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  • Étrangers, communistes et amoureux de la France

    « Juifs, métèques, communistes » :

    qui étaient les FTP-MOI,

    ces étrangers amoureux de la France

    L'Humanité >>>>>

     

     

    C’est un film d’archives qui révèle de nouveaux détails prouvant l’attachement des résistants étrangers communistes à la France.

    La preuve ?

    Ils ont donné leur vie pour elle, rappellent l’historien Denis Peschanski et le réalisateur Hugues Nancy.

    « Manouchian et ceux de l’Affiche rouge »
    mardi 20 février à partir de 21 h 10 sur France 2.

    Fin connaisseur de l’histoire du communisme, en France plus particulièrement, Denis Peschanski travaille depuis quarante ans à mettre en lumière la Résistance à l’occupation allemande.

    Avec le réalisateur et scénariste Hugues Nancy (Nous les ouvriers, Colonisation, une histoire française), il raconte, à l’occasion de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, accompagné de Mélinée, l’engagement des Francs-tireurs et partisans-Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI), ces « étrangers et nos frères pourtant » qui ont donné leur vie pour un idéal de liberté.

     

    L’histoire peut sembler familière.

    Résumons-la.

    Missak, jeune orphelin du génocide arménien, va « développer un amour pour la langue de Molière, un attachement a la France des droits de l’homme, de la Révolution française » dans un orphelinat libanais, raconte Denis Peschanski.

    Il arrive en 1924 dans une France en manque de bras. « Arménien, réfugié, communiste à partir du début des années 1930 et donc internationaliste, il est aussi chrétien : avant d’être exécuté, il a communié. » Une pluralité d’identités partagée avec ses camarades, qui contredit la version officielle du militant communiste granitique.

    Manouchian demandera deux fois la nationalité française

    Car avant même la fidélité au Parti communiste et à ses idéaux, c’est leur amour de la France qui prime chez ces étranges étrangers. Hugues Nancy a été particulièrement « frappé par la prépondérance de la Révolution française dans leur imaginaire ».

    Dans le film, on voit des images d’un album de photos prises par les prisonniers du camp de rétention de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques, à la frontière espagnole : « En 1939, les anciens brigadistes fêtaient les 150 ans de la Révolution » alors qu’eux-mêmes étaient en rétention administrative…

    Mieux, les recherches pour le film ont révélé qu’avant d’entrer en clandestinité, Manouchian « a demandé deux fois sa naturalisation pour pouvoir s’engager dans l’armée », rappelle Denis Peschanski. « C’est important symboliquement, quand on parle de l’entrée au Panthéon d’un étranger, communiste et amoureux de la France », complète Hugues Nancy.

    L’histoire recèle donc encore des détails que seul le travail minutieux des historiens pouvait révéler.

    La documentaliste, Hélène Zinck, a fait un « travail remarquable », insiste le réalisateur. C’est elle qui, par exemple, a trouvé dans les archives de la préfecture de police un autre album « absolument incroyable : les Allemands y recensent à la fois les attentats réels des FTP-MOI et des reconstitutions qu’ils avaient faites eux-mêmes pour en garder la trace ».

    L’historien, lui, met en avant « les agendas de la brigade spéciale numéro 2 des renseignements généraux, qui permettent une vision complète de l’importance politique et militaire de leur action ». La période, souvent traitée à la télévision, peut rendre le traitement en images un peu redondant, « mais la manière de les monter donne le sentiment de les redécouvrir ».

     

    « Ils sont rentrés dans l’histoire grâce à cette affiche, puis grâce à Louis Aragon »

    Le document qui donne son nom au film, l’Affiche rouge, est pour sa part devenu une icône de la Résistance et de l’histoire communiste. Car cette opération de propagande « destinée à montrer que la résistance est le fait des juifs, des métèques, des communistes, dans une thématique classique dénonçant le judéo-bolchevisme », précise Peschanski, s’est retournée contre les Allemands (et le Centre d’études anti-bolcheviques, mise en œuvre par des Français pour le compte de l’occupant).

    Elle a suffi à « déclencher de la sympathie » chez les Parisiens et les Français qui n’en pouvaient plus de cette occupation. « Ils sont rentrés dans l’histoire grâce à cette affiche, puis grâce à Louis Aragon. Mélinée la première a dit que s’il n’y avait pas eu l’affiche, sans doute aurait-on oublié Missak et ses camarades », rappelle l’historien. « Elle avait raison : cette affiche a symbolisé le combat des FTP-MOI. Ils sont devenus des héros grâce à elle. »

     

    Manouchian et ceux de l’Affiche rouge racontent « l’engagement communiste de ces jeunes gens qui voulaient changer le monde » et aussi « la façon dont le PCF les a accueillis » dans des structures dédiées aux étrangers qui « permettaient leur intégration ».

    Au final, il rappelle surtout – c’est toujours utile alors que le gouvernement actuel attaque le droit du sol et qu’on remet en cause les lois sur l’immigration – « la chance que sont les réfugiés politiques : une richesse pour le pays d’accueil », estime Hugues Nancy : « Ils sont la démonstration qu’on peut être réfugié et le premier à se battre pour la France et à mourir pour elle. »

    Manouchian et ceux de l’Affiche rouge, France 2, 21 h 10


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  • Au Mont-Valérien, une mémoire encore à découvrir

     

    Avant le Panthéon, le cercueil de Missak Manouchian passera la nuit de mardi à mercredi 21 février dans la crypte du Mont-Valérien, comme un retour triomphal à l’endroit de son exécution. L’occasion de découvrir ce haut lieu de mémoire, longtemps resté fermé au public.

     

     
     
    Durant la Seconde Guerre Mondiale, le Mont-Valérien a été le principal lieu d'exécution en France de résistants et d'otages.

     

    En pénétrant dans la clairière des fusillés,

    les murmures de la ville s’estompent.

    Au loin, la tour Eiffel et les gratte-ciel de la Défense découpent l’horizon. Mais Paris fait silence. Comme si le lieu imposait gravité et solennité, que seuls quelques piaillements d’oiseaux viennent troubler.

    Ici, à Suresnes, au sommet du Mont-Valérien, Missak Manouchian a été exécuté par les nazis, avec 21 de ses camarades des FTP-MOI. C’était un après-midi enneigé, le 21 février 1944. Quatre-vingts ans plus tard, le cercueil du résistant communiste arménien revient, ce mardi 20 février, à l’endroit de son exécution, sur cette imposante colline des Hauts-de-Seine, en surplomb de l’Ouest parisien.

    Missak Manouchian refera le parcours du jour de sa mort, mais cette fois victorieux, escorté par des représentants militaires, en présence de responsables du PCF, dont le secrétaire national Fabien Roussel. Il passera la nuit dans la crypte derrière le mémorial, avant d’entamer sa route vers le Panthéon, où il reposera avec son épouse Mélinée.

    Le moment sera important pour la mémoire communiste. Mais aussi pour le Mont-Valérien lui-même. Le lieu est longtemps resté quasiment fermé au public, réservé au recueil des familles des victimes et aux cérémonies commémoratives à tonalité gaulliste, notamment l’appel du 18 juin. Désormais, des visites guidées sont possibles. En 2023, 33 000 visiteurs, pour moitié des scolaires, ont arpenté l‘endroit.

     

    Un lieu mémoriel et un fort militaire

    « Jusqu’en 2010, le site était entouré de barrières et il fallait envoyer un fax aux autorités pour obtenir l’autorisation de visite », relate Jean-Baptiste Romain. Dans son impeccable costume vert olive, le directeur des hauts lieux de la mémoire en Île-de-France se fait guide pour l’Humanité.

    Il ambitionne de faire du Mont-Valérien un lieu mémoriel de premier ordre en France comme en Europe, dans les pas de son prédécesseur Antoine Grande, l’artisan de l’ouverture au public du site. La semaine du 21 février, ce féru d’histoire ne « dormira pas beaucoup » pour s’assurer que la cérémonie soit la plus réussie possible, confie-t-il avec le sourire du passionné.

     

    Mais pourquoi le Mont-Valérien est-il resté si longtemps verrouillé ?

    Le fait que les espaces mémoriels – l’esplanade, la crypte et la clairière des fusillés – soient très proches du fort militaire érigé en 1846, où quelques centaines de soldats opèrent toujours sous la protection de caméras et de barbelés, y est sans doute pour quelque chose. Mais pas seulement.

     

    Sur les 1 009 fusillés de 22 nationalités différentes recensés au Mont-Valérien, 65 à 70 % des victimes étaient communistes, parmi lesquels Gabriel Péri, journaliste à l’Humanité, député et résistant. Pourtant, le PCF s’est longtemps désintéressé de ce lieu, préempté par Charles de Gaulle.

     

    En 1960, le général fait ériger à l’entrée du Mont le mémorial de la France combattante, incarné par une immense croix de Lorraine en pierre. C’est à son ombre que la visite débute, là où brûle la « flamme éternelle de la Résistance ». Difficile de ne pas se sentir écrasé par l’imposante mystique gaulliste. « Les communistes se sont concentrés sur d’autres sites consacrés à la mémoire, comme le musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne », explique Jean-Baptiste Romain.

    Le directeur enfonce une petite clé dans la porte dorée à gauche de la croix de Lorraine et pénètre dans la crypte. Les pas résonnent dans la semi-pénombre. Seize cénotaphes (tombeaux vides) de résistants se déploient, recouverts des trois couleurs de la nation. Les corps sont enterrés en dessous.

    En 2021, Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération, y a trouvé sépulture. Mais les communistes en sont absents. « En passant la nuit du 20 au 21 février ici, Manouchian réconcilie ces mémoires de la Résistance », souligne Jean-Baptiste Romain.

     

    La résistance des agents communaux

    Un long escalier en marbre conduit ensuite vers l’extérieur et la clairière. Le visiteur prend de la hauteur et a panorama sur la région parisienne. Difficile d’imaginer qu’il y a quatre-vingts ans, en lieu et place de cet océan de béton, s’étendaient de vastes étendues maraîchères. Le fort militaire était ainsi isolé de la ville, tout en ayant une vue imprenable sur la campagne, rendant vaine toute tentative de s’en échapper.

    Jean-Baptiste Romain marque le pas avant la clairière et embrasse le lieu d’un ample geste du bras : « Les Allemands veulent, pendant la guerre, que le Mont-Valérien et ce qu’il s’y passe soient connus. Il a vocation à dissuader d’entrer en résistance et la presse collabo va relayer cette propagande. » À gauche, la montagne suresnoise a déjà tissé sa légende noire. Lors de la bataille de Rueil, en avril 1871, les canons versaillais ont massacré l’armée communarde qui tentait de prendre le fort.

    À quelques mètres, une grille noire barre une route de terre. Celle que les camions allemands empruntaient en quittant le Mont-Valérien, chargés des dépouilles des fusillés pour aller les disséminer dans les cimetières de la région parisienne, en particulier à Ivry. Les corps de Missak Manouchian et de ses camarades ont, eux aussi, pris cette route.

     

    À partir de 1943, la préfecture de police de Paris réclame que les fusillés soient enterrés anonymement, de peur de créer des lieux de mémoire, des tombes de martyrs qu’on viendrait fleurir. Consigne est donnée de n’en garder aucun registre. Les agents communaux n’en feront rien et vont désobéir. Une sorte de résistance de basse intensité, qui pourtant pouvait coûter très cher, et qui a permis, à la fin de la guerre, aux familles de retrouver les leurs et aux historiens de faire leur travail.

     

    Qu’ont pensé les camarades de l’Affiche rouge, quelques secondes avant que les fusils allemands ne crachent leur feu ?

    Impossible à savoir. En revanche, l’endroit exact de l’exécution est connu, grâce à une série de trois photographies, les seules images de fusillades au Mont-Valérien existant à ce jour, montrées sur le parcours.

     

    Ces clichés, dont on ne sait pas encore avec certitude s’ils ont été pris en secret ou à la vue de tous, ont pour auteur l’allemand Clemens Rüther, conducteur de convois de prisonniers. Ce sous-officier, que certaines sources décrivent comme catholique et antinazi, a gardé secrètes ses photos pendant quarante ans.

    Puis, la culpabilité, peut-être, ou l’envie de se débarrasser de ce legs encombrant, qui sait, l’ont poussé à les confier à un comité pour la mémoire.

    L’avocat chasseur de nazis Serge Klarsfeld contribue à les authentifier, dans les années 2000. Manouchian n’y apparaît pas mais certains FTP-MOI si, dont Marcel Rajman et Celestino Alfonso.

     

    La chapelle et ses graffitis

    Le peloton d’exécution, lui, se tenait à quelques mètres, là où une grosse dalle en pierre commémore les « 4 500 résistants fusillés par l’ennemi » au Mont-Valérien. Un chiffre erroné, fruit d’une sorte de consensus officieux après guerre, qui satisfaisait à la fois le récit gaulliste et celui, communiste, du « parti des 75 000 fusillés ».

    La visite s’achève dans une petite chapelle, à une soixantaine de mètres du pas de tir. Jean-Baptiste Romain recontextualise : « Le Mont-Valérien n’était pas une prison, les condamnés n’y dormaient pas. Manouchian a passé sa dernière nuit à Fresnes. En revanche, ils attendaient dans cette chapelle d’aller à la mort. » Parfois, les nazis tuaient jusqu’à 80 personnes en une journée. Notamment en 1942.

     

    En témoigne la vertigineuse liste de noms égrenés sur le monument aux morts en forme de cloche, œuvre du plasticien Pascal Convert. Près d’un tiers des fusillés ont été exécutés cette seule année. Depuis la chapelle, ceux qui patientent entendent les coups de feu et les camarades qui tombent comme des mouches – le rythme presque industriel de la barbarie nazie.

    Sur les murs de l’édifice religieux, que l’humidité, inlassable, ronge au point de nécessiter plusieurs restaurations par an, des messages laissés pendant la guerre par certains prisonniers sont encore lisibles. « FTP – France d’abord », « Vive la France, vive l’URSS »…

    En tout, 23 graffitis ont été laissés. Comme un clin d’œil aux 23 des FTP-MOI, même s’ils n’en sont pas les auteurs.

    Cette nuit, tous les fantômes du Mont-Valérien veilleront sur Missak Manouchian.


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  • Manouchian, loi immigration, RN... 

    Emmanuel Macron face à l’Humanité

     

    À l’occasion de l’entrée au Panthéon, le 21 février, des résistants communistes Missak et Mélinée Manouchian, le président de la République a répondu aux questions de l’Humanité.

    Une première pour notre titre.

    Et l’occasion inédite de l’interroger sur ses conceptions de la nation, de l’immigration et sur sa responsabilité dans la montée de l’extrême droite.

     

    Maud Vergnol Cyprien Caddeo Emilio Meslet Rosa Moussaoui
     
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    Emmanuel Macron a répondu aux questions des journalistes de l'Humanité, le 16 février 2024, à l'Elysée.

    C’est une première qui n’allait pas de soi.

    En cent-vingt ans d’histoire, l’Humanité n’avait jamais réalisé d’entretien avec un président de la République en exercice.

    Pourtant, vendredi 16 février, en fin de matinée, quatre de nos journalistes se sont rendus à l’Élysée pour interviewer Emmanuel Macron.

    L’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon parachève la reconnaissance par la nation de la Résistance communiste étrangère.

    Un geste mémoriel inédit, essentiel, bien qu’en contradiction complète avec la politique conduite par Emmanuel Macron : une politique ultralibérale, antisociale, qu’une majorité de Français juge autoritaire et que nous dénonçons chaque jour dans nos colonnes.

    Le récit élyséen entend faire de ces résistants des martyrs portés par le seul amour de la patrie : ils étaient antifascistes, internationalistes.

    Avec la mémoire de Missak Manouchian pour fil rouge, cet entretien déplie une vision de la nation, de l’immigration, du combat contre l’extrême droite, de la question sociale en complète rupture avec les convictions, les principes qui guidaient les immigrés des FTP-MOI.

    À nos questions sans concession, le président de la République répond sans détour, en défendant pied à pied sa politique. Dans cet échange vif et franc, Emmanuel Macron est resté fidèle à lui-même. L’Humanité aussi.

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    Mercredi 21 février, avec Missak Manouchian, résistant étranger, apatride, la Résistance communiste entrera enfin au Panthéon. Comprenez-vous que votre choix surprenne, tant son combat paraît aux antipodes de votre projet politique ?

    Non, car ses combats rejoignent les idéaux républicains. Pour la seconde fois, après Joséphine Baker, un « Français de préférence » entre au Panthéon. Ce choix correspond à l’idée républicaine et est cohérent avec la politique à laquelle je crois. C’est une façon de faire entrer toutes les formes de la Résistance intérieure, dont certaines trop longtemps oubliées.

    Soixante ans après Jean Moulin, la panthéonisation de Missak Manouchian et de ses camarades est un acte de reconnaissance des FTP-MOI et de tous ces juifs, Hongrois, Polonais, Arméniens, communistes, qui ont donné leur vie pour notre pays. C’est pour cela aussi, au-delà de Manouchian et de ses camarades, que j’ai fait reconnaître « Morts pour la France » les résistants fusillés du Mont-Valérien.

     

    Vous reprenez les mots d’Aragon, « Français de préférence », mais pour leur faire dire l’inverse de ce que le poète avançait avec le vers « Nul ne semblait vous voir français de préférence »…

    Je ne mets pas de virgule après Français. Ces « Français de préférence » sont les Français de choix et de sang versé. Ils étaient apatrides car le droit français et européen ne permettait pas de reconnaître ces destins dans la République. Ce n’est qu’à l’issue de la Seconde Guerre mondiale que la France a reconnu le droit d’asile sous la forme que nous connaissons.

    Lors du 75e anniversaire du débarquement en Provence, j’ai souligné le rôle des non-Français, venus du continent africain, qui ont participé à la libération du pays. C’est une façon de regarder autrement notre histoire, d’inventer une autre relation avec nos compatriotes dont les familles viennent d’ailleurs. C’est reconnaître ce qui fait le cœur de la nation.

     

    Vous insistez sur son engagement patriotique. Manouchian aimait la France, non pas tant pour son « long manteau de cathédrales » que pour ce qu’elle représentait à ses yeux : « La patrie des droits de l’Homme », héritière de la Révolution française. Les 23 du groupe Manouchian étaient résolument engagés dans la lutte antifasciste et internationaliste. Que faites-vous de cette dimension de leur combat ?

    Elle est centrale. La cérémonie de mercredi, avec la remontée de la rue Soufflot, marquera trois temps pour scander les trois grandes étapes de la vie de Manouchian. Il est d’abord enfant du génocide arménien, que la France a reconnu. Il était aussi ouvrier, internationaliste, communiste, poète. Il a d’ailleurs écrit un poème pour votre journal. Et il fut ce grand résistant, prenant tous les risques pour ses idéaux jusqu’à périr sans « aucune haine ».

     

    Marine Le Pen a reçu une invitation protocolaire comme présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale pour assister à la cérémonie. Cette panthéonisation aura-t-elle du sens si l’héritière politique des bourreaux de Manouchian est là ?

    Mon devoir est d’inviter tous les représentants élus par le peuple français. Est-ce au président de la République de dire qu’un élu du peuple français siégeant au Parlement est illégitime ? Non. Le président de la République n’a pas à faire le tri entre eux.

    Comme pour l’hommage à Robert Badinter dont les élus du RN étaient absents, l’esprit de décence, le rapport à l’histoire devraient les conduire à faire un choix. Je combats les idées du RN et je l’ai même défait par deux fois. Les forces d’extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes, compte tenu de la nature du combat de Manouchian. Mais je ne vais pas, moi, par un geste arbitraire, en décider.

     

    Par ces propos, ne contredisez-vous pas votre premier ministre Gabriel Attal lorsqu’il affirme que « l’arc républicain, c’est l’Hémicycle » ?

    L’Assemblée nationale accueille toutes les forces élues par le peuple. Est-ce que toutes adhèrent à la République et ses valeurs ? Non. C’est aussi vrai pour des groupes d’extrême gauche.

     

    Vous les mettez sur le même plan, sérieusement ?

    J’estime que, par leurs positions, certaines personnalités de la France insoumise combattent les valeurs de la République. Même si je ne pose pas d’équivalence entre les deux extrêmes. Je n’ai jamais considéré que le RN ou Reconquête s’inscrivaient dans l’« arc républicain ».

    Le RN est à l’Assemblée, ses députés votent les lois et l’Assemblée nationale leur a confié des responsabilités. On ne peut pas en faire abstraction. En revanche, j’ai toujours considéré, comme avec la loi immigration, que les textes importants ne devaient pas passer grâce à leurs voix. Ce distinguo suffit à dire où j’habite.

     

    Entre 2017 et 2022, Marine Le Pen a gagné plus de 2,5 millions de voix. Vous disiez vouloir tout faire, pendant votre quinquennat, pour que les électeurs n’aient « plus aucune raison de voter » pour elle. Quelles leçons tirez-vous de cet échec ?

    Ce serait un échec si Marine Le Pen était ici à ce bureau à vous parler.

     

    Il n’est pas impossible que cela arrive en 2027, bien que nous n’irions pas l’interroger…

    Je n’ai pas l’esprit de défaite. Si je n’avais pas été au second tour en 2022, elle aurait sans doute eu plus de chances de l’emporter. La capacité à unir des démocrates sociaux jusqu’à la droite pro-européenne et raisonnable était la condition pour accéder au second tour et la défaire.

    À qui la responsabilité ? Des politiques très à gauche menées dans les années 1980 ont conduit à l’entrée, à l’Assemblée, du Front national, résolument antisémite et négationniste, ce que n’est plus ouvertement le RN. Tout cela doit conduire à l’humilité.

    La désindustrialisation comme le sentiment de déclassement ont nourri l’extrême droite. Nous avons commencé à y répondre avec la baisse du chômage et le début de la réindustrialisation. C’est un long processus.


     
     

    Admettez que cela ne se traduit pas dans les urnes…

    Regardons autour de nous. Quand je suis élu en 2017, l’AfD n’existe quasiment pas en Allemagne. Elle est aujourd’hui la deuxième force du pays. L’extrême droite a flambé en Espagne et en Pologne, elle a gagné en Italie et aux Pays-Bas.

    Le sentiment de perte de contrôle alimente le RN. Beaucoup de ses électeurs considèrent l’Europe comme un monde trop ouvert, trop compliqué. Donc la formule magique serait le retour au nationalisme.

     

    Le sentiment de déclassement se nourrit aussi de la montée des inégalités, qui ont explosé depuis 2017. Vous avez stigmatisé « ceux qui ne sont rien », vous êtes vu comme le président des riches et un ministre sur deux est millionnaire. N’est-ce pas le meilleur carburant pour l’extrême droite ?

    Je récuse cela factuellement : les inégalités n’ont pas explosé. L’Insee a même documenté le contraire en rappelant que nos mesures ont permis de soutenir le revenu des ménages, en particulier des plus modestes, d’abaisser le taux de pauvreté de près d’un point en 2022 et d’augmenter de 3,3 % le niveau de vie des 10 % les plus modestes.

     

    Nous avons réarmé les services publics. Nous avons dépensé plus de 60 milliards pour l’hôpital, augmenté les salaires des infirmières, des aides-soignants et des médecins, mais aussi des professeurs, comme jamais depuis 1990.

    Je veux bien qu’on me reproche une politique libérale qui aurait creusé les inégalités, mais j’ai augmenté de façon inédite les budgets de l’éducation nationale, de la santé, de la justice et de la sécurité. Grâce à tout cela, la France est un des pays au monde où les inégalités après redistribution sont les plus faibles.

     

    Après sept ans au pouvoir, vous n’auriez aucune responsabilité dans la montée de l’extrême droite ?

    Je ne dis pas que j’ai tout réussi. Nous avons tous des responsabilités, mais la caricature que vous faites de ma politique est fausse. Les chiffres le prouvent.

     

    L’Insee recense 9,1 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté, soit 14,5 % de la population…

    Cette situation prévalait auparavant. Nous avons traversé la pandémie de Covid, le choc lié à la guerre en Ukraine, la crise de l’inflation… et nous avons réussi à protéger les Français pour sauvegarder leur pouvoir d’achat, notamment celui des moins favorisés. Chez nos voisins, c’est bien pire.

    Les chiffres que vous citez sont ceux de la pauvreté relative, c’est-à-dire que c’est parce que les revenus ont progressé de manière historique que le seuil de pauvreté s’est fortement élevé. Dans notre pays, les forces d’extrême gauche proposaient un Smic à 1 400 euros ; nous y sommes.

    Depuis 2017, le Smic a progressé de près de 20 %. Pendant la crise de l’inflation, les données montrent que le pouvoir d’achat des classes moyennes a été soutenu plus que dans d’autres pays. Il est donc faux de dire que ma politique serait antisociale.

     

    En 2022, dans votre interview du 14 Juillet, vous expliquiez qu’« une nation, c’est un tout organique ». On pense à Barrès, avec la Terre et les morts. Deux ans plus tôt vous repreniez – à propos de la sécurité – l’opposition maurrassienne entre le « pays légal » et le « pays réel ». Vous parlez aussi de « décivilisation »… Pourquoi emprunter le langage de l’extrême droite ?

    Sur le « tout organique », Jaurès et Péguy ont dit la même chose… Je déteste cette façon de raisonner par contiguïté. Ce n’est pas parce que quelqu’un avec lequel vous n’êtes pas d’accord utilise un mot qu‘il lui appartient.

    Le processus de civilisation est un concept de Norbert Elias. Vous êtes parfois de drôles de censeurs. Vous finissez par voir le monde avec le référentiel de l’extrême droite. Il ne faut pas lui laisser la capacité à nommer le réel. On me fait un procès totalement fou.

     

    Avec l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon, la République reconnaît que l’immigration, en l’occurrence irrégulière, fait la France. Cela intervient deux mois après le vote de la loi à l’occasion de laquelle vous avez déclaré que « la France a un problème d’immigration ». Est-ce qu’on ne touche pas là aux limites du « en même temps » ?

    Pas du tout. Il s’agit de reconnaître ce que des apatrides qui fuyaient un génocide ont pu apporter à notre pays et, en même temps, de contrôler les frontières. Du temps de Manouchian, la France contrôlait ses frontières.

    Parmi les FTP-MOI, d’autres sont venus pour des raisons économiques…

    Cela a toujours été le cas dans notre pays et cela continuera. Je n’ai jamais dit pour ma part que j’étais contre l’immigration. Une chose est de dire que l’on veut maîtriser le phénomène migratoire, ce qui me semble légitime, une autre est de donner sa place à chacun.

    Quand Manouchian est arrivé en France, l’asile sous la forme actuelle, née de la Seconde Guerre mondiale, n’existait pas. Il serait aujourd’hui protégé par la République. C’est là que nous avons un vrai désaccord. Dans le débat politique sur la loi immigration, vous avez voulu me mettre dans un camp, ce que je récuse. J’ai toujours défendu le droit d’asile. Le texte est très clair à ce sujet.

     

    Pourtant, des personnes fuyant des pays en guerre sont déboutées du droit d’asile…

    C’est à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides – NDLR) d’en juger. Très peu de demandes sont refusées, les taux sont énormes.

    Seulement 42 % des dossiers acceptés…

    Beaucoup plus dans les pays en guerre ! Et le tout est sous le contrôle du juge ! Il est légitime de vouloir préserver ses frontières, surtout dans un pays où le modèle social est très généreux, où il faut préserver la cohésion de la nation. La France a constitutionnalisé le droit d’asile en Europe. Je le défends et je le défendrai, en dépit des attaques de l’extrême droite et d’une partie de la droite.

    Notre système est devenu totalement inefficace pour lutter contre l’immigration clandestine. Cent vingt mille demandes d’asile ont été formulées l’année dernière et, en attendant, les personnes qui sont sur notre sol ont accès à l’hébergement inconditionnel, à la scolarisation de leurs enfants et aux premiers soins.

    On peut me faire tous les procès du monde, mais lorsque j’ai été élu en 2017, nous n’avions que 96 000 places d’hébergement d’urgence. Aujourd’hui, il y en a 200 000, avec plus de 2 milliards d’euros investis. Plus de 60 % de ces places sont occupées par des personnes en situation irrégulière. La République est à la hauteur de ce qu’elle doit faire. Mais nos procédures étaient trop complexes et trop lentes. Le texte de loi vise à réduire leurs délais.

     
     

    Vous avez qualifié la loi immigration de « bouclier qui nous manquait ». Un bouclier contre quoi exactement, contre qui ?

    Contre les passeurs et les réseaux d’immigration clandestine qui prospèrent sur la misère du monde, en particulier sur le continent africain… Cette loi, associée au pacte asile et immigration finalisé au niveau européen, démantèle leurs réseaux qui profitent de la faiblesse de notre droit.

    Pensez-vous vraiment qu’un seul passeur libyen va cesser ses activités parce que la loi immigration a été adoptée ?

    Elle va nous permettre de débouter plus vite des gens auxquels ils font de fausses promesses. Cela permet une attrition de la source, avec ce signal : vous pouvez venir en France, mais par les voies régulières, avec un visa. Pour la cohérence de notre pays, nous devons être fermes car l’immigration clandestine provoque un sentiment de perte de contrôle, celui de ne pas maîtriser nos frontières.

    Vous dites que l’immigration menace la cohésion de la nation ?

    Vous n’êtes pas précis. Oui, s’il s’agit de l’immigration clandestine. Si elle n’est pas maîtrisée, elle menace la cohésion de la nation.

    En quoi ?

    La nation, ce sont des droits et des devoirs. Si elle est ouverte à tous les vents, que les immigrés irréguliers peuvent avoir accès à des droits sans y contribuer, qu’est-ce que cela produit ? Pourquoi croyez-vous que les classes populaires se tournent vers le RN ? Ne laissez pas le combat contre l’immigration clandestine à l’extrême droite.

    « Acceptez et reconnaissez que je porte une politique qui n’est pas celle de l’extrême droite. »

    Emmanuel Macron

    Ce combat est républicain. Acceptez et reconnaissez que je porte une politique qui n’est pas celle de l’extrême droite. Je n’ai jamais eu un mot contre l’immigration. Mais vous ne pouvez quand même pas défendre l’immigration clandestine…

     

    Bien des FTP-MOI étaient des clandestins…

    Vous parlez d’un temps où l’asile n’existait pas. Manouchian ne serait pas expulsé aujourd’hui, il aurait à la seconde la protection de la République, puisqu’il venait d’un pays frappé par un génocide.

    Mais aucun républicain digne de ce nom ne peut défendre l’immigration clandestine et l’absence de règles. Cela ne signifie pas que nous cesserons d’accueillir en France. Ce texte de loi va permettre des milliers de régularisations.

    À la discrétion des préfets…

    Mais heureusement ! Le préfet, c’est l’État.

    Ce n’est pas ce que prévoyait le texte initialement proposé par le gouvernement.

    Un droit opposable à la régularisation n’aurait pas de sens. Le texte initial n’était pas assez précis. Dix mille personnes travaillent aujourd’hui sur notre sol et ne sont pas régularisables. Elles le seront grâce à la loi. C’est un bon texte.


     
     

    Un texte que Marine Le Pen tient pour une « victoire idéologique »…

    C’est, je l’ai dit, une manœuvre de garçon de bain, et tout le monde est tombé dans le panneau. Marine Le Pen affirmait, à la veille du vote, que si la loi prévoyait des régularisations, elle ne la voterait jamais. Finalement, elle a fait le coup du sombrero et tout le monde s’est fait avoir.

    Elle n’a rien défendu de ce texte. Elle combat les régularisations : la loi immigration les facilite pour les métiers en tension. Elle prône la préférence nationale : rien dans ce texte n’en relève. Elle refuse la scolarisation des enfants d’étrangers : nous les scolarisons.

    Pour toutes ces raisons, j’estime qu’en insinuant que tout se vaut, vous êtes dangereux. Je me permets de vous le dire parce que vous l’affirmez suffisamment à mon propos dans vos colonnes ! Je lis l’Humanité tous les matins. Vous êtes injustes avec le combat que je porte et vous accréditez l’idée selon laquelle je mènerais une politique d’extrême droite.

    Le ministre de l’Intérieur annonce la fin du droit du sol à Mayotte. Pourquoi cette atteinte à un principe fondateur de la nation française ?

    Il ne faut pas se focaliser uniquement sur le droit du sol. C’est un département français au cœur des Comores. Des familles y circulent et arrivent en France, via Mayotte, où elles ont accès à des prestations complètement décorrélées de la réalité socio-économique de l’archipel. Cela provoque un énorme appel d’air. À cela s’ajoute un nouveau phénomène, ces derniers mois, compte tenu des difficultés sécuritaires dans la région des Grands Lacs : une arrivée massive de personnes en provenance de Tanzanie et d’autres pays.

    Mais je vous le dis : restreindre le droit du sol pour Mayotte ne signifie pas de le faire pour le reste du pays. La deuxième grande mesure – et sans doute la plus nécessaire – pour casser le phénomène migratoire est la restriction de l’accès aux droits sociaux pour les personnes en situation irrégulière. Mayotte est la première maternité de France, avec des femmes qui viennent y accoucher pour faire des petits Français. Objectivement, il faut pouvoir répondre à cette situation. Je reste très profondément attaché à ce droit pour la France.

     
     
     

    Pourquoi cette atteinte à la République « une et indivisible » alors que Gérald Darmanin lui-même admet que cette mesure « ne suffira pas » ?

    Ce n’est pas une attaque à la République indivisible car la Constitution la reconnaît aussi comme plurielle et décentralisée. Nous pouvons adapter la Loi fondamentale aux territoires ultramarins : nous l’avons fait pour la Polynésie française, pour la Nouvelle-Calédonie.

    Il est légitime de poser cette question car les Mahorais souffrent. Ils ont d’ailleurs accueilli très positivement cette proposition, quelles que soient leurs sensibilités politiques. Nous devons casser le phénomène migratoire à Mayotte, au risque d’un effondrement des services publics sur l’île.

    Manouchian se battait pour un projet politique, celui qui a pris corps dans le programme du CNR. Celui-ci consignait notamment l’ambition de rétablir « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance vis-à-vis des puissances financières ». Aujourd’hui, une poignée de milliardaires possède l’écrasante majorité des grands médias : pourquoi laisser faire une telle concentration ?

    Nous ne laissons pas faire, nous respectons la loi.

    La loi peut être changée…

    Oui, c’est pour cette raison que j’ai lancé les états généraux de l’information. Au demeurant, vous le savez bien, tous les titres indépendants qui rencontrent des difficultés trouvent auprès de l’État un appui financier, au nom du pluralisme.

    Considérez-vous cette concentration dans le secteur des médias comme un danger ?

    Bien sûr. Mais à quoi est-elle due ? Sans modèle économique, soit l’information est un service public, soit c’est un produit d’influence. Avec toutes les dérives que cela peut induire. Pour que des journalistes puissent informer en toute indépendance, avec une déontologie, dans un contexte pluraliste, il faut un cadre et je suis attaché à celui qui a été inventé après guerre, avec un soutien de l’État.

    Des propositions en ce sens vont-elles émerger de ces états généraux de l’information ?

    Je ne vais pas les préempter. Mais je suis convaincu qu’il faut faire ce travail. Nous avons maintenu, et accru, dans les périodes difficiles, les aides à la presse. Ce n’est plus suffisant. Avec le numérique, un phénomène très grave s’affirme : la commoditisation de vos métiers. N’importe qui peut se prétendre journaliste. Il n’y a plus de régulation.

    Or l’information a un coût. Sa production est guidée par une déontologie. Les réseaux sociaux abolissent le rapport à l’autorité, c’est-à-dire à la reconnaissance de l’auteur. C’est un vrai problème démocratique. Ces états généraux vont nous proposer, je l’espère, des règles, un modèle économique pour garantir le pluralisme. Sans cela, seuls des gens fortunés pourront posséder des titres de presse, mis au service soit de leurs intérêts, soit de projets politiques.

    Sur ce point, beaucoup vous ont reproché votre silence au moment de la prise de contrôle du JDD par Vincent Bolloré.

    Si j’étais indifférent, je n’aurais pas lancé ces états généraux. Mon rôle n’est pas de m’opposer à la prise de contrôle d’un journal si celle-ci est conforme à la loi. C’est de pouvoir dire que quelque chose ne tourne pas rond quand trop de titres se concentrent dans la main de quelques-uns.

    Gilets jaunes, mobilisation contre la réforme des retraites, mouvement climat… le Conseil de l’Europe comme l’ONU se sont régulièrement inquiétés d’un « usage excessif de la force » sous vos deux mandats. Mesurez-vous les conséquences démocratiques de cette violence opposée aux mouvements sociaux ?

    Oui, et c’est la raison pour laquelle nous avons révisé notre doctrine de maintien de l’ordre. Je suis tout cela avec beaucoup de vigilance. Mais ce qui m’inquiète surtout, c’est la montée de la violence dans la société. Il serait malhonnête de dire que les forces de l’ordre sont violentes de manière spontanée. Elles sont au service de l’ordre républicain.

     

    Des syndicalistes ont été la cible de violences…

    J’ai toujours salué l’esprit de responsabilité des forces syndicales, dont les cortèges se tiennent, qui jouent le jeu de la coopération avec les forces de l’ordre. Il n’en demeure pas moins que des minorités au sein de ces forces, mais surtout des éléments extérieurs, veulent installer une violence de rue.

     

    La République garantit le droit de manifester, de protester ; elle abolit la violence dans la société. Je serai intraitable sur les questions de déontologie. Mais je pense à tous nos policiers et nos gendarmes engagés pour protéger et servir les lois de la République, dont certains sont blessés à vie. Oui aux mobilisations, oui à l’expression de désaccords, mais jamais dans la violence.

    Vous avez déclaré, au soir de votre réélection : « Je sais que nombre de nos compatriotes n’ont pas voté ce jour pour soutenir les idées que je porte. Ce vote m’oblige. » Retraites, assurance-chômage, loi immigration… concrètement, à quoi vous a obligé ce vote ?

    Vous le verrez d’ici à la fin de mon mandat. Je sais que beaucoup d’électeurs de gauche étaient très opposés à la réforme des retraites.

    Pas seulement la gauche, une majorité de Français.

    Croyez-vous que j’ai fait cette réforme de gaîté de cœur ? Non. Mais si nous ne l’avions pas conduite, nous serions dans de grandes difficultés, alors que nous sommes déjà le pays d’Europe avec le plus gros déficit public, avec le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé.

    Je ne peux pas vous dire je veux une France plus forte, dans un moment où la guerre revient en Europe, sans faire de réformes pour travailler davantage. Celle-ci figurait dans mon programme. C’est cela, la démocratie, la République. Je suis, ce faisant, dans la même situation que tous mes prédécesseurs.

    J’essaie d’appliquer le projet pour lequel j’ai été élu et qui m’a placé largement en tête du premier tour en 2022. Je ne vais pas m’excuser d’avoir fait 28 %. Je sais que beaucoup n’adhéraient pas à ce programme. Mais c’est le cas pour toute élection. Celle de François Mitterrand, en 1981, a-t-elle mobilisé, au second tour, seulement des partisans du programme commun ?

    Il n’a pas été élu au terme d’un second tour face à l’extrême droite…

    Non, mais je suis élu dans un contexte où il n’y a plus de grandes manifestations comme en 2002. C’est la société qui a normalisé et banalisé l’extrême droite. Elle est invitée sur tous les plateaux de télévision depuis plus de dix ans.

    Je sais aussi la responsabilité qui est la mienne pour essayer de porter le projet démocrate et républicain, en prenant en compte la pluralité des opinions. C’est ce que je fais avec Manouchian sur le plan symbolique. Je continuerai de le faire dans le réel.


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  • Rouge ViF !

    Rhétorique sur le droit et le devoir...

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  • Face au droit de grève :

    un "devoir de travailler" ?

     

    Dans "Entre les lignes", chaque dimanche sur franceinfo,

    Clément Viktorovitch décrypte les discours,

    analyse les paroles des politiques qui font l'actualité.

     

    Youtube >>>>>

    https://www.youtube.com/watch?v=nEJwsvPYz2U

     


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  • CNews et l'ARCOM :

    le problème Roch-Olivier Maistre

    Arrêt sur Images >>>>>


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  • Rouge ViF !

    "Procès très politique..."

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