• Pénurie de médecins Par Christophe Prudhomme

    Pénurie de médecins

     
    Par Christophe Prudhomme

    Nous manquons globalement de médecins et la fausse suppression du numerus clausus améliorera un peu la situation à partir de 2030, mais nous serons toujours loin du compte.

    Cependant, nous disposons actuellement d’un nombre de médecins conséquent qui permettrait une meilleure offre de soins très rapidement si un certain nombre de mesures étaient mises en œuvre.

    Elles concernent principalement le mode d’exercice et le mode de rémunération.

     

    Prenons l’exemple des maternités. Il ne reste actuellement qu’environ 450 maternités sur le territoire et nous disposons d’environ 5 000 gynéco-obstétriciens, soit en théorie 10 professionnels par site.

    Mais, malheureusement, ils sont très nombreux à ne pas ou plus réaliser d’accouchements, ayant orienté leur activité vers des activités moins contraignantes (consultations, échographies ou PMA) en cabinet.

     

    En effet, dans cette spécialité comme dans d’autres qui obligent à effectuer de nombreuses gardes de nuit ou de week-end, il existe une fuite des médecins vers des modes d’exercice moins pénibles et paradoxalement plus rémunérateurs, du moins au regard du nombre d’heures effectuées.

    Des pistes de solutions sont une différenciation très substantielle de la rémunération entre les différents modes d’exercice basée sur la pénibilité, couplée à une régulation de l’affectation des praticiens prenant en compte les questions d’aménagement du territoire et de sécurité de la population.

     

    En ce qui concerne la médecine de ville, il est anormal que les spécialités les moins contraignantes soient les mieux rémunérées.

    Alors que la population vieillit et devient de ce fait moins mobile, des médecins travaillant dans des structures pluriprofessionnelles, avec en priorité des infirmières, permettraient une organisation des soins adaptée, des visites à domicile, la réalisation d’examens grâce à des équipements techniques mutualisés, évitant ainsi aux patients d’être obligés de se déplacer pour une analyse de sang ou un simple électrocardiogramme.

    Une telle organisation diminuerait également les passages aux urgences pour de simples consultations.

     

    Pour cela, le médecin ainsi que les autres professionnels de santé libéraux ne doivent plus être obligés d’investir pour être propriétaires de leur outil de travail mais travailler dans des centres de santé dont ils sont salariés.

    Ils peuvent ainsi dégager au minimum 20 à 25 % de leur temps en étant libérés des tâches de gestion et de logistique.

     

    Bien entendu, ce changement est radical mais il est nécessaire tant pour les patients que pour les professionnels qui, dans le système libéral actuel, souffrent d’un repli catégoriel qui se traduit par des chicaneries entre eux pour savoir qui gardera la responsabilité des actes les plus rémunérateurs.

    La solution du salariat supprime les dépassements d’honoraires pour les patients et permet de rémunérer les soignants en fonction de leur utilité sociale, en incluant la pénibilité et le service rendu à la population.


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