• Marseille : Benoît Payan est-il bien un maire dans l’esprit du Printemps marseillais ?

    Marseille :

    Benoît Payan est-il bien un maire

    dans l’esprit du Printemps marseillais ?

    Mardi 22 Décembre 2020

    L’élection, lundi matin, du socialiste pour succéder à Michèle Rubirola n’a souffert d’aucune contestation au sein de la gauche phocéenne. Certains collectifs citoyens émettent toutefois des réserves quant au profil du nouvel édile.

     

    À 42 ans, Benoît Payan (PS) est devenu lundi le plus jeune maire de Marseille. Une semaine après la démission de Michèle Rubirola, son premier adjoint a été élu, dans la matinée, par le conseil municipal de la cité phocéenne avec 53 voix pour, et 48 abstentions, la droite ayant quitté l’hémicycle avant le vote, dénonçant un « déni de démocratie ». Pourtant, cette élection ne souffre d’aucune contestation au sein de la majorité, et, hormis ce départ des élus LR, le vote s’est déroulé dans la sérénité. Ce qui n’était pas le cas le 4 juillet dernier, lorsqu’il avait fallu plusieurs heures de conseil et de négociations pour que l’ex-PS Samia Ghali se désiste, laissant la voie libre à Michèle Rubirola.

     

    « Un doute planait sur la bonne tenue de cette nouvelle élection, après celle de juillet, concède Jérémy Bacchi, secrétaire départemental du PCF des Bouches-du-Rhône. Mais on s’est rendu compte qu’il n’en était rien, que les six premiers mois de gestion du Printemps marseillais conviennent aux citoyens mais aussi aux élus proches de Samia Ghali. » Le communiste assure également que « la majorité reste la même » et que, même si le nouveau maire est un membre du PS, « la mairie n’est pas devenue socialiste ».

     

    L’élu a aussi défendu « l’excellent » bilan de sa prédécesseure

     

    C’est ce que l’intéressé a tenu à rappeler également, peu après s’être vu remettre, des mains de Michèle Rubirola, son écharpe de maire, non sans émotion. « Je suis membre d’une majorité qui défend une ville plus verte, plus juste et plus démocratique qui se donne deux priorités : rassembler les Marseillais en combattant les injustices et dessiner l’horizon d’une ville durable », a-t-il déclaré lors de son discours d’intronisation. L’édile a aussi défendu « l’excellent » bilan de sa prédécesseure. Un constat qui n’est toutefois pas partagé par tous les membres des collectifs citoyens qui ont contribué à la victoire du Printemps marseillais. En marge de l’élection de Benoît Payan, une centaine de « citoyens », la plupart membres de collectifs locaux, ont mis en ligne une pétition exigeant de remettre la démocratie au cœur du projet municipal.

     

    « Durant ces premiers mois, il n’y a eu aucun moment fort avec la société civile et des dossiers qui patinent, sur le logement, l’écologie », explique l’un des signataires, Kevin Vacher, membre du collectif du 5 Novembre, l’un des moteurs du Pacte démocratique, qui n’avait finalement pas trouvé d’accord avec le Printemps marseillais en vue de constituer une liste commune lors des municipales. La majorité s’en explique, mettant en avant l’impossibilité de réunir les citoyens en raison des conditions sanitaires, ou encore que la crise a bouleversé certaines priorités – avec notamment le vote d’un million d’euros de budget pour des mesures sociales d’urgence. Pour les citoyens signataires de la pétition, c’est aussi le symbole dégagé par cette nouvelle personnalité à la tête de la ville qui interroge. Qualifié de « professionnel de la politique », Benoît Payan a une formation de clerc de notaire mais n’a jamais exercé, s’étant engagé dans la politique très jeune, ce qui tranche avec sa prédécesseure : « Michèle Rubirola symbolisait l’alliance entre les différents partis de gauche et les collectifs citoyens, détaille Kevin Vacher. L’incarnation de l’esprit du Printemps marseillais était importante, car elle s’inscrivait dans une volonté de rupture, un choc démocratique après quinze ans de Jean-Claude Gaudin et quarante ans de Gaston Defferre à la mairie. »

     

    Lors de son discours, lundi, Benoît Payan a voulu devancer ces critiques : « J’ai fait le choix à 20 ans de devenir un militant de gauche. Cet engagement, je l’assume et je le revendique. » Du côté des forces qui composent la majorité municipale, la confiance est aussi de mise : « Ni Michèle Rubirola hier, ni Benoît Payan aujourd’hui n’ont de majorité issue uniquement de leur famille politique, explique Jérémy Bacchi. Nous garderons malgré tout une certaine vigilance pour continuer à avoir une expression plurielle, collective. Mais, pour cela, le Printemps marseillais est le meilleur des garde-fous. »


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