• Un nouveau serment contre la monarchie présidentielle

    Mardi, 10 Juillet, 2018
    Aurélien Soucheyre avec Martin Gausseran

    Au Jeu de paume, les parlementaires PCF ont fait hier le serment de lutter contre l’avènement d’une monarchie présidentielle et pour obtenir un référendum sur la réforme constitutionnelle qui arrive.

    L'Humanité >>>>>

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    Congrès. Les parlementaires communistes au Jeu de Paume contre la "monarchie présidentielle"

    Lundi, 9 Juillet, 2018
    Un serment symbolique contre la "monarchie présidentielle": les parlementaires communistes se sont rassemblés lundi devant la salle du Jeu de Paume peu avant le début du Congrès à Versailles.
     

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  • «Le Média» joue sa survie

    8 juillet 2018 Médiapart
    Par Justine Brabant, Manuel Jardinaud et Antton Rouget

    Les salariés du Média affrontent une crise violente. Entre le départ partiel de sa présidente Sophia Chikirou, la démission à venir de Gérard Miller et la fronde d’une partie de la rédaction, la web-télé vacille. Le problème est éditorial, social mais aussi financier, alors que les dépenses sont plus importantes que prévu.

    L’expression est bannie du langage public. Mais elle est présente sur toutes les lèvres depuis l’ouverture du séminaire du Média, lundi 2 juillet, et qui doit s'achever vendredi 13 juillet. La web-télé « humaniste, progressiste, écologiste et féministe », lancée en janvier par plusieurs militants de La France insoumise (FI) et des journalistes en soif d’indépendance, traverse une « crise majeure ».

    Une « crise » sociale, éditoriale et financière qui a explosé, au cours d’un séminaire pesant, dans les locaux de la rédaction à Montreuil. Réunissant une quarantaine de personnes, les réunions qui se sont enchaînées toute la semaine ont laissé apparaître les souffrances des salariés d’une entreprise qui ne sait plus où elle va, six mois à peine après sa création.

     

    Mardi, pour éviter que la fronde ne prenne une dimension publique fatale à son image, la fondatrice et présidente du Média, Sophia Chikirou, a tenté personnellement d’éteindre l’incendie. L’ancienne directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’elle « met[tait] fin à ses responsabilités » au sein du Média pour rejoindre la nouvelle plateforme européenne de La France insoumise, au moment même où une pétition interne était en cours de préparation.

    Le texte, qui circulait parmi la rédaction, dénonçait « l’hémorragie en termes de ressources humaines » ou le « management autoritaire en totale contradiction avec les valeurs prônées par le manifeste [de la web-télé] ». Il revendiquait un « management collégial, inclusif et fraternel », tout en exigeant que l’équipe soit informée sur les « ressources des entités au sein desquelles nous travaillons ». Ses initiateurs comptaient le remettre à la direction, puis le rendre public si cette dernière ne les entendait pas. La dernière phrase de ce plaidoyer ne laissait d’ailleurs guère de doute quant à leur détermination : « Nous n’excluons pas de nous mettre en grève en cas de rejet de nos revendications. »

    Cette situation a poussé Sophia Chikirou à poster un message sur Facebook mardi soir pour annoncer unilatéralement sa démission de la présidence de la société de presse et de son poste de directrice de la publication du Média. Mais il ne s’agit-là que d’un départ partiel : la communicante, qui lâche la tête de l’entreprise de presse (structure qui rémunère les journalistes), gardera la main sur l’entreprise de production audiovisuelle du Média.

    Cette stratégie individuelle a provoqué d’importants remous en interne. « Lancer ça sans nous avertir, et sans avoir réfléchi aux conséquences collectivement… », a pesté, en réunion, le psychanalyste Gérard Miller, cofondateur du Média, comparant l’épisode à « un coup de Jarnac » (sic). « Les dégâts sont considérables », a ajouté Miller, selon les informations recoupées par Mediapart (voir boîte noire). Mais Sophia Chikirou a assumé le fait de vouloir ainsi couper l’herbe sous le pied à une initiative la mettant en cause personnellement : « Les dégâts auraient pu être pires si je ne l’avais pas fait. Je ne voulais pas d’une motion de défiance contre Sophia Chikirou ou d’un texte signé par des gens pour dénoncer je ne sais quoi. »

     

     

    Depuis, Gérard Miller, très sollicité par la presse, repousse toutes les demandes d’entretien qui l’invitent à évoquer la situation interne du journal. Il attend la fin du séminaire, vendredi 13 juillet, pour évoquer les nouvelles orientations que Le Média pourrait acter d’ici là. La situation est périlleuse. D’autant que l’un des principaux points d’achoppement, qui divise jusqu’aux propres fondateurs du projet, concerne l’état des finances de l’entreprise.

    Mardi 3 juillet, au deuxième jour du séminaire, le ton est monté très haut entre Sophia Chikirou, qui a défendu mordicus sa gestion stratégique et comptable, et les deux autres cofondateurs du Média – Gérard Miller et le réalisateur et producteur Henri Poulain.

    Devant témoins, Henri Poulain a même accusé Sophia Chikirou d’avoir « manipulé » les chiffres qui lui ont été présentés, ainsi qu’aux 19 000 « socios », ces milliers de cotisants à l’association Le Média, censés devenir copropriétaires de la future coopérative de presse.

    Le 14 juin, la directrice du Média avait présenté l’état des finances de l’entreprise dans un « point d’étape » destiné à tenir informés les « socios » – qui ont versé plus d’un million d’euros de souscriptions et dons pour le lancement du projet. Face à un Gérard Miller estimant que l’entreprise était « toujours sur le fil du rasoir », Sophia Chikirou avait voulu rassurer : « Dans fil du rasoir, il y a une connotation négative, alors que ce n’est pas vrai. » Elle avait alors indiqué, tableaux à l’appui, que les dépenses du Média s’élevaient à 184 395 euros par mois, pour 152 508 euros de recettes mensuelles. Soit une perte de 31 797 euros par mois – 381 564 euros sur l’année. Un « petit gap » provisoire, estimait-elle, arguant que l’entreprise était « encore en développement ». « On est assez transparents sur les chiffres et je pense qu’on doit être à peu près les seuls à être aussi transparents sur nos finances », avait conclu la directrice du Média.

    Trois semaines après cette présentation publique, la même Sophia Chikirou a admis devant son équipe réunie en séminaire que les chiffres donnés « n’étaient pas les bons », et que les dépenses dépassaient en réalité les 200 000 euros mensuels. Dans un premier temps, la cofondatrice du Média aurait pourtant assuré à Miller que les dépenses de l'entreprise ne franchiraient pas le plafond des 150 000 euros par mois, puis 180 000 euros, a rapporté le psychanalyste aux salariés. Il aurait finalement découvert le dépassement des 200 000 euros, en même temps que tous les salariés, à l'occasion du séminaire, a détaillé un Gérard Miller furieux.

    Le lendemain, il a confirmé que le projet ne pouvait être pérenne en l’état : « On ne peut pas dépenser 205 000 ou 210 000 par mois vu ce qu’il y aura comme rentrées. » Le médiatique cofondateur est d’autant plus échaudé qu’il a contracté il y a peu un emprunt bancaire de 200 000 euros pour renflouer la trésorerie du Média pendant l’été.

    Gérard Miller s’en va sans trouver de remplaçant

    Sophia Chikirou s’est, elle, défendue de toute malhonnêteté dans la présentation des chiffres aux « socios ». « Parler de manipulation des chiffres et des comptes, c’est une insulte et je peux le prouver », a-t-elle protesté, avant de reconnaître une part de « communication » dans la manière dont les chiffres ont été présentés le 14 juin. « Aux socios on n’a pas tout dit, effectivement, a convenu la directrice de production, qui assiste Sophia Chikirou au quotidien dans la comptabilité. Mais moi, je voyais ça comme de la communication. »

    Henri Poulain a contesté vigoureusement cette stratégie, en rappelant que les socios étaient les actionnaires théoriques du projet [même s'ils ne le sont pas dans les faits] et que la direction ne pouvait leur livrer une présentation biaisée des chiffres, « cela s’appelle un mensonge ». Sollicité par Mediapart à la suite de ces échanges, le cofondateur a adouci son propos, estimant que « la tension avait été résolue par la suite » et qu’il n’y avait finalement « pas eu tromperie sur les chiffres annoncés ».

    Le réalisateur et producteur (qui est le seul à avoir accepté de répondre aux questions de Mediapart sur ces chiffres) estime que le différend résidait dans la méthode de calcul : « À l’instant T, le différentiel était plus élevé que 30 000 euros, mais rapporté à la totalité de la vie du Média, c’était effectivement 30 000. Le débat résidait dans la méthode de lissage. » En réalité, lors du point d’étape, Sophia Chikirou a amorti les dépenses en les étalant sur plusieurs mois, sans préciser la période concernée.

    Les explications fournies par la présidente sur l’étendue des pertes mensuelles n’ont pas pour autant aplani toutes les divergences sur la stratégie économique du projet. Face à un Gérard Miller estimant qu’il était impossible de maintenir ce train de dépenses, Sophia Chikirou a répété qu’elle était contre l'austérité par principe. La communicante a par ailleurs indiqué que si Le Média adoptait une stratégie économique qui n’était pas la sienne, elle demanderait un remboursement anticipé de l’argent qu’elle a investi à son lancement.

    Après quatre jours de ce bras de fer avec son associée, Gérard Miller a fini par annoncer qu’il démissionnait de la présidence de l’association « Le Média », la « holding » de tête qui reçoit les cotisations des socios et chapeaute les deux entreprises (de presse et de production audiovisuelle). Le psychanalyste a reconnu des « désaccords » patents, mais a aussi atténué la brutalité de sa décision en rappelant qu’il souhaitait quitter ses fonctions depuis plusieurs semaines déjà.

    Gérard Miller souhaite annoncer sa décision à la fin du séminaire, vendredi prochain, s'il ne change pas d'avis d'ici là. Mais aucun remplaçant n’a pour l’heure été trouvé. Plusieurs personnes ont refusé la fonction. Et Sophia Chikirou s’est fermement opposée à ce que Mathias Enthoven, responsable de la relation avec les « socios » – dont le nom a été évoqué par Gérard Miller –, puisse accéder à cette fonction.

     

     

    Ces discussions animées sur l’état des comptes n’ont pas été le seul point chaud de la semaine. L’ouverture du séminaire, lundi, a montré à quel point les équipes (rédaction et services techniques) sont en souffrance, six mois à peine après le lancement du projet.

    Le « tour de table » introductif s’est transformé en long groupe de parole, entre foire d’empoigne et thérapie collective. Le ton a été donné par l’une des premières journalistes à prendre la parole : « Ça ne va pas du tout. On est en train, depuis ce matin, de faire comme si tout allait bien, alors qu’on sait que ça ne va pas. Je ne sais pas s’il y a une seule personne qui est heureuse le matin en venant travailler ici. Il va falloir percer l’abcès, parce que sinon on va faire une septicémie et la mort sera violente et sale. » Le réalisateur Jacques Cotta, après s’être satisfait de la liberté dont il bénéficiait pour préparer l’émission qu’il anime sur Le Média, en a convenu : « Il y a ici une ambiance détestable. Il y a des tensions, du malaise, de la souffrance. »

    Tour à tour, les membres de l’équipe ont mis des mots sur cette crise qui n’est pas que financière : « du dégoût », de la « honte », des comportements « détestables », un « malaise humain et professionnel », un « mal-être qui s’est installé ». L’une des figures du Média, l’ex-journaliste de L’Obs Aude Lancelin, qui a poussé fort pour la création d'une « société des journalistes » (SDJ), y est également allée de son diagnostic, en soulignant l’urgence de mettre en adéquation valeurs et mode de fonctionnement, sans quoi Le Média pourrait se retrouver en « position d’imposture ». Un journaliste a aussi dénoncé avoir été accusé de « censure politique » par la direction pour ne pas avoir invité une figure de La France insoumise dans une de ses émissions en préparation sur la coupe du monde de football.

    Au cœur des discussions : la place occupée par Sophia Chikirou – jugée trop importante par plusieurs membres de l’équipe –, et plus généralement, le mode de gouvernance de la web-télé. « Une gouvernance avec une seule personne qui décide, ce n’est pas possible, ce n’est pas l’ADN du Média, ce n’est pas ce que le Média avait promis, ce n’est pas ce pour quoi les gens sont venus à l’origine », a estimé Mathias Enthoven, un proche de Jean-Luc Mélenchon qui a fait sa campagne numérique lors de la dernière présidentielle.

    Le réalisateur Henri Poulain, auteur d’un documentaire sur la démocratie, lui a emboîté le pas : « L’autocratie de Sophia dysfonctionne ici et génère mécaniquement de la souffrance, de l’incompréhension, de la démotivation. »

     

     

    Une séquence illustre à elle seule l’état du dialogue social au sein de la web-télé « humaniste ». Lundi soir, à la fin d’une première journée de discussions particulièrement tendue, un membre de la rédaction pris de malaise a dû être hospitalisé. Le lendemain, sur un groupe de discussion de messagerie cryptée Telegram intitulée « Le Vrai Média » (qui ne regroupe qu’une partie des salariés réputés proches de la direction), Sophia Chikirou écrivait à trois employés chargés de l’animation des réseaux sociaux : « Aujourd’hui on envoie qui à l’hôpital ? » Sollicité par Mediapart, la communicante a refusé de s’expliquer sur ce message.

     C’est dans ce contexte que Le Média va devoir affronter une nouvelle vague de départs, alors que le turn-over dans l’entreprise (60 % de renouvellement en six mois, selon Aude Lancelin) est déjà exceptionnel. Sur les treize journalistes qui composent la rédaction, deux nouvelles démissions ont déjà été actées – et deux autres ont été évoquées lors du séminaire. De l’aveu de tous, cela n’a rien d’anodin, et la situation serait même bien plus grave que lors de la première vague de départs, celle du mois de février, qui reposait, elle, principalement sur des divergences éditoriales.

     

    De possibles « partenaires industriels » dans la SCOP ?

    Cette fois, les journalistes concernés sont jeunes, connus et appréciés des socios, et très investis depuis les débuts d'un projet dont ils partageaient les valeurs affichées de progressisme et d’indépendance journalistique.

    « C’était des gens qui abattaient un boulot très important », a reconnu Aude Lancelin, évoquant aussi le sort des salariés en situation précaire. Mathias Enthoven n’a pas dit autre chose, dès l’ouverture du séminaire, en insistant sur les profils des salariés, y compris dans la partie opérationnelle, qui quittent le navire : « Le pire dans cette histoire, c’est qu’ils partent alors qu’ils auraient envie de rester, alors que ce projet compte pour eux ! »

    Officiellement pourtant, tout va bien dans l’équipe de la web-télé. Interrogés par Mediapart sur les graves divergences au sein de l’entreprise, Sophia Chikirou et plusieurs membres de l’équipe (il n’a pas été possible de connaître tous les noms, le texte n’étant pas signé individuellement) ont rédigé cette réponse commune : « Au quotidien, Le Média regroupe une équipe d’environ quarante personnes. Les discussions internes sont nombreuses, les débats aussi : c’est notre conception de la vie collective. Non, il n’y a aucune divergence fondamentale. »

    Henri Poulain, qui a accepté de répondre à nos questions en son nom propre, veut voir dans ce moment « une réelle séquence démocratique, très forte », un « processus de reconstruction » : « Il y a eu ce temps du lancement, qui était provisoire, où il a fallu concilier les impératifs de gestion au quotidien, la nécessité d’une prise de décision rapide, et la volonté de participation » des « socios » et des salariés. « Ça n’était pas simple », concède le producteur. Mais Henri Poulain veut croire que ces premiers mois passés, Le Média pourra enfin se muer en entreprise au fonctionnement plus démocratique.

    Cette transition pourrait se faire sous la houlette d’Aude Lancelin. Aux côtés de l’entreprise de production, qui restera dirigée par Chikirou, la journaliste pourrait en effet prendre la tête de la rédaction. Jeudi 5 juillet, en assemblée générale de l’association « Le Média », elle a en tout cas été intronisée à la présidence de la société de presse (14 voix pour et une abstention). Son mandat doit lui être transmis par Sophia Chikirou au 1er septembre, après leurs vacances respectives, mais Lancelin souhaite des garanties : elle ne veut pas avoir à s’occuper de la partie commerciale et souhaite un renforcement de l’équipe pour compenser les départs.

    La refonte éditoriale du Média pourrait passer par le chamboulement d’un de ses programmes phare : le journal de 20 h, diffusé tous les jours (sauf le week-end) et en direct. Dès le mois de mars, ont rappelé Gérard Miller et Henri Poulain lors du séminaire, des membres de la direction élargie avaient souhaité arrêter le journal le vendredi et éventuellement un autre jour, afin de réaliser des économies. Mais Sophia Chikirou avait écarté cette éventualité. La communicante ayant quitté la tête de l’entreprise de presse, cette solution pourrait finalement être adoptée.

    Autre chantier de Lancelin : réfléchir plus généralement à la ligne éditoriale du Média qui, selon la nouvelle présidence de la société de presse (et d’autres journalistes), manque de cohérence et de lignes directrices fortes.

     

     La journaliste Aude Lancelin a été élue à la tête de la rédaction. © Capture d'écran

     

    Mais le principal enjeu pour l’ensemble de l’équipe reste la transformation de l’association en coopérative, promise dès le lancement du Média. Elle sera effective en octobre, a répété Sophia Chikirou lors du séminaire. Malgré son départ de la direction de l’entreprise de presse, c’est elle qui sera à la manœuvre. Pour la mener à bien, Le Média a fait appel à une entreprise d’expertise comptable spécialisée dans l’économie sociale et solidaire, Finacoop. La tâche est moins simple qu’il n’y paraît : elle supposerait, a détaillé Gérard Miller, de changer les statuts de l’association.

    L’avenir à moyen terme du projet va surtout reposer sur un point crucial : la capacité de ses fondateurs à trouver un modèle économique viable. Pour diversifier les sources de revenu, Sophia Chikirou n’a pas hésité à chambouler le modèle économique du projet en annonçant dès le mois de mai que Le Média « testerait » l’introduction de la publicité. L’annonce avait causé des remous parmi les socios, qui ont lancé une pétition (qui semble toutefois n’avoir recueilli qu’une centaine de signatures) et un salon de discussion des « socios antipub ».

    « La publicité est un gros sujet de tension chez les socios », observe Gérard, un contributeur de la première heure. Contrairement à la promesse de départ, celui-ci confirme ne pas être associé à la gouvernance de l'entreprise et à ses décisions stratégiques. Une autre contributrice, Élisabeth Kremer, déplore ce manque de transparence : « Sur les parts sociales, ça n’a pas été assez clair. C’est l’un des points de rupture pour de nombreux socios. C’est vraiment une critique que l’on peut faire, c’est un imbroglio. J’attends la fin de l’année pour voir si j’ai finalement participé à une pantalonnade ou non. »

    Lors d’un débat sur l’indépendance de la presse organisé par le pure-player Les Jours, Aude Lancelin elle-même n’a pas caché son embarras sur l'arrivée de la publicité : « À titre personnel, je pense qu’on devrait essayer de se passer de publicité, a-t-elle exprimé publiquement. J’espère convaincre la direction du Média de ce choix parce qu’à terme, il y a un risque théorique que les annonceurs pèsent sur les contenus. » Acceptera-t-elle désormais d'être désavouée sur ce sujet crucial ?

    Lors du séminaire, Sophia Chikirou a également esquissé d’autres pistes. Dans la foulée du journaliste Serge Faubert, ancien conseiller du président PS de la région Île-de-France Jean-Paul Huchon, qui a évoqué la possibilité de faire entrer des partenaires industriels comme la Caisse des dépôts ou des groupes mutualistes, et malgré les protestations d’Aude Lancelin, la communicante a soutenu que l’émission de titres participatifs était un moyen de récupérer de l'argent. Le projet semble avancé, puisque Sophia Chikirou a indiqué qu’une des missions de Finacoop après la transformation en coopérative serait de trouver des investisseurs prêts à se joindre à cette opération.

    Devant les questions de son équipe, celle qui a toujours dit ne pas vouloir de « l’argent des puissances industrielles » s’est défendue de tendre la main à des « organismes capitalistes » mais souhaite regarder en direction des « acteurs de l’économie sociale et solidaire ». L’argumentaire n’a pas convaincu Gérard Miller, pour qui l’idée ne passe pas, et ne passera pas auprès des socios.

    Ces divergences ont provoqué ce cri du cœur de Sophia Chikirou : « J’aurais dû faire cette entreprise toute seule ! » Ce qui lui a valu cette réponse cinglante de Gérard Miller : « Tu as peut-être raison sauf que tu l’as créée avec nous et avec des milliers de personnes sur un projet qui fait qu’il y a quelques obligations. »

    Quant à Aude Lancelin, elle a exprimé son avis sans détour : « Je pense qu’avant de penser à se prostituer, il faudrait peut-être faire du journalisme, et parler du contenu. »


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  • Face au Congrès, Macron manie l’art de la répétition

    Médiapart

    9 juillet 2018 Par Ellen Salvi et Manuel Jardinaud

    Le président de la République s’est exprimé, lundi 9 juillet, face aux parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Une heure et demie de discours pour répéter inlassablement le bien-fondé de son projet, en balayant par voie rhétorique les critiques sur l’absence de volet social de sa politique.

     

     

    Bis repetita. Comme il l’avait annoncé, Emmanuel Macron s’est de nouveau exprimé, lundi 9 juillet, face au gouvernement et aux parlementaires réunis en Congrès à Versailles, afin de dresser un bilan de sa première année de quinquennat et de livrer les perspectives des mois à venir face à un hémicycle quasi plein, où beaucoup ont passé leur temps à immortaliser le moment avec leur téléphone portable.

    Critiqué depuis plusieurs semaines, y compris au sein de sa propre majorité qui s’inquiète de la faiblesse du volet social de sa politique, le président de la République a d’emblée attaqué son discours en assurant qu’il n’avait « rien oublié du choix que la France a fait » en mai 2017 et « des peurs, des colères accumulées pendant des années ».

    Maniant une anaphore autour des fractures du pays – « la peur du déclassement », « la rage devant l’impuissance publique », « le fracas du monde » –, il a entre les lignes reconnu que la situation n’avait guère évolué depuis un an. De fait, l’heure et demie de discours qui a suivi n’a été qu’une répétition des mesures jusqu’alors mises en place et la réitération de celles qui rythmeront le travail parlementaire jusqu’aux élections européennes du printemps 2019.

     

    Accablés par la chaleur, les parlementaires, à l’exception de ceux qui ont refusé de participer à ce Congrès – ceux de La France insoumise (FI) et certains élus des Républicains (LR) –, ont donc écouté le chef de l’État leur répéter ce qu’ils savaient déjà, ayant examiné et voté la plupart des textes évoqués. Tous les grands items de 2017-2018 ont été cités sous la forme d’un catalogue rêvé. Car malgré tout, Emmanuel Macron n’a fait que dérouler son projet comme si « les peurs et les colères » n’avaient pas franchi la grille du château de Versailles.

    Flattant le Parlement qui, selon lui « a beaucoup travaillé » cette année, le président de la République est resté tel qu’en lui-même, et en lui-même, vantant sans nuances les réussites du cap tracé par ses réformes. « Renforcer l’économie », « définir un modèle social juste », « restaurer l’autorité de l’État » et « relancer l’Europe » : tels sont, à ses yeux, les piliers de l’édifice qu’il est en train de construire en faisant fi des contestations, persuadé que le temps finira par lui donner raison. « Je suis parfaitement conscient du décalage, a-t-il assuré, entre l’ampleur des réformes engagées et le résultat ressenti. »

    Les critiques se faisant de plus en plus pressantes, Emmanuel Macron a tout de même consenti à se défaire quelques secondes de sa prétendue omniscience pour reconnaître qu’« il y a une chose que tout président de la République sait : il sait qu’il ne peut pas tout. Il sait qu’il ne réussira pas tout. Et je vous le confirme, je sais que je ne peux pas tout, que je ne réussis pas tout. » Avant de tirer les qualités de ses défauts : « Mais mon devoir n’est de ne jamais m’y résoudre ! »

    Sur la forme, le chef de l’État a repris à l’envi les éléments de langage qui forgent sa politique. « Émancipation par le travail », « engagements tenus », « être plus fort pour être plus juste », « ne pas favoriser les riches, mais favoriser les entreprises », « la création de richesses [est] le socle de tout projet de justice et d’équité »… Le tout sur fond de métaphore culinaire : « Si l’on veut partager le gâteau, la première condition est qu’il y ait un gâteau ! »

    Sur bon nombre de sujets, Emmanuel Macron s’est présenté comme un précurseur, sans craindre, par endroits, de sombrer dans la mauvaise foi. Ce fut le cas notamment sur la question des violences sexuelles. Alors que le gouvernement a multiplié les paradoxes sur ce problème, le président de la République a tout de même assuré, sans rougir, que lorsque le mouvement « MeToo » a surgi « chez nous », « la France était prête et consciente ». « Nous n’avons pas suivi le mouvement. Nous l’avons anticipé », a-t-il même précisé.

    Pour le reste, il a confirmé les réformes à venir, dans la droite ligne de son programme présenté comme un « bloc » : une nouvelle organisation du système de santé ; un plan pauvreté faisant appel à la « responsabilité » des plus modestes ; une baisse des dépenses publiques dans les prochaines semaines ; « un cadre et des règles » pour garantir que l’islam « s’exerce partout de manière conforme aux lois de la République » ; la mise en place d’une protection sociale universelle avec la réforme des retraites et une stratégie sur la dépendance…

    Qualifiant de « rumeur malsaine » l’idée qu’il puisse toucher aux pensions de réversion, Emmanuel Macron a créé l’hilarité de l’opposition en expliquant que « rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui » et en évacuant intentionnellement la situation de ceux de demain, par son éternel discours sur la nécessité de refonder l’ensemble du système.

    Tout le reste de son propos a égrainé les futurs textes de loi, déjà connus des parlementaires, qui n’ont pu y voir qu’une volonté du président de la République de continuer à tracer sa route sans prêter attention aux conseils ou aux critiques. Seule nouveauté dans cette énumération : l’annonce d’un amendement, déposé par son gouvernement dans le cadre de la réforme institutionnelle – qui arrive en première lecture dans l’hémicycle le 10 juillet –, lui permettant, l’an prochain, de répondre, après son discours, aux interventions des présidents de groupes.

    Une prérogative qui incombe en règle générale au premier ministre, lequel s’est donc vu une nouvelle fois dépouillé du peu de rôle institutionnel dont il bénéficie sous la Ve République, qui a renforcé comme jamais le présidentialisme. L’an passé déjà, le chef de l’État avait devancé Édouard Philippe en s’exprimant face au Congrès la veille de son discours de politique générale. Autant de signaux qui n’ont pas échappé aux élus de l’opposition, qui à l’instar de Marine Le Pen, ont tous moqué l’inévitable « disparition » du premier ministre.

    Alors que le patron des députés La République en Marche (LREM), Richard Ferrand, s’exprimait à son tour à la tribune, la plupart des élus de la majorité, mais aussi plusieurs membres du gouvernement, avaient quitté l’hémicycle, certains rejoignant la salle des deux colonnes où les attendaient les journalistes. Tous se sont dits évidemment ravis du discours entendu lundi après-midi. « Il a certes répété des choses que l’on savait, mais il fallait le faire puisque certains n’avaient visiblement pas compris », a glissé à Mediapart le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

    « On n’a rien entendu de nouveau, mais on a tout entendu », s’est également enthousiasmée la députée Amélie de Montchalin. Gêné aux entournures quant à l’amendement annoncé, son collègue Aurélien Taché a de son côté préféré recourir à l’euphémisme : « On démocratise la présidentialisation. »

    L’opposition LR, par la voix du président de groupe à l’Assemblée, Christian Jacob, a profité de la tribune qui lui était offerte pour réaffirmer ses inquiétudes sur la conception macroniste d’un exécutif qui laisse peu de place au Parlement.

    « Nous avons hésité à venir à Versailles pour écouter un président de la République qui n’a pas vraiment compris que le Parlement n’est pas sa chose, son jouet ou une sorte de marchepied sur lequel il aurait le droit de s’élever pour renforcer son propre pouvoir », a-t-il affirmé au perchoir. Ce type de critique a également effleuré certains élus de la majorité, comme la députée LREM Sonia Krimi qui confiait à Mediapart « renouveler sa confiance au président », avant d’ajouter : « À lui de renouveler sa confiance en nous pour qu’on ne soit pas une chambre d’enregistrement. »

    Attendu sur l’Europe, Emmanuel Macron a conservé le sujet pour la fin de son allocution. Il a plaidé en faveur d’une « Europe des peuples », « plus souveraine », « unie » et « démocratique », traçant une ligne de partage entre « les progressistes » et « les nationalistes ». « L’Europe des assis, l’Europe des assoupis est terminée », a-t-il clamé, assurant que la voix de la France « est écoutée, parce que c’est une voix forte ». Le dernier Conseil européen, qui s’est tenu à Bruxelles les 28 et 29 juin, a au contraire démontré à quel point il avait perdu la main face à l’agenda des extrêmes droites européennes.

    Pour conclure son propos interminable, le président de la République n’a pas résisté à utiliser, comme il fait depuis le début de son quinquennat, une rhétorique visant à démontrer qu’il y aurait d’un côté – le sien –, ceux qui veulent que la France avance et qu’elle retrouve sa « grandeur » ; et de l’autre – où il place ses détracteurs –, ceux à qui cette idée déplairait.

    Une vision de la société et de la politique pour le moins binaire, qui n’a pas grand-chose à voir avec la promesse du « en même temps » de sa campagne.


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  • Violences du 1er-Mai.

    Jusqu’à trois mois de prison pour des manifestants

    Ouest-France >>>>>


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  • Congrès de Versailles 9 juillet 2018

    Pierre Laurent sénateur communiste

    "La com' n'y fait rien,

    c'est bien un exercice monarchique

    et autoritaire du pouvoir

    qu'on veut nous imposer."

     


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  • « Compétitivité »

    Une multinationale coûte en moyenne

    300 millions d’euros par an

    à la collectivité

    par Olivier Petitjean 9 juillet 2018

    Les vrais assistés de la société française ne sont pas forcément ceux qui sont le plus souvent montrés du doigt. Les gouvernements successifs ont fait de la préservation de la « compétitivité » des entreprises françaises leur mantra. « Compétitivité » qui s’est traduite par des allègements de cotisations sociales, par une précarisation de l’emploi, par des cadeaux fiscaux toujours plus importants, et qui a également servi à justifier l’absence d’action ambitieuse pour s’attaquer à la pollution de l’air ou réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

    Bastamag >>>>>

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    Le vrai bilan des grandes entreprises françaises

    Allègements sociaux, cadeaux fiscaux, pollutions, précarité : enquête sur le fardeau financier que les multinationales imposent à la société

    6 juillet 2018 par Olivier Petitjean

    Observatoire des multinatonales >>>>>


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  • Un syndicaliste de la RATP sanctionné

    pour un message WhatsApp «injurieux»

    Le Figaro >>>>>


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  • Rouge ViF !

    Le rosé ? C'est pas rose...!

    Lire la suite...


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  • Deux ans après la mort d’Adama Traoré,

    marchons pour la justice et la vérité.

    vendredi 6 juillet 2018, par Attac France
     
    Le Samedi 21 juillet 2018.
    • 12h30 : conférence de presse devant la mairie de Persan.
    • 14h00 : RDV à la sortie de la gare de Persan-Beaumont pour commencer la marche destination le quartier de Boyenval.
    • A l’arrivée au quartier, interventions des familles de victimes et des collectifs de sans-papiers.
    • 19h00 : Projection (en plein air) du documentaire « Pour Adama, chapitre 1 ».
    • 20H30 : Concert

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    9 juillet 2018

    Marche pour Adama Traoré : « Faire condamner des policiers, c’est quasiment impossible en France »

    Le 19 juillet 2016, Adama Traoré perdait la vie après une interpellation des gendarmes de Persan. Deux ans plus tard, ses proches organisent une marche le 21 juillet. Youcef Brakni, membre du Comité Adama, fait le point sur cette affaire.

    Regards >>>>>


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  • Quatre textes en lice pour le congrès du PCF

    Dimanche, 8 Juillet, 2018
    Julia Hamlaoui
     
    Outre le projet adopté par son Conseil national début juin, trois textes d’orientation ont été déposés vendredi. Tous seront soumis au vote des adhérents du PCF début octobre.
     

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