• Rapport Oxfam.

    Pendant la pandémie,

    la pauvreté s’étend et les fortunes s’envolent

     

    Lundi 17 Janvier 2022
     

    Le rapport rendu public par l’ONG ce lundi vient confirmer un creusement abyssal des inégalités en France et dans le monde, au moment même où le coronavirus répandait son lot de souffrances.

     
    Rapport Oxfam. Pendant la pandémie, la pauvreté s’étend et les fortunes s’envolent

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La misère explose, les dividendes s’éclatent.

    Le rapport que rend public l’ONG Oxfam ce 17 janvier est accablant pour l’ordre capitaliste dominant.

    Dans la période où le coronavirus étend ses ravages, les inégalités se sont creusées comme jamais.

    Des dizaines de millions de personnes au bas de l’échelle des classes moyennes ont été propulsées sous tous les seuils de pauvreté.

     

    Parallèlement, le nombre des milliardaires et la fortune des principales figures du capital dans le monde ont gonflé dans des proportions jamais vues jusqu’ici.

    Le « quoi qu’il en coûte », l’argent gratuit distribué massivement par les banques centrales et exclusivement réservé à l’usage des ténors des Bourses et de la haute finance a constitué le principal vecteur de cet enrichissement sans précédent.

    Changer radicalement les paradigmes et réorienter l’attribution des crédits non plus pour sauver le capital mais pour développer toute l’humanité et ses biens communs est ainsi devenu aussi crucial que vital.

     

    7 millions de Français dépendent de l'aide alimentaire

    À trois mois de l’élection présidentielle, Oxfam fait un zoom sur la France.

    À elles seules, les cinq premières fortunes de l’Hexagone ont doublé durant la pandémie, « augmentant de 173 milliards d’euros en dix-neuf mois ».

    Elles possèdent désormais « autant que les 40 % des Français les plus précaires », pour qui la même période fut synonyme de dégringolade accélérée.

    Oxfam relève que 7 millions de citoyens, soit 10 % de la population française, sont désormais dépendants de l’aide alimentaire.

     

    Les logiques politiques qui ont conduit à inonder les marchés financiers et ces gros détenteurs de capitaux de crédits gratuits, sous prétexte que cela aurait par effet de ruissellement un impact salutaire sur l’ensemble de l’économie, sont contredites en permanence par la réalité à laquelle est confrontée l’immense majorité des citoyens de France et du monde.

     

    Aux États-Unis, la méthode a fait les beaux jours d’un Elon Musk, l’homme devenu le plus riche de la planète, car elle a encouragé les opérations les plus spéculatives, fondées sur une vaste arnaque écolo à l’automobile électrique.

    Avec pour corollaire un bilan carbone de Tesla inversement proportionnel à la montée en flèche des titres du groupe du milliardaire, dont la valeur de la capitalisation boursière dépasse désormais celle de… l’ensemble des constructeurs automobiles mondiaux.

    Le gonflement de ces « bulles » exprime une inflation financière qui a commencé à diffuser vers l’économie réelle.

    Ce qui augure une sévère gueule de bois après l’orgie d’argent gratuit à laquelle ont goûté les champions du CAC 40 parisien, comme du Dow Jones new-yorkais ou du DAX de Francfort.

     

    Facture austéritaire

    La maîtrise de la hausse des prix passerait, selon les canons de l’orthodoxie libérale, par une augmentation des taux d’intérêt.

    Traduisez : une programmation de politiques d’austérité destinées à faire payer la crise aux travailleurs, en s’efforçant de les empêcher de réclamer des hausses de salaire pour compenser l’amputation de leur niveau de vie.

    La Réserve fédérale états-unienne a commencé à l’appliquer.

    La France et la zone euro s’y préparent.

    Mais couper ce flot de la création monétaire et des crédits bon marché est une manœuvre à très haut risque pour les banques centrales.

    Tant une hausse prochaine des taux pourrait précipiter le monde sur le mur d’un krach de dimension historique.

     

    Des solutions fiscales

    Oxfam, qui identifie « des ressorts systémiques » dans l’apparition de la faille sociale mondiale, avance des solutions surtout fiscales pour «taxer les milliardaires ».

    Pour vraiment réduire l’explosion des inégalités, « on ne saurait en rester là », soulignent les économistes communistes en France.

    Le maintien d’une politique de crédits gratuits par la Banque centrale européenne est indispensable pour éviter un désastre.

    Mais il faut, précisent-ils, en organiser le contrôle public et social pour que soient ainsi irrigués non plus les marchés financiers, mais des investissements utiles, et donc non inflationnistes, pour « les services publics, l’emploi, la formation, la lutte contre le changement climatique ».

    Ce qui suppose l’accès des citoyens et des salariés, et non plus des actionnaires les plus démesurément riches, aux manettes stratégiques de la gestion des entreprises.

    Un enjeu de civilisation.


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  • Les "fusillés pour l'exemple"

    de la Grande Guerre

    en cours de réhabilitation

    par l'Assemblée nationale

    Le 14 janvier l'Assemblée Nationale a voté une proposition de loi demandant la réhabilitation de plus de 600 soldats "fusillés pour l'exemple", une page sombre de la Première guerre mondiale.

    France 3 Bretagne >>>>>


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  • Des manifestants anti-pass verbalisés à distance

    lors d’une manifestation.

    Est-ce légal ?

    Des manifestants anti-pass présents à Vannes dans plusieurs manifestations se sont étonnés de recevoir une amende pour non-port du masque. Ils affirment ne pas avoir été contrôlés, et s’apprêtent à saisir la justice.

    Ils se nomment eux-mêmes "les citoyens emmerdés". Et dans un communiqué, ils s'inquiètent. Ces dernières semaines, plusieurs personnes auraient été verbalisées à Vannes pour non-port du masque suite aux manifestations anti-pass qui ont lieu tous les samedis depuis 24 semaines.

    Publié le 15/01/2022

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  • Électricité : le cynisme électoral du gouvernement

     

    Alors que les prix de l’énergie flambent, le gouvernement, en pleine campagne présidentielle, a choisi de faire les poches d’EDF, au nom de la défense du pouvoir d’achat. L’opération pourrait coûter 8 milliards à l’entreprise publique, alors que l’urgence serait de financer le renouvellement et l’entretien du parc productif.

     

     
     
    Cynisme électoral...

    Tout le monde l’a compris : la réponse à la flambée des prix de l’énergie apportée par le gouvernement et annoncée par le ministre des finances, Bruno Le Maire, le 13 janvier relève du cynisme électoral.

    À quelques semaines de l’élection présidentielle, le pouvoir ne pouvait entériner une augmentation substantielle des tarifs de l’électricité à partir du 1er février.

    Il s’était imprudemment engagé à l’automne à ce que la hausse des tarifs régulés ne dépasse pas 4 %.

    Fidèle à sa ligne de conduite du chiffre économique magique, ce sera donc 4 %.

    Quel que soit le coût futur, quelles que soient les conséquences.

     

    Comprenant que les mesures de gel et le chèque de 100 euros distribué aux ménages les plus vulnérables ne sauraient suffire à endiguer les effets ravageurs de la flambée des coûts des énergies, le gouvernement a cherché d’autres dispositifs.

    Il aurait pu, comme cela a été fait dans d’autres pays européens, l’Espagne et l’Allemagne notamment, abaisser la TVA sur les prix du gaz et de l’électricité, la ramenant de 20 % à 5,5 %, comme cela était le cas jusqu’en 2014.

    Mais cela aurait été priver les finances publiques de rentrées fiscales substantielles, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliards.

     

    Il a préféré le bidouillage.

    Officiellement, l’État accepte de se priver d’une taxe payée sur les consommations d’électricité : celle-ci est ramenée de 22,5 euros sur le mégawattheure à 50 centimes.

    Ce qui représente un effort d’environ 5 à 6 milliards d’euros.

    Mais l’essentiel de la charge de ces mesures d’allègement en faveur des ménages est transféré à EDF.

    Car ce sera bien à l’électricien, incarnant les derniers vestiges du service public de l’énergie, de payer en premier l’addition de cette campagne gouvernementale.

     

     

    Invoquant l’urgence du moment, le gouvernement semble avoir réussi à obtenir l’accord de Bruxelles pour faire sauter l’essentiel des dispositifs qui encadrent le marché de l’électricité en France et qu’il cherche depuis un moment à contourner.

    En commençant par la loi Nome.

     

    Le texte adopté en 2010 encadre précisément l’approvisionnement à prix réduit des fournisseurs alternatifs en électricité produite par le parc nucléaire français : ceux-ci ne peuvent pas obtenir plus de 100 térawattheures (TWh) par an.

    Le gouvernement entend que ceux-ci profitent de 20 TWh supplémentaires.

    Plus du tiers de la production d’électricité produite par l’électricien public va donc être mis à disposition de ses concurrents.

    Maigre consolation pour EDF : l’entreprise publique, qui n’a jamais pu obtenir une hausse des prix de revente de son électricité, ne serait-ce que pour compenser l’inflation, depuis 2012, va pouvoir augmenter ses tarifs.

    De 42 euros le mégawattheure, ils vont passer à 46,2 euros, ce qui couvre à peine les coûts de production actuels du parc nucléaire.

     

    EDF risque donc de devoir acheter de l’électricité au prix fort du marché pour la revendre à perte à ses concurrents.

    Pour les fournisseurs alternatifs, le cadeau est immense.

    Alors que le mégawattheure en France tourne autour de 250 euros –c’est actuellement le prix européen le plus élevé –, ils vont pouvoir bénéficier d’un approvisionnement à un prix inférieur de plus de 70 % à ceux du marché.

    Pour EDF, la charge est gigantesque.

    Car l’électricien public, comme tout producteur industriel, travaille à long terme.

    Il a déjà vendu l’essentiel de sa production pour 2022 ; il risque donc de devoir acheter de l’électricité au prix fort pour la revendre à perte à ses concurrents.

    C’est sans doute ce qui s’appelle la concurrence libre et non faussée.

     

    La direction d’EDF a déjà fait une première estimation des surcoûts qui lui sont imposés par le gouvernement.

    Elle a annoncé qu’ils devraient représenter entre 7,7 et 8,4 milliards d’euros.

    À elle seule, l’entreprise publique va donc se retrouver à financer près des deux tiers des dispositifs d’endiguement des prix de l’énergie décidés par le gouvernement.

     

    « Le gouvernement fait le choix de tuer EDF », accuse la CGT Énergie dans un communiqué publié le 14 janvier, accusant le gouvernement de spolier l’entreprise, de soutenir la spéculation financière au détriment de la production industrielle.

    « Qui veut tuer le soldat EDF ? », renchérit la CGC Énergie, dénonçant le saccage d’EDF et le bradage de l’intérêt général.

    Pour une fois, les acteurs financiers semblent partager leur analyse : le cours de Bourse a décroché de 15 % ce 14 janvier.

    Concurrence factice

    Face aux choix du gouvernement, certaines questions ne peuvent être évitées : jusqu’à quand va-t-on continuer à subventionner une concurrence factice au mépris de l’intérêt général, qui ne contribue qu’à l’enrichissement privé ?

    Combien de temps encore va-t-il falloir supporter une politique énergétique européenne en faillite, alors que l’urgence des dérèglements climatiques impose une politique de transition énergétique d’autant plus discutée, acceptée et planifiée qu’elle va être immensément coûteuse ?

     

    Au moment de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie en 2010, il avait été prévu l’instauration d’une période de transition.

    Le temps que les concurrents d’EDF se mettent à niveau de production et de prix, ils pourraient disposer d’une partie de la production de l’entreprise publique.

    Cela est censé durer jusqu’en 2025.

     

    Plus de douze ans se sont écoulés.

    Et il ne s’est rien passé.

    Le marché de l’électricité en France est devenu le royaume de la financiarisation, sans que le parc de production électrique ne soit sensiblement agrandi ni amélioré, sans que le développement des énergies renouvelables soit assuré, en dépit des subventions et des garanties accordées – parfois à prix d’or, comme l’a pointé un rapport de la Cour des comptes –, et prélevées sur chaque facture d’électricité (160 milliards d’euros en dix ans).

     

    Fournisseurs virtuels

    Sur les quarante fournisseurs alternatifs recensés, plus de trente-cinq sont des fournisseurs virtuels.

    Ils disposent d’une plateforme de trading, d’une équipe de commerciaux pour démarcher les clients éventuels, parfois d’un service client, mais ne produisent pas un kilowatt.

    Leur métier ?

    Acheter et vendre minute par minute des mégawattheures sur les marchés de gros de l’électricité en Europe, en spéculant à partir des approvisionnements garantis par EDF et en empochant la différence.

     

    Aucune contrepartie n’est exigée en échange.

    Une grande partie d’entre eux ont officiellement des sièges sociaux au Luxembourg, en Irlande ou dans quelque autre paradis fiscal, car il ne saurait être question pour eux de payer des impôts en France.

    Ils ne se sentent pas vraiment tenus de participer à l’effort général.

    Un seul fournisseur alternatif a accepté de se joindre à EDF et d’assurer un service minimum d’électricité en cas d’impayés, comme le demande depuis des années le médiateur de l’énergie.

     

    Pendant des années, ces fournisseurs ont pu ainsi prospérer sans apporter aucune innovation, sans démontrer la moindre différenciation.

    Le seul apport : un démarchage agressif auprès des clients en leur proposant un dumping sur les prix de l’électricité.

    Ceux-ci se sont alors vu proposer des prix inférieurs parfois de 10 à 15 % par rapport à des tarifs réglementés, établis de façon assumée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) à des niveaux élevés afin de favoriser la concurrence face à EDF.

     

    L’entreprise publique, elle, payait l’ardoise : quand le prix de son mégawattheure était moins cher que celui du marché, il lui fallait revendre à perte sur le marché de gros une production qu’elle avait immobilisée pour servir les fournisseurs alternatifs.

    Quand il était plus élevé, il lui fallait accepter de voir une partie des approvisionnements destinés à ses concurrents vendus par ces derniers sur le marché, qui s’empressaient de ramasser les profits.

     

    La formidable martingale construite sur le dos d’EDF

    s’est écroulée cet été.

    À en croire les thuriféraires de l’ouverture à la concurrence telle que conçue par Bruxelles, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

    On frisait presque la perfection.

    Le régulateur était content : la concurrence fonctionnait puisque EDF perdait chaque jour des clients.

    Les fournisseurs alternatifs étaient persuadés de friser le génie.

    Beaucoup se voyaient déjà marcher sur les traces des fondateurs de Poweo et Direct Energie qui avaient revendu leur entreprise pour plusieurs milliards , bien que constituée pour l’essentiel d’un fichier clients.

    Le bénéfice de l’ouverture à la concurrence pour les consommateurs, lui, restait difficile à mesurer : en dix ans, les tarifs de l’électricité avaient augmenté de 70 %.

     

    La formidable martingale construite sur le dos d’EDF s’est écroulée cet été.

    Le marché de gros de l’électricité en Europe étant indexé sur le prix du gaz, le mégawattheure électrique s’est envolé en même temps que celui du gaz.

    En quelques semaines, il a été multiplié par trois.

     

    « C’est quand la marée se retire que l’on voit si les baigneurs sont nus », dit un adage connu de tous les acteurs financiers.

    À partir d’août, il est devenu évident que certains fournisseurs alternatifs étaient totalement à poil, n’ayant ni les contrats long terme, ni la couverture nécessaire pour assurer la fourniture en électricité de leurs clients, ni la surface financière pour acheter en urgence et au prix fort sur le marché, le temps de traverser ce qui aurait pu passer, à l’époque, pour un trou d’air.

    À aucun moment, la Commission de régulation de l’énergie, dont la mission est pourtant de s’assurer des conditions de sécurité d’approvisionnement du marché, ne semble s’être émue de la situation.

    A-t-elle même fait un début de contrôle ?

     

    Cette stratégie court-termiste et risquée était pourtant parfaitement connue et assumée par certains, au nom de la maximisation du profit.

    Lors de son introduction en Bourse fin 2020, le fournisseur alternatif Mint Energie expliquait ainsi dans son prospectus d’offres qu’il avait délibérément adopté « une politique de couverture de ses achats partielle et à court terme », afin de profiter au mieux des « opportunités » de marché.

    À l’époque, les prix de l’électricité s’étaient écroulés en raison du Covid-19.

    Cela lui avait permis de porter sa marge brute à 19 % au premier semestre.

     

    Le mécanisme fonctionne à rebours quand le marché s’inverse.

    Dès septembre, le château de cartes s’est écroulé.

    Leclerc, qui se présentait comme le fournisseur alternatif qui allait casser les prix, a été le premier à jeter l’éponge, laissant quelque 200 000 clients sur le carreau.

    À charge pour EDF de les récupérer et de leur fournir de l’électricité au nom du service public.

    CDiscount Energie, qui compte près de 170 000 clients, a annoncé la semaine dernière qu’il abandonnait son statut de fournisseur d’énergie.

    L’électricien suédois Vattenfall a aussi fait part de son intention de quitter le marché français.

     

    Les pratiques limites de certains fournisseurs

    À l’exception de Total, de l’italien Eni et d’Engie, qui ont tous des capacités de production, tous les autres ont suspendu leurs offres, comme Enercop, Alterna ou Barry, augmenté leurs prix parfois de façon spectaculaire (de 20 à 30 %), et acceptent de perdre des clients.

    En quelques mois, ekWateur a vu ainsi son portefeuille de clientèle tomber de 300 000 à 227 000 clients.

    Une fuite qui risque de s’aggraver au fil des mois, au fur et à mesure que les clients portent attention à leurs mensualités, que les fournisseurs procéderont à des rattrapages.

     

    Car c’est souvent par un mail noyé dans le flot de la boîte de réception ou par un relevé bancaire que les clients découvrent que leur fournisseur a brusquement changé la nature de leur contrat, sans les prévenir ni encore moins leur demander leur consentement.

    Début décembre, un client d’ekWateur a ainsi eu la surprise de voir ses mensualités passer de 240 à 358 euros, avec comme explication dans un mail que « les prix de l’énergie avaient augmenté ».

     

    Fin septembre, un client de Mint Energie a découvert par mail que son contrat avait changé : indexé jusqu’alors sur les tarifs régulés, celui-ci allait être désormais calculé sur les prix du marché de l’électricité.

    Le marché le plus volatil du monde !

    Alors qu’il se croyait consommateur d’une ressource essentielle de base, le voilà à devoir assumer le risque de marché et de la spéculation boursière en lieu et place de son fournisseur.

    Le coût de ce changement ?

    Sa facture est passée de 165 à 362 euros par mois, après un prélèvement exceptionnel de 680 euros au titre de la régularisation pour les mois précédents.

     

    Les mêmes mauvaises surprises attendent les commerçants, les pharmaciens, les petites entreprises, les ateliers.

    Tous ont été exclus des tarifs réglementés depuis ces dernières années, au nom de la concurrence.

    Ceux qui ont vu leur contrat arriver à échéance ces derniers mois ont les plus grandes difficultés à trouver des fournisseurs.

    Ils se voient souvent proposer des contrats avec des prix multipliés par deux ou trois.

    Et à l’inverse des ménages qui ont toujours la possibilité de retrouver les tarifs réglementés d’EDF avec un prix relativement bas, ils n’ont aucune solution et se retrouvent condamnés à être exposés au « tout marché ».

     

    Alertée par les mauvaises pratiques de certains fournisseurs, l’association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) a porté plainte contre quatre fournisseurs alternatifs (ekWateur, Mint Energie, Green Yellow et Ovo Energy) pour modification substantielle des contrats de leurs clients, pratiques commerciales trompeuses, voire vente forcée.

     

    Les concurrents d’EDF à l’abri de tout risque

    Les associations de consommateurs sont bien les seules à se préoccuper des règles et des principes.

    Car du côté de la Commission de régulation de l’énergie et des pouvoirs publics, c’est le silence absolu.

     

    Alors que tout indique que les prix de l’énergie – au moins du gaz et de l’électricité – vont rester élevés tout au long de l’année 2022 et sans doute en 2023 (les contrats d’électricité pour 2023 se négocient déjà à plus de 150 euros le mégawattheure), que les révisions de prix risquent de s’accélérer une fois les mesures de gel arrêtées – normalement fin mars –, ni l’une ni les autres n’éprouvent le besoin de rappeler les fournisseurs alternatifs à l’ordre et de leur remettre en mémoire les principes généraux de la consommation.

    Au contraire. Leur préoccupation première est d’abord de s’enquérir de la situation des concurrents d’EDF, de les mettre à l’abri de tout risque.

     

    En décembre, la CRE insistait ainsi auprès du gouvernement pour que toutes les mesures de gel sur les tarifs gaziers et les difficultés sur le marché de l’électricité soient compensées par les finances publiques.

    Elle demandait de « prévoir un dispositif d’aide complémentaire aux fournisseurs qui se retrouveraient en grave difficulté du fait du gel tarifaire ».

    Ce qui a été fait.

    Dans le cadre de la loi de finances 2022, une ligne budgétaire a été prévue afin de voler au secours des fournisseurs alternatifs.

     

    Alors que plusieurs fournisseurs alternatifs en Grande-Bretagne, qui a servi de modèle néolibéral à la dérégulation du secteur de l’énergie en Europe et en France, se sont déjà déclarés en faillite, le gouvernement français, pourtant adepte dans les mots de la destruction créatrice schumpeterienne, choisit de les subventionner encore plus.

    Naturellement sans aucune contrepartie.

    Car, au vu des pratiques en cours, comment le gouvernement va-t-il s’assurer que les rabais consentis par EDF seront bien reversés aux clients finaux ?

     

     

    L’urgence de l’entretien et du renouvellement

    du parc productif existant

    Plutôt que de repenser le cadre d’une ouverture à la concurrence qui manifestement ne fonctionne pas, puisqu’elle n’a pas permis de développer d’autres modes de production électrique, le gouvernement préfère au contraire, à la faveur de la crise des marchés de l’énergie, accélérer la mise en pièces du système existant.

    Car il ne faut pas s’y tromper.

    L’augmentation de la part de l’électricité nucléaire produite par EDF pour les fournisseurs alternatifs n’est pas une mesure provisoire, pour faire face à l’urgence du moment.

    C’est la brèche qu’Emmanuel Macron souhaite ouvrir depuis des années.

     

    Dès son passage au ministère de l’économie, il n’a eu de cesse de trouver les moyens de contourner la loi Nome et de mettre l’ensemble du parc nucléaire d’EDF à disposition des intérêts privés, le public assumant tous les risques et tous les coûts.

    Ce grand dessein s’est retrouvé résumé dans le projet Hercule. Emmanuel Macron n’a pas pu l’imposer du fait des résistances à la fois européennes et internes à l’entreprise.

    Il y revient par la fenêtre, en invoquant la défense du pouvoir d’achat des ménages.

     

     

    Cet appauvrissement imposé d’EDF au profit d’intérêts privés risque d’être lourd de conséquences.

    Il fait peser une menace sur toute la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays et la sécurité des territoires.

    Il ne s’agit pas là d’évoquer la construction fantasmée par l’Élysée de six EPR – irréalisables dans les conditions financières et techniques actuelles de l’entreprise – à partir de 2030.

    Il s’agit de l’entretien et de la mise aux normes du parc existant.

    Car même si la France décide à un moment ou un autre d’abandonner le nucléaire, il faudra bien assurer la transition, exploiter les capacités de production installées pour fournir l’électricité indispensable à tous, le temps que d’autres modes de production, que des énergies renouvelables soient déployées.

     

    Dans ce contexte, l’arrêt de dix réacteurs sur 56, soit 20 % de la base installée, aurait normalement dû alarmer les pouvoirs publics.

    Des problèmes de corrosion sur les systèmes de sécurité ont été détectés dans six réacteurs.

    Les fuites sur le site de Tricastin dénoncées par un lanceur d’alerte sont une autre mise en garde.

    Pendant des années, EDF, avec les encouragements répétés des différents gouvernements, a tiré tant et plus sur ses centrales nucléaires, limitant toutes les dépenses d’entretien, de renouvellement, y compris de personnel (85 % des personnels travaillant dans les centrales sont des sous-traitants ou des intérimaires).

    Aujourd’hui, ces économies se paient : le parc nucléaire d’EDF est vieillissant, fragile et parfois dangereux.

     

    L’hydraulique aussi

    Ce qui est vrai pour le nucléaire l’est aussi pour l’hydraulique.

    Certains barrages, selon les salariés et les représentants du personnel, ont un besoin urgent de rénovation, de consolidation.

    Mais rien n’est fait : EDF ne veut pas engager de travaux tant qu’il n’est pas assuré de pouvoir reprendre les concessions hydrauliques, toujours contestées par Bruxelles.

    Plus le temps passe, plus le risque d’un incident grave s’accroît.

     

     

    Selon les estimations, l’électricien public a besoin de 50 à 100 milliards d’euros pour renouveler et entretenir son parc de production, achever les chantiers cauchemardesques de l’EPR à Flamanville et Hinkley Point, et développer enfin les énergies renouvelables autres que l’hydraulique.

    C’est dans ce moment de tensions stratégiques et financières que l’État vient demander à EDF, qui a subventionné pendant des années une concurrence factice et inefficace sur ses fonds propres, de sacrifier encore une dizaine de milliards.

     

    Cette décision est tout simplement une monstruosité politique, une aberration économique.

    Mais elle s’inscrit dans un projet théorisé et programmé de longue date : la mise à sac d’un service public, la spoliation d’un bien commun essentiel.

    Comme pour l’hôpital et l’Éducation nationale, eux aussi présentés jadis comme des fleurons français, la population se rendra compte un jour que celui-ci a été dévasté.

    Mais il sera peut-être trop tard.

    Martine Orange - Médiapart


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  • franceinfo

    L'action EDF a chuté de plus de 20%

    à la Bourse de Paris, ce matin,

    après que le groupe a revu à la baisse

    ses prévisions de production électrique

    et ses résultats financiers pour l'année.

    Vers 11h15, le titre perdait 16,08%, à 8,69 euros,

    dans un marché en baisse de 0,70%.

    On vous en dit plus ici.

     

    Vendredi noir en Bourse pour EDF,

    après une série de mauvaises nouvelles

    Le groupe a perdu plus de 16% de sa valeur à l'ouverture.

    France Info >>>>>


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  • La concurrence libre et non faussée...

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    Le gouvernement va demander à EDF de vendre davantage d'électricité à bas prix à ses concurrents,

    afin de tenir sa promesse de limiter la hausse de la facture d'électricité des Français à 4% en 2022,

    a annoncé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

    Cette mesure coûtera entre 7,7 milliards et 8,4 milliards d'euros à EDF,

    a-t-il estimé.

    France Info >>>>>

    Inflation : l'Etat va demander à EDF de vendre davantage d'électricité à bas prix à ses concurrents pour contenir la hausse des prix

    Objectif : limiter la hausse de la facture d'électricité des Français à 4% en 2022.

    Article rédigé par
     
    franceinfo avec AFP
    France Télévisions
     
    Publié le 13/01/2022 20:25 Mis à jour le 13/01/2022 20:44
     

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  • CALENDRIER.

    Présidentielle 2022 :

    les dates-clés d'une année électorale décisive

    Cette année est marquée par l'élection présidentielle en avril, mais aussi par les législatives au mois de juin. Franceinfo dresse la liste des principales dates à retenir en lien avec ces échéances.

    France Info >>>>>


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  • Énergie.

    Prix de l’électricité :

    l’État dans l’impasse du marché

     

    Mercredi 12 Janvier 2022
     

    Le comité social et économique central d’EDF lance une grande campagne auprès des consommateurs-électeurs, appelant à la fin du marché de l’électricité et au retour du service public, afin de sortir de la crise des tarifs.

     

    Producteurs, transporteurs, distributeurs,

    « commercialisateurs » d’électricité…

    Les agents d’EDF disposaient déjà de multiples compétences pour assurer l’électrification aux Français.

    Leurs représentants au comité social et économique central (CSEC) en ajoutent une : celle de lanceur d’alerte.

    Ce mardi, le CSEC du groupe public a annoncé le lancement d’une vaste campagne d’information pour faire de l’énergie un enjeu central de la présidentielle.

    Les mots d’ordre de renationalisation de l’opérateur historique pour mettre fin aux hausses continues des tarifs et assurer l’indépendance énergétique pourraient rapidement trouver un écho, alors que le gouvernement se retrouve dans une impasse face aux prix du marché toujours au plus hauts.

     

    Pour celui-ci, la situation est devenue inextricable.

    Lorsque, fin septembre, Jean Castex avait annoncé le plafonnement des tarifs réglementés de vente jusqu’en avril, il escomptait atténuer les conséquences désastreuses de l’envolée des tarifs, du moins pour les usagers n’ayant pas cédé aux sirènes des opérateurs privés.

    Le premier ministre avait alors indiqué qu’une nouvelle petite hausse de 4 % interviendrait en février et, qu’une fois les frimas de l’hiver disparus, un lissage des tarifs sur le long terme permettrait de payer la facture laissée par cet accommodement aux règles du marché.

    Manque de chance, les tarifs de gros de l’électron côtoient toujours des orbites stratosphériques.

    À tel point que, sans le blocage des prix par l’État, les usagers du tarif réglementé auraient dû voir leurs factures bondir de plus de 40 %, hors taxe.

    Problème : le gouvernement ne tablait que sur + 12 % et pensait pouvoir faire porter la douloureuse par le budget de l’État, via une baisse de la taxe sur la consommation d’électricité.

    Mais cette diminution de la fiscalité ne couvrirait que « jusqu’à 16 % ou 17 % d’augmentation du prix », dixit Bruno Le Maire.

    Le rattrapage s’annonce donc sévère et impose à l’exécutif d’imaginer une nouvelle rustine à son usine à gaz.

     

    De l’inventivité, il en a visiblement à revendre.

    Entre ne rien faire et passer outre les règles du secteur, ou demander à la Commission de régulation de l’énergie de modifier ses calculs de prix pour diminuer la facture, jusqu’à implorer la Commission européenne de lui permettre de brader une part encore plus importante de l’électricité produite par les réacteurs nucléaires d’EDF en faveur des «fournisseurs alternatifs », quitte à affaiblir l’opérateur historique, Bercy n’exclut rien.

    Une « solution technique » est attendue pour la fin de semaine.

     

    « La privatisation nuit gravement à votre facture »

    Pour les représentants des personnels d’EDF, il est temps de siffler la fin de la gabegie.

    « Contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, cette situation n’est pas conjoncturelle mais structurelle, affirme Philippe Page Le Mérour, secrétaire du CSEC.

    En quinze années d’ouverture au marché, les prix ont augmenté de 60 %.

    Un décret vient même d’être pris pour qu’EDF reprenne les clients abandonnés par les opérateurs privés.

    On est face à un échec total. L’énergie est un bien trop précieux pour être confiée au privé. »

    L’instance représentative interpelle les électeurs.

    « La privatisation de l’électricité nuit gravement à votre facture », affirme une série d’affiches montrant un usager, emmitouflé chez lui, s’en remettant à un moteur de recherche pour savoir : « Pourquoi le prix de l’électricité augmente  ? »

     

    Soudées lors du combat contre le projet Hercule de découpe d’EDF, les quatre fédérations syndicales représentatives (CGT, CFE-CGC, CFDT et FO) appuient le mot d’ordre de sortie de la concurrence.

    « Le marché européen n’a jamais été centré sur les enjeux climatiques ni l’intérêt des consommateurs finaux.

    Il a organisé le pillage du public pour le privé », assène Julien Laplace, de la CFDT.

    Or, l’alternative existe, comme l’explique Virginie Neumayer, de la FNME-CGT.

    « Contrairement à ce qu’affirment les libéraux, la complexité du système actuel pousse à la sortie du marché, au retour de l’État et à la constitution d’établissements publics associant agents, usagers et élus.»

    Renationaliser EDF coûterait 5 milliards d’euros.

    Bien moins cher que les mécanismes fumeux mis en place par Bercy.

    « Il faut avoir le courage politique de le faire », conclut Philippe Page Le Mérour.


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  • Démocratie.

    Des élus agressés,

    une République en danger

     

    Mardi 11 Janvier 2022
     

    Stéphane Claireaux, député LaREM de Saint-Pierre-et-Miquelon, a été pris pour cible dimanche 9 janvier.

    Un nouvel épisode de violence, symptôme d’un climat qui mine la vie démocratique.

     

    La scène, filmée, se déroule le 9 janvier devant le domicile du député LaREM de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Claireaux.

    Le suppléant de la ministre de la mer, Annick Girardin, est sorti sur son perron à l’approche d’une manifestation contre le passe vaccinal afin de « discuter avec eux », précise-t-il.

    On y voit l’élu recevoir des algues sur le visage, puis des pierres.

    « Il y avait une voiture chargée d’algues, de goémon, et les gens ont commencé à m’en lancer à la figure », raconte Stéphane Claireaux, qui explique ensuite avoir « évité à cinq centimètres près un galet ».

    Le député a annoncé son intention de porter plainte, évoquant une scène qui « ressemblait à une lapidation ».

    Un terme qui peut paraître excessif, tout comme celui utilisé par le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, qui a parlé de « lynchage », mais dont l’emploi s’explique par la peur et l’exaspération face à un climat de violence.

     

    Un phénomène qui a explosé

    « C’est sûr que cela s’intensifie, mais ça ne date pas d’hier », analyse Luc Rouban, politologue au Cevipof.

    Car cette nouvelle agression s’ajoute à une longue liste.

    Dans la nuit du 29 décembre, c’est un autre député LaREM, Pascal Bois, qui a vu son garage incendié.

    Sur un mur était inscrit « Votez non » et « Ça va péter » – en référence au passe vaccinal.

    Les élus de tous bords reçoivent quantité de messages, par e-mail, courrier ou sur les réseaux sociaux, allant de l’insulte aux menaces de décapitation.

    Si le phénomène n’est pas nouveau, il a explosé depuis le début de la crise sanitaire, en 2020.

    Une année où 1 276 agressions, menaces ou insultes ont été recensées, contre 421 en 2019.

    Sur les onze premiers mois de 2021, selon un comptage du ministère de l’Intérieur, 1 186 élus ont été pris pour cible : 162 parlementaires et 605 maires ou adjoints ont été victimes d’agression physique.

     

    En octobre 2020, l’AMF a créé un Observatoire des agressions envers les élus qui permet de mieux recenser ces actes.

    Du côté des édiles, ces problèmes sont connus de longue date.

    « Il y a une vraie réflexion à l’Association des maires de France (AMF), depuis 2014 au moins », détaille Luc Rouban, qui y voit « sur le fond un des symptômes du malaise démocratique ».

    En octobre 2020, l’AMF a créé un Observatoire des agressions envers les élus qui permet de mieux recenser ces actes.

    Le nouveau président de l’association, le maire LR de Cannes, David Lisnard, vient de signer un partenariat avec France victimes afin de mieux « accompagner les victimes d’agression ».

    Et l’AMF interpelle régulièrement le gouvernement à ce sujet, demandant notamment « un véritable suivi pénal, des procédures judiciaires plus rapides et des condamnations effectives ».

     

    « Une confusion entre public et privé »

    Malgré le renforcement des mesures sécuritaires, les chiffres sont toujours en augmentation.

    Car le fond du problème demeure :

    « Il s’agit d’un rejet de la représentation politique, les élus sont perçus comme de simples représentants d’intérêts privés », avance Luc Rouban, qui pointe aussi « l’effet délétère du capitalisme financier et du consumérisme ».

    Dans son ouvrage paru le 6 janvier, les Raisons de la défiance (Presses de Sciences-Po), le chercheur décrit « une confusion entre public et privé, à tous les niveaux, y compris au sommet de l’État, et notamment à LaREM ».

    Et dans le climat de violence actuel, les propos présidentiels viennent jeter de l’huile sur le feu.

    Un feu que tente d’éteindre le gouvernement, qui a annoncé « courant janvier » une réunion sur le sujet avec Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin et Richard Ferrand.


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  • Présidentielle.

    Face à ses rivaux de droite,

    Macron joue la sécurité

     

    Mardi 11 Janvier 2022
     

    Le chef de l’État s’est rendu à Nice, dans les Alpes-Maritimes, pour présenter de nouvelles mesures sécuritaires.

    Une façon de répondre à la surenchère de sa concurrente Valérie Pécresse dans un département marqué par le survote LR.

     

    Officiellement, il s’agissait d’inaugurer le futur « hôtel des polices » de Nice avant d’aller auprès des villages sinistrés de la vallée de la Roya.

    Mais Emmanuel Macron est surtout venu poser une nouvelle pierre de sa campagne officieuse, le 10 janvier, en se rendant dans la préfecture des Alpes-Maritimes.

    Le département est acquis depuis les années 1990 à la droite LR : le cadre parfait pour défendre le bilan sécuritaire du quinquennat passé, et surtout esquisser les mesures d’un ­potentiel second mandat.

    Le chef de l’État a notamment annoncé

    « vouloir doubler le nombre de policiers sur le terrain d’ici à 2030 »

    et créer des « forces d’action républicaine » composées de policiers, d’officiers de police judiciaire et de travailleurs sociaux pour «sécuriser un quartier en cas d’urgence » .

    Une façon de rester dans la course face à la candidate des «Républicains », Valérie Pécresse, qui, du sarkozysme plein sa besace, promet de « ressortir le Kärcher de la cave » pour « nettoyer les quartiers ».

     

    Big Brother avec l’accent provençal

    L’hôtel des polices inauguré par le président constitue d’ailleurs plus un prétexte qu’autre chose, accuse la droite .

    « Arrêtons cette supercherie (…) : il vient poser la première pierre factice d’un commissariat dont les travaux ne commenceront pas avant deux ans et dont la demande de permis de construire n’est même pas déposée », se plaint auprès du Figaro Éric Ciotti, député « Les Républicains » et régional de l’étape.

    L’élu, nommé conseiller de la candidate LR sur l’« autorité », a décidé de boycotter le déplacement présidentiel.

    Mais l’hôtel des polices est aussi un symbole de la société de surveillance de demain.

    Le bâtiment regroupera 800 agents municipaux et 1 200 policiers nationaux et sera équipé d’un « centre d’hypervision urbain » connecté aux près de 4 000 caméras de la ville – Big Brother, mais avec l’accent provençal.

     

    ­Emmanuel Macron a salué le « volontarisme » de Nice en la matière et, à travers lui, celui du maire Christian Estrosi, ce dernier constituant une sorte de prise de guerre de la Macronie depuis qu’il a claqué la porte des « Républicains » pour rallier la majorité présidentielle.

     

    Ainsi, le président de la République a profité de son déplacement à Nice pour répondre indirectement à la droite LR, qui l’accuse de laxisme, d’avoir laissé la société « s’ensauvager » (une ­expression par ailleurs chère au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin), voire d’avoir causé un « Waterloo sécuritaire ».

     

    Outre le doublement des effectifs policiers sur le terrain d’ici à 2030, de nouvelles mesures sont mises sur la table par Emmanuel Macron à quatre-vingt-dix jours de la fin de son mandat.

    Le chef de l’État a ainsi annoncé la généralisation des amendes forfaitaires « pour tous les délits prévoyant une peine d’emprisonnement inférieur e à un an » et le triplement de l’amende pour harcèlement de rue (de 100 à 300 euros).

     

    Le président de la République a promis d’augmenter de 25 % le budget de la sécurité en mettant sur la table 15 milliards d’euros sur cinq ans dans le cadre de la future loi dite Lopsi 3 (c’est-à-dire la troisième loi de programmation de la sécurité intérieure, après celles de 2002 et 2011).

    Le texte avait déjà été annoncé lors du Beauvau de la sécurité, au premier trimestre 2021.

    Une annonce qui sonne comme une promesse de campagne inavouée, car le projet de loi prévoyant ce budget n’interviendra en Conseil des ministres qu’en mars et n’arrivera à l’Assemblée nationale qu’après les élections.

    Si ­jamais le locataire actuel de l’Élysée ou la majorité parlementaire venait à changer, il pourrait très bien tomber à l’eau.

    Il en va de même des promesses relatives à l’horizon 2030, qui engagent virtuellement le successeur du successeur d’Emmanuel Macron.

     

    Un aveu d’échec à traiter les questions sociales

    « Ces annonces, c’est avant tout une logique d’affichage, soupire Sebastian Roché, politologue et spécialiste de la police.

    C’est à chaque fois la même discussion depuis trente ans, on dit qu’il faut plus d’agents dans la rue et donc créer des postes.

    Mais ça veut dire quoi plus de policiers “sur le terrain” ?

    On parle de quoi ?

    Plus de patrouilles ?

    Plus d’interventions ?

    Plus de contrôles ?

    On ne sait pas. »

     

    Il en va de même pour les « forces d’action républicaine », fustige le chercheur :

    « En 2002, Nicolas Sarkozy avait fait les GIR, les groupes d’intervention régionaux.

    C’était la même idée, avec des policiers, des gendarmes, des douaniers…

    Et aujourd’hui plus personne ne s’en souvient.

    Ce genre d’unité finit par disparaître d’elle-même car les priorités et les missions évoluent.

    C’est comme si l’État était amnésique. »

     

    Au-delà de l’effet d’annonce électoral, ces propositions sonnent aussi comme un aveu d’échec à traiter les questions sociales qui sous-tendent l’insécurité.

    Car si le débat semble être le même ânonné depuis trente ans, c’est aussi parce que la concentration de la pauvreté dans les banlieues et la délinquance qui en découle sont les mêmes depuis trente ans.


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