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Ensemble Finistère ! Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire - Front de Gauche

30 Jan

Après la primaire du PS... Présidentielle. Quelques mots sur une conjoncture en bouleversement permanent.

Publié par Ensemble29

 

La situation est loin d'être stabilisée, mais elle se précise, et il est possible d'en esquisser certains des traits saillants.

Je ne suis pas de ceux qui ont été « déçus » par le quinquennat de François Hollande. On n'est jamais trahi que par les siens, et il n'a jamais été l'un des miens. Je ne m'attendais pas à ce qu'il aille si loin dans l'abjection, mais il était acquis dès son élection – en fait, dès sa campagne et même bien avant – qu'il n'allait pas mener une politique de progrès social, mais au contraire une politique en faveur du capital. Le couplet sur « la finance » du Bourget est un point sur lequel je n'ai jamais fait fond. La dérive social libérale du parti socialiste est un vieux tropisme, qui s'accentue depuis des décennies, et la surprise sur la politique menée est au mieux de l'ordre quantitatif. Sur le fond, elle était attendue. Cela ne signifie pas que je regrette d'avoir, en 2012, contribué à battre Sarkozy ; c'était pour moi le seul enjeu réel de ce second tour. Quant au premier, la campagne du Front de Gauche avec Jean-Luc Mélenchon me semble rétrospectivement ce qu'elle me semblait alors : la meilleure chose à faire. Que l'occasion ait été perdue dans les mois qui ont suivi de renforcer et développer la dynamique ainsi engagée est une autre histoire, sur laquelle il faudra bien se pencher, mais qui ne met à mon sens pas en cause ce choix.

Le risque – loin d'être écarté – que l'on a vu grandir tout au long de ces années est celui de la disparition totale d'une perspective d'alternative de gauche. L'expression « la gauche », constamment confondue dans le discours public avec « le parti socialiste », qui menait une politique que l'on peut sans nuance qualifier « de droite » est devenue largement illisible. Et au sein de la gauche, ses courants radicaux (anticapitalistes) ont été marginalisés : le Front de Gauche s'est perdu dans les sables de ses divergences et des projets différents poursuivis par ses protagonistes, le NPA s'est plongé dans une impuissance croissante à intervenir dans la construction d'une alternative, et le reste à l'avenant.

On a pu croire – et quant à moi j'ai cru – que le parti socialiste jouait son dernier coup d'archet. Le projet poursuivi de longue date par Manuel Valls d'en finir avec toute culture « de gauche » au sein du PS semblait couronné de succès, et la faiblesse institutionnelle des « frondeurs », marquant le pas devant une rupture que nous étions nombreux à souhaiter sans y croire, semblait vouer leurs efforts à l'échec. Mais outre que la « pasokisation » du PS tardait à se manifester, les rapports de forces politiques s'infléchissaient à droite, et ce n'est pas la gauche d'alternative qui tirait les marrons du feu de l'affaiblissement du PS : c'est la droite et le Front National. En toute hypothèse, s'il était de plus en plus décisif de promouvoir l'anticapitalisme – en particulier à l'occasion ds luttes contre la contre-réforme du droit du travail – il était clair que la reconstruction, la refondation d'une gauche d'alternative devait prendre en considération, sans s'y résigner, le fait que le centre de gravité de la gauche ou de ce qu'il en restait ne pouvait avoir un centre de gravité « radical », sauf à renoncer à la construction d'un rassemblement à vocation majoritaire, à l'intérieur duquel seulement l'option anticapitaliste pouvait penser construire son hégémonie.

Le PS n'en traversait pas moins une crise historique. Que des secteurs entiers de ce parti et de son environnement immédiat se tournent vers un projet néolibéral expressément détaché de ses origines de gauche, avec l'opération Macron (une figure construite de toutes pièces par l'équipe Hollande-Valls) en était un aspect notable.

En quoi la désignation de Benoît Hamon à l'issue de la primaire du parti socialiste modifie-t-elle, ou non, la donne ?

Chacun-e s'accorde à reconnaître que le résultat de Hamon est d'abord une claque de plus infligée à Valls ; il y a lieu de s'en réjouir sans mélange. La politique de Hollande, Valls et Cambadélis a été assez massivement rejetée par ceux-là mêmes à qui ils ont demandé de s'exprimer ; le piège de la « primaire ouverte » s'est refermé sur l'équipe dirigeante. Il semble que le résultat aurait pu être différent, voire inverse, si seul-e-s les membres du PS avaient été appelé-e-s à s'exprimer. Ce qui a fait la victoire de Hamon (c'est à dire la claque à Valls), ce sont les votes de centaines de milliers de gens qui se considèrent de gauche sans nécessairement se considérer appartenir à l'orbite du PS, qui pour l'essentiel sont à tout le moins sceptiques sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon, et qui souhaitaient disposer d'un autre choix pour exprimer, de gauche, un refus des politiques su quinquennat. Il n'en demeure pas moins que le résultat de la primaire révèle, et va conforter et renforcer au sein même du parti socialiste l'existence de courants hostiles – ou au moins non-favorables – aux évolutions social-libérales de ce parti. Les jeunes socialistes ont massivement soutenu Hamon contre Valls et Hollande, et certains courants qui pourtant n'avaient jamais accepté de prendre d front la politique suivie depuis 2012 et de s'y opposer clairement (comme Martine Aubry et son courant) l'ont également soutenu. Ainsi, à travers les glissements qui poussent un certain nombre de cadres socialistes vers l'opération Macron, le PS tend-il à se reconfigurer. Non sur une posture anticapitaliste qui n'est pas la sienne depuis des temps désormais immémoriaux (et qui n'est pas celle de Benoît Hamon), mais sur une posture se disant, se vivant comme « de gauche », favorable au travail plus qu'au capital, aux libertés publiques plus qu'à l'autorité de l’État, et à la reconnaissance de l'égalité plus qu'au racisme nationaliste. Cela ne suffit pas à transformer la société, mais c'est un socle sur lequel les luttes émancipatrices peuvent s'appuyer : c'est à l'intérieur de la gauche ainsi comprise que la gauche d'alternative peut construire son hégémonie.

Je ne dis rien encore sur les choix qui doivent en résulter, électoralement parlant : ce post est déjà assez long. Mais peut-être est-ce là un des aspects de la candidature Hamon : elle doit nous permettre de relativiser les enjeux électoraux, et à mettre en évidence le fait que l'essentiel sur ce terrain est d'empêcher la victoire de la droite revancharde, du populisme fascistoïde, et de battre en brèche le néolibéralisme échevelé d'Emmanuel Macron.

 

LL 30 janvier 2017

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