• Ensemble ! Notes sur le mouvement de riposte sociale et propositions :

    Ensemble !

    Notes sur le mouvement de riposte sociale et propositions

     

    1-      18 mois :

    Nous sommes bien sûr toujours dans le cadre de la résolution d’action adoptée au CN de septembre. Il faut d’abord rappeler que les rencontres de la semaine dernière entre Macron et les syndicats (assurance-chômage, étape N°2 de Macron après le Code), ainsi que la prestation télévisée de dimanche soir, doivent nous rappeler que si les journées de luttes ont démarré sur les ordonnances, nous avons bien affaire à un plan de 18 mois, annoncé en mai, de liquidation définitive des conquêtes sociales et populaires depuis plus d’un siècle : droits des salariés-es, sécurité sociale, retraites, statut fonction publique (ligne de mire), le tout dans un contexte austéritaire assumé par un président qui se veut un leader de l’Europe.  Ce plan de 18 mois n’est pas perçu ainsi dans le pays. Et dans l’action immédiate, notamment syndicale, on ne peut en général que répondre au coup par coup : il revient donc aux forces politiques de gauche opposées à Macron d’en prendre la mesure pour alerter le pays.

    2-      Un refus politique :

    les premières journées de luttes contre Macron (ordonnances) rappellent le contexte de 2016 quant aux ressorts de la mobilisation. Il s’agit du rassemblement des secteurs politisés du mouvement social et syndical large, et pas d’un enracinement de type gréviste. Les sondages (Harris) confirment cet aspect : une contestation politique. Il est très difficile aujourd’hui d’envisager quel secteur social pourra, seul ou avec d’autres, déclencher une grève reconductible qui puisse faire tache d’huile, ce qui bien sûr serait à la hauteur de l’attaque. Ce marquage « politique » de la contestation, très peu de temps après l’élection présidentielle, explique aussi le déphasage important des bureaucraties syndicales, qui jouent leur place dans le système socio-politique, et les concurrences de leadership face au nouveau pouvoir.  Mais contradictoirement, le marquage politique entraine aussi les équipes syndicales les plus conscientisées à faire bouger les lignes dans les organisations (FO), y compris à la CFDT où on peut penser qu’un certain renouvellement militant s’opère, même s’il n’est pas suffisant. Le ressort est : on veut nous broyer, on ne peut accepter cela.

    3-      Une accumulation potentiellement explosive politiquement.

    Il suffit d’additionner : Code du travail, étatisation assurance-chômage, liquidation du salaire socialisé, affichage public renforcé de la catégorie des « pauvres ou des plus démunis qu’on aide » au détriment des travailleurs-euses collectivement organisés,  mépris du syndicalisme, retraites pas points, collectivités territoriales mises sous tutelle étatique et sans ressources, licenciements des contrats aidés, baisse de l’ASL, fiscalité pro-riches ou « premiers de cordées », fabrication de multinationales industrielles en Europe contre la concurrence mondiale…Cela fait beaucoup en peu de temps. On ne peut donc exclure un facteur « goutte d’eau qui fait déborder », mais c’est imprévisible.

    4-      Unité encore trop peu lisible.

    La mobilisation des équipes les plus politisées du réseau syndical large dessine un progrès possible de l’unité syndicale (10 octobre, tentatives pour novembre), mais un progrès qui reste peu lisible à ce stade, se traduisant à court terme par un échec intersyndical et une journée du 19 octobre réduite au pôle CGT-Solidaires. Cette situation d’entre-deux attise des réflexes (qui peuvent être compréhensibles) d’auto-affirmation radicale traversant les organisations les plus combatives et prenant diverses formes d’expression : des secteurs CGT qui pensent en découdre seuls sans « dépendre » des autres, rhétorique d’interpellation du réseau Front social sans grand effet réel, tentative de Solidaires d’afficher une autonomie stratégique sans moyens suffisants.  Partout, il convient de défendre la nécessité impérieuse de l’unité d’action, du renforcement du syndicalisme, du refus de la division.

    5-      Convergence de gauche.

    Face aux boniments de Macron, une vraie convergence de gauche pour l’action, détachée de tout enjeu électoral, aurait un effet décapant dans le brouillard idéologique qui domine depuis la séquence électorale.  Son apparition sur la scène politique nationale changerait la donne, constituerait une aide aux luttes sociales, tout en facilitant ce que nous cherchons stratégiquement : un front social et politique. Il est normal que les forces politiques prennent des initiatives, comme la manifestation du 23 septembre, en plus du soutien aux luttes. Mais elles ne peuvent entrer en dialogue constructif avec le monde syndical, que si elles sont elles-mêmes unies. Le syndicalisme ne peut pas soutenir une seule force politique- ce temps est révolu. Il a besoin impérativement du pluralisme pour entrer en convergence éventuelle, sans mettre en danger sa propre unité déjà fragile. C’est pourquoi l’affichage d’initiatives politiques unitaires est absolument nécessaire, sous la forme de tracts, de déclarations, de meeting, de soutien concerté aux mobilisations. Le NPA a suggéré un meeting le soir d’une journée syndicale, ce qui n’est pas une bonne idée de date. Mais un meeting « politique » : EELV, Ensemble, FI, NPA, PCF, PG, aurait un grand retentissement. C’est très exactement ce qui est en train de se faire à Toulouse ! (voir fichier ci-dessous). Par ailleurs, tracer un lien politique permanent entre secteurs sociaux, citoyens et politiques peut aussi prendre la forme de votations citoyennes de masse (ou autres formes de ce type).

    6-      Alternative de société.

    Il convient aussi de travailler à faire apparaitre des projets alternatifs : à propos du travail, de la sécurité sociale, du Code et des législations. Cela pourrait être un des rôles du Collectif « Pour nos droits sociaux », en lien avec des chercheurs, les réponses syndicales, celles des politiques, etc.

    17 Octobre 2017

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