• Stratégie : de quoi parlons nous ?

    « Pour l’ouverture d’un débat stratégique »

    Stratégie :  de quoi parlons nous ?

     

     

    A la lecture de quelques réactions au projet du chantier « Pour l’ouverture d’un débat stratégique » et de l'usage du terme stratégie dans les commentaires, appels et débats post-élections européennes, il nous apparaît que cette notion de stratégie appelle à être précisée.

    Très souvent, elle est entendue comme tactique électorale.

    Très souvent aussi, elle est interprétée comme devant répondre à des enjeux politiques immédiats avec les mêmes clés que durant les 30 dernières années c’est-à-dire par la tentative de reconstruire une gauche à partir des forces politiques existantes ; en surinvestissant la dimension électorale comme clé de reconstruction et de prise de pouvoir de l’appareil d’Etat sans interroger la dépossession de la citoyenneté que ce mode politique induit.

    En ce qui concerne les luttes cela conduit à soutenir les actions syndicales sans rien leur apporter d’original en supposant que les objectifs fixés par ces syndicats vont de soi et ne découleraient pas d’une lecture limitée de leur propre rôle. D’où des luttes essentiellement défensives.

    Ce qui laisse aux forces du capital le monopole de la prise d’initiative nous enfermant dans le « non » ce qui est déjà un affaiblissement du rapport de forces.

    Aucun des grands acquis n’a été obtenu en se limitant à défendre les précédents.

     

    La notion de rapport de forces est alors souvent utilisée pour expliquer nos échecs par des facteurs extérieurs ce qui permet de faire l’économie d’une mise en question de nos comportements et analyses.

     

    « Stratégie » dans l’esprit des auteur/es de ce texte concerne le chemin et les moyens de la transformation radicale de la société (et pas seulement de la transformation sociale, terminologie réductrice qui oublie ou minore la dimension écologiste et la dimension démocratique / autogestionnaire de cette transformation) :

    les pistes d’une rupture avec tout système d’exploitation, de domination, de dépossession et de discrimination qui viennent éclairer nos analyses et modalités d’action.

     

     

    Cette rupture est d’autant plus une urgence que le système d’exploitation capitaliste de la planète menace la vie même. Si l’écologie est devenue une priorité centrale, la raison en est l’existence de cette exploitation sans fin de ressources limitées.

     

    Or si nous considérons qu’un aménagement du capitalisme et un compromis de type fordiste sont désormais vains, le dépassement du capitalisme n’est plus réservé à une vision lointaine et abstraite de la société mais devient un outil pour aborder les enjeux les plus immédiats.

    Par exemple : combattons-nous efficacement le chômage sans rien changer de notre regard sur le travail et les rapports de production ?

     

    C’est aussi un moyen de ré-évaluer nos outils d’analyses encore trop fixés sur les états-majors politiques et syndicaux ou sur ce qui est médiatisé. Cela devrait nous permettre de mieux décrypter des aspirations profondes qui ont du mal à trouver les modes d’explicitation.

     

    On déplore souvent le morcellement des causes à défendre et des luttes.

    Or si on prend l’antagonisme capital/ société dans sa cohérence on mesure vite qu’il n’y a pas le social d’une part, terrain des salarié.e.s, la question des chômeurs et des chômeuses de l’autre, des migrant .e.s d’une troisième, des femmes encore d’une autre et de l’écologie.

    L’exacerbation de l’exploitation et de la volonté de domination montre l’interaction de ces différentes situations, des dominations, des oppressions, des menaces sur l'humanité.

    D’où l’urgence de dégager non pas LA revendication commune mais le dénominateur commun à tous ces enjeux. La perspective d’une société fondée sur l’association de tout le vivant peut être le point d’horizon pour toutes et tous.

     

    Cela rend concrètes Révolution démocratique et voie autogestionnaire.

    Le but rejaillit sur la définition du chemin à emprunter.

    L’Histoire ne nous dit-elle pas qu’on ne peut être émancipé.e par d’autres que par soi-même- avec ses semblables ?

    Loin qu’au nom du réalisme nous nous limitions à la tactique, nous considérons que tout ce qui est de l’ordre de la tactique ne peut que découler de la vision stratégique que l’on se donne.

    Et on ne saurait confondre stratégie et tactique électorale, ou réduire la première à la seconde.

     

    Nous n’avons pas l’illusion du tout, tout de suite, mais déjà pouvoir se projeter vers une autre logique que celle du capital et des méthodes politiques dont nous héritons, modifierait la donne.

    Parce que la dimension culturelle et idéologique du combat est essentielle.

     

    Amicalement.

    Etienne Adam, Bruno Dellasudda, Jean-Louis Griveau, Marie-Claude Herboux, Sylvie Larue, Cécile Leroux, Bea Whitaker, Pierre Zarka

     


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