• Rentrée politique. La France insoumise dans les starting-blocks pour 2022

    Lundi, 24 Août, 2020

    Rentrée politique.

    La France insoumise dans les starting-blocks pour 2022

    Lors de ses universités d’été, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon s’est lancé dans une nouvelle phase, qui le mènera jusqu’à la présidentielle.

    Et pendant laquelle les discussions avec les autres partis s’annoncent difficiles.

     

    Le mot « Résistance » résonne encore.

    Lors du meeting de Jean-Luc Mélenchon, qui clôturait hier le week-end de rentrée de la France insoumise, les AMFiS, les militants du mouvement se remémorent la ferveur de 2017, qui avait fait naître l’espoir d’une victoire de la gauche à la présidentielle.

    « Il fait lever les foules comme il y a trois ans, s’enthousiasme Maël, qui a adhéré à la FI en mars 2017. Quand on l’entend nous donner des solutions positives pour sortir de la crise, parler de planification, de réquisition, de nationalisation, de révolution citoyenne, on a envie de reprendre la bataille. »

     

    Pendant deux heures, Jean-Luc Mélenchon a revêtu son costume de tribun, dimanche, devant les quelque 2 000 personnes présentes à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme) pour ces AMFiS.

    Lors d’une allocution qui ressemblait clairement à un meeting de campagne, l’ancien candidat aux élections présidentielles de 2012 et 2017 a évoqué la crise sanitaire et économique, la transition écologique, les insurrections populaires au Liban et en Biélorussie, mais aussi l’échéance de 2022.

     

    Le mouvement à la recherche d’un second souffle

    Mélenchon et ses troupes assument : la campagne commence maintenant. Ne serait-ce que parce que la FI, qui semble s’affaiblir depuis trois ans, a besoin de trouver un second souffle.

    Ses représentants le minimisent, mais le mouvement n’a pas joué le rôle central qu’ils espéraient tenir lors des élections européennes (avec 6,31 % des voix) et des municipales (aucune tête de liste FI ne l’a emporté dans les grandes villes), pendant qu’Europe Écologie-les Verts (EELV) faisait basculer le rapport de forces à la gauche de Macron.

    « Les perquisitions de 2018 nous ont aussi fait mal, concède le député Éric Coquerel. Mais depuis les retraites, la période de la crise pendant laquelle sans arrêt nous avons proposé des réponses et des alternatives positives, nous remontons fortement. »

    Des propositions qui se poursuivent, Jean-Luc Mélenchon ayant demandé lors de son meeting d’embaucher « 100 000 jeunes, des étudiants, à un salaire décent, pour venir assister les enseignants qui auront la lourde tâche de rattraper le retard scolaire subi par les enfants ».

     

    Pour peser davantage, la France insoumise mise justement sur de nouvelles mobilisations, dès la rentrée.

    « Notre premier rôle, c’est d’être utile au pays face à la crise sociale terrible qui arrive, détaille Mathilde Panot, vice-présidente du groupe parlementaire insoumis.

    Cela, nous le ferons à l’Assemblée mais aussi dans la rue, contre le plan de relance, contre la réforme des retraites. À travers ces mobilisations, nous devons créer un grand mouvement populaire, pour amorcer une rupture avec le modèle capitaliste. »

     

     

    Une candidature à la présidentielle décidée à l’automne

    L’heure est donc à la mobilisation et à la construction d’un programme, pas encore à une candidature.

    « Il y aurait une indécence, un ridicule absolu à se chercher des poux dans la tête sur la manière de désigner un candidat pendant que des millions de gens se demandent s’ils vont trouver du boulot », a déclaré Jean-Luc Mélenchon.

    Celui-ci a toutefois annoncé qu’une décision sera prise à l’automne, lors de la prochaine convention du mouvement.

    Dans les allées des AMFiS, militants et dirigeants imaginent bien mal quelqu’un d’autre pour incarner leurs idées et un projet, « L’Avenir en commun », qui sera actualisé les prochains mois mais sur lequel ils ne semblent pas prêts à d’importants compromis.

     

    « Nous voulons discuter avec tout le monde, mais bien sûr nous venons avec un programme qui a réuni sept millions de voix il y a trois ans et qui fédère, explique le député du Nord Adrien Quatennens.

    Nous ne gagnerons pas en additionnant les logos mais en ayant un projet clair, lisible et ambitieux. Même Europe Écologie-les Verts l’a compris. »

    C’est bien avec le parti écologiste que les discussions semblent les plus tendues, alors que la FI paraît confiante sur ses capacités à travailler avec le PCF et ne cherche pas, pour l’instant, à approcher le PS, jugé toujours trop libéral.

     

    Des points de rupture avec une partie des Verts

    Le dialogue entre insoumis et Verts, rompu depuis 2017, s’est rouvert cet été, à l’initiative de la FI et en vue des prochaines élections départementales et régionales de mars 2021.

    Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon espère une alliance nationale, EELV des accords par région.

    Si ces rapprochements se font, amorceront-ils une stratégie commune en 2022 ?

    « Il y a des points de rupture entre nous qui ne concernent pas les politiques locales, notamment l’Europe et les questions institutionnelles, tempère Éric Coquerel.

    Mais nous ne pourrons pas être ensemble en 2022 avec des désaccords sur des points structurants pour définir la politique à mener, ce ne serait pas crédible.

    Quand j’entends certains comme Yannick Jadot ou David Cormand parler d’Europe des régions, de girondisme, ne pas vouloir renégocier les traités, je me dis que ce n’est pas conciliable avec nos idées. »

     

    Vendredi, la deuxième journée des AMFiS a toutefois été marquée par la présence d’Éric Piolle, qui a fait part de sa « détermination à rassembler l’ensemble de l’arc humaniste » pour « bâtir un projet positif pour la vie des gens ».

    Une visite qui, plutôt que de marquer un réel rapprochement entre les deux partis, pourrait créer des crispations à EELV.

    C’est peut-être même là un des objectifs de Jean-Luc Mélenchon.

    Conscient que s’accorder sur un programme commun sera difficile, voire impossible, le leader de la France insoumise pourrait s’accommoder d’une dislocation des écologistes et d’une candidature du libéral Yannick Jadot, qui ne semble pas l’inquiéter outre mesure.

     

    Florent Le Du

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