• Olivier Besancenot

    «Un courant ne peut incarner seul toutes les radicalités sociales et politiques»"

    Regards

     


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  • « La gauche n’a pas disparu dans ce pays »

    Par Christophe Aguiton

    (Ensemble ! Attac)
     


    Un sentiment d’impasse semble toucher toute la gauche. Serait-elle morte ?

    Elle doit faire face à la conjonction de deux difficultés. La première tient au fait que la gauche de gouvernement s’est alignée sur les thèses néolibérales depuis le milieu des années 1980 et le tournant de la rigueur. Les électeurs sont en droit de se demander pourquoi voter pour les sociaux-démocrates si c’est pour voir appliquer des politiques qui ne sont pas très différentes de celles du centre droit. Cette tendance lourde explique l’érosion électorale générale des socialistes et des sociaux-démocrates en Europe.

    A cela s’ajoute le fait que le corps doctrinal qui avait uni les gauches de transformation sociale au XXe siècle est en voie d’épuisement. Cette vision traditionnelle qui allie l’importance de l’Etat, les nationalisations, la planification de l’économie, une approche hiérarchique de l’arrivée au pouvoir avec le primat à la classe ouvrière et un parti structuré hiérarchiquement … tout ça ne tient plus.

    Il y a un besoin tangible de refondation d’une pensée doctrinale. Celle-ci est en train d’émerger sur les questions écologiques, les biens communs, et sur tout ce qui permet à la société de s’exprimer sans passer par des structures étatiques.

    L’expression directe était une des bases du populisme de gauche. Comment expliquez-vous son déclin, perceptible avec Podemos et La France insoumise ?

    La force des expériences populistes, comme Podemos en Espagne, a été de reprendre le type d’organisation mis en place par un mouvement social très important – les indignés – avec des modes de participation novateurs, basés sur le numérique, et une organisation tels les cercles ouverts sans carte, où l’on ne reçoit pas d’ordre du parti.

    Mais Podemos et La France insoumise (LFI) ont aussi fondé leur stratégie sur l’hypothèse que, pour arriver au pouvoir, tout passe par les élections. Il faut donc parvenir à une victoire rapide : c’est l’idée d’une « guerre éclair ». Cela explique l’importance de la communication dans ce mouvement, Podemos comme LFI ayant été infiniment plus efficaces dans l’utilisation des réseaux sociaux que tous leurs concurrents.

    Ensuite, ils ont une certitude : puisqu’ils vont renverser la table, ils n’ont pas besoin d’alliances. En Espagne, cela s’est traduit par la dénonciation de la « caste », Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Parti populaire (PP) mélangés ; en France, par le dégagisme cher à Jean-Luc Mélenchon. Les deux mouvements pensaient qu’ils allaient gagner tout seuls et qu’une fois la victoire acquise, viendrait le temps des alliances. Cela ne s’est pas passé ainsi. Enfin, quand on est dans une bataille électorale de type blitzkrieg, la démocratie n’apparaît pas essentielle.

    Que voulez-vous dire ?

    Dans ce schéma, ce qui est important, c’est l’efficacité. Les organisations doivent s’y adapter. Soit par le biais d’un mouvement gazeux comme LFI, ce qui permet à un tout petit noyau de dirigeants de prendre les décisions sans avoir de comptes à rendre.

    Soit comme Podemos, avec un parti centralisé où tout se décide à Madrid alors que l’Espagne est un pays très régionaliste. Or la communication s’épuise à la longue – on l’a vu avec les « holovans » de la campagne européenne [des camions où l’on peut voir les hologrammes des candidats] – et quand on ne gagne pas tout seul, la question des alliances finit par s’imposer. Et il faut d’abord en discuter avec les militants, ce qui nécessite des structures démocratiques.

    Ces discussions n’ont jamais eu lieu dans les deux formations. Quand les résultats sont faibles, la question des alliances revient comme un boomerang. C’est ce qui explique les crises dans Podemos et les départs à LFI.

     

    Comment jugez-vous la stratégie de rupture des écologistes, qui révoquent le terme « gauche » ?

    Il faut dire que se réclamer de gauche après le quinquennat Hollande est compliqué. S’en démarquer est donc un positionnement tactique, qui permet de rompre avec l’épuisement du PS. Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui explique vraiment la montée des écologistes, c’est la rupture, avec les pratiques des gouvernements actuels, sur les questions écologiques, avec une ligne assez radicale.

    Derrière ce succès, il y a surtout la poussée d’une mobilisation sociale européenne avec les différentes marches et les grèves scolaires pour le climat. Cela rappelle un peu le mouvement altermondialiste. On assiste à une prise de conscience globale, notamment dans la jeunesse, du caractère dramatique des questions climatiques et de l’effondrement de la biodiversité.

    C’est déterminant parce que ces mobilisations se déroulent dans le monde entier. Cela chamboule complètement l’échiquier politique mais surtout la perception de nos sociétés vis-à-vis de ces sujets-là.

     

    La division des gauches peut-elle se résoudre ?

    La gauche n’a pas disparu dans ce pays. Si on additionne les voix obtenues par les partis de gauche aux européennes, cela fait autour de 30 %, sans oublier le vote en faveur d’Emmanuel Macron qui a capté une partie de la gauche sociale-libérale.

    Les divisions de la gauche préexistaient bien avant les élections européennes. Depuis la fin des années 1980, il y a un fossé très profond entre une gauche sociale-libérale et une gauche plus radicale qui peut s’exprimer parfois à travers le vote écolo.

    Sont-elles irréconciliables ?

    Les choses peuvent changer. Les partis socialistes qui s’en sortent le mieux aujourd’hui en Europe sont ceux qui ont fait un tournant à gauche, comme en Espagne ou au Portugal. C’est ce tournant qui fait gagner le PSOE et le PS portugais.

     

    Est-ce suffisant pour réconcilier toutes les gauches ? Probablement pas car on est encore loin du compte, notamment sur les questions écologiques ou la critique de la mondialisation. Les socialistes et sociaux-démocrates ont encore du chemin à faire. Il y a également besoin d’une refondation doctrinale pour toute la gauche. Ce qui implique de retravailler ensemble. Si on repart dans cet état d’émiettement, le désastre est garanti.

    Tout le monde propose des solutions allant vers une confédération des gauches. Est-ce possible ?

    Le fait que toutes les forces le prônent montre qu’il y a à la fois un problème et une nécessité ! La question clé sera l’orientation de ce rassemblement, notamment autour de l’écologie qui ne peut être que radicale. C’est ce qui évitera d’avoir une nouvelle alliance de circonstance.


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  • Échecs et refondation

    • 1 juin 2019
    • Par Hendrik Davi
    Juin 2019 constitue une bonne étape pour faire un point sur la situation sociale et politique : après le revers pour les listes de gauche aux élections européennes, avant les municipales de 2020
     

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  • PRINTEMPS DU COMMUNISME

    Et maintenant : élargir, rassembler, inventer !

    Partout en Europe, les élections européennes ont été marquées par de mauvais résultats pour la gauche, et notamment la gauche de transformation sociale. Le nombre des élu·e·s du groupe de la GUE connaît un net recul (passant de 52 à 38) alors que l’extrême droite de l’ENL progresse dans des proportions inverses, la sociale-démocratie poursuit son effondrement, le groupe S&D perdant plus de 40 sièges.

    Si ce vote confirme le rejet de la mondialisation capitaliste et une préoccupation montante pour les questions écologiques, paradoxalement il ne traduit pas les aspirations qui se sont exprimées puissamment depuis 6 mois en France. Alors même que le mouvement des gilets jaunes, comme une majorité de nos concitoyens, expriment une aspiration renouvelée pour les valeurs d’égalité, de démocratie et mettent en avant la question sociale, le résultat du vote donne un fort avantage aux forces qui font des inégalités un moteur, et de l’autoritarisme une méthode (LREM, LR et le RN).

    En France, avec à peine 30%, la gauche fait un score historiquement bas malgré la traditionnelle percée des écologistes dans ce scrutin. Le rejet d’une sociale démocratie minée par 30 ans de dérive libérale se confirme sans qu’une alternative au Parti socialiste ne se dessine. Pire, les progrès réalisés par la gauche de transformation sociale lors des précédents scrutins sont effacés. Même si elle pourra compter sur 6 élus, la France Insoumise connaît un très grave revers (avec la perte d’un million de voix sur les législatives de 2017) faute d’avoir contribué concrètement à faire converger les forces de transformation sociale. Son refus de choisir entre stratégie populiste et refondation de la gauche a brouillé un peu plus une image, déjà entachée par des logiques perçues comme sectaires et une certaine forme de brutalité. Le véritable défi reste bien celui de refonder et élargir la gauche à partir des aspirations populaires.

    Quant au Parti communiste français, il franchit une nouvelle étape dans son affaiblissement, avec le score le plus faible de son histoire pour ce scrutin et la perte de tous ses élu·e-s européen·ne-s. Malgré une participation identique, il enregistre même un nouveau recul sur le premier tour des élections législatives de 2017 (615 487 voix contre 564 717 ce dimanche) qui était pourtant jusqu’alors à son étiage le plus bas à une échéance nationale. En dépit de la bonne campagne de Ian Brossat et de la mobilisation des communistes, le miracle n’a pas eu lieu. Au contraire, loin d’enrayer l’effacement du Parti communiste, la stratégie issue du dernier congrès, d’affirmation identitaire déconnectée de toute perspective et même de toute ambition de rassemblement, est en passe de précipiter sa disparition. Elle confirme que tous les efforts de communication, tous les efforts de surmobilisation militante sont vains lorsqu’ils sont déconnectés du réel et d’une perspective politique concrète dépassant le cercle du parti. Pire, ils épuisent les militant·e·s dans la vaine répétition de démarches obsolètes au lieu de consacrer l’énergie et les forces disponibles à inventer le nouveau.

    Certes, ce triste résultat est malheureusement tout sauf une surprise. Les communistes qui ont défendus le texte du « Printemps du communisme » au dernier congrès ont sans relâche alerté sur l’impérieuse nécessité de renouveler notre projet pour inventer un communisme de notre temps, et de rassembler toutes les forces de transformation sociale dans un front commun. Or, ces chantiers ont été absents de la campagne. Sur des questions essentielles qui exigeaient dans cette campagne une parole forte et nouvelle, nous en sommes restés à nos positions habituelles, à commencer par l’Europe elle-même, ou l’écologie qui a joué un rôle majeur dans les choix des électeurs et notamment de la jeunesse. Quant aux appels à l’unité entendus ici ou là dans la campagne, ils se limitaient à évoquer des accords d’appareil, et furent prononcés sans conviction, étant souvent de pure opportunité dans un jeu de poker-menteur à gauche, sur qui ralliera les déçus des divisions.

    Nous payons notre incapacité à faire vivre l’idée et le combat communiste dans les conditions du XXIème siècle. Le scrutin en témoigne dans l’Europe toute entière, en l’absence d’effort pour renouveler ce combat et cette idée, les partis communistes ne sont plus perçus comme porteurs d’avenir, et nous n’échappons pas à cette règle.

    Au lendemain de cet échec, nous ne pouvons nous résoudre à ce que le déclin de ce parti et des idées qu’il porte se poursuive sans que rien de neuf ne soit tenté.

    D’abord, il est indispensable que les communistes examinent collectivement et sans tabou les raisons qui ont conduit à ce résultat déplorable. Or, à ce stade, la déclaration de notre parti au soir du vote, particulièrement faible, ne donne aucune clé pour comprendre les raisons de cette déconvenue. Plus grave, elle affirme contre toute évidence que notre remontée serait en bonne voie. Jusqu’où faudra-t-il que notre influence et notre Parti lui-même s’affaiblissent avant que les communistes soient appelé·e·s à ouvrir les yeux sur notre situation catastrophique et à y apporter de vraies réponses?

    Ensuite, il faut bien sûr que s’ouvre enfin le chantier d’un communisme du XXIème siècle. Différer ce travail, c’est différer notre capacité à ce que nos idées puissent progresser. Convaincre par exemple que le combat communiste soit une écologie demandera plus qu’un anglicisme au détour d’un tract de campagne (#RedIsTheNewGreen). Il s’agit bien de repenser tout notre mode de vie actuel, et bien sûr, notre mode de production qui démontre clairement l’incompatibilité entre capitalisme et préservation de la planète. Et la démocratie : comment ne pas voir que l’abstention massive des classes populaires de gauche traduit non seulement une critique radicale de nos institutions, mais aussi un rejet massif des partis centralisés et verticaux qui nous atteint nous aussi ? Quand nous déciderons-nous à nous remettre en question pour penser et porter un projet de démocratie radicale qui réinvente la relation entre citoyens et sphère politique?  Et dans combien d’autres domaines en est-il ainsi ?

    Enfin, à court terme, nous devons absolument prendre une initiative politique d’ampleur pour la création d’un rassemblement d’un nouveau type. Les citoyennes et citoyens, gilets jaunes, salarié·e·s ou chômeur·euses, les hommes et femmes des quartiers populaires, la jeunesse qui refuse le modèle productiviste insensé du capitalisme, toutes celles et tous ceux qui sont privés de parole jusque dans le résultat des élections, doivent reprendre la main. Nous devons contribuer à construire la maison et l’outil d’aujourd’hui dont ils ont besoin, au service de la transformation démocratique, écologique et sociale. Et pour cela, nous donner l’ambition de construire dans une démarche d’Education Populaire, c’est à dire avec les gens, sur le terrain, dans l’expérience d’un communisme qui se concrétise effectivement dans la vie de tous les jours.

    Ces chantiers sont immenses. Ils supposent un changement profond de nos conceptions et de nos pratiques auquel nous devons nous atteler dès maintenant. Et d’un même mouvement, il faut apporter notre contribution à une réaction forte des forces de gauche porteuses d’alternative, qui doivent se mettre à hauteur du péril et chercher ensemble les moyens de faire enfin du commun.  Le temps n’est pas à la défense d’une « identité » du Parti fiévreusement recherchée dans les choix du passé, mais dans notre capacité à inscrire le communisme dans le présent. Ouvrons les portes et les fenêtres, tournons-nous vers l’avenir, et engageons avec confiance tous les débats qu’appelle la gravité de la situation. Il est plus que temps de fédérer toutes les forces de transformation sociales, sans monopole et sans exclusivité. C’est ainsi seulement que nous nous rendrons utiles et retrouverons alors le lien qui nous fait aujourd’hui si cruellement défaut avec les travailleurs et les jeunes de notre pays.

    Hadrien Bortot               

    Silvia Capanema            

    Robert Injey    

    Frank Mouly    

    Saïda Safir

     


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  • "On ne vit pas comme des 'bobos'” :

    bienvenue à Trémargat,

    le village breton où l'on a toujours été écologiste

    Depuis plus de quarante ans, la commune située dans les Côtes-d'Armor se distingue par son vote à contre-courant de la moyenne nationale. Aux européennes, les habitants ont voté à 38,79% pour EELV.

    France Info >>>>>

     

    Résultats élection européennes Trémargat >>>>>


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  • Guillaume Balas - Génération's

    Ancien député européen, membre fondateur de Génération.s

    Il était l'invité de La Midinale de Regards,

    Ce vendredi 31 mai 2019

     

    « La gauche ne pourra pas être au 2e tour de la présidentielle

    si elle ne va pas de Mélenchon à EELV »

     

    Sur le mouvement Génération.s

    « Il faut aborder la période avec humilité. On ne peut pas donner des leçons à qui que ce soit sans prendre le temps de se poser et de regarder l’ensemble de la séquence, et notre propre résultat. »

    « Est-ce qu’on peut se relever ? On a les moyens financiers et c’est très important de faire quelque chose. La question est : est-ce que l’on peut être utile ? La réponse est oui. »

    « Avec la tripolisation de la vie politique, il y a un énorme risque en 2022 de se retrouver dans un affrontement entre RN et LaREM. Si c’est le cas pour la deuxième fois, on peut considérer qu’il y a un risque de disparition, à l’italienne, de la gauche. »

    « On nous avait annoncé morts et enterrés donc ça veut dire qu’on peut jouer un rôle mais il faut le faire avec humilité. »

    « Nous avons un poids petit mais réel, et nous voulons qu’il soit utile. »

     

    Sur la stratégie politique

    « Si nous avions pu opérer un rassemblement préalable dans ces élections européennes, dont le mode de scrutin n’y incite pas beaucoup, ça aurait été mieux. »

    « On pourrait dire que la stratégie de Jadot lui a réussi mais je n’en suis pas sûr à long terme : il va falloir qu’il en fasse quelque chose à long terme en terme de rassemblement. »

    « On aurait voulu qu’il y ait quelque chose qui dépasse les appareils par notamment une dynamique citoyenne et c’est ce qu’on avait proposé avec la votation citoyenne. »

     

    Sur la gauche

    « Nous allons avoir de grands débats sur ce que veut dire la gauche, si ça veut dire encore quelque chose. »

    « Il y a deux angoisses fondamentales : l’angoisse identitaire et l’angoisse écologique. »

    « Sur ces sujets sémantiques, je suis toujours prudent parce qu’il y a toujours une histoire. Qualitativement, ça pourrait plutôt pousser à garder le mot gauche mais si ça devient simplement un totem indéfini, il est certain que ça n’a plus aucune utilité sociale et politique. »

    « Si on arrive à faire de la gauche un élément de mobilisation autour de la démocratie, de la justice sociale et de l’écologie alors ça définit quelque chose. C’est important parce que ces trois mots peuvent être séparés. »

    « Si on veut donner au terme “gauche” une utilité politique, il faut le redéfinir. Ça va être le grand débat de la période. »

     

    Sur l’alternative à la stratégie populiste et celle de l’union de la gauche

    « Avant que chacun parte dans des stratégies nominalistes, il faudrait qu’on réfléchisse un peu. »

    « Les stratégies populistes de gauche peuvent faire un socle électoral assez important mais comme il bride par nature un rassemblement plus large au deuxième tour, ils interdisent le passage à la majorité. Et c’est toute la contradiction du populisme de gauche. »

    « Il n’y a pas une seule option où la gauche puisse être au deuxième tour de l’élection présidentielle si ça ne va pas de Mélenchon jusqu’à EELV. Il y a aura des pourcentages qui manqueront face à Macron et Le Pen. »

     

    Sur la fédération populaire

    « C’est une proposition qui a le mérite d’exister même si on ne connait pas bien le contenu. »

    « C’était une proposition qui avait une vocation politique pendant l’élection européenne. »

    « Il faut reconstruire l’alliance entre le mouvement réel de la société et le politique. On en est loin. »

    « Nous serons pour toutes les initiatives qui sont prises aujourd’hui pour qu’il y ait un processus unitaire. »

     

    Sur les municipales

    « Le problème des élections municipales, c’est qu’aucun appareil politique n’a l’autorité suffisante au niveau local pour ordonner un périmètre stricte d’alliances. »

    « Aucune alliance avec la République En Marche ne peux exister de notre point de vue. Et nous ne pourrons pas aller avec des mouvements qui s’allieront avec la République En Marche. »

    « Olivier Faure a dit qu’il était hostile à une alliance avec la République En Marche et, de ce point de vue, c’est plutôt une bonne nouvelle. »

     

    Sur la mobilisation face à la politique d’Emmanuel Macron

    « Un des points d’entrée de ce rassemblement potentiel [de la gauche], c’est que, au moins la question de la défense des intérêts concrets de ceux qu’on pense être la majorité du peuple français, nous puissions nous mettre d’accord pour agir ensemble. »


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  • Réaction de  Francis Parny communiste insoumis (Européennes)

     

    Les résultats des élections européennes suscitent depuis quelques jours de multiples  interventions

    Voici la réaction de  Francis Parny communiste insoumis au texte diffusé depuis le 29 mai sous la signature de Clémentine Autain (députée FI) et Elsa Faucillon (députée PCF) (appel pour un big bang politique à gauche)

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    Texte de Francis Parny

    Communiste Insoumis

     

    Voici ma réaction ... spontanée

     STOP

    Est-il possible de prendre le temps de la réflexion ?

    Est-il possible de poser les problèmes pour un débat collectif ouvert à tous avant que chacun assène les réponses qu’il présente comme la solution à tous nos maux ?

    Pouvons-nous espérer que la meute des politiciens qui s’agitent, entendent que le peuple ne les croit plus et assiste à leurs échanges comme à un spectacle entre des comédiens aux jeux surfaits ?

    Est-il possible que toutes ces personnes qui « savent » puissent considérer que c’est au peuple lui-même aujourd’hui de forger les réponses qu’il entend apporter au problème auquel il est confronté ?

    Car que se passe-t-il aujourd’hui et que va-t-il se passer demain ? Les intentions destructrices socialement et écologiquement de ce pouvoir vont-elles continuer oui ou non ?

    Salaires, prestations publiques, emplois vont continuer d’être la préoccupation essentielle de millions de personnes. La crise climatique va s’aggraver. La parole populaire va continuer d’être ignorée. La répression va s’abattre sur tout ceux qui vont protester.

    L’heure est à la lutte, aux luttes et à leur développement et à la réaffirmation que le mouvement des gilets jaunes est une chance pour notre pays.

    Et que nous propose-t-on ? De nouvelles combinaisons d’alliance, l’union et le rassemblement sans préciser sur quelle base et avec qui. Certains appellent à un big-bang mais celui-ci n’a-t-il pas eu lieu aux élections présidentielles de 2017 et les mêmes qui souhaiteraient un chaos constructif refusent toujours de tirer les enseignements de ce qui s’est passé.

    Bien sûr on nous dit qu’il faut rassembler tout le monde « à gauche » et que la FI y a toute sa place. Mais la première raison que l’on donne à la déroute politique c’est qu’il manquerait un véritable projet émancipateur. Et bien non, pas pour moi, « l’avenir en commun » est un projet émancipateur c’est en tout cas ma conviction personnelle et il se trouve qu’elle a été partagée par beaucoup.

    Mais cette élection européenne n’a pas permis de débattre de cela parce que toutes les formations politiques, oui toutes hélas, on fait de cette élection un référendum pour ou contre Macron. Comment voulez-vous dans ces conditions que des électeurs disent et bien non moi je vais voter pour le projet de société auquel je crois pour la France et pour l’Europe. C’est regrettable mais c’est comme ça.

    Et celles et ceux qui nous proposent l’union la plus large « à gauche » ont passé beaucoup de leur temps à attaquer la France insoumise donnant ainsi des gages à leur « ennemi de classe ». La France insoumise a commis des erreurs ? Sans doute, et alors vous proposer sa dissolution ?

    Les enseignements de la présidentielle de 2017 sont-ils invalidés par les élections européennes ?

    Le parti socialiste et la droite traditionnelle sont toujours en débâcle. Le PCF recueille 2,5 % des suffrages et Génération-s un peu plus de 3 %. Que disent les dirigeants du PCF sur leur responsabilité d’avoir ramené ce courant d’opinion pourtant formidable par bien des aspects au plus bas ? Quant à Benoît Hamon il semblerait qu’il veuille arrêter de faire de la politique. Sans doute pense-t-il comme Lionel Jospin candidat battu dans une élection présidentielle que le peuple ne l’a pas compris ?

    Union, rassemblement… mais celle-ci s’est-elle réalisée autour des gilets jaunes sur les revendications que ce mouvement a mises en avant, revendications dont il faut bien préciser qu’elles ne sont en aucun cas le reflet de pensée de droite extrême mais bien de nature à peser pour le moins sur le rapport entre le capital et le travail s’il faut utiliser ces mots.

    Alors essayons de poser justement un certain nombre des questions qui doivent être débattues.

    Certains disent qu’il faudrait une posture moins clivante et plus rassembleuse.

    La formulation même de cette question tend à opposer les deux termes employés dans une tradition du compromis dont on sait qu’elle ne débouche que sur le renforcement de l’ordre existant. Mais la question a du sens.

    Oui il faut être clivant je crois car ce que nous voulons c’est changer la société et cela est impossible sans remettre en cause les dogmes libéraux sur lesquels elle fonctionne. Il faut un projet en rupture avec le capitalisme. Rupture et radicalité font partie de notre vocabulaire.

    Mais il faut être rassembleur aussi ! Et « en même temps » comme dirait Macron. Il faut croire que le rassemblement est possible sur un projet radical, clivant, en rupture avec notre société actuelle. Sinon à quoi bon le rassemblement ? Mais le peuple sait bien aujourd’hui que dans l’esprit de ceux qui le propose la plupart du temps, ce rassemblement n’est fait que pour essayer d’obtenir un peu plus d’élus, un peu plus de places dans des assemblées qu’ils espèrent dominer… ou pas.

    La réaction de Monsieur Jadot dimanche soir est symptomatique : il ne crie pas l’écologie a triomphé et le climat à un bel avenir devant lui non, non il déclare immédiatement : « nous sommes la troisième force dans ce pays ».

    Et alors ? Monsieur Jadot comprenez-vous que l’on s’en fout de votre place dans l’échiquier politique et que ce sentiment est valable pour toutes les formations politiques. À quoi sert-il d’être second si l’on n’est pas premier, troisième si l’on n’est pas second, quatrième si l’on n’est pas troisième etc. etc. et quand on est premier à quoi cela sert-il pour notre peuple si ce n’est pas pour faire une autre politique ? Qui nous dit que demain Monsieur Jadot, vous ne serez pas choisis pour être le prochain Macron par l’oligarchie pour défendre ses intérêts puisque vous prétendez que l’écologie est compatible avec le système dans lequel nous sommes. Au moins Monsieur Hulot a-t-il eu le courage de dire que l’écologie était incompatible avec le modèle économique actuel. Mais sans doute que s’il avait été candidat sur la base de ce discours il n’aurait pas recueilli les voix de gauche et de droite que vous espériez comme notre président actuel.

    Sommes-nous dans un enfermement sans issue ?

    Si l’on en reste à tout cartel même « élargi à la société civile » mais sous le contrôle des partis puisqu’ils en sont toujours à l’initiative, alors oui l’issue n’est pas pour demain. C’est pour cela qu’il faut donner non seulement la parole mais le pouvoir au peuple et adopter les formes de représentation qu’il décidera de se donner.

    Et d’abord lui permettre de refonder les règles du jeu c’est-à-dire d’engager un vaste processus d’assemblée constituante redéfinissant les conditions d’accomplissement de la liberté de l’égalité et de la fraternité pour tous et entre tous dans notre société d’aujourd’hui. Et ensuite lui permettre que jamais il ne soit dessaisi de sa possibilité de contrôle sur les élus quels qu’ils soient grâce à des assemblées citoyennes, à des référendums d’initiative citoyenne et des formes de contrôles réguliers des actes commis par ceux qui dirigent pour contrôler toujours la conformité de leurs actes à l’intérêt général.

    Le président macron n’est pas prêt à démissionner c’est une évidence. Cela trace l’horizon 2022 comme celui d’un choix différent pour notre pays. Mais qu’allons-nous faire des années qui nous séparent de cet horizon ?

    Les élections territoriales qui sont devant nous avec des scrutins de liste à la proportionnelle pour deux d’entre elles nous donnent l’occasion d’une expérimentation territoriale d’une initiative citoyenne différente non téléguidée par les partis politiques. Beaucoup parmi les gilets jaunes réfléchissent à la mise en place d’assemblées citoyennes locales qui sans se substituer à la démocratie par les élections et sans se substituer aux élus qui seront choisis, peuvent être des lieux de contrôle populaire des engagements pris et de l’intérêt des politiques menées. Pensez par exemple à cette forfaiture installée depuis maintenant des années d’agglomérations rassemblant de plus en plus de villes ou de villages et dont les élus décident d’orientation importante pour les gens sans jamais leur demander leur avis ou leur rendre de comptes. Cette tendance a conduit à réduire à presque rien le pouvoir de milliers de maires dans des milliers de communes qui étaient pourtant le terreau privilégié de notre démocratie.

    Mettons en place des assemblées citoyennes participatives dans toutes les communes en tout cas partout où c’est possible ou les bonnes volontés existent, construisons ensemble les revendications que nous allons porter et de nouvelles formes de contrôle populaire des décisions prises. Et pour ceux qui le veulent - mais tous ne le voudront pas – ils ou elles participeront à des listes pour les élections municipales à condition toutefois que des places le plus souvent non éligibles ne leur soient pas assigné par des partis qui prédétermineront qui doit conduire ces listes.

    Peut-être alors les gens retrouveront-ils l’espoir que la politique est quelque chose qui les concerne et qui peut les aider à construire une nouvelle vie pour toutes et pour tous.

    Je disais qu’il fallait prendre le temps de la réflexion ce que je ne fais pas vraiment en écrivant quatre jours après les élections européennes. Mais les déclarations et les initiatives politiciennes qui commencent à se multiplier me mettent en colère tant elles sont le reflet de tout ce qui a été rejeté par le « dégagisme » des élections présidentielles ou la très grande conscience du mouvement des gilets jaunes posant les questions notamment de la représentativité politique et même de leur représentativité à elle et à eux.

     

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    Bonjour,

    Au lendemain des élections européennes, nous recevons de Clémentine Autain et Elsa Faucillon, députées respectivement insoumise et communiste, un appel à un « big bang » politique à gauche, avec la proposition d’une initiative fin juin à Paris (à une date qui sera fixée dans les jours qui viennent).

    Il est déjà signé par plusieurs d’entre nous, qui avions en 2017 appelé à un Front commun, ainsi que par plusieurs dizaines de militant.e.s politiques syndicalistes, associatifs, d’intellectuels et de créateurs dont tu trouveras les noms au bas de l’appel.

    Nous avons pensé qu’il pouvait t’intéresser. Si tu souhaites t’y associer, tu peux le faire en répondant à ce mail. Il sera rendu public lundi prochain.

    Fraternellement

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    Chèr.e.s ami.e.s,

    La situation politique que révèlent les résultats des élections européennes est catastrophique. Faute d’avoir été capable de se rassembler autour d’un projet politique mobilisateur, l’issue émancipatrice apparaît disqualifiée. Nos rues bouillonnent d’exigences écologistes, sociales et démocratiques, tandis que les urnes, désertées à gauche par les classes populaires, laissent le champ libre au face-à-face entre néolibéralisme et néofascisme. Cette déconnexion entre pays réel et institutionnel est désormais hautement dangereuse.

    Sortir de cette impasse historique est d’une urgente nécessité et ne se fera pas avec les réponses d’hier. Il faut débattre, se parler et s’écouter, s’ouvrir sur le monde associatif, syndical, culturel. C’est le premier pas pour fédérer et construire une voie de transformation sociale et écologiste. C’est le sens de l’appel que nous vous proposons, si vous en êtes d’accord, de signer et faire signer autour de vous.

    Bien amicalement,

    Clémentine Autain et Elsa Faucillon


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  • EELV - 26 mai 2019

    Tout doit changer

     

    ATTENTION DANGER

    Les urnes ont parlé. La liste Europe Écologie est la troisième force de ce scrutin. Une responsabilité immense pèse désormais sur nos épaules. Nous devons comprendre ce qui se joue, mesurer l’ampleur de la tâche, et proposer un chemin. À chaud, qu’il me soit permis de livrer ici, quelques éléments de réflexion. 

    La crise démocratique traversée par notre pays et notre continent continue à empirer. La montée du national-populisme est confirmée, comme le montre le score du Rassemblement national, auquel il faut ajouter les scores de Debout la France pour comprendre le poids considérable du bloc social-identitaire. Comme toujours, la tentation du pire : le repli identitaire nationaliste et xénophobe et le rejet de l’autre prospèrent sur le terreau des crises. L’extrême-droite et les fascismes ne sont jamais les remèdes à ces crises, ils en sont les symptômes. Plus que jamais, le péril représenté par l’extrême-droite politique et culturelle met nos sociétés en danger. La droite classique, représentée par son aile la plus conservatrice, a choisi d’emboîter le pas au Rassemblement national pendant toute la campagne, rendant possible demain l’idée d’une coalition des droites sous domination de la partie extrême d’une telle alliance. 

     

    LA MAJORITÉ MACRONISTE N’EST PAS UNE SOLUTION MAIS UNE PARTIE DU PROBLÈME

    La République en Marche a échoué à endiguer la montée de la colère qui s’exprime par le vote RN. Emmanuel Macron prétendait être un rempart. Nous savons désormais qu’il constitue un tremplin. Cette élection représente pour lui un triple échec.  Un échec personnel, puisqu’il avait choisi de personnaliser à outrance cette échéance. Un échec stratégique puisque ni sa volonté d’étouffer le débat européen, ni sa tentative de hold-up sur l’écologie n’auront suffi à lui donner le quitus qu’il demandait. Une défaite politique enfin, la plus grave, puis qu’il est devancé par le RN et sort très affaibli du scrutin. 

     

    UN PAYSAGE BOULEVERSE PAR L’ÉMERGENCE DE LA QUESTION ÉCOLOGIQUE

    Le clivage qui structure ce paysage politique occidental depuis plus d’un siècle, entre une droite porteuse d’un capitalisme fordiste et la gauche d’inspiration marxiste et productiviste, est rendu obsolète par l’irruption de la question écologique.

    La question n’est plus de penser la répartition des richesses engendrées par la révolution industrielle. La question politique essentielle, existentielle, des temps qui viennent est, pour l’humanité – notre civilisation humaine – d’apprendre enfin à habiter la Terre sans se détruire et sans la détruire. Plus personne n’ignore que notre modèle dit « de développement » engendre à la fois un dérèglement climatique brutal et l’extinction accélérée de la vie sur la planète. Les chaos sociaux, géopolitiques et démocratiques que provoque cet effondrement ont commencé. Nous en sommes à la fois les acteurs, les spectateurs et les victimes. 

     

    DES ENJEUX SOCIAUX EN REDÉFINITION

    Les plus vulnérables sont les plus pauvres. Les premiers responsables sont les plus riches. Dès lors l’enjeu écologique est indissociable de la question de la justice sociale. Le mouvement des gilets jaune est né de la fracture écologique, clone environnemental des fractures sociales et territoriales.

    La recherche entêtée d’une croissance aveugle, censée nous apporter le retour d’une prospérité perdue, aggrave encore la situation. Les sacrifices consentis à cette croyance fragilisent encore les plus fragiles tout en favorisant l’accaparement des ressources et la prédation sur la nature pour le profit des puissants. L’apparition et le développement sans entrave du capitalisme financier constituent un accélérateur de la destruction environnementale. L’économie financiarisée a définitivement quitté la réalité terrestre. Mais son règne a des conséquences sur l’environnement. Ce sont ces sociétés off-shore, paradis fiscaux et fonds de pension ou souverains qui spéculent sur la destruction de la nature.

     

    L‘IMPASSE DU POPULISME DE GAUCHE

    Face au chaos qui s’avance, les offres politiques traditionnelles sont inopérantes. Aux abois, une partie de la vieille gauche tente de se réinventer dans une synthèse improbable entre centralisation jacobine et prise de conscience écologique par un récit populiste qui simplifie à outrance les conflictualités et les oppositions qui existent dans une société en fin de cycle. L’objectif est la recherche d’une majorité issue d’une coalition de rejets qui, par on ne sait quel miracle, se transformerait en une coalition de projet émancipateur. 

    Pourtant, chacun.e sait qu’il n’y a pas de raccourci en politique.  Pour nous, il ne peut y avoir de populisme heureux. Mobiliser le peuple peut se comprendre. Mais exciter la colère des foules est condamnable. La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la graine. La stratégie populiste de conquête du pouvoir par la brutalisation du débat et la caricature des oppositions favorisent toujours le coté obscur de la force aussi sûrement que le fleuve va à la mer. 

     

    « LE CERCLE DE LA RAISON » DÉLÉGITIMÉ

    Longtemps, sociaux-démocrates et droite parlementaire se disputaient l’horizon majoritaire. Ce cycle est révolu. La gauche et la droite de gouvernement tentent de survivre à la fin du cycle économique et politique issu de la révolution industrielle en convergeant dans une sorte de synthèse libérale. Ce nouveau « cercle de la raison »,  incarné en France par Emmanuel Macron, n’a d’autre option pour survivre que de se choisir ses adversaires et d’apparaître face à eux comme un moindre mal. Ce procédé tactique dans le champ politique a pour but de se maintenir au pouvoir malgré une base sociale numériquement faible. Dès lors qu’on obstrue le paysage politique et que l’on empêche les mouvements sociaux de s’exprimer, les relations sociales deviennent plus violentes. Elles le sont d’autant plus que les corps intermédiaires sont méprisés. Le pouvoir en place ainsi affaibli se condamne à être fort avec les faibles et faible avec les forts et se réduit à être la main invisible du marché dans le gant de fer de la répression. Le cercle de la raison est en fait le cercle du consentement à l’ordre inégal du monde.

     

    DE LA NÉCESSITE D’UNE NOUVELLE FORCE MOTRICE

    Il appartient aux femmes et aux hommes de bonne volonté, déterminé·e·s, à construire une alternative aux « droites », qu’elles soient libérale, conservatrice ou fasciste, d’inventer un nouvel imaginaire politique, mais aussi à des gauches devenues obsolètes à force d’avoir refusé de comprendre les nouveaux enjeux.

    La gauche d’inspiration marxiste telle qu’elle s’est épanouie depuis le début du XIXe siècle est « incomplète » théoriquement et idéologiquement pour répondre aux ravages causés par le modèle de développement. En ayant omis la question écologique, la pensée marxiste a fait deux concessions décisives au capitalisme : l’acceptation du productivisme et la valorisation de la consommation comme moyen d’émancipation.

     

    LE TEMPS DE L’ÉCOLOGIE EST VENU

    La critique sociale du capitalisme est fondamentale, mais l’argument écologique dans la critique des conséquences de la révolution industrielle est essentiel. L’enjeu à venir est de revoir radicalement notre relation à la production et à la consommation. C’est en cela que la pensée écologiste n’est non seulement pas supplétive de la gauche hégémonique du siècle et demi qui vient de s’écouler, mais elle l’englobe et la transcende. Cette évolution, ou plutôt les prémices de cette révolution, a été perceptible lors de cette élection européenne. Jamais, lors d’une campagne politique, la question écologique n’a autant été présente et débattue. À nous, désormais de prendre nos responsabilités. 

     

    CONSTRUIRE L’ALTERNATIVE

    Il n’y aura pas d’alternance sans la construction d’une alternative politique. Celle-ci n’émergera pas par la magie d’un rassemblement de circonstance. Il faut tout revoir.  Nous avons une conviction inébranlable : l’écologie politique est le ferment des victoires à venir.

    Il faut imposer un nouveau récit, de nouveaux clivages un nouvel imaginaire. Nous savons pour autant que le clivage droite-gauche est ancré dans les consciences de millions de personnes. Nous avons conscience du désir d’unité qui  habite les cœurs. À celle et ceux qui se réclament de la gauche, nous voulons dire que l’avenir de ce qui a été appelé gauche c’est l’écologie. 

    Il est temps pour l’écologie d’assumer le leadership de cette alternative. Notre feuille de route est simple : construire une force et une coalition à vocation majoritaire pour qu’enfin notre pays et l’Europe conduisent une politique environnementale et sociale à la hauteur de la crise que nous traversons.

    Nous-mêmes, les écologistes, devons être à la hauteur. Nous ne pouvons plus, nous ne voulons plus être faibles. Les résultats des européennes font de nous les dépositaires de l’espoir. Nous n’avons plus le droit de perdre.

    Il nous faut donc dépasser nos frontières actuelles pour co-construire un nouvel outil politique dont l’objectif est de se préparer à la conquête et à l’exercice du pouvoir.

    Nous nous adressons donc aux forces constituées, mais aussi directement aux citoyennes et aux citoyens qui depuis des mois se mobilisent pour le climat et la justice sociale. Ensemble nous pouvons tout changer, disions-nous pendant la campagne. C’est le moment de passer à l’acte.

    Le système, la politique, nos vies, tout doit changer.

     

    David Cormand,

    Secrétaire nation d’Europe Écologie – Les Verts


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  • Lutte Ouvrière

    Communiqué sur les élections européennes du 26 mai 2019

    Communiqué
    26/05/2019

    Au soir des élections européennes, le Rassemblement national s’est félicité d’avoir dépassé La république en marche, et celle-ci s’est félicitée d’avoir limité les dégâts grâce à une participation plus grande à cette consultation électorale. Mais l’électorat populaire, avec les salariés, les chômeurs, les retraités du monde du travail, est largement resté à l’écart des européennes. Aux abstentionnistes, il faut ajouter tous ceux, principalement dans les quartiers populaires, qui sont tellement dégoutés des élections qui ne changent rien à leur sort qu’ils ne sont même plus inscrits sur les listes électorales. Sans parler de tous ceux qui, immigrés, n’ont pas le droit de vote bien qu’exploités dans ce pays et sont une fraction importante du prolétariat.

    Le jeu des partis dans ces élections n’a laissé à l’électorat populaire que le choix entre le représentant caricatural de la morgue bourgeoise envers les travailleurs et la millionnaire Le Pen. Le choix entre la peste et le choléra.

    Au temps où fonctionnait le système de l’alternance entre la droite et la gauche, cette dernière bénéficiait d’un passé qui la reliait encore au mouvement ouvrier.

    Au-delà du rejet que la gauche provoque aujourd’hui dans l’électorat populaire, c’est tout le système de la démocratie bourgeoise qui est mis en cause, tant il apparaît que les élections, au lieu de permettre le changement, ne servent qu’à masquer le fait que rien ne change.

    La bourgeoisie des grandes puissances impérialistes a trouvé avec le parlementarisme un système qui lui permet de dissimuler sa mainmise sur la société, en donnant à la population l’illusion que c’est d’elle et de ses votes que dépend la vie sociale, alors qu’en réalité, elle est soumise à la dictature impitoyable du grand capital. Mais cette illusion ne fonctionne que tant qu’elle est crédible. C’est de moins en moins le cas.

    Les racines de la crise de la démocratie bourgeoise sont là, ainsi que les raisons de la montée de courants politiques partisans de régimes autoritaires.

    Au moment où la démocratie bourgeoise est minée par la faillite du capitalisme, par la crise économique, par la menace de guerres et de catastrophes écologiques, d’aucuns ont pour ambition de reconstruire la gauche.

    La gauche, tant qu’elle avait un certain crédit parmi les travailleurs, a été un moyen d’enchainer le mouvement ouvrier au système institutionnel de la bourgeoisie. Cet instrument s’est brisé en remplissant cette tâche, et tous ceux qui veulent le réparer trompent les travailleurs alors que la société est poussée vers le précipice.

    S’opposer à l’extrême droite avec toutes les saletés réactionnaires et antiouvrières qu’elle charrie, ne pourra pas se faire en ressuscitant le cadavre des vieux partis. Ce qu’il est vital de reconstituer, c’est le mouvement ouvrier pour qu’il reprenne le drapeau du combat contre la dictature de la bourgeoisie sur la société.

    Aussi restreint que soit le nombre de ceux qui se retrouvent dans les idées de la lutte de classe, ce sont eux qui représentent l’avenir. Le camp des travailleurs n’est pas une abstraction. Avant d’être un choix politique conscient, c’est une réalité sociale.

    La guerre que la grande bourgeoisie mène contre les travailleurs ne pourra cesser qu’avec la fin des luttes de classe, c’est-à-dire avec la destruction de l’organisation capitaliste de la société.

    L’opposition au capitalisme sera en permanence secrétée par le capitalisme lui-même, par l’avidité de la grande bourgeoisie et par son incapacité à répondre à quelque problème sérieux que ce soit qui se pose à l’humanité.

    L’organisation capitaliste de la société ne peut fonctionner qu’en maintenant dans l’exploitation et l’oppression une partie de la société, le prolétariat. Aussi féroce que puisse être la dictature de la grande bourgeoisie et précisément à cause de cette férocité, elle fera tôt ou tard surgir la révolte.

    C’est dans cette révolte que la minorité de travailleurs conscients peut devenir la majorité et transformer la société en mettant fin à la domination du grand capital par l’expropriation de la grande bourgeoisie.

    Les résultats de Lutte Ouvrière, pour modestes qu’ils soient, confirment la présence d’un courant politique qui maintient la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier, l’internationalisme face à la montée des nationalismes, le drapeau rouge face au drapeau tricolore de la bourgeoisie. Renforcer ce courant, lui donner la force d’intervenir dans la lutte de classe que les travailleurs ont à mener contre la grande bourgeoisie est la tâche essentielle en cette période de crise économique et d’offensive de la classe capitaliste. C’est de cet effort que pourra surgir le parti ouvrier révolutionnaire représentant les intérêts matériels et politiques des exploités.

    La classe ouvrière a la force et les moyens de mettre fin à la dictature du grand capital sur la société. Il lui manque la conscience de ses formidables possibilités. Cette conscience ne peut s’incarner que dans un parti ayant pour objectif de mener la révolution sociale jusqu’au bout, un parti communiste révolutionnaire. L’avenir de l’humanité et peut-être même sa survie en dépendent.

    Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier

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  • Big-bang

    Le pire serait de continuer comme avant

     

    Le débat suite aux résultats des élections européennes a commencé et c’est bien normal.

    Ces élections ont mis en évidence que la gauche d’émancipation a été incapable de présenter un front commun et d’être porteuse de l’espérance d’une société désirable, d’un projet qui soit capable de transformer la colère populaire, qui s’est notamment manifestée lors du mouvement des gilets jaunes, en un espoir de changement politique.

    Même avec les écologistes, elle s’avère incapable de présenter une alternative politique un tant soit peu crédible. 

     

    Le texte ci-joint est à l’initiative d’un groupe de personnes, membres ou non de la France insoumise, altermondialistes, syndicalistes, chercheurs, responsables associatifs et politiques dont les députées Clémentine Autain et Elsa Faucillon.

     

    Il appelle à un big bang dont l’objectif serait de refonder/reconstruire une gauche en prise avec les réalités économiques, sociales et écologiques du XXIe siècle.

    Une telle gauche ne peut simplement être le produit de la convergence pourtant nécessaire des forces politiques existantes mais devrait pouvoir agréger toutes celles et ceux qui, au quotidien, luttent contre le néolibéralisme autoritaire et contre toutes les formes de dominations et d’oppressions.

    Il s’agit donc aujourd’hui de construire un processus constituant visant à faire advenir un tel mouvement politique qui ne peut être que pluraliste et démocratique.

    C’est le sens de cet appel.

    Pierre-François Grond, Pierre Khalfa



    Où sont passés la colère sociale et l’esprit critique qui s’aiguisent depuis des mois dans notre pays ? Elles demeurent dans les têtes, dans les cœurs et dans la rue. Mais la situation politique est catastrophique. Au lendemain des élections européennes, le bon résultat de l’écologie politique ne peut masquer le fait que la gauche est en miettes, désertée par une très grande partie des classes populaires. La gauche et l’écologie politique sont loin de pouvoir constituer une alternative alors même que le pouvoir en place et la droite fascisante dominent la scène politique dans un face à face menaçant où chacun se nourrit du rejet de l’autre et le renforce. Le pire peut désormais arriver. Nous n’acceptons pas ce scenario. Nous devons, nous pouvons proposer un nouvel horizon.

    La raison essentielle de ce désastre est l’absence d’une perspective émancipatrice qui puisse fédérer les colères et les aspirations autour d’un projet politique de profonde transformation de la société. Un big bang est nécessaire pour construire une espérance capable de rassembler et de mobiliser.

    Il y a du pain sur la planche : réinventer nos modèles et nos imaginaires, rompre avec le productivisme et le consumérisme qui nous mènent au chaos climatique, à la disparition des espèces et à une dramatique déshumanisation, substituer le partage des richesses, des pouvoirs et des savoirs aux lois de la finance et de la compétitivité. L’enjeu, c’est aussi d’articuler les différents combats émancipateurs pour dégager une cohérence nouvelle qui s’attache aux exigences sociales comme écologiques, à la liberté des femmes comme à la fin de toutes les formes de racisme, aux conditions et au sens du travail comme au droit à la ville, à la maitrise de la révolution numérique comme à l’égalité dans l’accès à l’éducation et à la culture, à la promotion des services publics comme au développement de la gratuité. Nous n’y parviendrons qu’en assumant des ruptures franches avec les normes et les logiques capitalistes. Ce qui suppose de nous affranchir des logiques néolibérales et autoritaires qu'organisent les traités européens et de donner à nos combats une dimension internationaliste.

    Et pour cela, ce big-bang doit aussi toucher aux formes de l’engagement. La politique est en crise globale. La défiance est massive à l’égard des représentants et des partis politiques, et plus généralement à l’égard de toutes les formes délégataires de représentation. Il est impératif d’inventer la façon de permettre, à toutes celles et ceux désireux de s’engager, de vivre ensemble et d’agir avec des courants politiques constitués qui doivent intégrer dans leurs orientations les expériences alternatives en cours. Et cela suppose de repenser les lieux et les modalités du militantisme autant que les rouages de la délibération collective. L’exigence démocratique se trouve dans toutes les luttes de notre époque, sociales, écologistes, féministes, antiracistes…, des nuits debout aux gilets jaunes. Elle implique de penser les médiations, de favoriser des liens respectueux, loin de toute logique de mise au pas, avec les espaces politiques, sociaux, culturels qui visent l’émancipation humaine. Puisque nous prônons une nouvelle République, la façon dont nous allons nous fédérer dira notre crédibilité à porter cette exigence pour la société toute entière.

    Le pire serait de continuer comme avant, de croire que quelques micro-accords de sommet et de circonstances pourraient suffire à régénérer le camp de l’émancipation, que l’appel à une improbable « union de la gauche » à l’ancienne serait le sésame. Nous sommes animés par un sentiment d’urgence et par la nécessité de briser les murs qui se dressent au fur et à mesure que la situation produit des crispations et des raidissements. Il est temps de se parler et de s’écouter, de se respecter pour pouvoir avancer en combinant le combat pour les exigences sociales et écologiques. Nous pensons bien sûr aux forces politiques – insoumis, communistes, anticapitalistes, socialistes et écologistes décidés à rompre avec le néolibéralisme. Mais ce dialogue entre mouvements politiques constitués ne suffira pas à soulever les montagnes pour redonner confiance et espoir. C’est plus largement que les portes et les fenêtres doivent s’ouvrir aux citoyens, à la vitalité associative, au monde syndical, aux espaces culturels et intellectuels critiques, aux désobéissants du climat, à celles et ceux qui luttent au quotidien contre les oppressions et les violences policières.

    Il y a urgence. Nous savons la disponibilité d’un grand nombre de citoyen.ne.s et de militant.e.s à unir leurs énergies pour ouvrir une perspective de progrès. Ces forces existent dans la société mais elles n’arrivent pas à se traduire dans l’espace politique. C’est ce décalage qu’il faut affronter et combler. Sans raccourci. Un travail patient autant qu’urgent de dialogue, d’ouverture, d’expérimentations est devant nous si nous voulons rassembler pour émettre une proposition politique propulsive. Il faut de la visée, du sens, de l’enthousiasme pour qu’une dynamique s’enclenche, pour qu’elle se fixe l’objectif d’être majoritaire. C’est d’une vision plus encore que d’une juxtaposition de colères et de propositions dont notre pays a aujourd’hui besoin. Loin du ressentiment et de la haine pour moteur, nous devons faire vivre un horizon commun de progrès pour l’humanité. La réussite de cette entreprise tient en grande partie à la capacité à assumer un pluralisme authentique tout en dégageant de nouvelles cohérences partagées. Toute logique de ralliement, de mise au pas derrière un seul des courants d’idées qui composent ce large espace à fédérer, se traduira par un échec à court ou moyen terme.

    C’est pourquoi nous appelons au débat partout pour la construction d’un cadre de rassemblement politique et citoyen, avec l’objectif de participer activement à la réussite de cette invention à gauche que nous appelons de nos vœux. Nous savons la difficulté de l’entreprise. Mais elle est indispensable. Et beaucoup de voix s’élèvent pour en affirmer l’exigence. Faisons converger nos efforts. Engageons-la ensemble le XX juin ….







     

     


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