• Europe «Maintenant le Peuple»

    Europe

    «Maintenant le Peuple»

     

     -------------------------------------------------

    Dans le cadre des élections Européennes de 2019,

    deux textes que vous trouverez ci-dessous in extenso,

    retiennent notre attention :

    le premier

    « MAINTENANT LE PEUPLE ».

    Pour une révolution citoyenne en Europe »

    signé

    par  le Bloco - Portugal, par Podemos-Espagne et par la France Insoumise - France le 12 avril 2018

    Le second

    «MAINTENANT LE PEUPLE»
    Déclaration de Bruxelles, le 27 juin 2018
     

    signé par

    – Bloco de Esquerda – Portugal
    – France Insoumise – France
    – Alliance Rouge-Verte – Danemark
    – Parti de Gauche – Suède
    – Alliance de Gauche – Finlande
    – Podemos – Espagne

     

    Nous vous proposons ci-dessous une analyse écrite par un Camarade d'Ensemble! dans le cadre du débat qui anime notre organisation sur cette question:

     

    Je voudrai donner un autre éclairage avant de savoir comment soutenir la démarche des trois organisations FI/Podemeos/Bloc de Gauche.
     

    La nouvelle version du texte européen des trois FI/Podemos/Bloc donne la preuve que ce n’était pas un texte à « signer », mais à soutenir, à élargir, à en discuter avec les initiateurs, ce qu’ont fait les trois organisations de la gauche nordique, qui ont même abouti à un nouveau texte,…

    Ce sont donc bien par des relations d’organisations à organisations que se sont faites les discussions, pas par une simple « signature » sans débat ni explications.

     

    Il y a en effet des modifications par rapport au texte initial des trois forces, sur certains points de contenus, ( il n’y a plus « Berlin », tant mieux,  et un peu plus sur le droit d’asile et le militarisme, preuve que l’on peut faire évoluer les choses en discutant plutôt qu’en « signant » sans expression propre) , mais il y a moins en terme de « campagnes » à mener réellement maintenant, comme celle qui était envisagée contre l’évasion fiscale.

    On retombe sur une liste de questions politiques générales pour un rapprochement.

    Dommage, car on aurait espéré que l’on puisse étendre des coopérations et des campagnes larges avec des forces politiques et sociales sur des sujets plus précis, comme un socle social européen, ou un refus du paquet ferroviaire et pour une politique européenne de transports publics, ou sur un refus d’augmenter les budgets nationaux de la défense à 2 % du PIB mais pour un investissement européen dans un système de santé public , etc…

    Et on peut regretter aussi la suppression des références à la démocratie pour refonder l'Europe. 

    Sans doute que les organisations nordiques voient autrement la question de l'alternative de gauche en Europe. 

                

    Car ce qui est le plus notable, c'est de remarquer les différences entre les deux textes :

    dans le second ont disparu des phases importantes qui donnaient un « profil » qui nous convenait :  

    le sous-titre « pour une révolution citoyenne en Europe » a disparu, de même que la phrase « construire un nouveau projet d’organisation pour l’Europe. Une organisation démocratique, juste et équitable qui respecte la souveraineté des peuples ».

    C’étaient les deux phrases qui nous permettaient de dire que ce texte se situait dans une perspective de « changer ou refonder l’Europe », en remettant en cause les traités, en « désobéissants » à ceux-ci, en refondant une autre Europe dans un processus démocratique.

    Idée qui n’est plus suggérée dans le texte.

    Même sur les traités la phrase qui disait « briser les chaines des traités européens qui imposent l’austérité et promeuvent le dumping fiscal et social » a disparu, elle donnait une idée de « désobéissance » aux traités à partir de questions précises.

    A la place , on lit au début autre chose : « Nous nous opposons  aux traités fondateurs de l’Union européenne. », ce qui n’est pas la même chose : cela veut dire qu’on rejette l’UE en tant que telle dès le départ, pas les traités de Lisbonne, d’Amsterdam, de Dublin, du TCE, des traités d'austérité etc... et que l'on ne combat pas pour la « changer » ou la « révolutionner ».

    L'espace européen n'est pas cité dans ce texte, à la place on voit deux fois un vague « nous voulons un nouveau projet pour les peuples », ou un « espace de convergences sociales par le haut » (où?), mais pas une refondation d'une Union Européenne, pas une autre Europe.

    Ce ne sont pas des querelles de mots, cela indique la nature des débats qui ont eu lieu pour aller du premier texte au second.

    Et tout cela n’est pas vraiment étonnant, car cela vient de trois organisations des pays de Scandinavie, dont deux ne sont pas dans l’euro, et avaient fait campagne contre l’entrée dans l’UE, et où les organisations « de gauche » ou « d’extrême gauche » se situent depuis toujours dans une politique non pas de transformation de l’UE, mais d’internationalisme « des peuples », en rejetant  la formulation d’une politique alternative au sein d’une Union européenne.

     

    Pendant des années, on ne pouvait pas dire avec eux que nous nous battions pour une autre UE généralisant les 35 h., le smic européen, une harmonisation fiscale, etc ..

    Ni dire que l'on se bat pour de nouveaux traités qui généraliseraient dans l’Union des acquis vers le haut etc...

    C’est pour cela que dans toutes les organisations internationales quelles qu’il soit, il fut toujours difficile de faire des « listes communes » sur des orientations communes aux différentes élections européennes.

    Par contre, on se retrouvait ensuite à lutter ensemble, chacun dans son pays sur des thèmes identiques, comme celles qui sont énumérées dans le texte,  ou bien dans la GUE/GNL , ( GNL, la Gauche Verte Nordique qui a ses propres orientations, dont sont membres deux des organisations concernées, et qui est associé à la GUE au Parlement ) .

     

    Il me semble que si l’on doit donner un soutien, comme on l’envisageait dans le projet de communiqué non-abouti à l’EAN, ce doit être à la première version du texte, et aux points que nous jugeons positifs de la seconde, et ce soutien demande évidemment d'être accompagné d’une explication, et d’une rencontre avec les groupes concernés, notamment les trois initiateurs.

    Avec un complément spécifiquement français :

    est-il possible d’étendre le soutien à ces textes en France à plusieurs organisations, donc qu’il est accepté de discuter des européennes à plusieurs, ou est-ce réservé en France à la F.I. ?

    Pour le savoir il faut rencontrer les organisations concernées, à commencer par la F.I., et pas simplement « signer » l'une ou l'autre des versions, mais participer aux débats autour de ces deux textes.  

    Si ce ou ces textes peuvent permettre des rapprochements européens, très bien, mais à la condition qu’ils soient utilisés pour rassembler et non pour diviser l'espace de la gauche alternative européenne.

     

    Par ailleurs, on voit bien qu’ils ne peuvent être la base unique d’une campagne européenne en France, sans que ne soient clarifiés bien des questions, sur le fond comme sur les intentions des uns et des autres, autour des questions qui devront dominer dans une campagne européenne.

     
    AM (E!)

    -------------------------------------------------

    -------------------------------------------------

    «MAINTENANT LE PEUPLE»
    Déclaration de Bruxelles, le 27 juin 2018
     

    – Bloco de Esquerda – Portugal
    – France Insoumise – France
    – Alliance Rouge-Verte – Danemark
    – Parti de Gauche – Suède
    – Alliance de Gauche – Finlande
    – Podemos – Espagne

    Ensemble, nous, forces progressistes, voulons un nouveau projet pour les peuples européens.

    Nous nous opposons aux traités fondateurs de l’Union européenne qui placent les droits et les intérêts des entreprises au-dessus du droit et des intérêts des peuples et de la planète.

    L’Europe n’a jamais été aussi riche tout en étant si inégale. 10 ans après l’éclatement de la crise financière, nous voyons que les dirigeants européens nous ont condamnés à une décennie perdue. L’application dogmatique et irrationnelle des politiques d’austérité n’a résolu aucun des problèmes structurels qui ont fait émerger cette crise. Au contraire, l’Union a sauvé les banques et leurs propriétaires, quand les coûts et les reproches ont dû être endossés par les peuples qui, eux, ont souffert et continuent de subir les sévères politiques d’austérité affectant leur bien-être et leurs droits. Cette politique doit être abandonnée.

    Cela signifie que nous avons besoin d’autres règles européennes, libérées du dogme de la libéralisation du marché, des règles qui placent l’humain et la planète d’abord.

    Il est temps de rompre avec les traités européens antidémocratiques. Il est temps de construire un nouvel ordre qui réfute l’austérité forcée et la promotion du dumping social et fiscal. Il est temps pour ceux qui croient en la démocratie et en la justice sociale de briser cette spirale descendante. Ensemble, nous voulons travailler à un changement réel pour les peuples, contre l’ancien ordre injuste.

    Jamais le besoin n’a été aussi grand pour un mouvement progressiste et une coopération internationale fondée sur la démocratie et la solidarité. Le choix des peuples ne peut se trouver enfermé entre le statu quo néolibéral et l’extrême droite. Nous offrons une véritable alternative:

    Nous lutterons contre le dumping social et pour des droits sociaux sécurisés. Les droits des travailleurs à la protection sociale, les lois et les conventions collectives doivent primer sur la libre circulation des entreprises. Nous nous opposons à ce que les travailleurs soient mis en concurrence les uns contre les autres, et voulons un espace de convergence sociale par le haut. Par conséquent, nous devons rompre avec les traités européens et abandonner le semestre européen. La coopération européenne doit être basée sur un protocole social qui place les conditions de travail et les droits sociaux et collectifs au-dessus de la libre circulation des services et des capitaux.

    Nous exigerons une justice fiscale et un système financier équitable, car la libre circulation des capitaux ne doit pas être prioritaire par rapport au bien-être humain. Ensemble, nous nous opposerons à l’évasion fiscale et aux paradis fiscaux, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union européenne. Nous travaillerons ensemble pour faire en sorte que les banques servent l’intérêt général et non les intérêts d’une poignée. À cette fin, nous nous efforcerons aussi de garantir le droit au contrôle public et le droit à la propriété publique du secteur bancaire.

    Nous lutterons contre le changement climatique et pour la durabilité écologique. La réduction des émissions de gaz à effet de serre doit être une priorité essentielle. Nous devons donc rompre avec l’approche de l’Union fondée sur le marché face au changement climatique. Au lieu de cela, nous avons besoin d’une approche claire basée sur le climat, ainsi que d’investissements publics dans des énergies propres et sûres et des technologies vertes.

    Nous défendrons l’égalité et les droits des femmes. Les attaques de l’Union européenne contre les structures et les services sociaux dans de nombreux pays constituent une menace pour l’égalité et les droits des femmes. Cela doit changer et l’égalité doit être réalisée en faisant de ce principe un élément central de toutes les politiques européennes. Nous défendons le droit à des avortements sûrs et légaux et nous opposons à toutes les formes de violences sexistes.

    Nous exigeons des politiques commerciales internationales démocratiques et durables et rejetons les accords de libre-échange. Les intérêts des grandes entreprises ne peuvent pas passer outre les décisions démocratiques visant à protéger et renforcer la sécurité sociale, économique et écologique. Par conséquent, les clauses d’investissement donnant aux entreprises le droit de poursuivre les États doivent être retirées de tous les accords commerciaux de l’Union européenne.

    Nous défendons le droit d’asile et nous opposons à l’Europe forteresse. Des personnes fuient leurs pays à cause de guerres, de conflits et de la pauvreté, ces migrations sont aussi souvent la cause de politiques interventionnistes et militaristes conduites dans par des pays tiers. L’Europe doit être un continent où les personnes cherchant refuge se voient garantis leurs droits et leur sécurité. Nous nous opposerons aux politiques xénophobes et racistes partout où elles menacent la démocratie et la dignité humaine.

    Nous nous opposons à la militarisation de l’Union européenne. Aucun fonds budgétaire ne devrait aller à l’armement. Nous voulons l’interdiction effective de l’exportation d’armes vers les dictatures, les pays en guerre et les pays qui violent les droits de l’homme. Nous travaillerons communément pour mettre fin aux politiques extérieures néo-coloniales de l’Union et à la spoliation des ressources des autres pays.

    Dans l’esprit de la Déclaration signée à Lisbonne le 12 avril 2018, nous collaborerons et ferons campagne à travers l’Union européenne sur ces questions. Nous sommes pour un changement fondamental. Nous n’en pouvons plus d’attendre. Nous voulons une coopération juste et équitable – fondée sur la démocratie et la solidarité – qui respecte la souveraineté du peuple et serve les intérêts du peuple.

    Il est temps de construire l’Europe des peuples!

    Et maintenant, le peuple!

    -------------------------------------------------------

    Le texte intégral signé à Lisbonne

    par  le Bloco - Portugal,

    par Podemos-Espagne

    et par la France Insoumise - France

    12 avril 2018

    « MAINTENANT LE PEUPLE ».

    Pour une révolution citoyenne en Europe »

    L’Europe n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui. Elle n’a jamais non plus été aussi inégalitaire. Dix ans après l’explosion d’une crise financière pour laquelle nos peuples n’auraient jamais dû avoir à payer, nous constatons aujourd’hui que les gouvernants européens ont condamnés nos peuples à une décennie perdue.

    L’application dogmatique, irrationnelle et inefficace des politiques d’austérité n’a réussi à résoudre aucun des problèmes structurels causés par cette crise. Au contraire, elle a généré une immense souffrance inutile pour nos peuples. Avec le prétexte de la crise et de ses plans d’ajustement, les gouvernants ont essayé de démanteler les systèmes de droits et de protections sociales qui ont demandé des décennies de luttes pour être obtenus. Ils ont condamné des générations de jeunes à l’immigration, au chômage, à la précarité, à la pauvreté. Ils ont frappé avec une cruauté particulière les plus vulnérables, qui sont ceux qui ont le plus besoin de la politique et de l’État. Ils ont essayé de nous habituer à ce que chaque élection se transforme en un choix entre le statut quo libéral ou la menace de l’extrême droite.

    L’heure est arrivée de rompre avec le carcan des traités européens qui imposent l’austérité et favorisent le dumping fiscal et social. » L’heure est arrivée que ceux qui croient en la démocratie franchissent une nouvelle étape pour rompre cette spirale inacceptable. Nous devons mettre un système économique injuste, inefficace et insoutenable au service de la vie et sous le contrôle démocratique des citoyens. Nous avons besoin d’institutions au service des libertés publiques et des droits sociaux, qui sont la base matérielle même de la démocratie. Nous avons besoin d’un mouvement populaire, souverain, démocratique, qui défende les meilleures conquêtes de nos grands-mères et de nos grands-pères, de nos pères et de nos mères, et puisse léguer un ordre social juste, viable et soutenable aux générations futures.

    Dans cet esprit d’insoumission face à l’état actuel des choses, de révolte démocratique, de confiance dans la capacité démocratique de nos peuples face au projet défunt des élites de Bruxelles, nous faisons aujourd’hui à Lisbonne un pas en avant. Nous lançons un appel aux peuples d’Europe pour qu’ils s’unissent sur la tâche qui consiste à construire un mouvement politique international, populaire et démocratique pour organiser la défense de nos droits et la souveraineté de nos peuples face à un ordre ancien, injuste et en échec qui nous emmène droit au désastre

    Ceux qui veulent la défense de la démocratie économique, contre les grands fraudeurs et le 1% qui contrôle plus de richesses que tout le reste de la planète ; de la démocratie politique, contre ceux qui font ressurgir les drapeaux de la haine et de la xénophobie ; de la démocratie féministe, contre un système qui discrimine chaque jours et dans tous les domaines de la vie la moitié de la population ; de la démocratie écologiste, contre un système économique insoutenable qui menace la continuité même de la vie sur la planète ; de la démocratie internationale et de la paix, contre ceux qui veulent construire une fois de plus l’Europe de la guerre ; ceux qui partagent la défense des droits humains et des principes élémentaires du bien vivre trouveront dans ce mouvement leur maison.

    Nous en avons assez d’espérer. Nous en avons assez de croire ceux qui nous gouvernent depuis Berlin et depuis Bruxelles. Nous mettons la main à l’ouvrage pour construire un nouveau projet d’organisation pour l’Europe. Une organisation démocratique, juste et équitable qui respecte la souveraineté des peuples. Une organisation à la hauteur de nos aspirations et de nos besoins. Une organisation nouvelle, au service du peuple.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter