• "Quand les socialistes inventaient l'avenir 1825-1860"

    L'Avis de mes Potes
    "Quand les socialistes
    inventaient l'avenir 1825-1860"

     

    Bonjour à tous !

    J'ai reçu il y a peu un livre qui est très intéressant et dont le titre, j'en suis presque sûr, vous fera réagir :

    "Quand les socialistes inventaient l'avenir 1825-1860".

    J'ai trouvé un passage en particulier que je voulais partager avec vous et qui montre bien qu'une partie des problèmes que nous rencontrons aujourd'hui ne nous sont pas contemporains, l'extrait se trouve page 30-31 (l'extrait fait une page et demi et grosse police il n'est pas si long que ça),

    bonne lecture aux plus courageux d'entre vous ! 

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    "Il faut bien sûr, en priorité, tourner le dos à la doxa ancienne faisant de la domination de certains individus, classes ou castes une condition première, naturelle et indiscutable de tout ordre social viable.

    Dès le tournant 1820, Saint-Simon déjà s'exclamait :

    "j'écris pour les industriels, contres les courtisans et contre les nobles; c'est à dire pour les abeilles, contre les frelons."

    Sa célèbre et imprudente parabole le conduisait aussi à dénoncer un "monde renversé" (L'Organisateur, 1819) qu'il fallait relever en le remettant sur ses pieds;

    un monde dans lequel une caste d'oisifs, barons, comtes, ducs, mais aussi et surtout désormais les "dix mille propriétaires les plus riches parmi ceux qui vivent noblement", dominaient les industriels, c'est-à-dire, dans le vocabulaire de Saint-Simon, tous les producteurs de biens et de services.

     

    Mais il fallait tout autant refuser une nouvelle orthodoxie libérale en gestation estimant que la modernité passe par la rencontre rassurante, car ponctuelle, de choix individuels sur les marchés économiques (biens et services) et politiques, et par la confrontation instantanée et, en quelque sorte, impersonnelle de ces choix.

    Pierre Leroux exprime les griefs de tous les apprentis socialistes en tirant dès 1831 l'un de ses articles les plus connus "Plus de libéralisme impuissant" (Le Globe, 18 janvier 1831).

    Ce libéralisme est impuissant à exprimer les codes de l'avenir dans la mesure où il est insuffisant à la fois de vouloir fonder la société nouvelle principalement sur l'intérêt individuel (plus ou moins étroitement défini) et de prétendre créer du lien social sur la base du seul échange fugace, superficiel et antagonique sur les marchés.

    Cette frilosité libérale dissimule au mieux une capitulation devant le projet de gouverner en commun le monde nouveau; et, au pis,, elle masque une idéologie faisant passer pour "naturelles" de nouvelles dominations économiques et sociales.

     

    Parmi les premiers socialistes, François Vidal exécute en quelques mots cette idéologie libérale, n'y voyant qu'une "théorie transcendante de la force et du hasard" (Vidal, 1846),

    alors qu'un peu plus tôt Philippe Buchez en a exprimé l'ambition ou plutôt l'absence, plus ou moins calculée, d'ambition :

    "Il ne faut point changer les hasards qui sont en puissance" (Buchez, 1833).

     

    Ces hasards conduisent de fait une reconstitution d'une aristocratie, la propriété individuelle et l'anarchie des dotations étant à l'origine du creusement de nouvelles différences et inégalités entre les hommes.

    Choisir de livrer une société à la force et au hasard n'est donc pas sans conséquence et le principal indice de la corruption de cette société réside dans ce paradoxe constitué par la croissance parallèle de l'industrie et du paupérisme."

    GP !


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