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Ensemble Finistère ! Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire - Front de Gauche

28 Aug

Nouveau premier ministre : pour se sauver, Emmanuel Macron table sur le RN

Publié par Ensemble29

Nouveau Premier ministre :
Macron se cache derrière la droite et le RN
pour refuser de nommer Lucie Castets

 

Nouveau premier ministre :
pour se sauver,
Emmanuel Macron table sur le RN

 

Refusant de nommer Lucie Castets première ministre, le chef de l’État tente un nouveau coup de force pour garder le manche. Il est aidé dans sa quête par l’extrême droite, qui ne promet pas la censure à un gouvernement libéral.

 
 
Emmanuel Macron compte sur la bienveillance tacite de l'extrême droite pour maintenir son parti au gouvernement.

 

« Vous allez voir ! »

Nous sommes en février dernier et, interrogé par l’Humanité, Emmanuel Macron préfère botter en touche plutôt que de répondre à la question : « En quoi, comme vous l’avez affirmé, le vote des électeurs de gauche, qui ont fait barrage à l’extrême droite en 2022, vous oblige-t-il ? »

Il aura fallu six mois pour « voir » que la réponse ne serait en rien une inflexion à gauche de sa politique.

C’est bien un bras d’honneur que le chef de l’État, prêt à tout pour garder le manche, adresse à ceux qui, par la suite, ont placé le Nouveau Front populaire (NFP) en tête des élections législatives. Il a non seulement écarté la nomination de Lucie Castets à Matignon, mais aussi noué un pacte faustien, plus ou moins tacite, avec l’extrême droite. Celle qu’il est censé combattre ; celle dont il fait la béquille de son deuxième mandat.

À la suite de la série de consultations avec les forces politiques menées par l’Élysée, un communiqué de la présidence, peu avant 20 heures lundi, tombe dans les boîtes mail des rédactions. Emmanuel Macron y écrit ne pas retenir l’« option » Lucie Castets, bien qu’elle soit à la tête de « l’alliance regroupant le plus de députés ». « Le Nouveau Front populaire serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale », affirme-t-il, car son gouvernement aurait « une majorité de plus de 350 députés contre lui, l’empêchant de fait d’agir ».

Jupiter se la joue sélectionneur

Les trois groupes du camp présidentiel, la droite et l’extrême droite avaient, en effet, tous annoncé, avec les mêmes arguments, qu’ils censureraient la gauche et son équipe gouvernementale. Et ce, qu’elle comporte ou non des insoumis. Mais, Emmanuel Macron outrepasse ainsi, une fois de plus, la séparation des pouvoirs, anticipant une censure avant même que le pouvoir législatif ne se soit prononcé. « Le président ne peut pas être arbitre et sélectionneur », avertissait, dimanche, son ancien ministre et actuel député NFP Aurélien Rousseau.

« Au nom de la stabilité institutionnelle », Jupiter se prend malgré tout pour Didier Deschamps. Il entend reconduire à la tête du pays la coalition battue dans les urnes (Ensemble pour la République, Modem et Horizons) par deux fois, aux européennes puis aux législatives. Le groupe centriste Liot, l’UDI et le Parti radical se seraient dits prêts à « un travail commun possible » avec les forces macronistes, lesquelles se sont montrées ouvertes « à soutenir un gouvernement dirigé par une personnalité qui ne serait pas issue de leurs rangs ».

Celui-ci, pour Emmanuel Macron, aurait donc plus de chances de rester en place qu’un exécutif du NFP, alors qu’additionnés, les sièges de la gauche (193) et du RN et ses alliés (142) le feraient chuter. « Je souhaite que le prochain gouvernement, soutenu par le camp présidentiel, soit censuré et rejeté. Ceux qui feront la différence, c’est le RN », alerte Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

Au sortir de leur échange avec le chef de l’État, Jordan Bardella et Marine Le Pen, dirigeants du RN, ont uniquement indiqué qu’ils feraient tomber un exécutif Castets.

Et pas « un gouvernement issu du centre gauche, du centre droit ou de la droite » ? les questionne alors un journaliste.

« Nous sommes totalement libres de nos actions et de nos votes, répond Marine Le Pen. Depuis deux ans, à l’Assemblée nationale, nous sommes attachés au contenu des projets présentés. » « On va voir ce que représentera un tel premier ministre, on mettra des conditions sur l’immigration, l’insécurité, le pouvoir d’achat », a confirmé, mardi matin sur TF1, le député Sébastien Chenu.

« Emmanuel Macron utilise des notions constitutionnelles à des fins politiques »

Emmanuel Macron table donc bien sur l’extrême droite pour essayer de sauver la fin de son mandat, tout en osant évoquer le barrage républicain pour tenter de débaucher les socialistes, les écologistes et les communistes : « Les partis politiques de gouvernement ne doivent pas oublier les circonstances exceptionnelles d’élection de leurs députés au second tour des législatives. Ce vote les oblige. »

Aussi, pour mener à bien son coup de force, le locataire de l’Élysée dévoie encore une fois la lettre et l’esprit de la Constitution. Dans son communiqué, la présidence énonce qu’elle a reçu les partis dans un « rôle constitutionnel d’arbitre, garant de la stabilité institutionnelle et de l’indépendance de la nation ».

De quoi faire s’émouvoir le constitutionnaliste Paul Cassia : « Emmanuel Macron utilise des notions constitutionnelles à des fins politiques. » La loi fondamentale ne fait d’ailleurs aucune mention, stricto sensu, de la notion de « stabilité institutionnelle ». Seul l’article 5 dit que le président s’assure du « fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État ».

« le rôle du chef de l’État n’est pas de déterminer quels sont les cadres de coalition possibles. »

Paul Cassia, juriste spécialiste du droit constitutionnel

« Ceux-ci sont garantis par le fait que le Parlement ne peut pas être dissous d’ici à un an, que le président de la République reste en poste pendant encore trois ans, et que si un gouvernement fait l’objet d’une motion de censure, le président peut en nommer un second immédiatement », explique Paul Cassia. Emmanuel Macron craindrait donc plutôt pour la pérennité de sa propre majorité.

« (Il) se réfugie derrière le besoin de ”stabilité”. S’il savait combien de personnes au contraire ont très envie que ça change… Besoin même ! (…) Mais, lui et toutes celles et ceux qu’il enrichit, c’est sûr, n’ont intérêt à rien d’autre que la stabilité. Et on comprend très bien pourquoi. Et on ne laissera pas faire », lui rétorque Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes.

Quant au rôle d’arbitre, le terme signifie « que le président de la République doit s’élever au-delà de la contingence politique, ce qui n’est pas ce que l’on constate », poursuit le juriste Paul Cassia, pour qui « le rôle du chef de l’État n’est pas de déterminer quels sont les cadres de coalition possibles ». Cette entorse à l’esprit de la Constitution fait dire à Lucie Castets qu’Emmanuel Macron « veut à la fois être président de la République, premier ministre et chef de parti ».

La gauche appelle à se mobiliser dans la rue

Pendant que le chef de l’État lançait, mardi, son nouveau cycle de consultations, la gauche a commencé à préparer la riposte. Le NFP ne retournera pas échanger à l’Élysée. « Ce que l’on n’a pas obtenu par les urnes, nous allons l’obtenir peut-être par le rapport de force, par la mobilisation sociale. D’ailleurs, je donne rendez-vous à tout le monde à la Fête de l’Humanité, grand rendez-vous de la liberté, de la démocratie, de la défense de l’égalité », appelle Fabien Roussel, sur BFMTV, accusé de mener « un coup d’État » par la macroniste Prisca Thevenot.

Marine Tondelier pousse dans le même sens que le communiste : « Si voter ne suffit plus, on passera donc par la rue. » « La démocratie est dans un état préoccupant », abonde Lucie Castets, qui juge « fondamental que les gens se mobilisent aujourd’hui ».

 

La France insoumise, quant à elle, maintient sa menace de destitution à l’encontre d’Emmanuel Macron et appelle à des manifestations le 7 septembre. Le PS a rejeté « à ce stade » l’idée d’y participer. « Je suis assez réservé sur la capacité de faire changer d’avis le président en défilant dans les rues. Cela fait des années qu’il ignore toute mobilisation, même quand des millions de personnes se rassemblent contre sa réforme des retraites », justifie le député Arthur Delaporte.

« Nous serons de toutes les mobilisations qui permettent de faire respecter le vote des Français. Nous y serons sur la base de nos mots d’ordre », indique pour sa part Ian Brossat, porte-parole du PCF. À l’heure d’écrire ces lignes, les Verts devaient, eux, encore étudier la question.

L’alliance objective entre Emmanuel Macron et l’extrême droite soude le NFP, même si l’aile droite du PS demande la reprise des négociations avec l’Élysée.

Dans l’interview qu’il avait accordée, en février, à l’Humanité, le chef de l’État, rempart autoproclamé contre l’extrême droite, revendiquait le droit d’appliquer son programme car il était arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, sans réussir à réunir une majorité à l’Assemblée nationale.

Ce même Emmanuel Macron refuse cette possibilité aujourd’hui à la gauche, première coalition parlementaire.

Peut-être est-il temps pour lui de se relire.

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