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Inès Léraud attaquée en justice pour avoir enquêté sur l’agroalimentaire breton : l'affaire devient politique
Inès Léraud attaquée en justice
pour avoir enquêté sur l’agroalimentaire breton :
l'affaire devient politique
Inès Léraud a enquêté sur l’agroalimentaire en Bretagne, ses impacts sociaux et environnementaux, mais aussi sur les méthodes de certaines entreprises.
L'une d'elles l'attaque en diffamation.
Un collectif lance une pétition pour soutenir la journaliste et défendre la liberté d'informer.
France 3 Résumé de l'affaire >>>>>
Point Presse sur l'affaire Inès Léraud.
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Objet: Invitation à une conférence de presse du Comité de soutien à la
journaliste Inès Léraud.
Date: 2020-05-18
Bonjour,
Le comité de soutien à la journaliste Inès Léraud qui s'est constitué le
8 mai dernier en Bretagne à le plaisir de vous inviter à une conférence
de presse qui se tiendra :
Le vendredi 22 mai à 11h
1 rue Zénaïde Fleuriot
à Saint-Brieuc
Vous trouverez également en pièces-jointes la Tribune-pétition qui a été
publiée par le journal Libération, la liste des premiers signataires,
ainsi qu'une adresse au Président du Conseil Régional de Bretagne.
Pour le Comité de soutien à Inès Léraud.
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Adresse à la présidence du Conseil régional de Bretagne,
en réponse à ses messages publics et privés
Par le Comité de soutien à Inès Léraud
Depuis la publication de la tribune "Défendons la liberté d'informer
sur le secteur agroalimentaire" parue dans Libération (8 mai 2020),
Inès Léraud et son comité de soutien ont reçu plusieurs messages
publics et personnels, leur demandant la suppression d’une phrase du
texte cité, au motif que celle-ci ternit l’image de la Bretagne. Ces
demandes émanent de la présidence du Conseil régional.
Examinons la phrase du texte qui déplaît aux responsables de
l'exécutif régional : "Une maison d’édition régionale avait
préféré renoncer à son projet de traduction en breton de la bande
dessinée Algues vertes, l’histoire interdite, par peur de perdre des
subventions du Conseil régional de Bretagne". Jean-Michel Le Boulanger,
premier vice-président délégué à la culture et à la démocratie,
écrit au comité de soutien, dès le lendemain de la publication,
qu’il “conteste absolument” cette phrase et lui demande “de bien
vouloir [se] renseigner et, vérification faite, de retirer cette
phrase”. Quant à Loïg Chesnais-Girard, président de la Région, il
assurait vendredi soir, lors d’un “facebook live”, que le propos
en question aurait été rapporté « sans être vérifié ».
Cette information - qui n'est que l'un des éléments portés à la
connaissance du public dans cette tribune - a bien sûr été
attentivement vérifiée par les auteurs du texte. Nous en réaffirmons
la véracité. N’ayant pas eu accès aux échanges entre le comité de
soutien et la maison d’édition, la présidence de Région ne peut
bien sûr pas prétendre que cette information est fausse. Alors,
comment comprendre ces messages ? L’exécutif régional refuse tout
bonnement à quiconque la possibilité concevoir des formes
d’autocensure, comme s’il n’était pas envisageable que
l’institution régionale puisse être en situation d’exercer des
pressions indirectes et discrètes, notamment par sa politique de
subventions.
Pourtant, les exemples passés qui expliquent qu’un éditeur puisse
craindre de d’entreprendre un tel projet ne manquent pas, hélas.
N’ayons pas la mémoire courte ! La bande-dessinée Algues vertes,
l’histoire interdite rapporte des témoignages de scientifiques dont
les travaux ont été tronqués ou censurés pendant plusieurs années
par la Région Bretagne en 1988, en 1999 et en 2013. En 2011, au nom
d’une soi-disante atteinte à l’image de la Bretagne, Jean-Yves Le
Drian, président du Conseil régional, a fait interrompre une campagne
de l’association France Nature Environnement qui dénonçait les
méfaits de l’agriculture intensive, en affichant des photographies de
marées vertes dans le métro parisien. Il est allé jusqu’à déposer
une plainte en diffamation contre l’association, alors que les fait
dénoncés sont établis scientifiquement . En 2004, Josselin de Rohan,
président du Conseil régional de Bretagne, a fait supprimer une
subvention au film “Mona Lisier” de Clode Hingant, en raison du
propos critique envers le modèle agricole intensif qu’il contenait.
Le journal Brest-Ouvert a qualifié cette suppression de “censure de
la création artistique”…
Aujourd’hui, certains des élus régionaux ne se rendent pas compte
que leurs demandes insistantes visant à faire supprimer un passage de
la tribune, sont à la fois inappropriées et inquiétantes. En plus de
corroborer ce qui est écrit dans la tribune, leur réaction ne
prouve-t-elle pas qu’ils ont encore la tentation de contrôler ce que
disent et écrivent publiquement les acteurs (culturels et associatifs)
régionaux ?
Si la Présidence de la Région veut donner un signal fort montrant
qu'elle aspire à changer d'ère, plusieurs choses simples pourraient
être initiées par elle. Elle pourrait accepter la proposition
(avancée par le comité de soutien) d’une rencontre et d’un débat
contradictoire de vive voix. Elle pourrait aussi organiser les
conditions d'une traduction rapide en langue bretonne de l'album Algues
Vertes.
Par là, elle montrerait, d’une part, qu'elle entend contribuer à
favoriser la circulation d'informations sur les questions
agro-alimentaires et à nourrir un débat important pour notre région.
D'autre part, elle enverrait un signal clair aux éditeurs, journalistes
et autres acteurs de la scène sociale bretonne (associations,
syndicats) : "n'ayez plus peur de publier des informations vérifiées
qui améliorent la qualité du débat démocratique et qui éclairent
les citoyens ! Il n'y aura dorénavant pas d’obstacles venant de notre
part, si vous ne faites qu’exercer votre métier d’informer".
Un débat démocratique est un espace où, par définition, tout le
monde n'est pas d'accord. Chacun essaie d'y voir clair, modestement, en
mettant en commun les quelques lumières dont il dispose. Un espace
démocratique régional vivant ne peut pas être un lieu où règne
l’unanimité, un espace de promotion d’élus par définition
infaillibles ! Nous espérons que les représentants de la Région
abandonnent ces réflexes d'un autre âge : la vie démocratique
bretonne a grand besoin d’un espace de discussion contradictoire et
respectueux. Certaines déclarations semblent montrer un désir de
changement sur ce plan ; nous nous en réjouissons. En pratique, on sait
qu’il est difficile de changer des habitudes enracinées. Nous voulons
espérer que nos élus se révèlent enfin capables de traiter les
citoyens comme des adultes, autonomes sur le plan intellectuel.
Monsieur le président de la Région Bretagne, l'occasion est trop belle
de rompre, enfin, avec les logiques clientélaires archaïques qui
minent la société bretonne depuis bien trop longtemps, comme
l’expriment les milliers de citoyens qui ont signé la pétition de
soutien à Inès Léraud, et ceux qui lui ont adressé des messages de
soutien sur la page d’Agir pour l’environnement. Ne la manquez-pas !
Monsieur le président de la Région, puisque nous en sommes au chapitre
des voeux, nous vous en adressons un dernier. Le collectif des victimes
de l'empoisonnement par des insecticides dans la coopérative Triskalia
demande à être reçu par l'institution régionale depuis près de dix ans.
Il a été reçu solennellement par le Parlement Européen et par la
Commission Européenne. Jusqu'à présent, la Région n'a jamais ouvert sa
porte à ces victimes.
Tout un chacun peut imaginer qu’un tel choix découle de la
promiscuité entre les élus et le secteur agroalimentaire. Le
Président de la République n'a-t-il pas présenté les Bretons comme
"la mafia française" lors de sa rencontre avec le pape François, en
juin 2018 ? Cette phrase ne nous a ni fait rire, ni rendus fiers. Mais
elle disait peut-être vrai. En Bretagne, aux yeux de beaucoup, les
élus semblent ne pouvoir rien faire qui puisse déplaire au pouvoir
invisible, le pouvoir économique incarné surtout par certains acteurs
du secteur agro-alimentaire, de plus en plus hégémoniques, comme le
montre la fusion de Triskalia et de Daucy (un groupe dont la Région
Bretagne est devenue actionnaire à hauteur de 5 millions d’euros).
En recevant enfin, avec toute la considération qui leur est due, les
représentants des victimes des pesticides en Bretagne, vous avez
l'opportunité de démentir l’idée selon laquelle la Bretagne serait
une terre de mafia, c’est-à-dire (si les mots ont un sens) une
contrée sous-développée sur le plan démocratique.
Ceux qui sont morts et ceux dont le corps est irrémédiablement meurtri
par des pesticides n'ont-il pas le droit d'être enfin reconnus par
l'institution régionale ? Pourquoi, depuis toutes ces années, la
Région Bretagne a fait exactement comme si ils n’existaient pas, en
préférant ignorer ces drames humains ? Ne serait-il pas temps de
revoir, en profondeur, un modèle agroalimentaire qui s’est révélé
insoutenable, tant écologiquement que socialement ?
Saint-Bieuc le 18 mai 2020.
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Contact presse : comitedesoutien-inesleraud@laposte.net
Lien web de la tribune-pétition."Défendons la liberté d'informer
sur le secteur agro-alimentaire"
https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/dynfendonslalibertyndinformersurles-3791.html------------------------------------------------------------------
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Halte aux marées vertes
https://www.halteauxmareesvertes.org/
Algues vertes : une investigation sous pression
https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-19-juin-2019
Algues vertes en Bretagne : le grand déni
https://www.franceinter.fr/emissions/l-enquete/l-enquete-10-juin-2016
Algues vertes en Bretagne : des vérités qui dérangent
https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-10-juin-2016
Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire
https://www.liberation.fr/debats/2020/05/08/defendons-la-liberte-d-informer-sur-le-secteur-agro-alimentaire_1787668
"Dérivages" Plage de Jospinet Planguenoual le 14.09.2019
https://youtu.be/t2kfWtqQmSc
Algues vertes : une investigation sous pression
https://www.youtube.com/watch?v=_V-F2kzkPIA
Inès Léraud attaquée en justice pour avoir enquêté sur l’agroalimentaire breton : l'affaire devient politique
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ines-leraud-attaquee-justice-avoir-enquete-agroalimentaire-breton-affaire-devient-politique-1830382.html
Inès Léraud
https://inesleraud.fr/
Biographie d'Inès Léraud
https://www.franceculture.fr/personne/ines-leraud
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