• Clémentine Autain : « Plutôt que casting, parlons contenu »

    Clémentine Autain :

    « Plutôt que casting, parlons contenu »

    Mercredi 14 Octobre 2020

    À gauche en sortant de l’hypermarché est le titre du nouveau livre de la députée FI, signataire d’un appel à une candidature commune en 2022.

    Entretien.

     

    Pourquoi avoir choisi la figure de l’hypermarché pour votre livre ?

    Clémentine Autain

    C’est un lieu qui symbolise « l’hyper marché ».

    Fruits de la société de consommation et du capitalisme triomphant au XXe siècle, les hypermarchés comme les centres commerciaux sont des mastodontes physiques qui incarnent à la fois la logique du profit, le gaspillage maximum et la déshumanisation des rapports au travail.

    La caissière, que l’on semble avoir découverte avec la crise sanitaire, est une figure emblématique du prolétariat contemporain.

    À travers ce lieu, on balaie toutes les pathologies de notre société.

     

    J’ai donc construit ce livre comme le parcours-client : du marketing en y entrant pour susciter la pulsion d’achat et l’étourdissement devant la marchandise au grand gaspillage des emballages dès que l’on rentre chez soi ranger les produits.

    Si j’ai choisi un lieu, c’est aussi parce que je crois profondément que lorsqu’on est attaché à la valeur d’égalité, il faut la penser sur un plan social, mais aussi territorial.

    Or, l’installation des hypermarchés a façonné les périphéries urbaines et participé activement à la désertification des centres-villes comme au tout-voiture.

     

    Vous proposez de sortir de cette société « par la gauche ». C’est-à-dire ?

    Clémentine Autain

    Déjà, ça veut dire ne pas en sortir par le projet d’Amazon, sans caisses et sous surveillance, ou par un système à double vitesse comme le hard-discount pour les uns et le bio pour les autres.

    Je propose d’imaginer comment, en sortant des normes néolibérales et de la folie marchande, on peut penser un modèle de développement qui parte de nos besoins pour organiser la société.

    C’est une sortie par la gauche parce qu’elle s’inscrit dans la tradition historique de quête d’émancipation humaine qui l’a façonnée.

    Il s’agit de répondre à nos besoins véritables, et non à ceux, artificiels, fabriqués par le capitalisme.

    C’est le fil qui permet de redonner du sens.

     

    La gauche est-elle en mesure de proposer autre chose, de donner du sens ?

    Clémentine Autain

    Oui. Ce que j’appelle « nouveau tout » est en train d’arriver à maturation, qui allie transformation sociale et écologie.

    Cet alliage est très fort pour bien saisir la société d’aujourd’hui et les transformations nécessaires.

    C’est notre force pour demain.

     

    Jusqu’ici, par exemple, à gauche, on porte la revendication de plus de pouvoir d’achat.

    Or, si on est cohérent avec le progrès véritable dont je parle dans mon livre, on devrait revendiquer du pouvoir-vivre.

    Si l’on veut augmenter les bas salaires, ce n’est pas pour pouvoir acheter plus, mais pour pouvoir vivre dans la dignité et pour faire vivre la justice sociale.

    La façon de présenter les choses peut dégager une nouvelle cohérence.

    L’intérêt des salariés et l’intérêt environnemental sont étroitement liés.

    Si la gauche est radicale, elle prend les problèmes à la racine.

    C’est pour cela que je ne crois absolument pas à un « capitalisme vert ».

     

     

    D’autres, à gauche, croient au capitalisme vert. Vous êtes signataire de « l’appel des 1 000 » en faveur d’un rassemblement pour 2022. Peut-elle y parvenir malgré ce genre de divergences ?

    Clémentine Autain

    On parle beaucoup de la stratégie de chaque parti et du casting.

    Mais commençons par le contenu politique.

    Les alliances nouvelles doivent se fonder sur un diagnostic partagé de ce qui n’a pas fonctionné lorsque la gauche était au gouvernement et sur les conséquences à en tirer pour demain.

    Oui, il faudra rassembler le plus largement possible, dans le pays et pas seulement entre les partis, pour changer vraiment les choses une fois au pouvoir.

    Pour y arriver, il faut un projet neuf de transformation en profondeur, c’est-à-dire qui prenne à la racine les problèmes.


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