Réunion sur la crise laitière à Briec (APLI) 14 avril 2016

Nous avons assisté à la réunion sur la crise laitière organisée par l'APLI (association des Producteurs de Lait Indépendants) à Briec Jeudi dernier

Réunion très instructive et intéresante en présence d'environ 150 à 200 personnes, en très grande majorité des agriculteurs. 4 interventions se sont succédées avant le débat avec la salle:
- Aurélie Trouvé, ex co-présidente d'ATTAC et chercheuse dans le domaine de l'économie agricole, a fait une mise en perspective de la situation de la production laitière à l'échelle mondiale et européenne
- un agriculteur de la Manche , responsable national de l'APLI, a exposé le projet de régulation du marché porté par l'EMB (structure qui regroupe les paysans partisans de la régulation des marchés laitiers à l'échelle européenne)
- Christophe Baron, éleveur bio à Allaire (56) et président de Biolait, une organisation de producteurs bio qui fédère de manière transversale l'essentiel des éleveurs laitiers bio de l'Hexagone et qui assure leur collecte et négocie le prix avec les entreprises de transformation
- un représentant du Centre d'Economie Rurale (cabinet comptable) qui a présenté la dégradation des comptes des éleveurs ces deux dernières années et conclu qu'on pouvait considérer que la moitié des exploitations laitières se trouvaient aujourd'hui en situation critique.

A noter aussi la présence de 2 députées PS: Annick Le Loch, député de l'Ouest Cornouaille qui a été raporteure récemment d'une mission parlementaire sur la sortie de la crise agricole, ainsi que la remplaçante de Urvoas. Bien entendu pour la régulation mais sans dire comment ni avec quels moyens

Cette réunion aura soulevé les responsabilités des Gouvernements et de l'Union Européenne dans la situation de surproduction laitière. La fin des quotas s'est traduite par une augmentation de la production sur toute l'Europe : jusqu'à plus de 15% en Irlande et aux Pays Bas, aux alentours de 8% en Allemagne qui produisait déjà de gros volumes; En France la croissance a été moindre aux alentours de 2%. L'Europe est la seule région du Monde a ne pas avoir de mécanismes de régulation des marchés agricoles. Même aux USA, chantres du libéralisme, la production laitière est soumise à des mécanismes de régulation par groupes d'Etat. 7% seulement de la production laitière européenne est vouée à l'exportation sur les pays tiers et ce sont ces 7% qui servent de base à la fixation du prix du lait par les entreprises de transformation

Le mécanisme prôné par l'EMB n'est pas le retour aux quotas, mais la mise en place d'un mécanisme de régulation dynamique avec une instance d'observation du marché qui imposerait une adéquation entre la production et la consommation (y compris en imposant des baisses de production en cas de déséquilibre). La perte pour un éleveur baissant sa production pourrait être compensée par une taxe sur ceux qui continuent à augmenter. A également été évoquée la mise en place d'organisations de producteurs "transversales" et non plus liées à l'entreprise de collecte à laquelle adhère l'éleveur, la dérive de coopératives qui n'en ont plus que le nom, la carence des institutions politiques dans la résolution durable de la crise. Mais aussi, malgré l'écho croissant de la revendication de régulation des marchés chez les agriculteurs, l'urgence politique et sociale qu'il y a à faire avancer ce dossier au vu de la situation réelle de très nombreux éleveurs