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Ensemble Finistère ! Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire - Front de Gauche

02 Dec

À gauche, plusieurs stratégies pour une « candidature commune »

Publié par Ensemble29

À gauche,
plusieurs stratégies pour une « candidature commune »

 

Lucie Castets et Marine Tondelier appellent à une candidature commune à gauche pour 2027. Les ex-Insoumis de L’Après aussi. Jean-Luc Mélenchon parle d’une « offre fédérative » autour de La France insoumise. Mais chacun a ses arrière-pensées.

 
 
 
 

Ce sont les mots-clés du moment : « candidature commune ».

En quelques jours, plusieurs personnalités politiques de gauche et écologistes ont lancé des appels en faveur de l’union pour la présidentielle de 2027 – si ce n’est plus tôt en cas de présidentielle anticipée.

C’est le cas de celui lancé samedi 30 novembre par la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, et la candidate à Matignon désignée par le Nouveau Front populaire (NFP), Lucie Castets. Dans leur texte (et sur le site dédié à leur initiative, Gagnons-ensemble.fr), elles s’assignent pour but d’« obtenir une majorité au Parlement et [de] remporter la prochaine élection présidentielle » en construisant « un projet commun à l’ensemble de la gauche, des forces de progrès et des écologistes ».

Elles insistent pour cela sur un « prérequis » : « Souhaiter une candidature commune pour la prochaine élection présidentielle, sans placer tel ou tel nom comme préalable au travail collectif. » « L’idée de cet appel est de faire perdurer cet élan [du NFP] mais aussi [de] l’élargir, notamment à la société civile, qu’elle puisse trouver un espace commun pour travailler, mais aussi [de] l’ancrer sur tous les territoires », a développé Lucie Castets sur France Info.

Le retour d’une rhétorique unitaire

La veille, L’Après (le microparti des ex-Insoumis Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido…) lançait lui aussi une pétition pour une candidature commune à gauche « face à la menace de l’extrême droite ». « 2027 pourrait bien arriver en 2025 ou 2026. L’heure est trop grave pour que la gauche et les écologistes reconstituent deux gauches irréconciliables, quelques mois après la victoire relative du NFP », écrivent les ex-Insoumis.

« Une victoire de l’extrême droite est probable si la gauche échoue à se rassembler. Pour être au second tour, le NFP doit avoir un candidat commun à la prochaine élection présidentielle », écrivait déjà le député Hendrik Davi (membre de L’Après) sur son blog de Mediapart le 20 novembre. 

La parution concomitante de ces appels n’est pas étrangère au retour des rivalités entre La France insoumise (LFI) et le Parti socialiste (PS), qui ont pour effet de reléguer l’aventure du NFP au rang de vieux souvenir, et de raviver celui de la présidentielle de 2022, où la gauche divisée avait été éliminée du second tour, malgré les 22 % de suffrages exprimés rassemblés par Jean-Luc Mélenchon.

Il y a un sentiment d’urgence à […] faire entendre la voix majoritaire à gauche de ceux qui ne sont pas résignés à la défaite.

Clémentine Autain, députée membre de L’Après

Les deux partis se livrent depuis quelques semaines, par média ou réseau social interposé, une joute verbale de plus en plus violente, chacun accusant l’autre d’avoir renié l’union. « Les deux gauches irréconciliables sont en train de se reconstituer. Il y a un sentiment d’urgence à arrêter cette mécanique pour faire entendre la voix majoritaire à gauche de ceux qui ne sont pas résignés à la défaite », analyse la députée Clémentine Autain. 

LFI n’est pas en reste dans le concert des appels unitaires. Le 29 novembre, au siège du Parti ouvrier indépendant (POI), où il fait régulièrement un point sur le moment politique, Jean-Luc Mélenchon a déclaré au sujet d’une éventuelle présidentielle anticipée : « Nous sommes partisans d’une candidature commune. On se l’est dit dix fois, sur la base du programme. Et comme nous irons avec le programme, eh bien, vient qui veut, il est bienvenu. »

Tout en faisant une « offre fédérative » à « ceux qui veulent », il a cependant acté que le Parti communiste français (PCF) et la « droite du PS » ne souhaitaient plus faire route avec lui. Manière de dire qu’il ne transigerait pas pour que la gauche et les Écologistes présentent une candidature unique alors que François Hollande répète partout qu’il y aura une candidature socialiste.

Des anticipations divergentes

Interrogé sur cette soudaine offensive « unitaire », l’ex-Insoumis Alexis Corbière, membre de L’Après, s’en félicite : « Je veux le prendre en positif, y compris la manière dont Jean-Luc Mélenchon pose les choses au départ : le retour d’une volonté unitaire est une bonne chose, alors que dernièrement on entendait surtout les voix des diviseurs. Il faut que ça monte en puissance. »

Face à l’épée de Damoclès de l’extrême droite, des dirigeant·es du NFP prennent donc conscience que leurs réunions hebdomadaires à huis clos n’ont pas permis de cimenter la coalition. « La comédie qui consiste à être unitaires seulement quand il s’agit de sauver des sièges doit cesser », affirme ainsi l’ex-Insoumise Clémentine Autain, satisfaite de voir que Marine Tondelier et Lucie Castets en appellent aux énergies militantes hors partis.

Chacun a cependant bien conscience que, comme souvent, les intentions derrière les mots « candidature commune » ne sont pas les mêmes. Si Jean-Luc Mélenchon a opté pour la stratégie de l’urgence en accréditant l’idée d’une présidentielle anticipée très tôt, c’est pour apparaître comme le candidat naturel à gauche après ses 22 % en 2022. « Il profite de l’accélération supposée du calendrier. C’est plus hâtif que fédératif », observe Alexis Corbière.

Mais même dans ce premier pas vers une quatrième candidature à la présidentielle, Clémentine Autain décèle une avancée : « Si Jean-Luc Mélenchon a besoin de maquiller sa volonté personnelle d’aller vers une quatrième candidature par l’affirmation d’une candidature commune, c’est qu’on a déjà gagné une manche. Il a compris que l’aspiration unitaire était très forte, parce que le peuple de gauche n’est pas résigné. »

Les unitaires de L’Après plaident, pour leur part, pour l’idée que le délai avant une prochaine échéance présidentielle est suffisant pour travailler à une candidature commune sur le programme du NFP, enrichi de ses victoires à l’Assemblée nationale et des revendications des syndicats.

Le vrai risque, c’est l’enlisement et l’inertie. […] Le NFP, on l’aime, on y tient.

Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes

Leur méthode doit permettre d’éviter le revival d’un duel entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, ou d’une gauche divisée : « On n’est plus en 2017 ou 2022 : le sujet, c’est une progression indiscutable de l’extrême droite, et ça doit entraîner une stratégie qui s’adapte à cette réalité. La division, c’est la défaite », explique Alexis Corbière.

L’Après propose que les chef·fes des partis se mettent d’accord au consensus sur un nom, comme ils l’ont fait pour Lucie Castets, ou que soit organisé un vote des citoyen·nes de gauche en proposant l’adhésion directe au NFP, pour départager entre plusieurs candidatures.

Par ailleurs, l’association défend que, même en cas d’accélération fulgurante du calendrier électoral, un autre scénario unitaire existe : celui d’une candidature à la présidentielle de Lucie Castets. « Cela ferait gagner un temps précieux et permettrait aux forces militantes de se mettre rapidement en mouvement », affirme L’Après. 

L’ancienne directrice des finances de la ville de Paris continue, pour l’instant, de participer à des meetings au nom du NFP, avec toutes ses composantes – elle sera, par exemple, à Tours le 5 décembre. Son refus d’être candidate aux législatives partielles en Isère sur le quota de LFI n’a pas entamé le soutien des Insoumis à sa candidature pour Matignon en cas de censure du gouvernement Barnier. « Je continue personnellement à dire que si Macron nommait Lucie Castets, nous serions prêts à constituer un gouvernement », a déclaré Manuel Bompard dimanche. 

En signant un appel avec la seule dirigeante des Écologistes, Lucie Castets pourrait toutefois avoir suscité de l’incompréhension, alors qu’elle avait réussi jusqu’à présent à être un point d’équilibre entre les partis du NFP. Marine Tondelier a répliqué sur LCI, aux côtés de Lucie Castets : « Le vrai risque, c’est l’enlisement et l’inertie. […] Le NFP, on l’aime, on y tient. Ce n’est pas une initiative pour concurrencer le NFP, c’est pour le renforcer. »

Mathieu Dejean




https://www.mediapart.fr/journal/politique/011224/gauche-plusieurs-strategies-pour-une-candidature-commune

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