En quelques semaines, la France Insoumise a accumulé des positions qui dessinent une nouvelle stratégie. Comment la comprendre  ? Analyses et discussion de ce nouveau moment Mélenchon.

Regards . Roger Martelli >>>>>

--------------------------------------------

Réaction d'une adhérente d'Ensemble Finistère !:

D'accord avec la 1ère partie de l'analyse de Martelli, mais je reste très dubitative sur » l'acteur politique majeur » qui pour moi relève encore trop d'une vision passéiste et nostalgique du grand « projet émancipateur » avec la lutte des classes pour fer de lance...

Ne pas regarder aujourd'hui comment se fait la prise de conscience d'abattre le système dominant est très réducteur.

Tous les mouvements citoyens qui vivifient notre démocratie par le bas n'ont peut-être pas assimilé la lutte des classes mais sont sûrement plus opérants pour mettre la justice ,la solidarité, l'émancipation, l'écologie , le féminisme au cœur des combats.

Toutes ces révoltes sont émancipatrices et poseront la question de faire peuple pour ériger une nouvelle constituante, fondatrice de nouveaux pouvoirs pour « nous » et destruction de « leurs » pouvoirs hégémoniques.

Annie

-----------------------------------------------

La réaction d'un Adhérent d'Ensemble Finistère !

Je ne vois pas en quoi le texte de Roger Martelli serait passéiste ou nostalgique. Ce serait même plutôt le contraire quand il écrit : « Nous ne sommes plus dans la France et le dans monde des siècles précédents. La combativité sociale demeure, mais le mouvement ouvrier d’hier n’est plus. Quant à la gauche, elle ne peut plus être ce qu’elle a été. Il en a toujours été ainsi d’ailleurs. À la fin du XIXe siècle, le radicalisme a revivifié un parti républicain assoupi. Au XXe siècle, le socialisme puis le communisme ont pris la suite. Aujourd’hui, des forces neuves prennent le relais de la grande épopée de l’émancipation .../... La gauche, à nouveau, doit se refonder radicalement. Il n’empêche qu’elle doit toujours être la gauche, c’est-à-dire moins une forme, reproductible à l’infini (l’union de la gauche), que le parti pris rassemblé de l’égalité, de la citoyenneté et de la solidarité »

Sauf à avoir une vision mécanique de la lutte des classes, celle-ci ne s’est jamais limitée aux rapports de production et ce n’est pas d’aujourd’hui que « la prise de conscience » peut passer par d’autres voies que les rapports d’exploitation directe de la force de travail : la lutte contre la guerre du Vietnam ou contre le nucléaire hier, contre les grands projets inutiles imposés aujourd’hui... Il n’empêche que, quand les zadistes dénoncent « Vinci et son Monde », c’est bien dans une perspective anticapitaliste qu’ils se situent.

Le prolétariat s’est diversifié, segmenté et ne se résume plus à la classe ouvrière des grandes industries Mais qu’on le veuille ou non, la lutte des classes (c’est à dire la lutte pour l’appropriation de la valeur entre détenteurs du capital et celles et ceux qui « n’ont que leurs chaines ») reste au coeur des réalités sociales et structure nos sociétés. Ou si ce n’est pas vrai, allons donc expliquer çà aux millions de chômeurs et de smicards !

Toute l’ambiguïté et l’impasse du populisme de gauche à la Laclau et Mouffe, c’est de laisser croire que l’enjeu politique se résumerait aujourd’hui à un conflit entre un « peuple » (souvent indifférencié et dont on ne sait pas trop bien quelles couches sociales il rassemble) et une « oligarchie » réduite à une poignée de capitalistes. C’est quand même faire un peu fi de la complexité de la structure sociale des sociétés modernes. Pour aller très vite, il y a des couches sociales « intermédiaires », les classes moyennes supérieures, qui sans être forcément détentrice de capital financier (encore que, faudrait voir les placements boursiers que ces catégories ont multiplié au cours des 30 dernières années), disposent d’un savoir, de compétences techniques, d’un entregent. De ce fait, elles ont un intérêt de classe à ce que le système perdure, quitte à disputer aux capitalistes une partie de leur pouvoir à leur profit (voir les travaux de Jacques Bidet sur le sujet). Comment expliquer autrement l’hégémonie de la social démocratie depuis plus de 30 ans ? C’est bien parce que je considère que l’analyse de la réalité des classes sociales et des rapports de classe reste une nécessité pour mener nos combats que je ne peux pas souscrire aux thèses populistes, fussent elles de gauche


Jean Louis