préserver EDF et ses prérogatives.

    « L’électricité n’est pas un bien comme les autres, c’est un bien commun, un bien d’exception », ajoute l’élu PCF Sébastien Jumel.

    « Un fleuron industriel qui fait notre fierté », réaffirme Valérie Rabault (PS), en réponse aux propos de Roland Lescure, quelques minutes plus tôt, qui a qualifié le groupe public d’ « instrument ».

    « Le gouvernement a déjà exprimé que le démantèlement d’EDF n’était pas notre projet. Le projet Hercule a également été abandonné », a assuré le ministre délégué chargé de l’industrie.

    Vraiment ?

    Car, à travers son offre publique d’achat, l’État cherche à récupérer les 14 % des actions qui lui manquent, dans l’objectif d’amorcer une relance financière des activités nucléaires d’EDF, tout en prévoyant la privatisation de ses activités commerciales et de ses énergies renouvelables.

    « Le gouvernement pourrait ouvrir la boîte de Pandore avec cette OPA », alerte l’écologiste Charles Fournier.

    Face à ce risque, l’article de loi de Philippe Brun visant à « rendre incessibles » les activités du groupe énergétique a lui aussi été voté, là encore en l’absence des députés Renaissance.

    « Ce texte nous permet d’affirmer notre souveraineté sur EDF », a salué le député FI Éric Coquerel.

    Dans la foulée, c’est l’ensemble de la proposition de loi qui a été adoptée, les macronistes battus d’avance n’ayant pas regagné leurs chaises.

     

     

    Création d’une commission d’enquête

    sur le coût de la vie en outre-mer

    Plus tôt dans la journée, deux autres textes avaient été examinés.

    Le premier, visant à créer une commission d’enquête sur le coût de la vie dans les territoires ultramarins, a été adopté à l’unanimité (236 voix contre 0).

    « Les départements et régions d’outre-mer sont aux avant-postes de notre République sur nombre de sujets, par exemple sur celui de l’accès à l’eau, mais aussi sur la vie chère », a rappelé la députée FI Mathilde Panot.

    Le Martiniquais Johnny Hajjar, rapporteur du texte, a quant à lui pointé du doigt la nécessité de mettre en place cette commission « de toute urgence ».

    En ligne de mire, les écarts de prix entre la métropole et les territoires ultramarins, particulièrement marquants s’agissant des produits alimentaires : 28 % plus chers à La Réunion, 38 % en Martinique, ou encore 34 % en Guyane, selon l’Insee.

     

     

    Le consensus alors observé n’a toutefois pas duré longtemps, puisque, aux termes de débats enflammés, la seconde proposition de loi, qui visait à rétablir les repas à 1 euro pour tous les étudiants, a finalement été rejetée à une voix près (184 voix contre 183).

    Pour le groupe PS, cette mesure permettait de pallier, entre autres, les interminables files de jeunes qui attendent devant l’aide alimentaire ces dernières années.

    Les intéressés avaient pu bénéficier de repas à ce tarif de façon temporaire, durant la crise du Covid, avant que la mesure ne soit pas reconduite par le gouvernement.

     

    Hélas, certains bancs à gauche ont paru clairsemés au moment du vote, puisque plusieurs députés EELV participaient aux États généraux de l’écologie, en dehors de l’Hémicycle.

    « Je suis déçue », a estimé Fatiha Keloua Hachi.

    La députée PS et rapporteuse du texte n’a pas manqué d’adresser un message aux étudiants français :

    « Le combat continue, nous ne lâcherons rien. »


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  • Vieillissement, coût du travail, compétitivité :

    les anti-retraites utilisent les mêmes arguments

    depuis 1945

    Entretien avec le sociologue Ilias Naji.

    Basta >>>>>


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  • Autoroutes privatisées... et bien rentables !!!
     
    Fin de semaine dernière,
    je me suis rendu à Bercy
    pour obtenir le rapport de l’IGF
    sur les sociétés concessionnaires d’autoroute,
    à la suite des révélations du @canardenchaine .
     
    Voici mes conclusions.
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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  • Retraites : Élisabeth Borne bricole pour plaire à la droite

     

    La première ministre a proposé, ce 5 février, quelques concessions sur les carrières longues, dans un but purement tactique. 

    Mais sans rien lâcher sur le fond de son projet…

     


     
     

    Élisabeth Borne est bien plus sensible qu’on ne le dit.

    La preuve, elle trouve « blessant » qu’on puisse la juger sans empathie, et tient à se démarquer de Margaret Thatcher :

    « C’est le contraire de ce que je suis et de ce que je porte, jure-t-elle dans le JDDCe qui m’anime depuis le début, c’est d’être attentive à ces femmes et hommes qui travaillent dans le nettoyage, qui sont ouvriers dans l’agroalimentaire, ces indépendants aux revenus modestes. »

     

    Et pour joindre le geste à la parole, elle a décidé d’amender son projet de réforme des retraites afin de le rendre plus « juste ».

    En réalité, il s’agit surtout de s’assurer le soutien des députés LR, dont l’exécutif a un besoin vital pour s’éviter le risque du 49.3, mais qui rechignent à signer un chèque en blanc au gouvernement.

     

    Dans son entretien au JDD, la première ministre commence par rappeler que la décision d’étendre la revalorisation de la pension minimale à certains retraités actuels (et non aux seuls futurs retraités, comme prévu), était déjà une façon de répondre aux revendications de la droite.

    Avant d’abattre une autre carte :

    « Nous allons bouger en étendant le dispositif de carrière longue à ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans. Ils pourront ainsi partir à 63 ans, conformément aux règles prévues par le dispositif. »

    Petit rappel : le dispositif carrière longue permet à certains salariés ayant commencé à travailler très tôt de partir avant l’âge légal, à condition d’avoir suffisamment cotisé.

    Par exemple, un salarié né en janvier 1966 pouvait jusqu’à présent partir à 60 ans, s’il avait cotisé 169 trimestres, dont 5 à la fin de l’année de ses 20 ans. Il devra travailler deux années de plus avec la réforme. Aujourd’hui, le dispositif carrière longue est ouvert à des salariés qui ont commencé à travailler avant 20 ans.

     

    Nouvelle borne d'âge... mais seulement 30 000 personnes par an en bénéficieraient

    En signe d’ouverture, Matignon propose donc de créer une nouvelle borne d’âge, à 21 ans : dans le détail, ceux qui auront cotisé 5 trimestres à la fin de l’année de leurs 21 ans (s’ils sont nés entre janvier et septembre) ou 4 trimestres s’ils sont nés entre octobre et décembre pourraient partir avant l’âge légal.

    La mesure ne bénéficierait qu’à environ 30 000 personnes par an, selon les calculs d’Élisabeth Borne, à rapprocher des quelques 130 000 départs (le chiffre devrait grimper en cas de vote de la réforme) pour carrière longue en 2021.

    Au passage, la cheffe du gouvernement explique que la facture de ce nouveau dispositif (entre 600 millions et 1 milliard d’euros) devrait être financée, mais n’explique pas comment.

     

    Cette concession n’a visiblement pas suffi à convaincre les députés de droite les plus hostiles à la réforme (et au gouvernement en général) :

    «   Je vois que la première ministre essaie de tendre, je ne dirais pas la main mais un doigt, pour sauver sa réforme, tacle Fabien Di Filippo (LR), sur BFM. Mais nous, quand on appelle à l’aide dans nos territoires qui sont laissés de côté par les dispositifs d’aide à l’énergie, on n’a pas le même retour. »


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  • Itinéraire géopolitique d’un ballon chinois

    États-Unis / Chine

    Espion ou pas, l’engin qui a survolé le territoire américain avant d’être abattu samedi 5 février est devenu l’incarnation de la rivalité stratégique du XXIe siècle entre les deux grandes puissances.

     

    L’Histoire est décidément plus rusée que les hommes.

    Elle a présenté au monde ces derniers jours un scénario que peu d’experts ou romanciers – si ce n’est aucun – avaient couché noir sur blanc.

    La rivalité stratégique entre les deux grandes puissances du moment – les États-Unis et la Chine – devait normalement se concentrer en mer de Chine et mettre en concurrence les armements les plus sophistiqués.

    Finalement, c’est dans les très hauts cieux américains que s’est joué un épisode tout droit sorti d’un roman d’anticipation au fil de la trajectoire d’un engin venu du siècle dernier : un ballon.

    Ce dernier est apparu sur les radars américains le 28 janvier, alors qu’il se trouvait au-dessus de l’Alaska.­

    Puis il a traversé la frontière vers le Canada avant de revenir côté états-unien, dans l’Idaho puis le Montana.

    Là, l’alarme est déclenchée.

    Le dernier État cité accueille l’un des trois sites de missiles balistiques intercontinentaux du pays.

    Le fait, ne pouvant de toute façon rester secret au regard du nombre de témoins ayant vu l’engin dans le ciel clair du Montana, est également rendu public et devient la « breaking news ».

     

    « Des recherches principalement météorologiques »

    La question commence à se poser : faut-il tirer sur le ballon ?

    Officiellement, l’administration craindrait les retombées de débris sur les habitants, le châssis de l’intrus équivalant à trois autobus.

    Au sol, on se moque un peu.

    Avec trois habitants au kilomètre carré, il y a plus de risques de blesser une vache, l’espèce bovine comptant deux fois plus de membres dans cet État rural des grandes plaines, que l’espèce humaine.

    La blague court de Billings à Missoula : faut-il prendre la 22 Long Rifle à l’arrière du pick-up pour tenter de descendre le ballon ?

    L’ancien gouverneur démocrate de l’État, Brian Schweitzer, tente de ramener ses compatriotes à la raison : « Être inquiet d’un ballon à l’âge des satellites n’a aucun sens. »

    Mais l’administration Biden semble sujette à une espèce de flottement et ne délivre aucun message public.

     

    Pékin sort alors du silence et assure qu’il s’agit « d’un aéronef civil utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques » et « regrette » la violation « involontaire » de l’espace aérien américain, « un cas de force majeure ».

    Première mesure de rétorsion de Washington : l’avion d’Antony Blinken ne décollera pas.

    Le secrétaire d’État devait s’envoler pour Pékin, devenant le premier chef de la diplomatie américaine à se rendre en Chine afin d’apaiser les tensions dans le cadre posé par les deux présidents à Bali, en novembre 2022.

    Ce ne sera pas pour ce mois-ci.

     

    Selon le New York Times, une partie de l’administration a pourtant plaidé – en vain, donc – pour maintenir la visite dont l’intérêt se trouvait encore rehaussé au regard de la situation.

    Quant au droit, il n’est d’aucune aide en la matière.

    L’espace aérien, soit en dessous de 20 kilomètres d’altitude, est régi par la convention de Chicago.

    Dans l’espace proprement dit – au-delà­ de 100 kilomètres – des normes fixées en 1967 dans un traité s’imposent.

    Pour la zone intermédiaire : rien.

    Et c’est justement là que se situe le ballon chinois qui poursuit, en fin de semaine, sa course : Kansas, Missouri.

    Le GOP (Grand Old Party, surnom du Parti républicain) sort l’artillerie politique lourde, accuse les démocrates de mollesse.

    « DESCENDEZ LE BALLON ! » réclame, en lettres majuscules, Donald Trump sur son propre réseau social.

     

    « Une tentative de surveiller des sites » militaires sensibles

    Le 4 février, au réveil, Joe Biden promet : « Nous allons nous en occuper. »

    Dans l’après-midi, un F-22 – 95 millions de dollars pièce – décolle de la base de Langley en Virginie et canarde, au-dessus­ de l’Atlantique,­ le désormais célèbre ballon, qui finit sa course en lambeaux.

    C’est ici que l’affaire se teinte encore un peu plus d’ubuesque.

    Joe Biden « félicite » les pilotes pour avoir abattu un engin militairement inoffensif tandis que le pouvoir chinois s’insurge de l’usage américain de la force à l’encontre d’un ballon officiel­lement civil et sans présence humaine ayant, de fait, enfreint la souveraineté d’un pays.

     

    Alors, espion ou pas espion ?

    Pour le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, il n’y a aucun doute : le ballon a été utilisé « dans une tentative de surveiller des sites stratégiques ».

    Avéré ou pas ?

    En tout cas, Washington, comme au poker, joue sa main à fond.

    Selon un haut responsable américain, des « ballons de surveillance chinois ont transité brièvement au-dessus des États-Unis au moins trois fois sous l’administration précédente (donc sous la présidence Trump – NDLR), et une fois au début de cette administration de ce que nous savons, mais jamais aussi longtemps ».

     

    L’Histoire, toujours elle, nous dira s’il s’agit,

    pour les deux parties, d’un ballon… d’essai.


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  • Clémentine Autain

    Cette contre-réforme est injuste.

    Elle transforme

    les 2 meilleures années de la retraite

    en 2 pires années de travail.

     

    Clémentine Autain >>>>> Twitter Vidéo 52 secondes


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  • Retraites.

    Le RN s’oppose à la gauche plutôt qu’à la réforme

     

    Les trois jours d’examen en commission de l’Assemblée nationale de la réforme des retraites ont révélé la faiblesse des propositions de l’extrême droite, qui s’attaque en priorité à la Nupes et épargne le gouvernement.

     

     

    Marine Le Pen et ses troupes le clament :

    « Sur cette réforme, nous sommes la première opposition ! »

    Encore faut-il définir l’adversaire.

    Celui de l’extrême droite n’est clairement pas le gouvernement et sa retraite à 64 ans, mais la gauche.

    Sur les plateaux et les réseaux, le RN, avant même d’évoquer le fond du projet, ne cesse d’attaquer la Nupes et les syndicats.

     

    Les jugeant « complices de la réforme » du fait qu’ils ont « appelé à voter Macron », les députés lepénistes fustigent le mouvement social, comme s’il s’agissait d’affaiblir le rapport de forces qui pourrait faire plier le gouvernement.

    « Nous nous opposons à toute forme de blocage », répète Thomas Ménagé.

    Visiblement adepte des éléments de langage macronistes, le député accuse aussi, tel Gérald Darmanin, la Nupes de « bordéliser l’Assemblée» et de vouloir « bloquer le pays ».

     

    Moins d’amendements que le groupe Renaissance

    « En commission des Affaires sociales, le RN ne s’est jamais opposé frontalement à la majorité présidentielle, résume le communiste Sébastien Jumel.

    À la place, il a passé son temps à essayer de nous mordre les mollets, sans que ça nous fasse mal. »

     

    Avec une élégance dont il a le secret :

    « La Nupes est excitée comme une mariée qui va à l’autel », s’est ainsi gaussée Laure Lavalette, avant de commenter le physique de l’écologiste Marie-Charlotte Garin.

    Et d’ironiser sur le scandaleux détournement du règlement réalisé lundi en collaboration avec la majorité : « Gardez votre énergie pour voter notre motion référendaire. »

     

    L’extrême droite a en outre traité les députés de gauche d’ « idiots utiles de la Macronie », à propos du nombre d’amendements déposés, seuls responsables selon le RN du fait que deux articles seulement aient été examinés en commission.

    Épargnant Renaissance et ses manœuvres multiples pour raccourcir la durée des débats, le RN, ici Christophe Bentz, fustige « le comportement puéril de l’extrême gauche qui risque de permettre de faire passer ce texte ».

     

    « Alors que la Nupes dépose autant d’amendements qu’il y a de difficultés et souffrances dans cette réforme, pour défendre ceux qui les subiraient, le RN choisit de n’en déposer presque aucun », répond l’écologiste Benjamin Lucas.

    75 ont en réalité été déposés –  « encore moins que le groupe Renaissance lui-même », remarque Mathilde Panot (FI) –, mais dont deux tiers ont été jugés irrecevables.

    Et aucun ne portait sur des propositions de financement.

     

    Une idée a toutefois surgi du cerveau xénophobe de Thomas Ménagé :

    « Supprimer le minimum vieillesse pour les étrangers. Un Français qui a travaillé mais n’a pas assez cotisé aura la même pension qu’un étranger qui n’a pas cotisé. »

    Le député, qui sur Twitter a remplacé le mot « étranger » par « Algérien» dans cette démonstration, veut ainsi couper les vivres aux étrangers de 65 ans qui, après dix ans au minimum de résidence en France et ne pouvant obtenir la nationalité, ont effectivement le droit à cette allocation de solidarité.

     

    « une politique nataliste d’envergure »

    Pour le reste, selon les députés RN, la question des retraites serait réglée uniquement par la « réindustrialisation » et « une politique nataliste d’envergure », car « les bébés d’aujourd’hui sont les cotisants de demain ».

    Cette politique passerait par des aides, que le programme présidentiel de Marine Le Pen proposait de supprimer aux parents étrangers.

    Tandis que les conséquences de ses propositions anti-immigration ne pourraient être compensées, en termes de démographie, par l’augmentation de la natalité.

     

    Mercredi, le RN Laurent Jacobelli a aussi suggéré « pour assurer la pérennité de notre modèle social » de « permettre la revalorisation des salaires ».

    Drôle d’enfumage.

    En janvier, le RN a justement porté une proposition de loi visant, officiellement, à « inciter l’augmentation des salaires de 10 % » qui, en réalité, reposait uniquement sur… l’exonération des cotisations patronales, soit un manque à gagner supplémentaire pour les caisses de retraite.

     

    En commission ces derniers jours, l’extrême droite a poursuivi sa défense des plus riches, des entreprises et du système libéral.

    « Ils se sont opposés à toutes nos propositions de financement, de meilleure redistribution, de rétablissement de l’ISF, de mise à contribution du capital, résume Sébastien Jumel.

    Leurs votes et le vide de leurs interventions montrent qu’ils font semblant de s’opposer à une réforme qu’en réalité ils approuvent. »

    Même sur les rares points précis du projet de loi auxquels ses députés s’attaquent publiquement, le RN renonce.

    Alors que sur les plateaux, le parti d’extrême droite juge « injuste » la suppression des régimes spéciaux, lundi, l’abstention de ses élus a permis de l’adopter.


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