Après un an d’absence, l’université d’été des « mouvements sociaux et des solidarités » démarre ce mardi jusqu’au 28 août, à Nantes.

Un événement construit par plus de 440 associations, syndicats, parmi lesquels Attac, Solidaires, CGT, FSU, CADTM (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes), Greenpeace…

Entretien avec Annick Coupé, secrétaire générale d'Attac France.

Après un an d’absence, vous débarquez à Nantes pour refaire le monde. Qu’attendez-vous de ces moments d’échanges ?

Annick Coupé

Il aura fallu attendre plusieurs mois avant de savoir si l’événement pouvait avoir lieu et à quelles conditions.

Nous sommes très contents que l’université d’été se tienne, d’autant que la participation s’annonce très bonne.

1 200 personnes sont déjà inscrites.

Après un an et demi de pandémie, il était extrêmement important qu’une dizaine de mouvements sociaux, leurs militants et militantes puissent se retrouver dans un cadre qui permette le débat, la confrontation au bon sens du terme, mais aussi d’échanger sur les pratiques, les solidarités qui se sont créées.

Le deuxième enjeu de cette rentrée est de préparer l’année électorale, avec deux échéances importantes que sont l’élection présidentielle et les législatives.

Vu le contexte et le type de débat que certaines forces poli­tiques veulent imposer, c’est l’année de tous les dangers.

Il est important que les mouvements sociaux au travers de cette université puissent réfléchir à des actions, des mobilisations, des campagnes communes pour les mois qui viennent.

Le débat présidentiel ne doit pas être cantonné aux seuls partis politiques ou aux seuls candidats ou candidates déclarées.

Depuis deux ans, la crise sanitaire n’a pas étouffé la colère sociale, même si la capacité de lutter a été empêchée.

Estimez-vous que le temps des mouvements sociaux est revenu ?

Annick Coupé

S’il n’y a pas de mobilisation sociale, si les mouvements n’arrivent pas à s’organiser, à travailler en convergence, le gouvernement agit alors comme un vrai rouleau compresseur.

C’est la stratégie du choc décrite par Naomi Klein.

Le gouvernement profite de cette pandémie pour accélérer sa ­politique antisociale (réforme de l’assurance-chômage, retraites…) et fiscale au service des plus riches et des grosses entreprises.

On voit bien dans quel sens va ce ­gouvernement.

Un certain nombre de très grandes entreprises, dont celles du CAC 40, font des bénéfices extrêmement importants.

Et le gouvernement se garde bien de prendre des ­mesures, comme celle d’une taxe exceptionnelle pour financer des mesures de justice sociale et la transition écologique.

Le collectif Plus jamais ça travaille depuis près de deux ans à un projet de société.

Sa dernière mouture sera présentée lors de votre université d’été.

Pouvez-vous nous en dresser les grandes lignes ?

Annick Coupé

Il est inédit dans notre pays qu’une coalition d’organisations syndicales, d’associations se ligue pour travailler ensemble.

Cela signifie qu’il y a une prise de conscience des uns et des autres du fait qu’on ne réglera pas les difficultés sociales sans prendre en compte les enjeux écologiques et, inversement, qu’on ne résoudra pas les problèmes environnementaux sans justice sociale.

Un an et demi après son lancement, la dynamique est toujours là.

Elle se concrétise même au plan local.

Dans un certain nombre de villes, des collectifs Plus jamais ça se sont constitués.

Par exemple à la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne, les propositions des syndicalistes ont reçu le soutien de l’ONG Greenpeace.

C’est inédit.

Cela crée des liens et des alliances qui doivent peser dans le paysage social et politique.

Cette université a aussi une dimension internationale, avec des représentants de luttes actuelles venus de différents pays à travers le monde.

Annick Coupé

Elle va être aussi l’occasion de faire un point sur l’inégal accès aux vaccins entre les pays du Nord et les pays les plus pauvres.

Si la levée des brevets sur les vaccins est indispensable, nous devons nous interroger sur la construction d’une campagne de pression internationale permettant une solidarité dans l’accès au vaccin.