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À Versailles, concert de casseroles pour accueillir le président et des patrons
À Versailles,
concert de casseroles
pour accueillir le président et des patrons
Lundi après-midi, alors que le président de la République est venu vanter l’attractivité économique française auprès de PDG étrangers, le contexte social s’est rappelé à lui.
« Macron on ne te lâchera pas ! » crie Emma dans son haut-parleur.
Ce lundi, comme plus de 200 manifestants, cette jeune étudiante en économie est venue perturber la nouvelle virée présidentielle à Versailles.
« On veut le ridiculiser devant les patrons étrangers », explique la jeune femme, alors qu’Emmanuel Macron lance la 6e édition du sommet Choose France, grand-messe de l’attractivité économique tricolore, créée en 2018.
Embringué dans un tour de France pour les « 100 jours d’apaisement », il espère convaincre, sous les ors du château de Versailles, plus de 200 PDG de grandes entreprises étrangères de participer à la réindustrialisation de la France.
Avec 13 milliards d’euros d’investissements et 8 000 nouveaux emplois espérés.
Mais les opposants à la réforme des retraites ont tenu à lui rappeler que le contexte social reste brûlant et que sa politique ne passe toujours pas.
Casseroles, sifflets, boîtes de conserve et pétards attendent ainsi l’arrivée du convoi présidentiel.
« Tout objet qui peut faire du bruit fait l’affaire », lance David, chômeur de 42 ans.
Réunis vers midi devant la gare de Versailles-Chantiers, les manifestants déploient leurs banderoles aux slogans hostiles à la réforme des retraites et donnent de la voix.
L’objectif : « Renvoyer le président à son insignifiance et sa brutalité », explique David.
« On s’est exprimés dans les manifestations, mais il fait mine de ne rien entendre, alors on le suit à la trace. Il ne peut plus nous ignorer », ajoute-t-il au milieu du cortège qui se dirige vers la préfecture des Yvelines, à 800 mètres de la demeure du Roi-Soleil, où quelques dizaines de fourgons de police bloquent le passage.
« Nous allons rendre ce pays ingouvernable »
Bruyants mais pacifiques, les manifestants tenus à distance expriment leur colère.
Devant la camionnette au ballon rouge de la CGT, Matthieu Bolle-Reddat, responsable syndical des cheminots de Versailles, donne le ton :
« Non, nous ne lâcherons rien. Nous allons rendre ce pays ingouvernable jusqu’au retrait, c’est notre mandat aujourd’hui », jure-t-il.
« Nous allons lutter pour que les cotisations générées par notre travail reviennent à des choses utiles, ajoute le conducteur de train.
Est-ce qu’il est vraiment nécessaire de construire un nouveau porte-avions à 400 milliards d’euros ou d’offrir généreusement à des grandes entreprises 66 milliards d’euros d’exonération de cotisations patronales, alors qu’on nous répète sans cesse qu’il n’y a pas assez d’argent pour les retraites ? »
« Pourquoi donner autant d’argent aux grandes entreprises qui ne créent pas d’emplois ? » rebondit Axel, en écho au raout organisé quelques centaines de mètres plus loin.
Ce fonctionnaire de 32 ans critique à son tour « les effets d’annonces » du chef de l’État. « À l’hôpital où je travaille, il y a très peu de CDI et beaucoup d’emplois précaires, donc moins de cotisations. Ce qu’on demande aujourd’hui, c’est un lien entre l’économie et le social. »
Cherchant à tourner la page des retraites, Emmanuel Macron compte sur de nouvelles promesses, comme la baisse de la fiscalité pour les salaires de 1 500 à 2 500 euros , pour séduire à nouveau.
Pari raté, si on en croit les nombreux contestataires de Versailles, qui seraient concernés et ont cependant continué à taper sur leurs casseroles.
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