• A quoi « sert » une vision post-capitaliste et une orientation stratégique.

    A quoi « sert »

    une vision post-capitaliste

    et une orientation stratégique.

     

    Contribution 71 Saône et Loire

     

    En nous appuyant sur le texte présenté par un groupe de camarades, nous (dans le 71) souhaiterions poursuivre la réflexion dès avant l’AG.

    Un enjeux de cette AG nous semble être à quoi « sert » une vision post-capitaliste et une orientation stratégique.

    Nous allons prendre trois exemples auxquels nous sommes confrontés dans notre activité.

    1. La Santé : nous avons tenu un forum et participons à de multiples actions en faveur de la défense du système de santé. Au terme de plusieurs expériences il nous faut bien nous interroger sur les limites rencontrées et comment les dépasser. Ici on peut en noter de deux ordres.
    1. Régulièrement même les luttes les plus amples et déterminées s’enlisent dans la peur d’accroître les dépenses. Si certaines actions commencent à dépasser le stade du refus et avancent des propositions, elles consistent pour l’essentiel à chercher à mieux utiliser l’argent qui concerne DEJA la santé.

    Même s’il est souvent dit qu’une augmentation de 5% du budget de la Santé règlerait la majorité des problèmes mais les acteurs ne vont pas jusqu’à préciser où va-t-on trouver l’argent de ces 5%, ce qui prêt le flanc à une réponse du type « il n’y a pas d’argent ».

    1. Et nous arrivons au second point, c’est de finir en interpellant d’une manière ou d’une autre l’Etat et les élus.

    Cela nous pose au moins dans un premier temps deux questions : doit-on d’enferrer dans la répartition des lignes budgétaires ou partir d’une notion qui tend à disparaître : les besoins. La Sécurité Sociale doit tout à cette formule : « de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ». Faire société n’a de sens que de répondre aux besoins. La production de richesses globale permet-elle ou non de répondre aux dits besoins ? L’affrontement idéologique sur cette dimension détermine fondamentalement le rapport de forces. Dès lors l’enjeu des luttes concernées est moins de s’adresser à des élus qui connaissent parfaitement les conséquence de leurs actes que de rendre ces actes intolérables aux yeux de la majorité des gens et pas seulement des plus engagés.

    1. Le travail : entre l’extension du chômage et de la précarité, la mise en cause de l’assurance chômage ou de la retraite, le mouvement démocratique est sur la défensive. Et n’est-ce pas précisément là le problème ? Ne sommes-nous enfermés dans les termes qui sont ceux du capitalisme ? Au point que la proposition de la CGT -et si peu utilisée par elle- de la Sécurité Sociale professionnelle laisse entendre qu’il s’agit là -comme la maladie et la Sécurité Sociale tout court- de faire face à des accidents. Cela sous-entend qu’on ne pourrait pas se débarrasser du chômage. N’est-ce pas confondre emploi et toute l’activité humaine ? C’est peut-être pour cette raison que la CGT ne trouve jamais le bon moment pour recourir à sa proposition. L’emploi est d’abord un lieu attaché à un rapport social bien défini : il y a des employeurs et des employés. Sans commentaires…Essayer de faire le même exercice avec le mot travail est éloquent. Si l’on prend en compte que le travail cristallise toutes les autres pratiques de l’individus, ce que le patronat appelle pudiquement « compétences » ou « employabilité » cela implique qu’à part la guerre (et la spéculation) quasiment toutes les pratiques sociales finissent par converger vers le « travail ». En ne le reconnaissant pas, le capital peut exploiter ce qui est à la source de ces « compétences » sans avoir à rémunérer le temps passé à d’autres activités. Là encore rester dans le cadre établi par le capital nous rend vulnérables. On l’a vu avec la lutte contre la loi travail où on s’est mis à défendre un code du Travail qui n’a pas empêché ni l’existence de plus de 6 millions de chômeurs, ni la précarité, ni 400 suicides dans le cadre des entreprises en 2016. En revanche, évoquer toutes les activités humaines sociales, culturelles qui font vivre la société rend intraitable sur la reconnaissance de leur rôle, sur la disparition du chômage et ouvre la voie à un dénominateur commun à quasiment tout le monde. Quelles que soient ses insuffisances le statut des Intermittents du spectacle crée un précédent : il n’y a pas que le moment de l’emploi qui soit rémunéré ; il en va déjà de même avec les congés maternité ou les congés payés…ou la retraite.
    2. La démocratie et le pouvoir. Tout cela pose la question du comment parvenir à nos fins ? Question qui revient sans cesse. La question démocratique et la question politique ne font, selon nous, qu’une. La question du pouvoir et la question de la conception de la politique sont une seule et même question. Si le but est une société démocratique de dimension autogestionnaire c’est-à-dire entièrement sous la maitrise des citoyens, le chemin pour y parvenir ne peut être d’une autre nature. Tout simplement parce qu’à l’expérience, on sait que le pouvoir ne se redonne pas. Commencer dès à présent à se dégager de cette démarche est indispensable. Certain( e)s interrogent tout de même une part de délégation. Bien sûr une société ne se construit pas sur un émiettement des décisions et nous n’irons pas à 60 millions à l’Assemblée nationale. Entendons-nous bien alors sur ce que nous entendons par système représentatif : du point de vue de Monsieur et madame Tout-le-Monde, de fait, il s’agit d’abandonner avec confiance sa capacité de jugement et d’intervention à des élus. Ce qui veut dire que ce n’est même plus en question. Ça permet ensuite à ces élus de dire et de faire à peu près ce qu’ils veulent au nom de leur mandants. Rester enfermés dans cette logique dissocie le social du politique et ne permet pas de tirer tout le possible de phénomènes comme les Gilets Jaunes. Dans notre esprit, il s’agit de proposer un fonctionnement qui consiste à ce que les assemblées locales soient décisionnaires. Concrètement cela suppose un va et vient entre un organe de mutualisation et de mise en cohérence des demandes -qui n’est plus tout à fait l’Etat- et les lieux où se sont exprimées ces demandes. Si les mandatés changent d’avis au fil d’un débat à une autre échelle, ils doivent revenir vers leurs mandants. C’est lourd et long ? Il n’y a pas de système parfait mais outre que la navette avec les commissions parlementaires actuelles et le Sénat ne sont pas rapides, la démocratie demande du temps. Et cela va inévitablement de pair avec la réduction du temps d’emploi. Attention à ne pas être tentés par une quête d’efficacité qui finit toujours au détriment d’une démocratie active.

    Cela permet de commencer tout de suite à dégager des formes de structuration des mouvements populaires qui poursuivent le questionnement posé lors des Nuits debout et les Gilets Jaunes et ouvre des pistes sur comment s’organiser. Evidemment c’est contraignant pour celles et ceux qui seraient alors désignés comme des porte-parole, mais n’est-ce pas le but recherché ? Favoriser le « faire par soi-même » et non pas se comporter en donneurs de leçons est ce que devrait être le sens de toute forme d’organisation.

    Plus largement de situer devant chaque combat la nécessité et la perspective de s’en prendre au système actionnarial permet 1) de ne pas se tromper d’antagonisme 2) de faire voir où sont les moyens financiers et les pouvoirs à supprimer.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter