• Analyser la social-démocratie

    L'Avis de mes Potes
    Analyser la social-démocratie

     

     
    Pour moi, ce qui différencie social-démocratie et social-libéralisme ne se joue pas sur le registre libéralisme/antilibéralisme.
     
    Ce qui me semble caractériser le social-libéralisme c'est l'affirmation assumée d'une cohérence qui relie l'intériorisation complète des normes de la mondialisation (financiarisation et compétitivité) et une conception de l'action publique centrée sur la mise au travail (le "plein-emploi") et le maintien de l'ordre social.
     
    La social-démocratie historique (modèle anglo-allemand) accepte la logique concurrentielle du marché ("oui à l'économie de marché") mais la tempère par la volonté de croire que la sphère publique peut en corriger les effets sociaux les plus déstructurants ("non à la société de marché").
     
     
    Toute l'histoire du socialisme d'après-guerre, c'est l'acceptation progressive d'une évolution générale qui fait glisser de l'Etat-providence à la dérégulation intégrale, de la norme de droit à la flexibilité, de la loi au contrat.
     
    Pendant toute une période, l'acceptation progressive suppose de gérer la contradiction, par des arbitrages mobiles, dans un sens plus ou moins régulateur ou dérégulateur.
     
    Ce qui distingue les deux phases du socialisme n'est pas le détail des pratiques et des choix, mais la cohérence voulue qu'elles expriment.
     
    En cela Jospin reste marqué par l'histoire social-démocrate ; Hollande et Valls veulent s'en débarrasser.
     
     
    Mais l'histoire montre qu'il ne suffit pas de vouloir continuer une trajectoire sociale-démocrate pour que perdurent les équilibres socialement plus vertueux du "compromis fordiste" et de "l'Etat-providence".
    Pour l'instant, je constate qu'une partie du PS renâcle devant la cohérence libérale de l'exécutif ; mais je ne les entends pas faire la critique de plus de trente années de dérive socialiste.
     
     
    Cela signifie-t-il que je fais une croix sur les mouvements critiques qui se dessinent ?
    Cela implique-t-il que j'exclus toute rapprochement avec des sensibilités "frondeuses" ?
    Évidemment non.
     
    Mais je ne peux pas ne pas tirer les conséquences d'une longue histoire.
    Qu'est-ce qui a tiré la social-démocratie vers un capitalisme "tempéré" ?
    Pour une part, des souvenirs  des temps où la social-démocratie était massivement du côté de la "révolution".
     
    Mais surtout le fait qu'existait le poids d'un mouvement ouvrier expansif et que la peur des "rouges", appuyée sur l'existence d'un "camp" communiste, obligeait les dominants à formuler des compromis.
     
    N'oublions pas le paradoxe : ce ne sont pas les ouvriers soviétiques, mais les salariés européens et américains qui ont le plus profité de l'existence de l'URSS...
     
    Mon problème n'est pas de savoir si je fais ou non confiance aux "frondeurs".
     
    Il est de constater que, sur la longue durée, la gauche d'alternative n'est pas en état de donner du sens politique à la masse de critique pratique qui sourd de toute la société.
    Il est de craindre que, à court terme, les difficultés  internes du Front de gauche  n'accentuent le décalage.
     
    Il n'y a hélas pas de solution idéale.
    Il faut donc trouver la meilleure, à défaut la moins dommageable.
     
    Mais à mon sens, la pire est de renoncer, au nom de nos difficultés et de nos échecs, à installer de façon autonome la gauche d'alternative sur la scène publique.
    Et l'installer suppose de ne pas accepter quelle disparaisse en se diluant au premier tour de la présidentielle.
    Là serait pour moi le "pire"...
     
    La social-démocratie en France  n'a jamais été autant fréquentable que lorsque la gauche critique, par l'entremise du PCF,  était majoritaire à gauche en se situant entre 20% et 25 %.
    Aucune force actuelle, à la gauche du PS, ne peut à elle seule espérer sérieusement un tel niveau. Ce n'est pas une raison pour accepter que "l'autre gauche" se rapproche de 0%...
     
     
    En 2012, nous avions commencé à entrouvrir une porte.
    Ne renonçons pas à continuer de le faire en 2017.
     
    Pour cela, ne rabaissons pas l'ampleur de la rupture à entreprendre.
     
    Ni le modèle 2012-2016, ni le modèle 1997-2002, ni le modèle 1983-1993.

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter