• Île-de-france. Qui paiera la dette liée au Covid des transports ?

    Île-de-france.

    Qui paiera la dette liée au Covid des transports ?

     

    Vendredi 17 Septembre 2021
     

    En raison d’un trou financier de 1,3 milliard d’euros lié à la pandémie, le réseau de transports franciliens, que l’État refuse de soutenir, risque la cessation de paiements. Les élus PCF veulent taxer les entreprises pour payer.

     

    Qui paiera la facture engendrée la crise sanitaire sur le réseau de transports en région parisienne ?

    Mardi, lors du conseil d’administration d’Île-de-France Mobilités (IDF Mobilités), Valérie Pécresse, sa présidente, a annoncé que, si l’État ne se décide pas à mettre la main à la poche, la région cessera, jusqu’à nouvel ordre, de financer la RATP et la SNCF.

    L’autorité régionale de transport demande 1,3 milliard d’euros au gouvernement, soit le manque à gagner enregistré en 2021 du fait de la forte baisse de fréquentation sur les lignes de bus, de métro et de RER.

    « Sans l’engagement du soutien financier de l’État, Île-de-France Mobilités sera dans l’obligation de suspendre tout ou partie de ses paiements aux groupes publics RATP et SNCF dès la fin du mois de septembre 2021 », indique le rapport voté par le conseil d’administration.

     

    Très concrètement, cela signifierait 400 millions d’euros en moins chaque mois pour la RATP, et 300 millions par mois en moins pour la SNCF.

    Pas d’autre option, avance IDF Mobilités : c’est cela ou bien réduire les offres de transport, voire augmenter leur tarif.

     

    Le problème s’était déjà posé en 2020.

    Le premier confinement, en mars, et celui qui avait suivi en octobre avaient porté un coup féroce au budget du réseau de transports, qui tire l’essentiel de ses revenus des recettes générées par les usagers.

    L’an dernier, la perte s’était élevée à 1,6 milliard d’euros.

    À l’époque, déjà, la structure avait menacé de ne plus verser son paiement à la SNCF et à la RATP.

    Le gouvernement avait fini par céder… plus ou moins.

    L’exécutif avait accordé un prêt à taux zéro de 1,2 milliard d’euros à IDF Mobilités – remboursable sans intérêt, donc, mais remboursable quand même –, ainsi qu’une subvention de 400 millions d’euros.

     

    Un bras de fer engagé entre la région et le gouvernement

    Les mois ont passé et la situation sanitaire a évolué.

    Mais la fréquentation des lignes de transport est loin d’être revenue à la normale.

    « En septembre 2021, son niveau n’équivaut qu’à 70 % de ce qu’il était avant la crise du Covid », expliquent les services d’IDF Mobilités.

    Le tourisme estival n’a pas suffi à redresser la barre des recettes, lesquelles ont chuté de 1 milliard d’euros par rapport à l’an passé.

    Les 300 millions d’euros restants sont imputables au ralentissement de la vie économique et à la chute du versement mobilité, une taxe payée par les entreprises de plus de 11 salariés.

    C’est ce levier, précisément, que certains proposent d’actionner pour résoudre plus durablement le problème.

     

    « Le bras de fer engagé par la région avec l’État pour obtenir une subvention conséquente peut s’entendre », explique Jacques Baudrier, élu communiste à la mairie de Paris et membre du conseil d’administration d’IDF Mobilités.

    D’autres États n’ont pas tergiversé quand il s’est agi de soutenir leurs transports malmenés par le Covid – la très libérale Grande-Bretagne par exemple –, rappellent, en outre, les services de l’autorité régionale.

    « Cela dit, reprend l’élu, dont le groupe s’est abstenu au moment de voter pour la menace.

    C’est un jeu très risqué qui peut finir par peser sur les usagers et nuire au développement des infrastructures. »

    Surtout, poursuit Jacques Baudrier, « on ne peut aller au bras de fer sans avoir des choses tangibles à proposer sur le long terme : nous devons trouver une solution pour générer des recettes ».

     

    « La fréquentation ne reviendra pas à la normale

    avant deux ou trois ans »

    Les élus communistes la voient donc dans le versement mobilité.

    Celui-ci a déjà été augmenté à trois ou quatre reprises depuis 2006.

    Ils ne proposent pas qu’il le soit de nouveau globalement, mais seulement pour les entreprises les plus riches, en ciblant une zone spécifique, comprenant le Paris des affaires et les groupes installés sur le parvis de la Défense.

    L’enjeu, notent-ils, va au-delà du 1,3 milliard de dette enregistrée cette année.

    « On sait que la fréquentation des lignes ne reviendra pas à la normale avant deux ou trois ans », reprend Jacques Baudrier.

    D’ici là, l’élu estime que la « dette Covid » cumulée par IDF Mobilités sera de 4 milliards d’euros.

    L’augmentation du versement mobilité pourrait, estime-t-il toujours, rapporter entre de 300 millions et 400 millions d’euros par an, « soit de quoi renflouer ce trou en onze à douze ans ».

     

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