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  • "Tellement précieux et tellement rare" :

    la riche histoire du vase gallo-romain

    découvert à Autun

    Ce vase, daté du IVe siècle après JC, comme de nombreux autres objets découverts dans une nécropole de Sâone-et-Loire, est au cœur de l'exposition "D'un monde à l’autre", au Musée Archéologique national de Saint-Germain-en-Laye.
     

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  • [Semaine du Lundi 19

    au Dimanche 25 Février 2024...

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  • La Lettre d'Ensemble n°92
    22 Février 2024


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  • Ukraine :

    après deux ans de guerre,

    le spectre de la défaite

     

    Depuis l’invasion par la Russie, le 24 février 2022, les Ukrainiens ont résisté malgré des pertes considérables. L’année 2023 a été marquée par plusieurs échecs et un enlisement du conflit. Certains observateurs craignent que l’essoufflement conduise à des défaites plus prononcées pour le pays lors de la troisième année de conflit.

     
     
     

    Depuis l’invasion russe, le 24 février 2022,

    729 jours de combats se sont écoulés.

     

    La fatigue et l’usure se font sentir parmi les troupes ukrainiennes et russes.

    Alors que les deux pays se dirigent vers une troisième année de guerre, les pertes – morts, blessés et disparus – dépasseraient le chiffre de 700 000, selon diverses sources de renseignements.

    Un fardeau énorme pour les deux sociétés.

    L’Ukraine, avec ses 40 millions d’habitants dont 10 millions partis en exil, en paie le prix fort.

     

    La fin d’un an de bras de fer

    Sur le terrain, malgré les échecs de la contre-offensive de Kiev au printemps, les gains russes comme à Avdiivka demeurent limités. Si certains anticipent un enlisement sur le long terme, d’autres observateurs, dont le général Olivier Kempf, directeur du cabinet de synthèse stratégique La Vigie, alertent sur un succès révélateur sur l’état des troupes ukrainiennes qui, « dans cette guerre d’usure, semblent davantage touchées par l’attrition que les Russes ».

    Le chercheur associé à Fondation pour la recherche stratégique poursuit : cette bataille « vient clore une année de bras de fer. En février 2023, les Ukrainiens sortaient de la reprise de la rive droite du Dniepr et de la saisie de positions à l’est de l’Oskil. Ils recevaient des matériels occidentaux en nombre et l’état d’esprit était fort optimiste. Chacun croyait à leur victoire. Puis il y eut la contre-offensive en juin, son échec patent dès le mois d’août, puis la reprise de la poussée russe dès octobre. La prise d’Avdiivka conclut donc un cycle qui a inversé les rapports de force et les perceptions ».

    Face à cette situation, si le soutien des Européens reste massif, à peine 10 % pensent désormais que l’Ukraine peut vaincre la Russie, selon une enquête de YouGov et Datapraxis pour le centre de recherche Conseil européen des relations internationales (ECFR). Le sondage diffusé ce 21 février par The Guardian, a été mené dans douze pays de l’Union européenne (Allemagne, Autriche, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède).

    L’un des auteurs du rapport, Mark Leonard, de l’ECFR, estime que la plupart des Européens « veulent désespérément empêcher une victoire russe » mais ne croient pas que Kiev puisse gagner militairement. L’argument le plus convaincant pour une opinion de plus en plus sceptique est que la poursuite de l’aide « pourrait conduire à une paix durable et négociée qui favorise Kiev (…) plutôt qu’une victoire de Poutine ».

     

    Vers un conflit gelé ?

    Les négociations entre les deux pays semblent peu probables. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision Rossiya 1, le 18 février, Vladimir Poutine a réaffirmé que « ce qui se passe » en Ukraine est une « question de vie ou de mort » pour la Russie. Le président russe a expliqué vouloir faire « comprendre notre état d’esprit, comprendre à quel point ce qui se passe autour de l’Ukraine est sensible et important pour notre pays ». Plusieurs diplomates constatent que l’impasse actuelle risque de déboucher sur un conflit gelé.

    L’efficacité des livraisons d’armes supplémentaires promises par les Occidentaux ne modifierait pas en profondeur le champ de bataille. « Rien de tout cela n’a en réalité vraiment fonctionné. Certains continuent aujourd’hui de fantasmer sur l’arrivée des F-16, mais leur apparition en 2024 ne devrait pas non plus changer le cours du conflit », note Igor Delanoë de l’Observatoire franco-russe.

    De son côté, le général Olivier Kempf se montre plus inquiet : « Il n’est aujourd’hui plus sûr que l’Ukraine puisse résister tout au long de 2024 en attendant que les prochains renforts (F-16 ou autres) arrivent et rééquilibrent le rapport de force (…). Car une guerre d’usure est une guerre de logistique. L’Ukraine manque de tout et l’Europe ne lui donnera pas tout cela, car cela aurait signifié une montée en puissance de l’appareil industriel. »

     

    Un bloc occidental soudé mais isolé

    Pour les États-Unis, l’invasion de l’Ukraine par la Russie représente toujours deux ans après une contrainte et une aubaine. Elle est intervenue alors que l’administration Biden voulait accélérer le « pivot asiatique » décidé sous la présidence de Barack Obama.

    Ce virage stratégique reposait sur un double constat : l’échec des guerres de Bush et une montée en puissance de la Chine supérieure à ce que les élites américaines avaient prévu dans les années 1990. Il vise à délaisser les « terrains » habituels (Europe et Moyen-Orient) afin de se concentrer sur l’Indo-Pacifique, épicentre de la rivalité entre les États-Unis et la Chine.

    Dès l’entrée des chars russes en Ukraine, Joe Biden décide de peser en faveur de Kiev tout en voulant éviter d’apparaître comme un cobelligérant face à la puissance nucléaire qu’est la Russie. Il tente, ces jours-ci, de faire avaliser par le Congrès une nouvelle aide de 60 milliards de dollars.

    Pour le président alors en fonction depuis un an, cette guerre est aussi le moyen de résumer la géopolitique mondiale en un conflit entre les démocraties et les régimes autoritaires, et d’englober dans cette dernière catégorie la Russie de Poutine, mais aussi et surtout la Chine de Xi Jinping.

    Côté européen, on a répondu dans le désordre, mais plutôt sur le registre d’un alignement atlantiste. Emmanuel Macron a multiplié les zigzags diplomatiques mais a finalement décidé que la France rejoindrait la cohorte des pays gonflant leurs budgets de défense.

     

    Avec ses récents propos sur l’Otan, Donald Trump a donné du grain à moudre aux adeptes d’une Europe de la défense, au premier rang desquels le président de la République. Face à la « menace russe », le « bloc » des pays occidentaux s’est donc à la fois ressoudé derrière le leadership américain, mais aussi isolé sur la scène internationale, en raison de son soutien inconditionnel au gouvernement de Benyamin Netanyahou.

     

    Le Sud global face à l’impasse de la guerre

    La résolution du 2 mars 2022 des Nations unies qui « déplore dans les termes les plus énergiques l’agression commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine » a été votée par 141 États ; seuls 5 s’y sont opposés (Russie, Biélorussie, Érythrée, Corée du Nord, Syrie) et 35 se sont abstenus dont la Chine, l’Inde, l’Iran et plusieurs États africains.

    Au-delà des chiffres, le nombre d’abstentions a retenu l’attention, notamment parmi les pays du continent africain. Et parmi ceux qui ont approuvé la résolution, très peu ont suivi la campagne de sanctions engagée contre la Russie par les États-Unis et les pays de l’Union européenne (UE).

    Deux ans après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les positions des uns et des autres n’ont guère changé. Mais l’« apparition publique » de ce qu’on appelle le Sud global, en opposition à un Nord occidentalisé, n’est pas sans conséquence sur la marche du monde.

     

    Ce positionnement a sonné le glas de l’hégémonie des grands pays développés. « Ce sont les Occidentaux qui imposent leurs sanctions au reste du monde. Si vous ne ressentez pas à quel point cette politique-là fait monter un ressentiment contre nous, vous ne voyez pas arriver l’orage qui va s’abattre sur l’Europe », a même prévenu François Fillon, auditionné à l’Assemblée nationale, le 2 mai 2023.

    La réussite du sommet des Brics (Brésil, Russie Inde, Chine et Afrique du Sud) et son élargissement dans le cadre d’un processus visant à s’exonérer du dollar comme monnaie d’échange commercial et à contourner le Fonds monétaire international, a précisé les choses. Cette fracture entre les pays occidentaux et le reste du monde s’est aggravée depuis le 7 octobre, avec l’attaque sanglante du Hamas et la terrible réplique israélienne contre la population de Gaza.

    Une guerre menée avec le soutien des États-Unis et sans que les mêmes pays occidentaux ne prennent la moindre sanction contre Israël, comme ils ont pourtant su le faire avec célérité contre Moscou. Ce « deux poids, deux mesures » s’est transformé en affrontement de conceptions différentes des relations internationales.

    Que l’Afrique du Sud soit le pays qui a saisi la Cour internationale de justice face à un possible génocide en cours dans la bande de Gaza ne doit rien au hasard. Reste maintenant à savoir si cette dichotomie aura une influence sur le règlement de la guerre en Ukraine.


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  • Missak, Mélinée

    et les camarades au Panthéon

     

    Missak Manouchian a intégré mercredi le temple républicain, avec son épouse Mélinée, quatre-vingts ans après avoir été fusillé par les nazis. Avec lui, c’est toute la Résistance communiste et étrangère qui se voit honorée à la hauteur de son sacrifice pour libérer la France.

     
     
     

    Les communistes sont entrés au Panthéon.

    Le corps du résistant d’origine arménienne Missak Manouchian repose désormais avec celui de son épouse Mélinée dans le temple républicain. Vingt et trois autres noms ont été gravés dans la crypte. Vingt et trois autres résistants membres des FTP-MOI, exécutés eux aussi par les nazis avec Missak Manouchian, il y a quatre-vingts ans.

    Joseph Epstein, Marcel Rajman, Joseph Boczov, Rino Della Negra, Celestino Alfonso, Georges Cloarec, Olga Bancic… Vingt et trois noms pour honorer toute la Résistance communiste, qui n’était pas encore représentée au Panthéon, alors qu’elle a versé son sang sans compter. Vingt et trois noms qui célèbrent la part cruciale prise par les étrangers pour libérer la France du fascisme.

    Vingt et trois noms qui convoquent des parcours qui ne font qu’un : ici des ouvriers et des poètes ayant survécu au génocide des Arméniens, ici des juifs polonais, hongrois ou roumains déterminés à prendre les armes contre le nazisme, ici des Italiens ayant fui Mussolini. Là un Espagnol, ancien membre des Brigades internationales. Tous guidés par un idéal de liberté, d’égalité, de fraternité. Tous combattants de l’Internationale.

    Auraient-ils tous parié qu’ils seraient ainsi honorés, malmenés qu’ils furent leur vie durant ? Leur famille enfermée, déportée ou assassinée ? Leur demande de naturalisation rejetée ? Leur accueil refusé au moment de rejoindre la France, parqués dans des camps et déclarés indésirables après la guerre d’Espagne ? Leurs droits déchus avec l’ignoble statut des juifs sous Vichy ? Leur veste et leur cœur souillés par une étoile jaune ?

    Bien avant leur entrée au Panthéon, ces militants avaient trouvé leur dignité dans le combat. Dans le refus de se soumettre dans la cité comme à l’usine. Dans leur choix de la lutte armée contre l’occupant. Dans leur grandeur, même quand les nazis tentèrent sans y parvenir de les salir en les exposant sur une « Affiche rouge » pensée pour leur coller les mots de terroriste et d’indésirable à la peau.

    Le discours d’Emmanuel Macron

    Le Panthéon a repris des couleurs, à n’en pas douter, quand ils y sont entrés mercredi. Ce temple de la République n’a-t-il pas vocation, depuis la Révolution française, à accueillir les grands personnages de l’histoire ? Missak Manouchian y repose désormais, et avec lui la foule des résistants communistes et des FTP-MOI. Le président de la République a salué cette mémoire, convergeant vers l’édifice au bras de Léon Landini, ancien résistant des FTP-MOI.

    Emmanuel Macron a prononcé un beau discours. Si la politique qu’il mène n’est pas, loin de là, consacrée au respect des conquêtes issues du programme d’émancipation démocratique et sociale du Conseil national de la Résistance, ses propos, mercredi, étaient dignes de l’événement.

    Devant les colonnes du Panthéon, dos aux grands portraits des résistants et devant un large public venu communier, le chef de l’Etat rappelle avec justesse « l’odyssée » de Manouchian et de ses camarades. Il souligne le sens de leur engagement pour « l’Internationale de la liberté, de l’amour et du courage ». Des hommes et des femmes « convaincus qu’en France on ne peut séparer République et Révolution ».

    « Parce qu’ils sont communistes, ils ne connaissent rien d’autre que la fraternité humaine, enfants de la Révolution française, guetteurs de la révolution universelle », mesure-t-il, louant leur engagement antifasciste et fustigeant la police pétainiste qui organisa leur traque. « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », s’interroge le président au sujet des destins de Manouchian et des autres, en reprenant le vers d’un poème de Louis Aragon. « Oui, s’ils sont libres », a-t-il répondu, ajoutant que « c’est ainsi que les grands hommes entrent au Panthéon ».

    Juste auparavant, l’artiste Patrick Bruel avait lu la bouleversante lettre envoyée par Missak à Mélinée avant d’être fusillé. « Je proclame que je n’ai aucune haine pour le peuple allemand ». « Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain. »

    Le chœur de l’Armée française a interprété le Chant des partisans, appel à la révolte auquel les FTP-MOI avaient si bien répondu. Et puis le groupe Feu ! Chatterton a chanté l’Affiche rouge, le magnifique poème de Louis Aragon mis en musique par Léo Ferré, qui a tant fait pour la mémoire des 23 « étrangers et nos frères pourtant ».

    Avant la cérémonie, le PCF et la CGT s’étaient réunis avec des centaines de militants, rue de Plaisance, où a vécu le couple Manouchian. « Une petite rue toute simple, comme il y en a tant dans notre pays, une rue où frémissait un amour, une rue où grandissait un espoir, celui, formidable, de la Résistance à l’oppresseur et du triomphe de la liberté », mesure Fabien Roussel.

    Dans son discours, le secrétaire national du PCF s’adresse directement à Manouchian, qui dans sa dernière lettre avait écrit : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement. »

    « Regarde, Missak, combien tu avais raison, lui répond Fabien Roussel. À travers Mélinée et toi, c’est toute la mémoire de tes camarades, de Joseph Epstein, des FTP-MOI, que la Nation salue avec infinie reconnaissance. Celle de tous ces étrangers, Polonais, Roumains, Italiens, Arméniens, ces athées, ces croyants, ces juifs, ces catholiques, ces agnostiques, francs-maçons, unis pour défendre leur liberté, la liberté, celle de la Grande Révolution, celle de la République contre la nuit fasciste. »

     

    Ému, Fabien Roussel salue « cette cohorte fraternelle qui croyait si fort à l’unité du genre humain » et avait « l’internationalisme chevillé au corps ». S’adressant de nouveau à Missak, il lui lance : « Je veux avoir un mot particulier pour tes camarades juifs : ils furent si nombreux à tes côtés, malgré la haine plus féroce encore qu’ils devaient affronter à travers l’entreprise génocidaire des nazis et de leurs fidèles soutiens vichystes français. Avec toi, avec tous, au sein du PCF, ils étaient au combat pour la liberté, pour l’égalité, pour la grande fraternité́ humaine. »

    « Nous sommes fiers de l’appeler camarade », affirme aussi Fabien Roussel au sujet de Missak. « Car, dans la France des années trente, celle des ligues factieuses mais aussi celle du Front populaire, Missak Manouchian avait fait le choix de l’antifascisme et de la démocratie. Il fait le choix de rejoindre le Parti communiste. »

     

    La mémoire des résistants immigrés

    Alors que l’extrême droite, terrassée en 1945, remontre partout son odieux visage en Europe et dans le monde, comme en témoignent la présence scandaleuse de Marine Le Pen et Jordan Bardella devant le Panthéon, Fabien Roussel reprend son dialogue avec le héros communiste : « Dans ton poème Restons éveillés, dédié “aux travailleurs immigrés”, tu soulignes à quel point ceux-ci doivent se prémunir en permanence contre le poison des haines raciales. » À ses yeux, la panthéonisation de Manouchian « rend hommage à ces hommes et femmes qui, sans distinction d’origine, de couleur, de religion, firent le choix de s’unir contre l’occupant ». 

    Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, prend elle aussi la parole pour souligner que cette journée porte « un message universel qui signifie combien les idéaux d’égalité des droits, sans distinction de naissance, de croyance ou d’apparence, pour lesquels Manouchian et ses camarades ont donné leur vie, peuvent soulever le monde entier ».

    La syndicaliste rappelle comment la CGT, dans les années 1930 et 1940, a permis de « créer une solidarité de classe entre Français et étrangers ». Elle raconte qu’avant d’être secrétaire général de la CGT, Henri Krasucki commença à militer au sein de la MOI, choisissant ensuite d’entrer en résistance et d’intégrer la FTP-MOI, se liant d’amitié avec Marcel Rajman.

    Alors que 65 % des fusillés du Mont-Valérien étaient communistes, et qu’un tiers des fusillés étaient de la FTP-MOI, Sophie Binet insiste : ces résistants immigrés « sont souvent entrés clandestinement en France. Auraient-ils, aujourd’hui, le droit d’asile » ? Elle poursuit le parallèle, alors que Missak Manouchian a vu échouer ses deux demandes de naturalisation française : les FTP-MOI, « victimes de nombreuses discriminations, seraient-ils dans la même situation aujourd’hui » ?

     

    Le macronisme est évidemment visé, alors qu’une loi stigmatisant et limitant les droits des immigrés a été votée avec les voix du RN quelques semaines avant la panthéonisation de Manouchian. Sophie Binet insiste : « Sur les principes fondamentaux, sur le droit du sol, le droit d’asile et l’égalité des droits, il ne peut y avoir de « en même temps » et de compromission dans les calculs politiciens. »

    « Sans immigration, pas de Marie Curie, pas de Joséphine Baker, pas de Missak et Mélinée Manouchian », note la dirigeante de la CGT, citant quatre grands personnages qui désormais demeurent tous au Panthéon. Elle ajoute : « Sans immigration, pas de reconstruction d’après guerre, pas de croissance démographique et économique, pas de métissages et d’enrichissements culturels successifs. »

     

    « Les étrangers ont beaucoup fait pour la France  »

    Des citoyens de tous le pays sont venus se joindre aux hommages officiels pour cette journée historique. « La Résistance communiste est reconnue, elle a fait le plus profond des sacrifices », apprécie Baptiste, 33 ans, issu d’une famille républicaine espagnole par sa mère, alors que celle de son père a « connu l’Occupation nazie en Pologne ».

    « Manouchian était étranger, il s’est battu et il est mort pour la France », rappelle Yvette, venue avec son mari Jean-Claude, qui insiste : « Ils ont payé de leur vie leur combat contre l’extrême droite, et on se doit d’être à la hauteur. » Gérard, 83 ans, trouve l’événement « grandiose ». Handicapé, il a tenu à venir.

    Ludovic, 26 ans, a fait le déplacement depuis Marseille où il préside une association arménienne. « Manouchian, et l’ensemble des étrangers dans la Résistance, ont un apport universel. Les étrangers ont beaucoup fait pour la France », tient-il à rappeler, tout en fustigeant la présence de Marine Le Pen à l’hommage. « Heureusement que les panthéonisés de ce soir représentent l’antithèse absolue de l’extrême droite, qui ne doit pas se sentir si bien dans ses bottes », sourit Pauline.

    Plusieurs groupes scolaires convergent vers le Panthéon. Des militants se font confisquer leurs banderoles rouges et tricolores. « Nous sommes venus honorer l’un des nôtres et on nous interdit de tenir nos drapeaux », regrettent-ils. Dans l’assistance, Roger Zylberberg remonte le temps : « Un cousin de ma mère a été fusillé au Mont-Valérien, Jacques Grymbaum, 22 ans, car résistant, juif et communiste. Une partie de ma famille a été déportée, mon père a dû bouffer les timbres d’une organisation communiste quand la police française est venue chez lui. Ils ont pu partir juste avant la rafle du Véld’Hiv… » raconte-t-il avec émotion.

    « C’est l’histoire intime

    qui se mêle à celle, plus grande, de la nation »

    La veille de la panthéonisation, au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine), une autre cérémonie avait été organisée devant le cercueil de Manouchian. Quatre-vingts ans après sa mort sur place, pas de neige, mais une légère brume, qui confère au lieu une étrange mystique.

    Là où se tenaient les poteaux d’exécution, cinq projecteurs sont braqués vers le ciel. Louise, Nassim, Heylana, Lancelot, Zoé et 19 lycéens portent les portraits de Manouchian et de ses 23 camarades. Les adolescents ont reçu consigne de rester droits comme des piquets. Mais deux gamins ne résistent pas à l’envie de se retourner vers le chœur militaire, quand celui-ci entonne une émouvante Marseillaise, suivi d’un puissant Chant des partisans.

    Puis vient le temps de la veillée du corps, dans le silence grave du recueillement. Les ministres effectuent le premier « tour de garde ». La famille de Manouchian, dont sa petite-nièce Katia Guiragossian, suit, avant les élus du PCF Fabien Roussel, Cécile Cukierman et Pierre Ouzoulias.

    Le vice-président du Sénat, très impliqué dans le long chemin qui a porté Manouchian au Panthéon, retient difficilement ses larmes : son grand-père, le colonel André, fut un des chefs de la Résistance à Paris. Fabienne Meyer, cousine germaine de Marcel Rajman, fusillé avec Manouchian, se recueille en famille. « C’est l’histoire intime qui se mêle à celle, plus grande, de la nation », confie-t-elle, émue. Elle ajoute : « J’aimerais que les mots “étranger” et “juif” apparaissent plus souvent, c’est une dimension essentielle de leur combat. Voilà pourquoi la présence du RN au Panthéon ne passe pas. »

    Le cercueil rejoint la crypte, où reposent dix-sept compagnons de la Libération. Jusqu’à minuit, le public est invité à rendre hommage à Missak Manouchian. Sarah fait partie de ces veilleurs anonymes. Elle est venue par curiosité : « J’ai appris beaucoup de choses en lisant la presse récemment. C’est une très belle cérémonie. »

    Plus loin, une femme acquiesce : « Je me recueillerai sur le cercueil en pensant à mon grand-père, résistant communiste, qui s’est battu pour les FTP. » Quand minuit arrive, les portes se ferment. Une nouvelle nuit d’un sommeil infini ; la promesse, à l’aube, d’une reconnaissance éternelle.


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    Sanctuarisation macronienne

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