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Ensemble Finistère ! Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire - Front de Gauche

30 Apr

Un 1er Mai de revendications ...

Publié par Ensemble29

Mercredi, 29 Avril, 2020 - L'Humanité >>>>>
Un 1er Mai de revendications
sur la toile et aux balcons
Marion d'Allard
Cécile Rousseau
Loan Nguyen
Cyprien Boganda

« Même confinés, manifestons le 1er Mai »,

affiche la CGT en lettres capitales sur son site internet.

 

À circonstances exceptionnelles, mobilisation exceptionnelle, et si cette année les traditionnels défilés de la Journée internationale des travailleurs sont empêchés, en France, comme ailleurs, les organisations syndicales se sont organisées pour trouver les moyens d’exprimer leurs revendications.

 

Banderoles aux balcons ou mobilisations sur les réseaux sociaux (#1ermaipartout, #PlusQueJamaisLe1erMai, #1maicgt, #plusjamaisca…),

l’idée est de « populariser les appels à manifester virtuellement », explique Éric Beynel (Solidaires), qui note qu’à l’heure du confinement généralisé « la colère a besoin de sortir ».

Bien entendu, « rien de tout cela n’aura la portée d’une manifestation », remarque Yves Veyrier (FO), mais ce 1er Mai doit être, comme il l’est traditionnellement, « l’occasion d’exprimer collectivement nos revendications », décuplées dans la période.

 

« C’est une situation paradoxale où, d’un côté, les syndicats ne vont pas pouvoir organiser de manifestations et, de l’autre, démontrent chaque jour leur rôle fondamental auprès des travailleurs et dans la société », insiste pour sa part Sophie Béroud, enseignante-chercheuse en science politique, spécialiste des syndicats.

Santé et sécurité au travail, adaptation des postes, télétravail, chômage partiel… les salariés subissent au premier chef les bouleversements rapides et profonds engendrés par cette crise sanitaire.

 

Et alors que le 1er Mai intervient dans ce moment charnière où la reprise se profile, il est aussi question de poser les conditions d’un monde d’après plus social, plus écologique, d’exiger la redistribution des richesses, la revalorisation des métiers aujourd’hui en « première ligne », de donner les moyens de développement aux services publics et de réaffirmer l’exigence de lutter pour défendre un système de protection sociale, rempart indispensable face à la crise qui vient.

 

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Philippe Martinez (CGT)
"Nos revendications trouvent un écho grandissant dans la période"

 

« Cette crise nous met face à un choix décisif »,

Philippe Martinez, Secrétaire général de la CGT. 

 

"Pour la première fois, le 1er Mai ne se jouera pas dans la rue, mais il n’en reste pas moins une date primordiale.

C’est l’occasion de porter les exigences sociales que nous défendons depuis longtemps et que la crise a mises en exergue.

La pandémie oblige le pouvoir à prendre en compte les revendications des salariés de l’hôpital public, qui luttent depuis des mois pour leur reconnaissance.

Elle remet la question des services publics et de la protection sociale au centre du débat.

Et nous rappelle au passage que notre modèle social, attaqué depuis des années, est indispensable : dans les pays dépourvus de ce type de protection, c’est le monde du travail qui trinque en premier.

Les États-Unis, qui comptent plus de 25 millions de chômeurs supplémentaires depuis cinq semaines, en savent quelque chose.

 

On le voit, nos revendications trouvent un écho grandissant dans la période.

La pétition lancée début avril (par un collectif comprenant 16 associations et syndicats, dont la CGT – NDLR) et appelant à « préparer le monde d’après » a déjà recueilli près de 150 000 signatures.

Elle porte des exigences très concrètes, en termes de relocalisation d’activités, de solidarité, de réforme fiscale, de réponse à la crise écologique.

 

Il nous faudra continuer à nous mobiliser contre les attaques gouvernementales.

Personne n’est dupe du changement de discours du président de la République, qui évoque les « jours heureux ».

Il nous avait déjà joué la comédie de l’acte 2 du quinquennat, qui était supposé « tout changer » et qui ne nous avait rien montré de nouveau.

L’exécutif a suspendu une partie de sa réforme de l’assurance-chômage, en pleine crise.

 

En un sens, c’est une preuve supplémentaire de la nocivité de sa politique en faveur des premiers de cordée.

Cela doit nous inciter à accentuer nos efforts.

Cette crise nous met face à un choix décisif : ou bien nous changeons de cap dès maintenant, ou bien nous poursuivons dans cette voie.

Au risque d’accélérer la catastrophe."

 

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Éric Beynel (Solidaires)
"On se demande si Édouard Philippe a déjà pris le métro"

 

« Reconnaître ceux qui sont en première ligne »,

Éric Beynel, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires

 

« Quand on entend le plan de déconfinement du gouvernement, on a le sentiment d’une irresponsabilité totale.

L’idée de faire rentrer à l’école les maternelles, élémentaires et collèges mais pas les lycéens montre bien que le seul objectif est de faire retourner les parents au travail.

Sur les transports aussi, le discours est surréaliste, on se demande si Édouard Philippe a déjà pris le métro.

Et il n’y a toujours pas de moyens, toujours pas de masques. Cela ne fait que renforcer notre colère et notre détermination pour le 1er Mai.

On voit bien que les classes populaires – dans le nettoyage, le ramassage des déchets, les transports, les soins, notamment – sont en première ligne aujourd’hui, et qu’elles ne sont toujours pas reconnues à la hauteur de leur importance sociale.

Il faut augmenter les salaires au lieu de leur donner des primes.

Une autre revendication que nous porterons ce jour-là, c’est l’exigence de la protection de la santé de toutes et tous.

Enfin, nous voulons en finir avec cette vision complètement verticale des décisions : ceux les plus à même d’imaginer comment le travail doit se réorganiser sont ceux qui l’accomplissent au quotidien.

Nous sommes d’ailleurs en train de voir avec nos équipes comment nous pourrons organiser des discussions au plus près des unités de travail lors du déconfinement. »

 

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François Hommeril (CFE-CGC)
"Nous ne mesurons pas encore l’ampleur de cette crise"

 

« Les représentants du personnel sont des gens responsables »,

François Hommeril, Président de la CFE-CGC

 

« Pour des raisons culturelles, nous participons rarement aux manifestations du 1er mai.

La question s’est posée cette année avec ce rendez-vous confiné, mais on ne fera rien de particulier.

Nous sommes en revanche très attentifs à ce qui se passe dans la période.

Nous n’avons pas encore la mesure de l’ampleur des conséquences économiques et sociales de cette crise, notamment sur les demandeurs d’emploi.

Ces perturbations profondes remettent en lumière le caractère fondamental de la présence syndicale.

Pourtant, l’état d’urgence sanitaire instauré par le gouvernement suscite des inquiétudes.

On assiste à une dégradation de la qualité du dialogue social.

Il fallait sans doute une rapidité de réaction, mais pas au point qu’on puisse envisager des évolutions radicales en termes de protection des salariés, d’évolution du temps et des conditions de travail, de rémunérations…

Je ne comprends pas le décret sur l’allongement du temps de travail, ni la décision de réduire le délai d’information-consultation du comité social et économique, alors que cela permet de questionner la stratégie d’une direction d’entreprise ou d’y faire des objections.

Cela n’a aucun intérêt, car les représentants du personnel sont des gens responsables. »

 

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Benoît Teste (FSU)
"On n’oublie pas la réforme des retraites, qui n’est que suspendue"

 

« Défendre les services publics »,

Benoît Teste, Secrétaire général de la FSU.

 

« On a beau entendre Emmanuel Macron louer l’État providence la main sur le cœur, quand bien même il y aurait un plan hôpital à la sortie de cette crise, on craint que les services publics plus largement ne soient sacrifiés sur l’autel de l’austérité.

Le gouvernement continue à gérer avec son logiciel libéral pour faire revenir les gens au travail.

Le plan de déconfinement présenté mardi l’a encore montré : on va faire courir un risque majeur à l’ensemble de la population en renvoyant les élèves du premier et du second degré en classe sous prétexte que le virus circulerait moins chez les enfants, alors que cela n’est pas complètement avéré.

On espère que les salariés se saisiront du 1er Mai pour s’exprimer, faire entendre la priorité de l’enjeu sanitaire, le besoin de plus de collectif et de commun, de plus d’égalité et de droits sociaux.

On n’oublie pas la réforme des retraites, qui n’est que suspendue.

Or, l’austérité risque de concerner la Sécurité sociale, alors qu’on voit déjà à quel point les personnes âgées sont particulièrement touchées dans cette crise.

On tient aussi à montrer, à travers le soutien du collectif Urgence sociale et environnementale à cette mobilisation, que ces questions sont plus que jamais liées à travers la pandémie planétaire qui nous touche. »

 

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Yves Veyrier (FO)
"ça ne se résume pas en une mise en balance
entre santé et économie"

 

« Redonner la priorité au social dans le monde d’après »,

Yves Veyrier, Secrétaire général de Force ouvrière
 

 

« Le 1 er Mai a toujours été l’occasion de s’exprimer collectivement.

Une journée internationale de solidarité et de revendications du mouvement ouvrier, marquée, d’ailleurs, aux origines, par l’exigence de la journée de 8 heures et de la semaine de 48 heures.

Donc, s’il ne devait y avoir qu’une raison de se mobiliser ce vendredi, ce serait pour refuser les dérogations au temps de travail proposées par le gouvernement jusqu’à 60 heures par semaine.

Il doit y renoncer définitivement.

Mais plus généralement, cette pandémie, qui a mis la moitié de l’économie planétaire à l’arrêt, touche les salariés du monde entier, et la dimension internationale du 1er Mai prend ici tout son sens.

En résonance avec l’histoire, nous mettons également l’accent, cette année, sur la primauté de la santé au travail.

Et je rappelle, par exemple, que dans le préambule de la constitution de l’Organisation internationale du travail (OIT), est inscrit le principe de protection des travailleurs contre les maladies générales et professionnelles.

 

Alors qu’il s’agit de penser la reprise et le déconfinement, FO insiste donc sur le fait que les choses doivent se faire progressivement et ne pas se résumer en une mise en balance entre santé et économie.

Les impératifs sanitaires doivent être rigoureusement pris en compte.

Protection des salariés et conditions de travail sont au cœur de nos revendications, mais également, l’exigence de moyens supplémentaires pour les services publics et l’abandon des projets de réforme comme ceux des retraites ou de l’assurance-chômage.

 

On parle beaucoup du monde d’après, mais il ne peut pas commencer par un démantèlement de nos systèmes de protection sociale et un affaiblissement des services publics.

 

En somme, ce qui vient de se produire montre à quel point le vieux monde est moderne.

Il va falloir repenser l’échelle des valeurs pour redonner la primauté au social et faire de la redistribution des richesses un enjeu majeur de la période qui s’ouvre. »

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