Quelques réflexions à chaud...

Lundi 21 novembre 2016 !

Bonjour à tou-te-s, 

Quelques réflexions à chaud, et en désordre,  après la soirée d'hier, qui, à mon avis rebat certaines cartes et après le CN : 

1. Prenons pour acquis que Fillon sera le candidat de la droite (il me semble bien improbable que Juppé puisse refaire son retard). 

2. Est-ce une bonne chose : oui à bien des égards. Au moins, les choses sont claires, il représente des intérêts de classe bien délimités, n'a pas (bien au contraire) de tentations populistes, ni dans son discours, ni dans son programme. Il est le représentant d'un courant politique bien connu, historiquement implanté dans la politique française, avec ses références et ses codes. En ce sens  également, c'est une chose positive que de se dire que la politique ne peut faire table rase des traditions, ancrages , etc, et que tant la "disruption" macronienne, que le refus du clivage gauche-droite ne peuvent être totalement opératoires.  

3. Ainsi, il mord sur une partie de l'électorat naturel du FN et oblige ce dernier à clarifier certains points de son programme politique, au risque de raviver les tensions en son sein. cf article de Libé ce jour :  https://oeilsurlefront.liberation.fr/actualites/le-front-national-face-au-defi-fillon
 

4. Il est porteur d'un projet politique totalement réactionnaire (au sens propre) qui n'est en phase ni avec les aspirations populaires ni avec celles des secteurs les plus modernistes du capital. et ses choix économiques eux-mêmes sont archaïques au regard des besoins du capital et du "techno-libéralisme". 
 

5. les plus intelligents au PS ont commencé à le comprendre (cf itw de Thierry Mandon ce matin sur France Inter). Et commencent à agiter l'idée du "projet de société" pour le combattre. Sur le thème est-ce vraiment ça  que vous voulez?

6. Fillon ne s'adresse pas aux classes populaires, il les méprise. Il parle à la bourgeoisie, dans le but de restaurer la confiance en "l'élite" de revenir à la vieille politique, sous des oripeaux un peu différents : la liquidation de Sarko, c'est la fin du bling-bling et de la vulgarité mafieuse. 
 

7. Tout candidat issu de la primaire PS, et également Macron seront contraints de se positionner sur un terrain similaire, de la respectabilité, de la responsabilité, de la restauration de la confiance envers les élites . 
 

8. Nous entrons donc de nouveau dans la course de vitesse avec Le Pen (et avec beaucoup de retard) , sur qui sera capable de représenter, dans cette séquence politique, les classes populaires (et non "Le Peuple").

Le seul moyen de s'en sortir positivement c'est de quitter la posture défensive (défense du code du travail, de ceci, du statut de la fonction publique, de cela.....), mais de présenter un MODELE offensif de société, qui parle de nos Valeurs.

Oui nous avons été pour le mariage pour tous, par ce que le modèle de famille que nous voulons, n'est pas celui de la manif pour tous (avec toutes les conséquences à décliner sur genre, rapports hommes-femmes etc). 

Oui nous sommes , sur des bases larges, non conflictuelles, pour l'accueil des migrants, parce que la solidarité est une de nos valeurs humaines et nous inspire un modèle de société et des rapports humains dignes.

Avec tout ce qui en découle sur l'anti-racisme, le droit de vote, etc....

Oui, nous avons une vision historique de la France et de son Peuple, qu'il nous faudra préciser pour ne pas faire que du Mélenchon. 

Et surtout, vis à vis du FN, mettre en avant une vision , un modèle, de la démocratie, de l'appropriation des communs, de l'écologie, etc qui s'appuie sur du concret, des exemples de campagnes locaux et qui sera aux antipodes d'une posture "populiste de gauche".

Tactiquement, les cartes sont rebattues et bien des projets politiciens seront sans doute obsolètes, ainsi que les batailles internes (au PS ou au PC, par exemple) qui les portent.

Autour de la nébuleuse portée par la candidature JLM, notre responsabilité est énorme.

Et le texte adopté hier à la fin du CN doit réellement permettre à chacun(e) d'entre nous de trouver sa place dans les combats à mener.

J'ai soutenu la P3 sans aucune hésitation, comme seul moyen de contribuer à la remobilisation de notre camp social .

Aujourd'hui, c'est bien au delà de notre petite orga (mais précieuse, modeste et géniale dans toutes ses spécificités, et avec les sensibilités de tou-te-s les camarades) que le débat s'engage.

Jusqu'à hier soir, toutes les positions débattues chez nous ou ailleurs étaient encore un peu hors sol, dans des hypothèses.

Le terrain de la bataille, avec la candidature Fillon s'est un peu déplacé .

Les questions sécuritaires et identitaires ne sont plus aussi centrales que si Sarkozy avait été désigné.

L'espace s'ouvre un peu pour les question sociales et de la vision émancipatrice que nous devons porter.

Nous avons tous à élaborer là-dessus et nos divergences se révèleront moins importantes qu'il n'y paraît, et peut-être mêmes fécondes sur de nombreux points. 

AME!