• Une étude a-t-elle vraiment découvert que le Doliprane était toxique pour les personnes malades du Covid-19 ?

    Sur Twitter, des internautes ont affirmé que ce médicament présentait un danger pour les patients atteints du Covid-19. Des propos erronés, confirme le professeur Bruno Mégarbane à franceinfo.

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  • Le tarif réglementé du gaz en France

    va augmenter de 8,7% en septembre

    Cette nouvelle hausse fait suite

    à une augmentation de 10% des tarifs en juillet

    et de 5,3% en août.

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  • Essai. La guerre et la répression anticommuniste

     

    Vendredi 27 Août 2021

     

    Dans un ouvrage capital, l’historien Louis Poulhès démontre comment les communistes sont visés par les attaques du pouvoir français dès 1938.

     
    L’État contre les communistes 1938-1944
    Louis Poulhès
    Atlande, 800 pages, 19 euros
     

    L’Histoire est politique.

    Elle représente un enjeu déterminant pour la classe sociale dominante, au sens où sa connaissance donne à comprendre, à appréhender le mouvement du monde, à dévoiler ses desseins.

    À ce titre, la lecture de l’État contre les communistes 1938-1944, de Louis Poulhès, contrebalance l’histoire véhiculée sur la prétendue entrée tardive en résistance du Parti communiste, qui aurait attendu l’attaque nazie du 22 juin 1941 contre l’Union soviétique.

    Cet ouvrage contient une masse d’informations et de références qui le rend indispensable.

    Il aidera celles et ceux qui sont parfois à court d’arguments sur la période 1939-1941.

     

    Le travail de Poulhès (1) démontre qu’il n’a pas fallu attendre la guerre pour que les attaques aient lieu.

    L’offensive remonte à 1938, au lendemain de la capitulation de Munich, à laquelle le PCF s’est opposé, seul.

    Lors du congrès du Parti radical, Daladier déclare les communistes fauteurs de troubles, et qu’il faut remettre la France au travail.

    Tout l’appareil d’État est mis à contribution pour cet objectif.

    La CGT est visée avec la condamnation de plus de 800 militants à de la prison ferme au lendemain d’une grève.

    Le fichage des syndicalistes et communistes est réalisé par la police.

    Tout est prêt pour aller plus loin dans la répression à la première occasion.

     

    Le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 en est le prétexte.

    Il est conclu alors que la France et l’Angleterre faisaient tout pour ne pas signer un accord de défense réciproque avec les Soviétiques.

    Dès le lendemain, l’Humanité et Ce soir sont saisis.

    Le jour suivant, ils sont interdits, un mois après le PCF est dissous, ses députés, restés fidèles, emprisonnés et déchus de leur mandat.

    La guerre déclarée, la répression va connaître un rythme endiablé, poussant à la clandestinité ses dirigeants.

    La drôle de guerre, si elle épargne les forces nazies, voit un déferlement de mesures contre ceux qui sont accusés de ruiner l’effort de guerre, pourtant inexistant.

    À ce titre, le garde des Sceaux, Albert Sérol, publie un décret punissant de mort les personnes accusées de démoraliser l’armée et la nation, entendez les communistes.

    La débâcle survient et l’ascension de Pétain, porté par la bourgeoisie, est réalisée.

    S’ensuit une coopération scandaleuse avec les Allemands pour pourchasser les judéo-bolcheviques, les indésirables.

     

    Dès le 17 juin 1940, Charles Tillon, au nom du PCF, appelle à combattre le gouvernement fantoche et les troupes occupantes.

    Pas un autre parti n’aura survécu à la débâcle et seul le PCF, en publiant une Humanité clandestine, arrive à riposter.

    Il lui faut pourtant se réorganiser, apprendre la clandestinité, la sécurité.

    Il soutient et réussit des mouvements de grève dans le Nord, des manifestations pour le 11 novembre 1940, des regroupements revendicatifs.

    Ses militants sont emprisonnés dans des camps de concentration français dans lesquels l’occupant n’aura qu’à puiser pour les fusiller ou les envoyer en Allemagne par dizaines de milliers.

    Alors oui, il faut attendre l’attentat d’août 1941 de Pierre Georges (futur Colonel Fabien) pour que l’action armée coordonnée débute.

    Comment en aurait-il pu être autrement ?

    C’est une lutte à mort qui est engagée depuis trois ans.

    La lecture de ce livre foisonnant bouleverse devant tant de souffrance endurée, d’abnégation, de courage.

     

    (1) Une rencontre avec l’auteur aura lieu dimanche 12 septembre à 13 heures au Village du livre de la Fête de l’Humanité.

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  • Larmes de Requin En Medef

    Complicité

    Éditorial.Vendredi 27 Août 2021

     

    Pour un peu, Geoffroy Roux de ­Bézieux nous aurait tiré une larme.

    Dans son discours d’ouverture de l’université d’été du Medef, mercredi, le président de l’organisation patronale n’avait que douceurs et hommages à adresser à Bruno Le Maire.

    Ce « cher Bruno » qui, depuis dix-huit mois, a « toujours été avec nous ».

    Ce à quoi le ministre de l’Économie, le rose aux joues, a répondu par un « immense merci aux entrepreneurs de France : nous leur devons tout ».

    Touchant et glaçant.

     

    Car nos deux larrons en foire n’étaient pas venus que pour s’échanger des amabilités.

    Mais surtout pour tracer, en parfaite complicité, le scénario économique de cette sortie de crise espérée.

     

    Scénario qui se résume en deux points : la fin du « quoi qu’il en coûte » et une facture présentée aux salariés.

     

    Depuis le début de la crise sanitaire, plus de 80 milliards d’euros ont été engagés par l’État pour soutenir les entreprises, à coups d’exonérations de cotisations sociales et autre chômage partiel.

    Chiffre auquel s’ajoutent 140 milliards de prêts bancaires garantis.

    Une avalanche d’aides publiques déversées sans aucune contrepartie.

    Utile pour maintenir la tête hors de l’eau de nombreuses PME, mais également vampirisée, pour une bonne part, par les mastodontes du CAC 40.

    Artificiellement dopés, leurs profits n’en finissent plus d’exploser (+ 41 % au premier semestre par rapport à 2019).

    Tout comme les dividendes versés aux actionnaires.

     

    Aujourd’hui, le robinet des aides se ferme.

    Le Medef est gavé et, toute honte bue, tente de faire payer la note à l’ensemble des Français en poussant le wagon des réformes antisociales préparées par le gouvernement.

    À commencer par

    celle de l’assurance-chômage, dont le nouveau mode de calcul des allocations va frapper au portefeuille les travailleurs précaires,

    et celle des retraites, avec un nouveau report de l’âge de départ.

    Pas un mot sur les moyens pour l’hôpital ou la question des salaires.

    Ce mercredi, seuls comptaient les désirs de Roux de Bézieux, que Le Maire semblait déjà prendre pour des réalités.


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  • Obligation vaccinale et effectifs en souffrance :

    crispations chez les pompiers

     

     

    Effectifs réduits dans les centres de secours et crainte d’une vague de départs de sapeurs-pompiers volontaires pour échapper à l’obligation vaccinale : les points de tension s’accumulent chez les pompiers.

    La sécurité civile, elle, se veut rassurante et ne voit rien d’alarmant à la situation.

     

     

    «On va se venger. Avec le ministère de l’intérieur, la guerre est déclarée. »

    L’avertissement ne souffre d’aucune ambiguïté. Il est lancé, froidement, par Xavier Boy, président de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques spécialisés (FA SPP-PATS).

    La « première force syndicale » des pompiers accuse le ministère de « mépris » et déplore n’avoir eu « aucun contact avec lui depuis début juillet, y compris sur l’obligation vaccinale, découverte par voie de presse ».

     

    Contactée, la sécurité civile répond que « des échanges ont eu lieu avec toutes les organisations syndicales » mais que la fédération autonome, elle, « n’était pas joignable ».

    Cette dernière a lancé un préavis de grève nationale et illimitée, le 9 août dernier, contre l’obligation vaccinale. « Normalement, quand un préavis est déposé, vous rencontrez votre tutelle dans les jours qui suivent pour discuter, explique Xavier Boy. Eh bien là, rien. Pas de son, pas d’image. On nous a ignorés. »

    Le président du syndicat entend désormais « user de tous les moyens possibles » pour attaquer cette obligation vaccinale, y compris sur l’angle de la discrimination, « car les policiers, eux, n’y sont pas soumis ».

    D’après Xavier Boy, « le silence de la tutelle, couplé à l’obligation vaccinale, c’est la goutte d’eau de trop. Le ministère a franchi la ligne rouge. Tout ceci intervient dans un contexte de souffrance sur le terrain. Nous n’avons pas assez d’effectifs pour assurer la charge quotidienne. La grève n’a d’ailleurs pas d’impact. Si elle est suivie, un service minimum doit s’appliquer. Mais on est déjà presque partout en deçà du service minimum ! »

    Si les pompiers volontaires partent en masse, le risque sera réel pour la chaîne de secours.

    Charles Cosse, de l’Unsa-Sdis

     

    La question des effectifs cristallise en effet les tensions dans certains Sdis (services départementaux d’incendie et de secours).

    Et l’obligation vaccinale, qui entre en vigueur le 15 septembre 2021, ajoute de fortes préoccupations sur ce sujet.

    Il y a d’abord la crainte d’arrêts maladie en pagaille et de départs en retraite précipités. « J’ai de plus en plus de sollicitations de pompiers professionnels, raconte une responsable administrative, qui souhaite rester anonyme. Ils avaient prévu de rester quelques années de plus que l’âge légal [57 ans – ndlr]. Maintenant, ils veulent avancer leur date de départ pour ne pas être obligés de se vacciner. »

     

    Sapeurs-pompiers volontaires

    Mais le plus redouté, et évoqué par bon nombre de sources contactées par Mediapart, c’est le départ massif de sapeurs-pompiers volontaires.

    Et ce serait une catastrophe.

    Ces derniers représentent 80 % de l’effectif total national.

    « Certains centres de secours fonctionnent parfois à 100 % grâce à des volontaires. Ils sont 200 000 en France, contre 40 000 pompiers professionnels », indique Charles Cosse, pompier de Gironde et chargé de communication de l’Unsa-Sdis.

    Ces volontaires seraient les plus rétifs au vaccin.

    « Dans mon département, 30 à 40 % auraient leur schéma vaccinal complet, contre 60 % chez les professionnels », précise Charles Cosse.

    Pour eux, partir plutôt que de se soumettre à la vaccination serait plus facile.

    « Les volontaires ne sont contraints à rien !, explique le pompier de l’Unsa. Ils ont des vies professionnelles à côté de leur engagement. Ils ont la liberté de “poser les bips”, comme on dit dans le jargon [en référence aux bips qui sonnent en astreinte – ndlr]. Finalement, le seul risque qu’ils prennent, c’est de perdre les indemnités perçues dans le cadre de leurs activités chez les pompiers. Mais s’ils partent en masse, le risque sera réel pour la chaîne de secours. »

     

    Cette crainte est amplement partagée par Xavier Boy, de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers : « Oui, c’est un fait qui risque de se produire », lâche-t-il sans hésitation.

     

    Du côté de la sécurité civile, aucune inquiétude n’est exprimée.

    « Il n’y a rien d’alarmant. Il y a évidemment des réfractaires mais c’est marginal. »

    À propos de la couverture vaccinale, elle ne fait aucune distinction entre volontaires et professionnels, et avance son recensement : « 70 % des sapeurs-pompiers ont aujourd’hui un schéma vaccinal complet. »

    « Il y a une obligation de moyens, donc le moyen partira toujours, explique Charles Cosse, de l’Unsa-Sdis en Gironde. Mais chercher les moyens toujours plus loin dégrade la réponse. Et dans notre métier, le temps, c’est de la vie humaine. »

     

    La fuite des effectifs, redoutée par les syndicats, intervient dans un contexte déjà très tendu dans certains départements.

    « En ce moment, il manque 100 à 150 personnes par jour pour les gardes », affirme Abdellah Chaouch, secrétaire général de la CGT du Sdis de Seine-et-Marne. « Les vaccinodromes appauvrissent énormément les effectifs », détaille-t-il.

     

    En Seine-et-Marne, les deux plus gros centres de vaccination, Fontainebleau et Disneyland-Paris, sont gérés par le Sdis.

    « Des sapeurs-pompiers sont pris sur les effectifs de garde journalière et déployés là-bas, explique Abdellah Chaouch.

    « La mobilisation des sapeurs-pompiers dans les vaccinodromes s’inscrit dans le cadre d’un élan national de lutte contre la pandémie, répond le Sdis 77. Pour assurer une réponse dans le temps et en minimiser l’impact sur nos ressources, [nous avons] procédé au recrutement de 600 personnels saisonniers. »

     

     la CGT du Sdis 77 a dressé, sur sa page Facebook, la liste des centres de secours en mal d’effectifs. © Capture d'écran.

     

    Ces dernières semaines, la CGT du Sdis 77 a dressé, sur sa page Facebook, la liste des centres de secours en mal d’effectifs.

    « Le 10 août, quatre [sapeurs-pompiers – ndlr] de garde au lieu de treize à Nemours. Deux au lieu de six à Trilport. Dix au lieu de dix-huit à Meaux […]. TOUT VA BIEN ! », s’indigne le syndicat.

    « Le centre de secours de Vulaines-sur-Seine a aussi été fermé treize jours faute de personnel », dénonce-t-il.

    Sollicité par Mediapart, le Sdis de Seine-et-Marne concède une « baisse des disponibilités », chaque année, sur la période allant de mi-juillet à mi-août.

    « En parallèle, ces migrations estivales se traduisent aussi par une baisse significative de notre activité opérationnelle de l’ordre de moins 25 %. Par conséquent, nos effectifs de garde sont adaptés », répond également le service communication.

    Lequel ajoute : « Il peut arriver que certaines situations particulières entraînent ponctuellement des baisses d’effectifs prévisionnels plus marquées dans certaines casernes, ce qui a très certainement été le cas dans les casernes que vous citez. En pareil cas, le Sdis prend toutes les mesures organisationnelles nécessaires pour préserver un niveau de couverture opérationnelle adapté à la sollicitation. »

    « Sur le terrain, on bricole, on s’arrange », raconte de son côté Olivier*, sapeur-pompier professionnel de Seine-et-Marne.

    « Quand un centre est fermé, comme à Vulaines, ce sont les centres voisins qui prennent le relais. Nous fonctionnons ainsi : il y a d’abord le centre de premier appel, puis le centre de deuxième appel, puis le troisième, et ainsi de suite… Ça allonge les délais de déplacement. »

    « Il y a une obligation de moyens, donc le moyen partira toujours, explique Charles Cosse, de l’Unsa-Sdis en Gironde. Mais chercher les moyens toujours plus loin dégrade la réponse. Et dans notre métier, le temps, c’est de la vie humaine. »

    Quatre personnes de garde dans un centre qui gère 22 000 habitants, près d’une centrale nucléaire

    Charles Cosse cite, lui aussi, un exemple récent de sous-effectif : « Dans le centre de secours Ornano de Bordeaux, l’un des plus grands de France, l’effectif de nuit était, le 23 août, de 16 personnes au lieu de 21, qui est normalement le minimum. Si quatre ambulances [les véhicules de secours et d’assistance aux victimes – ndlr] partent, elles mobilisent trois personnes par véhicule, c’est la règle. Il ne reste donc que quatre pompiers à la caserne pour assurer, par exemple, un départ de feu. »

    À Gravelines, dans le Nord, un pompier s’est ainsi retrouvé seul pour partir en intervention. C’était dans la nuit du 14 au 15 août 2021.

    « Il y avait quatre personnes de garde dans un centre qui gère, en premier appel, 22 000 habitants, près d’une centrale nucléaire !, s’étrangle Quentin de Veylder, secrétaire général de la CGT du Sdis 59.

    Trois pompiers sont partis en ambulance. Celui qui était tout seul a dû prendre la voiture qui sert à faire les courses pour aller secourir une personne ! »

    Rapportée également  par Le Phare dunkerquois, l’affaire a fait réagir le Sdis du Nord.

    Il précise dans les colonnes du journal qu’un pompier, d’un autre centre de secours (à 17 kilomètres de là ), est venu prêter main-forte.

    Le Sdis se dit toutefois « bien conscient » des problèmes et promet des recrutements.

     

    On a déjà transporté des gens pour faire une simple radio !

    Charles Cosse, de l’Unsa-Sdis

     

    « Il y a de grands coups de cisaille dans les effectifs depuis des années »,

    commente Quentin de Veylder, de la CGT.

    « Ce sont des décisions politiques qui frappent tous les départements depuis le début des années 2000, abonde Charles Cosse, de l’Unsa en Gironde.

    On a baissé les effectifs pour des contraintes budgétaires mais la courbe de l’activité opérationnelle, elle, a augmenté. Pour résumer, on est moins nombreux mais davantage sollicités. »

    Charles Cosse évoque également les « missions de carence » réalisées par les pompiers, pour pallier les manquements du service public ou d’entreprises privées.

    Il donne un exemple :

    « Vous avez mal aux dents. Au téléphone, SOS Médecins vous dit d’aller à l’hôpital mais vous ne pouvez pas vous déplacer. Vous appelez le 15, qui va se charger de trouver un transporteur privé. Mais le privé n’a aucune obligation et peut refuser car le déplacement n’est pas rentable. Et si le 15 ne trouve personne dans un délai raisonnable, il demandera aux pompiers de s’en occuper. Le 15 peut demander au 18 de se déplacer, quel que soit le motif. On a déjà transporté des gens pour faire une simple radio ! »

    Début août, les sapeurs-pompiers de Gironde ont d’ailleurs appelé à la grève pendant quatre jours pour dénoncer les faibles effectifs et les carences ambulancières.

    Quelques jours plus tôt, des sapeurs-pompiers avaient été mobilisés, six heures durant devant un hôpital, en attendant la prise en charge de leur patient.

    Ils ont finalement obtenu, par la préfecture, la mise en place de cinq lignes ambulancières privées supplémentaires, rapporte le quotidien Sud-Ouest.

     

    Interrogé par Mediapart, un officier supérieur des pompiers, qui souhaite rester anonyme, concède volontiers que la question des missions de carence est parfois problématique.

    Il reconnaît aussi que la profession a pu se sentir déconsidérée depuis le début de la pandémie.

    Mais il est plus critique sur la question des effectifs.

    « Vous ne pouvez pas demander plus de moyens et refuser, en même temps, d’exécuter des missions que vous ne jugez pas assez nobles. Beaucoup de pompiers ne rêvent que de partir sur des incendies ou des interventions un peu costaudes. On ne peut pas tout avoir. »

    Il en est persuadé : « Les crispations liées à l’obligation vaccinale ne sont qu’un prétexte des syndicats pour créer de l’agitation. »

     

    Loïc, sapeur-pompier volontaire depuis six ans (actuellement en disponibilité pour motif personnel), a une lecture différente de la situation :

    « Cela fait des années que je me demande comment la sécurité civile peut tenir. Comment peut-elle ainsi reposer sur une telle organisation, avec des volontaires majoritaires dans les effectifs, et qui font ça quand ils ont le temps ? Ça tient à un fil et avec cette obligation vaccinale, à mon sens, ce fil va casser. »

     

    Xavier Boy, de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers, envisage d’ailleurs d’ouvrir un deuxième front d’offensive, précisément sur le statut des volontaires.

    « Ils ne sont ni bénévoles ni salariés. Leurs indemnités ne sont pas imposables, non soumises aux cotisations patronales et salariales.

    C’est du black légal !

    Eh bien maintenant, ça suffit !

    On va mettre un coup de pied dans tout ça. Nous irons devant toutes les juridictions possibles pour faire reconnaître les pompiers volontaires comme des travailleurs. C’est le moment. »


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  • L'Effondrement et le Chaos...

    Afghanistan - Kaboul : 

    deux attentats de l’EI font des dizaines de morts

     

    26 août 2021 Par La rédaction de Mediapart >>>>>
     

    Deux explosions, revendiquées par l’État islamique, se sont produites jeudi près de l’aéroport de Kaboul.

    Treize militaires américains ont été tués.

    « Nous ne pardonnerons pas. Nous n’oublierons pas. Nous vous pourchasserons et vous ferons payer », a dit Joe Biden. 

     

    Mercredi, plusieurs gouvernements occidentaux avaient mis en garde contre une « menace imminente » à l’aéroport de Kaboul, où un gigantesque pont aérien est en place depuis la prise de la capitale afghane par les talibans.

    Quelques heures après cette alerte, deux explosions, revendiquées par l’État islamique (EI), se sont en effet produites jeudi en fin d’après-midi, faisant des dizaines de morts – dont 13 militaires américains.

     

    C’est la journée la plus meurtrière pour l’armée étasunienne depuis 2011.

    « À ceux qui ont perpétré cette attaque, ainsi qu’à tous ceux qui veulent du mal à l’Amérique, sachez ceci : Nous ne pardonnerons pas. Nous n’oublierons pas. Nous vous pourchasserons et vous ferons payer », déclaré le président Joe Biden en rendant hommage à ceux qui ont perdu leur vie, des « héros » « qui ont été engagés dans une mission dangereuse et désintéressée pour sauver la vie d’autrui ».

     

    Le président américain est apparu à la fois touché par ce qui s’était passé – évoquant même de nouveau son fils mort en 2015 et qui avait servi en Irak entre 2008 et 2009 – mais déterminé à poursuivre l’opération d’évacuation : « Ces terroristes de l’EI ne gagneront pas. Nous sauverons les Américains ainsi que nos alliés afghans et notre mission se poursuivra. L’Amérique ne se laissera pas intimider. »

    Nous travaillons très dur actuellement pour déterminer qui est lié à cette attaque lâche, et nous sommes prêts à agir contre eux.

    Général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain chargé de l’Afghanistan

     

    « Deux djihadistes considérés comme appartenant à l’EI se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des djihadistes de l’EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires », a dit le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain chargé de l’Afghanistan.

     « Si nous pouvons trouver qui est lié à cela, nous nous lancerons à leur poursuite », a-t-il dit.

    « Nous avons dit clairement depuis le début que nous nous réservions le droit d’agir contre l’EI en Afghanistan » malgré le retrait des militaires, a-t-il souligné.

    « Et nous travaillons très dur actuellement pour déterminer qui est lié à cette attaque lâche, et nous sommes prêts à agir contre eux », a-t-il martelé.

     

    Une explosion s’est produite à proximité d’Abbey Gate, l’un des trois points d’accès à l’aéroport où se pressent depuis 12 jours des milliers d’Afghans soucieux de quitter le pays désormais aux mains des talibans.


    Mercredi, des policiers et militaires français se trouvaient à Abbey Gate – mais pas jeudi –, selon des photos de l’ambassadeur David Martinon publiés sur Twitter qui permettent de se faire une idée de la situation sur place au moment de l’explosion.  

     
     L’autre attaque a eu lieu près d’un hôtel, non loin du lieu de la première.

    Les talibans ont condamné « fermement les explosions qui ont visé des civils à l’aéroport de Kaboul et ont eu lieu dans une zone où la sécurité est entre les mains des forces américaines », a tweeté un de leur porte-parole, Mohammad Naeem.

     

    La wilaya Khorasan, la branche de l’EI implantée en Afghanistan, est en guerre avec les étudiants en religion, la première reprochant aux seconds d’avoir traité avec l’ennemi américain afin qu’il se désengage ;

    les seconds déplorent les attaques contre la communauté chiite pratiquées par les membres de la première. Les différends se règlent à coups de kalachnikovs, d’attentats-suicides et, peut-être plus grave aux yeux des uns et des autres, d’accusations d’apostasie .   

     

    Il s’agit des premiers morts étasuniens depuis février 2020, lorsque le gouvernement de Donald Trump et les talibans avaient signé un accord prévoyant le retrait des Américains.

     

    Quelques minutes avant ces explosions, le porte-parole du Pentagone avait démenti des informations selon lesquelles les évacuations d’Afghanistan pourraient se terminer plus tôt que prévu, en raison des menaces.

    « Nous continuerons à évacuer autant de personnes que possible jusqu’à la fin de la mission, avait-il tweeté. Les opérations d’évacuation de Kaboul ne vont pas prendre fin dans trente-six heures. »

     

    Les soldats américains, qui sécurisent l’aéroport de la capitale afghane, doivent avoir quitté l’Afghanistan d’ici mardi, date butoir de leur retrait total fixée et confirmée par le président Joe Biden.

    Le retrait, pour être achevé à ce moment-là, devra commencer avant, rendant plus complexes les évacuations d’étrangers et d’Afghans considérés en danger depuis la prise du pouvoir par les talibans mi-août.

    Le rythme des départs, qui n’avait cessé de s’accélérer ces derniers jours, a commencé à ralentir.

    Selon un bilan de la Maison Blanche jeudi matin, 13 400 personnes ont été évacuées au cours des vingt-quatre dernières heures (5 100 à bord de 17 avions militaires américains et 8 300 sur 74 avions de la coalition).

    Depuis le début du pont aérien le 14 août, les États-Unis ont contribué à l’évacuation d’environ 95 700 personnes.

    De nombreux pays alliés des États-Unis ont annoncé la fin imminente de leurs propres opérations.

    Certains, comme le Canada, ont déjà cessé leurs évacuations.

    L’opération française s’achèvera totalement vendredi soir, échéance après laquelle « on ne peut plus procéder aux évacuations à partir de l’aéroport de Kaboul », a annoncé jeudi le premier ministre Jean Castex.


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  • C'était le 26 août 1789..

    il y a exactement 233 ans.

     

    L'adoption de la Déclaration

    des droits de l'homme et du citoyen de 1789

     

    C'était le 26 août 1789.. il y a exactement 233 ans.


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  • 26 août 1970,

     

    Des féministes

    viennent déposer à l'arc de Triomphe

    une gerbe

    « à celle qui est plus inconnue

    que le soldat inconnu :

    sa femme ».

     

    Et se font virer par les condés

    Le MLF naissait !

     

    Mathilde Larrere


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  • Bon on le sait ils ne sont plus

    à une intoxication près à répandre...

     

    A la louche...

     

    Les policiers sont-ils vaccinés à plus de 70% et les enseignants à plus de 80%, comme l'affirme le gouvernement ?

    Pour justifier l’absence d’obligation vaccinale pour les policiers et les professeurs, les ministres de l’Intérieur et de l’Éducation mettent en avant les pourcentages de vaccination de leurs fonctionnaires.

    Cependant, il a été impossible à franceinfo de déterminer les sources exactes à partir desquelles sont tirés ces chiffres.

     

    France Info >>>>>


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  • Mobilisations.

    Anti-passe,

    radiographie d’un mouvement qui jette le trouble

     

     
    Diego Chauvet - Joseph Korda - Jean-Jacques Régibier - Ludovic Finez

     

    Révélatrice du confusionnisme nourri par le quinquennat Macron, cette coalition de contestations apparue en plein été et sans structuration politique, suscite interrogations et inquiétudes.

     

    Dans la foule des slogans affichés sur les pancartes et les banderoles chaque samedi, difficile de s’y retrouver avec ce mouvement anti-passe.

    Une certitude : il a jeté dans la rue, en plein été, plusieurs centaines de milliers de personnes, aux motivations très diverses.

    Le 28 août, les opposants au passe sanitaire seront à nouveau dans les rues.

    Même si certaines organisations politiques d’extrême droite tentent d’y faire une OPA, ce mouvement a émergé sans structuration politique ou syndicale, en dehors des cadres des mobilisations traditionnelles.

    Le profil des manifestants est lui aussi varié, comme celui des cortèges.

    Paris en compte trois différents certains samedis.

    Les motivations des manifestants, au-delà de la seule question du passe sanitaire en lui-même, sont très variées.

    Alors, qui croise-t-on dans ces manifestations ?

     

    « On nous prend nos libertés »

    D’abord ceux qui scandent « Liberté ! », comme dans le centre-ville de Strasbourg où ils étaient toujours 4 000 à défiler le 21 août :

    « On nous prend nos libertés. L’égalité, il y a longtemps qu’il n’y en a plus. Quant à la fraternité, elle va disparaître. Donc, il faut se battre pour ça », explique Christine qui, avec deux copains, brandit d’immenses pancartes représentant des QR codes.

    « C’est aussi pour la liberté des gens qui sont pour le passe qu’on vient manifester aujourd’hui », ajoute Robin pour qui « l’avenir va se jouer dans nos rues ».

     

    Puis, ceux qui ne savent plus qui croire, après un an et demi de décisions politiques contradictoires.

    À Orléans, chaque samedi, depuis le cœur de l’été, ils sont nombreux à nourrir le cortège, tantôt pour exiger le retrait du passe sanitaire, tantôt pour s’opposer purement et simplement à la vaccination.

    Certains manifestent pour la première fois.

    D’autres ne se sont pas mobilisés depuis plusieurs années, comme Matthieu, cadre dans le secteur de l’information.

    « Ma défiance vis-à-vis de la politique sanitaire remonte au deuxième confinement » confie ce syndiqué.

    « Les scientifiques, qui sont, par exemple, enclins à nous expliquer que le tabac ou l’alcool favorisent le cancer, ne sont pas capables d’arriver à un consensus sur la vaccination et l’efficacité du passe sanitaire », explique-t-il.

     

    D’autres s’accommodent de présences gênantes.

    À Strasbourg, le collectif Anti Pass 67, qui organise la manifestation pour le cinquième samedi consécutif, se veut apolitique, ouvert à toutes les convictions et à toutes les religions, et minimise la présence possible de militants d’extrême droite dans le rassemblement – « pas plus de 1 %», selon Olivier Garrech, l’un des fondateurs du mouvement.

    L’extrême droite sait pourtant se rendre visible ailleurs…

    Si l’ancien numéro 2 du Front national Florian Philippot s’érige en héraut de la contestation, c’est en totale contradiction avec ses déclarations du début de la pandémie.

    « Les règles du confinement ne sont pas suffisamment respectées, du fait d’irresponsables, écrivait-il en mars 2020 . Il faut d’urgence durcir les règles : l’autorisation de footing est superflue, détournée, les amendes doivent être systématiques, le travail beaucoup plus restreint, couvre-feu s’il le faut ».

    Depuis, il a flairé la bonne opération politique alors qu’une partie des Français est déboussolée, tant par la durée de la crise, que par sa gestion par le gouvernement.

     

    Les revirements sur les masques, la gestion peu démocratique de la crise sanitaire en conseils de défense, le « en même temps » et le confusionnisme macroniste ont alimenté les théories complotistes et ébranlé la confiance de beaucoup de citoyens en la parole publique.

    Ainsi, à Lille, le 21 août, on pouvait croiser des personnes comme Bernadette, aide à domicile de 54 ans.

    Elle explique avoir « été retournée » par le livre de Claire Séverac, Complot mondial contre la santé.

    Elle se méfie du contenu du vaccin, « ne veut pas d’un système de puçage » et lâche au bout de quelques minutes que « les francs-maçons, entre autres, sont derrière » tout cela.

    Si elles sont très loin d’être majoritaires, des pancartes au contenu antisémite apparaissent toujours.

    Mais à Lille, on croise également des gilets jaunes.

    Comme ce groupe venu de Valenciennes.

    « On est dans la continuité de notre mouvement », lâche tout simplement Coco, fille d’un « père syndicaliste et communiste ».

    Elle regrette d’ailleurs l’absence des syndicats et des partis de gauche.

    Elle n’est pas seule.

    À Orléans, Charlotte, une praticienne paramédicale estime qu’il aurait fallu, « au moment des premières manifestations, avoir un vrai discours de gauche qui parle de l’épidémie, de l’importance de la vaccination, et dénonce l’autoritarisme d’État ».

     

    La gauche tient pourtant un discours offensif depuis le départ de la pandémie.

    Elle a régulièrement dénoncé la casse des hôpitaux, qui a pesé lourd dans la saturation des services d’urgence.

    Ses différentes formations ont présenté leurs propres plans de relance, et les trois groupes de la gauche ont voté contre le passe sanitaire au mois de juillet à l’Assemblée nationale.

    Mais avec parfois des arguments différents.

    Les socialistes se sont prononcés contre le passe, et pour une obligation vaccinale « pédagogique et positive ».

    Les communistes ont également rejeté le passe sanitaire élargi, mais défendent la vaccination, et notamment la levée des brevets.

    Les insoumis sont en faveur de la vaccination, mais non obligatoire, et contre le passe sanitaire.

    Le mouvement anti-passe suscite en outre l’intérêt de la FI.

    Le 31 juillet, son candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, soulignait ainsi que « les marches de ce samedi doivent être comprises et respectées ».

     

    La carte de l’amalgame

    Ce positionnement illustre les difficultés que pose ce mouvement inédit à la gauche, dont certains des militants défilent le samedi.

    Un franc soutien serait déplacé, compte tenu de certains slogans et personnalités qui y sont mises au premier plan.

    Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a ainsi exclu le 24 août de défiler aux « côtés de personnes qui parlent d’immigration comme d’une menace, par exemple, je pense notamment à Florian Philippot ».

    Mais le syndicaliste rappelle aussi que, « derrière cette colère, il y en a en fait beaucoup d’autres qui s’expriment ».

    « Des problèmes sociaux ne sont pas encore réglés », estime-t-il, fustigeant les risques pour des salariés de perdre leur emploi du fait du passe sanitaire, alors que des manifestations de soignants ont également lieu en semaine.

     

    Le gouvernement joue d’ailleurs la carte de l’amalgame entre tous les manifestants.

    « La grande majorité des Français soutient la politique de vaccination et le passe sanitaire » a ainsi martelé cette semaine Stanislas Guerini, délégué général de LaREM.

    Non sans arrière-pensées : Emmanuel Macron avait profité de son discours du 12 juillet pour relancer sa réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage.

    « Pour la majorité présidentielle, explique Frédéric Dabi , il y a la tentation de reconstituer la sainte alliance LR-LaREM qui a soutenu les lois travail de 2017, la réforme de la SNCF, la réforme des retraites… Arrimer ce bloc de centre droit peut être de bon augure pour le président ».

    Un calcul risqué toutefois.

    Selon le directeur général de l’Ifop, « ces réformes peuvent être du carburant, non pas pour le mouvement anti-passe car je ne pense pas qu’il y ait des convergences, mais pour remobiliser l’électorat de gauche.

    C’est, d’un côté, un gain possible de remobilisation de l’électorat macroniste, mais aussi un risque de voir des oppositions se coaguler, ce qui n’est jamais bon à sept mois d’une présidentielle ».

    La colère qui a défilé cet été laissera-t-elle la place à la question sociale?

     

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    Frédéric Dabi : « Ces manifestations anti-passe se heurtent à la très forte adhésion  des Français aux vaccins»

    Frédéric Dabi Directeur général de l’Ifop

     

    Pour Frédéric Dabi, les mobilisations actuelles, bien que comparables à celles des gilets jaunes, restent minoritaires dans le pays.

    Entretien.

     

    Comment définiriez-vous le mouvement anti-passe ?

    Frédéric Dabi

    À l’époque, j’avais qualifié les gilets jaunes d’Osni (objet social non identifié).

    Je suis tenté de faire la même analogie avec ce mouvement.

    Quand on regarde la sociologie du soutien aux anti-passe, il est frappant de voir la parfaite homologie avec celle du soutien aux gilets jaunes : les 25-34 ans qui peinent à s’insérer sur le marché de l’emploi, les 50-64 ans doucement mis en dehors des entreprises, les catégories populaires, les personnes faiblement diplômées, des gens plutôt proche de la gauche de la gauche (FI) ou du RN.

    Le soutien apporté à ce mouvement est également presque deux fois supérieur à la moyenne auprès des Français qui se définissent gilets jaunes.

     

    Le mouvement anti-passe bénéficie-t-il du même élan de soutien que les gilets jaunes ?

    Frédéric Dabi

    Même au moment des violences, les gilets jaunes ont été soutenus par les Français qui distinguaient les revendications.

    Or, la sympathie pour le mouvement anti-passe est faible (34 %).

    C’est l’une des plus faibles jamais mesurées par l’Ifop depuis les années 1990.

    La position d’hostilité est majoritaire (54 %).

    En comparaison, il y a deux fois moins de soutien pour le mouvement anti-passe que pour les gilets jaunes après le IVe acte.

    Ces mobilisations intriguent, car elles sont rares en période estivale et elles surfent sur l’anti- macronisme, mais elles se heurtent à la très forte adhésion de près des trois quarts des Français aux vaccins, et de celle, croissante, au passe sanitaire.

     

    Selon vous, l’extrême droite, très mobilisée dans les cortèges, peut-elle en tirer profit ?

    Frédéric Dabi

    Je ne le crois pas.

    On voit bien que Marine Le Pen n’est pas dans un soutien échevelé à ce mouvement : ça peut donner une image brouillonne du RN, en décalage avec une attente d’une partie de son électorat de la voir incarner une alternative à Emmanuel Macron.

    Maintenant, on ne sait pas si cela va continuer.

    Deux éléments pourraient inciter le mouvement à se poursuivre, s’effilocher sans pour autant disparaître : l’antimacronisme et de nouvelles restrictions.

    Pour l’instant, le soutien au mouvement est bloqué par une équation faite par les Français : la vaccination est le meilleur moyen d’éviter un reconfinement.

    Avec de nouvelles restrictions, cette équation peut être mise à mal, mais je ne crois pas à un mouvement de bascule massif.

     

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    Impasse

    Jeudi 26 Août 2021 - >>>>> L'Humanité
    Maud Vergnol
     

    Pomme de discorde du moment, le mouvement « anti-passe sanitaire » soulève autant d’interrogations que de condamnations, d’empathie ou d’inquiétude, tant il agit comme un révélateur de l’abîme politique qui guette le pays.

    Composite dans ses motivations et ses expressions, cet ovni échappe au modèle des mobilisations traditionnelles.

     

    Pour mieux comprendre, l’Humanité est allée rencontrer celles et ceux qui battent le pavé tous les samedis, déversant une colère cumulative contre un président qui n’a cessé de semer la division et la défiance.

    Le fond de l’air y est trouble, entre inquiétudes légitimes sur les inégalités créées par le passe sanitaire, mais aussi, et surtout, un complotisme acharné, une défiance irrationnelle à l’égard des vaccins, terreau fertile pour l’extrême droite, qui compte y faire son miel.

    Comparaisons obscènes avec le régime de Vichy ou la Shoah, pancartes antisémites abjectes, ces passions tristes s’y déploient avec d’autant moins de complexes qu’elles sont minoritaires.

     

    Un libéralisme qui fait reposer une politique sanitaire sur des choix individuels, au risque de creuser les inégalités et fracturer toujours plus la société française.

    Avec de tels épouvantails comme adversaires, Emmanuel Macron peut dormir tranquille en jouant la carte d’un pouvoir éclairé et raisonnable qui protégerait sa population face à des hordes d’ignorants haineux.

    L’histoire est pourtant tout autre.

    Celle d’un président dont tout le quinquennat a écrit le prologue de cette impasse démocratique, seule à même de le maintenir au pouvoir.

    Le pseudo-« dépassement » du clivage gauche-droite, des partis politiques et organisations syndicales, ou encore le mépris des corps intermédiaires, signature politique du macronisme, ont créé les conditions de ce confusionnisme qui renvoie les individus à eux-mêmes, nourrit la défiance à l’égard de toute institution ou parole publique.

    Le choix du passe sanitaire, plutôt que la vaccination obligatoire, est lui aussi symptomatique d’un libéralisme qui fait reposer une politique sanitaire sur des choix individuels, au risque de creuser les inégalités et fracturer toujours plus la société française.

    Face à ce piège, la colère, si elle ne se teinte pas d’espérance sociale, mènera à une impasse.

     

     

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    Anti-passe. La tentative d’OPA de l’ultradroite

    Jeudi 26 Août 2021 - L'Humanité >>>>>
    Lola Ruscio
     

    Jusqu’ici marginalisées, les droites extrêmes utilisent le mouvement pour gagner en visibilité et diffuser des idées antisémites.

    Une manœuvre qui ne trompe pas certains manifestants.

     

    « Oui, même s’ils reconfinent en septembre ou après, on fera des manifestations. On ne rentrera pas à la niche. C’est fini tout ça ! On assumera et on verra bien ! »

    Sur Twitter, lundi 23 août, Florian Philippot appelle, sur un ton un brin insurrectionnel, les protestataires à ne pas désarmer face à la politique sanitaire du gouvernement.

    Depuis plusieurs semaines, l’énarque, chef de file des Patriotes, se pose en leader du mouvement anti-passe. Singulier retournement de situation pour l’ancien lieutenant de Marine Le Pen, parti fâché en 2017 du Front national, qui échouait, il y a seulement quelques mois, à se qualifier pour le second tour des élections régionales dans le Grand-Est.

    Désormais, il tente de faire son miel du mouvement qui bouscule la classe politique depuis mi-juillet.

     

    La faute à Macron, Véran et… Bill Gates

    Si Florian Philippot est à la pointe, il est suivi de près par le reste des droites extrêmes. Les partis de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et François Asselineau (l’Union populaire républicaine) se sont vite engouffrés dans la fronde anti-passe.

    Dès le début des mobilisations, ces candidats à la présidentielle dénoncent le passe sanitaire, l’obligation vaccinale des travailleurs, remettent en cause l’efficacité des vaccins, s’autoproclament «défenseurs des libertés », tout en adoptant un ton de plus en plus conspirationniste depuis plusieurs mois.

    Dès juin, François Asselineau suggérait que les vaccins à ARN messager de Pfizer-BioNTech et Moderna pouvaient « peut-être (…) accélérer la propagation du Covid-19 », quand Florian Philippot relayait des fausses informations sur le passe sanitaire, qu’il assimile à un « apartheid », en affirmant que le Pakistan était le seul pays à avoir mis en place un « passe sanitaire comme le nôtre ».

     

    En revanche, ils se montrent beaucoup plus timides quand il s’agit de condamner les pancartes antisémites et les références négationnistes à la Shoah.

    « Il n’y avait aucun propos antisémite, minimisait Nicolas Dupont-Aignan sur BFMTV. Les étoiles jaunes étaient de l’exagération ridicule, scandaleuse, sur une mesure discriminatoire du gouvernement qui classait les Français. »

    Et, si le parti de Florian Philippot n’a pas revendiqué de thèses ouvertement antisémites, l’Humanité a pu observer, samedi 21 août, à Paris, dans un cortège emmené par ses troupes, cette pancarte antisémite : «  Mais qu’est ce QUI se pass par Toutatis !!! ».

    Une référence à peine voilée à la question « Qui ? » imputant aux juifs la responsabilité de la catastrophe sanitaire.

     

    Mais les Patriotes comme Debout la France sont concurrencés à droite par toute une mouvance complotiste et antisémite mobilisée dans la rue comme sur les réseaux sociaux.

    Le président du groupe catholique intégriste Civitas, Alain Escada, appelle ses adhérents à descendre dans les rues, comme ce fut le cas les semaines précédentes dans les villes de Caen, Nantes, Vichy ou Bergerac, où l’on a vu des pancartes dénonçant la « dictature sanitaire », la « tyrannie démocratique » , et montrant les visages de plusieurs dirigeants, dont Emmanuel Macron ou le ministre de la Santé, Olivier Véran, et, à l’arrière-plan, le milliardaire américain Bill Gates.

    «  Qui pourra interdire au peuple français de se demander à qui bénéficient des ventes mondiales des vaccins expérimentaux ? Qui a conçu le Great Reset? Qui parmi les dirigeants politiques a trahi le peuple français ? Ce sont des questions légitimes », a grogné Alain Escada dans une vidéo.

    En soutien à l’ex-militante du Front national Cassandre Fristot, l’organisation, qui n’avait pas connu pareil enthousiasme depuis les mobilisations contre le mariage pour tous, a lancé le mot d’ordre «Qui?», tout en feignant d’ignorer son caractère antisémite : « Si un gouvernement interdit l’usage d’un simple pronom interrogatif, c’est que nous sommes vraiment en tyrannie », lisait-on sur son compte Twitter.

     

    Bien sûr, tous les protestataires ne tiennent pas ce type de discours et beaucoup s’en désolidarisent.

    Mais le débat sur la politique sanitaire permet à l’extrême droite d’instrumentaliser le sujet sous un angle complotiste et antisémite.

    Une infusion des idées d’autant plus opérante que beaucoup de participants manifestent pour la première fois et s’informent sur les réseaux sociaux, où la fachosphère propage ses idées nauséabondes.

    En tirant le fil, on observe d’ailleurs qu’Égalité et réconciliation, le site de l’antisémite, condamné à plusieurs reprises, Alain Soral, consacre des articles à la contestation.

    En témoigne ce post intitulé : « Manifestations du 21 août 2021, en plein cœur des vacances, la résistance tient bon », qui recense de nombreuses vidéos de mobilisations un peu partout en France et publie un texte de soutien à ce mouvement aux accents insurrectionnels.

    Sur le site, les multiples références au « Qui ? » sont incontestablement l’occasion de clins d’œil antisémites appuyés.

    Et Alain Soral n’a pas résisté à l’envie de participer avec son avocat, Damien Viguier, déjà condamné par la justice pour complicité dans une affaire de négationnisme, à une émission baptisée Je suis Cassandre !.

    Si un nouveau palier a été franchi par ces nébuleuses d’extrême droite, des associations antiracistes s’organisent et comptent bien porter certains cas devant la justice. 

     

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    Des centres de vaccination et des pharmacies
    ciblés par des actes de vandalisme

    Au fil des semaines, les actes de violence se multiplient contre les centres de vaccination.

    Dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 août, le vaccinodrome de Saint-Orens-de-Gameville (Haute-Garonne) a été dégradé, entraînant la destruction de 3 500 doses de vaccins, alors que les hôpitaux sont sous tensions en raison du variant Delta.

    Aussi, un centre de vaccination de Lans-en-Vercors (Isère) a été vandalisé, tandis qu’un incendie criminel a réduit en cendres un chapiteau accueillant un centre de vaccination dans les Pyrénées-Atlantiques.

    Au total, vingt-deux dégradations dans les centres de dépistage, de vaccination et dans les pharmacies ont été relevées depuis le 12 juillet par le ministère de l’Intérieur.

    Loin de calmer les esprits, Florian Philippot (ex-FN) préfère souffler sur les braises, en appelant des opposants à manifester devant les hôpitaux.


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