• Trappes: un conseiller de Marlène Schiappa à la manœuvre

    17 février 2021
     

    D’après nos informations, un proche de la ministre est intervenu auprès de la préfecture des Yvelines, avant même l’article du Point, pour alerter sur le cas du professeur de philosophie Didier Lemaire.

    Le cabinet affirme aujourd'hui qu’il avait connaissance de « menaces ».

    Personne n’en a pourtant retrouvé trace.

    Mediapart revient sur deux semaines d’une polémique indigne et ses coulisses.

     

     

    Marlène Schiappa connaît bien Trappes.

    En mai 2018, alors secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, elle avait décidé d’y délocaliser son ministère pendant trois jours.

    C’est là qu’elle a rencontré Thomas Urdy, à l’époque adjoint au maire de la commune des Yvelines.

    Près de trois ans plus tard, la ministre déléguée est désormais chargée de la citoyenneté et Thomas Urdy est devenu l’un de ses plus proches conseillers, « référent laïcité » pour l’ensemble du ministère de l’intérieur.

     

    Ce lien trappiste n’est pas tout à fait inutile pour comprendre le volet politique de « l’affaire Didier Lemaire », du nom de ce professeur de philosophie placé sous protection policière.

    Si la numéro 2 de la Place Beauvau est restée discrète dans la polémique, son cabinet a été, selon nos informations, très actif en coulisses.

    Avant même la publication de l’article du Point, Thomas Urdy était ainsi en lien direct avec le professeur de philosophie, qu’il connaît depuis l’époque où il était élu à Trappes.

    Il est même personnellement intervenu auprès du préfet des Yvelines à ce sujet dès le début du mois.

     

    Le cabinet de Marlène Schiappa ne dément pas cette intervention.

    Pour la justifier, il assure à Mediapart avoir « eu connaissance », début novembre, de « menaces proférées à l’encontre de Didier Lemaire ».

    Comme « pour toutes les personnes menacées », explique-t-on Place Beauvau, l’entourage de la ministre a donné « accès à ces contenus » à la direction départementale de la sécurité publique et à la préfecture, « pour appréhender localement le risque et la nécessité de protection individuelle » pour l’enseignant (retrouvez l’intégralité de la réponse sous l’onglet « Prolonger »).

     

    Une ligne de défense particulièrement surprenante :

    à Mediapart, les services de la préfecture indiquaient la semaine dernière n’avoir reçu « aucun type de menaces précis » à son sujet.

    La protection avait alors été instaurée « à titre préventif », soulignait-on.

    Didier Lemaire lui-même nous confirmait n’avoir reçu « aucune menace de mort », contrairement à ce que laissait entendre l’article du Point : « Je n’ai pas eu peur », insistait-il. 

    « Il n’appartient pas au cabinet d’établir la réalité de telle ou de telle menace », répond l’entourage de Marlène Schiappa, qui laisse entendre que c’est Didier Lemaire qui lui a « fait état de menaces ou d’agressions ».

     

    C’est justement cet article qui allait placer, dès le 5 février au soir, Trappes et Didier Lemaire sous le feu des projecteurs pendant plus d’une semaine.

    Dans cette affaire, le comportement de la classe politique raconte les obsessions des uns et l’embarras des autres.

    À commencer par le plus haut sommet de l’État.

    Le silence de l’Élysée ne traduit pas un désintérêt du président dans ce dossier, à en croire un de ses proches acteurs :

    « Emmanuel Macron a une passion, presque une obsession, pour ce qui se passe à Trappes. »

    Est-ce tout à fait par hasard qu’il a nommé, en juillet dernier, la députée de la circonscription, Nadia Hai, comme ministre déléguée chargée de la ville ?

     

    Dans les premiers jours de la polémique, le silence du gouvernement a lui aussi étonné.

    Celui de Nadia Hai, bien sûr, mais surtout celui des trois hérauts de la laïcité, Gérald Darmanin, Marlène Schiappa et Jean-Michel Blanquer.

    Rarement avares de tweets et de réactions indignées, le ministre de l’intérieur, sa « binôme » et le ministre de l’éducation nationale ont en fait joué trois rôles bien distincts dans cette histoire.

    Ils ont d’abord brillé par leur absence.

    « C’est normal, ils avaient accès aux notes du renseignement ou de la préfecture qui expliquaient qu’aucune menace ne visait le professeur », explique l’acteur du dossier cité plus haut.

    Gérald Darmanin est entré dans la danse mardi 9 février au soir, plus de trois jours après la publication de l’article du Point.

    Le tout dans un curieux écho avec son rendez-vous médiatique de la semaine : le débat qui l’a opposé à Marine Le Pen, jeudi sur France 2.

    Son entourage est intervenu à deux reprises, selon nos informations :

    une première fois après la publication dans Le Monde des propos du préfet des Yvelines qualifiant Didier Lemaire d’« irresponsable », pour lui demander de rectifier le tir.

    Le lendemain, Jean-Jacques Brot a d’ailleurs publié un communiqué dans lequel il reformule une sortie médiatique teintée, selon lui, du « franc-parler qui [le] caractérise ».

    « Il me paraissait contre-productif de tenir des propos définitifs laissant à penser que la bataille contre le séparatisme était perdue dans ce territoire », écrit le haut fonctionnaire.

     

    Le deuxième contact entre Beauvau et l’hôtel de préfecture de Versailles a justement eu lieu jeudi 11 février, quelques heures avant le débat face à la présidente du Rassemblement national (RN).

    Le ministre souhaitait renforcer le dispositif autour de Didier Lemaire et lui offrir une protection rapprochée.

    Il consulte alors son préfet et annonce sa décision sur Twitter dans l’après-midi.

     

    Le calendrier est opportun.

    Quelques heures plus tard, Gérald Darmanin peut annoncer à Marine Le Pen ses deux décisions.

    À la présidente du RN qui lui reproche « l’abandon d’un fonctionnaire par l’État »,

    il rétorque fièrement :

    « Le préfet des Yvelines a fait un démenti »,

    puis : « Il faut protéger le professeur, c’est ce que j’ai fait dès aujourd’hui. »

    Sa première assertion est fausse : dans son communiqué, Jean-Jacques Brot ne dément aucunement ses propos de la veille.

    Quant à la deuxième, son timing laisse songeur.

     

    Jean-Michel Blanquer, lui, a fait recevoir très tôt Didier Lemaire par deux de ses plus proches conseillers.

    Le ministre de l’éducation nationale a attendu jeudi 11 février pour intervenir publiquement.

    Et c’est Ali Rabeh qui lui a donné l’occasion de le faire, en distribuant au lycée de La-Plaine-de-Neauphle une lettre aux élèves.

     

    Dans ce message, le maire (Génération·s) fait allusion aux propos de Didier Lemaire :

    « Ne laissez jamais dire que vous ne valez rien et que vous êtes perdus pour la République. »

    L’élu critique « la folie médiatique » qui les vise et « les propos violents, qui condamnent par avance », les exhortant à ne pas se laisser « détourner de [leurs] objectifs et de [leur] ambition ».

     

    L’académie de Versailles a rapidement dénoncé cette distribution dans l’enceinte du lycée par la voix de sa rectrice, Charline Avenel :

    « La politique n’a pas sa place dans l’école de la République ! »

    Dans la soirée, Jean-Michel Blanquer a enfoncé le clou et « condamn[é] fermement cette intrusion ».

    En privé, plusieurs élus et acteurs locaux jugent qu’Ali Rabeh a fait une « connerie » comme l’explique l’un d’eux, qui poursuit : « Mais personne n’est dupe de l’instrumentalisation qui en a été faite ensuite. »

     

    Jean-Michel Blanquer a même failli aller plus loin.

    Selon une information révélée par l’AFP et vérifiée par Mediapart, il avait décidé jeudi de porter plainte contre Ali Rabeh et préparé une déclaration en ce sens.

    Finalement, il s’est contenté d’un communiqué au vitriol contre l’élu trappiste.

    Contacté, son cabinet n’a souhaité ni confirmer ni infirmer ce revirement (voir notre Boîte noire sous cet article).

     

    L’élection municipale en toile de fond

    En réalité, l’épisode du « tract » ne s’est pas exactement déroulé comme on le raconte boulevard de Grenelle.

    D’après plusieurs témoins, la lettre d’Ali Rabeh a été distribuée dès 8 heures par deux de ses adjointes, à l’extérieur du lycée.

    L’édile, lui, est arrivé à 10 heures.

    Il est entré en compagnie du proviseur, passant la récréation dans le hall de l’établissement entouré de lycéens.

    Le tout s’est déroulé sans accrocs, jusqu’à ce qu’une enseignante s’insurge de la présence du maire.

    Dans l’après-midi même, une réunion syndicale est convoquée sous l’impulsion d’une poignée de professeurs proches de Didier Lemaire.

    L’un d’eux propose de se mettre en grève et d’organiser une manifestation devant la mairie de Trappes.

    Finalement, un courrier est rédigé puis rendu public sur Twitter.

    « C’était une fausse réunion où le courrier était ficelé d’avance par les quelques profs énervés, souffle un membre de l’équipe pédagogique.

    Beaucoup n’étaient pas du tout sur la même ligne. Les assistants d’éducation, eux, n’étaient même pas conviés. »

     

    À la suite de l’envoi de cette lettre, en à peine quelques heures, l’académie de Versailles et le ministère de l’éducation nationale envoyaient aux rédactions des communiqués offensifs pour dénoncer l’initiative d’Ali Rabeh.

    Une véhémence qui a surpris au sein même de la hiérarchie de l’Éducation nationale.

    Dans un curieux écho, Le Figaro révélait lundi que Jean-Michel Blanquer poussait actuellement la candidature de Charline Avenel, la rectrice de Versailles, au poste de directrice de Sciences-Po.

     

    En parallèle de la branche laïcarde du gouvernement, un autre réseau a joué un rôle actif dans cette affaire : celui de Valérie Pécresse.

    La présidente du conseil régional d’Île-de-France a été la première personnalité nationale à réagir à l’article du Point, quelques dizaines de minutes à peine après sa publication.

    Dès jeudi, elle a aussi demandé dans un communiqué la « révocation » et la « suspension immédiate » du maire de Trappes.

     

    De plateau en plateau, Valérie Pécresse a affiché une ardeur sur le sujet qui ne doit rien au hasard.

    Il y a deux semaines, le tribunal administratif de Versailles annulait l’élection municipale de Trappes à la suite d’un recours déposé par Othman Nasrou, principal opposant d’Ali Rabeh, par ailleurs premier vice-président de la région et vice-président de Libres !, le parti de Valérie Pécresse.

    Lequel n’a pas tardé à se joindre à la fête : « [Ali Rabeh] s’amuse à jeter de l’huile sur le feu » et « met une cible supplémentaire sur le dos de ce professeur », accusait-il samedi sur LCI.

     

    Dans cet élan, un troisième homme tape fort : Jean-Michel Fourgous, le président de la communauté d’agglomération Saint-Quentin-en-Yvelines (qui englobe Trappes).

    « Ali Rabeh est un pompier pyromane, lance à Mediapart l’autre mentor d’Othman Nasrou. Il a voulu faire une manifestation pour humilier le professeur – c’est sa façon de faire. »

    Et l’ancien député de Trappes d’ajouter : « Rabeh se présente un peu comme le commandant des musulmans. Mais si vous l’envoyez chez les pêcheurs bretons, il deviendra pêcheur breton. Il n’a aucune limite, ce garçon. »

     

    À quelques mois de la décision en appel du Conseil d’État et d’une potentielle nouvelle élection municipale à Trappes, le ton offensif de la droite pécressiste n’est évidemment pas innocent.

    Mais dans cette affaire, les absents comptent au moins autant que les présents.

    Dès la publication de l’article du Point, de nombreux élus de Trappes et des alentours ont eu conscience des fragilités du témoignage de Didier Lemaire.

    Beaucoup se sont alors abstenus de réagir.

     

    L’exemple du député de la circonscription, Philippe Benassaya (Les Républicains), est à cet égard révélateur.

    L’élu LR a tweeté, dès le vendredi soir, l’article du Point.

    Dans la foulée, son téléphone vibre à deux reprises.

    Le préfet, Jean-Jacques Brot, lui envoie un SMS.

    Le président du département, Pierre Bédier (LR), l’appelle directement.

    Les deux hommes lui tiennent en substance le même discours : attention, l’article est fragile et le discours du professeur mérite encore d’être vérifié.

    Dans la foulée, le député décide de supprimer son tweet.

     

    Très vite, le mot est passé au sein des élus du département.

    Ils seront finalement rares à réagir.

    Même la députée LREM Aurore Bergé, proche de Jean-Michel Blanquer, est restée muette.

    Tous ont buté sur une question simple : le professeur a-t-il, oui ou non, déjà été menacé ?

    Les services de l’État – préfecture, renseignement territorial, DGSI – ont tour à tour assuré n’avoir aucun élément qui permettrait d’y répondre par l’affirmative.

     

    Dans le microcosme politique de Trappes,

    les réactions n’ont pas été plus vives.

    Excepté Othman Nasrou, leader de la droite locale, et Thomas Urdy, que certains imaginent en futur candidat LREM, les responsables politiques trappistes se sont faits discrets.

    Mustapha Larbaoui, figure locale estimée et binôme d’Othman Nasrou aux dernières municipales, a par exemple refusé de s’exprimer dans les médias.

    Dans une vidéo sur Facebook vendredi, il réclamait de « l’apaisement » et appelait Ali Rabeh à se rencontrer, assurant pouvoir « s’entendre » avec lui « sur le fond ».

     

    Guy Malandain, l’ancien maire socialiste de la ville (2001-2020), n’a pas non plus souhaité se répandre sur les plateaux.

    Sollicité par Mediapart, il regrette « la politisation partisane » de cette affaire et « les querelles de personnes [qu’il] ne cautionne pas ».

     

    À gauche, les silences sont aussi révélateurs.

    Jeudi dernier, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol a annulé sa participation à un débat en ligne lorsqu’elle a appris qu’Ali Rabeh y participait.

    « Ça me posait problème, il est au cœur d’une polémique dont je n’ai pas tous les éléments. […] Je me suis sentie piégée », s’est-elle justifiée auprès de L’Obs.

    Un embarras largement partagé au Parti socialiste : Olivier Faure, son premier secrétaire, n’avait pas réagi publiquement aux menaces qui visaient Ali Rabeh avant que des proches de Benoît Hamon ne décrochent leur téléphone pour l’exhorter à le faire.

    Les mêmes coups de fil pousseront Audrey Pulvar à supprimer un tweet dans lequel elle relayait l'article du Point.

    Sur Twitter, l’élu Génération·s a publié un extrait des menaces qui le visaient.

    Un message publié sur les forums de Jeuxvideo.com a particulièrement attiré l’intérêt des services de l’État, qui ont décidé de placer Ali Rabeh sous protection rapprochée.

    « J’ai reçu des dizaines de menaces, des injures racistes absolument quotidiennes, des appels téléphoniques d’insultes », explique à Mediapart l’élu, qui a déposé plusieurs plaintes.

    Samedi, il a appris par le cabinet de Gérald Darmanin et les services de l’État local qu’il serait placé sous protection policière permanente.

    Ali Rabeh reproche à l’exécutif son manque de solidarité :

    « Je ne m’appelle pas Éric Zemmour ou Alain Finkielkraut, dit-il dans un sourire, en référence aux coups de fil médiatisés d’Emmanuel Macron à ces deux figures médiatiques.

    Il n’y a eu aucune expression publique ou privée, pas un seul message de sympathie ou de soutien du gouvernement.

    Dans cette affaire, l’État n’a défendu ni la ville de Trappes ni son maire. »


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  • "C'est une chasse aux sorcières" :

    le sociologue Eric Fassin

    dénonce les propos de Frédérique Vidal

    sur l'"islamo-gauchisme" à l'université

    Après avoir dénoncé "l'islamo-gauchisme" qui toucherait selon elle l'université, la ministre de l'Enseignement supérieur a annoncé avoir demandé une enquête à ce sujet au CNRS. Elle a depuis été recadrée par Emmanuel Macron.

    France Info >>>>>


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  • Équateur. Le front anticorréiste se fissure

    Mercredi 17 Février 2021
     

    Le candidat de droite dénonce l’accord sur le recomptage des voix de la présidentielle.

     

    L’idylle n’aura duré qu’un temps.

    Quelques heures après s’être entendu avec le candidat Yaku Pérez sur le recomptage des votes exprimés lors du premier tour de la présidentielle dans 17 des 24 provinces équatoriennes, Guillermo Lasso, représentant de la droite conservatrice, s’est retiré, dimanche, de l’accord.

    Cette alliance visait avant tout la défaite du corréiste Andrés Arauz, parvenu à se hisser en tête du premier tour avec 32,70 % des voix. 

    Dans une lettre adressée à la présidente du Centre national électoral, Diana Atamaint, l’ex-banquier Guillermo Lasso, dont la qualification au second tour du 11 avril se joue dans un mouchoir de poche (19,74 % en sa faveur contre 19,38 % pour Yaku Pérez), explique ainsi approuver le recomptage de 100 % des bulletins dans la province de Guayas, l’une des plus peuplées et qui compte par conséquent le plus de sièges.

    Il s’oppose en revanche à la révision de 50 % des votes dans 9 provinces sur les 16 prévues.

    «Il me semble inefficace de recompter à hauteur de 50 % dans 9 autres provinces choisies unilatéralement par le candidat Pérez, là où il l’emporte largement.»

     

    Guillermo Lasso demande une supervision internationale

     

    Face à cette tentative du candidat indigène de gonfler artificiellement son résultat dans les provinces où il a déjà l’avantage, Guillermo Lasso dénonce un accord « supra- légal », sans l’assentiment des autres candidats, et demande un processus transparent supervisé par des observateurs internationaux.

    Le candidat de droite fustige également les accusations de fraude à l’encontre d’Andrés Arauz.

    Selon le procureur général colombien, Francisco Barbosa, la guérilla colombienne de l’Armée de libération nationale aurait financé à hauteur de 80 000 dollars la campagne du dauphin de l’ex-président Rafael Correa. 

    En l’absence de procédure régulière pour avérer d’une fraude, Guillermo Lasso « rejette la méthode utilisée pour le disqualifier ».

    Ces derniers jours, Yaku Pérez n’a eu de cesse de signifier qu’il était le mieux placé pour « battre le corréisme », en référence à la défaite de Guillermo Lasso aux présidentielles de 2013 et 2017 et à son expérience de ministre de l’Économie en 1999, qui avait conduit à la dollarisation en pleine crise.

    Celui qui a soutenu les coups d’État sur l’ensemble du sous-continent et dont le parti Pachakutik a voté en faveur de la baisse des impôts des plus hauts revenus peut-il prétendre faire mieux ?


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  • Commémoration.

    Aux obsèques d'Ambroise Croizat,

    un million de personnes

    Mercredi 17 Février 2021
     

    Il y a soixante-dix ans, un million de personnes participaient aux obsèques du ministre communiste.

    L’appel afin qu’il repose au Panthéon, lancé à l’initiative de l’Humanité, fait écho à cette adhésion populaire.

     

    En ce début d’année 2021,

    qui voit célébrer à la fois

    les cent vingt ans de la naissance et les soixante-dix ans de la mort

    d’Ambroise Croizat,

    un appel a été lancé, le 28 janvier, à l’initiative de  l’Humanité, par des élus, des syndicalistes et des intellectuels.

    Il a été signé depuis par des milliers et milliers de citoyens et de militants de tous horizons afin que la France fasse entrer le ministre communiste du Travail et de la Sécurité sociale, ancien syndicaliste et dirigeant CGT, au Panthéon et, par ce geste, reconnaisse l’apport du mouvement ouvrier à l’histoire de notre pays.

     

    Des mots prémonitoires

    Il y a soixante-dix ans, la ferveur populaire à la suite de son décès en atteste.

    Il suffit d’en faire le récit en commençant par cette citation :

    « Jamais nous ne tolérerons qu’un seul des avantages de la Sécurité sociale soit mis en péril.

    Nous défendrons à en perdre la vie et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès… »

    Ce sont ses derniers mots à l’Assemblée nationale en octobre 1950.

    Des mots prémonitoires.

    « Jamais nous ne tolérerons

    qu’un seul des avantages de la Sécurité sociale

    soit mis en péril...

     

    Le soir même, le téléphone sonne dans l’appartement de la rue Daguerre, où vit le « ministre des travailleurs ».

    Au bout du fil, le docteur Hertzog Cachin.

    La voix d’Ambroise blanchit.

    « J’ai compris quand j’ai vu son visage changer, raconte sa fille Liliane.

    Il a bredouillé quelques mots. Comme pour dire que la maladie avait gagné. » 

    L’opération est urgente.

    Elle aura lieu fin octobre, à la clinique chirurgicale du Parc, à Lyon.

    C’est là qu’officie le professeur Santy, brillant hématologue.

    Ambroise Croizat ne se souvient plus du professeur Santy.

    L’homme rappelle ce qu’il lui doit.

     

    Emporté par la maladie, le 11 février 1950 

    En 1946, il avait sollicité une entrevue au ministère du Travail.

    Croizat lui avait accordé ce que d’autres instances lui avaient refusé.

    Une bourse de recherche pour vaincre la « maladie bleue » des enfants.

    En 1950, les premiers résultats feront reculer celle que l’on appelait « la mangeuse d’enfants ».

    Quelques années plus tard, elle était vaincue définitivement…

    10 février 1951, après une courte convalescence, Ambroise Croizat est transféré précipitamment à l’hôpital Foch de Suresnes, il décède le matin du 11.

    Il vient juste d’avoir 50 ans.

    Le 12, Paris apprend sa mort.

    Dans les rangs de la manifestation commémorant l’anniversaire du défilé unitaire du 12 février 1934, les ouvriers de Billancourt portent son effigie crêpée de noir.

    Paris a appris, la France sait.

    Manchettes barrées de noir à la une de la presse.

     

    Ils étaient un million sous la pluie

    À la Maison des Métallos, son corps repose dans la grande salle Lacazette, où il avait tant de fois pris la parole.

    Au fond, un immense portrait.

    Près de la dépouille, des montagnes de roses.

    Des milliers de visages défilent pendant une semaine…

    17 février, un samedi de pluie.

    Gris dans les rues mortes.

    « Dans ce silence tombé comme un volet fermé, commence à travers ce Paris qu’il a tant aimé, ce Paris qui l’aime, son dernier voyage », écrira Jean-Pierre Chabrol, dans l’Humanité, le 19 février 1951.

    La foule, dense, avance dans une marée de parapluies plantés de drapeaux.

    Ils sont un million.

    « Regardez notre cher Ambroise, on dirait qu’il avance vers nous ! »

    C’est un vieux qui parle.

    Il bat la semelle sur les trottoirs bondés de l’avenue de la République.

    « C’était comme un fleuve veiné de tricolore (...), 

    la France entière s’était, ici, donné rendez-vous.

     

    Il attend depuis trois heures le cortège qui mène en terre l’ancien syndicaliste et dirigeant de la CGT.

    Le silence s’épaissit.

    À peine troué par la pluie qui frappe le pavé.

    Boulevard Magenta, des enfants sur les épaules saluent de la main.

    Secoué par le vent, un portrait géant ouvre le brouillard.

    « C’était comme un fleuve veiné de tricolore où tremblait la brume des cravates de crêpe, ajoute le journaliste.

    Œillets, couronnes sur toute la largeur de la rue.

    Par milliers sur des kilomètres.

    Comme si des parterres fleuris s’étaient mis soudain à marcher.

    Mineurs, métallos, élus barrés d’écharpe,

    la France entière s’était, ici, donné rendez-vous. »

     

    Des gerbes venues de tous pays

    Place de la République.

    On voit la tête du cortège.

    Marcel Cachin, Jacques Duclos, André Marty, Benoît Frachon, Étienne Fajon…

    Hier encore, à la Maison des Métallos, ils entouraient le cercueil en garde d’honneur devant la ronde des anonymes qui a duré jusqu’à minuit.

    « Je fais comme les autres, dit une vieille, je pleure.

    Ma retraite, la première de ma vie, c’était lui…

    Et pour moi, tout a changé depuis. » 

    « Dans le silence empli de parfums, des fleurs encore. Fleurs porteuses d’amour, comme si le pavé était jardin », poursuit Jean-Pierre Chabrol.

     

    Cimetière du Père-Lachaise.

    Piétinement mouillé comme une litanie.

    Devant la tribune dressée à l’entrée, des gerbes de tous pays.

    Celles des sidérurgistes de Milan ou de Rome, celles des métallos de Lorraine ou de Finlande, des ouvriers du bâtiment de Tunis ou d’Alger.

    La voix de Frachon, au loin, bien après les haies de roses :

    « La mort t’a enlevé, camarade.

    Écoute l’hommage qui monte.

    C’est ton peuple qui t’aime. »

     

    C’est une promesse, Ambroise,

    au cœur du peuple qui t’accompagne,

    nous continuerons sans trêve la lutte qui fut la tienne… 

    André Marty, PCF

     

    Se succéderont les discours de Jean Breteau, d’Alfred Lebidon, secrétaire de l’Union des vieux travailleurs, pour s’achever dans les mots de Marty, dirigeant du PCF :

    « C’est une promesse, Ambroise, au cœur du peuple qui t’accompagne, nous continuerons sans trêve la lutte qui fut la tienne… »

    À quelques pas de la terre fraîchement remuée,

    les tombes du colonel Fabien,

    d’Henri Barbusse, de Pierre Semard

    et le mur des Fédérés,

    symbole des 27 000 fusillés de la Commune de 1871.

     

    Signez l'appel lancé par l'Humanité pour qu'il repose au Panthéon : https://www.humanite.fr/ambroise-croizat-au-pantheon


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  • À l'Assemblée nationale,

    la Macronie se rassemble sur la loi « séparatismes »

     

    Mercredi 17 Février 2021
     

    Lors d’un vote solennel sans surprise, les seules voix de LaREM et de ses alliés ont suffi à faire adopter le texte controversé.

    Prochaine étape :

    le Sénat, où la droite promet déjà de le «rééquilibrer».

     

    Deux semaines de discussions, mais pas d’obstacle majeur pour la majorité présidentielle et ses alliés, malgré les objections de l’opposition.

    Un vote solennel s’est tenu mardi au Palais-Bourbon, à l’issue duquel les députés ont adopté en première lecture le projet de loi sur les «séparatismes », avec 347 voix pour, 151 contre et 65 abstentions.

    Les débats autour des 51 articles du texte se sont achevés samedi 13 février.

    Il atterrira au Sénat le 30 mars, pour une adoption définitive avant l’été, espère le gouvernement.

     

    Jusqu’ici, le texte tel qu’il a été présenté et défendu par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’a été modifié qu’à la marge par les députés.

    Sur 2 700 amendements déposés – dont la plupart par la majorité macroniste elle-même –, environ 300 ont été adoptés.

    De plus, LaREM et ses soutiens Modem et Agir ont finalement affiché une relative unité.

    Si certains articles ont profondément divisé les bancs de l’Assemblée à droite et à gauche, comme celui traitant de l’instruction à domicile, d’autres ont néanmoins été adoptés à la quasi-unanimité.

    C’est le cas de l’article 4 dit « Samuel Paty », qui durcit les sanctions en cas de menaces et violences contre un agent du service public ou un élu. Celui-ci a été adopté à 130 voix pour, aucune contre et 4 abstentions (de la France insoumise).

     

    Une délicate ligne de crête pour LR

    Concernant le vote solennel sur le texte dans son ensemble, le groupe GDR, où siègent les députés communistes, s’est en majorité abstenu. 

    Dans un entretien donné à l’Obs, Marie-George Buffet a concédé plusieurs bons points au projet de loi, comme sur l’interdiction des certificats de virginité.

    D’autres élus PCF, comme Elsa Faucillon, ont, eux, annoncé voter contre un texte «inefficace et qui sert de toile de fond au duel Macron-Le Pen».

    Les députés socialistes et apparentés se sont également abstenus pour la plupart.

    Sur les bancs des insoumis, le vote contre a été unanime.

    Alexis Corbière a, à ce titre, dénoncé le débat « qui fracture le pays », rendu possible par un texte au « regard un peu paternaliste qui consiste à dire : ces ­musulmans, il faut qu’ils s’organisent autrement ».

     

    De l’autre côté de l’Hémicycle, « Les Républicains » ont en majorité voté contre, avec quelques abstentions.

    Soucieux de rester sur leur délicate ligne de crête (ne pas donner leur assentiment au gouvernement, tout en ne paraissant pas laxistes sur la question de l’islamisme), les élus LR ont dénoncé « une loi d’affichage qui n’est pas à la hauteur des enjeux ».

    Le député Éric Ciotti, fidèle à ses obsessions, a craché tout le mal qu’il pense d’une « addition de mesurettes dont on a évacué tous les vrais sujets : les signes religieux ostensibles, la radicalisation, l’immigration ».

    Une position sans surprise, pas si éloignée de celle des six parlementaires RN, qui ont opté pour l’abstention.

    Difficile pour eux, en effet, d’afficher une opposition stricte à une loi qui les remet en selle dans le débat public et qui prétend combattre l’islamisme.

    Mais il ne s’agit pas non plus, pour Marine Le Pen et ses collègues, de voter pour et d’apparaître en accord avec l’exécutif.

     

    Les libertés en question

    Désormais, c’est au Sénat qu’incombe l’examen du projet de loi.

    Et c’est justement la droite LR sénatoriale, majoritaire, qui a la main.

    Elle a déjà annoncé vouloir « rééquilibrer » le texte par la voix du sénateur Philippe Bas, dans le Figaro.

    Celui-ci considère, au diapason des députés LR, que la loi «séparatismes» ne nomme pas sa cible réelle, l’islamisme, et loupe donc le coche, tout en menaçant de « dé­stabiliser notre société déjà fragmentée ».

    « Cette dérive de la cible particulière vers la règle générale ne vaut pas seulement pour la liberté de culte, détaille l’élu de la Manche au quotidien de droite.

    Elle vaut pour la liberté d’association, la liberté de l’enseignement avec l’interdiction de l’école à la maison, la libre administration des collectivités territoriales…

    Or il s’agit à chaque fois de libertés à valeur constitutionnelle. »

    Reste à savoir jusqu’où ira le bras de fer entre le Sénat et l’Assemblée, sachant que cette dernière a de toute façon le dernier mot. 


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  • Et hop... c'est reparti pour un tour...

    démarchage téléphonique

     

    Le Conseil d’État retoque une décision de l’Arcep

    pour limiter le démarchage téléphonique

    Une décision du Conseil d’État vendredi 12 février permet aux centres d’appel d’utiliser à nouveau les numéros téléphoniques de leur choix pour faire du démarchage.

    L’Arcep (Autorité de régulation des télécommunications) les avait limités et deux syndicats avaient saisi l’institution en 2019.

     

    Ouest-France >>>>>

    Arcep >>>>>


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  • Loi « séparatismes ».

    La Macronie tourne toujours plus le dos

    à la République sociale

     

    Le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » passe complètement à côté du combat pour l’égalité entre les citoyens sur l’ensemble du territoire.

    Au risque de fracturer toujours plus le pays.

     

     

    Les députés votent ce lundi le projet de loi sur les séparatismes.

    S’il convient de lutter avec détermination contre l’islamisme, le texte ne se penche que sur la question répressive, en plus de stigmatiser les musulmans.

    Dans son discours des Mureaux, en octobre dernier, Emmanuel Macron appelait à « faire aimer la République en démontrant qu’elle peut permettre à chacun de construire sa vie ».

    Mais le volet « social » du texte de loi a finalement été supprimé.

    Le séparatisme économique et social que les riches mènent contre les pauvres nourrit pourtant le séparatisme communautariste.

    Les inégalités de revenus, les discriminations de classe et d’origine, la ségrégation urbaine et la casse des services publics sont l’un des terreaux fertiles du rejet d’une promesse républicaine dézinguée par le gouvernement lui-même.

    La Macronie assure qu’elle apportera des réponses dans son futur projet de loi consacré à « l’égalité des chances », mais toute son action depuis 2017 vise à imposer un ultralibéralisme contraire à la réalisation de la fraternité.

    Loin de mettre en œuvre les solutions qui existent, le gouvernement préfère encore et toujours mettre en scène son duel avec le FN pour masquer son bilan délétère.

     

    1 Renforcer l’école de la République

    Rodrigo Arenas n’y va pas par quatre chemins :

    « Quand on veut renforcer les principes républicains, on renforce l’école publique », insiste le coprésident de la FCPE.

    Or, le gouvernement fait tout l’inverse.

    « Il ne cesse d’affaiblir le service public d’éducation. Depuis l’arrivée de Jean-Michel Blanquer à l’éducation nationale, les collèges et lycées n’ont connu que des suppressions de postes », s’alarme Sophie Vénétitay.

    La secrétaire générale adjointe du Snes-FSU ajoute que le secteur de l’éducation prioritaire est lui aussi sur le point de perdre des moyens.

    « Cela dit beaucoup d’une volonté de ne pas s’occuper des territoires qui ont le plus besoin de la République », tance-t-elle.

    « Je n’ai pas entendu le ministre parler des enfants à la rue qui n’ont pas accès à l’école. Il faudrait commencer par là : des logements et une école pour tous », ajoute Guislaine David, cosecrétaire générale du Snuipp-FSU.

     

    Au lieu de s’y attaquer, la loi Blanquer a permis à des écoles privées d’être financées par les collectivités locales.

    « Ils parlent même d’inclure l’école privée dans les politiques d’éducation prioritaire », s’étouffe la syndicaliste.

    « Le premier signe de l’entre-soi, de l’endogamie sociale, c’est le recours à l’école privée. La ségrégation et la sécession sont organisées dans notre pays.

    Blanquer est un pyromane qui encourage la fuite vers l’enseignement privé confessionnel », dénonce Rodrigo Arenas.

    Le ministre passe son temps à stigmatiser l’école publique et les enseignants, mais « n’apporte aucune réponse sur la question de la mixité scolaire, élément fondamental de l’étudier, du réussir et du vivre-ensemble.

    Et aucune réponse sur la question des moyens ».

     

    Une démarche séparatiste, à l’échelle de l’accès à l’éducation et à la citoyenneté.

    Entre le CP et la 3e, un élève de Seine-Saint-Denis a même l’équivalent d’une année entière sans enseignant, ce qui « fait beaucoup plus pour le discrédit de la République que des discours séparatistes », selon le député PCF Stéphane Peu.

    « Il faudrait permettre à tout le monde d’aller à l’école publique, la seule universelle, et créer les conditions de mettre tous les enfants sur un pied d’égalité. Il faudrait que l’école change, cesse d’être pyramidale et élitiste, pour apprendre l’entraide et la coopération », mesure Rodrigo Arenas.

     

    2 traiter le problème des Discriminations en amont

    Les 11 et 12 février, le président de la République a affirmé vouloir lutter contre les discriminations.

    Dont les contrôles au faciès.

    Avocat de six ONG ayant engagé une action de groupe en justice, Slim Ben Achour s’en réjouit partiellement.

    « Si les annonces d’Emmanuel Macron en matière de lutte contre les discriminations sont liées à la révélation de violences policières, on peut noter un élargissement.

    C’est une bonne chose, estime-t-il, même s’il n’y a pas grand-chose sur les violences policières elles-mêmes. »

    Et d’ajouter : « Encore une fois, on va traiter en aval des faits discriminatoires. Mais ce sont des discriminations systémiques, qu’il faut éliminer… en amont. C’est la culture qu’il faut changer.

    Tout cela devrait prendre place dans un ensemble plus vaste de politiques publiques. »

     

    La Défenseure des droits, Claire Hédon, a proposé le 12 février d’aller plus loin en expérimentant des zones dans lesquelles il n’y aurait plus de contrôles d’identité, suscitant une levée de boucliers des syndicats de policiers.

    Par ailleurs, si les contrôles au faciès semblent préoccuper au sommet de l’État, la mise en œuvre de mesures législatives se fait attendre.

    La sénatrice PCF Laurence Cohen, interrogeant le gouvernement au sujet de l’action en justice des six ONG le 1er février, avait plaidé pour la « mise à disposition de toute personne contrôlée d’une preuve de contrôle », sur le modèle du récépissé.

    Stanislas Guerini, délégué général de LaREM, s’y est déclaré favorable le 14 février.

    Le député FI Éric Coquerel a alors rappelé qu’il avait déposé une proposition de loi en ce sens il y a deux ans.

    Aux actes, donc ?

     

    3 Instaurer d’urgence une justice sociale

    Le maire PCF de Grigny (Essonne), Philippe Rio, est clair :

    « Le séparatisme territorial est un terreau antirépublicain. »

    Il fait le constat que « dans la devise républicaine, un élément est de plus en plus absent jour après jour : l’égalité.

    Elle recule sous les coups de boutoir de la République libérale ».

     

    Alors que la pauvreté explose, avec une hausse des demandes de RSA de 9 %, 2020 a été une année en or pour les milliardaires.

    La crise sanitaire et économique ne semble pas les toucher puisque les cent milliardaires les plus riches au monde ont vu leur fortune augmenter de plus de 1 000 milliards d’euros.

    Député communiste du Nord, Fabien Roussel a pointé ces inégalités économiques et sociales alors que le débat sur la loi séparatismes battait son plein.

    Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 9 février, le secrétaire national du PCF insiste sur les OpenLux, nouveau scandale d’évasion fiscale :

    « Quinze mille Français détiendraient 100 milliards d’actifs au Luxembourg. Monsieur le premier ministre, allez-vous demander aux services fiscaux d’enquêter sur ces grandes fortunes et ces multinationales qui pillent nos richesses ? »

    Olivier Dussopt, ministre délégué aux Comptes publics, n’a pas répondu sur le fond.

     

    La captation des richesses par quelques-uns et les écarts de rémunération scandaleux sont pourtant au cœur des difficultés sociales du pays.

    Philippe Rio tient ainsi à ne pas stigmatiser les quartiers populaires.

    Le sujet est bien plus large :

    « Les quartiers populaires, les outre-mer, les territoires ruraux isolés, les bassins en reconversion…

    15 à 20 millions d’habitants sont dans des territoires abandonnés de la République. »

     

    Au-delà de la radicalisation fondamentaliste, les inégalités que le gouvernement laisse se développer nourrissent aussi d’autres fléaux :

    « Le complotisme, les marchands de drogue », poursuit l’édile.

    Après l’annonce du déblocage de 3,3 milliards d’euros pour les banlieues dans le cadre du comité interministériel à la ville, le maire de Grigny rappelle la fragilité des promesses de l’exécutif :

    « Les mesures restent à appliquer dans les territoires. La seconde mi-temps débute. »


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  • Espagne. D’un clivage à l’autre en Catalogne

     

    Mardi 16 Février 2021
     

    Les indépendantistes ont remporté les élections dimanche,

    mais, grâce à leur percée en leur sein,

    les républicains et les anticapitalistes

    pourraient choisir d’élargir à gauche.

     

    Les nombreux vainqueurs ont gagné de beaucoup, et les quelques battus ont perdu gros.

    À l’issue des élections pour leur Parlement autonome, les Catalans se sont éveillés, lundi matin, avec un paysage à la fois identique et différent.

    Arrivés en tête en nombre de voix, les socialistes (PSC) emmenés par Salvador Illa, l’ex-ministre de la Santé du gouvernement de Pedro Sanchez, peuvent se féliciter d’avoir écrasé les formations de droite comme Ciudadanos (Cs) – en phase d’effondrement total après avoir été le premier parti dans cette assemblée – et le Parti populaire (PP).

     

    Les républicains de gauche (ERC), partisans de l’indépendance, font jeu égal en sièges avec les socialistes espagnols au Parlement de Barcelone, mais, en plus, ils prennent le dessus sur Ensemble pour la Catalogne (JxC), la droite favorable à la sécession qui, dirigée depuis Bruxelles par l’ex-président de l’exécutif exilé Carles Puigdemont, dominait jusque-là leur coalition gouvernementale.

     

    Les anticapitalistes indépendantistes de la Candidature d’unité populaire (CUP) ont de quoi se réjouir également : ils font plus que doubler leur nombre de députés et seront indispensables dans toute coalition indépendantiste.

    La gauche communiste, écologiste et municipaliste d’En Comu Podem (ECP), déclinaison catalane d’Unidas Podemos qui, hostile aux déclarations unilatérales d’indépendance, mais également à la répression de l’expression démocratique, se tient depuis des années sur une ligne de crête, ne démérite pas en maintenant son nombre de députés.

    Enfin, les néofascistes de Vox ne se privent pas de célébrer leur entrée, avec quelques députés seulement – mais le symbole est là –, pour la première fois au Parlement catalan.

     

    Un coalition de gauche souhaitable pour ECP et Unidas Podemos

    Alors que la droite anti-indépendantiste sera plus marginalisée que jamais en Catalogne, deux types de majorités possibles se dessinent.

    La première rassemblerait la gauche, au-delà du clivage déterminant depuis des années sur l’avenir institutionnel de la Catalogne, avec le PSC, ERC, ECP et la CUP, mais elle est hautement improbable, car ni le PSC ni l’ERC n’ont systématiquement écarté la possibilité de gouverner ensemble.

    « Si, pour l’ERC, l’horizon reste l’indépendance, c’est un chemin que nous ne pouvons pas prendre », a réitéré Salvador Illa, hier.

    Cette coalition des gauches en Catalogne demeure pourtant pour ECP et Unidas Podemos, à l’échelle espagnole, la piste la plus souhaitable.

    « Nous sommes une force déterminante pour le gouvernement des gauches qu’on peut former en Catalogne, un gouvernement qui mettra en avant les intérêts des gens », estime Isa Serra, porte-parole de Podemos.

     

    L’autre possibilité de majorité, c’est évidemment la reconduction de la coalition indépendantiste.

    S’appuyant sur le fait que les partis indépendantistes ont dépassé ensemble, pour la première fois, les 50 % des voix – sur fond, toutefois, d’abstention record pour cause de pandémie, à l’évidence –, la droite pro-sécession de Puigdemont milite pour une accélération du processus.

    L’ERC, qui a confirmé sa prédominance désormais depuis sa victoire aux élections européennes de 2019, propose de revoir un peu l’approche, alors que les voix de ses députés, républicains de gauche catalans, s’avèrent indispensables à Madrid pour le gouvernement de Pedro Sanchez et Pablo Iglesias.

     

    « Nous ne sommes pas un parti identitaire » selon Junqueras

    La formation de gauche entend recomposer sa coalition avec JxC et la CUP, mais l’ERC propose d’ajouter En Comu Podem à l’attelage.

    Oriol Junqueras, l’un de ses dirigeants actuellement embastillé à la suite du référendum organisé unilatéralement par les indépendantistes catalans en octobre 2018, ouvre un peu le champ :

    « Il existe une majorité très large indépendantiste et de gauche.

    Les citoyens catalans veulent des accords de gouvernement larges.

    Pour nous, c’est un motif de réjouissance, nous ne sommes pas un parti identitaire, nous sommes disposés à gouverner aux côtés des partis avec lesquels nous partageons des objectifs communs, et l’un de ceux-là est la République catalane. »

    Rien n’est écrit d’avance, évidemment, mais cette fois, au-delà de ses divisions, la gauche catalane a quasiment toutes les cartes en main.

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    Vox en embuscade

    Troisième force politique au congrès des députés à Madrid, la formation d’extrême droite Vox est parvenue à entrer au Parlement catalan et même à en devenir le quatrième groupe, avec 11 députés, loin derrière les deux groupes indépendantistes (ERC et JxC) et les socialistes (PSC), mais devant les partis de droite comme Ciudadanos (6 députés) et PP (3 députés) qui lui avaient pavé la route depuis des années.

    L’extrême droite a siphonné leur électorat en mettant en avant son «orgueil » nationaliste espagnol, avec des références souvent appuyées au franquisme, tout en fustigeant également une « islamisation » de la Catalogne.


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  • Equateur.

    Manœuvres en Équateur contre le corréisme

     

    Lundi 15 Février 2021
     

    Le candidat de droite Guillermo Lasso et l’écologiste Yaku Pérez sont d’accord pour recompter des bulletins.

    Le second tour de la présidentielle est menacé.

     

     

    Quito (Équateur), envoyée spéciale.

     

    Les manœuvres et les comptes d’apothicaire se poursuivent en Équateur,

    où le nom du candidat qui devra affronter le progressiste Andrés Arauz au second tour de l’élection présidentielle, le 11 avril, n’est toujours pas connu avec certitude.

     

    Vendredi, sous les auspices du Conseil national électoral et des observateurs de l’Organisation des États américains – impliquée, avec ses données falsifiées, dans le coup d’État électoral de 2019 contre le président Evo Morales, en Bolivie –, une rencontre avait lieu, au siège du CNE à Quito, entre les candidats qui se disputent la seconde place : le banquier Guillermo Lasso, représentant de la droite ultralibérale et conservatrice, et Yaku Pérez, l’écologiste appuyé par certains secteurs du mouvement indigène.

     

    Au coude-à-coude, les deux hommes ont conclu un accord sur le recomptage de 100 % des bulletins dans la province de Guayas et de 50 % dans 16 autres provinces sur les 24 que compte le pays.

    Sans délais fixés, l’opération pourrait s’éterniser.

     

     

    Quant aux autres candidats, à commencer par Andrés Arauz, ils n’étaient pas invités à cette « réunion privée », où les deux concurrents ont rivalisé d’amabilités avant de tomber d’accord sur une idée : seule une candidature incontestable peut « défaire le corréisme au second tour », selon l’expression de Yaku Pérez, pour enterrer « le modèle totalitaire qui a trompé et divisé les Équatoriens », selon les mots de Guillermo Lasso.

     

    Un accord avec la droite  « illégitime » et « incompatible »

    Esquisse d’un accord politique entre la droite et Pachakutik, le parti issu du mouvement indigène qui porte la candidature de l’écologiste ?

    « Je suis le premier intéressé à ce que la transparence absolue et totale prime dans le processus électoral. On nous présente comme étant aux extrémités du spectre politique. Mais nous sommes beaucoup plus proches que ce qu’en disent les analystes. Nous pouvons trouver des terrains d’entente », a avancé le candidat de droite.

     

    Ces négociations ne sont pas du goût de tous au sein du mouvement indigène, déjà divisé sur le choix de la candidature « consensuelle » qu’incarne Yaku Pérez.

    Un accord de gouvernement avec la droite serait « illégitime » et « incompatible » avec les aspirations de la base indigène, a prévenu Leonidas Iza, l’un des dirigeants de l’influente Confédération des nationalités indigènes d’Équateur (Conaie) et principale figure du soulèvement d’octobre 2019 contre l’austérité.

    « Nous combattons la droite néolibérale qui a pillé, d’où qu’elle vienne, nous a-t-il confié. Cette conjoncture électorale résulte de l’accumulation des luttes sociales et environnementales conduites cette dernière décennie par le mouvement indigène et les secteurs populaires. Nous appelons à défendre le vote populaire, mais sans passer à la trappe notre projet de société, notre autonomie politique. »

     

     

    Tout est bon pour faire barrage à la gauche

    Alors que les marchandages allaient bon train au CNE, la procureure générale de l’Équateur, Diana Salazar, recevait, sous l’œil des caméras, la visite de son homologue colombien Francisco Barbosa, qui lui remettait des « informations recueillies dans l’ordinateur d’Andrés Felipe Vanegas, alias Uriel », un commandant de la guérilla colombienne de l’ELN abattu en octobre 2020.

    À la veille du scrutin, un magazine de Bogota avait accusé Arauz d’avoir reçu de lui 80 000 dollars pour le financement de sa campagne, une allégation que même les plus féroces des anticorréistes jugent peu consistante.

    Mais qu’importent les faits ?

    À Quito, tous les matériaux sont bons à prendre pour faire barrage au retour de la gauche.


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  • Trappes. Menaces de mort et chaos médiatique

     

    Lundi 15 Février 2021
     
    La polémique a abouti à la mise sous protection du maire de la ville et d’un enseignant.
     
     

    C’est un article du Point, paru le 5 février, qui a mis le feu aux poudres.

    En plein débat parlementaire sur les « séparatismes », déjà propice au concours Lépine des propositions les plus stigmatisantes à l’égard de nos concitoyens musulmans, l’hebdomadaire s’est fendu d’un entretien avec un professeur de philosophie exerçant à Trappes (Yvelines), Didier Lemaire.

    Ce dernier y indiquait vivre «sous escorte policière », après avoir dénoncé «les atteintes à la laïcité » de ses élèves, et qualifiait Trappes de « ville complètement perdue ».

     

    Il n’en fallait pas davantage pour que d’autres médias se saisissent des propos de ce professeur et que les chaînes d’information en continu LCI, BFMTV et CNews l’invitent chacune à un jour d’intervalle.

    Derrière, la droite et l’extrême droite se sont engouffrées dans la brèche.

    Jordan Bardella (RN) hurlant à la « balkanisation de la France », Nadine Morano (LR) qualifiant la ville de « territoire occupé par l’ennemi ».

    Le Point indiquait notamment que cet enseignant reçoit des menaces depuis la publication d’une tribune dans l’Obs, en novembre 2020, peu après l’assassinat de Samuel Paty.

     

    La semaine dernière, la préfecture des Yvelines a pourtant démenti les déplacements sous escorte policière,

    parlant plutôt de patrouilles aléatoires de la police autour de l’établissement et du domicile de Didier Lemaire.

    Le préfet lui-même s’est attaqué aux propos du professeur :

    «Trappes est un terrain difficile et délicat, nous faisons dans la dentelle », a déclaré Jean-Jacques Brot, ajoutant :  « Et voilà que M. Lemaire arrive avec un bulldozer et saccage nos efforts. » 

     

    Le maire Génération.s de la ville, Ali Rabeh, a dénoncé les propos de l’enseignant, dans un communiqué : «C’est insupportable car c’est injuste et cela ne correspond pas à la réalité. » 

    Ce faisant, il s’est trouvé la cible d’insultes et de menaces de mort proférées sur les réseaux sociaux :

    « Des milices armées se mettent en place », ou encore « Érignac a pris une balle dans la tête »…

    In fine, la polémique médiatique a produit un double résultat.

    Alors que ce n’était pas le cas avant, Didier Lemaire a été placé sous protection rapprochée pour de bon, jeudi 11 février, par le ministère de l’Intérieur, et dispensé de cours.

    Quant au maire Ali Rabeh, les menaces ont été prises au sérieux par l’État : il est également sous protection de la police depuis le 13 février.

    Les 32 000 habitants de Trappes, eux, doivent vivre avec cette tempête médiatique sur leur ville.

     

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    Dossier articles Trappes sur France Info >>>>>

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    Article Médiapart 12 février 2021

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    Lettre du maire de Trappes

    aux élèves du Lycée de la Plaine de Neauphle

    Trappes. Menaces de mort et chaos médiatique


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