• Des questions élémentaires, pas faciles…

    Des questions élémentaires, pas faciles…

     

    de PC-S (18 déc.)

     

    Nous vivons une contradiction pénible. Beaucoup de personnes voudraient avoir un tout autre gouvernement, des responsables agissant dans la confiance, et une sécurité démocratique…  Mais l’autre volet est dans les têtes : les gauches, dans leur état, font craindre la marginalisation des espoirs de « dépassement » de ce système, et même de l’urgence à limiter les mauvais coups. Un sentiment d’impasse, notamment au sein des composantes de la gauche radicale !  D’où la difficulté à poser des questions élémentaires. Mieux vaut se le dire, et ainsi pouvoir discuter. 

    Ce malaise est fort, et nous rencontrons bien des amis livrés à exprimer leur rage comme si les grands et gros mots peuvent guérir nos maux. Avec l’amplification des médias, la discussion se déplace sans arrêt sur une écurie présidentielle ou l’autre ; lassitude et même dégoût, ironie … ; d’où un trait qu’un de mes amis a résumé avec l’humour nécessaire. « Un chef d’orchestre sans orchestre, qui a la baguette mais pas la partition …. ». Cette formule fait écho à combien de colère et de cris, au quotidien !

    Que faire, donc ? Nous ne nous situons pas dans les calculs politiciens. La question n’est pas de faire des jeux de dupes. « Je t’aide à faire réélire tes députés si tu me fais candidat pour la troisième fois »… Ce n’est pas cela qui peut convaincre la grande masse de chômeurs et précaires – près de 11 millions aujourd’hui- ; ni les « quartiers populaires, c’est à dire, les populations « issues de l’émigration », sur le long terme ; ni les jeunes qui ont été déçus des batailles électorales et de leurs résultats ? Un rappel : celles/ceux qui avaient 15 ans au moment de la présidentielle en 2006-2007 ont quel âge aujourd’hui ? Celles/ceux qui se souviennent des mobilisations contre la Loi Travail Hollande-Macron, des mobilisations pour défendre le droit à la retraite, les Gilets Jaunes… Leur abstention n’est en rien de l’apolitisme mais le rejet des prétentions populistes de tous poils et des « partis représentatifs » en crise de représentativité.

    Nous le savons bien, pour l’immédiat, notre choix tactique est lourd de conséquences. » Si la volonté d'écarter un duel Macron/Le Pen conduit certains à rechercher une unité sans rivages, (…) cette option interdit de mobiliser un électorat populaire et plutôt de gauche, mais abstentionniste en raison du bilan désastreux du quinquennat Hollande » (Poursuivre le débat…, signé par cinq camarades). Différence ou proximité ? Samy vise le même objectif en disant, « sauf à faciliter l'ascension du RN, il faut des ruptures à la fois profondes et minimales » (La grande conversion, bis).  Dans la même discussion, donc.

    Nous savons que Jean-Luc Mélenchon est candidat, certain.e.s veulent conclure tout de suite.  Notons cependant que la résolution adoptée par Ensemble Insoumis, lors de leur Assemblée des 11 et 12 décembre, énonce une ligne : « - Proposer que la campagne repose sur la combinaison d’un rassemblement « au sommet », issu de partis constituants, de fractions de ceux-ci, et de personnalités qualifiées choisies d’un commun accord. Et la constitution « à la base » de groupes de campagne comprenant des affilié-e-s et des sans affiliations. Ce dispositif ne peut faire table rase de l’existant du côté de la FI ».

    Prenons cette expression positivement. Elle n’est pas contradictoire avec l’option adoptée dans les textes de l’Assemblée générale de notre organisation : « nous proposons un accord de législature qui comporte les engagements politiques et sociaux en rupture avec le néo-libéralisme et le productivisme, ainsi que des candidatures pour les législatives et la présidentielle. Ceci afin de rassembler les citoyens et citoyennes, soutenus par les gauches et les écologistes pour éviter le scénario Macron-Le Pen et proposer un projet politique qui permette de gouverner le pays ». Notons que certaines expressions de la Résolution d’Ensemble Insoumis s’en rapproche :  « - Proposer qu’un accord pour 2022 comporte donc le soutien à JLM et, en même temps, un accord législatif sur la base de ces discussions programmatiques. Ici donc une attention particulière à ce qui peut se passer dans les processus en cours au PCF, dans la gauche écologiste ou/et à Générations, voire au NPA ».

    Faire un tri ou faire débattre le plus largement…

    Nous voyons bien que la moindre allusion au PS est éludée. Mais qui ne voit comment les choses peuvent évoluer ? Le PS a son avenir en suspension. Parmi ses dirigeants, le souci de redéfinir leur projet va prendre des mois et transporte beaucoup de désaccords.  Y a t-il encore une place pour un parti social-libéral-social-démocrate ; et si oui quelle organisation la prendra ?  Toutefois, vu depuis leur base moins institutionnelle, voire leurs électeurs de 2012 ou de 2017, bien des remises en cause ont eu lieu, et se poursuivent ; un peu comme dans la partie de l’électorat pour l’heure abstentionniste.

    D’où notre démarche, et des questions.

    Relire le texte de la motion d’orientation adoptée est simple : sur le site.  « 3.  Rassembler pour agir - Rassembler pour faire gagner une alternative antilibérale.   3.1. (…) contribuer à l'émergence d'un bloc social et politique large pour changer les rapports de force dans le combat contre le capital et en même temps, par ses batailles d'idées et ses propositions, de construire sur la base de convergences stratégiques une force de gauche alternative portant la visée d'une révolution démocratique (…) « 3.2. Rassembler pour proposer l'action et le front commun sur des réponses alternatives à la crise sociale, sanitaire, écologique et démocratique. » Pour abréger, là encore, voir sur le site les 3.1, 3.2.2 et le 3.2 et le 3.2.3.  Accord général. 

    Le désaccord sur le 3.3, porte sur le choix de laisser de côté toute possibilité d’ouverture de discussions qui pourraient aboutir à un accord avec le PS ou certaines de ses composantes. Comme si nous étions à deux mois de l’élection présidentielle. Comme si le rejet affirmé du PS suffisait à donner à la gauche une crédibilité vis à vis des abstentionnistes ; on peut au contraire penser que cela nous enferme dans le jeu politique traditionnel

    Enfin qui peut dire combien, en un an, la situation va se modifier ? ! Que va-t-il résulter des élections en 2021 (départementales et régionales) ? Pendant celles-ci, combien de fois va se poser la nécessité de ne pas laisser gagner, voire laisser trop de place, au bloc « Pas touche à notre police !», qui a été le cri de ralliement de la droite « dure » nationaliste, chauvine, raciste ?  Quelles luttes redistribuant les questions-clé se dérouleront-elles ? Quels sera la sortie   de la crise sanitaire, quels conséquences sociales et politiques ? Parviendrons-nous, - puisque sur cet aspect nous avons constaté nos accords-, à faire débattre de points décisifs pour un accord à la fois législatif et présidentiel ?

    Plusieurs cas de figure

    Nous arriverons à un constat, entre autres :

    Deux ou trois candidatures « à gauche », après des mobilisations (possibles… !) qui auraient modifié l’espace politique, permettant une forte présence pour l’échéance électorale au lieu des actuelles abstentions. Une possibilité donc que deux candidatures de gauche ne fassent pas disparaître la gauche dès le premier tour, -eu égard aux informations et études sur l’opinion publique et sur les discussions autour de nous-.

    La même situation qu’aujourd’hui ou pire encore : division entre deux ou trois candidatures, à six mois de l’échéance électorale, avec un prévisible 2ème tour à droite. Dans ce cas, on sait la pression de l’argument sur « ce qui est le pire ». Nous serions bien contraints, comme toutes les forces « de gauche « en présence de savoir comment s’unir pour éviter de voir s’imposer « le combat entre les deux droites ». Quelles que soient les deux têtes de pipe : la plus vraisemblable (Macron/Le Pen), mais encore une variante (par exemple Edouard Philippe/ Le Pen) ou une autre (E. Philippe/ Général de Villiers) ; etc.

    Que ferions-nous ? A titre d’hypothèse, puisque ce cela n’est pas exclu, imaginons EELV, des PS, Génération-s, et d’autres (Nouvelle Donne, Diem, voire PCF et GDS…) rassemblés pour la candidature de Christiane Taubira, créditée d’un pourcentage égal ou légèrement inférieur à celui de Jean-Luc Mélenchon ». Dirions-nous : tant pis pour qui sera au deuxième tour ? JLM dirait-il « que le meilleur, qui est moi-même, gagne ! » ? On peut douter que, si cela devait se présenter, il serait lui-même porteur d’une telle aventure.  Alors que le ralliement sur la candidate « la plus consensuelle des diverses gauches » assurerait une gauche pour un second tour… Mais, pour l’heure, nul ne sait ce que sera la situation, ni si existera une candidature capable de gagner une place au second tour. Ni quelle décantation – ou non - auront fait les régionales : LR n’a-t-il pas, devant ces incertitudes, reporté après celles-ci les formes pour choisir leur candidat de 2022 ?

    Nous jugerons alors comment répondre, que nous ayons été des soutiens sans faille de JLM ou critiques, de diverses façons, depuis 2012 ?  Ce serait un cadre de discussion très différent d’aujourd’hui.

    Que pouvons-nous faire d’utile, ici et maintenant ?

    Notre motion d’orientation en comporte  l’indication essentielle : « Marcher sur nos deux jambes : Ensemble ! se donne pour perspective à la fois de contribuer à l'émergence d'un bloc social et politique large pour changer les rapports de force dans le combat contre le capital et en même temps, par ses batailles d'idées et ses propositions, de construire sur la base de convergences stratégiques une force de gauche alternative portant la visée d'une révolution démocratique, d'une autogestion généralisée. » Un accord général s’est manifesté lors de l’A.G.                                                                           

    Nous cherchons, tous ensemble si possible, à faire discuter des objectifs pour un accord de législature. Nous le faisons dans les luttes les plus urgentes, soulignées dans notre motion d’orientation : un minimum pour chacun.e de 1250€, les luttes écologistes,  féministes, pour les libertés et contre les violences policières, contre l’islamophobie et une manipulation raciste de la laïcité…pour une politique imposant une autre utilisation des richesses… La consolidation et la gestion démocratique de la Sécurité sociale. Nous le faisons en nous associant à toutes les forces, groupes, individus qui portent avec nous l’affirmation de buts communs pour dépasser le système capitaliste.

    Une alliance pour un accord de législature pourra donc se faire autour d’exigences fortes et précises, ou insuffisantes... si nous agissons ainsi durant les prochains mois. Nous jugerons, le moment venu qui soutenir, sans baptiser « rupture radicale » ce qui ne sera que résistance ou un ou deux pas vers une alternative, pour l’heure inenvisageable. Plus le bloc social et politique que nous cherchons à construire sera fort et plus il influencera l’ensemble de la gauche et le débat public en imposant des thèmes.

    Plus d’unité facilitera la poursuite et le développement des mobilisations contre les racismes (et notamment l’actuelle vague d’islamophobie) et les discriminations sexistes. Des collectifs anti-Blanquer ; des collectifs d’observation et de contrôle de la police… mais aussi une autre vision du chômage et de la précarité, une autre vision des inégalités dans la société.

     

    Afin de « dépasser » le système capitaliste, il faudra tout à la fois des mesures dites « keynésiennes » radicales (ponctions sur le patrimoine des plus riches, impôts revus, rôle de la BCE, etc.), accompagnées d’un changement des pouvoirs dans les entreprises, les localités, les services publics, les investissements écolos-responsables, et le contrôle par les citoyens des institutions régaliennes (administration d’Etat, police, armée…). L’accord de législature que nous proposons construit un courant qui développera et les « contre-plans alternatifs qui se multiplient (énergie, aéronautique, santé) … et la santé publique sous « gestion » populaire, et la socialisation de l’industrie pharmaceutique. Et aussi la réappropriation démocratique de toute la protection sociale. Nous ferons ainsi progresser dans les pratiques et dans les objectifs l’auto-organisation.

    Ainsi nous pouvons préparer la construction d’une organisation pour l’émancipation.

    A lire les uns et les autres, il est sans doute possible d’en discuter dans Ensemble !


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter