• Le mouvement social, au cœur de l'alternative

    L'Avis de mes Potes

    Le mouvement social,
    au cœur de l'alternative

     

     

    A l'issue du dernier Collectif National d'Ensemble!, le 20 mars, que fallait-il retenir en ce qui concerne nos tâches politiques ?

     

    - la décision, bien tardive, de quitter le processus de la primaire à gauche (la primaire des Gauches et des Écologistes) ;
    - la perspective, pas forcément partagée, d'une improbable résurrection d'un Front De Gauche transformé ;

    - la proposition de forums, allant plutôt dans le bons sens car s'adressant aussi, encore insuffisamment toutefois, aux acteurs des luttes aux côtés des forces politiques
     

     

    Le mouvement social en cours a fort heureusement rebattu les cartes, surtout à partir du 31 mars.

     

    Mais, étrangement, il est peu présent dans nos discussions actuelles sur le rassemblement à construire, ou alors cantonné à un rôle accessoire.

    Pourtant, par ses caractéristiques nouvelles, il modifie assez radicalement la situation et ouvre des possibilités ignorées jusqu'ici :

    Mouvement construit en grande partie en dehors des canaux habituels de mobilisation, par des initiatives multiples relayées sur internet.

    Mouvement social et politique à la fois, très clairement. Puisque au-delà du combat contre la loi El Khomri - qu'il est essentiel de gagner bien sûr - la contestation porte sur l'ensemble des politiques libérales menées par ce gouvernement PS depuis 2012 et par ceux qui l'ont précédé, et pose la question de la légitimité de la représentation politique.

     

     

    Et depuis le 31 mars, se propageant rapidement dans tout le pays, les "Nuits Debout" sont le cadre, en dehors des organisations, d'une exigence forte de rupture et d'une expérience inédite en France, à cette échelle, de démocratie non-délégataire.

    Ces rassemblements refusent la politique telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui  et rejetent totalement le PS.

     

    Ce mouvement traduit à sa manière le caractère politique, global, de la lutte en cours et assume le mélange des genres, social et  politique, prenant des initiatives dans la mobilisation contre la loi Travail et sur d'autres terrains ( droit au logement, migrants...) et débattant le soir de politiques alternatives ;

    ce faisant, il brise un tabou, sans pour autant se marginaliser.

     

    Des enseignements peuvent dès à présent être tirés.

     

    Malgré les défaites successives, le mouvement social est toujours présent, rendant possible l'alternative !

    Et si le PS disparaît, ce ne sera pas un drame, à condition bien sûr que se construise autre chose, ce qui semble aujourd'hui à nouveau possible après les déconvenues de ces dernières années.

     

    Les formations politiques à gauche du PS ne sont pas condamnées à être entraînées dans son naufrage, comme on pouvait l'entendre ces derniers temps à partir de résultats électoraux sur la même pente descendante.

     

    Leurs difficultés viennent d'un positionnement perçu, à juste titre pour certaines, comme trop proche du PS, et de l'incapacité, pour toutes, à formuler une proposition politique réellement alternative et attractive.

     

    Il y a aujourd'hui une demande de politique, mais d'une politique de rupture, qui ne pourra être satisfaite qu'en prenant en compte la façon dont le mouvement social, et la jeunesse en particulier, s'empare de cette question.

     

     

    Les élections de 2017 ne font pas partie des préoccupations actuelles du mouvement social, à juste titre.

    Cette question se posera néanmoins, et elle est importante.

    Peut-être des réponses concernant le débouché politique, y compris au plan électoral, seront apportées du mouvement lui-même, par exemple par NuitDebout.

     

    Ce n'est pas le cas aujourd'hui, mais le débat a déjà commencé en son sein sur les objectifs, la stratégie et l'organisation du mouvement, notamment lors de la réunion sur "L'étape d'après " à la Bourse du Travail.

     

    Nous ne savons pas ce que va devenir Nuit Debout, comment cela va évoluer, ni même si cela va perdurer.

    Mais une chose est certaine, l'aspiration à faire de la politique autrement est réelle, très certainement partagée bien au-delà des participantEs à Nuit Debout, et un large rassemblement ne pourra se construire en ignorant cette exigence.

     

    En ce qui concerne le débat qui agite Ensemble aujourd'hui à propos de 2017, la configuration électorale dans laquelle nous nous engagerons dans quelques mois devra être le plus possible en adéquation avec la démarche par laquelle nous envisagerons la construction d'une nouvelle force d'alternative, dès maintenant et au-delà de 2017, pour ne pas la compromettre.

     

    Il faudra bien sûr tenir compte des réalités et des enjeux à ce moment-là, et peut-être devoir composer avec.

    Mais il n'y a aucune raison de réduire nos ambitions dès à présent car la situation n'est pas figée et peut évoluer très vite.

    Qui aurait pu imaginer avant le 9 mars, et même le 31, dans quel situation nous serions aujourd'hui ?

     

    Quelles sont les options proposées?

     

     

    Nous avons quitté le processus de la primaire à gauche, qui n'aurait pu déboucher que sur une reconstitution de la gauche plurielle.

    Cela n'est pas ce que nous voulons, et il ne s'agit pas maintenant de se précipiter sur une variante telle que la " primaire des idées ", qui ne serait qu'un relookage ne réglant en rien le problème du périmètre de cette primaire.

     

     

    Le FDG est invisible aujourd'hui.

    Même si nous devons être attentifs à la tentative, à l'intérieur du PCF, de le relancer, il ne s'agit que d'une hypothèse très peu crédible.

    On imagine mal cette tentative de retrouver un pouvoir d'attraction qu'il a sans doute définitivement perdu.

    Persister à présenter cette perspective comme centrale ne paraît pas raisonnable.

     

    Sur la proposition de candidature  de Jean-Luc Mélenchon, il semble difficile de nous y rallier aujourd'hui dans sa forme actuelle.

    Celle-ci tourne le dos à une construction collective et rassembleuse de l'alternative et à l'aspiration à une démocratie non-délégataire qui apparait avec force aujourd'hui, au travers de NuitDebout notamment.

     

     

    Quant à la lettre ouverte de l'Equipe d'Animation Nationale d'Ensemble!, c'est une actualisation de l'adresse adoptée au Collectif National de mars, prenant en compte l'évolution du mouvement social et mise au goût du jour avec le titre " Pour une gauche debout ".

     

    Mais l'habit ne fait pas le moine et cela ne peut suffire.

    La proposition qui y est faite de rassembler dans des forums pour l'alternative les différentes forces à gauche du PS et hors PS en y associant des acteurs du mouvement social ne correspond plus à la situation présente.

    Elle revient à plaquer sur un mouvement social vivant et dynamique la proposition d'une construction politique déjà formulée maintes fois sans résultat . 

    Elle impliquerait des organisations aujourd'hui en échec voire en crise profonde, discréditées ou ne suscitant qu'indifférence, et cela alors que le mouvement social produit lui-même de la politique.

    Il est peu probable que cela trouve un écho.

     

    On ne peut rester ainsi au milieu du gué.

    La proposition doit être radicale :

    le centre de gravité du rassemblement ne peut être que le "mouvement citoyen, social et politique",

    pour l'ancrer bien à gauche,

    répondre vraiment à la demande de réappropriation de la politique par les citoyens,

    et fédérer autour de lui des organisations politiques qui peuvent y jouer un rôle utile mais non prédominant.

     

    Il va sans dire qu'il ne doit avoir aucun lien, même ténu, avec le PS.

     

    Nos initiatives doivent aller dans ce sens, et pour commencer il faudrait reformuler autrement la proposition de forums.

    Un des enjeux sera d'agréger à la dynamique initiée par Nuit Debout des forces plus conventionnelles du mouvement social, associatives et syndicales,

    dont nous avions commencé à regrouper des acteurs avant la mobilisation actuelle,

    à partir du constat fait après les élections régionales que nous pouvions  développer et faire vivre une pratique politique nouvelle.

     

    MD
     


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