• Avec la dissolution de « Memorial », c’est la liberté qu’on s’acharne à assassiner en Russie

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    Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire

     

    Avec la dissolution de « Memorial »,

    c’est la liberté qu’on s’acharne à assassiner en Russie

     

     Le couperet est tombé mardi 28 décembre 2021.

    L’association « Memorial », ONG russe de défense des droits humains, a été dissoute par la Cour suprême de Russie en vertu de la « loi contre les agents étrangers ».

    « Memorial » avait parfois oublié de mentionner dans ses interventions publiques -– une obligation contenue dans la loi - qu’elle était en partie subventionnée par l’étranger.

    Du fait de ce verdict, toutes les organisations régionales de « Memorial » ont également été dissoutes.

    Le lendemain, mercredi 29 décembre, pour le même motif, augmenté « d’apologie du terrorisme », un tribunal de Moscou, ordonnait la dissolution du « Centre de la défense des droits humains », entité juridique distincte de « Mémorial »

     

     

    La première loi russe contre les “agents de l’étranger” remonte à 2012, après la grande vague de manifestations de 2011 contre les fraudes aux élections législatives et la réélection de Vladimir Poutine à la présidence du pays.

    À l’époque elle visait les ONG subventionnées plus ou moins directement par une source étrangère. 

    En 2017, un amendement à la loi a permis d’inscrire les médias, puis en 2019 les personnes physiques.

    Enfin, au début de 2021, à l’approche des élections législatives, a été introduite dans la loi la notion de “candidat-agent de l’étranger” et de “candidat affilié à un agent de l’étranger”.

    Dès lors il était clair que cette loi liberticide, devenue l’un des instruments favoris de la consolidation du pouvoir de Poutine, serait un jour utilisée contre « Memorial ».

     

     

    Fondée en 1989-1990 dans le contexte de la perestroïka avec l’aide d’Andreï Sakharov, « Mémorial », dont le nom exprime clairement le but, était devenue une réseau comprenant un Comité  scientifique, historique et éducatif , des archives, un musée et des filiales internationales.

    Outre l’assistance aux victimes du Goulag, « Memorial» avait non seulement constitué sur la terreur stalinienne la plus vaste documentation au monde, tous documents librement consultables, mais s’impliquait de plus en plus directement dans la vie politique russe, au prix de nombreux procès destinés à l’intimider.

     

     

    Dans la marche du régime de Poutine vers une autocratie sans cesse plus prononcée, cette répression en forme de guérilla judiciaire n’était cependant probablement pas suffisante.

    D’où la dissolution pure et simple de « Memorial ».

    Il faut comprendre que l’association était une épine dans le pied de l’hôte du Kremlin.

    Dans la recherche de la grandeur passée et du statut perdu de super puissance dans laquelle s’est éperdument lancé Poutine, l’emprisonnement des opposant.es (Navalny) et le trucage des élections ne pouvaient suffire.

    N’est-il pas tentant de penser qu’il y a un lien entre glaciation à l’intérieur et initiatives agressives à l’extérieur ?

    Il était nécessaire de ce point de vue que rien ne vienne s’opposer à la réécriture de l’histoire que le régime a entrepris – afin d’établir une continuité avec la période stalinienne dont, comme despote, il est par ailleurs l’incontestable héritier - et, à ce titre, du fait de son travail de mémoire et d’histoire, « Memorial » était un obstacle qu’il fallait absolument renverser.

     

    Ensemble ! condamne avec la plus grande fermeté cette atteinte intolérable aux libertés, demande au gouvernement français et aux institutions internationales d’exiger de Moscou qu’il renonce à cette criminelle dissolution et appelle de ses vœux l’organisation d’un vaste soutien international à la résistance du peuple russe.

     

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