• Ensemble : Et maintenant ?

    L'Avis de mes Potes

    Ensemble : Et maintenant ?

     

     

    Notre mouvement est face à de nombreux choix structurels mais il doit surtout confirmer ceux qui ont guidé sa fondation.

    Si nous ne priorisons pas entre les luttes, les alternatives et les élections, pourquoi devenons-nous si souvent un organisation politique comme une autre ?

    Les scrutins de ce début de 21ème siècle me font penser à une parole de chanson de Kény Arkana “Si tu veux être sur de perdre à un jeu, joues avec celui qui a inventé les règles !”.

    J’ai participé à toutes les campagnes depuis 15 ans. J’en tire le sentiment, comme beaucoup d’entre nous, que si nous ne construisons pas un mouvement qui fait société les élections resteront le bal des égos et de la course à la part de marché.

     

    Un autre récit

    Nous devons imposer un autre récit et de nouveaux mots.

    Il ne suffit pas de le dire : il faut s’y contraindre.

    Nos actes doivent raconter notre visée.

    Nos portes-paroles doivent exprimer une colère mais aussi la soif d’un autre monde qui court dans la société.

    Nous devons être une force d’attraction car notre militantisme doit rayonner sur le fond mais aussi sur la forme.

    Nous devons, et les résultats des régionales nous y invite, marteler des valeurs mais surtout une espérance.

     

    Sans trahir sa pensée, Pierre Zarka explique comment notre condition actuelle nous divise.

    Comment dans le présent, il n’y a pas d’intérêt convergent entre un migrant, un fonctionnaire, un artisan, un jeune…

    Le seul espace pour construire notre unité est le futur.

    Nous devons savoir raconter avec des mots simples à la fois la domination permanente que le système perpétue mais aussi le déjà-là de la transformation.

     

     

    La gauche est devenue une machine à perdre car elle est perdue.

    Les choses simples que nous demandent différents militants pour nous rejoindre sont le fait que chacun compte pour un, que les processus démocratiques soit radicaux, que tout soit sur la table.

    Ils demandent aussi à trouver du plaisir dans l’action militante et que cette action soit déjà une émancipation en chemin.

     

     

    Nous ne pouvons faire l’économie du temps long car nous devons reconstruire une langue commune.

    L’incantation des référents de notre histoire ne suffisent plus, même 68 semblent déjà en dehors du regard du plus grand nombre alors que penser de nos références à 36, 44...quand ce n’est pas 1789…

    Il faut inventer une éducation populaire tourner vers l’action qui ne soit pas un cours d’histoire mais une méthode pour agir ensemble (qui passe nécessairement par la connaissance de notre passé …).

    Ici, nous avons inventé une “fabrique à idées” qui creuse un thème chaque mois avec des acteurs du réel, des intellectuels...

    mais qui permettent aussi de prendre des décisions d’actions.

    C’est une formation permanente des militants qui sont très demandeurs.

     

    Créativité

    Nous devons aussi faire des paris sur la créativité dans les actes : briser l'état d’urgence, faire un film, écrire une chanson, chercher dans chaque lutte la symbolique qui raconte notre visée.

    Ici, nous avons invité la presse à l’inauguration de nos locaux de campagnes...mais nous n’en avions pas ...notre local de campagne c’est la rue.

    “Nous ne sommes pas une liste vitrine.”

    Voilà ce que nous souhaitions dire.

    C’est une toute petite chose mais le fait de la raconter la propage.

    Nous devons multiplier les récits de nos actes.

    Ne pas avoir peur de valoriser même nos fragilités et notre cheminement.

     

    Il y a derrière tout ceci une grande part qui émergera “naturellement” de notre orientation politique mais il y aussi des choix structurels et volontariste  qui doivent être pris à chaque niveau de notre organisation.

    Pour être très clair, il ne faut pas hésiter à financer des outils qui nous “raconte” (films, journaux etc..) et à consacrer une part de notre temps militant à réfléchir à cette “forme”, à ce récit.

    (exemple : Notre université d’été est un bon moyen de produire des images, des paroles militantes etc...et pas seulement des comptes rendus pour militants spécialisés…).

     

    3 priorités ?

     

    A la fondation de notre mouvement, nous avons beaucoup insisté sur le fait de ne pas choisir entre alternative concrètes, luttes et enjeux électoraux.

    Comment faire vivre cette “trinité” sans que le temps électoral ne prime et n’oriente les autres axes ?

    Je n’ai pas de recette.

    Je pense que nous devons trouver chaque année dans chaque localité des actions qui équilibrent.

    De même, nous devons trouver une place pour chacun dans notre activité sans dénigrer ceux que l’élection rebute et sans déléguer à certains les luttes électorales.

     

    Casse tête dialectique

    Dans ce casse tête dialectique (et dans la continuité du début de ce texte), je pense que l’invention de médias est une action essentielle.

    Nous devrions partager des moments de formation et d’inventions collectives tournés vers les nouvelles technologies, les prises de sons, de vidéos, les sites et les réseaux sociaux…

    C’est un moyen pour faire circuler l’information, valoriser des alternatives, marquer des soutiens à certaines luttes et mailler sans cesse social et politique, briser des frontières qui bloquent les alternatives qui se cherchent.

    De même les temps festifs sont des actions à ne pas sous estimés.

    Notre fête des Alp’ternatives nous a permis de joindre toutes les assos locales, d’engager un dialogue qui a permis à une quinzaine de stands d’être présents.

     

    Unitaire ?

     

    Enfin, nous le savons, nous devons refonder la gauche.

    Nous nous sommes souvent illustrés par notre volonté unitaire.

    Pourtant, le front de gauche est en échec et n’a jamais su dépasser le cartel politique.

    Les rancoeurs se multiplient et pour beaucoup d’entre nous les désaccords politiques s’additionnent souvent avec des incompatibilités personnelles (la politique c’est aussi ça…).

    Les situations semblent bloquées alors que le réel nous rappelle chaque jour que l’union est la condition de la transformation du réel.

     

    Nous devons veiller à ne pas reproduire des logiques d’appareils qui sclérosent les situations et empêchent le nouveau.

    Les communistes sont comme ceci, le PG comme celà...etc...

    J’ai surtout l’impression que le moment est surtout plein d’incertitudes, que chaque orga est traversée par des questionnements, et que chaque militant a vécu le résultat de ce scrutin avec la même violence.

    Ne sous-estimons pas la capacité qu’ont les évènements à nous transformer... (nous et les militants des autres orgas…).

     

    Je pense que nous ne devons plus attendre un signal du national...mais au contraire favoriser la multiplications de signaux locaux qui disent aux “dirigeants” : “nous ne vous attendons pas, nous vivons l’unité.”

     

    Pour cela, il ne faut pas avoir le fétichisme des formules.

    Chaque territoire doit inventer son périmètre, ses étapes et sa créativité.

    Ensemble devrait avoir une orientation nationale qui favorise ses expérimentations, les valorise.

    Nous devrions à nouveau insister sur la nécessaire union de citoyens et d’organisations.

    Et pour désamorcer le côté systémique que chacun joue dans les espaces unitaires, nous devons favoriser les groupes locaux et la présence de citoyens hors appareils pour construire l’émergence de cette gauche citoyenne avec un regard neuf.

     

     

    Il va sans dire que le mouvement local doit rapidement trouver son miroir national et que des signes seraient bienvenus.

    Le dépassement (dissolution?) du Front de Gauche pour un cadre nouveau (plus large et plus horizontal) devrait être assumé plutôt que d’inventer un “machin” en plus...à côté.

     

     

    Merci de m’avoir lu jusqu’au bout.

    Œuvrons Ensemble à cette œuvre collective

    qu’est la transformation du réel.

     

    LEC!

     

     


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