• Débat Stratégie Une quasi absence au cœur du questionnement des appels

    Débat Stratégie

    Une quasi absence au cœur du questionnement des appels


    En reprenant quelques thèmes des 34 proposés du « Plan de sortie de crise » proposé par les 18 désormais 20 organisations syndicales et associatives concernant la sécurité sanitaire, les droits démocratiques individuels, le travail, les besoins, la finance, etc.. il apparaît qu’il y a une absence quasi totale de la question de l’État, de ses structures, de sa reproduction, de son rôle de chef d’orchestre des politiques réactionnaires avec lesquelles nous sommes aux prises.



    Au mieux, un bout de phrase effleure cette absence comme dans l’appel « Se fédérer » qui, énigmatique, clôt son antépénultième paragraphe par une phrase sibylline : «  Et la fédération comme contre-pouvoir. »

    Un contre pouvoir à quoi ?

    Avons-nous besoin d’un contre pouvoir ou de chambouler, transformer, créer d’autres structures qui soient notre pouvoir et qui permettent la réalisation des 34 propositions du « Plan de sortie de crise ».

    Ces 18 devenues 20 organisations pensent-elles vraiment que les structures étatiques actuelles vont mettre à l’œuvre les mesures qu’elles proposent ?

    La technostructure qui y opère va-t-elle développer des mesures quelles réprouvent ?

    Le monde des expert.es, des lobbyistes, avec derrière la force de frappe économique qu’il représente, va-t-il se reconvertir en une sociale démocratie offensive, sans résistance, sans faire valoir ses analyses et ses exigences celles du capital et de la finance ?

    On peut rêver mais cela a-t-il jamais suffit à bouleverser l’ordre des choses ?



    Le CNNR vient de rendre public les principes qu’il avait annoncé dans son appel du 13 mai.

    Il est satisfaisant de constater qu’il pose des principes de démocratie qui vont au delà de ce qui se nomme à l’heure actuelle « démocratie représentative ».

    En effet, dans le chapitre « Refondation de la démocratie », le CNNR soutient le mandat impératif et la possibilité de révocation des représentants.

    Ce sont deux points historiquement refusés par la démocratie dite représentative.

    On passe du statut de représentant à celui de « mandataire ».

    Cette avancée est à souligner.

    Ainsi d’ailleurs que le dernier alinéa de ce chapitre : « Aucune portion de l’État ou de ses serviteurs, aucun secteur de l’Administration ou de ses agents ne peut s’exonérer de ce contrôle [des citoyens] ou y déroger. »

    Du principe à la réalisation de celui-ci, la route risque d’être longue mais il s’agit déjà au niveau des principes d’une réelle avancée.

     



    Et puis dira-t-on, si « on » gagne les élections cette avancée deviendra possible et les structures devront suivre.

    Mais qui est ce « on » qui peut gagner les élections ?

    N’avons-nous pas déjà vu des « on » qui changent radicalement de politique après avoir gagné les élections ?

    Chacun mettra les exemples qu’ils souhaitent.

    Ce ne sont pas ceux-ci qui manquent, tant en France qu’à l’étranger !

    Les élections ne garantissent, malheureusement, rien.



    Une prise en compte sérieuse de ce problème se trouve dans l’appel «Ensemble, tout est possible, soyons responsables ».

    Soulignons en quelques aspects.

    Pour la santé :

    « A la place des ARS d’autres formes de direction et de fonctionnement dans les hôpitaux et les services. Les personnels doivent avoir un contrôle et un pouvoir d’intervention pour une autre politique de santé, »

    Et « afin de donner des garanties aux usagers, qu’ils disposent d’un lieu d’expertise et d’information, la création d’un service public démocratique du médicament et d’une santé environnementale de la prévention ».

    Plus loin, « Le redéploiement des services publics à rétablir et restaurer, est inséparable d’un pouvoir de contrôle des salarié.es et des usagers. »

    Et encore « la réouverture des entreprises utiles devra être imposée, pour assurer la pérennité des emplois et des savoirs-faire et non des dividendes. Y compris sous forme de SCOP et de SCIC dès que les travailleuses et les travailleurs le souhaitent : que les fonds publics viennent en aide ! Les collectivités et l’État doivent être des facilitateurs de ces démarches coopératives. »

    Et encore « un contrôle démocratique doit organiser les activités de la Banque Publique d’investissement et de la Caisse des dépôts... »

    Enfin, « les mobilisations citoyennes, associatives, syndicales, féministes, paysannes, environnementales et climatiques peuvent et doivent ouvrir un nouveau chemin d’alternatives : les lois d’urgence liberticides doivent être abolies, les institutions doivent changer, les formes de démocratie active sont à l’ordre du jour. La citoyenneté pleine et entière (citoyenneté de résidence) doit être reconnue pour toutes et tous ».



    Ces exemples indiquent un des travaux à entreprendre si l’on veut «changer de monde ».

    Il est nécessaire de supprimer certaines structures particulièrement perverses comme les ARS.

    Il est nécessaire d’en créer d’autres comme celle qui doit contrôler démocratiquement les activités de la Banque Publique d’investissement.

    Il y a un énorme effort de création institutionnelle devant nous,à commencer par la mise en route d’une constitution nouvelle qu’on nommera « première démocratie » et non république si l’on suit les principes du CNNR car on passe de la représentation au mandat obligatoire, ce qui oblige à de nouveaux comportements politiques, à un investissement temporel plus grand et plus intense des citoyen.nes.

    Nous entrerions dans un long processus institutionnel qui nécessite à partir de l’inventaire de l’existant, de le juger politiquement en prenant pour guide la volonté de démocratisation et d’intervention des citoyen.nes.


    J-P L

    28-29 mai 2020


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter